Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Brèves des frontières – 1er mars 2016

À Calais (frontière franco-britanique), l’expulsion de la zone sud de la Jungle continue. Les résistances aussi ! Demolitions continues (article en anglais & français), une vidéo de Calais Migrant Solidarity.

Des rassemblements et des actions de solidarité ont eu lieu à Londres, Genève, Bologne, Nantes… À Paris, environ 250 personnes, migrant-es et solidaires, se sont rassemblées place de la République et une manifestation est appelée vendredi 4 mars à 18h au départ de la gare du Nord.

Un article sur le blog Passeurs d’hospitalité sur les expulsions à Calais depuis 2009 : L’industrialisation des expulsions.

No border Serbia : Quelques notes sur le « corridor humanitaire », l’hypocrisie de l’Europe forteresse (en anglais et en italien).

En Italie, à Turin, un rassemblement devant le CIE aura lieu le dimanche 6 mars tandis que personnes enfermées dans celui de Bari ont mis le feu à des matelas en signe de révolte la nuit du 1er mars (voir la presse italienne).

Deux brochures à lire en italien : « Accueil et détention : une année de lutte contre le contrôle de l’État » et « Frontières et travail : les esclaves de la filiale agro-alimentaire« .

Hotspots, barbelés, opération Eunavfor med, … la guerre aux migrant-es s’intensifie. Les luttes et les solidarités doivent se propager et s’amplifier ! & Brèves des frontières #5, luttes et solidarité – mi novembre 2015

Hotspots, barbelés, opération Eunavfor med, … la guerre aux migrant-es s’intensifie.
Les luttes et les solidarités doivent se propager et s’amplifier !

Chaque jour, les États européens annoncent la mise en place de nouvelles mesures répressives contre les migrant-es. Les rencontres entre dirigeants se multiplient, des accords de coopération sont passés, des moyens financiers sont débloqués. L’armée est déployée en Méditerranée et le long des frontières, les murs s’érigent en Hongrie, en Bulgarie, des nouveaux camps d’enfermement ouvrent en Italie, en Grèce, dans les Balkans…

L’Union européenne déclare hypocritement qu’elle fait face avec humanité à la situation de milliers de personnes qui essaient et/ou réussissent à rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure. En réalité, la situation à laquelle les migrant-es sont confronté-es est celle d’une guerre menée par les États européens.

En Méditerranée, l’opération militaire conjointe Eunavfor med continue. Après une première phase de « reconnaissance » la phase 2, rebaptisée « opération Sophia », permet aux forces militaires d’arraisonner en pleine mer les navires de migrant-es ainsi que de détruire les bateaux sur les côtes libyennes qui pourraient être utilisés par des passeurs. Six bateaux de guerre européens (italiens, français, allemand, britannique et espagnol) et 1300 militaires sont mobilisés pour cette opération qui est comme toujours présentée comme une lutte contre le trafic d’êtres humains et une action humanitaire pour empêcher les naufrages. Mais cette opération s’inscrit dans la continuité de dizaines d’autres, menées depuis des années au large de l’Europe par l’agence de surveillance des frontières Frontex et a en réalité pour but d’empêcher les migrant-es d’atteindre les côtes européennes et d’arrêter et d’enfermer ceux/celles qui y parviennent.
Pendant ce temps, les naufrages continuent. Les conséquences de ces opérations, ce sont les mêmes que depuis des années : des routes de plus en plus dangereuses, donc de plus en plus de mort-es (près de 5 000 personnes ont trouvé la mort en tentant de rejoindre le territoire européen depuis janvier 2014, plus 30 000 depuis vingt ans), et des tarifs de plus en plus cher, car la loi des passeurs est celle de l’économie capitaliste : plus c’est compliqué et risqué, plus c’est cher.
À travers ses politiques répressives, l’Europe enrichie ceux qu’elle prétend combattre et assassine ceux/celle qu’elle prétend sauver.
À terme, une troisième phase de cette opération prévoit des opérations au sol, notamment en Libye.

Dans les Balkans, à l’Est de l’Europe, des murs sont construits, l’armée se déploie le long des frontières pour empêcher les migrant-es de passer et les contenir dans des camps d’enfermement où ils/elles sont trié-es, identifié-es et autorisé-es au compte-goutte à passer ici où là.
Après la Hongrie, qui a érigé deux murs de barbelés à ses frontières avec la Serbie et la Croatie, l’Autriche, la Slovénie et la Macédoine envisagent à leur tour d’en construire. Aux confins de l’Europe, les murs anti-migrant-es se font de plus en plus nombreux et de plus en plus barbares : les pieux et les lames de rasoir sont là pour mutiler quiconque aurait l’audace de tenter le franchissement.
En Slovénie ou en Hongrie, l’armée est déployée le long des frontières et a ordre de tirer. En octobre, un migrant afghan a été tué par balle par les gardes frontière bulgares alors qu’avec un groupe il tentait de passer la frontière à pied.

En se parant d’un vernis humanitaire, l’Union européenne joue la division entre bon et mauvais migrant-es et annonce qu’elle va accueillir 160 000 réfugié-es sur deux ans, dans le cadre du « Programme européen de relocalisation ». Ces « bon réfugié-es » doivent maintenant être répartis entre les 28 pays de l’UE, comme on se réparti des sacs de merde. Mais n’en doutons pas, ceux/celles qui seront choisit seront ceux/celles qui occupaient une situation sociale aisée dans le pays qu’ils ont fui, ceux/celles qui seront « intégrables » et « utiles » pour l’économie capitaliste : diplomates, journalistes, médecins, universitaires, etc.
Le versant de ce « programme de relocalisation », c’est le « plan d’action pour le retour », qui prévoit l’expulsion de 400 000 personnes. Cette politique d’expulsion massive sera confiée à l’agence européenne Frontex qui voit son budget et son champ d’action élargi, avec la création d’une unité spéciale expulsions.

Pour mener à bien cette politique de « gestion des flux migratoires », des « centres d’identification et de tri », appelés hotspots, sont ouverts, pour l’instant à titre expérimental en Italie et en Grèce. Ces prisons pour étrangers, comme il en existe déjà à travers tout le continuent européen et au-delà, sont coorganisés par les agences européennes Frontex (surveillance et blocage des frontières), Europol (coordination des polices européennes), Eurojust (coordination judiciaire européennes) et EASO (coordination de la politique d’asile) et servent de lieux de tri entre les « bon réfugié-es » qui auront le droit à l’asile et les « mauvais migrant-es » qui seront expulsé-es vers leur pays d’origine ou des pays tiers. Toutes les procédures d’identification et de gestion des migrant-es y sont menées : prises d’empreintes, fichage dans les bases de données européennes (EURODAC), enquêtes sur les réseaux de passeurs, expulsions collectives. La photographie et la prise d’empreinte digitale sont fondamentales dans ce système dont l’objectif est de ficher et de trier. Il est prévu que les migrant-es refusant de s’y soumettre fassent l’objet de mesures coercitives.
À travers la mise en place de ces camps l’UE veut contenir les migrant-es aux portes de l’Europe, les empêcher de continuer leur voyage vers d’autres pays et faciliter les expulsions. Des négociations sont en cours, notamment avec la Turquie, afin d’ouvrir des hotspots dans les pays frontaliers, dits « tampons » et externaliser la gestion et l’enfermement des migrant-es.
Depuis des années, les États d’Europe délèguent leur politique répressive aux pays frontaliers afin de bloquer les migrant-es en amont. L’Europe apporte un soutien financier et matériel à de nombreux pays en échange de leur coopération à la gestion des frontières européennes.

À l’opposé, partout en Europe, personnes migrantes et personnes solidaires s’organisent collectivement pour passer les frontières, déjouer les contrôles, trouver des logements et exiger des papiers pour tou-te-s (ou pour personne). Des solidarités concrètes et auto-organisées se mettent en place allant à l’encontre des logiques caritatives et humanitaires, qui sont une énième forme d’oppression et de contrôle. L’humanitaire n’est qu’une autre facette de la répression des migrantes, car il créé un rapport de domination entre la personne qui donne et celle qui reçoit, reléguée à une position subalterne, dépossédée de toute autonomie. Mais personne n’est dupe et ne se laisse aveugler par les discours et les promesses des businessmans de la charité.
Partager un repas, échanger des informations pratiques, écrire et diffuser un journal sur les luttes et les expériences communes, organiser des manifestations, résister aux rafles et aux expulsions, passer les frontières, occuper un bâtiment vide, etc., sont autant de pratiques qui abattent les murs qui nous séparent et tendent vers des rapports d’égalité et d’échange, à l’encontre des logiques paternalistes et racistes dans lesquelles le pouvoir veut nous enfermer.
Aujourd’hui plus que jamais, alors que cette guerre s’intensifie et que dans toute l’Europe, le pouvoir réprime et traque celles et ceux qui lui prouvent chaque jour que sa forteresse n’est pas si bien gardée, nous devons être solidaires des luttes auto-organisées des migrant-es et multiplier réflexions et initiatives contre le contrôle, les frontières et les États.

Novembre 2015

 

Brèves des frontières #5, luttes et solidarité – mi novembre 2015

Paris (France). Le 6 novembre, les juges ont rendu leur verdict et condamné 4 personnes, 3 militant-es et un réfugié traducteur, suite à l’accusation de séquestration portée par Emmaüs après le mouvement de protestation contre les conditions de vie au centre Pernety :

La solidarité avec les migrant-es condamnée !!

4 mois de prison avec sursis et 1600 euros à verser aux parties civiles ainsi que 200 euros d’amende pour refus de prélèvement ADN, voilà le verdict pour les trois personnes qui étaient venues soutenir des migrant-es en grève de la faim dans un centre d’hébergement Emmaüs et le traducteur. La justice veut faire des exemples et dissuader la solidarité avec les migrant-es.
Depuis plusieurs mois, migrant-es et personnes solidaires luttent pour des logements, des papiers et la liberté de circulation. Manifestations, rassemblements, occupation de bâtiments, de rues, de places… s’enchaînent sans faiblir. En dépit de la répression et des pressions policières, des mensonges médiatiques et des fausses promesses de la Mairie destinées à casser le mouvement, rien ne parvient à enrayer la détermination des migrant-es et des personnes solidaires.

Dans les centres d’hébergement aussi, des mouvements de protestation ont lieu. Le 1er en date, le 4 août dernier, a lieu dans le centre d’hébergement Emmaüs situé dans le centre de rétention de Vincennes. Les migrant-es occupent les locaux et obtiennent satisfaction de leurs revendications : amélioration des conditions d’hébergement et suivi des démarches administratives. Quelques jours plus tard, au centre Pernety le 12 août, les migrant-es sont en grève de la faim car aucune promesse faite par la Mairie, l’Ofpra et FTDA, n’est tenue. Pas de suivi administratif, pas droit de visite, suivi médical aléatoire, pas de cours de français, peu de tickets de métro… Ils et elles prennent contact avec trois personnes solidaires qui viennent constater la situation et tentent de rendre public leur mouvement. Un sit-in dans le hall de l’ancien hôtel a lieu ; le personnel Emmaüs appelle la direction et Bruno Morel (directeur d’Emmaüs) décide qu’il s’agit d’ « une séquestration », appelle la police pour embarquer tout le monde. Deux occupations en quelques jours… pas question de laisser passer. Forces gendarmes mobiles déboulent dans l’immeuble, « sécurisent les lieux » et puis embarquent les 4 personnes extérieures à la structure. Embarquer les migrant-es, ça fait mauvais genre. C’est parti pour 65 heures de privation de liberté et de pressions policières. Pendant ce temps-là, alors même que le personnel d’Emmaüs se refusait à écouter les revendications des migrant-es, le suivi administratif se met miraculeusement en place, la qualité de la nourriture s’améliore. La solidarité n’aura pas été vaine !

À mesure que les campements puis le Lycée Jean Quarré sont expulsés, de plus en plus de migrant-es se retrouvent en centres d’hébergement et en découvrent la réalité. Des lieux où les personnes hébergées sont infantilisées, dépossédées de leur vie où les conditions matérielles sont souvent exécrables. Des lieux de relégation pour disperser, isoler et casser toute organisation collective. Pourtant dans ces centres d’hébergement, les mouvements de protestation se multiplient comme à Place de Clichy ou à Champcueil. Et les travailleurs sociaux y jouent parfois aux flics. Ainsi, au formule 1 de Saint-Ouen géré par le groupe SOS, « entreprise sociale », alors qu’un migrant refuse de quitter le centre et menace de se suicider, un travailleur social ne trouve rien de mieux que d’appeler les flics. Le migrant reçoit deux coups de tazer à bout portant et doit être conduit à l’hôpital.

Place de la république les migrant-es luttent pied à pied contre la pression policière depuis près de 15 jours pour maintenir leur campement. La Mairie voudrait bien les voir disparaître mais ils et elles sont déterminé-es à rester visibles et à se faire entendre. Sur cette belle place toute refaite, leur campement est éminemment dérangeant. Un « désordre visuel » a dit la flicaille. Et bien amplifions donc le désordre ! Et soyons solidaires des migrant-es qui restent debout, ces survivants de la guerre que leur livrent la France et l’Europe, ici à Paris, à Calais, en Méditerranée.

Ni la répression et l’intimidation policières ni leurs supplétifs judiciaires n’entameront pas notre détermination ! Source

Le même jour, une 60aine de personnes se sont rassemblées devant la préfecture boulevard Ney, où se fait l’enregistrement des demandes d’asile, contre le système Dublin. Ce règlement prévoit qu’une personnes ne peut déposer sa demande d’asile dans le pays de son choix si elle a été identifiée avant dans un autre pays (prise d’empreinte, enregistrement dans la base de donnée Eurodac). Voici l’appel au rassemblement : Stop au règlement Dublin !

Le soir, un rassemblement était appelé par les migrant-es du campement de la place de la République : « Nous faisons appel à vous pour se rassembler avec nous vendredi soir à 20H00 pour résister avec nous pour mettre les tentes et les bâches et soutenir nos revendications ». 500 personnes ont répondu présentes et des bâches et tentes ont pu être installées sans que les flics ne puissent intervenir.

Depuis le 24 octobre, le campement a été systématiquement détruit ou empêché de s’installer par les flics, dans une opération de harcèlement quotidien. Le soir la police empêchent de tendre des bâches, arrachent les banderoles, et le matin, elle vient réveiller tout le monde à coup de lampe dans la figure et de coups de pieds dans les matelas. Ce harcèlement quotidien vise à détruire les personnes moralement et physiquement pour qu’elles renoncent à rester ensemble, à s’organiser et à revendiquer des papiers et des logements pour tou-te-s.

Déjà, le 2 novembre, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté, migrant-es et solidaires, de la place de la République à celle du Châtelet, dans une ambiance solidaire et déterminée.

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Le 13 novembre, mairie et police sont venus « évacuer » les migrant-es et expulser le campement. Des flics et des travailleurs sociaux ont emmené dans des bus une partie des migrant-es vers des centres d’hébergement dont ils/elles ne connaissaient pas la destination (comme d’habitude), tandis que ceux/celles resté-es sur la place, une cinquantaine de personnes, se sont ensuite fait chassé-es. Les camions de la propreté de la ville ont tout nettoyé, place nette, et encore une opération de dispersion réussie pour les autorités ! Voir le texte Évacuation des migrants de République : bricolage et impasse.

Une nouvelle manifestation etait appelée pour le 15 novembre, mais elle a été interdite suite aux attentats du 13 novembre.

 

Saint-Denis (France). Lundi 9 novembre, plusieurs migrants hébergés dans un foyer Adoma suite à l’expulsion du lycée Jean Quarré devaient être expulsés du centre. Un piquet de solidarité a été organisé le jour même et les 11 personnes qui devaient être expulsées ont finalement pu ré-intégrer le foyer en attendant qu’une autre solution d’hébergement soit trouvé.

Voici le communiqué rédigé par les migrant-es du centre :

« Nous sommes migrants, nous sommes plus que 35 en tout, des maghrébins, des soudanais. Demain nous allons être 11 à la rue comme beaucoup après l’expulsion du lycée Jean Quarré (la préfecture avait annoncé qu’il y a aurait au moins un mois d’hébergement pour tous, c’était le 24 octobre). Nous étions ensemble au lycée Jean Quarré; beaucoup sont demandeurs d’asile. Ce que nous voulons c’est d’être toujours là, rester au foyer et d’avoir la régularisation pour tous. »

 

Triel-sur-Seine (France). Le 7 novembre au matin, 40 fascistes ont investit le toit d’un centre d’hébergement dans la ville de Triel-sur-Seine pendant plusieurs heures. Ce centre a été ouvert après l’expulsion du lycée occupé Jean Quarré en octobre. Déjà, quelques jours auparavant un migrant s’était fait agressé en sortant de la station RER. Rapidement, plusieurs personnes de la ville et des environs se sont rassemblées devant le centre pour exprimer leur solidarité avec les migrant-es.

Mais dans le centre, géré par la Croix-rouge, les problèmes ne sont pas seulement les fascistes. Comme dans beaucoup d’autres, aucun suivit des procédures de demande d’asile n’est mis en place et les conditions de vie y sont dures : éloignement de Paris, manque de soins pour les personnes malades, gestion carcérale par les personnels de la Croix-rouge et les vigiles, avec des cartes pour entrer et sortir, un appel quotidien et des fouilles des chambres, etc. Depuis la veille, une partie des migrant-es avaient entamé une grève de la faim et fait des banderoles qui ont été déployées dans l’après midi. Une négociation s’en est suivit avec le directeur général de la Croix-rouge qui a du infléchir sur un certain nombre de revendications.

Dans les alentours, un réseau de solidarité s’est mis en place et a appelé à un rassemblement/rencontre solidaire devant l’entrée du centre le 11 novembre. Une cinquantaine de personnes étaient présentes.

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Nantes (France). Un squat de migrant-es a été attaqué à coup de cocktails molotov dans la nuit du 7 au 8 novembre. Les 10 et 14 novembre, deux manifestations ont été appelées en pour affirmer la solidarité avec les migrant-es et face aux attaques de l’extrême droite. Source

Nantes 14 novembre 2015

 

Marseille (France). Le 5 novembre, des migrant-es et solidaires ont brièvement occupé la Plateforme Asile des Bouches du Rhône avant de se faire sortir par la police, pour protester contre les conditions de traitement des demandes. Source

Marseille quartier de la plaine 8 novembre 2015

Saint-Jean-du-Gard/Cévennes (France). Appel à la création du collectif Cévennes sans frontières :

Nous sommes quelques individus à nous réunir et nous organiser en soutien avec les exilé.e.s et contre les frontières…

Nous sommes contre les frontières et leur gestion militaire. Des barbelés gardés par l’armée aux camps de tri et d’identification, des déportations aux centres de rétentions, des rafles aux tribunaux, l’Europe mène une guerre contre les exilé.e.s.

Nous sommes contre la distinction opérée entre « réfugiés » et « migrants économiques ». Les États et les associations humanitaires instaurent cette différenciation en établissant un classement arbitraire entre les “bons” migrants à accueillir et les “mauvais” à expulser, ce qui justifie la répression et les déportations. Des papiers pour les uns, les menottes pour les autres ?

Nous sommes solidaires et nous souhaitons nous organiser avec les exilé.e.s, lutter contre les frontières et affirmer ensemble la liberté de circulation et d’installation pour tous. Nous pensons que chacune des actions qui permet à des personnes de passer un contrôle, d’échapper à une rafle ou à une expulsion, de s’installer pour mener une nouvelle vie participe à élargir les brèches des murs qui séparent les peuples. Nous ne voulons pas que notre rôle se limite à des opérations de charité. Nous sommes libres d’accueillir les richesses de ce monde.

Si les Cévennes sont géographiquement éloignées des points de crispation (comme Vintimille, Calais ou Marseille), les frontières se matérialisent partout. Des exilé.e.s sont déporté.e.s et enfermé.e.s dans des centres de rétention comme à Nîmes. Aux alentours d’Alès, des familles expulsées des centres d’hébergement sont accueillies par des personnes solidaires.

Nous avons déjà organisé une manifestation à Saint Jean du Gard, des tables d’infos sur les marchés, des collectes de matériel et des trajets vers Vintimille et Marseille. Nous souhaitons continuer en menant les actions suivantes :

Diffuser les revendications et témoignages des migrants, Tables d’infos sur les marchés, Collectes de matériel, Mise en lien avec d’autres initiatives (Marseille, Vintimille, Nîmes, Alès,…), Soutien des initiatives d’accueil, Organisation de cantines et concerts de soutien, Discussions et réflexions sur l’actualité. Source

 

Toulouse (France). Le 9 novembre un rassemblement était appelé pour dénoncer la situation à Calais et la récente politique de rafle, d’envois forcés et d’enfermement dans des CRA de toute la France, devant le centre de rétention de Cornebarrieu, où de nombreux migrants Calais ont été enfermés ces dernières semaines.

Liberté de circulation et d’installation pour tou.te.s !
De l’air, de l’air, Ouvrez les frontières ! Source

 

Perpignan (France). Après une rafle à Calais le 13 octobre, quatre migrants soudanais ont été enfermés au centre de rétention de Perpignan. Convoqués devant le consul du Soudan afin qu’ils reconnaissent leur identité et signent le laissez passer pour l’expulsion, ils ont refusé à plusieurs reprises de s’y rendre. L’un d’entre eux a été déféré au tribunal le 6 novembre accusé de « soustraction à une mesure d’éloignement ». Ils ont finalement tous les 4 été libérés !

 

Calais (France).

Nouveau camp d’État et déplacement forcé :

À Calais, l’État a prévu la construction d’un camp pour 1500 migrant-es, sur une zone de l’actuelle jungle. Ce camp sera composé de conteneurs aménagés, entourés de barbelés, géré par l’association La Vie Active et on ne sait pas encore quelles seront les modalités de contrôle. C’est l’entreprise bretonne Logistic Solution qui a décroché le marché de l’aménagement des conteneurs « modules d’habitation ». Ceux-ci, au nombre de 125, sont prévus pour 12 personnes. Sachant que les conteneurs de transport on une taille « normée », et que l’entreprise aménage les plus grand formats, ça donne ça : Longueur de 12,04 m x largeur de 2,33 m = 28,0532 m² / 12 personnes = 2,33 m² par personnes. Comme le dit si bien le directeur adjoint de l’entreprise Antoine Houdebine : « On a vraiment pensé ces conteneurs spécialement pour les migrants« .

Mais tout ne roule pas si bien pour les autorités et elles doivent faire face une fois de plus à la résistance. La construction de ce camp nécessite l’expulsion de 400 personnes de la zone où elle est prévue. Mais une bonne partie d’entre-elles résiste et refuse de partir.

Voici le communiqué qu’ils/elles ont rédigé :

– La construction du nouveau camp sera en plein milieu du camp actuel, mais ce n’est pas une véritable solution pour les problèmes des personnes réfugiées.

– La capacité du nouveau camp est de 1500 places, ce qui n’est pas suffisant pour la population réfugiée de Calais.

– La zone choisie par le gouvernement pour la construction n’est pas viable pour un camp.

– Les décisions prises par le gouvernement français nous paraissent peu claires.

– Le gouvernement français force des personnes réfugiées à évacuer la zone choisie pour la construction du nouveau camp.

En conséquence nous – les personnes réfugiées présentes dans cette zone – refusons de nous soumettre à cette irrespectueuse politique d’anti-solidarité. Le jour où le gouvernement nous forcera à partir pour démarrer les travaux, nous protesterons collectivement.

calais banderole resiste expulsion nouveau camp1

Mise à jour sur le déplacement forcé d’une partie de la Jungle

Le plan de construction du nouveau camp fermé de containers dans la Jungle qui devait commencer le 2 novembre a été retardé. L’association La Vie active (qui gérera le camp) et l’État disent que c’est à cause des « problèmes de communication » avec les gens qui vivent actuellement dans la zone de construction et présentent ce retard comme un simple malentendu.

La réalité est loin de ça. Les communautés qui font face à l’expulsion due à la construction de camp ont très bien compris les plans de l’État et savent clairement que leurs maisons seront détruites et que la nature répressive de ce nouveau camp va entraîner de nouvelles difficultés pour eux s’il est construit.

Le nouveau calendrier de construction qui a été communiqué est le suivant : pendant la semaine du 2 au 8 novembre, la Sécurité Civile va construire un camp de remplacement clôturé pour 500 personnes qui va servir provisoirement pour les gens qu’ils veulent virer de la zone de construction. Les tentes du camp de remplacement sont celles utilisées lors des situations d’urgence, type tremblement de terre.

À partir du lundi 9 novembre, La Vie active va commencer à demander à nouveau aux gens de partir volontairement vers les tentes de remplacement. Si les gens ne se déplacent pas d’ici la fin de semaine, les CRS seront appelés pour virer les gens de force -une recette que nous connaissons tous fort bien à Calais. Nous ne connaissons pas la date exacte où la « demande » sera remplacée par les matraques, les gaz lacrymogènes et les bulldozers, ce qui signifie que de la vigilance et du soutien sont nécessaires tout au long de la semaine.

Il existe différentes réponses à ce plan de construction par les communautés à qui il est « demandé » de se déplacer : certains se sentent un manque de puissance pour résister activement à ces plans, d’autres espèrent atteindre l’Angleterre avant la tentative d’expulsion. Mais depuis que ces plans sont devenus explicites, une résistance se développe dans la zone de construction planifiée et il est clair que beaucoup refusent de bouger. Et, pour citer une déclaration publiée récemment par des personnes vivant dans cette zone:

« Nous refusons de nous soumettre à cette irrespectueuse politique d’anti-solidarité. Le jour où le gouvernement nous forcera à partir pour démarrer les travaux, nous protesterons collectivement ».

Calais Migrant Solidarity, 7 novembre 2015

Le 12 novembre, les travaux de construction du camp on commencé avec l’arrivée de bulldozers dans la jungle.

Une expulsion humanitaire

Le 12 novembre au matin, la construction très retardée du « Nouveau Camp » à commencé.

Les travaux devaient commencer le 2 novembre 2015. Les associations ont déclaré que la date avait été retardée en raison de « problèmes de communication » avec les personnes vivant dans la zone. En fait, les gens ont toujours refusé de partir. (voir le texte Mise à jour sur le déplacement forcé dune partie de la Jungle).

Finalement, ce matin les travaux ont commencé. Le premier bulldozer est arrivé aux environs de 8h00. Il a roulé au milieu des tentes et des maisons des gens et a enlevé les poteaux rouges qui servaient de délimitation de la zone de chantier. Il a été rapidement suivit par d’autres véhicules de travaux tout au long de la matinée. Pour le moment, ils se sont limités à l’aplatissement des zones sans maisons et inondées et à la pose de clôtures délimitant la zone du site. Toutefois, il sera impossible pour eux de commencer la construction réelle tant que des personnes vivent encore dans la zone.

Peu de temps après sont arrivés une flopée de volontaires « humanitaires » des associations. Vêtus d’unepléthore de veste fluorescentes de couleurs différentes, ils ont tourné dans la zone d’expulsion, disant aux gens qu’ils devaient quitter leurs maisons et domiciles. Ils ont tenté de convaincre les gens que le nouveau camp serait de loin mieux, et beaucoup ont déclaré que si les gens ne se déplacent pas rapidement, la police viendrait les expulser par la force. Les 50 bénévoles présents étaient des membres des associations Salam et La Vie Active, y compris le président de l’association Salam qui a été vu expliquant avec véhémence à un groupe de réfugié ne parlant pas anglais qu’ils devaient se déplacer. Ils avaient apporté des bracelets orange, qu’ils distribuaient aux gens qui voulaient avoir une place dans le nouveau camp.

Cette apparition soudaine de véhicules de chantier et de bénévoles vêtus de fluo a convaincu certaines personnes de quitter la zone, de prendre leurs tentes et d’aller s’installer ailleurs dans la jungle. Toutefois, la grande majorité des gens a choisi de rester. Ils ont cité plusieurs raisons à ça, à savoir : les difficultés de vivre dans une grande tente avec 50 autres personnes qu’ils ne connaissent pas et sans aucune intimité, leur préférence pour leurs maisons, qu’ils ont construit eux-même, plutôt que quelque chose pour lequel ils n’ont pas pris part à la construction, la préférence de vivre au sein d’une communauté d’amis, et un manque total de confiance dans l’État français. Bon nombre des personnes vivant dans la jungle ne veulent pas du nouveau camp.

Cela ne devrait pas surprendre de voir à quel point certaines associations collaborent avec l’État. Elles ont une longue histoire de collaboration à Calais. Cependant, il est toujours choquant de voir des gens donner bénévolement leur temps pour des organisations qui font le travail de la police. Beaucoup de bénévoles ont fait valoir que la construction du nouveau camp était une étape nécessaire pour améliorer les conditions de vie dans la jungle et pour «amener aux gens l’aide dont ils ont besoin», mais en même temps, beaucoup reconnaissent la nature coercitive de ce qu’ils font, qu’à chacune de leurs demandes, elle soit appuyée par la menace de la violence d’État pour déplacer les personnes. Il y avait un grand sentiment de pessimisme, que rien ne pouvait être fait pour arrêter les inévitables offensives de l’État. Si les gens de la jungle avaient montré le même sentiment de défaitisme, ils seraient parti de la zone le 2 novembre et les travaux auraient déjà commencé !

À la fin de la journée, les bénévoles des associations sont partis et une petite partie de travaux avait eu lieu dans les zones inhabitées. Nous pensons qu’il y aura probablement une expulsion de la zone dans les jours à venir.

Calais Migrant Solidarity, 12 novembre 2015

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Dispersion dans les centres de répit et dans les centres de rétention

La stratégie de dispersion des migrant-es de Calais se poursuit. Le gouvernement et la préfecture se félicite que le nombres de migrant-es présent à Calais ai diminué, à coup d’enfermement en centre de rétention et d’éparpillement dans d’autres centres de tri qui ne disent pas leurs noms. Voir ce texte.

Patrouilles et attaques de police dans la Jungle :

Les CRS tirent des gaz lacrymogènes dans la Jungle

Dans la nuit du 2 novembre, vers 21 heures, des migrant-es ont été violemment attaqué-es par les CRS. Les affrontements ont duré près de 2 heures. Durant toute l’opération, à peu près 20 grenades lacrymogènes ont été tirées. Des migrant-es ont riposté en jetant des pierres sur les flics.

Quelques tirs ont touchés les zones de vie des réfugiés.

Vers 00h45 heures, a bloqué 25 personnes à l’entrée principale de la Jungle. En plus, une dernière bombe de gaz lacrymogène a été tirée. Ensuite, l’affrontement s’est terminé.

Source et vidéo

calais patrouille flics jungle

calais nuit du 2 novembre

La nuit du 8 au 9 novembre, des centaines de migrant-es se sont retrouvé-es sur l’autoroute, à côté de la jungle, bloquant le trafic pour tenter de monter dans les camions en partance pour l’Angleterre. Depuis plusieurs semaines, avec les renforts policiers, la multiplication des contrôles et des outils de surveillance, le passage est très difficile, voir impossible.

La police est intervenue, arrêtant la circulation sur l’autoroute et attaquant en tirant des centaines de grandes lacrymogènes. Des barricades ont été dressées sur l’autoroute et des affrontements ont duré une bonne partie de la nuit, blessant plusieurs policiers. Les gaz, tirés sur l’autoroute mais aussi en direction de la jungle ont blessés un nombre très important de migrant-es.

Le lendemain, de nouveau, des barricades ont été montées sur l’autoroute, à l’aide de mobilier urbain, et des pierres lancées sur les flics qui ont riposté au gaz lacrymogène. L’accès au port a été totalement fermé et des groupes de migrant-es bloquaient encore la circulation sur les routes d’accès à l’autoroute dans la matinée.

Suite à ces deux nuits d’affrontements, la préfecture a annoncé qu’un nombre plus important de policiers seraient présents autour et dans la jungle, ce qui laisse craindre une augmentation des rafles et des violences policières. La maire de Calais à quand à elle demandé l’intervention de l’armée. Plus de 1200 flics sont actuellement présents à Calais.

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Récits des nuits du 8 au 9 et du 9 au 10 novembre, publiés sur le blog Calais Migrant Solidarity :

Une nuit de défiance collective

Dans la nuit du 8 novembre, des personnes vivant dans la jungle ont réussi à bloquer l’autoroute qui longe la jungle. On pouvait entendre plusieurs camions klaxonnant, mais vers 23 heures, la police a totalement arrêté le trafic sur l’autoroute.

Malgré cela, dans la jungle, de grands groupes de personnes ont continué à se déplacer vers l’entrée. Ce mouvement de foule a continué même quand il était manifestement évident qu’il n’y avait plus de trafic vers le Royaume-Uni sur l’autoroute.

À minuit, alors que les gens étaient toujours sur l’autoroute, des groupes s’étaient aussi rassemblés sous le pont de l’autoroute à l’entrée de la jungle, et sur les rampes d’accès et de sortie de l’autoroute. Des cris et des chants comme « No jungle ! » pouvaient être entendus. Un groupe a utilisé des pierres pour battre de rythme sur la rambarde. Plusieurs panneaux de signalisation ont été mis à terre, à commencer par celui indiquant Calais. Les gens ont commencé à allumer des feux, avec des tentes cassées, des vêtements jetés et tout ce qu’ils pouvaient se procurer. Beaucoup de buissons et végétation sur le côté de la route ont été incendiées. Certaines personnes ont démonté les glissières de sécurité de l’autoroute. Tous ces matériaux combustibles ont été rassemblés pour former des barricades. De grands groupes de personnes tentaient de rejoindre l’autoroute, mais ont été maintes fois repoussés par l’utilisation massive de gaz lacrymogènes. Les personnes qui étaient là venaient de nombreux pays et parties de la jungle différentes. Beaucoup de gens ont fait des vidéos avec leurs téléphones.

Un porte parole du syndicat de la police a déclaré que près de 300 grandes lacrymogènes avaient été tirées. Le gaz a d’abord été tiré vers l’entrée de la jungle et sur l’autoroute, mais au fil de la nuit la police a tiré des quantités croissantes de gaz au cœur même de la jungle.

[…]

Video

Calais Migrant Solidarity, 10 novembre 2015 

calais 9 novembre 2015

Une nuit de punition collective par la police !

À nouveau, dans la nuit du 9 novembre, des personnes sans papiers ont bloqué l’autoroute près de la jungle avec des barricades. Cependant, ce ne sont pas que les personnes protestant qui ont été touchées par la répression, mais la police a décidé de punir collectivement une large proportion de la jungle.

Vers minuit on pouvait entendre des cris de protestation sur l’autoroute, tandis que la police lançait des gaz lacrymogènes dans la zone de la jungle la plus proche de l’autoroute, et que l’on pouvait entendre les klaxons des camions.

Les slogans des gens étaient « plus de jungle ! ». Au début, la police a lancé des gaz lacrymogènes pour chasser les gens loin de l’autoroute et les forcer à retourner dans la jungle. Les camions et voitures ont été en mesure de passer toute la nuit, même si la route a été partiellement bloquée par une barricade de fortune.

Beaucoup de manifestants de la jungle ont essayé de sauter dans les camions, mais cela a été vain. Un chauffeur de camion a brandi une arme à feu, la pointant sur les gens qui se trouvaient à côté de sa cabine. Tout au long de la nuit, les camions ont esquivé les barricades mises en travers de la route pour arrêter la circulation. À un moment donné, un groupe de 30 à 40 personnes a été totalement entouré de gaz lacrymogène, avec aucune issue possible, obligés de se recroqueviller au sol en boule.

L’utilisation par la police de gaz CS (lacrymogène) est devenu une pratique ordinaire inquiétante. Les gens de la jungle ont été soumis à un niveau sans précédent de guerre chimique, la même force de dissuasion chimique que celle utilisée en Palestine ou à Ferguson pleut sur le camp quasi quotidiennement. La police à la gâchette facile utilise la tactique de bombarder intensivement la zone autour d’eux, visant tour à tour tous ceux qui se déplacent. Cela veut également dire qu’ils attaquent les zones où n’y a aucune échappatoire, piégeant les réfugiés dans des chemins étroits et les buissons autour du camp. Ce n’est pas fait pour disperser les personnes, mais c’est une forme de punition collective.

En même temps que cette protestation se déroulait près de l’entrée principale de la jungle, une manifestation plus petite a commencé sur une route secondaire qui donne accès à l’arrière du camp. Sur cette route, des panneaux de signalisation ont été mis en travers et incendiés pour former des barricades. En réponse à cette deuxième manifestation, la police a tiré un tas de gaz lacrymogène, auxquels ceux qui manifestaient ont répondu avec des projectiles.

Sans se préoccuper pour les 60 ou 70 familles résidant dans cette zone du camp, la police a tiré gaz et flashball à travers le camp, brûlant une tente, un tas d’ordure, des arbres et des buissons.

Des mères criaient en français qu’il y avait des enfants dans le camp tandis que la police attaquait. Des groupes de famille revenant d’une autre partie de la jungle ont été prises au piège par une colonne de lacrymogène.

Tard dans la nuit, la police a fait des patrouilles pour trouver les migrants qui s’étaient cachés dans les buissons le long de la route. À un moment, un groupe de 20 flics a tiré du gaz en continu pendant 5 minutes jusqu’à ce que la zone soit entièrement recouverte de fumée.

Comme la nuit se poursuivait, l’intensité du gaz a augmenté. Le vent a ramené les vapeurs sur toute la partie ouest du camp. Le message de la police a été clair : si vous protestez, nous vous punirons tous. Il y a également eu de nombreuses blessures causées par les grenades lacrymogènes tombant sur les gens, des brûlures et des blessures.

Les blessures de cet assaut sont difficiles à quantifier, il est facile de compter les nombreux problèmes respiratoires, les irritations des yeux et brûlures de la peau, mais le traumatisme psychologique est difficile à voir. Les personnes fuyant des conflits sont traitées par le meilleur de l’hospitalité française : une nuit de répression chimique sur l’ensemble de la population du camp.

Calais Migrant Solidarity, 10 novembre 2015

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Entre le 10 et le 11 novembre, pour la troisième nuit consécutive, les flics ont de nouveau attaqué la jungle à la grenade lacrymogène (une centaine utilisée) et des canons à eau ont été déployés à l’entrée du camp. Des migrant-es ont riposté et plusieurs personnes ont été arrêtées puis relâchées. Encore une fois, de nombreuses blessures sont constatées. Source

Dans les médias, les autorités locales et la préfecture multiplient les déclarations et dénoncent la violence et l’implication de « militants no borders » dans les affrontements, militant-es qui organiseraient et pousseraient les migrant-es à ces affrontements. C’est l’éternel épouvantail de « la frange radicale manipulatrice » qui est agité pour justifier le déchaînement de répression des flics et la politique meurtrière mise en place à Calais. De même que pour justifier des opérations de guerres en Méditerranée, le pouvoir agite celui des « réseaux de passeurs ».

Ce discours pue le paternalisme et le racisme. Il y a bien eu, durant ces trois nuits, une défiance collective contre la police et des actions de blocage de l’autoroute pour tenter de monter dans les camions qui font route vers l’Angleterre. Ces actions/ripostes sont autonomes, auto-organisées, spontanées. Les personnes qui y ont participé n’ont pas besoin d’être « aidées » ou « dirigées » par quelconque militant-e européen-ne. Que des personnes se réclamant -ou pas- no borders y ait -ou pas- participé n’intéresse personne mis à part les chantres du pouvoir et de la répression. Depuis des mois, des groupes de migrant-es s’organisent collectivement pour tenter de passer en Angleterre, pour occuper des maisons vides, pour résister aux injonctions de la police et de l’État, pour organiser des manifestations. Toutes ces initiatives doivent être soutenues car elles mettent à mal le système des frontières.

Manifs de fascistes

Après la manifestation du 31 octobre à l’appel du groupe « Calaisiens en colère » qui a rassemblée plusieurs centaines de personnes contre les migrant-es à Calais, une autre manifestation a eu lieu la semaine suivante, le 8 novembre, à l’appel de « Sauvons Calais ». Plus « radicale », elle a rassemblée moins de monde. En face, une contre manifestation a eu lieu, réprimée par la police qui a procédé à des arrestations. Source

Après la manifestation, un groupe de 5 nazis est allé attaquer des migrant-es qui tentaient de rentrer dans le port pour passer en Angleterre.

 

Dans la nuit du 13 au 14 novembre, un incendie a détruit 2500m² de la Jungle, sans faire de mort-e.

La Jungle en feu

Un incendie a éclaté parmi les tentes entassées à environ 00h45 ce matin. La cause de cet incendie serait une bougie. Le feu s’est propagé rapidement à cause du vent et les gens couraient, essayant d’évacuer la zone et d’emmener les gens en sécurité. Il n’y a pas eu de blessures majeures, quelques petites brûlures et des problèmes dû aux inhalations de fumée, mais pas de blessures majeurs ou de décès. Beaucoup de documents, papiers, vêtements et effets personnes ont été détruits. Le feu s’est propagé pendant environ une demi-heure avant que les pompiers n’arrivent. Apparemment, la police sur place, essayait d’éteindre le feu avec un canon à eau. La zone de la jungle concernée était le camp des soudanais près du chemin des Dunes. 60 abris ont été détruits.

Dans une grande partie de la jungle, il n’y a pas de routes ou de points d’eau pour les pompiers et c’est « chanceux » que le feu ai commencé près de la seule route qui mène au centre Jules Ferry. Une partie beaucoup plus grande du camp aurait été détruite par les flammes si le feu avait commencé ailleurs, peut-être toute la jungle […] Source

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Le 16 novembre, une petite manifestation a eu lieu, contre les conditions de vie dans la jungle et les violences policières. Elle a été violemment réprimée par la police.

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Lille (France). Plusieurs centaines de personnes, migrant-es et solidaires, ont manifesté dans les rues de Lille le samedi 7 novembre, en solidarité avec les migrant-es, sans papiers et réfugié-es. Le cortège, parti de la Grande Place s’est rendu au square Olieux où depuis des mois des migrant-es, principalement mineurs isolés, ont installé un campement, n’ayant d’autres solutions. Au début de la manifestation, quelques fascistes sont venus provoquer le cortège, criant des slogans hostiles.

 

Saint-Brieuc (France). Le 12 novembre, un millier de lycéen-es sont descendu-es dans les rue contre la menace d’expulsion de neuf de leurs camarades.

 

Akrotiri (Chypre). Révolte dans un camp d’enfermement. Le 31 octobre, après que l’un d’entre-eux/elles ai menacé de se pendre, des migrant-es enfermé-es dans la base militaire britannique d’Akrotiri ont mis le feu à des tentes qui servent de dortoir et ont escaladé les clôtures en scandant « We are people, not animals ». Les militaires britanniques et gardes de sécurité ont réprimé la révolte à coup de matraque.

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Vintimille (Italie). Alors qu’un sommet de l’Union européenne sur l’immigration s’est tenu à Malte, réunissant des dirigeants européens et du continent africain, cet appel à actions sur tout le territoire européen a circulé en plusieurs langues : Vous faites pousser des grillages, nous cultivons des tenailles.

 

Brindisi (Italie). Depuis le rassemblement solidaire devant le CIE le 31 octobre dernier, qui a pris fin avec l’arrestation des personnes solidaires à l’extérieur et une forte protestation à l’intérieur, une grève de la faim continue ce 5 novembre au CIE. Le 4 au matin, la police est entrée dans le centre pour mener une perquisition, mais n’a rien trouvé.

Du CIE de Brindisi, à peine rouvert et dont on ne sait pas grand-chose, un retenu nous dit ça : contrôles dégradants, trou dans les portes des cellules pour passer la nourriture, protestations, et plus encore dans cette interview en italien.

 

Turin (Italie). Au CIE de Turin, plusieurs détenus se sont mis en grève de la faim début novembre. Dans une des zones du centre, les détenus sont en quarantaine car il y a une épidémie de gale. Mais ils refusent les soins pour éviter que d’autre ne soient enfermés dans cette aile du centre une fois l’infection terminée. http://www.autistici.org/macerie/?p=31678

Le 15 novembre, un rassemblement est appelé sous les murs du centre de rétention :

Rassemblement au CIE de Corso Brunelleschi

Au CIE de Corso Brunelleschi, la tension monte à nouveau : des prisonniers sur le toit, des manifestations, des battiture, des grèves de la faim et de la soif.

Il y a plusieurs façons de lutter aux côtés de ceux qui se rebellent : de la perturbation des entreprises qui coopèrent à la gestion et à la réparation des bâtiments, à la diffusion des paroles, des nouvelles et des expériences qui sortent de l’intérieur du centre.

Nous pouvons également soutenir les détenus en portant notre solidarité sous les murs du centre.

Source

Turin rassemblement au CIE 15 novembre 2015

Samedi 14 novembre, les enfermés du centre de rétention (Cie) de Turin situé Corso Brunelleschi, ont à nouveau lancé une révolte qui a détruit une grande partie du centre. L’étincelle a été le refus du parloir à un retenu avec sa femme, même si en réalité l’air était déjà tendu dans le centre depuis des semaines, où se produisaient de fréquentes expulsions violentes. Hier, les retenus se sont donc organisés pour protester contre les conditions d’enfermement et ont mis le feu à des vêtements, mettant hors d’usage la zone rouge et la seule chambre ouverte dans la zone jaune : dans la zone blanche, il ne reste que deux chambres (Source) :

Révolte, incendie et solidarité

Quand, ces dernières semaines, nous disions sentir une vive agitation dans le Centre d’Identification et d’Expulsion (CIE) de Turin, c’est parce qu’on pouvait sentir une tension croissante entre les lignes de ce que nous disaient les prisonniers.

Depuis que le CIE a recommencé à fonctionner à plein régime, environ 90 places, après les restructurations de l’hiver dernier, le train-train de la machine à expulser est devenu encore plus oppressant : la police qui vient réveiller à l’aube des détenus pour les expulser, les déportations de masse, les tabassages à ceux qui tentent de mettre en place des petites formes de protestations individuelles.

C’est la normalité des pratiques de la détention administrative de personnes qui n’ont pas de papiers et il n’y a donc rien d’étonnant, comme il feignent de faire les politiciens humanitaires quand la question des CIE est abordée dans leurs petites controverses de salon. Ce sont les moments lors desquels la figure du reclus assume une aura sacrificielle, construite sur l’image d’une victime d’un système qui ne fonctionne pas correctement, ou pour le mois, qui n’assure pas une juste dignité pendant la période d’enfermement. Un peu de dignité, celle dont parlent ces messieurs, qui pensent qu’elle doit être inscrite dans les murs de là où on ne peut pas sortir.

Mais il arrive que l’image du reclus brimé ne suivent pas le rythme de la réalité d’une rage croissance, alimentée par les petits et grands abus quotidiens, et qui parfois se manifeste par une petite lueur de rébellion, circonscrite à quelques personnes. Parfois, cependant, cette rage émerge avec plus d’enthousiasme et devient une action collective et les centres de détentions sont incendiés. Il suffit d’un prétexte, comme il y a quelques jours : un prisonnier s’est vu refuser un parloir avec son épouse, il s’est coupé les veines. Mais ce qui fait la différence, cette fois comme pendant l’été 2014, c’est que les détenus, dans un climat de solidarité générale, se sont organisés pour montrer que la dignité, il y en a très peu pour ceux qui sont à l’ombre des barreaux.

C’est comme ça que, samedi soir, d’abord dans la section rouge, puis rapidement dans les sections blanche et jaune, des colonnes de fumées sont venues se mêler aux premiers brouillards du mois de novembre. Dans le centre, les flics anti-émeute sont arrivés rapidement, ainsi que le préfet, pour constater les dommages subits et probablement pour essayer de gérer au mieux les conséquences du plus grand échec après la rénovation de l’hiver dernier du centre de rétention turinois. Les retenus ont été regroupés dans la cour et gardé-là en attendant de comprendre comment réorganiser les quelques espaces laissés indemnes. Une autre présence n’a pas manqué de venir, certainement plus proche des intentions des prisonniers, même au-delà des murs : une trentaine de solidaires ont accourus pour faire entendre leur soutien par leurs voix, des pétards et des feux d’artifices.

Dans la nuit, les retenus de la zone rouge, maintenus dans la cour, ont décidé de ne pas rester immobile à subir les décisions des forces de l’ordre et ont défoncé les grilles qui les séparent de la zone jaune pour se réfugier à l’intérieur. Quelle est l’ampleur réelle des dégâts aux installations et quelles vont être les décisions de la police et des gestionnaires de l’entreprise Gespa par rapport aux centre incendié, nous allons chercher à le savoir. Ce qui est certain, c’est que les zones touchées par l’incendie ont été déclarées inutilisables, il semble que le mobilier et le système électrique ont été détruits, et que le fonctionnement du centre est considérablement réduit. Une autre chose est sûre, c’est qu’à la suite de la révolte, un détenu manque à l’appel. La police a bien fait attention à ne pas l’ébruiter, mais les personnes à l’intérieur n’ont pas de doute, dans la confusion quelqu’un a réussi à s’évader.

Dimanche 15 novembre, le rassemblement solidaire prévu depuis quelque jours a eu lieu, renforcé par la nouvelle de l’incendie du centre quelques heures plus tôt. Une cinquantaine de personnes se sont retrouvées corso Brunelleschi et pendant quelques heures, de la musique, des slogans et des interventions ont tenu compagnie aux retenus, qui ont répondu avec autant d’énergie. Aussi, les parents de deux jeunes roumains, enfermés au CIE après l’expulsion des familles rom de l’ancienne caserne de la rue Asti, ont lancé leur salut personnel. Les deux jeunes, bien que citoyens européen, ont été arrêtés et enfermés au CIE en raison de leur prétendue « dangerosité sociale » et ont été présentés ce samedi 16 devant le juge qui a décidé de leur expulsion. Le 17 novembre au matin, un groupe de familles, amis et solidaires a attendu les nouvelles de l’avocat puis ont donné lieu à un bruyant salut avant de partir.

Ce n’est pas la première fois que des personnes avec des papiers en règle mais définies comme « socialement dangereuses » se retrouvent enfermées dans le CIE, ni la première fois que les occupants d’une maison , trouvés sans papiers sur eux le jour de l’expulsion, sont emmenés au CIE puis expulsés. Pour les deux jeunes, après l’accord du juge, le temps est court. Ils ne peuvent pas être maintenus enfermés dans le CIE très longtemps, et si rien ne change, nous nous attendons à une expulsion dans les jours à venir.

Après l’incendie de samedi soir, la nouvelle est tombé de l’arrestation de deux tunisiens qui ont participé à la protestation. Ils sont accusés de destruction, résistance, violences et menaces à fonctionnaire et ont été transférés du CIE à la prison des Vallette. Une fois terminé le rassemblement, les solidaires ont rejoint la prison des Vallette pour un autre salut à tous les détenus, mais surtout à ceux accusés d’avoir essayé de détruire une prison. […]

Pour ajouter quelque chose de plus à ce que nous avons dit, nous vous proposons d’écouter (in italien), l’interview faite hier pendant l’émission « Bello come una prigione che brucia » sur Radio Blackout.

 

Bari (Italie). Le 28 octobre, plusieurs dizaines de migrant-es ont quitté le CARA (centre pour demandeurs d’asile) de Bari pour manifester dans le centre ville pour revendiquer leur droit à l’asile, leur liberté de circulation et contre les conditions dans lesquelles ils sont retenus dans ce centre. 1000 personnes y vivent actuellement, dans des conditions très dures et violentes imposées par la coopérative Auxilium qui le gère. Sept personnes ont été arrêtées. Source

 

Rome (Italie). Un rassemblement solidaire était appelé le 7 novembre devant le centre de rétention (CIE) de Ponte Galeria à Rome. Voici un compte-rendu :

Sur le rassemblement solidaire au CIE de Ponte Galeria

Le 7 novembre, un groupe de solidaire s’est rassemblée sous les murs du CIE de Ponte Galeria aux portes de Rome pour exprimer sa solidarité avec tou-tes les détenues et ceux/celles qui luttent quotidiennement pour leur liberté.

Malgré Trenitalia qui a essayé, avec l’aide de la police, d’empêcher les camarades de prendre le train en demandant à tou-tes le paiement du billet, à l’aller et au retour, le groupe a réussi à atteindre les murs du centre et à y passer quelques heures, entres discours, musique et beaucoup de bruit.

La réponse à l’intérieur du centre a été forte et belle : face à la section homme, les cris des solidaires ont été rejoint par ceux des détenus tandis que dans la rue nous avons essayé de communiquer avec les automobilistes qui passaient, plus ou moins ignorant-es de ce qui se trouvait derrières ces murs surmontés de barbelés.

Depuis l’intérieur, ils nous disent que le centre est plein à craquer : dans la section homme il y a plus de 100 prisonniers, tandis que chez les femmes elles sont environ 90, uniquement nigérianes. Aussi les épisodes où la nourriture et les boissons sont mélangées avec des psycholeptiques et distribuées par les opérateurs du centre se répètent, pour tenter de détruire toute capacité de résistance et de révolte.

Pendant que nous étions devant le centre, des nouvelles nous sont parvenues d’un groupe de camarades de Brindisi qui avaient organisé un rassemblement semblable devant le CIE et qui ont été arrêté-es une nouvelle fois par la police pour être identifié-es.

Après avoir illuminé le ciel avec quelques feux d’artifice, nous sommes retourné-es en ville.

Quelques ennemi-es des frontières. 

Source

Plus tard dans la soirée, le siège local de la Croix-rouge a été recouvert d’inscriptions en solidarité avec les personnes qui, à l’intérieur comme à l’extérieur, luttent contre les CIE et les frontières. Le lendemain devait se tenir dans ce local un spectacle avec des réfugié-es du CARA de Casteluovo di Porto, parrainé par la coopérative Auxilium qui depuis des années spécule sur la vie des migrant-es et veut nettoyer son image publique avec ces initiatives culturelles.

« Contre Auxilium et en solidarité avec les personnes arrêtées pour avoir protesté dans le CARA de Bari et ceux/celles qui luttent dans et hors du CIE de Restinco à Brindisi. Contre toutes les cages et toutes les frontières. » Source

Le 16 novembre au matin, un groupe d’ennemi-es des frontières s’est rendu dans un bureau de poste pour distribuer des tracts et rappeler la responsabilité du groupe PosteItaliane dans la machine à expulser. Les fenêtres du bureau de poste ont ensuite été recouvertes d’affiches en solidarité avec celles/ceux qui luttent dans les CIE pour retrouver la liberté et contre le business du groupe PosteItaliane. Source et tract distribué

 

Bologne (Italie). Dans la nuit du 8 novembre, la ligne à grande vitesse Bologne-Milan a été sabotée. Plusieurs câbles électriques ont été incendiés et une inscription laissée au sol : « 8-11, saboter un monde de racistes et de frontières ». Cela a entraîné des retards de plusieurs heures. Source

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Genève (Suisse). Rassemblement du mouvement « No bunkers », en lutte depuis plusieurs mois contre les conditions d’hébergement et les renvois Dublin.

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Bedford (Angleterre). Samedi 7 novembre, plus d’une centaine de personnes ont manifesté sous les murs du centre de rétention de Yarl’s Wood, en solidarité avec les personnes enfermées et contre toutes les prisons pour étranger-es.

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Lesbos (Grèce). Le 31 octobre, une grosse manifestation s’est déroulée dans la ville de Mytilène, à laquelle ont participé beaucoup de migrant-es et des personnes solidaires habitant-es de l’île. Les membres du parti au pouvoir Syriza n’ont pas été accepté-es dans le cortège. Sur cette île grecque, située en mer Égée, plusieurs milliers de migrant-es, survivant-es de la traversée, vivent dans les rues en attente d’une autorisation pour se rendre sur le continent.

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La mer Égée est un cimetière. Les assassins vont payer !

Le 5 novembre, alors que les derniers jours ont été plus meurtriers que jamais dans la mer Egée, le premier ministre Tsipras a escorté Martin Schulz, le président du parlement européen, lors d’une visite sur l’île de Lesbos.

Les anarchistes locaux ont occupé la mairie de la ville et suspendu une banderole disant « The Aegean is full of migrants’ dead bodies. Europeans too are peoples’ murderers ».

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Quand Tsipras et Schulz sont arrivés sur l’île, d’autres manifestant-es les attendaient également.

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Le 7 novembre, des migrant-es ont occupé un immeuble désaffecté sur le port de Mytilène. Le bâtiment était l’ancien « centre des travailleurs » de la ville, qui avait été fermé ces dernières années. Ces derniers jours, des milliers de personnes vivaient dans le port et dans les rues, en attente des navires pour le continent (les travailleurs des navires étaient en grève).
C’est une initiative auto-organisée par les migrants et des groupes locaux sont là pour les soutenir.

Trois jours plus tard, le 10 novembre, le bâtiment a été expulsé par des membres du parti communiste de Grèce (KKE), armés de bâtons, jouant le rôle de la police anti-émeute. L’immeuble était vide depuis plusieurs années, mais le KKE qui contrôle ce « centre des travailleurs » l’utilisait comme débarras.

Vidéo de l’expulsion et du rassemblement solidaire devant le squat.

Source

 

Thessalonique (Grèce). Le 12 novembre, jour de grève générale, une immense banderole a été déployée sur la façade de la maison des syndicats par l’assemblée « No lager » : « Les noyades aux frontières sont des meurtres commis par l’État grec et l’Europe forteresse. Stop à la guerre aux migrants ». Source

Thessalonique banderole 12 novembre 2015

 

Athènes (Grèce). Vendredi 6 novembre, un groupe de 400 personnes a annulé la manifestation appelée par un « comité de quartier » fasciste contre la présence de migrant-es dans le parc Victoria. Beaucoup de migrant-es utilisent ce parc pour faire une escale d’un jour ou deux sur leur chemin pour quitter la Grèce. Les fascistes d’Athènes ont tenté de créer une hystérie anti-migrants parmi les voisins, mais avec peu de succès : seulement 40 personnes ont répondu à l’appel fasciste, tandis que celui anti-fasciste a été rejoint par plus de 400 camarades. Source

 

Ljubljana (Slovénie). Dans la matinée du 13 novembre, une artère principale de la ville de Ljubljana a été bloquée. Des banderoles accrochées disaient : « Liberté de circulation » et « Vos fils (barbelés), nos morts ». Source

Ljubljana 13 novembre 2015

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Varsovie (Pologne). Des centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Varsovie samedi 7 novembre en solidarité avec les migrant-es, contre les frontières et le racisme, derrière la banderole « La solidarité plutôt que le nationalisme ».

 

Berlin (Allemagne). Des affrontements ont éclaté entre des militant-es antifascistes et solidaires des migrant-es, et la police en marge d’une manifestation fasciste anti-réfugié-es.

Dans la nuit du 11 novembre, des véhicules de plusieurs entreprises qui profitent de l’enfermement des migrant-es ont été incendiés : l’entreprise Gegenbauer, qui a fait les gros titres des journaux car ses salariés frappent les réfugiés dans le camp Lageso ; ISS, entreprise de sécurité présente dans les centre de rétention ; Thyssen Krupp, qui vend des armes partout dans le monde, « elle porte la responsabilité de la migration de centaines de milliers de personnes qui se trouvent justement à chaque endroit dans le monde à la recherche d’un nouvel et meilleur espace de vie ». Source

 

Leipzig (Allemagne). Dans la nuit du 10 au 11 novembre, la direction régionale de Leipzig s’est fait détruire ses fenêtres et sa porte d’entrée. « cette attaque spécialement dirigée contre la direction régionale de Leipzig signifie une attaque contre toutes les directions régionales du pays, contre tous les politiques qui veulent nous expliquer qu’il y a beaucoup trop de réfugiés en Allemagne, qu’il est nécessaire de les installer dans des gymnases et des hangars industriels, ainsi que d’avoir recours à l’armée. Cette prétendue crise des réfugiés est une mise en scène. Il est évident qu’on a besoin d’hangars ou de camps si on souhaite ficher, contrôler et trier des gens. » Source

 

Hambourg (Allemagne). Samedi 14 novembre, 9000 personnes, migrant-es et solidaires ont manifesté dans les rues de la ville.

9000 personnes sont descendues dans le rues aujourd’hui, malgré la pluie et le froid, pour se battre pour les droits des réfugié-es.

Aujourd’hui nous avons clairement dit : l’accueil des réfugié-es signifie l’égalité des droits pour tou-te-s. Nous avons montré que nous voulons vivre ensemble, que nous sommes contre l’isolement dans des tentes, des entrepôts et des camps. Nous avons affirmé que nous sommes contre les nouvelles lois sur l’asile, que nous ne croyons pas à la notion de « mauvais-e migrant-e ». Nous étions côte à côte, nous étions fort-es ensemble, avec de nombreux/euses réfugié-es des camps, avec le collectif Romano Jekipe Ano Hamburg, avec Lampedusa in Hamburg et pleins d’autres. Merci à tou-te-s celles et ceux qui ont soutenu notre lutte aujourd’hui.

Dans le contexte de la terreur à Paris, les signes de solidarité et de cohésion sont devenus encore plus importants. Nous sommes en deuil avec les familles des victimes. Nous sommes profondément préocupé-es par pediga & co qui lancent déjà de nouvelles campagnes de haine. Ne les laissons pas instrumentaliser la terreur pour leur racisme ! C’est seulement ensemble, avec les personnes qui viennent d’autres pays, que nous serons en mesure de surmonter la violence. Continuons jusqu’à ce que toutes les personnes dans cette ville soient vraiment égales. Source

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Vienne et Linz (Autriche). Appel à des manifestations internationales contre les frontières le 14 novembre.

Laissez les frontières ouvertes ! Non aux barrières, aux murs et à la forteresse Europe !

Une vague sans précédent de solidarité avec les réfugiés a déferlé sur l’Europe et proclame haut et fort « bienvenu aux réfugiés, ouvrez les frontières ».

Des milliers de réfugiés et de solidaires ont forcé les gouvernements de l’Europe a ouvrir ses frontières. Maintenant ils veulent revenir en arrière avec des clôtures, des postes frontières, et des barrières imposées par l’armée et la police – et pas seulement sur les frontières extérieurs, mais au sein de l’UE.

La Grande-Bretagne et la France harcèlent les réfugiés à Calais. La Bavière menace de fermer ses frontières avec l’Autriche. L’Autriche envisage d’ériger une clôture de barbelés à la frontière avec la Slovénie. Le premier ministre slovène a demandé une aide militaire européenne pour fermer sa frontière avec la Croatie. La Hongrie et la Macédoine utilisent la violence brutale contre les réfugiés aux frontières avec la Serbie et la Grèce. Le gouvernement grec maintient la frontière avec la Turquie fermée obligeant des milliers de réfugiés à faire la traversée meurtrière par la mer Égée.

Après avoir fui leurs pays, les demandeurs d’asile subissent à nouveau des conditions épouvantables aux frontières. Des milliers sont déjà morts en Méditerranée. Et l’hiver arrive. La situation exige une réponse immédiate et internationaliste : pas de fils barbelés et de violence contre les réfugiés. Partout, des gens viennent en aide aux réfugiés et résistent à l’ordre du jour inhumain des gouvernements.

Ouvrez les frontières immédiatement ! Non aux barrières, aux murs et à l’Europe forteresse.

Abri instantané pour tout le monde et traitement humain de réfugiés !

Arrêt de toutes les expulsions ! Personne n’est illégal !

Démission de tous les ministres responsables !

Source

À Vienne, 3500 personnes ont participé à la manifestation, migrant-es et solidaires.

 

Zagreb (Croatie). L’initiative « Welcome » et le réseau antifasciste de Zagreb ont organisé le 14 novembre une marche de solidarité avec les réfugié-es bloqué-es aux frontières du pays. Source

 

Christmas Island (Australie). Le 9 novembre une émeute a éclaté dans le centre de rétention, situé sur cette île au large de l’Australie, au lendemain de la mort d’un retenu qui avait tenté de s’évader. On ne sait pas pour le moment comment est décédée cette personne. L’émeute a commencé par une manifestation dans le centre d’un groupe de détenus, puis face à la répression de cette manifestation des barrières et des baraquements du centre ont été détruits et les gardes de sécurité du centre ont été attaqués, obligés de quitter les bâtiments. En Australie, les migrant-es arrêté-es en pleine mer sont soit refoulé-es vers le large soit enfermé-es dans des centres de rétention situés dans des îles du Pacifique, loin du continent (Chrismas Island, Nauru, Manus, etc.).

 

à suivre …

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Paris: soirée de soutien aux 4 poursuivis par Emmaüs

Emmaüs préfère la répression à la solidarité

Soirée de soutien aux 4 poursuivis par Emmaüs

Dimanche 4 octobre 2015,

après la manifestation de solidarité avec tous les migrants

à partir de 18h au CICP 21 ter rue Voltaire

(métro Rue de Boulets, ligne 9)

Entrée à prix libre

18h30 : Discussion sur la situation des migrant-es et les luttes en cours à Paris

20h00 : Musique acoustique

et aussi Bar & Restauration toute la soirée

Mardi 11 août 2015, plusieurs migrant-es du centre d’hébergement Emmaüs dans le 14ème arrondissement entament une grève de la faim. Hébergé-es dans ce centre depuis le 28 juillet, jour d’une énième expulsion du campement de lutte de la halle Pajol. Ils/elles revendiquent des meilleures conditions d’hébergement et une accélération de leurs démarches de demande d’asile.

Le lendemain, ils/elles appellent des personnes solidaires rencontrées pendant la lutte pour leur faire constater la situation dans laquelle ils/elles se trouvent. Face au mépris du personnel d’Emmaüs, les migrant-es décident d’occuper le centre pour demander la venue du directeur de l’OFPRA, d’un responsable d’Emmaüs et de la mairie pour entamer une négociation avec eux. Pour toute réponse, ils/elles n’ont obtenu que l’intervention massive de la police. 4 personnes ont alors été arrêtées et placées en GAV. Placées sous contrôle judiciaire, elles passeront en procès pour « séquestration » et « refus de se soumettre aux prélèvements biologiques »  le vendredi  9 octobre 2015 à 9h30 au TGI de Paris.

Appel à soutien lors du procès, le 9 octobre à 9h30 à la 24ème chambre du TGI de Paris

(métro Cité, ligne 4)

Plus d’infos sur cette histoire :

Pour Emmaüs la répression est plus forte que la solidarité

Paris Luttes Info

fly soiree emmaus cicp 4 octobre 15

Brèves des frontières, luttes et solidarité – mi septembre

Bruxelles (Belgique). Une grève de la faim a débuté au centre fermé 127 bis et au centre Caricole, principalement menée par des irakiens, arrêtés à l’Office des étrangers lors du dépôt de leur demande d’asile. Le 20 septembre, un rassemblement solidaire était appelé devant le centre fermé. À l’intérieur, les détenus avaient organisé un rassemblement dans la cour du centre fermé avec des banderoles et des slogans. « Liberté ». Un détenu est monté sur le toit pendant que d’autres résistaient à la pression des flics qui voulait les obliger à rentrer dans les bâtiments et ainsi empêcher le contact entre l’intérieur et l’extérieur. Trois participant-es au rassemblement ont été arrêté-es par les flics et les forces spéciales sont intervenues à l’intérieur du centre. La personne qui est resté plusieurs heures sur le toit a été placée en isolement. Vidéo du rassemblement Dans le centre ville de Bruxelles, plusieurs centaines de personnes sans papiers et migrant-es continuent de camper dans le parc Maximilien. Source : Getting the voice out

127 bis

Bruay-la-Buissière (France). Des militant-es antifasciste ont empêchés la tenue d’un rassemblement contre les réfugié-es dans cette ville du nord le 22 septembre, appelé par un collectif soutenu par le front national et les identitaires. Les fascistes ont du fuir et leur banderole a été mise au feu. Source : Lutte en nord

Toulouse (France). Manifestation contre les murs et pour l’accueil de tou-te-s les migrant-es le 26 septembre. Source : iaata

Paris/Banlieue (France). Le 17 septembre les campements du parvis de la mairie du 18ème et d’Austerlitz ont été expulsés. Comme lors des précédentes expulsions, les migrant-es ont été éparpillés dans des centres d’hébergement d’urgence dans toute la région parisienne. La mairie, l’OFPRA et l’État présentent ces hébergements comme une solution généreuse et humaniste de leur part. En vérité, ces campements dérangent le pouvoir car ils sont des lieux de regroupement, de lutte et d’organisation des migrant-es et des personnes solidaires. Ces propositions d’hébergements ont pour objectif de disperser les migrant-es, de les invisibiliser, de briser les liens et d’individualiser leurs démarches : chacun-e se retrouve isolé face aux administrations et à la répression. jessaint13-09

Gérés par des associations subventionnées par l’État comme Emmaüs, Aurore ou le Groupe SOS, ces centres d’hébergements sont loin d’être des solutions acceptables : en plus de leur durée non pérenne (quelques semaines, ou le temps que les personnes entame des démarches de régularisation), les conditions de vie y sont carcérales (visites interdites, repas imposés, pas de droit de réunion, surveillance des faits et gestes par les travailleurs sociaux, couvre-feux et menace de se faire virer si l’on arrive en retard ou si l’on découche, etc).

Enfin, la préfecture et l’OFPRA, organisme en charge du traitement des demandes d’asile, peuvent avoir accès aux listes des personnes hébergées, avec leur identité et leur situation. C’est un véritable fichage et une aubaine pour la préfecture qui peut ainsi opérer son tri entre « bons réfugiés qui auront peut-être une chance d’avoir l’asile » et « mauvais réfugiés à expulser ». Une personne a qui l’asile sera refusé ou qui aura laissé ses empreintes dans un autre pays européen est ainsi à la disposition de la police qui n’a plus qu’a venir l’arrêter pour effectuer son sale boulot d’expulsion.

Dans plusieurs centres, des actions ont été menées par celles et ceux qui y vivent pour dénoncer ces conditions. Le 4 août, le centre d’hébergement de Joinville-le-Pont (situé dans l’enceinte du centre de rétention de Vincennes !!!) est occupé occupé et les portes sont bloquées. Le 11 août, c’est au tour de ceux et celles du centre Pernety (14ème arrondissement) d’entamer une protestation : grève de la faim puis occupation du hall d’entrée. Emmaüs choisit alors d’appeler la police et 4 personnes venues en solidarité ont été arrêtées et sont poursuivies pour « séquestration » et « refus de se soumettre au prélèvement génétique (ADN) ». Elles passeront en procès le 9 octobre, six travailleurs du foyer Emmaüs ayant porté plainte contre elles.

Après l’expulsion du campement de la mairie du 18ème, plusieurs migrants ont été emmenés au centre d’hébergement d’urgence de Nanterre, situé dans une annexe de l’hôpital psychiatrique. Au vu des conditions, ils ont collectivement refusé de descendre du bus et d’accepter cet hébergement. Les responsables du centre (géré par Aurore) et de la mairie ont alors appelé les flics et trois personnes ont été arrêtées et placées en garde-à-vue, accusée d’être des passeurs !! Ils ont finalement été libérés, sans poursuites.

mairie 18eme 17 septembre

Voici le texte écrit par plusieurs d’entre-eux :

Évacuation des campements parisiens : de la rue à la mise au placard

Nous réfugiés avons fui des situations critiques, nos vies étaient menacées, nous avons migré dans des conditions catastrophiques et risqué nos vies chaque jour. Beaucoup d’entre nous sont morts en traversant le désert et la mer. Le peu qui est arrivé en France espérait une vie digne sur cette terre d’asile et des droits de l’homme comme elle est présentée dans les médias. Mais, l’accueil a été la misère des rues, la clochardisation, la pluie, le froid, et le dénuement.

Après l’évacuation du campement de la mairie du 18e, nous avons été amenés dans un centre d’hébergement d’urgence où tous les engagements des autorités et de l’administration se sont avérés faux. Lors de notre arrivée au CHU de Nanterre, annexe de l’hôpital psychiatrique, la vision était surprenante et terrifiante pour nous, à cause de la laideur, et des nombreux malades dont l’état nous inquiétait. Nous ne sommes pas descendus du bus par crainte. L’administration nous a demandé de choisir 3 d’entre nous pour visiter les dortoirs à l’intérieur du centre et faciliter le dialogue. Les 3 réfugiés ont confirmé que l’endroit n’était pas convenable et non conforme aux promesses des responsables intervenus le matin même avant l’évacuation du campement.

Lorsque nous avons tous refusé d’accepter cet hébergement à cause des conditions indignes, la police est intervenue sur ordre des autorités. Ils ont alors interpellé les 3 personnes désignées pour discuter avec l’administration et faciliter le dialogue en ce qui concerne l’hébergement. L’administration a usé de ruses contre nous et a employé 50 policiers pour nous effrayer et exercer des pressions. Ils ont pris les 3 que nous avions choisis, la police les a emmenés à un endroit inconnu et nous n’avons plus eu de nouvelles d’eux.

Le cauchemar ne s’est pas arrête là, nous sommes restés enfermés durant plusieurs heures dans le bus. Ils ont interdit l’accès aux toilettes, et nous ont affamé, pour nous obliger à accepter cet hébergement. Nous avons été choqué de l’attitude et du comportement inacceptable de l’État français envers les réfugiés.

Au final certain réfugiés ont accepté cet hébergement contraire à la dignité humaine mais sous la contrainte.
Nous autres vu ces mauvaises conditions, avons délaissé ce centre, et préféré l’errance.

Nous ne demandons que le respect de nos droits humains et une vie digne. Nos droits ne sont pas des exigences élevées. Nous ne demandons qu’un logement dans des conditions normales et dignes, et la reconnaissance de notre statut de réfugiés, dans les pays qui prétendent respecter les droits de l’homme.

Des migrants témoins ayant fuit l’hébergement
(traduit de l’arabe)

mairie 18eme bis

Le 23 septembre, environ 150 personnes, migrants et personnes solidaires, ont manifesté du lycée occupé « Maison des réfugiés » à la place de la République. Plusieurs tracts et communiqués ont été lu aux abords des terrasses de café.

230915 paris

L’occupation par plusieurs centaines de migrant-es de l’ancien lycée quarré dans le 19ème arrondissement tient toujours malgré un avis d’expulsion immédiate rendu le 25 septembre par le tribunal administratif de Paris, expulsion demandée par la mairie.

Le 26 septembre, les migrant-es du centre d’hébergement Aurore de la Place de Clichy se mettent à leur tour en grève de la faim et de la soif : ils demandent l’amélioration de leur situation, le droit de résider, la liberté de circulation et dénoncent le mépris et l’attitude raciste de certains travailleurs sociaux du centre. Une centaine de personnes se sont rassemblées devant le centre le 28 septembre.

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Calais (France). Après les manifestations et blocages d’autoroute de cet été et de début septembre, les migrant-es continuent de s’organiser à Calais pour protester contre le régime des frontières et tenter de rejoindre l’Angleterre. Le 19 septembre, 2000 personnes ont manifesté dans la ville, autour du port, point de passage principal pour l’Angleterre. Cette manifestation a été l’une des plus importante de ces derniers temps, mais pose aussi un certain nombre de questions : alors qu’une partie des migrant-es habitant la jungle ou d’autres campements s’étaient organisé-es ces dernières semaines pour appeler a de nombreuses manifestations, ils n’ont pas été avertis et consultés pour l’organisation de cet événement, appelé par une organisation humanitaire de Londres et prenant une tournure très « publicitaire ». Lire l’article de Calais migrant solidarity à propos de cette manifestation.

Le 22 septembre, profitant d’un embouteillage sur l’autoroute qui mène au port tout près de la jungle, beaucoup de gens ont tenté de s’introduire dans les camions en partance pour la Grande-Bretagne. La police est intervenue en repoussant les gens vers la jungle, faisant usage de nombreux gaz lacrymogènes. Des affrontements ont eu lieu et une partie de la jungle s’est retrouvée totalement sous les gaz et les gens ont été empêchés d’en sortir. Pendant tout ce temps un drone survolait et filmait la zone. Source : Calais migrant solidarity

calais 22 septembre 2015

À Calais, l’État et la mairie mettent tout en œuvre pour réprimer les migrant-es. Gouvernements français et britanniques veulent les contraindre à renoncer à passer en Angleterre : engrillagement du port, barbelés surmontés de lames de rasoir, surveillance vidéo, augmentation du nombre de vigiles dans le port et le tunnel sous la Manche, renforts de police et de CRS dans la ville.
Même si beaucoup de personnes parviennent à passer, à Calais la frontière se dresse comme un mur infranchissable et mortel. Entre le 17 et le 29 septembre, quatre personnes sont décédées dans le tunnel sous la Manche, percutées ou écrasées en essayant de monter dans les navette ferroviaires ou dans des camions. Depuis le début du mois de juin, quinze personnes ont été assassinées par cette frontière. Sources 1  2 et 3

Le 21 septembre, les cinq derniers lieux de vies des migrant-es dans le centre ville de Calais ont été expulsées.

Expulsions : les 5 derniers lieux de vie de migrant-es du centre ville de Calais ont été détruits. L’apartheid est bel est bien vivant à Calais.

Vers 8h ce matin (21 septembre 2015, ndlt), le plus grand des trois campement de la ville, habité par plus de 300 syriens, a été expulsé dans la plus grande tradition calaisienne (il s’agit en fait de deux campements très proches, ndlt). Un important bataillon de la gendarmerie, de la police nationale et de la BAC a réveillé les gens, en leur laissant très peu de temps pour récupérer leurs affaires, et leur a dit de rejoindre la Jungle, située sur l’ancien site d’enfouissement des déchets, à la périphérie de la ville, seul lieu où les migrant-es sont tolérés. Les syriens ont scandé « pas de jungle, aucune jungle » et se sont assis par terre. Ils ont également bloqué un pont. Les flics ont attaqué, les ont pulvérisé au lacrymogène et ils se sont alors déplacés en groupe, dans l’unique direction qu’ils pouvaient prendre, celle de la jungle.

Ils ont été emmenés de force jusqu’à la jungle, suivit de près par un convoi de gendarmes. Un homme accoutré d’un costard et d’une écharpe tricolore semblait mener la danse de ces expulsions toute la journée. Pour la plupart des syriens, c’était la première fois qu’ils venaient au camp et ils ne savaient pas quoi faire.

En arrivant à la jungle, les flics ont portés leur attention vers les dizaines de tentes dressées par les nouveaux arrivants devant l’entrée et ils ont dit aux gens de se déplacer à l’intérieur de la jungle. Une foule de gens s’est alors rassemblée devant les lignes de police. Sans crier garde, les flics ont commencé à repousser les gens et à déchirer les tentes. Nous avons aidé les gens à sauver leurs affaires mais beaucoup de biens personnels ont été perdus dans ce moment de violence policière. Au moins six personnes ont perdu leur passeport, d’autres ont perdu de l’argent, des téléphones avec des numéros importants, d’autres des photos ou des infos sur leurs proches morts ou disparus. Il y a eu des tentatives de négocier pour que certaines personnes soient autorisées à passer de l’autre côté de la ligne de police pour sauver leurs passeports, mais ils ont été confrontés au peu d’esprit des automates en tenue anti-émeute. Les pelleteuses et les employés municipaux sont apparus au-delà des lignes de police, détruisant les tentes et jetant toutes les affaires dans des camions bennes et direction la déchetterie municipale (sans doute le prochain site de la jungle quand celle-ci sera devenue inhabitable). Pendant plusieurs heures suivant cette opération, personne n’a été autorisé à aller où que ce soit en dehors de la jungle.

Face à cette démonstration de force écrasante et ridicule de l’État, les gens ont fait preuve de défi en chantant, criant des slogans et dansant, faisant un bruyant écho. La diversité et le dynamisme de la foule contrastait nettement avec la ligne de fascistes en costume bleu, brandissant flingues, matraques et boucliers.

Nous sommes allés à la décharge peu de temps après pour essayer de récupérer quelques affaires, mais nous n’avons rien trouvé d’autre qu’un tas de déchets dans un gros compacteur d’ordure et ils a été impossible de récupérer quoi que ce soit.

Nous avons appris plus tard que les deux autres campements du centre-ville ont également été expulsés aujourd’hui, ce qui signifie qu’il n’y a plus d’autre campement connu à calais que la jungle. Il est clair que désormais les 20 hectares qui ressemblent de plus en plus à un marais est l’unique lieu de vie des migrants qui sera toléré à Calais.
Ce que le gouvernement méprise le plus ici c’est que les migrant-es montrent leurs visages dans le centre-ville et dans les zones touristiques, voilà pourquoi la jungle existe. Source.

Deux récits des expulsions des syriens du 21 septembre 2015. Source

« Hier la police française est venue à notre petit camp. Nous sommes tous syriens, environ 250 personnes. Ils nous ont sorti de force hors du camp. Nous ne sommes pas partis par choix. Nous avons été emmenés de force en face du port. Ici nous avons protesté. Nous avons crié « Go Syria ! » parce qu’à ce moment nous ne voulions pas être ici. Ils nous ont traité comme des animaux. Ils nous ont aspergé de gaz lacrymogène. Une personne a eu une crise d’asthme et une autre a été frappée. Lorsque nous avons bougé vers la jungle nous avons tout perdu. Tous nos vêtements et nos tentes, la police ne nous a pas laissé récupérer quoi que ce soit. Deux personnes ont perdu leurs passeports. »
Udai, 22 septembre 2015

« Avant, nous vivions dans le centre-ville de Calais. Mais les gens de Calais n’aiment pas ça. La police n’aime pas ça. La police est venue hier matin et ils nous ont emmenés ici, dans la jungle. Ils nous ont aspergés de gaz lacrymogène. On a l’impression que nos yeux sont en feu. Nous sommes venus ici dans la jungle. J’ai le sentiment en ce moment que la Syrie c’est mieux qu’ici. Si je devais choisir, je préférerai la Syrie à la jungle. Il n’y a pas de vie possible ici dans la jungle. Ce n’est pas la vie. »
Ali, 22 septembre 2015

En réponse à ces expulsions, une banderole est accrochée sur le toit du tribunal de Calais : « 21/9/2015 Tous les camps de Calais ville expulsés. Résistez à l’apartheid ».

21 sept 15 expulsions calais 5

21 sept 15 expulsions calais 6

calais tribunal sept 2015

Depuis ces expulsions, les violences et intimidations de la part des flics continuent : coups de pression en tenue anti-émeute, multiplication des contrôles au faciès, notamment près de la gare, etc. D’autre part, plusieurs personnes arrêtées à Calais ces dernières semaines puis enfermées dans des centres de rétention à travers tout le territoire, pour empêcher toute solidarité de se mettre en place, ont été expulsées vers le Soudan.

Mais rappelons-le encore une fois, tous les flics et les barbelés du monde ne viendront jamais à bout de la détermination de celles et ceux qui veulent franchir les frontières de l’Europe.

Le 25 septembre, une nouvelle manifestation a parcouru les rues de la ville. Des collectifs de sans papiers de plusieurs villes européennes sont venus jusqu’à Calais pour exprimer leur solidarité avec celles et ceux qui sont bloqué-es ici.

Vintimille (Italie). Dans cette ville frontalière entre l’Italie et la France, plusieurs dizaines de migrant-es et de personnes solidaires occupaient depuis début juin le bord de mer, au pied du poste frontière. Le 30 septembre au matin, une centaine de flics, accompagnés des services de nettoyage, sont venus pour tenter d’expulser ce campement d’où de nombreuses initiatives sont menées contre les frontières et pour la liberté de circulation. Les occupant-es du Presidio No Border résistent et se sont regroupé-es sur les rochers. Dans le campement, d’autres pratiques que celles des humanitaires et caritatif sont mise en expérience : auto-organisation, échanges, prises de décision collectives, etc. Les migrant-es qui vivent là veulent traverser cette frontière, fermée depuis des mois et gardée par les flics français et italiens, et ont refusé d’aller dans le centre officiel géré par la croix-rouge.
Ils ont récemment écrit ce communiqué : We are not going back

Des battitura sont organisées régulièrement devant le poste frontière, bloquant le flot continu de véhicules entre Menton et Vintimille. Les 12 et 25 septembre, lors des deux dernières actions de blocage du poste frontière, les flics sont intervenus et un face à face tendu a eu lieu, les manifestant-es tentant de reprendre le blocage de la route. Les flics ont alors chargé à coups de lacrymogènes et de matraques. Vidéo

vintimille9septembre

À la frontière Menton-Vintimille la répression à l’encontre des migrant-es et des personnes solidaires s’intensifie : arrestations massives, gardes-à-vues, plaintes, interdictions du territoire pour 10 personnes, détention, etc. Plusieurs procès vont avoir lieu côté français, au tribunal correctionnel de Nice : une personne est convoquée le 30 septembre (pour outrage et violence envers un flic, rébellion, refus d’empreintes palmaires et de prise de photographies) et une autre le 12 octobre (pour outrage et violence envers un flic). Cette montée de la répression vise à briser les luttes et les solidarités qui se construisent sur le Presidio No Border, mais de l’autre côté des Aples on entend toujours crier « We are not going back ! ».
Appel à solidarité pour s’organiser contre la répression à la frontière Menton-Vintimille :

Trapani (Italie). Le 12 septembre, douze personnes ont tenté de s’évader du centre de rétention de Trapani-Milo. Certains ont été bloqués par les flics, mais quatre sont parvenus à disparaître dans la nature. Source

Turin (Italie). Dans l’après-midi du 20 septembre, trois prisonniers du centre de rétention de corso Brunelleschi (CIE) ont réussi à s’évader, escaladant les murs.Malheureusement un d’entre-deux a été rétrouvé par les flics peu de temps après, mais les deux autres courent toujours ! Source

Bari-Palese (Italie). Le 19 septembre, un petit groupe de personnes solidaires est allé saluer les migrants détenus au CIE. Avec un mégaphone et des feux d’artifices, le groupe a réussi à se faire entendre des détenus qui ont répondu par des huées et des cris. Source

Rome (Italie). Le 24 septembre a été une journée de résistance aux expulsions, mais aussi de violence féroce de la part de la police au centre de rétention (CIE) de Ponte Galeria. Vers six heures du matin, les flics ont fait irruption dans plusieurs dortoirs pour sortir des personnes à expulser. Deux jeunes ont réussi à se libérer et ont grimpé sur des grilles qui séparent les dortoirs de la cour. Ils sont restés suspendus là toute la matinée, jusqu’à l’heure de décollage de l’avion qui devait les expulser vers la Tunisie. Une fois descendus ils ont été transférés à l’isolement. Dans une autre cellule au contraire, voyant que la personnes qu’ils venaient chercher partageait la chambre avec deux détenus connus comme fauteurs de trouble, les flics ont embarqué le premier tout en rouant de coups les deux autres : coup de pied, coup de poing, crachat. Ils ont ensuite été laissés au sol pendant plusieurs heures, sans aucun soin. On peut écouter (en italien) le récit de cette journée, diffusé sur radio Blackout.

Frontière Serbo-hongroise. Le 16 septembre, des affrontements ont éclaté à la frontière entre la Serbie et la Hongrie entre les militaires et flics hongrois et des migrant-es coincés en Serbie. Le long de cette frontière, la Hongrie a récemment fait construire un mur de 175 km de barbelés, surmontés de lames de rasoir, et mobilisé l’armée, pour tenter d’empêcher toute entrée sur son territoire. Mais des milliers de personnes cherchent à franchir cette frontière, pour continuer leur route vers d’autres pays d’Europe. Lors de ces affrontements, le grillage a été forcé et des dizaines de personnes ont pu passer de l’autre côté. Vidéo
Depuis le 21 septembre, le parlement hongrois a autorisé l’armée, qui est déployée tout le long de la frontière, à tirer à balles réelles sur les migrant-es qui tenteraient de passer.

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Opatovac (Croatie). Après le blocage de la frontière hongroise, des milliers de personnes ont tenté de passer par la Croatie pour rejoindre les pays de l’ouest de l’Europe. Là aussi les frontières sont bloquées, gardées par la police et les militaires. Des camps ont été érigés à travers tout le territoire Croate, ou des centaines de personnes sont enfermées derrière des barbelés, et gardés par l’armée, sans savoir ce qu’il va leur arriver. Les gens y sont parqués, répertoriés, triés entre ceux qui auront peut-être la chance de pouvoir poursuivre leur voyage et ceux qui resterons là encore des jours ou seront expulsés vers d’autres pays, plus au sud, où ils auraient laissé leurs empreintes. « C’est une prison » disent-ils.

Centres de rétention, Centres d’accueil, Centres d’enregistrement, peut importe leur nom, ces camps sont des prisons ou s’opère le tri entre ceux que l’Europe veut accueillir et se répartie comme des paquets de déchets et les autres, qui y resterons enfermés, pour être cachés, mis à l’écart, empêchés de poursuivre leur route, en attendant que les gouvernants décident de leur sort.

Mais dans ces prisons pour étrangers, les solidarités existent aussi et donnent de la force collective pour se relever, forcer les barrières, s’évader, poursuivre son chemin. Dans le camp d’Opatovac à la frontière entre la Serbie et la Croatie, des affrontements ont éclaté avec les flics le 22 septembre et plusieurs personnes sont parvenues à s’échapper. D’autres ont occupé des bus exigeant qu’ils les conduisent vers l’ouest.

Londres (Angleterre). Le 18 septembre, un rassemblement s’est tenu devant l’ambassade de Hongrie pour protester contre les violences de la police à la frontière serbo-hongroise. Pas de frontières ! Pas de camps ! Pas d’expulsions ! Source
Le 17 septembre, une rafle de sans papiers avait lieu dans un quartier du sud de Londres. Lors de cette opération, au moins un fourgon de la police de l’immigration a eu son pare-brise fracassé. Source

Bâle (Suisse). Le 18 septembre était appelée une manifestation contre les frontières, les nations et la militarisation de nos vies à Bâle. 400 personnes ont parcouru les rues de la ville, pour se rendre devant le centre de rétention de Bässlergut, où des cris de joie et d’encouragement ont été échangés entre l’intérieur et l’extérieur malgré la présence importante de flics. La manif est ensuite repartie et plusieurs véhicules de la police aux frontières ont été attaqués ainsi que des banques. Source

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Athènes (Grèce). Depuis le 22 septembre, un bâtiment abandonné est occupé par des personnes migrant-es et des personnes solidaires dans le centre-ville d’Athènes. Le 24 septembre, des manifestations en solidarité avec les migrant-es ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment à Thessalonique et Patras. Source

Edirne (Turquie). « Nous ne voulons pas de nourriture, nous ne voulons pas de l’eau, nous ne voulons pas de l’aide humanitaire, nous voulons traverser la frontière par la terre. Nous traverserons ou nous mourrons ici. » Le 11 septembre, des milliers de migrant-es ont convergé vers Edirne, ville frontalière à l’ouest de la Turquie, pour rejoindre la Grèce à pied. À Istanbul, la station de bus a été fermée par la police pour empêcher ce mouvement et des centaines de personnes s’y sont retrouvées bloquées. Le 18 septembre, la majeur partie d’entre-elles ont décidé de faire une marche jusqu’à Edirne. Sur la route, ils/elles ont été bloqué-es par les flics et militaires qui les ont fait monter dans des bus et les ont enfermés dans un stade, au centre-ville d’Edirne, ou plusieurs centaines de personnes sont regroupées. Un groupe de 200 personnes qui a refusé de monter dans les bus est resté plusieurs jours sur l’autoroute, bloquant tout le trafic. Ils et elles réclament d’être emmenés de l’autre-côté de la frontière grecque.
À Edirne, un campement s’est également installé dans un parc en plein centre-ville. Plusieurs manifestations ont été organisées pour demander l’ouverture de la frontière et le passage de toutes les personnes qui le veulent.
Une forte solidarité s’est mise en place, à Istambul, sur l’autoroute ou à Edirne, pour répondre aux questions matérielles (nourriture, eau), indiquer les meilleures routes à emprunter, manifester devant la frontière.

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à suivre…

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[Grèce] Déclaration et informations sur la situation des réfugiés et des migrants sur l’île de Kos

Traduit depuis Clandestina 15 août 2015

Il y a longtemps, mais pas suffisamment pour prétendre être oublié, des milliers de personnes, aux visages et aux noms familiers, sont partis de chez eux à la recherche d’un avenir meilleur. Entassés dans des trains, accueillis par des escadrons de policiers hostiles, fichés par les autorités, ils dormaient dans des zones impropres même pour les animaux et travaillaient aux pires besognes. Considérés comme des sous-hommes, vermine et vauriens, ils ont pu être exploités comme travailleurs et dépossédés en tant qu’êtres humains.

À ce jour, ces histoires de réfugiés et migrants n’ont jamais cessé d’exister, puisque les États, les nations et les guerres n’ont pas encore disparu. Elles connaissent même un renouveau sauf que, cette fois, nous sommes de l’autre côté de la mer, attendant l’arrivée de milliers de migrants qui risquent leur vie pour traverser les frontières de l’Europe.

L’Europe est coupable de ce qui se passe dans les régions que ces gens quittent : ses armées disséminées dans le monde entier, de connivence avec les pouvoirs autoritaires de ces régions, usurpent les ressources et les sols depuis des siècles. L’Europe s’occupe maintenant de sa « sécurité » et c’est un prix à payer pour les choix qu’elle a fait.

Comment pourrait-il en être autrement lorsque sa politique, de la Manche aux archipels du Dodécanèse, vise à avilir l’existence humaine jusqu’à ce que les individus atteignent le fond, et à permettre l’exploitation d’une main-d’œuvre qui comble les manques de son économie agonisante.

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que le gouvernement grec « de gauche » se dégage de toute responsabilité, affichant de l’indifférence au sort des migrants tout en tentant, en vain, de montrer un visage charitable. L’inefficacité du gouvernement, et plus encore le comportement de sa police (la violence, la corruption, la dissimulation d’actes illégaux, etc.), prouve sans l’ombre d’un doute que tout ce qui a été dit précédemment est vrai. Sans oublier que l’armée grecque continue, même en période de difficultés économiques, de se maintenir dans douze pays du monde, en réponse aux besoins stratégiques d’un pays qui n’a jamais digéré ses modestes débuts militaires.

Les discours misanthropes et racistes des autorités locales ne sont pas non plus une surprise. Quand leurs masques tombent, la rhétorique des droits de l’homme disparaît. Les toilettes publiques sont fermées, l’eau est coupée et leurs faux-semblants du début sont remplacés par des discours d’extrême droite, typique des gouvernements européens (« reprendre la ville », « le sang va couler », « ils n’auront même pas l’eau »…). Et des néo-nazis, des voyous gonflés aux hormones et autres invertébrés sont payés par eux pour nettoyer de force les parcs et les rues, menaçant tous ceux qu’ils croisent [1]

Nous ne sommes pas non plus étonnés du fait que les nombreuses histoires d’extorsion faites aux immigrés ont été étouffées à la fois par le gouvernement et par les médias locaux. Les forces locales ont beau pleurer devant les caméras sur le sort qui a frappé ce lieu sacré, elles gagnent d’énormes profits sur le dos des gens désespérés, louant leurs chambres au prix d’un hôtel 5 étoiles (environ 35 euros par nuit pour une chambre avec 4 lits), faisant payer pour recharger les téléphones portables (3 euros par charge), vendant l’eau à 1,5 euro par bouteille, volant les moteurs des bateaux de passeurs. Certains proposent même de transporter les migrants à Kalymnos (île grecque au large du continent) pour la modique somme de 400 euros (en lien avec la police car ils ont les moyens de traiter les dossiers plus rapidement).

Peut être la seule chose un peu surprenante, mais surtout horrible à reconnaître, est l’émergence d’un discours xénophobe et raciste chez la majorité des habitants de l’île de Kos. Ils osent traiter les gens d’« illégaux » et d’« irréguliers » quand leurs grands-parents ont fui, avec très peu d’argent en poche, vers l’Australie, le Canada ou les États-Unis. Ils se plaignent que l’île est petite, affirmant qu’il y a une pénurie de zones d’accueil, quand les hôtels sont remplis de centaines de milliers de touristes [2] et qu’il y a de nombreux espaces délabrés et abandonnés dans le centre ville.

Il faut noter l’absence d’ONG et autres organisations « sensibles » à la question sur l’île, alors qu’ils sont censés être payés pour aider les réfugiés et les migrants. Aussi il est important de raconter les récents événements des 11 et 12 aout, impliquant les flics aidés des fascistes. Ils ont parqué des milliers de migrants dans le stade Antagoras dans des conditions terribles : sans eau, ni ombre, ni nourriture, ni toilettes ; et des escadrons de la mort locaux ont attaqués des migrants [3] .

Nous sommes témoins du vécu de milliers d’êtres humains qui ont eu le malheur d’être nés pas si loin mais du « mauvais coté » et de parler une autre langue. Nous ne les abandonnons pas aux griffes du cannibalisme contemporain. Aucune provocation ne sera laissée sans réponse, et aucune voix exprimant la solidarité et le soutien ne sera réduite au silence par la vulgate anti immigrés.

Les migrants sont des damnés de la terre.

Nous sommes tous des étrangers dans ce monde de patrons.

Initiative en solidarité avec les réfugiés et les migrants

 

P.-S. Ce texte a été distribué à plus de mille exemplaires dans la ville de Kos et diffusé par les médias locaux. La traduction de ce texte a été retravaillée à partir de la version anglaise, les notes ont été ajoutées au texte initial.

 

[1] Le matin du 11 août, alors que des centaines de migrants étaient rassemblés devant le commissariat pour demander le « papier blanc », un laissez-passer leur permettant de quitter l’île, des employés municipaux et des flics en civil ont profité de la désertion momentanées des migrants pour jeter leurs affaires dans des bennes, leurs tentes et leurs campements de fortune, lavant le sol à grands coups de jets d’eau. Ils ont nettoyés la ville pour les touristes, qui encore drogués de la veille tiennent à admirer les ruines antiques aux travers de leur perche à selfies..

[2] Mi-août, la ville de Kos qui déborde de touristes a des airs de fin du monde. Cette cité balnéaire aux mille néons est le reflet d’un monde décadent et pourri où se côtoient à la fois les jeunes européens de l’ouest complètement défoncés sortant de boites de nuit, les familles qui partent faire du « toboggan en piscine » au bord de la mer, les touristes en goguette qui font des virées sur des bateaux de pêches transformés en bateau « pirate ». Ils vont où ? Ils vont en Turquie, à quatre kilomètres de là et ils croisent certainement des bateaux pneumatiques remplis de migrants qui fuient la misère et la guerre, et qui risquent leur peau à venir ici. Entre les yachts de grands richards amarrés au port et les hôtels, des milliers de migrants qui n’attendent que de pouvoir partir, dorment dans des tentes ou sur des cartons. Sur le chemin du marchand de glace, on trouve des dizaines de gilets de sauvetage que les migrants ont laissés après la traversée. Et à la plage, sous les parasols, on trouve des touristes enduits de crème solaire, et sous le cagnard, des hommes, des femmes et des enfants qui tentent de survivre.

[3] Le but de ce transfert était l’enregistrement de tous les migrants par les autorités. La police n’a pas hésité à frapper les gens détenus avec des matraques et vider des extincteurs sur les migrants. Le maire de Kos a même déclaré que « le sang risquait de couler ».

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Dans le stade à Kos où sont parqués sans eau, ni ombre, des milliers de migrants le 11 et 12 aout, la police frappe et vide des extincteurs.

Chronologie de la lutte en cours des migrant-es de La Chapelle à Paris, par quelques personnes solidaires

À plusieurs endroits d’Europe, migrant-es et personnes solidaires s’organisent pour résister aux politiques migratoires meurtrières des États et de l’Union européenne et à la pression policière.

En région parisienne, des campements de migrant-es se sont installés en plusieurs places, là où ils/elles pouvaient, là où on les laissait plus ou moins tranquilles. À La Chapelle, 400 personnes, principalement venues du Soudan, d’Érythrée, du Tchad, de Libye et de Tunisie, vivaient sous le pont du métro aérien, certain-es depuis des mois, d’autres quelques jours en attendant de gagner d’autres régions d’Europe. Plusieurs fois expulsé, ce campement avait réussi à se reconstituer à chaque fois.

Fin mai 2015, la mairie de Paris et la préfecture annoncent aux médias qu’une nouvelle expulsion est en cours de préparation, en cause des « risques d’épidémie et d’insalubrité », et que des solutions vont être apportées à chaque personne qui y vit. En réalité, à l’approche de l’été, ce campement fait tache dans ce quartier en pleine rénovation urbaine. Cela fait des années que politiciens et promoteurs cherchent à embourgeoiser la zone, à grands coups de pelleteuse et de matraque.

Pour préparer cette expulsion, plusieurs associations (Emmaüs, France Terre D’Asile…) sont envoyées sur place pour recenser et trier les personnes présentes, tandis que le 30 mai un huissier affiche l’arrêté d’expulsion laissant 48 heures pour quitter les lieux.

Lundi 1er juin, une centaine de personnes se retrouvent sur le campement pour exprimer leur solidarité et s’organiser avec les migrant-es face à l’expulsion imminente. Des banderoles sont accrochées et une chaîne d’alerte téléphonique est mise en place.

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Mardi 2 juin, à 5h45 du matin, des centaines de flics, accompagnés des journalistes, investissent le campement pour déloger les migrant-es. Les personnes solidaires sont écartées et arrivent des membres de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA, institution chargée des demandes d’asile), d’associations (Emmaüs, FTDA…) et de la mairie de Paris. Leur objectif est de faire paraître cette expulsion comme « humanitaire » : les migrant-es sont retrié-es, re-compté-es et prié-es de monter dans des bus, direction des centres d’hébergement d’urgence, des hôtels en lointaine banlieue ou des CADA (Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile).

L’opération de dispersion et d’invisibilisation commence : à défaut de pouvoir s’en débarrasser, le pouvoir cherche à effacer ces indésirables des rues de la capitale. Une partie des bus étaient affrétés par la compagnie Savac, spécialisée dans le transport scolaire, mais aussi dans la collaboration avec l’État pour les opérations de ce genre. À Calais, cette compagnie a plusieurs fois prêtée sa flottille lors d’expulsions de jungle ou de squats.

Durant toute la matinée, une centaine de personnes solidaires s’est rassemblée aux abords du campement pour protester contre cette opération médiatico-humanitaire. Une banderole est accrochée : « l’épidémie c’est le capitalisme, ses flics, ses guerres, ses frontières. Solidarité aux migrants ».

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Dans l’après-midi, une cinquantaine de migrant-es sont toujours à La Chapelle : certain-es n’ont pas eu de place dans les bus, d’autres si, mais ont été déposé-es quelques mètres plus loin en pleine rue. Ils/elles décident de partir en manifestation à la mairie du 18ème arrondissement. Une place leur est proposée pour la nuit, dans un centre d’hébergement d’urgence. Pendant ce temps, les services de la propreté de la mairie finissent de nettoyer la place, détruisant tentes, matelas et affaires personnelles. Un grillage est élevé pour empêcher toute réinstallation.

(Au milieu de l’indifférence générale tract distribué le matin de l’expulsion)

(L’épidémie c’est… le capitalisme, ses flics, ses guerres, ses frontières affiche/tract collée/distribué dans le quartier de La Chapelle le 2 juin au soir)

(Opération humanitaire ou rafle « de gauche » ? texte publié sur Paris luttes infos)

 

Mercredi 3 juin. Des dizaines de personnes sont déjà de retour à La Chapelle, mises à la porte des hébergements. D’autres sont venues pour la journée, ce quartier étant devenu un lieu de sociabilité et de rencontre pour des centaines de migrant-es à Paris.

Des personnes solidaires présentes sur place proposent de se retrouver pour discuter et une salle associative située à côté de l’église Saint Bernard, toujours dans le quartier de La Chapelle, est investie pour la nuit.

Le lendemain à 7h les migrant-es sont à nouveau à la rue. Le soir même, la tentative d’occupation de l’église Saint Bernard échoue. Repoussé-es violemment par les flics sur le parvis de l’église, les migrant-es se réunissent, rédigent un premier communiqué et fabriquent une banderole (des logements pour tous). Ils passeront la nuit dans un square face à l’église. L’église Saint Bernard est un lieu historique de la lutte des sans papiers à paris : occupée pendant deux mois à l’été 1996, elle sera expulsée violemment par les flics le 23 août 1996.

8-juin

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Vendredi 5 juin, en début d’après midi, les flics arrivent pour expulser le square. Les migrant-es refusent de quitter le square et sont encerclé-es par les flics et dirigé-es vers le métro. Les slogans fusent « freedom », « solidarité avec les réfugié-es » et de nombreuses personnes arrivent en soutien. La police encercle toujours et tente de faire monter de force un groupe de migrant-es dans les rames du métro. Ceux-ci résistent fortement et le signal d’alarme est judicieusement tiré, ce qui permet à tout le monde de ressortir et de rejoindre le rassemblement en cours au carrefour de La Chapelle. Un migrant est arrêté et sera libéré quelques heures plus tard. Repoussée par la police, une manifestation remonte la rue Marx Dormoy. La halle Pajol et son gymnase sont à deux pas, migrant-es et personnes solidaires tentent de s’y introduire. La police bloque la moitié de la manifestation à l’extérieur et évacue les personnes qui ont réussi à y entrer. Deux personnes sont blessées et les migrant-es passeront finalement la nuit devant le gymnase, sur l’esplanade de la halle Pajol.

Samedi 6 juin, ils/elles sont repoussé-es quelques mètres plus loin sur l’esplanade. Dans l’après-midi, une cinquantaine de migrant-es participent à la manifestation antifasciste en hommage à Clément Méric et y prennent la parole pour parler de leur situation et appeler à la solidarité.

Le soir et le dimanche suivant, répit policier, la répression prend son week end. Comme devant l’église Saint Bernard de nombreux/ses voisin-es viennent apporter leur soutien et la vie s’organise sur le campement, tentant de construire des pratiques d’auto-organisation à l’encontre de celles de certaines associations humanitaires qui lui préfèrent la discipline et le rang (on pense entre autres à l’association de maraude Entraide citoyenne qui distribue de la nourriture aux personnes sans abris et aux migrant-es à Paris et qui a affirmé, parfois de façon virulente en arrachant les banderoles, qu’elle ne souhaitait pas voir d’autres pratiques que les siennes, nous rappelant bien que rapport humanitaire et rapport de solidarité et de lutte ne sont pas compatibles). Plusieurs crapules politiciennes, élu-es et militant-es Front de Gauche, Parti communiste et Europe Écologie Les Verts ont également pointé leur nez, et on le verra par la suite, fait leur tambouille politique sur le dos de la lutte et des migrant-es.

Plusieurs groupes de migrant-es rédigent des communiqués et formulent des revendications : des papiers, des logements et la dignité.

Lundi 8 juin, la traque policière reprend. Alors qu’une assemblée vient de se terminer sur le campement de la halle Pajol, la police arrive pour expulser la centaine de migrant-es présent-es sur place. Plusieurs cars d’embarquement sont là et les migrant-es sont encerclé-es par les flics. De nombreuses personnes accourent sur les lieux et la résistance des migrant-es et des personnes solidaires ralentit considérablement le travail des flics et permet a plusieurs migrant-es de s’échapper de la nasse. Les flics gazent et matraquent et 17 personnes sont blessées. 80 migrant-es sont emmené-es au commissariat de l’Évangile. Certain-es sont libéré-es dans la soirée, d’autres parviennent à s’échapper du commissariat, mais 30 d’entre eux seront enfermés dans les centres de rétention du Mesnil-Amelot et de Vincennes. Ils ressortiront tous dans les jours suivants, avec des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français).

Le soir même, l’errance continue et après une tentative de ré-installation Halle Pajol à nouveau la solidarité se met en place : plusieurs voisin-es accueilleront des migrant-es chez eux, un groupe trouvera refuge dans le gymnase de l’ENS ouvert par des étudiant-es pour la nuit et la majorité est accueillie au Bois Dormoy, un jardin partagé situé à deux pas du métro La Chapelle et de la Halle Pajol.

Mardi 9 juin, une dizaine de partis politiques et d’associations de gauche appellent à un rassemblement Halle Pajol pour protester contre l’expulsion et demander des solutions pour les migrant-es. Après quelques « grands discours » inutiles, la proposition est faite de partir en manifestation sauvage jusqu’au métro La Chapelle. Un cortège de plusieurs centaines de personnes s’élance alors aux cris de « solidarité avec les réfugié-es », « de l’air, de l’air, ouvrez les frontières », etc.

Petit à petit les migrant-es qui avaient été hébergé-es pour quelques jours après l’expulsion du 2 juin se retrouvent à la rue et rejoignent le Bois Dormoy, tandis que d’autres arrivent d’Italie où ils/elles ont réussi à passer la frontière, échappant aux contrôles des polices française et italienne.

Dans ce nouveau lieu, les pratiques d’auto-organisation, d’assemblée et de lutte sont mises à mal par la volonté de gestion autoritaire des militant-es et élu-es des partis de gauche, équipés de gants en latex pour tartiner des sandwichs au Kiri et trier les vêtements apportés par des voisin-es.

Pendant ce temps, le président de l’association du Bois Dormoy décide unilatéralement que les migrant-es doivent quitter les lieux le jeudi 11 juin à 17h. Il faut donc trouver une solution et plusieurs réunions parviennent à se tenir pour décider de la suite. Deux idées émergent : occuper un bâtiment pour tenter d’en faire une maison collective ou réinstaller un campement dans la rue. C’est aux migrant-es de décider et la décision est prise d’envahir un immeuble vide non loin de là.

Jeudi 11 juin un rassemblement est donc appelé pour compter sur le maximum de soutien possible et une manifestation se prépare à se diriger vers ce lieu. Mais c’est sans compter sur le travail de sape organisé par les professionnels de la politique, qui ne veulent pas de cette solution et sont prêts à tout pour ne pas respecter une décision collective prise par les migrant-es. Ils ont une nouvelle fois montré le vrai visage de la « gauche » municipale : en effet, des militant-es et élu-es du Parti communiste & co ont tenté de faire dévier la manifestation pour empêcher l’occupation. Finalement, après 10 jours d’errance, 300 personnes, migrant-es et personnes solidaires, trouvent refuge dans l’ancienne caserne de Château-Landon, propriété de la mairie de Paris. À l’extérieur les flics arrivent très vite pour bloquer l’entrée à de nouvelles personnes et un rassemblement dynamique s’organise au pied de l’édifice, regroupant plusieurs centaines de personnes.

À l’intérieur de la caserne l’idée d’en faire un lieu pérenne d’occupation est rapidement évincée par des négociations pour obtenir des places d’hébergement supplémentaires et par la pression policière. Plusieurs représentants de la mairie arrivent sur place et leurs alliés du Front de Gauche et du Parti communiste font l’intermédiaire avec les migrant-es. Vers 23 heures un accord est trouvé et 110 places d’hébergement sont proposées aux migrant-es présent-es à l’intérieur de la caserne. Les lieux sont donc évacués tandis qu’un groupe d’une soixantaine de migrant-es, resté à l’extérieur ou arrivé plus tard se retrouve à nouveau sur le carreau. Une manifestation part vers le jardin d’Éole dans le 19ème arrondissement et un nouveau campement s’installe devant le théâtre du Grand Parquet, rue d’Aubervilliers.

Le lendemain matin, nouvelle intimidation policière, mais le campement reste sur place. Dès lors la vie collective se met en place sur le campement (cantine collective, assemblées, permanences juridiques, point accueil, cours de français, etc.). Mais, malgré la disparition des associations et des partis de « gauche » municipale qui géraient la distribution des repas ou les question sanitaires avec charité et paternalisme, la mise en place de pratiques d’auto-organisation, tendant vers la réappropriation de leur propre vie par les migrant-es reste difficile, capturée par certains soutiens. De même, la dynamique de lutte, avec ses manifestations et autres propositions, semble s’affaiblir dès lors que la pression policière se relâche. Lors des différentes assemblées ces questions vont être abordées, pour rompre peu à peu avec la logique de la charité dans l’organisation du campement.

Mardi 16 juin, plusieurs milliers de personnes manifestent en solidarité avec les migrant-es de La Chapelle à République. Cette manifestation est appelée encore une fois par les partis de gauche et s’est décidée sans aucune discussion avec les migrant-es. La participation -ou non- à cette manifestation des personnes, migrant-es et soutiens présents sur le campement du jardin d’Éole est discutée et il est décidé de s’y rendre en cortège depuis Éole et d’en prendre la tête. Au retour une manifestation sauvage aura lieu entre la Gare du Nord et le jardin d’Éole.

Vendredi 19 juin, nouvelle expulsion, mais cette fois-ci la mairie semble avoir dissimulé la matraque derrière la carotte humanitaire. Dans la matinée, le directeur de l’OFPRA, accompagné de membres d’Emmaüs, de la mairie, d’élu-es et de membres du Parti communiste, du Front de gauche et des Verts a débarqué sur le campement pour poser un ultimatum. Il propose des places d’hébergement, que les migrant-es doivent accepter, sans quoi ils seront arrêté-es. En effet, de nombreux cars de CRS sont postés aux alentours, prêts à intervenir, et derrière eux les services de propreté de la mairie de Paris sont prêts à faire place nette. Aucune discussion n’est possible et une majorité des migrant-es montent dans les bus qui vont les emmener vers ces hébergements, dont ils/elles ne sauront qu’à l’arrivée où ils sont situés.

Présentés comme la vraie réponse aux demandes des migrants (des logements et des papiers pour tou-tes) ils ne sont que des cache-misère proposés par les businessman de l’humanitaire : les associations Aurore, la Mie de pain, Emmaüs, etc. Un de ces foyers d’hébergement est situé dans l’enceinte du centre de rétention de Vincennes ! D’une prison à l’autre il n’y a qu’un pas. Car ces lieux, qui permettent à la mairie d’éloigner les migrant-es et d’empêcher toute organisation collective, sont de véritables prisons où la vie des personnes qui y sont hébergées est totalement capturée par l’institution et les travailleurs sociaux des associations qui prennent en charge tout le quotidien et dépossède leurs « clients » d’une quelconque autonomie. (Dans la plupart de ces centres, il y a des horaires pour se lever, pour se coucher, il n’est plus possible de rentrer après une certaine heure, les douches sont minutées, les repas imposés à horaire fixe et confectionnés par d’autres que ceux/celles qui les mangent, les démarches administratives sont prises en charge par des salariés de l’association, etc.). Si une partie des centres est située dans Paris, d’autres se trouvent en très lointaine banlieue.

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Dans l’après-midi, une dizaine de migrant-es (ceux/celles qui n’ont pas eu de place, n’ont pas voulu monter dans les bus, n’étaient pas sur place au bon moment ou qui sont revenu-es des centres d’hébergement dégoûté-es) et personnes solidaires se regroupent et tentent de prendre un gymnase. Tout de suite des dizaines de flics accourent pour expulser le bâtiment, le pouvoir faisant bien comprendre qu’il ne saurait tolérer une nouvelle occupation. Les migrant-es n’ont qu’à disparaître. Quelques-uns vont se rendre à la distribution de repas organisée à l’occasion du ramadan au jardin d’Éole. Mais la police bloque l’accès à toute personne n’ayant pas de papiers d’identité à montrer. Suite à l’intervention des organisateurs/trices, les migrant-es seront finalement autorisé-es à manger, mais assis par terre ! Rendez-vous est donné le lendemain, pour cette nuit il n’y aura pas de lieu pour se regrouper, les flics étant postés en surveillance partout. Certain-es dormiront chez des soutiens, d’autres dans une mosquée du quartier, d’autres à la rue.

(Paris, Calais, Vintimille, contre la chasse aux migrant-es, solidarité !)

(Pendant que les élu-es se félicitent)

(Migrant-e-s : La rage)

Samedi 20 juin, dans le cadre de la journée mondiale des réfugiés, des manifestations sont organisées notamment à Paris, Calais ou Vintimille, et des actions ont lieu en Allemagne et en Suisse contre les frontières et l’agence européenne de contrôle des frontières Frontex. À Paris, une manifestation appelée par des associations part de la rotonde Stalingrad vers la place de la République. Les migrant-es de La Chapelle et des personnes solidaires en prennent la tête avec un cortège dynamique pour rappeler leur détermination à rester uni-es, à revendiquer des logements et des papiers et que la solidarité ne faiblit pas.

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Le soir un nouveau campement s’installe à la Halle Pajol. Il durera jusqu’à son expulsion définitive le 29 juillet. Une organisation collective se remet en place, avec des assemblées, une cantine collective, des permanences juridiques, des cours de français, etc. Comme à Éole, les mêmes travers se posent : tendance à re-créer des hiérarchies, comportements paternalistes, difficultés à enclencher un processus de lutte offensif face aux institutions et à l’État. Mais l’auto-organisation du campement et de la lutte et l’autonomie des migrant-es se reconstruit peu à peu.

Le campement grossit avec des nouvelles personnes arrivées d’Italie tandis que ceux/celles précédemment hébergé-es continuent de passer quotidiennement, transmettant la courte histoire de cette lutte.

D’autres campements sont toujours installés dans Paris (Austerlitz, square du Jessain à La Chapelle), en banlieue (Saint-Ouen) ainsi que dans d’autres villes (Bordeaux, Tours…).

Jeudi 2 juillet, un mois après l’expulsion du campement sous le métro aérien de La Chapelle, une manifestation est appelée par les migrant-es. Interdite elle sera bloquée au bout de la rue par des dizaines de flics cherchant à empêcher tout mouvement. Après avoir été expulsé-es de lieu en lieu, les migrant-es sont maintenant assigné-es à résidence à la Halle Pajol.

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Dans le quartier, des affiches recouvrent les murs, appelant à la solidarité, contre les frontières, les centres de rétention et la police. Régulièrement des tracts sont distribués aux passants au métro La Chapelle.

Mardi 7 juillet, une manifestation part de la Halle Pajol et parcourt le quartier de lieux occupés en lieux expulsés. Derrière la banderole « des papiers, des logements et la dignité pour toutes et tous » le cortège passera devant le jardin d’Éole, la caserne Château-Landon, le métro La Chapelle, le square du Jessain, le Bois Dormoy et finira Halle Pajol, sous les applaudissements des habitant-es du quartier, solidaires pour beaucoup.

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Jeudi 9 juillet, alors qu’une troisième manifestation est appelée, une nouvelle opération d’évacuation est organisée. On prend les mêmes et on recommence : OFPRA, Emmaüs, mairie, élus et militants. Cette fois les flics seront discrets et le campement ne sera pas expulsé. De nouveau des places d’hébergement sont proposées et les bus sont là, mais le directeur de l’OFPRA, Pascal Brice, refusera de s’engager par écrit pour répondre aux demandes des migrant-es concernant le suivi de leur demande d’asile, la durée de l’hébergement et les conditions de vie (nourriture, transports, etc.). Tandis que OFPRA et mairie assurent la promotion de leurs hébergements (« mise à l’abri comme ils appellent ça), les militant-es Front de gauche et Parti communiste accompagnent les migrant-es vers les bus où les accueillent les salariés et bénévoles d’Emmaüs. Tout est bien rôdé, c’est qu’ils commencent à avoir l’habitude. Mais certain-es migrant-es refusent de monter dans les bus tandis que d’autres, à peine arrivés dans un centre d’hébergement boulevard Ney, repartent en manifestation vers Pajol après que l’on leur a expliqué qu’il ne s’agissait d’un hébergement que pour une nuit. Encore une fois, les migrant-es se retrouvent dispersé-es, certain-es en très lointaine banlieue ; encore une fois cette nouvelle opération intervient au moment où les manifestations s’enchaînent, comme une volonté de casser leur capacité d’organisation collective.

Qu’à cela ne tienne, l’appel à manifester est maintenu. Cette fois c’est République – Barbès et un départ collectif est organisé de la Halle Pajol où sont resté-es une cinquantaine de migrant-es. « On ne nous muselle pas avec une nuit d’hôtel » annonce la banderole et une manifestation dynamique et bruyante de plusieurs centaines de personnes remonte le boulevard Magenta puis, passant outre le parcours déposé emprunte le boulevard Barbès et la rue Ordener jusqu’à la Halle Pajol. Mais certain-es migrant-es n’ont pas pu rejoindre la manifestation car ils/elles se sont retrouvé-es enfermé-es dans les centres d’hébergement.

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Mardi 14 juillet, un « bal des réfugié-es » est organisé sur le campement. Concerts, bouffe et musique jusque tard dans la nuit. Pendant la soirée, quelques flics viendront mettre un coup de pression.

Jeudi 16 juillet, quatrième manifestation de la place de la République à la Halle Pajol.

Une permanence juridique continue de se tenir deux fois par semaine, mise en place par des militant-es et des juristes membres d’associations et de groupes de soutien aux migrant-es. Elle a lieu dans les locaux de l’ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France), association présente depuis des années dans les luttes aux côtés des travailleurs immigrés et des sans papiers. Tout le monde peut s’y rendre pour avoir des conseils pour les démarches administratives (demande d’asile, aide médicale, etc.) et des aides juridiques.

Vendredi 17 juillet, une fête est organisée sur le campement à l’occasion de l’Aïd. La police maintient la pression pour empêcher qu’une sono ne diffuse de la musique, mais celle-ci résonnera quand même.

Dans le quartier les commerçants s’organisent pour dénoncer la nuisance que provoque le campement sur leurs affaires et interpellent la mairie pour qu’elle réagisse. Dans ce quartier fraîchement rénové et en cours d’embourgeoisement, la plupart de ces commerçant sont le bras financier de la mairie et des promoteurs dans la guerre qu’ils mènent aux pauvres. Que ce soient les migrant-es ou les pauvres, la mairie cherche par tous les moyens à faire disparaître ces indésirables, au plus loin de la capitale et de ces quartiers en pleine transformation, nouveaux pôles attractifs pour jeunes propriétaires, entrepreneurs et touristes.

(Des réfugiés de La Chapelle aux harragas de Barbès, solidarité avec tous les sans papiers !)

Jeudi 23 juillet, plusieurs personnes solidaires se rendent avec des migrant-es devant les locaux de France Terre d’Asile (FTDA) rue Doudeauville pour demander à ce que les procédures de domiciliation soient accélérées (actuellement cette association donne des délais de deux mois pour obtenir une domiciliation). Arrivé-es sur place des travailleur/ses de FTDA les prennent violemment à partie et appellent la police. Plus tard on apprendra que deux salariés de FTDA ont porté plainte, soutenus par le directeur. Cette association est financée par l’État pour accomplir son sale boulot de tri et de gestion des demandeurs d’asile. Rappelons que c’est cette même association qui est chargée de déterminer si les mineurs isolés pris en charge par l’aide sociale à l’enfance sont réellement mineurs ou alors considérés comme fraudeurs. Les conditions d’accueil des demandeurs d’asile à leur permanence ne semble pas non plus les déranger : sous la pluie ou la canicule, les personnes doivent faire des heures de queue tout en se faisant aboyer dessus par les vigiles de l’association, appelés « médiateurs ». Dans le cadre de la nouvelle réforme du droit d’asile, le rôle de collaboration de FTDA avec l’Office Français Pour les Réfugiés et Apatrides se trouve renforcé. C’est désormais FTDA qui s’occupera de remplir le pré-formulaire de demande d’asile à place de la préfecture. Avec ce pré-formulaire l’État cherche à savoir par quels pays est passé la personne qui entame des démarches d’asile, pour tenter de se débarrasser d’elle en la renvoyant dans un autre pays par lequel elle serait passée avant d’arriver en France (règlement de Dublin III).

Vendredi 24 et Samedi 25 juillet. Répondant à l’appel à un « week-end d’échanges et de résistance contre les frontières » du campement No border de Vintimille, une soirée projections et débats est organisé le 24 au soir sur l’esplanade de la Halle Pajol, et une manifestation est appelée pour le 25.

Plus de 150 personnes ont répondu à l’appel à manifester de la place de la Bastille à celle de la République. Sur le chemin du retour au campement Pajol, les manifestant-es ont fait escale à Gare du Nord. Devant l’entrée de l’Eurostar, une banderole a été déployée aux cris de « No border, no nation, stop deportation ». Des applaudissements ont alors retenti dans la gare.

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Mercredi 29 juillet, 10ème expulsion/évacuation pour les migrant-es. Cette fois le campement est définitivement expulsé. Un rassemblement est appelé dans la soirée au métro La Chapelle.

Dans l’après-midi, un migrant est électrocuté à Gare du Nord en tentant de monter sur l’Eurostar, train qui assure les liaisons entre la France et l’Angleterre via le tunnel sous la Manche. Il est actuellement à l’hôpital, entre la vie et la mort. Depuis début juin, 11 migrant-es sont mort-es à Calais en tentant de passer en Angleterre, la sale guerre menée aux migrant-es fait des ravages.

Jeudi 30 juillet, quelques migrant-es qui avaient passé la nuit au jardin d’Éole sont à leur tour évacués. La police prend place pour empêcher toute réinstallation tandis qu’à la Halle Pajol un manège est installé en lieu et place du campement. Tout le quartier de la Chapelle est bouclé par les flics.

Les migrant-es et des soutiens trouvent refuge dans des locaux associatifs appartenant à la mairie de Paris. Des migrant-es afghan-es rejoignent la lutte.

Vendredi 31 juillet, l’ancien lycée désaffecté G. Budé est occupé près de la place des Fêtes. Cette occupation permet aux migrant-es d’avoir un toit pour s’organiser, et elle est très vite rejointe par d’autres. Même si l’occupation n’est pas menacée -pour le moment- d’expulsion, la pression policière se fait sentir dans le quartier et les flics organisent régulièrement des opérations de contrôle au métro (rafles).

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Mardi 4 août, les migrant-es du centre d’hébergement de Joinville-le-Pont commencent une occupation contre les conditions dans lesquelles ils vivent. Les portes sont cadenassées pour empêcher les travailleurs sociaux d’Emmaüs de pénétrer dans les locaux et des banderoles sont affichées : « Please solve our problems » et « Nous voulons que le gouvernement prenne conscience de notre situation ». Plusieurs personnes du «collectif de La Chapelle en lutte » sont également présentes pour les soutenir. Quelques heures plus tard, ils obtiendront un engagement écrit sur leurs demandes.

Mardi 11 août, C’est au tour de ceux et celles du centre Pernety dans le 14ème arrondissement (foyer géré également par Emmaüs) d’entamer une protestation. Une grève de la faim commence, et face au mépris du personnel d’Emmaüs, ils/elles décident le lendemain d’occuper le hall d’entrée. Par peur d’une hémorragie, Emmaüs choisi cette fois d’appeler la police et quatre personnes venues en soutien sont arrêtées et placées en garde à vue. Accusées de séquestration par le personnel du centre, elles passeront en procès le 9 octobre et sont sous contrôle judiciaire. Mais cette action a payé aussi puisque les revendications des migrant-es ont été satisfaites dans les jours suivants.

Samedi 15 août, une manifestation est organisée, du lycée occupé à la place de la République, en solidarité avec le migrant-es, mais aussi pour demander la libération et l’arrêt des poursuites à l’encontre des quatre personnes poursuivies pour l’occupation du centre Pernety.

Samedi 22 aoûtà l’occasion de la manifestation de commémoration de l’expulsion de 300 sans papiers de l’église Saint-Bernard le 23 août 1996, des occupant-es du lycée Budé se sont joint aux collectifs de sans papiers dans le cortège qui a parcouru les rues du 18ème arrondissement. La manifestation est notamment passée par le métro La Chapelle et l’esplanade de la Halle Pajol, en signe de soutien à la lutte des migrant-es en cours.

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[Paris] Face à la pression policière : Solidarité !

Depuis quelques jours, les contrôles de police se multiplient à proximité du collège occupé par les migrant-es, situé rue Jean Quarré dans le 19e. Vendredi dernier (31 juillet 2015), une centaine d’exilés ont investi cet ancien collège désaffecté après avoir été évacué une énième fois de leur campement. Si la Mairie de Paris semble tolérer pour l’instant cette occupation d’un bâtiment lui appartenant, la préfecture elle ne relâche pas la pression. Partout où les migrants se regroupent et s’organisent, elle s’acharne à reconstituer des frontières par le biais de la pression policière. Jeudi 06 août dernier, deux opérations de contrôle ont lieu au métro.

Le lendemain, deux policiers sont venus parader devant le collège. Exhibant pour l’un son flash-ball, dans le rôle classique du flic méchant, pendant que l’autre, dans la figure du flic gentil, tentait d’expliquer aux habitants qui étaient accourus en nombre, qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, qu’ils n’étaient là que pour « faire une physionomie du lieu  » et qu’ils étaient totalement pacifiques. D’ailleurs, ne sont-ils pas des « gardiens de la paix  » ? Les mutilés du flash-ball apprécieront.
Au même instant, on apprenait qu’un nouveau contrôle de police avait lieu place des fêtes. Aussitôt, plusieurs camarades se rendent sur place et constatent qu’une équipe de flics pourchassent des gamins du quartier dans toute la station, l’un d’eux est à terre, les autres fuient à toutes jambes dans les escalators. L’une des camarades fait part de son étonnement aux flics et demande le motif du contrôle. « Réquisition du procureur !  » lui répond-on. Elle souhaite voir le document. Les policiers n’apprécient pas du tout une telle outrecuidance et elle n’obtient pour toute réponse qu’une « invitation » à monter dans la voiture de police, direction le commissariat Erik Satie.
Pendant près de trois heures, la camarade aura pu apprécier tout le charme et la finesse de la gente policière. Chacun de ses énergumènes lui faisant part de ses réflexions philosophiques profondes : « je ne peux pas faire de contrôles au faciès parce que je suis Noir ! » ; « c’est tout bonnement impossible parce que ma femme est béninoise et que d’ailleurs ce soir je mange un couscous  ».
Devant la pertinence de tels arguments, la camarade n’a pu que rester coite. Elle ressortira finalement avec une convocation pour une date ultérieure. Plusieurs camarades très rapidement informés de son interpellation, étaient venu-es l’attendre à la sortie du comico.

On aura au moins appris à cette occasion qu’en cette période estivale, deux réquisitions du procureur courent quotidiennement sur un périmètre énorme (18e, 19e, 10e) : de 14h à 18h et une autre en soirée. Réquisitions qui permettent aux flics de contrôler sans motif toute personne de leur choix !
Il y a quelques jours, le 4 août, une opération de police contre des vendeurs à la sauvette dans le quartier de Ménilmontant a conduit à la mort d’un gamin de 5 ans, qui s’est enfui en voyant la police arriver et a été percuté par un camion.

Face à la pression policière, aux rafles, aux frontières, solidarité !
Nous ne lâcherons rien !

(Guide Sans papiers s’organiser contre l’expulsion – Que faire en cas d’arrestation ?)

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[Paris] De Calais à Vintimille : ouvrez les frontières

Plus de 150 personnes ont répondu à l’appel de Vintimille samedi à Paris et ont manifesté de Bastille à République.

Les frontières tuent chaque jour des dizaines de personnes. Ainsi, depuis début juin, 9 migrant-es ont été tué-es à Calais en tentant de passer en Grande-Bretagne. Des milliers d’exilé-es sont mort-es en Méditerranée et dans le Sahara sur le chemin de l’Europe. Aujourd’hui, plusieurs milliers de personnes sont bloquées à Vintimille et à Calais. A Paris, des centaines d’exilé-es n’ont trouvé que la rue pour seul asile. Ici et là, la solidarité et la résistance s’organisent.

Derrière des banderoles  » Papiers, logements, dignité pour tous et toutes », « Les frontières tuent, liberté de circulation » ; « Lampedusa, Vintimille, Paris, Calais : circuler et s’installer où on veut et quand on veut », réfugié-es, personnes solidaires, militant-es et le collectif des Baras ont scandé  » Solidarité avec les réfugié-es, Y’en a marre, De l’air ouvrez les frontières, Des papiers pour tous ».

Sur le chemin du retour au campement Pajol, les manifestant-es sont fait escale à Gare du Nord. Devant l’entrée de l’eurostar, une banderole a été déployée aux cris de « No border, no nation, stop deportation ». Des applaudissements ont alors retenti dans la gare. Les exilés ont poursuivi la manifestation jusqu’à la rue Pajol.

Welcome refugees !
Liberté de circulation et d’installation !

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[Paris] Solidarité avec les réfugié-es

Tract écrit par quelques personnes solidaires des réfugié-es de La Chapelle, en lutte pour des papiers et des logements pour tous-tes – 14 juin 2015

Depuis l’expulsion « sanitaire » réalisée avec la collaboration d’Emmaüs du campement de la chapelle mardi 2 juin, les réfugié-es ont été traqué-es sans répit par la police. Pour rappel, seules 160 personnes avaient obtenu une place en CADA (Centre d’accueil des demandeurs d’asile). Pour les autres, dans le meilleur des cas, quelques nuits d’hôtels leur avaient été généreusement offertes par la Mairie de Paris. Certains n’avaient rien eu et s’était rendus en manif à la mairie du 18e. Après négociation avec la mairie, ils sont envoyés au CAJ de Nanterre (centre sdf). Le lendemain de l’expulsion, ils et elles étaient déjà des dizaines de retour à La Chapelle sans solution pour dormir le soir, ni même de lieu pour se poser et le peu d’affaires personnelles détruites par la propreté de Paris.

Mercredi 3 juin au soir, soutiens et réfugié-es trouvent asile dans la salle Saint-Bruno, située à côté de l’église Saint-Bernard. Une centaine d’exilé-es y passeront la nuit après négociation avec les gérants du lieu.

A 7h, jeudi 4 juin, les réfugié-es sont à nouveau dans la rue. La solidarité continue de s’organiser : voisin-es, militant-es, associatifs divers, sont là pour apporter nourriture, vêtements et surtout, une solution d’hébergement. Le soir même, l’idée de demander asile à l’église émerge. Malheureusement, le curé fermera immédiatement la porte de Saint-Bernard, les flics déboulent avec chiens, menaçant les réfugié-es qui décident de faire un sit-in, avant d’être refoulé-es dans le square. Après s’être réunis en assemblée, les exilé-es rédigent un premier communiqué et confectionnent une banderole (des logements pour tous). Ils passeront la nuit dans le square.

 

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Vendredi 5 juin, en début d’après-midi, la police profitant du peu de soutiens sur place, évacue violemment le square. Nouveau sit-in des réfugié-es qui refusent de quitter le square. Les réfugié-es sont finalement encerclé-es et dirigé-es vers le métro. Les slogans fusent « freedom ». De nombreuses personnes solidaires ont accouru-es pour venir soutenir les réfugié-es. La police tente de les faire monter en force dans les rames de métro. En vain, car la solidarité est plus forte. De plus en plus de personnes se sont rassemblé-es pour manifester leur colère. Poussée par la police, la manif remonte la rue de la Chapelle. La Halle Pajol et son gymnase était à deux pas, réfugié-es et soutiens tentent d’y trouver refuge. La police bloque la moitié de la manif à l’extérieur et évacue les personnes qui ont réussi à y rentrer. Deux personnes sont blessées. Les réfugié-es passeront finalement la nuit devant le gymnase.

Samedi 6 juin, ils sont repoussés quelques mètres loin. Une trentaine de réfugié-es participent à la manif anti-fasciste. Le soir et le dimanche, on souffle enfin, mais toujours sous surveillance policière.

Lundi 8 juin, en début d’après-midi, les réfugié-es expulsés de la chapelle, ont à nouveau été délogés, violemment, du campement provisoire installé rue Pajol, devant la bibliothèque Vaclav Havel. A 13h40, ils étaient une centaine quand les CRS ont débarqué pour les chasser. Seules quelques personnes solidaires étaient sur place à ce moment-là. Une distribution de nourriture venait de commencer. Les CRS ont rapidement encerclé les réfugié-es et commencé à les embarquer dans un car qui est parti dans la foulée. Les divers réseaux d’alerte ont été activés et des militant-es, voisin-es etc ont accourus sur les lieux. La résistance a été très forte. Des chaînes humaines se sont mises en place. La résistance des réfugié-es et personnes solidaires a considérablement ralenti le travail des flics. Plusieurs réfugié-es ont réussi à s’échapper de la nasse. Vers 17h, le deuxième car est parti avec difficultés, plusieurs dizaines de personnes ayant tenté de bloquer son départ en se mettant sur la chaussée. Les CRS quittent les lieux sous les huées du quartier. Les 80 réfugiés arrêtés ont été envoyés au commissariat de l’Evangile dans le 18e, 30 d’entre eux ont atterri en centre de rétention (14 à Vincennes, 16 au Mesnil-Amelot). 17 réfugiés ont fini la soirée aux urgences de l’hôpital Lariboisière : un réfugié a le pied fracturé, un autre a un testicule explosé…

Le soir même, les réfugiés étaient à nouveau nombreux à se regrouper devant la halle Pajol. Les personnes solidaires sont là aussi. On ne lâche rien. La nourriture commence à arriver. Immédiatement, un nouveau débarquement policier a eu lieu. Les CRS empêchent les gens de récupérer les matelas et diverses affaires. Les renforts policiers affluent. Pas de relâche pour la chasse !! Les réfugiés ne pourront pas encore souffler ce soir. A nouveau, la solidarité se met en place. Plusieurs personnes du voisinage accueilleront pour la nuit des réfugiés. Et la majorité est accueillie au Bois Dormoy (un jardin partagé) situé à deux pas de la Halle Pajol.

Mercredi 10 juin, le Bois Dormoy annonce que le migrants devront quitter les lieux le lendemain à 17h30.

Jeudi 11 juin, un rassemblement s’organise à partir de 17h. Des militants du Parti Communiste tentent de faire monter une cinquantaine de réfugié-es dans des bus vers une destination inconnue. Quelques personnes solidaires demandent plus d’explication sans obtenir de réponse. Elles expliquent alors aux exilé-es qu’ils/elles sont libres de redescendre du bus. Ne comprenant pas où on les emmène, ils/elles décident de sortir du car.

Vers 18h30, après 10 jours d’errance, les réfugié-es accompagnées de personnes solidaires ont tenté de trouver refuge dans l’ancienne Caserne de Château-Landon, propriété de la Ville de Paris : plus de 5000m2 inutilisés depuis 10 ans. (Seule une petite partie sert de base de distribution de repas par l’Armée Salut).

Le Parti Communiste et ses militants, qui s’affichaient en soutien depuis dimanche soir pour se racheter une virginité, ont à nouveau montré leur vrai visage de « gauche » municipale. En effet, la Mairie de Paris aidée par le Parti Communiste ont enjoint à nouveau les réfugié-es à monter dans des bus autour de 23 heures leur promettant, comme il y a une semaine, des hébergements. 110 réfugié-es ont ainsi été séparés en 4 groupes, trois ont été envoyé dans des lieux d’hébergement dans Paris et un au CAJ de Nanterre pour y passer la nuit. Une soixantaine de réfugié-es s’est retrouvé sur le carreau et a dormi devant le Grand Parquet, rue d’Aubervilliers.

Le vendredi 12 juin au matin, les flics sont passés vers 8 heures afin de les chasser une nouvelle fois. Mais la solidarité de quartier a encore fonctionné. Grâce aux voisin-es solidaires qui ont passé la nuit avec eux, les flics n’ont pas pu les évacuer.
Ils ont pu y passer une nuit de plus, mais ce lieu qui avait été présenté comme « sûr » par quelques organisations, est en fait un lieu de deal.

Contrairement à leurs grandes déclarations, la Mairie de Paris, les socialistes comme leurs alliés communistes, ne cherchent pas de solution pérenne pour les réfugié-es. Leur but est uniquement de disperser les réfugié-es, pour les rendre invisible et d’affaiblir la solidarité qui ne cesse de se renforcer.

Pendant que la Mairie de Paris traque le réfugié dans les rues de la capitale, dans une véritable chasse à courre, l’Europe fait la guerre aux migrants en Méditerranée. Des milliers de personnes décèdent chaque année en mer, aux frontières assassines de l’Europe ou dans le désert du Sahara. Les réfugié-es qui sont aujourd’hui dans les rues de Paris sont des survivants non seulement des guerres et des dictatures qu’ils/elles fuient (Érythrée, Soudan, Darfour, Somalie) mais de la guerre implacable que livre l’UE aux migrant-es. Contre ces politiques migratoires meurtrières, contre la guerre aux migrant-es, contre la traque des réfugié-es, sans-papiers, nous opposons notre solidarité. Envers et contre tout.

Bienvenue aux réfugié-es !

Des papiers pour tous et toutes !

Des logements pour tous et toutes !

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[Paris] Traque sans répit des réfugié-es dans le 18ème

Tract distribué dans le quartier de la chapelle au lendemain de l’expulsion de la halle Pajol le 8 juin 2015

TRAQUE SANS RÉPIT DES RÉFUGIÉES DANS LE 18ÈME

Hier, lundi 08 juin 2015, en début d’après midi, les réfugié-es expulsé-es de la chapelle, ont à nouveau été délogé-es, violemment, du campement provisoire installé rue Pajol, devant la bibliothèque Vaclav Havel. À 13h40, ils étaient une centaine quand les CRS ont débarqué pour les chasser. Seules quelques personnes solidaires étaient sur place à ce moment là.

Une distribution de nourriture venait de commencer. Les CRS ont rapidement encerclé les réfugiées et commencé à les embarquer dans un car qui est parti dans la foulée. Les divers réseaux d’alerte ont été activés et des militantes, voisines etc ont accourus sur les lieux. La résistance a été très forte. Des chaînes humaines se sont mises en place. La résistance des réfugiées et personnes solidaires a considérablement ralenti le travail des flics. Plusieurs réfugié-es ont réussi à s’échapper de la nasse.

Vers 17h, le deuxième car est parti avec difficultés, plusieurs dizaines de personnes ayant tenté de bloquer son départ en se mettant sur la chaussée. Les CRS quittent les lieux sous les huées du quartier. Les 80 réfugiés arrêtés ont été envoyés au commissariat de l’évangile dans le 18e, 30 d’entre eux ont atterri en centre de rétention (14 à Vincennes, 16 au Mesnil Amelot). 17 réfugiés ont fini la soirée aux urgences de l’hôpital Lariboisière : un réfugié a le pied fracturé, un autre a un testicule explosé…

Le soir même, les réfugié-es étaient à nouveau nombreux à se regrouper devant la halle Pajol. Les personnes solidaires sont là aussi. On ne lâche rien. La nourriture commence à arriver. Immédiatement, un nouveau débarquement policier a eu lieu. Les CRS empêchent les gens de récupérer les matelas et diverses affaires. Les renforts policiers affluent. Pas de relâche pour la chasse!! Les réfugié-es ne pourront pas encore souffler ce soir. À nouveau, la solidarité se met en place. Plusieurs personnes du voisinage accueilleront pour la nuit des réfugiés. Un autre groupe trouvera refuge à l’ENS. Et la majorité est accueillie au Bois dormant (un jardin partagé) situé à deux pas de la Halle Pajol.

La solidarité ne faiblit pas. Envers et contre tout. Contre les discours mensongers de la mairie et de la préfecture qui prétendent outrageusement que l’évacuation s’est fait avec humanité, qui prétendent que les réfugié-es ont refusé de demander l’asile, qu’ils et elles ont tous eu un hébergement… Voisins, militantes, personnes solidaires ne s’en laissent pas compter. La solidarité s’accroît et s’élargit, la résistance aussi. C’est tout le quartier de la Chapelle, et bien sûr au delà, qui est désormais mobilisé et qui résiste contre cette politique de traque aux réfugié-es.

Réfugié-es, voisin-es, personnes solidaires, nous ne lâcherons rien !

Des papiers pour tous et toutes !

Des logements pour tous et toutes !

Refugees welcome / Solidarité avec les réfugié-es !

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