Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Paris] Des réfugiés de La Chapelle aux harragas de Barbès, solidarité avec tous les sans papiers !

Cela fait plusieurs années que la pression policière est très présente à Barbès, à la fois sur les biffins, les harragas et autres sans papiers, les vendeurs de clopes, de menthe et de coriandre, les jeunes du quartier … bref sur les « pauvres » et « visibles » en tout genre, qui n’entrent pas dans le tableau d’embourgeoisement et d’aseptisation en marche dans le quartier.

On essaie donc de faire place nette, notamment pour la clientèle de la nouvelle brasserie Barbès, en harcelant voire terrorisant ces populations dont l’activité principale est d’organiser leur propre survie.

Toutes les formes d’interventions y passent. Et que j’t’écrase avec ma voiture les affaires que tu vas vendre pour une misère sous le métro en manquant de t’écraser toi aussi, en passant par le petit « contrôle » discret de flics en civil de la Goutte d’Or, pour la vingtième fois de la journée, de deux sans papiers qui discutent tranquillement dans un coin , au gazage à la lacrymo de la place du royal parce que quand même il y a trop de monde à ce moment-là et que c’est trop convivial, à la grande opération où on ferme les rues pendant 3 heures et on rafle 150 sans-papiers, les poursuivant jusque dans les cafés, restos et taxiphones du quartier.

Cela fait plusieurs semaines qu’un groupe particulièrement hargneux de flics agresse les gens dans ce quartier : violence, humiliations en tout genre, propos racistes en quantité.

Et avec le ramadan la police française semble être encore plus énervée. A moins que cela ne soit à cause des élans de solidarité envers les migrants de la Chapelle, que les flics du 18ème ne digèrent pas, à moins que cela ne soit les deux…

Comme le jeudi 18 juin 2015 , en ce premier jour du mois de jeûne, la police est appelée en renfort rue Caplat. Des dizaines de flics débarquent gazent et arrêtent plusieurs dizaines de sans-papiers. Ou encore, le 24 juin au soir, la police a copieusement inondé le quartier de sa présence et de gaz lacrymogène puis contrôlé, arrêté et placé en centre de rétention de nombreux sans papiers.

A l’heure où le gouvernement profite de la solidarité envers les migrants Soudanais, Érythréens, Tchadiens… pour opposer les « réfugiés » aux autres sans papiers et annoncer le durcissement des expulsions de migrants « économiques », c’est plus que jamais le moment de dire qu’on s’en fout de leur catégories. Qu’entre celles et ceux qui fuient un régime liberticide, une guerre, une persécution quelconque, une misère endémique, un avenir de merde ou on ne sait quoi, nous refusons de faire le tri. Que ce sont pour ces multiples raisons que les gens viennent et continueront à venir et non à cause de « méchants passeurs ».

Et, justement, de leurs annonces de lutte contre les passeurs nous ne sommes pas dupes. Ce sont les frontières, leur militarisation et l’obligation d’avoir des visas qui ont créé ce boulot de passeurs, et qui en rendent les personnes qui veulent rejoindre l’Europe dépendantes. Et plus ils mettent de patrouilles en Méditerranée et plus les passeurs augmentent leurs tarifs. Ce sont les États Européens qui engraissent les passeurs.

Liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous !

[Paris] L’épidémie c’est… le capitalisme, ses flics, ses guerres, ses frontières

Texte diffusé dans le quartier de La Chapelle le soir du 2 juin et collé sur les murs.

L’épidémie c’est… le capitalisme, ses flics, ses guerres, ses frontières

Ce matin, mardi 2 juin 2015, 400 migrant-e-s qui vivaient depuis plusieurs mois sous le métro aérien entre la Chapelle et Barbès ont été expulsé-e-s. Sous prétexte d’une menace d’épidémie, préfecture et mairie espèrent ainsi nettoyer le quartier en pleine rénovation urbaine et disperser les migrant-e-s. Et cela avec la collaboration des associations Emmaüs et France Terre d’Asile, cautions humanitaires à la répression des migrant-e-s, qui participent à trier, contrôler des individues selon une origine qu’ils n’ont pas choisie. Associatifs et flics travaillent côte à côte, pour déloger les migrant-e-s en échange de quelques nuits d’hébergement pour les mieux loti-e-s, la rue pour les autres. De l’autre côté des barrières des manifestant-e-s se sont regroupé-e-s avec banderoles, tracts et guirlandes d’affiches pour exprimer leur solidarité aux expulsé-e-s, mais ne parviennent pas à bloquer les cars de la compagnie Savac qui les emmènent. À peine l’opération terminée, sans laisser à certain-e-s la possibilité de récupérer leurs affaires, le ménage est fait, pour offrir à Vinci l’usage du terrain. Quelques heures plus tard, une centaine de migrant-e-s manifestent vers la mairie du 18ème pour exiger une solution de logement.

L’ expulsion de ce campement participe à la volonté de l’État d’isoler, d’humilier, d’empêcher toute organisation des migrant-e-s pour survivre ici ou tenter d’aller vers d’autres pays. Nombre d’entre elles et eux souhaitent en effet rejoindre l’Angleterre en passant par Calais, où deux squats de migrant-e-s ont été expulsés aujourd’hui même. Là-bas comme ici, l’État et ses larbins, détruisent les espaces que s’approprient les migrant-e-s, parlant d’évacuation sanitaire alors même qu’ils sont responsables de leurs conditions de vie précaires par le harcèlement qu’ils leur font subir.

Laissons parler notre rage contre ses flics qui aujourd’hui expulsent, et qui tous les jours font leur sale boulot de contrôle, d’arrestation, d’emprisonnement en centre de rétention de celles et ceux qui n’ont pas les bon papiers.

Solidarité avec les migrant-e-s

À bas toutes les frontières

Liberté pour tou-te-s

Pour retrouver toutes les publications sur la lutte des migrant-es de La Chapelle : Lutte des migrant-es de La Chapelle et sur Paris Luttes Infos : refugie-es-de-la-chapelle

02juin-paris-banderole-expulsion-campement-la-chapelle

English version

The epidemic it’s… capitalism, its cops, its wars, its borders

This morning, tuesday June 2nd, 400 migrants who have been living for several months under the elevated railway between La Chapelle and Barbès were evicted. Under the pretext of a threat of an epidemic, prefecture and town council hope to « clean out » this area in complete urban renewal and disperse the migrants. And that with the colla­boration of the associations Emmaüs and France Terre d’Asile, humanitarian backings to the repression of migrants, which help sort out and control individuals according to an origin they haven’t chosen. Associations and cops work side by side to move out migrants in exchange for some nights ‘accomodation for the lucky ones, street for the others.

Behind the fences, some demonstrators has gathered with banner, tracts and posters to express their solidarity to evic­ted people, but they’re not able to block the bus from Savac compagy which take them away. The operation barely over, housework is made to offer the use of the site to Vinci, without letting the opportunity to some people to get their things back. Few hours later an hundred of migrants demonstrate among the town hall of 18th to demand to an accomodation solution.

The eviction of this camp takes part in the will of the state to isolate, humiliate, prevent any organization of migrants to survive here or try to get other countries. Indeed many of them want to reach England via Calais, where two mi­grants’ squats were evicted today. There, as here, the state and its stooges destroy spaces appropriate by migrants, spea­king of medical evacuations while they are responsible for their precarious living conditions through the harassment they inflict on them.

Let’s express our rage against these cops who evict today, and all the days make their ugly job of controlling, arresting, imprisonning in retention centers the ones who don’t have the good documents.

Solidarity with migrants !

No borders !

Freedom for everyone !

[Paris] A Barbès, les flics tabassent à l’ombre de la RATP

23 avril 2015

En mars dernier Ali avait témoigné des violences qu’il avait subi par des flics de la goutte d’or. Alors qu’il tentait de s’interposer à
l’interpellation d’un jeune mineur, 3 policiers l’avait tabassé lui ouvrant le crâne à deux endroits avant de le placer en garde à vue durant 48 heures puis de l’envoyer au Centre de rétention où il passera finalement une semaine. Depuis il est victime du harcèlement quotidien de la part de ces mêmes flics.

Les habitant-e-s de Barbès subissent régulièrement harcèlement et agressions de la part de la police. Jeudi 23 avril un passant a ainsi assisté à une scène de violences policières malheureusement ordinaire à Barbès.

Alors qu’il sortait de la station de métro, il croise cinq six flics qui descendent dans la station avec un jeune homme qu’ils tiennent par une clé de bras. Le chef flic va voir le personnel de la RATP pour qu’il lui ouvre le local poubelle de la station. Celui-ci lui ouvre et les policiers y entrent avec le jeune homme.  Quasiment immédiatement des bruits, cris, coups étouffés, claques provenant du local poubelle commencent à se faire entendre. Le passant croise alors un employé de Chalancin et lui demande s’il n’entend pas lui-même ces bruits.
Celui-ci s’approche de la porte et dit qu’ « il faut voir avec le personnel de la RATP ». Le passant va donc se renseigner auprès de la cheffe de station en lui disant que des personnes sont en train d’en frapper une autre dans le local poubelle, qu’elle peut elle-même entendre les cris et les bruits de coups. Devant sa sourde impassibilité, un deuxième agent de la RATP, celui qui avait ouvert le local poubelle, dit au passant qu’il n’entend rien mais que c’est la police qui exécute sa mission de maintien de l’ordre. Le passant insiste car les coups et les cris continuent. L’agent de la RATP, après avoir regarder sur un écran, demande au passant s’il a vu porter des coups et lui propose de porter plainte au commissariat mais que s’il n’a rien vu cela ne sert à rien. Alors que les bruits de coups continuent, le passant insiste à nouveau en disant que cela se passe dans les locaux de la RATP et que celle-ci ne peut fermer les yeux.
C’est alors qu’un troisième individu en civil vient le voir, exhibant une carte d’assermentation et demande ce qui se passe. Le passant
propose à cet agent assermenté de venir plus près de la porte du local poubelle. Celui-ci se rapproche et propose au passant de frapper à la porte et d’intervenir s’il croit qu’il se passe quelque chose, lui même n’entend rien et le fait remarquer bien fort devant la porte.
A ce moment sortent trois flics du local qui demandent ce qui se passe. Voyant le passant, ils assurent que la personne qui est avec eux va être relâchée. Ils lui demandent s’il veut rentrer pour s’assurer que le jeune homme va bien. Le passant préfère rester sur le seuil mais peut voir le jeune homme qui se plaint qu’il a mal. Sur ce, les flics retournent dans le local poubelle alors que l’un d’eux reste en faction devant la porte fermée. Trois minutes plus tard le groupe de flics ressort du local poubelle emmenant le jeune homme toujours avec une clé de bras hors de la station jusqu’au commissariat de la Goutte d’or.

Un petit quart plus tard le même groupe de policier continue sa chasse à l’homme dans le quartier et contrôle deux nouvelles personnes dont une sera à son tour interpellée.

 

Reçu par mail

Libération d’A. arrêté et tabassé à Barbès : comptes rendus d’audiences devant le TA et le JLD

Le dimanche 8 mars A. intervenait pour aider un jeune homme qui sous le porche d’un immeuble subissait des violences de la part de policiers du 18e arrondissement. Alors que le jeune homme réussissait grâce à cette intervention à échapper aux coups de ses agresseurs, A. a ensuite subi l’acharnement et les coups des policiers et après plus de 40 heures de garde à vue et un passage par l’hôpital a été envoyé au centre de rétention de Vincennes.

Alertés/es par plusieurs de ses amis, nous avons pris contact avec lui et sommes allés/es le soutenir lors de son passage devant le juge administratif le jeudi 12 mars après-midi puis devant le juge des libertés et de la détention le dimanche 15 mars.

Lors de cette dernière audience il a été libéré car la procédure présentait plusieurs vices de procédure (notamment les flics avaient « oublié » de lui signifier le prolongement de la garde à vue après 24 heures).

(vous pouvez lire son témoignage sur le lien ici)

Pour des infos juridiques et pratiques sur la garde-à-vue, la rétention, les passages devant le juge et comment résister aux expulsions vous pouvez consulter le guide « Sans papiers : S’organiser contre l’expulsion – Que faire en cas d’arrestation ? »

***

Compte rendu de l’audience devant le tribunal administratif jeudi 12 mars :

A., n’était pas seul ce jeudi à être présenté à l’audience présidée par la juge Claudine Hnatkiw. Ils et elle étaient 13 à espérer grâce à cette audience pouvoir sortir du centre de rétention de Vincennes ou de la zone d’attente de Roissy. Les espoirs de ces 13 personnes auront été vains, puisque toutes leurs requêtes sans exception auront été rejetées. Dès le début de l’audience Mme Hnatkiw montre son hostilité aux personnes convoquées et à leurs avocats/es, et on comprend vite que les chances qu’une de leur requête soit entendue sont quasi nulles.

Je vais essayer de faire un compte-rendu de cette audience au cours de laquelle systématiquement la juge coupe la parole aux avocats de la défense, donne la dernière prise de parole aux avocates de la préfecture, pose des questions pièges aux personnes convoquées et leur parle de façon désobligeante et humiliante.

Le sort de chaque personne est réglé de façon rapide, d’ailleurs Mme la juge montre ostensiblement qu’elle s’impatiente dès que les avocats de la défense parlent plus de 3 minutes d’affilée. Le seul qui, à force de pugnacité, tiendra plus de dix minutes pour défendre son client sera maître Machado, l’avocat d’A..

L’audience commence avec une dame congolaise qui est retenue dans la zone d’attente de Roissy et à qui l’admission sur le territoire français a été refusée et sa demande d’asile jugée infondée. Son avocat commence à expliquer la situation au Congo, la juge le coupe sèchement : «On connaît bien la situation au Congo, il y a 13 inscrits ». L’avocat reprend alors sa plaidoirie, mais la juge le coupe de nouveau. En effet, elle a repéré dans la salle une dame qui donnait un petit biberon d’eau à son bébé. Elle ordonne à la dame de sortir. Cette dernière tente de maîtriser son émotion (elle est là car son compagnon est en rétention)et de ranger discrètement ses affaires tout en tenant son bébé, la juge s’énerve car elle ne sort pas assez vite. Le ton de l’audience est donné !

Après avoir expédié la dame congolaise, c’est au tour d’A. qui fait recours contre son placement en rétention et son interdiction de retour sur le territoire français. Il a une obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui date du 20 mars 2014. A. a donc été placé en garde à vue le dimanche 8 mars à Barbès au commissariat de la goutte d’or après avoir aidé un adolescent qui était violemment contrôlé par des policiers.

Maître Machado rappelle que ce commissariat de la goutte d’or est tristement célèbre. Le matin même il en avait d’ailleurs été question à la cour d’appel du juge des libertés et de la détention, un retenu s’y plaignant des violences qu’il y avait subies. Il fait remarquer que dans son dossier il n’a aucune plainte ni déclaration de la part du gardien de la paix Chute. Il est juste spécifié dans le PV d’interpellation que ce policier  aurait été visé par des violences et des menaces de la part d’A.. Ce PV d’interpellation prétend qu’A., après s’être opposé à un contrôle d’identité, se serait jeté sur le policier répondant au nom de Chute et il semblerait à sa lecture que les trois autres policiers seraient restés spectateurs. A. se serait ensuite cogné la tête dans la bataille, le choc entraînant une blessure ayant nécessité des points de suture derrière la tête.

De la seconde blessure et des agrafes sur le front et la tempe, il n’est en revanche point question. maître Machado montre à madame la juge la plainte déposée par A. dès son arrivée au centre de rétention. Celle-ci n’a alors qu’une chose à dire : « Quand l’intéressé va t-il se décider à partir étant donné qu’il a une OQTF ? »

Après un sympathique échange au cours duquel où nous aurons également le droit de la part de madame la représentante du peuple français à un «Préparez vous à partir au lieu de vendre des cigarettes de contrebande », l’avocate de la préfecture, Maître Balut, sort de son chapeau une plainte contre A. de la part du gardien de la paix Chute. Elle n’en avait pas fait état à son contradicteur avant l’audience comme il se doit normalement, pourtant il était là avant le début des audiences. Elle nous dit qu’au départ c’était une autre personne qui était contrôlée mais que du fait de l’attitude d’A. cette personne n’a pu être arrêtée. Elle remet en doute toutes les paroles d’A. concernant les violences qu’il a subies et dont il porte pourtant visiblement les traces.

Concernant les fondements juridiques qui ont permis de placer A. en rétention ou de lui interdire le retour sur le territoire français, elle ne semble pas tout maîtriser. Nous aurons le droit à un « Attendez le dossier est épais, attendez que je m’y retrouve » ou bien encore à un « Moi je m’y perds toujours dans les numéros » ou encore « A chaque fois je me perds dans l’article 511 tiret 1 » Heureusement pour elle la juge l’aide, outrepassant ainsi ses prérogatives. Mais qu’importe, dans cette audience il n’est même plus question de sauver les apparences.

A un moment madame la juge coupe l’avocat pour tancer A. qui pose une question à son traducteur : « Monsieur la discussion ici est dans un seul sens, votre interprète vous traduit, vous vous n’avez rien à dire. » Alors que maître Machado tente de nouveau de plaider, la juge le coupe pour mettre l’affaire en délibéré, visiblement cela n’a que trop duré.

Effectivement, pour les personnes suivantes nous assistons à un triste défilé où chaque affaire durera à peine 5 minutes. 5 minutes pendant lesquelles nous aurons toutefois le droit à un florilège de paroles désagréables destinées à déstabiliser les personnes jugées et leurs avocats.

Ainsi à une avocate défendant un monsieur expliquant qu’il a des difficultés avec l’une des formes de la langue arabe elle fait remarquer « Il dit qu’il ne parle pas arabe, comment fait il là-bas . Il est escorté d’un interprète ? Vous ne me ferez pas croire que vous ne parlez pas arabe. »

Alors que le monsieur explique qu’il comprend l’arabe mais s’exprime mal dans cette langue, elle en profite pour couper court à toute autre tentative d’argumentation de l’avocate en balançant un « De toute façon il vient de dire qu’il parlait moins bien arabe mais il le parle ».

Plusieurs très jeunes soudanais qui ont été arrêtés en même temps à gare du nord subissent ses foudres et sa suspicion. Elle les interroge sur le nombre d’années passées dans tel ou tel endroit au cours de leur parcours migratoire, sur la ville d’où il viennent pour mettre en doute que cela se situe au Darfour, assène des « Les conditions matérielles dans un pays ne sont pas jugées dans cette audience ». A chaque fois, pour ces jeunes Soudanais, comme pour un jeune Erythréen, l’avocate de la préfecture remet en cause le fait que les jeunes prévenus souhaitent demander l’asile et fuient des persécution en invoquant le fait que « cela ne ressort pas des PV d’interpellation ». Un avocat qui tente d’expliquer que les réfugiés craignent de parler de persécutions à des policiers qui viennent de les arrêter, est renvoyé dans ses cordes par la juge.

Systématiquement l’avocate de la préfecture a le dernier mot avant que la juge lance son « Mise en délibéré » en invoquant les 13 dossiers qu’elle a à juger cet après-midi. L’avocate de la préfecture joue sur du velours… « Vous avez devancé ma plaidoirie » dira t-elle à un moment à la juge qui démontre qu’un jeune soudanais ment sans doute car il s’est trompé de quelques mois dans le long périple qu’il a effectué avant d’arriver en France après avoir quitté le Darfour en 2009 (alors qu’il était vu son apparence physique actuelle sans doute un enfant à ce moment là).

Ce qui semble fatiguer Mme la juge c’est ce défilé incessant de gens qui invoquent toujours la même chose…. Par exemple ces Erythréens « Comme on l’entend à chaque fois ces personnes quitteraient leur pays pour fuir le service militaire» soupire-t-elle. L’avocate de la préfecture compatit complice : « Effectivement on nous invoque toujours l’article 3 de la CEDH (cour européenne des droits de l’homme) »

L’avant-dernière personne qui se présente à l’audience est un monsieur qui vient du centre de rétention et qui est seul, sans avocat et sans interprète alors qu’il en aurait visiblement besoin d’un. Personne ne lui demande s’il en veut. Il s’excuse de mal parler français (ce à quoi), Mme la juge lui dit sèchement « Parlez dans le micro s’il vous plaît »

Le monsieur tente d’expliquer qu’il a été arrêté alors qu’il venait en aide à une femme qui était importunée dans la rue. La juge le coupe en lui disant que les raisons de son interpellation n’ont pas à être évoquées ici. Elle lui demande pourquoi il n’est pas parti après l’oqtf qu’il a eu en septembre 2014. Il dit qu’il est en contrôle judiciaire. « De quel délit êtes vous présumé coupable ? » demande la juge s’asseyant au passage sur l’un des fondements du droit français, la présomption d’innocence pour la remplacer par ce qui semble être sa vision du monde : la présomption de culpabilité.

Quand il apparaît au vu des papiers qu’il montre que ce monsieur est sous contrôle judiciaire pour recel d’une bicyclette, l’avocate de la préfecture dira que ce petit délit ne peut justifier de ne pas respecter une décision d’éloignement.

Bref, on l’aura compris, dans cette audience l’étranger et l’étrangère ont toujours tort et sont systématiquement remis en cause et rabaissés. Au moins toutes ces personnes n’auront sans doute pas espéré quoi que ce soit de positif lors du court délibéré au terme duquel tous leurs recours auront été rejetés. On n’aura même pas essayé de leur faire croire qu’elle et ils étaient écouté/es, qu’elle et ils étaient une vraie personne. Pas d’illusion…

En tout cas, espérons qu’à la prochaine loterie judiciaire ils et elle tireront un autre numéro. Pour Ali ce sera dimanche devant le juge des libertés et de la détention du 35 bis à Cité. Nous serons un certain nombre à ne pas oublier que s’il se retrouve là c’est bien sûr parce qu’il n’est pas né au bon endroit et n’a pas les bons papiers, ni le bon statut social, mais aussi parce qu’il s’est opposé à ce que beaucoup d’entre nous dénonçons depuis des années : les contrôles d’identité racistes et la violence de la police.

***

Compte rendu de l’audience devant le juge des libertés et de la détention (JLD) dimanche 15 mars :

Un palais désert comme tous les dimanches et les gendarmes bien avertis a l’entrée qu’il n’y a que le 35 bis, soit la « justice » pour les étrangers qui ne fonctionne ce jour là…

15 personnes doivent passer devant le juge. On commence à l’heure. Le premier retenu est un Russe. Pour chaque dossier Mr le juge va irrémédiablement commencer par les mêmes questions : vous vous appelez machin ? Depuis combien de temps êtes vous en france ? quelle est votre adresse ? Avez vous un passeport (si la réponse est oui – il est où ce passeport ?) êtes vous d’accord pour repartir en, dans le cas présent, en Russie ?

Toutes les audiences vont aller très très vite, mis a part quelques délibérations ou « la salle » (3 personnes dans le public) doit sortir quelques minutes. Pour le retenu russe cela ira donc très vite aussi. Un avocat, on espère commis d’office, bafouille que Mr est venu 2 fois avec des visas. Le juge lui demande « Maître j’ai pas compris vous n’avez pas soulevé de nullité nan ? » Non je m’interrogeais juste »… « Bon je prolonge la rétention, Mr vous avez un vol demain pour la Russie. »

La jeunette qui représente la préfecture n’aura pas eu de travail sur ce dossier…

Personne suivante, un Soudanais, en France depuis une semaine, sans domicile, en route pour Calais, pas d’accord pour retourner au Soudan ! Une avocate, elle ne plaide que sur le fait que Mr vient de déposer une demande d’asile car il est très menacé dans son pays et que donc il doit être libéré. Le juge répond que la demande d’asile empêche juste la présentation de Mr à son consulat mais pas le maintien en rétention. Prolongé !

Des conditions d’interpellation, de la garde à vue, du placement en rétention il n’en sera pas question. Ah ces avocats qui ne savent même pas à quoi « ça sert » un JLD…

Personne suivante, un égyptien, c’est une deuxième prolongation, l’avocat plaide aussi qu’il a fait une demande d’asile. Le juge répond qu’il est pas compétent pour l’asile et rend sa décision de prolongation… Mais Mr veut s’expliquer, apparemment il n’a pas compris qu’il avait été jugé en moins d’une minute et veut donc raconter qu’il est menacé dans son pays. « Je comprend mais je suis pas compétent, de toutes façons je doute que les autorités égyptiennes vous reconnaissent et délivrent un laisser passer Mr, donc y’a toute les chances pour que vous sortiez » Oui bah pas maintenant, Mr va encore passer 20 jours a Vincennes.

Le quatrième dossier c’est A., on réussi à le saluer…Après les formalités d’usage avec Mr le Juge, on rentre dans le vif du sujet direct car son avocat a soulevé déjà par écrit de nombreuses nullités. Le juge lui fait à peine expliquer et demande direct à l’avocate de la pref où est le PV de prolongation de la garde à vue, ben…. y’en a pas ! (d’ailleurs cela ressort dans le témoignage que nous a fait A. depuis Vincennes, personne ne lui avait signifié la prolongation de la garde à vue) .

L’avocate de la pref annonce que nous avons toutes les infos dans le PV de fin de première garde à vue sous entendu pourquoi embarrasser. Le juge lui rétorque qu’il n’est pas d’accord et « sans qu’il soit besoin d’étudier les autres moyens de nullités je ne prolonge pas la rétention ». Première personne libérée donc.

Mr O, un algérien. Sans passeport. Cette fois ci cet élément est important parce que l’avocate qui a un nom de sandwich dit elle même a Mr le juge, et elle ne dira que ça, « j’avoue que dans ce dossier je n’ai pas d’élément pour vous demander une assignation a résidence « … et c’est tout ! Des conditions d’interpellation, de la garde à vue, du placement en rétention il n’en est toujours pas question . Prolongé.

Le déroulement du dossier suivant est assez étrange, le juge nous a un peu surpris là, il a peut être eu une minute d’attaque de culpabilité, peut être après la consternante non plaidoirie de l’avocate. Bref en tout cas c’est toujours mme qui a un nom de sandwich qui est censé le défendre. Mr Coulibaly n’est pas là, il est a l’hôpital (pourquoi? tout le monde s’en fout ! a espérer que cela n’ait rien à voir avec les compétences de Mr le juge…). « ça libère l’interprété ». Il y a un peu confusion sur son identité, la pref a saisi les autorités consulaires du Mali et de la côte d’ivoire. L’avocate dit que Mr a dit qu’il avait une compagne en france et un enfant, qu’il est ivoirien mais qu’on a rien qui confirme ses dires. Le juge demande qu’on change son nom sur son dossier, « Mr dit qu’il s’appelle comme ça il n’y a pas de raison de ne pas le croire » puis il s’énerve que lors de la procédure rien n’a été fait pour savoir quoi que ce soit sur ce Mr, que si ça se trouve un enfant va être séparé de son père » ! Il s’exaspère et dit « je ne suis pas une machine a prolonger la rétention ! » l’avocate de la pref lui dit que c’est du ressort du TA, il répond  » le respect de la liberté individuelle c’est le juge judiciaire, je ne suis pas une machine à prolonger » !!! deuxième libération… l’avocate est perplexe, faut dire elle a rien fait et son client est libéré…

Le suivant est une demande de deuxième prolongation de la rétention, pour un marcocain, personne n’a rien à dire, il est prolongé.

Puis vient le tour d’un autre Soudanais, du Darfour, avec un traducteur en arabe, là après les questions d’usage le juge va l’interroger sur son parcours de migration en signifiant à l’interprète qu’il a le temps de parler ! pourquoi lui mystère… Donc le Darfour, puis Khartoum, puis la Libye et la taule puis il a travaille a Benghazi puis il part pour Tripoli, l’Italie, la Fance, des années quoi…Mr a été contrôlé à gare du nord tôt le matin et l’avocate va plaider que rien ne motivait ce contrôle car Mr n’avait aucun comportement suspect. Sous entendu a part sa tête d’étranger donc… La pref va répondre que le contrôle n’a pas à être motivé dans les places transfrontalières comme les gares et pour répondre a l’argument sur sa tête d’étranger, elle va expliquer que les policiers ont d’abord interrogé le FPR (fichier des personnes recherchées) comme pour n’importe qui, avant d’interroger le fichier national des étrangers… Non non ce n’est pas un contrôle au faciès. Le juge va donner droit à l’avocate, rien ne justifiait le contrôle. Troisième et dernière libération…

Tous les dossiers suivant, les retenus retourneront en rétention, à noter 5 Chinois, dont 3 femmes, défendus par le même avocat, qui a soulevé les mêmes nullités dans les 5. Elles ne seront expliquées qu’ au premier dossier ainsi que pourquoi le juge les rejette, pour les autres retenus tant pis, le juge se contentera de dire « votre avocat a travaillé mais j’ai rejeté ses conclusions ». A tous les retenus le juge a demandé où était le passeport et il était à la maison. Pour une d’entre elles, le juge ira jusqu’à demander le nom de la personne qui l’héberge après avoir demandé l’adresse. Et tout cela est noté.

L’une d’entre elles est d’abord entendue comme victime dans une procédure de contrôle du travail dissimulé, c’est dans ce contexte qu’elle s’est fait arrêter, elle passera en procédure de retenu et attendra son vol pour la Chine. A noter un d’entre eux aussi pour lequel l’avocat a soulevé un moyen supplémentaire : le début de la garde à vue devrait prendre en compte le début de la contrainte (Mr est aux mains de vigiles). Le juge va rejeter…

Voilà trois heures d’audience pour 15 personnes, 3 libérations, si le parquet ne fait pas appel…

Au final, A. a été libéré, le parquet n’ayant pas fait appel.

[Barbès] « les flics m’ont rentré dans l’immeuble, ils m’ont mis une claque et m’ont frappé avec une matraque. Ils m’ont donné plusieurs coups sur la tête. Je perdais beaucoup de sang »

À Barbès la pression des flics est toujours quotidienne. La Mairie et les investisseurs locaux voudraient que ce quartier deviennent le nouveau « lieu branché » de Paris.

La ré-ouverture du cinéma Louxor et la nouvelle brasserie qui va bientôt ouvrir ses portes en sont de bons exemples.

Les chantiers de construction de nouveaux logements en accession à la propriété se multiplient pour accueillir de nouveaux habitants plus riches et plus bobos.

La police quadrille les rues pour tenter de virer celles et ceux qui ne correspondent pas aux projets de ceux qui nous gouvernent : pauvres, biffins, sans papiers , etc.

La violence de la police est quotidienne lors des ces contrôles qui mènent bien souvent, sous n’importe quel prétexte, à une garde-à-vue et pour ceux & celles qui n’ont pas les bons papiers, au centre de rétention.

Dimanche 7 mars 2015 lors d’une énième opération de contrôle les flics du quartier ont arrêté A. après l’avoir tabassé. Il est aujourd’hui enfermé au centre de rétention de Vincennes et raconte comment s’est déroulée son arrestation et la garde-à-vue :

« J’étais à Barbès vers 18h, j’étais au snack. Après manger je suis sorti et j’ai vu trois policiers qui arrêtaient quelqu’un : ils l’ont rentré dans un hall d’immeuble, ils lui ont mis une claque, ils l’ont frappé avec l’électricité (taser) et l’ont gazé. Je me suis arrêté pour aider le gars. Les flics m’ont rentré dans l’immeuble, ils m’ont mis une claque et m’ont frappé avec une matraque. Ils m’ont donné plusieurs coups sur la tête. Je perdais beaucoup de sang. Après on est sorti de l’immeuble et j’ai crié que je devais aller voir le médecin, qu’ils m’avaient frappé, que j’avais mal. Il y a un commerçant qui vend des portables qui est sorti et qui a filmé. Les gens dans la rue étaient choqués, ils ont crié.

Les flics m’ont ramené à pied au commissariat de la Goutte-d’Or parce qu’ils disaient que j’allais salir la voiture.

Au commissariat ils m’ont encore frappé, mis des coups de pieds. J’étais allongé par terre et un policier mettait son pied sur ma tête. Tous les policiers rigolaient sur moi. Ils disaient que j’allais avoir des cicatrices toute ma vie, ils criaient «mort ». Ça a duré 30 minutes.

Il y a un gradé qui est arrivé j’ai demandé d’aller à l’hôpital. Les pompiers sont arrivés, ils étaient choqués de voir ça. Un pompier m’a dit qu’ils allaient m’amener à l’hôpital. Je suis resté avec eux dix minutes au commissariat et ils m’ont mis dans le camion. J’avais perdu beaucoup de sang. Les policiers sont venus avec nous, on était dans le camion mais on a mis du temps a partir.

À l’hôpital j’étais mal, j’ai été soigné. J’ai attendu le médecin, il était choqué. Il m’a mis des agrafes, 8 sur le crane et 7 sur la tempe. Ils m’ont donné un certificat et une ordonnance mais les policiers les ont pris.

Après je suis retourné direct en garde-à-vue. J’avais perdu beaucoup de sang, j’avais très mal. Il était 20h30. J’ai demandé des médicaments mais ils m’ont dit « attend ». J’ai demandé un avocat, un interprète, un médecin, mais rien. Jusqu’à 2h du matin, j’ai attendu pour avoir des médicaments. Là ils m’ont amené a l’hôtel-Dieu, il m’a donné 4 dafalgans.

Là-bas une infirmière était choquée que j’étais en garde-à-vue dans cet état. Après ils m’ont ramené en garde-à-vue.

Le lendemain un policier m’a auditionné. Les policiers ont marqué dans le PV que j’avais frappé les policiers dans le gilet par balle. Mais moi je l’ai pas frappé. Moi j’ai reçu des coups de matraque et ils ont dit que j’étais tombé tout seul pour les cicatrices. Mais comment on tombe deux fois sur la tête ? Ils ont fait que mal me parler. J’ai signé aucun de leurs papiers.

Après je suis retourné dans la cellule. La garde à vue devait finir à 18h30. J’ai tapé dans la porte de la cellule pour dire que ma garde-à-vue elle était finie. Ils ont voulu que je signe une feuille qui disaient que j’avais fini la garde-à-vue mais j’étais pas sorti encore alors j’ai pas signé. Ils m’ont dit qu’ils attendaient le procureur. Je suis resté plusieurs heures comme ça, mais ils m’ont pas dit qu’ils avaient renouvelé la garde-à-vue, personne ne m’a rien dit ou n’a ramené de feuille, jusqu’au lendemain à 11h.

Là un policier m’a dit « tu vas aller a Vincennes » J’étais content car je sortait du commissariat, j’en pouvais plus de rester dans le commissariat.

J’avais rien signé dans le commissariat. Là le policier a ramené les feuilles pour Vincennes alors j’ai signé car c’était un cauchemar le commissariat. Ils m’ont mis dans le camion de la police pour m’emmener a Vincennes.

Le policier qui m’a frappé, il a frappé un mineur avant qui habite à l’hôtel.

Mes affaires sont toujours avec le sang. C’était comme un robinet comment je perdait du sang. Toutes mes affaires sont salies avec du sang, les baskets, mon tee shirt, mon pantalon. Je vais passer devant le juge comme ça.

Là j’ai mangé un peu, j’ai récupéré un peu mais j’ai toujours des douleurs dans le crâne.

J’ai même pas eu un scanner, des fois j’oublie des choses, car j’ai pris des coups de matraque sur la tête et j’ai mal, j’ai eu que du doliprane. J’ai perdu plein de sang et de kilo pendant la garde-à-vue.

J’ai un film dans ma tête, tout repasse dans ma tête, j’arrive pas à dormir. Les policiers m’ont fait beaucoup de mal. »

Opération Mos Maiorum, bilan

26 octobre 2014

L’opération Mos Maiorum se termine. D’après les informations qu’on a réussi à recueillir, en France la chasse aux migrant-e-s a pris deux formes pendant ces deux dernières semaines :
– Des opérations de contrôle spécifiques à Mos Maiorum, menées par des petites patrouilles de flics, pacifiées, dont le but était uniquement la prise d’informations.
– Des rafles massives comme nous en pond régulièrement le pouvoir, Mos Maiorum ou non, afin d’arrêter et enfermer les gens. Peut-être qu’elles ont été plus fréquentes que d’habitude durant les deux semaines de l’opération, on peut imaginer que la France a raflé gratos grâce aux subventions européennes débloquées pour Mos Maiorum.

Face à ça on a assisté à une mobilisation un peu partout en Europe, au travers de manifs, diffusion de tracts, collages d’affiches, mise en place d’outils communs, échanges de contre-infos. Il est certains que les rafles ne s’arrêteront pas avec Mos Maiorum, mais espérons que les solidarités continueront de se tisser et que nous serons capables d’entraver concrètement la machine à expulser.

Feu aux frontières !

22 octobre 2014

– Une manif contre Mos Maiorum était appelée aujourd’hui à 16h à la Gare centrale de Bruxelles.

Des affiches et des tracts contre les rafles sont sortis à Marseille dans différentes langues

21 octobre 2014

– Une opération  de contrôle massive a été déployée à l’extérieur et à l’intérieur de Gare du Nord : 5 fourgons de CRS dont un dans lequel ils faisaient monter les gens pour les contrôler et les fouiller, une patrouille flashball à la main devant la gare, des flics en civil et des petits groupes à l’intérieur.

20 octobre 2014

– 8ème jour de l’opération, des contrôles ont eu lieu autour de la gare de l’Est et ce matin à Porte de Bagnolet autour des chantiers.

En Europe : Italie, Belgique, et mise à jour, la carte des contrôles en Europe.


19 octobre 2014

– En début d’après-midi des flics de la PAF (Police aux Frontières) étaient présents en nombre à Gare du Nord sur trois quais et dans le hall.

– En fin d’après-midi des gendarmes et CRS ont effectué de nombreux contrôles à Barbès.

– A Marseille, un certain nombre de personnes arrêtées durant les trois jours précédents auraient été expulsées vers la Tunisie par bateau hier matin.

                                                                                                                                                             

17 octobre 2014.

– De nouveaux des contrôle à Barbès, Château rouge et aussi vers Stalingrad. De nombreuses personnes sont arrivées au centre de rétention de Vincennes ces derniers jours.

– Jeudi à Hendaye plusieurs contrôles ont eu lieu à la frontière avec l’Espagne, au niveau de la gare et du pont Saint-Jaques, qui relie la France et l’Espagne.

– Mardi, à Bordeaux, des contrôles ont eu lieu place de la victoire, cours de l’Argonne et rive droite


 

16 octobre 2014.

– Important contrôle de papiers dans les rues du quartier Anvers/Montmartre.

– Une nouvelle rafle a eu lieu à Barbès, plusieurs dizaines de personnes embarquées.

Hier en gare du Mans, grosse opération de contrôle au faciès, entrées de la gare et quais.

– Des contrôles ont également été signalés en gare de Portbou et Toulouse.

– Nouvelles traductions en amharique et en kurde


 

15 octobre 2014.

– Cet après midi, les contrôles ont continué à Gare de l’Est entre les couloirs du métro et le hall de la gare. Les flics posaient des questions sur le parcours des gens, notaient puis les laissait repartir, comme à Gare du Nord hier et avant hier.

D’autres contrôles de papiers ont eu lieu, aux stations RER Saint Maur (+ police municipale) et Boissy-Saint-Léger, et dans le 19ème arrondissement, entre Corentin Carriou et 4 Chemins.

!! Tous ces contrôles ne sont pas forcément en lien avec l’opération Mos Maiorum, quand nous en sommes sûr nous le précisons

– Ce matin, contrôle en Gare de l’Est, métro Châtelet et peut être à la gare Montparnasse. (On n’a pas plus de précision s’il s’agit d’opération Mos Maiorum).

– Hier, une grosse opération de police à Barbès : 53 arrestations d’après la rumeur.

– Hier encore, en Gare de Nantes, des contrôles ont eu lieu. Les personnes contrôlées, toutes au faciès, ont été interrogées (Mos Maiorum) sur place puis relâchées.

– À Marseille, plusieurs contrôles dans le quartier de Noailles et enfermements au CRA du Canet.

– Des contrôles ont également eu lieu à Calais.

– Plusieurs outils ont été mis en place au niveau européen :

Une carte interactive des contrôles en cours en Europe où chacun-e peut signaler la présence de flics.

application pour Android : http://download.ushahidi.com/track_download.php?download=android ou iOS : http://download.ushahidi.com/track_download.php?download=ios

Et pour les utilisateurs/trices de twitter, le hashtag #ReportMosMaiorum https://twitter.com/MapMosMaiorum

(les infos sont reportées sur la carte après)

Deux nouvelles traductions de l’affiche sont disponibles en Turc et en Roumain

 


14 octobre 2014. 

Les contrôles ont continué aujourd’hui à Gare du Nord. Dès ce matin des groupes de CRS et de la ferroviaire patrouillaient dans le hall. Un cordon de policiers ferroviaires et de contrôleurs bloquait à nouveau l’accès au train pour Calais, tandis que des CRS étaient positionnés en bout de quai.

En fin d’après midi au métro Porte de Bagnolet des CRS et des contrôleurs étaient présents. Nous n’avons pas plus d’informations mais ils intervenaient apparemment dans le cadre de Mos Maiorum.

Les personnes arrêtées hier à Grenoble n’ont à priori pas été placées en rétention, nous n’avons pas plus de nouvelles.

 


13 octobre 2014. Les contrôles dans le cadre de l’opération Mos Maiorum ont commencé.

Aujourd’hui en fin de journée un contrôle a eu lieu à Gare du Nord : des groupe de flics (PAF, CRS, SNCF) ont patrouillé et contrôlé plusieurs personnes dans le hall de la gare. Ils leur ont posé des questions sur d’où ils venaient, où ils allaient, depuis quand ils étaient en france, etc., et notaient les réponses dans un calepin (pas de formulaire). Les personnes n’ont a priori pas été embarquées (du moins pas celles que les personnes présentes sur place ont vu se faire contrôler). Plusieurs flics étaient aussi postés sur la voie des trains en partance pour Calais avec barrage de contrôleurs à l’accès au train. Ils avaient une réquisition du procureur qui leur permettaient de contrôler dans la gare et aux abords jusqu’à 21h.

Ce matin plusieurs flics étaient présents à la station de RER Saint Michel mais rien ne permet de dire s’il s’agissait de Mos Maiorum, d’une rafle comme il y en a tous les jours dans les transports et les rues ou de l’occupation policière permanente de la ville.

À Grenoble ce midi une vingtaine de personnes ont été arrêtées dans le quartier de la Gare, menottées puis à priori emmenées au commissariat de Grenoble. Il y a eu nombre de contrôle d’identité au faciès toujours dans la même zone, effectuées par une vingtaine de policiers avec des chiens.

OPPOSONS NOUS AUX CONTRÔLES ET AUX ARRESTATIONS

[Radio] Émission Sans Papiers Ni Frontières du 3 octobre 2014 en ligne

Émission Sans Papiers Ni Frontières du 3 ocotbre 2014

Au sommaire :

Brèves : Sequedin / Belgique / Australie

Rafles dans le 18ème arrondissement, l’État de siège

Calais, entre attaques fascistes et pression policière

Méditerranée, toujours plus de répression toujours plus de morts

Agenda

Téléchargez/écoutez l’émission ici

Émission tous les premiers vendredi du mois de 19h à 20h30 (rediffusion le mardi suivant à 8h)
sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM en région parisienne et sur internet partout ailleurs

Prochaine émission le 7 novembre 2014

[Paris] État de siège dans tout l’Est du 18ème arrondissement

État de siège dans tout l’Est du 18ème arrondissement

Depuis plusieurs jours les opérations de police se succèdent dans toute la zone comprise entre boulevard de La Chapelle et boulevard Ney (La Chapelle, Barbès, Porte de Clignancourt).

Mardi 23 septembre, autour du métro La Chapelle, plus de 150 personnes ont été arrêtées à 6 heures du matin alors qu’elles dormaient sous les ponts du métro. La police, qui recherchait des personnes sans papiers cherchant supposément à rejoindre Calais, a embarqué tout le monde au commissariat de la rue de l’Évangile. Là, chacun a été forcé à donner ses empreintes, sous les coups pour ceux qui refusaient. Tous ont ensuite été libérés sans aucune explication, ni document.

L’après-midi et les deux jours qui ont suivi (mercredi 24/09 et jeudi 25/09) plusieurs patrouilles de dizaines de flics ont quadrillé les quartiers de La Chapelle et de Barbès/La Goutte d’Or, contrôlant, fouillant et arrêtant toutes celles et tous ceux qui se trouvaient là : migrants et migrantes visiblement sans papiers, vendeurs et vendeuses à la sauvette, personnes habitant le quartier ou passant par là à pied ou en voiture. Une réquisition du procureur leur donnait l’autorisation (et pour plusieurs jours encore ?) de contrôler au faciès n’importe quelle personne de 15h à 21h. Accompagnés de chiens policiers et suréquipés : matraque à la main, flashball pointé et gazeuse à volonté. Leur but est manifestement de semer la terreur pour “pacifier le quartier” et de bien faire comprendre à tous et à toutes “c’est qui qui commande”. Plusieurs personnes présentes jeudi soir ont manifesté leur solidarité et se sont faites prendre à partie par les flics, contrôlées et arrêtée pour l’une d’entre-elle.

Cette agression permanente des chiens de garde du pouvoir est intolérable. Amplifions la solidarité et refusons de nous laisser faire, occupons la rue et diffusons d’autres idées et pratiques que celles du chacun pour soi et tous contre tous, en distribuant des tracts, en collant des affiches, en organisant des rassemblements et des manifestations, en aidant celles et ceux qui sont la cible des rafles à échapper aux flics, en apportant du soutien aux personnes arrêtées, en discutant avec celles et ceux qui comme nous en ont marre que l’État, ses lois et ses flics nous empêchent de vivre.

 

State of siege in all the east of the XVIIIth district

For several days there has been one police operation after the other in all the area included between boulevard La Chapelle and boulevard Ney (La Chapelle, Barbès, Porte de Clignancourt).

Tuesday the 23rd of september, around the métro station La Chapelle, more than 150 persons were arrested at 6 a.m. whereas they were sleeping under the elevated railway. The police, looking for undocumented people supposedly trying to get to Calais, brought everyone at the police station of rue de l’Evangile. There, each one was forced to give his/her finger prints, under the blows for the ones who were refusing. And everybody was released without any explanation or document.

The afternoon, and the two days after (wednesday 09/24 and thursday 09/25), several patrols of about ten cops covered the districts of La Chapelle and Barbès/La Goutte d’Or, controlling, searching and arresting migrants apparently undocumented, street hawkers, local residents and passer-by on foot or by car. A prosecutor requisition was authorizing them (and who knows for how long ?) to control on appearance bases anyone from 3 p.m. to 9 p.m. Accompanied by police dogs and over-equipped : bats hand-held, flashball pointed and teargas unlimited. Their goal is obviously to spread terror in order to « pacify the district » and make everybody understand well « who’s in charge ». Several persons present on thursday evening expressed their solidarity and were taken to task by the cops, controlled and arrested for one of them.

These permanent attacks by the watch dogs of power are intolerable. Let’s intensify solidarity and refuse to be messed around, let’s occupy the street and spread other ideas and practices that the ones of « everyone for him/herself and all against all », handing out leaflets, sticking posters, organizing gatherings and demos, helping people targeted by raids to escape from the cops, lending our support to arrested persons, talking with the ones who are, like us, sick that the state, its laws, and its cops, prevent us from living.

 

[Paris] Rafles entre Barbès et La Chapelle

7 & 8 août 2014. Dans la continuité des expulsions à Calais, plusieurs rafles ont eu lieu à Paris entre les stations de métro Gare du Nord, Gare de l’Est, La Chapelle et Barbès, lieux de regroupement de nombreux/ses migrant.e.s afghan.ne.s, érythréen.ne.s, somalien.ne.s.

Jeudi 7 août au soir, 30 personnes ont été arrêtées entre Gare du Nord et Gare de l’Est puis enfermées au centre de rétention de Vincennes (beaucoup plus ont été contrôlées). Vendredi, c’est à 6h30 du matin que les flics sont venus arrêter ceux et celles qui dorment dans des campements de fortune sous le métro aérien entre les stations La Chapelle et Barbès. 40 d’entre-elles ont été enfermées dans les prisons pour étrangers de Vincennes et du Mesnil-Amelot.

L’État et la préfecture visent particulièrement dans leurs rafles celles et ceux qui seraient susceptibles de rejoindre la région de Calais pour ensuite tenter de passer en Angleterre.

Là-bas la situation est assez tendue : entre pression policière et tentatives de passages ratées la tension monte entre les gens. L’occupation Galou tient toujours.

Entre début juillet et mi-août, ce sont plus de 300 migrant.e.s originaires d’Afrique de l’Est et d’Asie du Sud qui ont été enfermé.e.s par l’État.

Pour suivre la situation à Calais :

Calais Migrant Solidarity

Passeurs d’hospitalité

Et à écouter, un reportage réalisé par les camarades de l’émission Au fond près du radiateur sur FPP : « Nous n’avons accès à rien et les violences policières sont quotidiennes »

 

[Barbès] Suite aux arrestations de mercredi dernier

UNE GRANDE PARTIE DES PERSONNES ARRÊTÉES MERCREDI SONT SORTIES AUJOURD’HUI, GRÂCE À DES VICES DE PROCÉDURE SOULEVÉS PAR LES AVOCATS DEVANT LE JUGE DES LIBERTÉS ET DE LA DÉTENTION. LORS DE L’AUDIENCE ON A APPRIS QUE MERCREDI DEUX RAFLES AVAIENT LIEU EN PARALLÈLE : UNE DANS LE QUARTIER DE BARBÈS ET UNE AUTRE DANS LE QUARTIER ENTRE LE MÉTRO SIMPLON ET PORTE DE CLIGNANCOURT.

PLUS D’INFOS BIENTÔT

 

Mercredi 11 juin, une rafle d’envergure a eu lieu à Barbès. Des dizaines de personnes ont été encerclées, menottées et contrôlées sur la place du café Le royal, par des CRS et des flics en civil. De nombreux sans-papiers ont été arrêtés et 17 d’entre eux envoyés au CRA de Vincennes. Ils passeront lundi devant le Juge des libertés et de la détention de Paris et au Tribunal administratif.
Ce n’est pas la première fois que les flics bouclent et ratissent le quartier de Barbès afin de traquer les sans papiers : en juin 2013 lors d’une opération similaire plus d’une centaine de personnes avaient été arrêtées. A chaque fois le ratissage est préparé en amont par la préfecture de police, la justice et la mairie qui travaillent main dans la main pour chasser pauvres et sans papiers des quartiers qu’ils n’ont pas encore réussi à aseptiser. Les laisser faire sans réagir c’est leur signifier que la chasse est belle et bien ouverte et peut s’amplifier.

Soyons nombreux et nombreuses dans les salles d’audience pour montrer notre solidarité.

Pour le JLD rendez-vous lundi 16 juin à 10h, TGI de Paris, audience du 35bis (métro cité)
Les 17 personnes doivent passer aussi le même jour au tribunal administratif à 13h, au 7 rue de Jouy, metro saint Paul.