Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Hotspots, barbelés, opération Eunavfor med, … la guerre aux migrant-es s’intensifie. Les luttes et les solidarités doivent se propager et s’amplifier ! & Brèves des frontières #5, luttes et solidarité – mi novembre 2015

Hotspots, barbelés, opération Eunavfor med, … la guerre aux migrant-es s’intensifie.
Les luttes et les solidarités doivent se propager et s’amplifier !

Chaque jour, les États européens annoncent la mise en place de nouvelles mesures répressives contre les migrant-es. Les rencontres entre dirigeants se multiplient, des accords de coopération sont passés, des moyens financiers sont débloqués. L’armée est déployée en Méditerranée et le long des frontières, les murs s’érigent en Hongrie, en Bulgarie, des nouveaux camps d’enfermement ouvrent en Italie, en Grèce, dans les Balkans…

L’Union européenne déclare hypocritement qu’elle fait face avec humanité à la situation de milliers de personnes qui essaient et/ou réussissent à rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure. En réalité, la situation à laquelle les migrant-es sont confronté-es est celle d’une guerre menée par les États européens.

En Méditerranée, l’opération militaire conjointe Eunavfor med continue. Après une première phase de « reconnaissance » la phase 2, rebaptisée « opération Sophia », permet aux forces militaires d’arraisonner en pleine mer les navires de migrant-es ainsi que de détruire les bateaux sur les côtes libyennes qui pourraient être utilisés par des passeurs. Six bateaux de guerre européens (italiens, français, allemand, britannique et espagnol) et 1300 militaires sont mobilisés pour cette opération qui est comme toujours présentée comme une lutte contre le trafic d’êtres humains et une action humanitaire pour empêcher les naufrages. Mais cette opération s’inscrit dans la continuité de dizaines d’autres, menées depuis des années au large de l’Europe par l’agence de surveillance des frontières Frontex et a en réalité pour but d’empêcher les migrant-es d’atteindre les côtes européennes et d’arrêter et d’enfermer ceux/celles qui y parviennent.
Pendant ce temps, les naufrages continuent. Les conséquences de ces opérations, ce sont les mêmes que depuis des années : des routes de plus en plus dangereuses, donc de plus en plus de mort-es (près de 5 000 personnes ont trouvé la mort en tentant de rejoindre le territoire européen depuis janvier 2014, plus 30 000 depuis vingt ans), et des tarifs de plus en plus cher, car la loi des passeurs est celle de l’économie capitaliste : plus c’est compliqué et risqué, plus c’est cher.
À travers ses politiques répressives, l’Europe enrichie ceux qu’elle prétend combattre et assassine ceux/celle qu’elle prétend sauver.
À terme, une troisième phase de cette opération prévoit des opérations au sol, notamment en Libye.

Dans les Balkans, à l’Est de l’Europe, des murs sont construits, l’armée se déploie le long des frontières pour empêcher les migrant-es de passer et les contenir dans des camps d’enfermement où ils/elles sont trié-es, identifié-es et autorisé-es au compte-goutte à passer ici où là.
Après la Hongrie, qui a érigé deux murs de barbelés à ses frontières avec la Serbie et la Croatie, l’Autriche, la Slovénie et la Macédoine envisagent à leur tour d’en construire. Aux confins de l’Europe, les murs anti-migrant-es se font de plus en plus nombreux et de plus en plus barbares : les pieux et les lames de rasoir sont là pour mutiler quiconque aurait l’audace de tenter le franchissement.
En Slovénie ou en Hongrie, l’armée est déployée le long des frontières et a ordre de tirer. En octobre, un migrant afghan a été tué par balle par les gardes frontière bulgares alors qu’avec un groupe il tentait de passer la frontière à pied.

En se parant d’un vernis humanitaire, l’Union européenne joue la division entre bon et mauvais migrant-es et annonce qu’elle va accueillir 160 000 réfugié-es sur deux ans, dans le cadre du « Programme européen de relocalisation ». Ces « bon réfugié-es » doivent maintenant être répartis entre les 28 pays de l’UE, comme on se réparti des sacs de merde. Mais n’en doutons pas, ceux/celles qui seront choisit seront ceux/celles qui occupaient une situation sociale aisée dans le pays qu’ils ont fui, ceux/celles qui seront « intégrables » et « utiles » pour l’économie capitaliste : diplomates, journalistes, médecins, universitaires, etc.
Le versant de ce « programme de relocalisation », c’est le « plan d’action pour le retour », qui prévoit l’expulsion de 400 000 personnes. Cette politique d’expulsion massive sera confiée à l’agence européenne Frontex qui voit son budget et son champ d’action élargi, avec la création d’une unité spéciale expulsions.

Pour mener à bien cette politique de « gestion des flux migratoires », des « centres d’identification et de tri », appelés hotspots, sont ouverts, pour l’instant à titre expérimental en Italie et en Grèce. Ces prisons pour étrangers, comme il en existe déjà à travers tout le continuent européen et au-delà, sont coorganisés par les agences européennes Frontex (surveillance et blocage des frontières), Europol (coordination des polices européennes), Eurojust (coordination judiciaire européennes) et EASO (coordination de la politique d’asile) et servent de lieux de tri entre les « bon réfugié-es » qui auront le droit à l’asile et les « mauvais migrant-es » qui seront expulsé-es vers leur pays d’origine ou des pays tiers. Toutes les procédures d’identification et de gestion des migrant-es y sont menées : prises d’empreintes, fichage dans les bases de données européennes (EURODAC), enquêtes sur les réseaux de passeurs, expulsions collectives. La photographie et la prise d’empreinte digitale sont fondamentales dans ce système dont l’objectif est de ficher et de trier. Il est prévu que les migrant-es refusant de s’y soumettre fassent l’objet de mesures coercitives.
À travers la mise en place de ces camps l’UE veut contenir les migrant-es aux portes de l’Europe, les empêcher de continuer leur voyage vers d’autres pays et faciliter les expulsions. Des négociations sont en cours, notamment avec la Turquie, afin d’ouvrir des hotspots dans les pays frontaliers, dits « tampons » et externaliser la gestion et l’enfermement des migrant-es.
Depuis des années, les États d’Europe délèguent leur politique répressive aux pays frontaliers afin de bloquer les migrant-es en amont. L’Europe apporte un soutien financier et matériel à de nombreux pays en échange de leur coopération à la gestion des frontières européennes.

À l’opposé, partout en Europe, personnes migrantes et personnes solidaires s’organisent collectivement pour passer les frontières, déjouer les contrôles, trouver des logements et exiger des papiers pour tou-te-s (ou pour personne). Des solidarités concrètes et auto-organisées se mettent en place allant à l’encontre des logiques caritatives et humanitaires, qui sont une énième forme d’oppression et de contrôle. L’humanitaire n’est qu’une autre facette de la répression des migrantes, car il créé un rapport de domination entre la personne qui donne et celle qui reçoit, reléguée à une position subalterne, dépossédée de toute autonomie. Mais personne n’est dupe et ne se laisse aveugler par les discours et les promesses des businessmans de la charité.
Partager un repas, échanger des informations pratiques, écrire et diffuser un journal sur les luttes et les expériences communes, organiser des manifestations, résister aux rafles et aux expulsions, passer les frontières, occuper un bâtiment vide, etc., sont autant de pratiques qui abattent les murs qui nous séparent et tendent vers des rapports d’égalité et d’échange, à l’encontre des logiques paternalistes et racistes dans lesquelles le pouvoir veut nous enfermer.
Aujourd’hui plus que jamais, alors que cette guerre s’intensifie et que dans toute l’Europe, le pouvoir réprime et traque celles et ceux qui lui prouvent chaque jour que sa forteresse n’est pas si bien gardée, nous devons être solidaires des luttes auto-organisées des migrant-es et multiplier réflexions et initiatives contre le contrôle, les frontières et les États.

Novembre 2015

 

Brèves des frontières #5, luttes et solidarité – mi novembre 2015

Paris (France). Le 6 novembre, les juges ont rendu leur verdict et condamné 4 personnes, 3 militant-es et un réfugié traducteur, suite à l’accusation de séquestration portée par Emmaüs après le mouvement de protestation contre les conditions de vie au centre Pernety :

La solidarité avec les migrant-es condamnée !!

4 mois de prison avec sursis et 1600 euros à verser aux parties civiles ainsi que 200 euros d’amende pour refus de prélèvement ADN, voilà le verdict pour les trois personnes qui étaient venues soutenir des migrant-es en grève de la faim dans un centre d’hébergement Emmaüs et le traducteur. La justice veut faire des exemples et dissuader la solidarité avec les migrant-es.
Depuis plusieurs mois, migrant-es et personnes solidaires luttent pour des logements, des papiers et la liberté de circulation. Manifestations, rassemblements, occupation de bâtiments, de rues, de places… s’enchaînent sans faiblir. En dépit de la répression et des pressions policières, des mensonges médiatiques et des fausses promesses de la Mairie destinées à casser le mouvement, rien ne parvient à enrayer la détermination des migrant-es et des personnes solidaires.

Dans les centres d’hébergement aussi, des mouvements de protestation ont lieu. Le 1er en date, le 4 août dernier, a lieu dans le centre d’hébergement Emmaüs situé dans le centre de rétention de Vincennes. Les migrant-es occupent les locaux et obtiennent satisfaction de leurs revendications : amélioration des conditions d’hébergement et suivi des démarches administratives. Quelques jours plus tard, au centre Pernety le 12 août, les migrant-es sont en grève de la faim car aucune promesse faite par la Mairie, l’Ofpra et FTDA, n’est tenue. Pas de suivi administratif, pas droit de visite, suivi médical aléatoire, pas de cours de français, peu de tickets de métro… Ils et elles prennent contact avec trois personnes solidaires qui viennent constater la situation et tentent de rendre public leur mouvement. Un sit-in dans le hall de l’ancien hôtel a lieu ; le personnel Emmaüs appelle la direction et Bruno Morel (directeur d’Emmaüs) décide qu’il s’agit d’ « une séquestration », appelle la police pour embarquer tout le monde. Deux occupations en quelques jours… pas question de laisser passer. Forces gendarmes mobiles déboulent dans l’immeuble, « sécurisent les lieux » et puis embarquent les 4 personnes extérieures à la structure. Embarquer les migrant-es, ça fait mauvais genre. C’est parti pour 65 heures de privation de liberté et de pressions policières. Pendant ce temps-là, alors même que le personnel d’Emmaüs se refusait à écouter les revendications des migrant-es, le suivi administratif se met miraculeusement en place, la qualité de la nourriture s’améliore. La solidarité n’aura pas été vaine !

À mesure que les campements puis le Lycée Jean Quarré sont expulsés, de plus en plus de migrant-es se retrouvent en centres d’hébergement et en découvrent la réalité. Des lieux où les personnes hébergées sont infantilisées, dépossédées de leur vie où les conditions matérielles sont souvent exécrables. Des lieux de relégation pour disperser, isoler et casser toute organisation collective. Pourtant dans ces centres d’hébergement, les mouvements de protestation se multiplient comme à Place de Clichy ou à Champcueil. Et les travailleurs sociaux y jouent parfois aux flics. Ainsi, au formule 1 de Saint-Ouen géré par le groupe SOS, « entreprise sociale », alors qu’un migrant refuse de quitter le centre et menace de se suicider, un travailleur social ne trouve rien de mieux que d’appeler les flics. Le migrant reçoit deux coups de tazer à bout portant et doit être conduit à l’hôpital.

Place de la république les migrant-es luttent pied à pied contre la pression policière depuis près de 15 jours pour maintenir leur campement. La Mairie voudrait bien les voir disparaître mais ils et elles sont déterminé-es à rester visibles et à se faire entendre. Sur cette belle place toute refaite, leur campement est éminemment dérangeant. Un « désordre visuel » a dit la flicaille. Et bien amplifions donc le désordre ! Et soyons solidaires des migrant-es qui restent debout, ces survivants de la guerre que leur livrent la France et l’Europe, ici à Paris, à Calais, en Méditerranée.

Ni la répression et l’intimidation policières ni leurs supplétifs judiciaires n’entameront pas notre détermination ! Source

Le même jour, une 60aine de personnes se sont rassemblées devant la préfecture boulevard Ney, où se fait l’enregistrement des demandes d’asile, contre le système Dublin. Ce règlement prévoit qu’une personnes ne peut déposer sa demande d’asile dans le pays de son choix si elle a été identifiée avant dans un autre pays (prise d’empreinte, enregistrement dans la base de donnée Eurodac). Voici l’appel au rassemblement : Stop au règlement Dublin !

Le soir, un rassemblement était appelé par les migrant-es du campement de la place de la République : « Nous faisons appel à vous pour se rassembler avec nous vendredi soir à 20H00 pour résister avec nous pour mettre les tentes et les bâches et soutenir nos revendications ». 500 personnes ont répondu présentes et des bâches et tentes ont pu être installées sans que les flics ne puissent intervenir.

Depuis le 24 octobre, le campement a été systématiquement détruit ou empêché de s’installer par les flics, dans une opération de harcèlement quotidien. Le soir la police empêchent de tendre des bâches, arrachent les banderoles, et le matin, elle vient réveiller tout le monde à coup de lampe dans la figure et de coups de pieds dans les matelas. Ce harcèlement quotidien vise à détruire les personnes moralement et physiquement pour qu’elles renoncent à rester ensemble, à s’organiser et à revendiquer des papiers et des logements pour tou-te-s.

Déjà, le 2 novembre, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté, migrant-es et solidaires, de la place de la République à celle du Châtelet, dans une ambiance solidaire et déterminée.

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Le 13 novembre, mairie et police sont venus « évacuer » les migrant-es et expulser le campement. Des flics et des travailleurs sociaux ont emmené dans des bus une partie des migrant-es vers des centres d’hébergement dont ils/elles ne connaissaient pas la destination (comme d’habitude), tandis que ceux/celles resté-es sur la place, une cinquantaine de personnes, se sont ensuite fait chassé-es. Les camions de la propreté de la ville ont tout nettoyé, place nette, et encore une opération de dispersion réussie pour les autorités ! Voir le texte Évacuation des migrants de République : bricolage et impasse.

Une nouvelle manifestation etait appelée pour le 15 novembre, mais elle a été interdite suite aux attentats du 13 novembre.

 

Saint-Denis (France). Lundi 9 novembre, plusieurs migrants hébergés dans un foyer Adoma suite à l’expulsion du lycée Jean Quarré devaient être expulsés du centre. Un piquet de solidarité a été organisé le jour même et les 11 personnes qui devaient être expulsées ont finalement pu ré-intégrer le foyer en attendant qu’une autre solution d’hébergement soit trouvé.

Voici le communiqué rédigé par les migrant-es du centre :

« Nous sommes migrants, nous sommes plus que 35 en tout, des maghrébins, des soudanais. Demain nous allons être 11 à la rue comme beaucoup après l’expulsion du lycée Jean Quarré (la préfecture avait annoncé qu’il y a aurait au moins un mois d’hébergement pour tous, c’était le 24 octobre). Nous étions ensemble au lycée Jean Quarré; beaucoup sont demandeurs d’asile. Ce que nous voulons c’est d’être toujours là, rester au foyer et d’avoir la régularisation pour tous. »

 

Triel-sur-Seine (France). Le 7 novembre au matin, 40 fascistes ont investit le toit d’un centre d’hébergement dans la ville de Triel-sur-Seine pendant plusieurs heures. Ce centre a été ouvert après l’expulsion du lycée occupé Jean Quarré en octobre. Déjà, quelques jours auparavant un migrant s’était fait agressé en sortant de la station RER. Rapidement, plusieurs personnes de la ville et des environs se sont rassemblées devant le centre pour exprimer leur solidarité avec les migrant-es.

Mais dans le centre, géré par la Croix-rouge, les problèmes ne sont pas seulement les fascistes. Comme dans beaucoup d’autres, aucun suivit des procédures de demande d’asile n’est mis en place et les conditions de vie y sont dures : éloignement de Paris, manque de soins pour les personnes malades, gestion carcérale par les personnels de la Croix-rouge et les vigiles, avec des cartes pour entrer et sortir, un appel quotidien et des fouilles des chambres, etc. Depuis la veille, une partie des migrant-es avaient entamé une grève de la faim et fait des banderoles qui ont été déployées dans l’après midi. Une négociation s’en est suivit avec le directeur général de la Croix-rouge qui a du infléchir sur un certain nombre de revendications.

Dans les alentours, un réseau de solidarité s’est mis en place et a appelé à un rassemblement/rencontre solidaire devant l’entrée du centre le 11 novembre. Une cinquantaine de personnes étaient présentes.

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Nantes (France). Un squat de migrant-es a été attaqué à coup de cocktails molotov dans la nuit du 7 au 8 novembre. Les 10 et 14 novembre, deux manifestations ont été appelées en pour affirmer la solidarité avec les migrant-es et face aux attaques de l’extrême droite. Source

Nantes 14 novembre 2015

 

Marseille (France). Le 5 novembre, des migrant-es et solidaires ont brièvement occupé la Plateforme Asile des Bouches du Rhône avant de se faire sortir par la police, pour protester contre les conditions de traitement des demandes. Source

Marseille quartier de la plaine 8 novembre 2015

Saint-Jean-du-Gard/Cévennes (France). Appel à la création du collectif Cévennes sans frontières :

Nous sommes quelques individus à nous réunir et nous organiser en soutien avec les exilé.e.s et contre les frontières…

Nous sommes contre les frontières et leur gestion militaire. Des barbelés gardés par l’armée aux camps de tri et d’identification, des déportations aux centres de rétentions, des rafles aux tribunaux, l’Europe mène une guerre contre les exilé.e.s.

Nous sommes contre la distinction opérée entre « réfugiés » et « migrants économiques ». Les États et les associations humanitaires instaurent cette différenciation en établissant un classement arbitraire entre les “bons” migrants à accueillir et les “mauvais” à expulser, ce qui justifie la répression et les déportations. Des papiers pour les uns, les menottes pour les autres ?

Nous sommes solidaires et nous souhaitons nous organiser avec les exilé.e.s, lutter contre les frontières et affirmer ensemble la liberté de circulation et d’installation pour tous. Nous pensons que chacune des actions qui permet à des personnes de passer un contrôle, d’échapper à une rafle ou à une expulsion, de s’installer pour mener une nouvelle vie participe à élargir les brèches des murs qui séparent les peuples. Nous ne voulons pas que notre rôle se limite à des opérations de charité. Nous sommes libres d’accueillir les richesses de ce monde.

Si les Cévennes sont géographiquement éloignées des points de crispation (comme Vintimille, Calais ou Marseille), les frontières se matérialisent partout. Des exilé.e.s sont déporté.e.s et enfermé.e.s dans des centres de rétention comme à Nîmes. Aux alentours d’Alès, des familles expulsées des centres d’hébergement sont accueillies par des personnes solidaires.

Nous avons déjà organisé une manifestation à Saint Jean du Gard, des tables d’infos sur les marchés, des collectes de matériel et des trajets vers Vintimille et Marseille. Nous souhaitons continuer en menant les actions suivantes :

Diffuser les revendications et témoignages des migrants, Tables d’infos sur les marchés, Collectes de matériel, Mise en lien avec d’autres initiatives (Marseille, Vintimille, Nîmes, Alès,…), Soutien des initiatives d’accueil, Organisation de cantines et concerts de soutien, Discussions et réflexions sur l’actualité. Source

 

Toulouse (France). Le 9 novembre un rassemblement était appelé pour dénoncer la situation à Calais et la récente politique de rafle, d’envois forcés et d’enfermement dans des CRA de toute la France, devant le centre de rétention de Cornebarrieu, où de nombreux migrants Calais ont été enfermés ces dernières semaines.

Liberté de circulation et d’installation pour tou.te.s !
De l’air, de l’air, Ouvrez les frontières ! Source

 

Perpignan (France). Après une rafle à Calais le 13 octobre, quatre migrants soudanais ont été enfermés au centre de rétention de Perpignan. Convoqués devant le consul du Soudan afin qu’ils reconnaissent leur identité et signent le laissez passer pour l’expulsion, ils ont refusé à plusieurs reprises de s’y rendre. L’un d’entre eux a été déféré au tribunal le 6 novembre accusé de « soustraction à une mesure d’éloignement ». Ils ont finalement tous les 4 été libérés !

 

Calais (France).

Nouveau camp d’État et déplacement forcé :

À Calais, l’État a prévu la construction d’un camp pour 1500 migrant-es, sur une zone de l’actuelle jungle. Ce camp sera composé de conteneurs aménagés, entourés de barbelés, géré par l’association La Vie Active et on ne sait pas encore quelles seront les modalités de contrôle. C’est l’entreprise bretonne Logistic Solution qui a décroché le marché de l’aménagement des conteneurs « modules d’habitation ». Ceux-ci, au nombre de 125, sont prévus pour 12 personnes. Sachant que les conteneurs de transport on une taille « normée », et que l’entreprise aménage les plus grand formats, ça donne ça : Longueur de 12,04 m x largeur de 2,33 m = 28,0532 m² / 12 personnes = 2,33 m² par personnes. Comme le dit si bien le directeur adjoint de l’entreprise Antoine Houdebine : « On a vraiment pensé ces conteneurs spécialement pour les migrants« .

Mais tout ne roule pas si bien pour les autorités et elles doivent faire face une fois de plus à la résistance. La construction de ce camp nécessite l’expulsion de 400 personnes de la zone où elle est prévue. Mais une bonne partie d’entre-elles résiste et refuse de partir.

Voici le communiqué qu’ils/elles ont rédigé :

– La construction du nouveau camp sera en plein milieu du camp actuel, mais ce n’est pas une véritable solution pour les problèmes des personnes réfugiées.

– La capacité du nouveau camp est de 1500 places, ce qui n’est pas suffisant pour la population réfugiée de Calais.

– La zone choisie par le gouvernement pour la construction n’est pas viable pour un camp.

– Les décisions prises par le gouvernement français nous paraissent peu claires.

– Le gouvernement français force des personnes réfugiées à évacuer la zone choisie pour la construction du nouveau camp.

En conséquence nous – les personnes réfugiées présentes dans cette zone – refusons de nous soumettre à cette irrespectueuse politique d’anti-solidarité. Le jour où le gouvernement nous forcera à partir pour démarrer les travaux, nous protesterons collectivement.

calais banderole resiste expulsion nouveau camp1

Mise à jour sur le déplacement forcé d’une partie de la Jungle

Le plan de construction du nouveau camp fermé de containers dans la Jungle qui devait commencer le 2 novembre a été retardé. L’association La Vie active (qui gérera le camp) et l’État disent que c’est à cause des « problèmes de communication » avec les gens qui vivent actuellement dans la zone de construction et présentent ce retard comme un simple malentendu.

La réalité est loin de ça. Les communautés qui font face à l’expulsion due à la construction de camp ont très bien compris les plans de l’État et savent clairement que leurs maisons seront détruites et que la nature répressive de ce nouveau camp va entraîner de nouvelles difficultés pour eux s’il est construit.

Le nouveau calendrier de construction qui a été communiqué est le suivant : pendant la semaine du 2 au 8 novembre, la Sécurité Civile va construire un camp de remplacement clôturé pour 500 personnes qui va servir provisoirement pour les gens qu’ils veulent virer de la zone de construction. Les tentes du camp de remplacement sont celles utilisées lors des situations d’urgence, type tremblement de terre.

À partir du lundi 9 novembre, La Vie active va commencer à demander à nouveau aux gens de partir volontairement vers les tentes de remplacement. Si les gens ne se déplacent pas d’ici la fin de semaine, les CRS seront appelés pour virer les gens de force -une recette que nous connaissons tous fort bien à Calais. Nous ne connaissons pas la date exacte où la « demande » sera remplacée par les matraques, les gaz lacrymogènes et les bulldozers, ce qui signifie que de la vigilance et du soutien sont nécessaires tout au long de la semaine.

Il existe différentes réponses à ce plan de construction par les communautés à qui il est « demandé » de se déplacer : certains se sentent un manque de puissance pour résister activement à ces plans, d’autres espèrent atteindre l’Angleterre avant la tentative d’expulsion. Mais depuis que ces plans sont devenus explicites, une résistance se développe dans la zone de construction planifiée et il est clair que beaucoup refusent de bouger. Et, pour citer une déclaration publiée récemment par des personnes vivant dans cette zone:

« Nous refusons de nous soumettre à cette irrespectueuse politique d’anti-solidarité. Le jour où le gouvernement nous forcera à partir pour démarrer les travaux, nous protesterons collectivement ».

Calais Migrant Solidarity, 7 novembre 2015

Le 12 novembre, les travaux de construction du camp on commencé avec l’arrivée de bulldozers dans la jungle.

Une expulsion humanitaire

Le 12 novembre au matin, la construction très retardée du « Nouveau Camp » à commencé.

Les travaux devaient commencer le 2 novembre 2015. Les associations ont déclaré que la date avait été retardée en raison de « problèmes de communication » avec les personnes vivant dans la zone. En fait, les gens ont toujours refusé de partir. (voir le texte Mise à jour sur le déplacement forcé dune partie de la Jungle).

Finalement, ce matin les travaux ont commencé. Le premier bulldozer est arrivé aux environs de 8h00. Il a roulé au milieu des tentes et des maisons des gens et a enlevé les poteaux rouges qui servaient de délimitation de la zone de chantier. Il a été rapidement suivit par d’autres véhicules de travaux tout au long de la matinée. Pour le moment, ils se sont limités à l’aplatissement des zones sans maisons et inondées et à la pose de clôtures délimitant la zone du site. Toutefois, il sera impossible pour eux de commencer la construction réelle tant que des personnes vivent encore dans la zone.

Peu de temps après sont arrivés une flopée de volontaires « humanitaires » des associations. Vêtus d’unepléthore de veste fluorescentes de couleurs différentes, ils ont tourné dans la zone d’expulsion, disant aux gens qu’ils devaient quitter leurs maisons et domiciles. Ils ont tenté de convaincre les gens que le nouveau camp serait de loin mieux, et beaucoup ont déclaré que si les gens ne se déplacent pas rapidement, la police viendrait les expulser par la force. Les 50 bénévoles présents étaient des membres des associations Salam et La Vie Active, y compris le président de l’association Salam qui a été vu expliquant avec véhémence à un groupe de réfugié ne parlant pas anglais qu’ils devaient se déplacer. Ils avaient apporté des bracelets orange, qu’ils distribuaient aux gens qui voulaient avoir une place dans le nouveau camp.

Cette apparition soudaine de véhicules de chantier et de bénévoles vêtus de fluo a convaincu certaines personnes de quitter la zone, de prendre leurs tentes et d’aller s’installer ailleurs dans la jungle. Toutefois, la grande majorité des gens a choisi de rester. Ils ont cité plusieurs raisons à ça, à savoir : les difficultés de vivre dans une grande tente avec 50 autres personnes qu’ils ne connaissent pas et sans aucune intimité, leur préférence pour leurs maisons, qu’ils ont construit eux-même, plutôt que quelque chose pour lequel ils n’ont pas pris part à la construction, la préférence de vivre au sein d’une communauté d’amis, et un manque total de confiance dans l’État français. Bon nombre des personnes vivant dans la jungle ne veulent pas du nouveau camp.

Cela ne devrait pas surprendre de voir à quel point certaines associations collaborent avec l’État. Elles ont une longue histoire de collaboration à Calais. Cependant, il est toujours choquant de voir des gens donner bénévolement leur temps pour des organisations qui font le travail de la police. Beaucoup de bénévoles ont fait valoir que la construction du nouveau camp était une étape nécessaire pour améliorer les conditions de vie dans la jungle et pour «amener aux gens l’aide dont ils ont besoin», mais en même temps, beaucoup reconnaissent la nature coercitive de ce qu’ils font, qu’à chacune de leurs demandes, elle soit appuyée par la menace de la violence d’État pour déplacer les personnes. Il y avait un grand sentiment de pessimisme, que rien ne pouvait être fait pour arrêter les inévitables offensives de l’État. Si les gens de la jungle avaient montré le même sentiment de défaitisme, ils seraient parti de la zone le 2 novembre et les travaux auraient déjà commencé !

À la fin de la journée, les bénévoles des associations sont partis et une petite partie de travaux avait eu lieu dans les zones inhabitées. Nous pensons qu’il y aura probablement une expulsion de la zone dans les jours à venir.

Calais Migrant Solidarity, 12 novembre 2015

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Dispersion dans les centres de répit et dans les centres de rétention

La stratégie de dispersion des migrant-es de Calais se poursuit. Le gouvernement et la préfecture se félicite que le nombres de migrant-es présent à Calais ai diminué, à coup d’enfermement en centre de rétention et d’éparpillement dans d’autres centres de tri qui ne disent pas leurs noms. Voir ce texte.

Patrouilles et attaques de police dans la Jungle :

Les CRS tirent des gaz lacrymogènes dans la Jungle

Dans la nuit du 2 novembre, vers 21 heures, des migrant-es ont été violemment attaqué-es par les CRS. Les affrontements ont duré près de 2 heures. Durant toute l’opération, à peu près 20 grenades lacrymogènes ont été tirées. Des migrant-es ont riposté en jetant des pierres sur les flics.

Quelques tirs ont touchés les zones de vie des réfugiés.

Vers 00h45 heures, a bloqué 25 personnes à l’entrée principale de la Jungle. En plus, une dernière bombe de gaz lacrymogène a été tirée. Ensuite, l’affrontement s’est terminé.

Source et vidéo

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La nuit du 8 au 9 novembre, des centaines de migrant-es se sont retrouvé-es sur l’autoroute, à côté de la jungle, bloquant le trafic pour tenter de monter dans les camions en partance pour l’Angleterre. Depuis plusieurs semaines, avec les renforts policiers, la multiplication des contrôles et des outils de surveillance, le passage est très difficile, voir impossible.

La police est intervenue, arrêtant la circulation sur l’autoroute et attaquant en tirant des centaines de grandes lacrymogènes. Des barricades ont été dressées sur l’autoroute et des affrontements ont duré une bonne partie de la nuit, blessant plusieurs policiers. Les gaz, tirés sur l’autoroute mais aussi en direction de la jungle ont blessés un nombre très important de migrant-es.

Le lendemain, de nouveau, des barricades ont été montées sur l’autoroute, à l’aide de mobilier urbain, et des pierres lancées sur les flics qui ont riposté au gaz lacrymogène. L’accès au port a été totalement fermé et des groupes de migrant-es bloquaient encore la circulation sur les routes d’accès à l’autoroute dans la matinée.

Suite à ces deux nuits d’affrontements, la préfecture a annoncé qu’un nombre plus important de policiers seraient présents autour et dans la jungle, ce qui laisse craindre une augmentation des rafles et des violences policières. La maire de Calais à quand à elle demandé l’intervention de l’armée. Plus de 1200 flics sont actuellement présents à Calais.

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Récits des nuits du 8 au 9 et du 9 au 10 novembre, publiés sur le blog Calais Migrant Solidarity :

Une nuit de défiance collective

Dans la nuit du 8 novembre, des personnes vivant dans la jungle ont réussi à bloquer l’autoroute qui longe la jungle. On pouvait entendre plusieurs camions klaxonnant, mais vers 23 heures, la police a totalement arrêté le trafic sur l’autoroute.

Malgré cela, dans la jungle, de grands groupes de personnes ont continué à se déplacer vers l’entrée. Ce mouvement de foule a continué même quand il était manifestement évident qu’il n’y avait plus de trafic vers le Royaume-Uni sur l’autoroute.

À minuit, alors que les gens étaient toujours sur l’autoroute, des groupes s’étaient aussi rassemblés sous le pont de l’autoroute à l’entrée de la jungle, et sur les rampes d’accès et de sortie de l’autoroute. Des cris et des chants comme « No jungle ! » pouvaient être entendus. Un groupe a utilisé des pierres pour battre de rythme sur la rambarde. Plusieurs panneaux de signalisation ont été mis à terre, à commencer par celui indiquant Calais. Les gens ont commencé à allumer des feux, avec des tentes cassées, des vêtements jetés et tout ce qu’ils pouvaient se procurer. Beaucoup de buissons et végétation sur le côté de la route ont été incendiées. Certaines personnes ont démonté les glissières de sécurité de l’autoroute. Tous ces matériaux combustibles ont été rassemblés pour former des barricades. De grands groupes de personnes tentaient de rejoindre l’autoroute, mais ont été maintes fois repoussés par l’utilisation massive de gaz lacrymogènes. Les personnes qui étaient là venaient de nombreux pays et parties de la jungle différentes. Beaucoup de gens ont fait des vidéos avec leurs téléphones.

Un porte parole du syndicat de la police a déclaré que près de 300 grandes lacrymogènes avaient été tirées. Le gaz a d’abord été tiré vers l’entrée de la jungle et sur l’autoroute, mais au fil de la nuit la police a tiré des quantités croissantes de gaz au cœur même de la jungle.

[…]

Video

Calais Migrant Solidarity, 10 novembre 2015 

calais 9 novembre 2015

Une nuit de punition collective par la police !

À nouveau, dans la nuit du 9 novembre, des personnes sans papiers ont bloqué l’autoroute près de la jungle avec des barricades. Cependant, ce ne sont pas que les personnes protestant qui ont été touchées par la répression, mais la police a décidé de punir collectivement une large proportion de la jungle.

Vers minuit on pouvait entendre des cris de protestation sur l’autoroute, tandis que la police lançait des gaz lacrymogènes dans la zone de la jungle la plus proche de l’autoroute, et que l’on pouvait entendre les klaxons des camions.

Les slogans des gens étaient « plus de jungle ! ». Au début, la police a lancé des gaz lacrymogènes pour chasser les gens loin de l’autoroute et les forcer à retourner dans la jungle. Les camions et voitures ont été en mesure de passer toute la nuit, même si la route a été partiellement bloquée par une barricade de fortune.

Beaucoup de manifestants de la jungle ont essayé de sauter dans les camions, mais cela a été vain. Un chauffeur de camion a brandi une arme à feu, la pointant sur les gens qui se trouvaient à côté de sa cabine. Tout au long de la nuit, les camions ont esquivé les barricades mises en travers de la route pour arrêter la circulation. À un moment donné, un groupe de 30 à 40 personnes a été totalement entouré de gaz lacrymogène, avec aucune issue possible, obligés de se recroqueviller au sol en boule.

L’utilisation par la police de gaz CS (lacrymogène) est devenu une pratique ordinaire inquiétante. Les gens de la jungle ont été soumis à un niveau sans précédent de guerre chimique, la même force de dissuasion chimique que celle utilisée en Palestine ou à Ferguson pleut sur le camp quasi quotidiennement. La police à la gâchette facile utilise la tactique de bombarder intensivement la zone autour d’eux, visant tour à tour tous ceux qui se déplacent. Cela veut également dire qu’ils attaquent les zones où n’y a aucune échappatoire, piégeant les réfugiés dans des chemins étroits et les buissons autour du camp. Ce n’est pas fait pour disperser les personnes, mais c’est une forme de punition collective.

En même temps que cette protestation se déroulait près de l’entrée principale de la jungle, une manifestation plus petite a commencé sur une route secondaire qui donne accès à l’arrière du camp. Sur cette route, des panneaux de signalisation ont été mis en travers et incendiés pour former des barricades. En réponse à cette deuxième manifestation, la police a tiré un tas de gaz lacrymogène, auxquels ceux qui manifestaient ont répondu avec des projectiles.

Sans se préoccuper pour les 60 ou 70 familles résidant dans cette zone du camp, la police a tiré gaz et flashball à travers le camp, brûlant une tente, un tas d’ordure, des arbres et des buissons.

Des mères criaient en français qu’il y avait des enfants dans le camp tandis que la police attaquait. Des groupes de famille revenant d’une autre partie de la jungle ont été prises au piège par une colonne de lacrymogène.

Tard dans la nuit, la police a fait des patrouilles pour trouver les migrants qui s’étaient cachés dans les buissons le long de la route. À un moment, un groupe de 20 flics a tiré du gaz en continu pendant 5 minutes jusqu’à ce que la zone soit entièrement recouverte de fumée.

Comme la nuit se poursuivait, l’intensité du gaz a augmenté. Le vent a ramené les vapeurs sur toute la partie ouest du camp. Le message de la police a été clair : si vous protestez, nous vous punirons tous. Il y a également eu de nombreuses blessures causées par les grenades lacrymogènes tombant sur les gens, des brûlures et des blessures.

Les blessures de cet assaut sont difficiles à quantifier, il est facile de compter les nombreux problèmes respiratoires, les irritations des yeux et brûlures de la peau, mais le traumatisme psychologique est difficile à voir. Les personnes fuyant des conflits sont traitées par le meilleur de l’hospitalité française : une nuit de répression chimique sur l’ensemble de la population du camp.

Calais Migrant Solidarity, 10 novembre 2015

calais 9 novembre 2015 2

Entre le 10 et le 11 novembre, pour la troisième nuit consécutive, les flics ont de nouveau attaqué la jungle à la grenade lacrymogène (une centaine utilisée) et des canons à eau ont été déployés à l’entrée du camp. Des migrant-es ont riposté et plusieurs personnes ont été arrêtées puis relâchées. Encore une fois, de nombreuses blessures sont constatées. Source

Dans les médias, les autorités locales et la préfecture multiplient les déclarations et dénoncent la violence et l’implication de « militants no borders » dans les affrontements, militant-es qui organiseraient et pousseraient les migrant-es à ces affrontements. C’est l’éternel épouvantail de « la frange radicale manipulatrice » qui est agité pour justifier le déchaînement de répression des flics et la politique meurtrière mise en place à Calais. De même que pour justifier des opérations de guerres en Méditerranée, le pouvoir agite celui des « réseaux de passeurs ».

Ce discours pue le paternalisme et le racisme. Il y a bien eu, durant ces trois nuits, une défiance collective contre la police et des actions de blocage de l’autoroute pour tenter de monter dans les camions qui font route vers l’Angleterre. Ces actions/ripostes sont autonomes, auto-organisées, spontanées. Les personnes qui y ont participé n’ont pas besoin d’être « aidées » ou « dirigées » par quelconque militant-e européen-ne. Que des personnes se réclamant -ou pas- no borders y ait -ou pas- participé n’intéresse personne mis à part les chantres du pouvoir et de la répression. Depuis des mois, des groupes de migrant-es s’organisent collectivement pour tenter de passer en Angleterre, pour occuper des maisons vides, pour résister aux injonctions de la police et de l’État, pour organiser des manifestations. Toutes ces initiatives doivent être soutenues car elles mettent à mal le système des frontières.

Manifs de fascistes

Après la manifestation du 31 octobre à l’appel du groupe « Calaisiens en colère » qui a rassemblée plusieurs centaines de personnes contre les migrant-es à Calais, une autre manifestation a eu lieu la semaine suivante, le 8 novembre, à l’appel de « Sauvons Calais ». Plus « radicale », elle a rassemblée moins de monde. En face, une contre manifestation a eu lieu, réprimée par la police qui a procédé à des arrestations. Source

Après la manifestation, un groupe de 5 nazis est allé attaquer des migrant-es qui tentaient de rentrer dans le port pour passer en Angleterre.

 

Dans la nuit du 13 au 14 novembre, un incendie a détruit 2500m² de la Jungle, sans faire de mort-e.

La Jungle en feu

Un incendie a éclaté parmi les tentes entassées à environ 00h45 ce matin. La cause de cet incendie serait une bougie. Le feu s’est propagé rapidement à cause du vent et les gens couraient, essayant d’évacuer la zone et d’emmener les gens en sécurité. Il n’y a pas eu de blessures majeures, quelques petites brûlures et des problèmes dû aux inhalations de fumée, mais pas de blessures majeurs ou de décès. Beaucoup de documents, papiers, vêtements et effets personnes ont été détruits. Le feu s’est propagé pendant environ une demi-heure avant que les pompiers n’arrivent. Apparemment, la police sur place, essayait d’éteindre le feu avec un canon à eau. La zone de la jungle concernée était le camp des soudanais près du chemin des Dunes. 60 abris ont été détruits.

Dans une grande partie de la jungle, il n’y a pas de routes ou de points d’eau pour les pompiers et c’est « chanceux » que le feu ai commencé près de la seule route qui mène au centre Jules Ferry. Une partie beaucoup plus grande du camp aurait été détruite par les flammes si le feu avait commencé ailleurs, peut-être toute la jungle […] Source

calais 13 novembre 2015 2

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Le 16 novembre, une petite manifestation a eu lieu, contre les conditions de vie dans la jungle et les violences policières. Elle a été violemment réprimée par la police.

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Lille (France). Plusieurs centaines de personnes, migrant-es et solidaires, ont manifesté dans les rues de Lille le samedi 7 novembre, en solidarité avec les migrant-es, sans papiers et réfugié-es. Le cortège, parti de la Grande Place s’est rendu au square Olieux où depuis des mois des migrant-es, principalement mineurs isolés, ont installé un campement, n’ayant d’autres solutions. Au début de la manifestation, quelques fascistes sont venus provoquer le cortège, criant des slogans hostiles.

 

Saint-Brieuc (France). Le 12 novembre, un millier de lycéen-es sont descendu-es dans les rue contre la menace d’expulsion de neuf de leurs camarades.

 

Akrotiri (Chypre). Révolte dans un camp d’enfermement. Le 31 octobre, après que l’un d’entre-eux/elles ai menacé de se pendre, des migrant-es enfermé-es dans la base militaire britannique d’Akrotiri ont mis le feu à des tentes qui servent de dortoir et ont escaladé les clôtures en scandant « We are people, not animals ». Les militaires britanniques et gardes de sécurité ont réprimé la révolte à coup de matraque.

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Vintimille (Italie). Alors qu’un sommet de l’Union européenne sur l’immigration s’est tenu à Malte, réunissant des dirigeants européens et du continent africain, cet appel à actions sur tout le territoire européen a circulé en plusieurs langues : Vous faites pousser des grillages, nous cultivons des tenailles.

 

Brindisi (Italie). Depuis le rassemblement solidaire devant le CIE le 31 octobre dernier, qui a pris fin avec l’arrestation des personnes solidaires à l’extérieur et une forte protestation à l’intérieur, une grève de la faim continue ce 5 novembre au CIE. Le 4 au matin, la police est entrée dans le centre pour mener une perquisition, mais n’a rien trouvé.

Du CIE de Brindisi, à peine rouvert et dont on ne sait pas grand-chose, un retenu nous dit ça : contrôles dégradants, trou dans les portes des cellules pour passer la nourriture, protestations, et plus encore dans cette interview en italien.

 

Turin (Italie). Au CIE de Turin, plusieurs détenus se sont mis en grève de la faim début novembre. Dans une des zones du centre, les détenus sont en quarantaine car il y a une épidémie de gale. Mais ils refusent les soins pour éviter que d’autre ne soient enfermés dans cette aile du centre une fois l’infection terminée. http://www.autistici.org/macerie/?p=31678

Le 15 novembre, un rassemblement est appelé sous les murs du centre de rétention :

Rassemblement au CIE de Corso Brunelleschi

Au CIE de Corso Brunelleschi, la tension monte à nouveau : des prisonniers sur le toit, des manifestations, des battiture, des grèves de la faim et de la soif.

Il y a plusieurs façons de lutter aux côtés de ceux qui se rebellent : de la perturbation des entreprises qui coopèrent à la gestion et à la réparation des bâtiments, à la diffusion des paroles, des nouvelles et des expériences qui sortent de l’intérieur du centre.

Nous pouvons également soutenir les détenus en portant notre solidarité sous les murs du centre.

Source

Turin rassemblement au CIE 15 novembre 2015

Samedi 14 novembre, les enfermés du centre de rétention (Cie) de Turin situé Corso Brunelleschi, ont à nouveau lancé une révolte qui a détruit une grande partie du centre. L’étincelle a été le refus du parloir à un retenu avec sa femme, même si en réalité l’air était déjà tendu dans le centre depuis des semaines, où se produisaient de fréquentes expulsions violentes. Hier, les retenus se sont donc organisés pour protester contre les conditions d’enfermement et ont mis le feu à des vêtements, mettant hors d’usage la zone rouge et la seule chambre ouverte dans la zone jaune : dans la zone blanche, il ne reste que deux chambres (Source) :

Révolte, incendie et solidarité

Quand, ces dernières semaines, nous disions sentir une vive agitation dans le Centre d’Identification et d’Expulsion (CIE) de Turin, c’est parce qu’on pouvait sentir une tension croissante entre les lignes de ce que nous disaient les prisonniers.

Depuis que le CIE a recommencé à fonctionner à plein régime, environ 90 places, après les restructurations de l’hiver dernier, le train-train de la machine à expulser est devenu encore plus oppressant : la police qui vient réveiller à l’aube des détenus pour les expulser, les déportations de masse, les tabassages à ceux qui tentent de mettre en place des petites formes de protestations individuelles.

C’est la normalité des pratiques de la détention administrative de personnes qui n’ont pas de papiers et il n’y a donc rien d’étonnant, comme il feignent de faire les politiciens humanitaires quand la question des CIE est abordée dans leurs petites controverses de salon. Ce sont les moments lors desquels la figure du reclus assume une aura sacrificielle, construite sur l’image d’une victime d’un système qui ne fonctionne pas correctement, ou pour le mois, qui n’assure pas une juste dignité pendant la période d’enfermement. Un peu de dignité, celle dont parlent ces messieurs, qui pensent qu’elle doit être inscrite dans les murs de là où on ne peut pas sortir.

Mais il arrive que l’image du reclus brimé ne suivent pas le rythme de la réalité d’une rage croissance, alimentée par les petits et grands abus quotidiens, et qui parfois se manifeste par une petite lueur de rébellion, circonscrite à quelques personnes. Parfois, cependant, cette rage émerge avec plus d’enthousiasme et devient une action collective et les centres de détentions sont incendiés. Il suffit d’un prétexte, comme il y a quelques jours : un prisonnier s’est vu refuser un parloir avec son épouse, il s’est coupé les veines. Mais ce qui fait la différence, cette fois comme pendant l’été 2014, c’est que les détenus, dans un climat de solidarité générale, se sont organisés pour montrer que la dignité, il y en a très peu pour ceux qui sont à l’ombre des barreaux.

C’est comme ça que, samedi soir, d’abord dans la section rouge, puis rapidement dans les sections blanche et jaune, des colonnes de fumées sont venues se mêler aux premiers brouillards du mois de novembre. Dans le centre, les flics anti-émeute sont arrivés rapidement, ainsi que le préfet, pour constater les dommages subits et probablement pour essayer de gérer au mieux les conséquences du plus grand échec après la rénovation de l’hiver dernier du centre de rétention turinois. Les retenus ont été regroupés dans la cour et gardé-là en attendant de comprendre comment réorganiser les quelques espaces laissés indemnes. Une autre présence n’a pas manqué de venir, certainement plus proche des intentions des prisonniers, même au-delà des murs : une trentaine de solidaires ont accourus pour faire entendre leur soutien par leurs voix, des pétards et des feux d’artifices.

Dans la nuit, les retenus de la zone rouge, maintenus dans la cour, ont décidé de ne pas rester immobile à subir les décisions des forces de l’ordre et ont défoncé les grilles qui les séparent de la zone jaune pour se réfugier à l’intérieur. Quelle est l’ampleur réelle des dégâts aux installations et quelles vont être les décisions de la police et des gestionnaires de l’entreprise Gespa par rapport aux centre incendié, nous allons chercher à le savoir. Ce qui est certain, c’est que les zones touchées par l’incendie ont été déclarées inutilisables, il semble que le mobilier et le système électrique ont été détruits, et que le fonctionnement du centre est considérablement réduit. Une autre chose est sûre, c’est qu’à la suite de la révolte, un détenu manque à l’appel. La police a bien fait attention à ne pas l’ébruiter, mais les personnes à l’intérieur n’ont pas de doute, dans la confusion quelqu’un a réussi à s’évader.

Dimanche 15 novembre, le rassemblement solidaire prévu depuis quelque jours a eu lieu, renforcé par la nouvelle de l’incendie du centre quelques heures plus tôt. Une cinquantaine de personnes se sont retrouvées corso Brunelleschi et pendant quelques heures, de la musique, des slogans et des interventions ont tenu compagnie aux retenus, qui ont répondu avec autant d’énergie. Aussi, les parents de deux jeunes roumains, enfermés au CIE après l’expulsion des familles rom de l’ancienne caserne de la rue Asti, ont lancé leur salut personnel. Les deux jeunes, bien que citoyens européen, ont été arrêtés et enfermés au CIE en raison de leur prétendue « dangerosité sociale » et ont été présentés ce samedi 16 devant le juge qui a décidé de leur expulsion. Le 17 novembre au matin, un groupe de familles, amis et solidaires a attendu les nouvelles de l’avocat puis ont donné lieu à un bruyant salut avant de partir.

Ce n’est pas la première fois que des personnes avec des papiers en règle mais définies comme « socialement dangereuses » se retrouvent enfermées dans le CIE, ni la première fois que les occupants d’une maison , trouvés sans papiers sur eux le jour de l’expulsion, sont emmenés au CIE puis expulsés. Pour les deux jeunes, après l’accord du juge, le temps est court. Ils ne peuvent pas être maintenus enfermés dans le CIE très longtemps, et si rien ne change, nous nous attendons à une expulsion dans les jours à venir.

Après l’incendie de samedi soir, la nouvelle est tombé de l’arrestation de deux tunisiens qui ont participé à la protestation. Ils sont accusés de destruction, résistance, violences et menaces à fonctionnaire et ont été transférés du CIE à la prison des Vallette. Une fois terminé le rassemblement, les solidaires ont rejoint la prison des Vallette pour un autre salut à tous les détenus, mais surtout à ceux accusés d’avoir essayé de détruire une prison. […]

Pour ajouter quelque chose de plus à ce que nous avons dit, nous vous proposons d’écouter (in italien), l’interview faite hier pendant l’émission « Bello come una prigione che brucia » sur Radio Blackout.

 

Bari (Italie). Le 28 octobre, plusieurs dizaines de migrant-es ont quitté le CARA (centre pour demandeurs d’asile) de Bari pour manifester dans le centre ville pour revendiquer leur droit à l’asile, leur liberté de circulation et contre les conditions dans lesquelles ils sont retenus dans ce centre. 1000 personnes y vivent actuellement, dans des conditions très dures et violentes imposées par la coopérative Auxilium qui le gère. Sept personnes ont été arrêtées. Source

 

Rome (Italie). Un rassemblement solidaire était appelé le 7 novembre devant le centre de rétention (CIE) de Ponte Galeria à Rome. Voici un compte-rendu :

Sur le rassemblement solidaire au CIE de Ponte Galeria

Le 7 novembre, un groupe de solidaire s’est rassemblée sous les murs du CIE de Ponte Galeria aux portes de Rome pour exprimer sa solidarité avec tou-tes les détenues et ceux/celles qui luttent quotidiennement pour leur liberté.

Malgré Trenitalia qui a essayé, avec l’aide de la police, d’empêcher les camarades de prendre le train en demandant à tou-tes le paiement du billet, à l’aller et au retour, le groupe a réussi à atteindre les murs du centre et à y passer quelques heures, entres discours, musique et beaucoup de bruit.

La réponse à l’intérieur du centre a été forte et belle : face à la section homme, les cris des solidaires ont été rejoint par ceux des détenus tandis que dans la rue nous avons essayé de communiquer avec les automobilistes qui passaient, plus ou moins ignorant-es de ce qui se trouvait derrières ces murs surmontés de barbelés.

Depuis l’intérieur, ils nous disent que le centre est plein à craquer : dans la section homme il y a plus de 100 prisonniers, tandis que chez les femmes elles sont environ 90, uniquement nigérianes. Aussi les épisodes où la nourriture et les boissons sont mélangées avec des psycholeptiques et distribuées par les opérateurs du centre se répètent, pour tenter de détruire toute capacité de résistance et de révolte.

Pendant que nous étions devant le centre, des nouvelles nous sont parvenues d’un groupe de camarades de Brindisi qui avaient organisé un rassemblement semblable devant le CIE et qui ont été arrêté-es une nouvelle fois par la police pour être identifié-es.

Après avoir illuminé le ciel avec quelques feux d’artifice, nous sommes retourné-es en ville.

Quelques ennemi-es des frontières. 

Source

Plus tard dans la soirée, le siège local de la Croix-rouge a été recouvert d’inscriptions en solidarité avec les personnes qui, à l’intérieur comme à l’extérieur, luttent contre les CIE et les frontières. Le lendemain devait se tenir dans ce local un spectacle avec des réfugié-es du CARA de Casteluovo di Porto, parrainé par la coopérative Auxilium qui depuis des années spécule sur la vie des migrant-es et veut nettoyer son image publique avec ces initiatives culturelles.

« Contre Auxilium et en solidarité avec les personnes arrêtées pour avoir protesté dans le CARA de Bari et ceux/celles qui luttent dans et hors du CIE de Restinco à Brindisi. Contre toutes les cages et toutes les frontières. » Source

Le 16 novembre au matin, un groupe d’ennemi-es des frontières s’est rendu dans un bureau de poste pour distribuer des tracts et rappeler la responsabilité du groupe PosteItaliane dans la machine à expulser. Les fenêtres du bureau de poste ont ensuite été recouvertes d’affiches en solidarité avec celles/ceux qui luttent dans les CIE pour retrouver la liberté et contre le business du groupe PosteItaliane. Source et tract distribué

 

Bologne (Italie). Dans la nuit du 8 novembre, la ligne à grande vitesse Bologne-Milan a été sabotée. Plusieurs câbles électriques ont été incendiés et une inscription laissée au sol : « 8-11, saboter un monde de racistes et de frontières ». Cela a entraîné des retards de plusieurs heures. Source

Bologne 8novembre2015 1

 

Genève (Suisse). Rassemblement du mouvement « No bunkers », en lutte depuis plusieurs mois contre les conditions d’hébergement et les renvois Dublin.

Geneve 12novembre2015 1

 

Bedford (Angleterre). Samedi 7 novembre, plus d’une centaine de personnes ont manifesté sous les murs du centre de rétention de Yarl’s Wood, en solidarité avec les personnes enfermées et contre toutes les prisons pour étranger-es.

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Yarl's Wood demo 7 novembre 2015 4

 

Lesbos (Grèce). Le 31 octobre, une grosse manifestation s’est déroulée dans la ville de Mytilène, à laquelle ont participé beaucoup de migrant-es et des personnes solidaires habitant-es de l’île. Les membres du parti au pouvoir Syriza n’ont pas été accepté-es dans le cortège. Sur cette île grecque, située en mer Égée, plusieurs milliers de migrant-es, survivant-es de la traversée, vivent dans les rues en attente d’une autorisation pour se rendre sur le continent.

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La mer Égée est un cimetière. Les assassins vont payer !

Le 5 novembre, alors que les derniers jours ont été plus meurtriers que jamais dans la mer Egée, le premier ministre Tsipras a escorté Martin Schulz, le président du parlement européen, lors d’une visite sur l’île de Lesbos.

Les anarchistes locaux ont occupé la mairie de la ville et suspendu une banderole disant « The Aegean is full of migrants’ dead bodies. Europeans too are peoples’ murderers ».

Lesbos mairie 5 novembre 2015

Quand Tsipras et Schulz sont arrivés sur l’île, d’autres manifestant-es les attendaient également.

Lesvos protest 5 novembre 2015

Le 7 novembre, des migrant-es ont occupé un immeuble désaffecté sur le port de Mytilène. Le bâtiment était l’ancien « centre des travailleurs » de la ville, qui avait été fermé ces dernières années. Ces derniers jours, des milliers de personnes vivaient dans le port et dans les rues, en attente des navires pour le continent (les travailleurs des navires étaient en grève).
C’est une initiative auto-organisée par les migrants et des groupes locaux sont là pour les soutenir.

Trois jours plus tard, le 10 novembre, le bâtiment a été expulsé par des membres du parti communiste de Grèce (KKE), armés de bâtons, jouant le rôle de la police anti-émeute. L’immeuble était vide depuis plusieurs années, mais le KKE qui contrôle ce « centre des travailleurs » l’utilisait comme débarras.

Vidéo de l’expulsion et du rassemblement solidaire devant le squat.

Source

 

Thessalonique (Grèce). Le 12 novembre, jour de grève générale, une immense banderole a été déployée sur la façade de la maison des syndicats par l’assemblée « No lager » : « Les noyades aux frontières sont des meurtres commis par l’État grec et l’Europe forteresse. Stop à la guerre aux migrants ». Source

Thessalonique banderole 12 novembre 2015

 

Athènes (Grèce). Vendredi 6 novembre, un groupe de 400 personnes a annulé la manifestation appelée par un « comité de quartier » fasciste contre la présence de migrant-es dans le parc Victoria. Beaucoup de migrant-es utilisent ce parc pour faire une escale d’un jour ou deux sur leur chemin pour quitter la Grèce. Les fascistes d’Athènes ont tenté de créer une hystérie anti-migrants parmi les voisins, mais avec peu de succès : seulement 40 personnes ont répondu à l’appel fasciste, tandis que celui anti-fasciste a été rejoint par plus de 400 camarades. Source

 

Ljubljana (Slovénie). Dans la matinée du 13 novembre, une artère principale de la ville de Ljubljana a été bloquée. Des banderoles accrochées disaient : « Liberté de circulation » et « Vos fils (barbelés), nos morts ». Source

Ljubljana 13 novembre 2015

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Varsovie (Pologne). Des centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Varsovie samedi 7 novembre en solidarité avec les migrant-es, contre les frontières et le racisme, derrière la banderole « La solidarité plutôt que le nationalisme ».

 

Berlin (Allemagne). Des affrontements ont éclaté entre des militant-es antifascistes et solidaires des migrant-es, et la police en marge d’une manifestation fasciste anti-réfugié-es.

Dans la nuit du 11 novembre, des véhicules de plusieurs entreprises qui profitent de l’enfermement des migrant-es ont été incendiés : l’entreprise Gegenbauer, qui a fait les gros titres des journaux car ses salariés frappent les réfugiés dans le camp Lageso ; ISS, entreprise de sécurité présente dans les centre de rétention ; Thyssen Krupp, qui vend des armes partout dans le monde, « elle porte la responsabilité de la migration de centaines de milliers de personnes qui se trouvent justement à chaque endroit dans le monde à la recherche d’un nouvel et meilleur espace de vie ». Source

 

Leipzig (Allemagne). Dans la nuit du 10 au 11 novembre, la direction régionale de Leipzig s’est fait détruire ses fenêtres et sa porte d’entrée. « cette attaque spécialement dirigée contre la direction régionale de Leipzig signifie une attaque contre toutes les directions régionales du pays, contre tous les politiques qui veulent nous expliquer qu’il y a beaucoup trop de réfugiés en Allemagne, qu’il est nécessaire de les installer dans des gymnases et des hangars industriels, ainsi que d’avoir recours à l’armée. Cette prétendue crise des réfugiés est une mise en scène. Il est évident qu’on a besoin d’hangars ou de camps si on souhaite ficher, contrôler et trier des gens. » Source

 

Hambourg (Allemagne). Samedi 14 novembre, 9000 personnes, migrant-es et solidaires ont manifesté dans les rues de la ville.

9000 personnes sont descendues dans le rues aujourd’hui, malgré la pluie et le froid, pour se battre pour les droits des réfugié-es.

Aujourd’hui nous avons clairement dit : l’accueil des réfugié-es signifie l’égalité des droits pour tou-te-s. Nous avons montré que nous voulons vivre ensemble, que nous sommes contre l’isolement dans des tentes, des entrepôts et des camps. Nous avons affirmé que nous sommes contre les nouvelles lois sur l’asile, que nous ne croyons pas à la notion de « mauvais-e migrant-e ». Nous étions côte à côte, nous étions fort-es ensemble, avec de nombreux/euses réfugié-es des camps, avec le collectif Romano Jekipe Ano Hamburg, avec Lampedusa in Hamburg et pleins d’autres. Merci à tou-te-s celles et ceux qui ont soutenu notre lutte aujourd’hui.

Dans le contexte de la terreur à Paris, les signes de solidarité et de cohésion sont devenus encore plus importants. Nous sommes en deuil avec les familles des victimes. Nous sommes profondément préocupé-es par pediga & co qui lancent déjà de nouvelles campagnes de haine. Ne les laissons pas instrumentaliser la terreur pour leur racisme ! C’est seulement ensemble, avec les personnes qui viennent d’autres pays, que nous serons en mesure de surmonter la violence. Continuons jusqu’à ce que toutes les personnes dans cette ville soient vraiment égales. Source

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Vienne et Linz (Autriche). Appel à des manifestations internationales contre les frontières le 14 novembre.

Laissez les frontières ouvertes ! Non aux barrières, aux murs et à la forteresse Europe !

Une vague sans précédent de solidarité avec les réfugiés a déferlé sur l’Europe et proclame haut et fort « bienvenu aux réfugiés, ouvrez les frontières ».

Des milliers de réfugiés et de solidaires ont forcé les gouvernements de l’Europe a ouvrir ses frontières. Maintenant ils veulent revenir en arrière avec des clôtures, des postes frontières, et des barrières imposées par l’armée et la police – et pas seulement sur les frontières extérieurs, mais au sein de l’UE.

La Grande-Bretagne et la France harcèlent les réfugiés à Calais. La Bavière menace de fermer ses frontières avec l’Autriche. L’Autriche envisage d’ériger une clôture de barbelés à la frontière avec la Slovénie. Le premier ministre slovène a demandé une aide militaire européenne pour fermer sa frontière avec la Croatie. La Hongrie et la Macédoine utilisent la violence brutale contre les réfugiés aux frontières avec la Serbie et la Grèce. Le gouvernement grec maintient la frontière avec la Turquie fermée obligeant des milliers de réfugiés à faire la traversée meurtrière par la mer Égée.

Après avoir fui leurs pays, les demandeurs d’asile subissent à nouveau des conditions épouvantables aux frontières. Des milliers sont déjà morts en Méditerranée. Et l’hiver arrive. La situation exige une réponse immédiate et internationaliste : pas de fils barbelés et de violence contre les réfugiés. Partout, des gens viennent en aide aux réfugiés et résistent à l’ordre du jour inhumain des gouvernements.

Ouvrez les frontières immédiatement ! Non aux barrières, aux murs et à l’Europe forteresse.

Abri instantané pour tout le monde et traitement humain de réfugiés !

Arrêt de toutes les expulsions ! Personne n’est illégal !

Démission de tous les ministres responsables !

Source

À Vienne, 3500 personnes ont participé à la manifestation, migrant-es et solidaires.

 

Zagreb (Croatie). L’initiative « Welcome » et le réseau antifasciste de Zagreb ont organisé le 14 novembre une marche de solidarité avec les réfugié-es bloqué-es aux frontières du pays. Source

 

Christmas Island (Australie). Le 9 novembre une émeute a éclaté dans le centre de rétention, situé sur cette île au large de l’Australie, au lendemain de la mort d’un retenu qui avait tenté de s’évader. On ne sait pas pour le moment comment est décédée cette personne. L’émeute a commencé par une manifestation dans le centre d’un groupe de détenus, puis face à la répression de cette manifestation des barrières et des baraquements du centre ont été détruits et les gardes de sécurité du centre ont été attaqués, obligés de quitter les bâtiments. En Australie, les migrant-es arrêté-es en pleine mer sont soit refoulé-es vers le large soit enfermé-es dans des centres de rétention situés dans des îles du Pacifique, loin du continent (Chrismas Island, Nauru, Manus, etc.).

 

à suivre …

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Tous les articles publiés sur Calais

Quelques liens : Paris Luttes infos // Marseille Infos Autonomes // Calais Migrant Solidarity//Presidio No Border Vintimille // Hurriya (Italie) // Clandestina (Grèce) // Assemblée No Lager Thessalonique //  Assemblée No Lager (Grèce) // No border Serbia //

Brèves des frontières #4, luttes et solidarité – mi octobre début novembre 2015

Londres (Grande-Bretagne). Le 16 octobre, 500 personnes se sont réunies à la gare de St Pancras, terminus de l’Eurostar, en solidarité avec les personnes bloquées à Calais qui cherchent à rejoindre l’Angleterrre. La gare a été bloquée pendant plusieurs heures, causant d’importants retards. Les manifestant-es ont rappelé le nombre de mort-es à cette frontière (20 connu-es depuis juin) et la responsabilité des entreprises Eurostar et Eurotunnel qui demandent toujours plus de sécurité et de barbelés autour de l’accès au tunnel sous la Manche.

Mais certain-es manifestant-es voulaient dire autre chose que un unique slogan « this border kill » :
« Certains des messages que les manifestants espéraient transmettre ont été éclipsées par d’autres. Assis dans des mares de faux sang, entouré de camarades tenant des pancartes « 15 personnes sont mortes depuis Juin », le message « cette frontière tue » a été entendu, clairement et simplement. Cette frontière tue ! Mais ce message seul peut être dangereux. Il a été et sera très probablement utilisée par les autorités britanniques et françaises et par l’entreprise Eurostar pour justifier la poursuite de la militarisation de la frontière. La logique de contrôle fonctionne : des frontières sont érigées, ce qui rend leur franchissement mortel, ce qui justifie des contrôles supplémentaires afin de soi-disant protéger des vies. Cette frontière tue ; et à cause de cela, nous devons ériger plus de barrières, apporter plus de chiens renifleurs, utiliser plus de gaz lacrymogènes pour dissuader les gens de traverse, cela afin de sauver leur vie. Nous courons le risque de faire le travail des États si le message « cette frontière tue » est crié seul, parce que nous alimentons la logique cinglée qui justifie plus de frontières.
[…] Si notre lutte contre les frontières est de faire autre chose que ce qui est compatible avec la logique de l’État, alors nous devons faire attention aux conclusions et aux conséquences que le slogan ‘cette frontière tue » peut amener. D’autres messages sont essentiels aux côtés de « cette frontière tue » car ils exigent d’autres conclusions que celles qui justifient les contrôles aux frontières. Ces autres messages expriment la nécessité de la liberté de circulation et non pas du contrôle. » Source.

Toujours à Londres, samedi 24 octobre un rassemblement était appelé à la gare Saint Pancras à Londres en solidarité avec les migrant-es de Calais et pour la libération de Abdul Rahman Haroun, Payam Moradi Mirahessari et Farein Vahdani, les trois personnes incarcérées en Angleterre car elles ont traversé le tunnel sous la Manche à pied depuis Calais.

Ce sont plusieurs centaines de personnes qui se sont retrouvées vers 18h devant la gare et qui ont tenté de pénétrer à l’intérieur avec l’intention de bloquer le trafic de l’Eurostar. Mais de nombreux flics, dont certains en tenue anti-émeute se sont interposés à grand renfort de coups de matraques.
Malgré ce déploiement policier important, un groupe d’environ 30 femmes est parvenu à déployer une banderole à l’intérieur de la gare face à la salle d’embarquement de l’Eurostar, scandant des slogans contre les frontières et distribuant des tracts aux voyageurs/euses. Le groupe a réussi à s’éclipser avant l’intervention de la police déjà débordée.

Puis un autre groupe est entrée dans la gare King’s Cross, adjacente à Saint Pancras, et à déployé une banderole « people want to bring down the borders » avant d’être encerclé pendant une heure puis escortés vers la sortie avec une interdiction de fréquenter la gare pendant 24 heures.
Plusieurs personnes ont été arrêtées. Source. Une manifestation était également appelée à Paris (voir plus bas).

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Strathaven (Écosse). La coordination « We will rise », un groupe de migrant-es et réfugié-es et de personnes solidaires, organisait le 25 octobre un rassemblement devant le centre de rétention de Dungavel pour exprimer sa solidarité avec les personnes enfermées, demander la fermeture de ce centre de rétention, l’unique existant en Écosse, et apporter son soutien aux initiatives contre les centres de rétention d’Harmondsworth et de Yarlswood en Angleterre.

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Calais (France). Samedi 17 octobre, 1000 personnes ont manifesté à Calais, migrant-es et solidaires, et 500 à 700 manifestant-es ont pénétré dans le port vers le terminal ferry et se sont affronté-es avec les CRS qui ont tiré des gaz lacrymogènes. Beaucoup de personnes étaient venues d’Angleterre et d’Écosse pour cette manifestation organisée par plusieurs collectifs et associations, mais ce sont les migrant-es qui ont pris les devants, dépassant les organisateurs. Video

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Dans le même temps, à Douvres en Angleterre quelque 500 manifestant-es ont défilé à travers la ville et ont bloqué la route qui mène au terminal de ferry, causant d’important retards. Source.

Après avoir, squat par squat et campement par campement, chassé tou-te-s les migrant-es du centre ville de Calais, l’État cherche maintenant des moyens pour vider la jungle et bannir définitivement les indésirables de la ville.

Le 21 octobre, le ministre de l’intérieur s’est déplacé à Calais, accompagné de dizaines de journalistes. Il a confirmé l’annonce de la construction d’un nouveau camp gouvernemental, d’une capacité de 1500 places. À partir du 2 novembre, c’est un camp de 74 containers, entouré de palissades (dont on se sait pas encore si elles seront surmontées de barbelés) qui verra le jour, en plein milieu de l’actuelle jungle où plusieurs milliers de personnes vivent dans des conditions difficiles. Il sera géré par l’association La Vie Active, association locale qui tire grand profit de la situation à Calais puisqu’elle gère déjà le centre d’accueil de jour Jules Ferry. 400 personnes vont être virées de leur place d’ici quelques jours pour faire place à ce camp, véritable prison comme il s’en érige partout en Europe actuellement, lieu de stockage, de tri et de gestion des migrant-es.

Lors de cette visite, le ministre a également annoncé l’arrivée de 460 flics supplémentaires à Calais. Ces renforts, portant a plus de 1000 le nombre de flics sur place, vont servir à renforcer encore plus la sécurité des abords du tunnel sous la Manche pour empêcher les migrant-es de passer en Angleterre. Cazeneuve se vante dans les médias que depuis le 25 octobre, plus aucun-e migrant-e ne passe en Angleterre. L’augmentation des infrastructures de surveillance et de sécurisation du port et du tunnel sous la Manche et la présence de plus en plus nombreuse de flics et de vigiles, pousse les migrant-es a prendre de plus en plus de risques pour tenter le passage de la frontière. Résultat, depuis le début de l’année 2015 le nombre de mort-es et de blessé-es a augmenté en flèche.

L’accentuation de la présence policière à Calais permet également de multiplier drastiquement le nombre d’arrestations. Depuis le 20 octobre, plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées à Calais, au centre-ville, près du port et du tunnel, aux abords de la jungle. Elles ont ensuite été transférées dans des centres de rétention à travers tout le territoire (Coquelles, Nîmes, Toulouse (Cornebarrieu), Rouen (Oissel), Marseille, Mesnil-Amelot, Perpignan). Ces arrestations annoncent le début d’une grande opération policière à Calais et ont pour objectif est de disperser les migrant-es à travers tout le territoire, de faire en sorte de les épuiser, de les décourager de retourner à Calais pour tenter de passer en Angleterre. En effet, pour le moment, la majorité des personnes arrêtées ont été libérées sous cinq jours et doivent ensuite retraverser toute la France pour retourner à Calais, où elles ont souvent perdu toutes leurs affaires. D’autre part, les décisions d’expulsion vers certains pays comme le Soudan et l’Afghanistan se multiplient.

Beaucoup de migrant-es arrêté-es à Calais racontent que les flics les ont menacé de prendre leurs empreintes digitales de force à la prochaine arrestation. La mise à exécution de cette menace compromettrait pour ceux/celles qui parviennent à traverser leur possibilité de demander l’asile en Angleterre et autoriserait ce pays à les renvoyer en France. Le message est clair et il a été répété maintes fois par le gouvernement : soit les migrant-es présent-es à Calais demandent l’asile de leur plein gré, soit ils doivent disparaître.

Les patrouilles de flics dans la jungle se font de plus en plus fréquentes avec pour objectif de maintenir une pression constante sur les habitant-es, de contrôler les allers et venues de groupes (par exemple qui se dirigeraient vers le port ou le site de l’Euro-tunnel). Plusieurs bénévoles d’associations et militant-es ont également été contrôlé-es et des véhicules qui ramenaient de la nourriture ou des dons ont été bloqués.

Enfin, des « départs volontaires » de Calais sont organisés vers des centres dit « de répits », aux quatre coins de la France, facette humanitaire de cette grande opération de vidage de Calais.
L’augmentation de la pression policière et ces diverses tentatives de dispersion des migrant-es ont aussi pour objectif de casser les dynamiques de lutte et d’organisation collectives qui se sont développées ces derniers temps : manifestations, blocages de l’autoroute, prise d’assaut collective du tunnel, etc.

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À propos du nouveau camp à Calais :

Un camp de conteneurs pour 1500 personnes sur le point d’être construit- 400 personnes à qui l’on dira de bouger

Le 21 octobre, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, est revenu à Calais pour faire plus d’annonces sur les futurs projets concernant la jungle et la sécurisation de la frontière.
Suite à cette visite, les médias ont largement mis en avant la « posture humanitaire » de Cazeneuve qui annonce la mise en place de tentes pour 200 femmes et enfants. Certains ont parlé du nouveau projet de construire un camp pour 1500 personnes. Certains l’ont félicité (ou gentiment réprimandé) d’engager 500 flics de plus, gendarmes et policiers, à Calais.

Ce dont peu parlent, c’est que Cazeneuve est venu à Calais pour parler avec quelques associations du déplacement d’au moins 400 personnes de leur place dans la jungle pour construire ce nouveau camp gouvernemental. Pour ceux qui sont dans cet endroit, l’association Salam a commencé leur annoncer qu’ils ont dix jours pour se déplacer, la construction du nouveau camp devant commencer dans moins de deux semaines. Des piliers rouge ont commencé à être élevés dans la jungle, délimitant la zone du nouveau camp.

Ceux qui sont forcés de se déplacer se voient offrir temporairement des tentes et une place en tête de la liste d’attente du nouveau centre. Des gens ont accepté de déménager à Jules Ferry, forcés de bouger de leurs anciennes maisons, en échange de la promesse que leur présence sur la jungle sera tolérée, qu’il n’y aurait pas d’expulsions et qu’ils ne seront pas harcelés par la police. Pour certains d’entre eux, ça sera la troisième ou quatrième fois qu’ont les aura expulsé. Ces plans ont été fait sans consultation ou consentement d’aucune personne concernée.
Du point de vue de la structure, ce camp rime avec mépris. Il sera constitué de conteneurs séparés par des chemins de trois mètres de large. Aucun architecte n’a été impliqué dans la conception et il sera construit sur la partie la plus humide et venteuse de la jungle. Dans un article un architecte a dessiné une maquette du camp tel qu’il est planifié et le décrit comme une réminiscence des camps de concentration des années 30.

Les gens de la jungle ne veulent pas de ce nouveau camp fermé. Beaucoup le voient comme ce qu’il est réellement : non pas une « posture humanitaire » offrant de l’hygiène et un lieu sûr, mais un pas de plus dans des projets de division et de contrôle des gens. À travers leur voyage – depuis Vintimille, de Lampedusa, tout le long du chemin dans les pays frontaliers de l’Europe – les gens ont fait l’expérience de ces camps. Barrières et barbelés, listes de nom, couvre-feux, présence policière, des règles, des règles, des règles et aucune autonomie.

Le nouveau camp abritera 1500 personnes, mais il y a environ 6000 personnes qui sont dans la jungle actuellement. Qu’en est-il de ceux qui n’ont pas leur place au camp ? Et qui sont ceux « ont le profil » pour y habiter ? Laisseront-ils le reste de la jungle vivre en autonomie en dehors des murs de cette prison ? C’est peu probable. Il semble plutôt qu’une expulsion à grande échelle surviendra dans les prochains mois.

Nous condamnons ce plan. Nous sommes solidaires de ceux qui seront expulsés de leurs maisons encore une fois. Nous condamnons les associations qui collaborent avec les autorités, et qui, ce faisant, rendent possible les interventions de la part de la police et du gouvernement.

Calais Migrant Solidarity, 22 octobre 2015

Communiqué d’un groupe de migrant résident sur la zone de construction du nouveau camp sur les raisons de leur refus de quitter leurs maisons :

La construction du nouveau camp sera en plein milieu du camp actuel, mais ce n’est pas une véritable solution pour les problèmes des personnes réfugiées.
La capacité du nouveau camp est de 1500 places, ce qui n’est pas suffisant pour la population réfugiée de Calais.
La zone choisie par le gouvernement pour la construction n’est pas viable pour un camp.
Les décisions prises par le gouvernement français nous paraissent peu claires.
Le gouvernement français force des personnes réfugiées à évacuer la zone choisie pour la construction du nouveau camp.
En conséquence nous – les personnes réfugiées présentes dans cette zone – refusons de nous soumettre à cette irrespectueuse politique d’anti-solidarité. Le jour où le gouvernement nous forcera à partir pour démarrer les travaux, nous protesterons collectivement.

1er novembre 2015 Source

calais escalade

Sur les rafles à Calais et la dispersion des migrant-es :

Début d’une grande opération policière à Calais

Une cinquantaine de personnes ont été arrêtées dans l’Eurotunnel dans la nuit du 20 octobre ; la plupart originaires de Syrie. Le 22 octobre elles ont été transférées au centre de rétention de Nîmes. Demain, elles seront normalement transférées à Toulouse. Le jour suivant à Paris. L’état cible des personnes de toutes les communautés. Soudanaises, Erythréennes, Syriennes, Iraqiennes… Les forces de l’ordre semblent poursuivre dans leur volonté d’effectuer des arrestations massives dans l’Eurotunnel.

[…] Lorsqu’elles sont à l’intérieur des centres de rétention, ces personnes doivent faire face à des menaces de déportation, d’expulsion, et sont confrontées à de sérieuses violences de la part des policiers qui veulent qu’elles déposent leurs empreintes.
Il y avait une bien plus forte présence policière autour de la jungle ces derniers jours. Depuis deux semaines, la police effectue des patrouilles dans la jungle (très souvent autour de la zone récemment annoncée pour accueillir le futur centre de 1500 places) . La police est aussi très souvent présente autour du centre Jules Ferry, et aujourd’hui, toute la journée, elle était installée dans de nombreux points tout autour de la jungle.

Pour beaucoup, cette volonté croissante d’intimider les personnes vivant dans la jungle a pour but de faciliter le déplacement de ces dernières au moment voulu sans qu’il n’y ait de résistance, mais aussi de faire renoncer ces personnes dans leurs tentatives de passage et les pousser à demander l’asile en France.
Et tout ça, au lendemain de l’annonce de Cazeneuve qui promet 460 policiers et gendarmes de plus à Calais.

Calais Migrant Solidarity, 22 octobre 2015

Dispersion massive : la stratégie de l’État français

Au cours de la dernière visite de Cazneuve à Calais, celui-ci a annoncé avoir pour objectif de réduire le nombre de migrant-es présent-es à Calais à 2000 d’ici le mois de janvier. Au cours des deux dernières semaines, la mise en application de ce plan semble avoir largement commencé et leurs différentes tactiques pour rendre cela possible sont apparues de plus en plus claires.

Expulsions (ou du moins menace d’expulsions) vers les pays d’origine.

Pour les communautés afghanes et soudanais (il y a d’autres nationalités que la France expulse qui ne sont actuellement pas autour de Calais, mais peut-être à d’autres points de passage dans le Nord de la France, comme la communauté vietnamienne) il y a eu une augmentation de la pression par des menaces d’expulsions vers leurs pays d’origine.
Les personnes qui risquent le plus sont celles qui refusent de demander l’asile en France, parce qu’elles veulent se rendre au Royaume-Uni, et donc de donner leurs empreintes en France.

Dispersion massive vers les centres de rétention à travers le territoire.

Depuis le 20 octobre, environ 50 personnes par jour sont transférées dans les centres de rétention partout en France, après avoir été arrêtées au points de passage de la frontière (autour du port et du site de l’Eurotunnel) et dans le centre-ville de Calais (notamment près de la gare). À l’heure actuelle, on ne sait pas pour combien de temps cette opération va se poursuivre.

Un des principaux objectif de cette opération semble être de harceler le plus de personnes possible. La plupart des gens arrêtés sont libérés au bout de quelques jours et doivent ensuite faire un long voyage pour retourner à Calais, où ils pourront à nouveau essayer de franchir la frontière. Dans les centres de rétention, les personnes sont soumises à beaucoup de pressions pour qu’elles acceptent l’identification et donnent leurs empreintes digitales. Cette dispersion s’organise a partir de l’aéroport de Marck, commune du calaisis.

Dispersion massive dans des centre d’hébergement temporaires à travers le territoire.

La dernière semaine d’octobre, environ 700 personnes ont été transférées, dans un spectacle médiatique, vers des centres d’hébergement temporaires situés dans diverses régions de France. Jusqu’à 300 personnes sont parties le 26 octobre, avec très peu de temps pour se préparer, 450 de plus le 30 octobre et encore 300 le 2 novembre. Cette opération n’avait pas été annoncée publiquement à l’avance.

Les personnes qui ont été emmenées sont des gens qui n’avait pas encore reçu un hébergement en France, certain-es demandeurs/euses d’asile en attente de réponse ou d’autres en procédure Dublin (qui normalement n’ont pas accès aux procédures d’hébergement), ainsi que des personnes qui n’avait pas encore déposé de demande d’asile. Toutes ces personnes s’étaient inscrites sur une liste au centre Jules Ferry, disant qu’ils/elles voulaient un hébergement, et ont été informé-es de leur destination la nuit précédant leur départ, par des affichages dans la jungle.

Nous avons eu des nouvelles de beaucoup de personnes qui ne sont pas contentes de ce qu’il est arrivé, certaines devraient revenir à Calais. Les raisons sont d’une part le moment choisi et, d’autre part, le manque d’explication que les gens ont reçu, par exemple ils ne savent pas si leur procédure d’asile continuera à Calais ou si elle sera transférée plus près de leur hébergement. Et l’autre problème vraiment sérieux est le type de « logements » qui sont fournis.

Ce sont des centres d’hébergement temporaires, situés dans de très petits villages à travers la France. La plupart d’entre-eux sont incroyablement loin de la grande ville la plus proche. Certains logements sont des entrepôts avec énormément de lits à l’intérieur, d’autres sont des lieux normalement utilisés pour enfermer des personnes menacées d’expulsion et qui sont sous assignation à résidence. Dans un endroit, le toit du centre a été occupé (avant l’arrivée des personnes) par des fascistes qui protestaient contre l’arrivée des réfugié-es.

Pour être clair, ce n’est pas un geste de bonne volonté de la part du gouvernement. Ce qu’il fait il devrait déjà l’avoir fait, à savoir fournir des logements aux demandeurs/euses d’asile, et il le fait très mal.

Construction d’un nouveau camp dans la jungle.

Le gouvernement a engagé la construction d’un nouveau camp, à l’intérieur de la zone existante de la jungle. Ce camp est prévu pour 1500 personnes. Considérant également l’engagement du gouvernement à créer 200 nouvelles places d’hébergement dans le centre d’accueil de jour Jules Ferry pour les femmes et les enfants, cela représente tous les 2000 migrant-es qui vont être toléré-es à Calais en janvier prochain.

Mais, que ce passe-t-il pour le reste de la jungle ? La suite logique, serait que les autres parties de la jungle, autonomes du centre Jules Ferry et du camp, vont être vidées. Si vraiment cela est le cas, ceci impliquera une grande expulsion de police, qui dépend il semble « succès » de leurs autres opérations dont nous avons parlé ici.
Beaucoup d’informations sur le nouveau camp sont gardées secrètes, en terme de détails sur comment il va fonctionner. Quel contrôle il y aura ? Les gens devront-ils demander l’asile en France pour avoir une place ? Etc. Ce manque d’informations est sûrement dû d’une part a la volonté du gouvernement de ne pas être transparent sur ses intentions pour ce camp et, d’autre part, sur le fait que l’association La Vie Active, qui va gérer ce camp, ne sait pas vraiment ce qu’elle va faire.

Pour nous, il nous semble que ce camp va être le lieu de beaucoup de contrôle, comme dans la plupart des camps humanitaires « officiels » en Europe et ailleurs. Nous disons cela aussi en prenant en compte le comportement actuel de la police dans la jungle et celui de l’association La Vie Active dans le centre d’accueil de jour Jules Ferry. Nous pensons également que à un moment donné ce camp ne sera plus viable que pour ceux qui ne demandent pas l’asile en France, même si cela ne vaut pas pour tout de suite.

De quelque manière qu’il fonctionne, la construction du nouveau camp va commencer avec le déplacement forcé (par la force physique ou psychologique) d’environ 400 personnes. Il leur a été dit qu’ils devaient se déplacer d’ici le 1er novembre au soir. Il est difficile de savoir comment sera appliquée la force physique si les gens refusent.

Couper l’aide humanitaire et les solidarités dans la jungle.

Comme nous l’avons dit l’autre jour, la police applique un blocus des véhicules dans la jungle depuis le 25 octobre. Les véhicules d’associations officiellement reconnues ont été bloqués. Ils ont également essayé d’empêcher des soutiens de rentrer à pied. Lorsqu’on leur demande, les flics refusent de présenter un quelconque papier officiel sur la légalité de ces pratiques.

Ces pratiques réduisent l’accès au mouvement de solidarité qui soutien et vient passer du temps avec les habitant-es de la jungle. Mais c’est aussi une vieille méthode pour essayer de vider Calais : en empêchant l’aide humanitaire et l’acquisition de bien et de nourriture, les gens ne voudront pas rester à Calais.

L’objectif commun de toutes ces tactiques semble être de forcer (bien que le gouvernement dirait probablement « encourager ») les personnes présentes à Calais de demander l’asile en France. Nous condamnons absolument ceci.

Nous condamnons cette tentative de restreindre les choix des personnes et la restriction de leur autonomie d’aller et de venir là où ils/elles veulent.

On tire un voile humanitaire sur les yeux des gens. Ces nouveaux hébergements, dans la jungle ou ailleurs en France, ne sont pas bons. Ils sont là pour éviter au gouvernement un scandale sur la situation actuelle à Calais, et pour isoler et cibler plus facilement ceux/celles qui veulent vivre en dehors du système d’asile ou voyager vers la Grande-Bretagne. S’il s’agissait d’un geste sincère pour créer des situation décentes, il ne ressemblerait pas à cela. Il ne serait pas accompagné de la menace de détention, d’expulsion et de la violence de la police. Un logement décent est plus qu’un toit, surtout si le toit est occupé par des fascistes.

La motivation de tout cela est de vider Calais, par tous les moyens nécessaire.

Calais Migrant Solidarity, 1er novembre 2015

À lire également sur une opération de rafle la soirée du 31 octobre : Arrests in the city, Calais Migrant Solidarity, 2 novembre 2015 et D’une rafle à l’autre, Passeurs d’hospitalité, 1er novembre 2015

Voir également ici et sur les « centres de répit »

Dans la région également, de nombreux autres campements de migrant-es sont eux-aussi menacés de destruction et les migrant-es doivent faire face à une pression et une violence policière accrue.

Dans le camp de Téteghem, le 29 octobre, des flics qui venaient effectuer un énième contrôle ont été accueillit par des jets de pierre. 18 personnes ont été arrêtées.

Pendant ce temps, le blocage de la frontière continue à faire des ravages. Le 26 octobre au soir, un quatre migrants ont été percutés par un poids-lourd le long d’une route, l’un d’entre-eux est mort tandis que les autres sont blessés. Cela porte à 20 le nombre connu de migrant-es mort-es depuis début juin à Calais.

 

Perpignan (France). Après une rafle à Calais le 13 octobre, 4 migrants soudanais se sont retrouvé enfermés au centre de rétention de Perpignan. Convoqués devant le consul du Soudan afin qu’il reconnaisse leurs identités et signe le laissez passer pour l’expulsion, ils ont refusé à plusieurs reprises de s’y rendre et résistent aux pressions des flics qui les menacent de les inculper pour « soustraction à une mesure d’éloignement ».

 

Paris (France). Le 20 octobre, la manifestation appelée par les migrants du lycée occupé Jean Quarré a réuni plus de 400 personnes, aux cris de « Hourria, Karama, Insania » (Dignité, Liberté, Humanité). Un défilé dynamique dans le centre de Paris la nuit, beaucoup de tracts distribués aux passant.

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Trois jours plus tard, le bâtiment a été expulsé :

Retour sur l’expulsion du lycée occupé

Vendredi 23 octobre, le bâtiment de l’ancien lycée Jean Quarré a été expulsé. Occupé depuis le 31 juillet dernier, des centaines de personnes migrant-es vivaient là et des centaines d’autres y sont passées depuis trois mois. Cette occupation a fait suite à plusieurs campements et occupations, chaque fois expulsées par la force et par des propositions d’hébergement, laissant systématiquement une partie des migrant-es à la rue, sans rien et dispersant les autres à droite à gauche, dans des conditions plus que déplorables.
Annoncée depuis quelques temps par la mairie et la préfecture, et ordonnée par un jugement du tribunal administratif, l’expulsion devait avoir lieu à partir du lundi 26. Mais jeudi, des informations ont circulé, annonçant l’expulsion pour le lendemain matin.

Les fausses promesses, négociées avec la mairie et la préfecture par celles et ceux qui veulent bien y croire, promettaient une expulsion sans présence policière dans le bâtiment, avec des hébergements pour tou-te-s les habitant-es en région parisienne. Mais, qui peut encore croire, après cinq mois de lutte, que l’on obtient quoi que ce soit sans construire un rapport de force ?
Vendredi matin donc, ce sont des centaines de flics, certains cagoulés et armés jusqu’au dents, des agents de la mairie de Paris, de la préfecture, de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration, d’Emmaüs, de la Croix-rouge, qui ont investit le lycée sur les coups de 5h du matin. Des bus étaient là pour emmener les habitant-es vers des centres d’hébergements, mais sans aucunes garanties sur leur emplacement, sur le suivit des démarches administratives, sur les conditions d’accueil.

À l’intérieur et à l’extérieur, des personnes solidaires étaient présentes pour manifester leur solidarité avec les personnes migrant-es, tandis que certain-es « bénévoles » qui agissaient au lycée occupé depuis le mois de juillet, ont aidé les autorités à procéder à l’expulsion du lieu.

Le résultat est le même qu’à chaque fois, peut-être pire : une centaine de personnes n’ont pas eu d’hébergement et se sont retrouvées à la rue, tandis que d’autres ont été emmenées dans des centres à plusieurs centaines de kilomètres. Pour la mairie et la préfecture tout s’est bien passé et ils peuvent se féliciter. Une opération de communication rondement menée pour un résultat efficace : les occupant-es du lycée sont maintenant dispersé-es à droite à gauche et ne pourront plus les emmerder avec leurs manifestations, leurs revendications, leurs luttes collectives.

À bon ? Mais, pourtant, la lutte continue bel et bien. Dès l’après-midi, plusieurs dizaines de personnes, migrant-es non hébergés lors de cette expulsion et solidaires se sont dirigé-es vers l’hôtel de ville et ont manifesté toute l’après-midi, encerclé-es par les flics, pour obtenir le relogement de celles/ceux remis à la rue après l’expulsion. Rapidement ils/elles ont été rejoint-es par d’autres qui sont revenu-es des centres d’hébergements refusant l’accueil qui leur est fait (conditions de vie difficiles, pas de nourriture, pas de garanties sur la durée de l’hébergement, pas de suivit administratif, éloignement…). La mairie a fini par débloquer 80 places supplémentaires, mais pas assez pour tout le monde. Une partie des migrant-es est donc restée toute la nuit devant l’hôtel de ville, enfermé-es par des barrière, gardé-es par des flics, jusqu’à ce qu’ils/elles soient expulsé-es à 4h du matin.

Mais la lutte continue ! Solidarité avec les migrant-es ! Des papiers et des logements pour toutes et tous ! Liberté de circulation et d’installation !

Communiqués des migrant-es rassemblé-es devant l’hotel de ville :

« La mairie a dit qu’elle allait nous reloger mais c’est un mensonge, certains ont été pris mais d’autres réfugiés laisser à la rue. On a besoin d’une logement et de papiers. Nous sommes ici [devant la Mairie] pour qu’elle trouve une solution à notre situation aujourd’hui. »
« Notre priorité c’est d’avoir un abri. Ce matin, certains avaient des rendez-vous et d’autres avaient des démarches à faire, quand nous sommes revenus, on nous a dit qu’il n’y avait plus de places. Ils ont évacué les autres du lycée et nous, nous sommes toujours dehors. La Mairie de Paris nous a menti et n’a pas tenu sa promesse. »

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Samedi 24 octobre, une manifestation était appelée depuis plusieurs jours pour la liberté de circulation et d’installation, contre les frontières, en solidarité avec les migrant-es en lutte pour des papiers et des logements, et faisait échos au rassemblement à la gare Saint Pancras à Londres en solidarité avec les trois personnes incarcérés en Angleterre pour avoir traversé le tunnel sous la Manche à pied. Voir l’appel à manifester à Paris ici. Et celui de Londres là, et plus haut le compte rendu de la manif à Londres. 

affiche frs arb eng far pour le 24 octobre

Malgré l’expulsion du lycée occupé, plusieurs centaines de personnes ont répondu présentes (700-800 personnes), des personnes solidaires, des collectifs de sans papiers ainsi que les migrant-es non hébergé-es chassés le matin même de la place de l’hôtel de ville et d’autres des centres d’hébergement. Le collectif 20ème solidaire de tou-te-s les migrant-es qui, plus tôt dans l’après-midi a déambulé dans les rues du 20ème arrondissement avec collage d’affiche et slogans, a également rejoint la manifestation.

Derrière les banderoles « des logements pour tous, migrant-es et réfugié-es », « we want house » en plusieurs langues, le cortège a descendu la rue de Belleville puis emprunté le boulevard de la Villette – boulevard de La Chapelle jusqu’au métro La Chapelle où de nombreux/euses autres migrant-es attendaient l’arrivée de la manifestation. Une autre banderole faisait explicitement référence aux trois migrants emprisonnés en Angleterre « Liberté pour les 3 marcheurs sous la Manche ».

La présence policière n’était pas visible depuis la manifestation mais très importante dans les rues adjacentes. Toutes les places et bâtiments occupés ces cinq derniers mois de lutte étaient lourdement protégés, les autorités ayant peur qu’un campement ne se réinstalle avec les personnes non hébergées et ayant quitté les centres : la caserne Château Landon, l’église Saint Bernard, la halle Pajol.

Pendant la manifestation nous avons reçu des nouvelles des migrant-es emmené-es dans des bus pour des soi-disant hébergement après la première partie de l’occupation du parvis de l’hôtel de ville : une partie a été emmenées dans un centre à Jouy-sur-Morin, une autre dans la salle des fêtes d’un village d’à côté et les autres ont été déposés… place de la Nation. Le lendemain matin, tous ont été remis à la rue.

À la suite de la manifestation les migrant-es ont décidé de bloquer le carrefour de La Chapelle. Pendant 30 minutes la circulation a été totalement interrompue jusqu’à ce que la présence policière se fasse plus forte. Le groupe de 100 personnes s’est dirigé vers le théâtre des bouffes du nord pour tenter de l’occuper, mais ils en ont été empêchés par une charge violente des CRS. Plusieurs personnes ont été blessées dont certaines ont dû être emmenées à l’hôpital. Ensuite, les CRS ont continué à charger et à disperser les manifestant-es à plusieurs reprises. Un groupe s’est replié dans la gare du Nord puis a décidé de se retrouver à Stalingrad pour discuter et décider quoi faire. Plusieurs migrants ont été arrêtés puis relâchés. Finalement certains ont décidé d’aller dormir place de la République et d’autres à droite à gauche.

Après ces deux journées de répression, la dispersion est presque totale. Mais des migrant-es commencent déjà à quitter les hébergements qui sont soit trop loin soit très mauvais, tandis d’autres sont remis à la rue. Désormais, ils sont plus que jamais à la merci de la traque policière. Des dizaines de refus d’asile sont tombés et ces derniers jours des rafles massives ont eu lieu à Calais et à Paris : l’État doit apporter son quota de migrant-es à expulser dans le plan européen de 400 000 déportations.

Après l’expulsion du lycée, les migrant-es sont de nouveau isolés et dispersés. Toute organisation collective a été cassée et il est plus que nécessaire de reconstruire une dynamique de lutte et d’imposer un véritable rapport de force, à la fois pour trouver des solutions concrètes pour répondre à l’urgence de la situation, mais aussi pour continuer la lutte contre le régime des frontières.

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Après la manifestation, un nouveau campement s’est installé place de la République avec les personnes non hébergées, ceux/celles revenu-es des centres et de nouveaux/nouvelles arrivant-es. Après une première alerte mercredi après-midi, le campement a été expulsé jeudi 29 au matin, les flics repoussant violemment les migrant-es pour les forcer à monter dans le métro.

Ceux/celles-ci ont décidé d’appeler le soir même à un rassemblement qui a réunit plusieurs centaines de personnes, migrant-es et solidaires. Dans la foulée, un nouveau campement s’installait en lieu et place de celui expulsé le matin même.

Lire le communiqué des migrant-es expulsé-es de la place de la République.

Le lendemain, le 30 octobre, les flics sont revenus et ont de nouveau expulsé le campement. 80 personnes ont été emmenées dans des centres d’hébergement, les autres laissés sur place et sommés de se disperser. Voir ici et .

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Samedi 31 octobre, un cortège déterminé et dynamique des migrant-es expulsé-es de la place de la république et de différents centres d’hébergement a participé à la marche de la dignité et contre le racisme.

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Le dimanche, la volonté de poursuivre dans une dynamique collective est toujours présente et plusieurs dizaines de migrant-es se ré-installent pour la quatrième fois place de la République, rejoint par d’autres des centres d’hébergement qui décident de passer la nuit avec eux/elles en solidarité. La police continue son travail de harcèlement, tente d’empêcher l’installation de bâches et vient au petit matin pour expulser et disperser les personnes qui ont dormi là. Mais la détermination et la solidarité des migrant-es est plus forte que les menaces de la flicaille et le campement se reconstruit chaque soirs.

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Le 2 novembre, une manifestation de 300 personnes, principalement des migrant-es, est partie de la place de la République pour se rendre vers Châtelet, bloquant la circulation aux cris de « solidarité avec les réfugié-es, solidarité avec les sans papiers » et « liberté, dignité, humanité ». Appel de la manif

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Paris/Saint-Ouen (France). Le 2 novembre, un réfugié kurde d’Irak hébergé dans le cadre du dispositif de la préfecture dans un hôtel à Porte de Saint-Ouen s’est vu annoncé qu’il devait quitter l’hôtel et retourner à la rue car le dispositif s’arrêtait là. Il a refusé de quitter la chambre et la direction de l’hôtel Formule 1 de la porte de Saint-Ouen a appelé les flics. Le gars refusant toujours de quitter la chambre et menaçant de se suicider, les flics lui ont tiré deux décharges de taser a bout portant. Il a été admis à l’hôpital et en est ressorti, heureusement sur ses deux jambes.

 

Varennes-sur-Allier (France). Après l’expulsion du lycée occupé dans le 19eme arrondissement de Paris le 23 octobre, 200 migrant-es ont été emmené-es dans un centre d’hébergement dans la commune de Varennes-sur-Allier en Auvergne (à 350 km de Paris !). Le 31 octobre, plusieurs groupuscules fascistes ainsi que le FN appelaient à un rassemblement contre « les clandestins musulmans », alertant sur le risque d’augmentation de viols (!) et la « ruine économique et culturelle ». Heureusement, plus de 150 personnes se sont rassemblées à l’appel d’organisation et d’association contre les fascistes (qui ont annulé leur manif au dernier moment) et pour exprimer leur solidarité avec les migrant-es. Eux/elles par contre ont eu l’interdiction de manifester et de sortir du centre (de la prison?).

 

Champcueil (France). Hébergés après l’expulsion du lycée Jean Quarré à Paris le 23 octobre, une vingtaine de migrant-es du centre de Champcueil en Essonne ont manifesté le lundi 2 novembre devant la mairie de Mennecy, à une heure de marche du centre. Ils demandent : un bon logement pour tous, de démarrer les démarches administratives, d’avoir accès à une médecin, la mise en place de cours de français, des tickets de transports, une amélioration de la qualité de la nourriture, l’accès à l’eau potable et que le personnel ne leur manque pas de respect ». Après s’être rassemblés devant la mairie, les manifestants sont allés devant la préfecture d’Evry pour porter les mêmes revendications. Mais ils se sont heurtés une fois de plus au mépris de l’administration qui a refusé de les recevoir. Le centre est géré par la Croix-rouge.

Champcueil 2novembre2015

 

Marseille (France). À Marseille le « Manba », lieu occupé depuis plusieurs semaines pour s’organiser avec les migrants dans la lutte pour des logements et des papiers, est désormais expulsable. « Cet ancien garage désaffecté depuis plus de dix ans a été investi collectivement et se veut un lieu-étape sur le chemin des shebabs. Alors que le nombre d’exilé.e.s ne cesse d’augmenter, que les frontières se ferment, des solidarités et des collaborations fleurissent ». Voir ici un texte et une vidéo de présentation.

Suite aux rafles massives qui ont lieu à Calais (voir plus haut), plusieurs migrants arrêtés ont été transférés au centre de rétention du Canet à Marseille. Sur place, la solidarité se met en place et un rassemblement est appelé devant le centre de rétention le 30 octobre. Voici l’appel :

Solidarité avec les réfugiés enfermés au Centre de Rétention Administrative du Canet

Face à l’arrivée massive de migrants cet été, on se doutait bien que la réponse de l’Etat ne serait pas humanitaire comme il le prétendait, mais répressive.

Depuis la semaine dernière, les événements s’enchaînent : expulsion de la maison des réfugiés à Paris, rafles massives à Calais… Lundi, 50 personnes sont arrivées au centre de rétention de Marseille après une rafle à Calais. Cela porte à plus de 100 personnes le nombre de personnes enfermées en ce moment au Centre de Rétention Administrative (CRA) du Canet. Leurs accès aux droits est quasi-impossible et leurs conditions d’enfermements sont de plus en plus dures (des rats, sont par exemple régulièrement signalés dans les chambres).

Mardi 27 octobre, 6 personnes se sont mises en grève de la faim. Elles dénoncent les mauvais traitements qu’elles ont subies à Calais et pendant le transfert : pas de nourriture, pas d’eau, pas d’accès au toilettes, violence de la part de la police… Ils ne comprennent pas et dénoncent le fait d’être enfermés alors qu’ils demandent seulement leur liberté et la possibilité de se réfugier en Angleterre.

Pour toutes ces raisons, le Collectif Soutien Migrants 13 appelle chacun et chacune à venir manifester sa solidarité devant le Centre de rétention et y faire un maximum de bruit.

Contre les frontières et l’enfermement, aucun être humain n’est illégal ! Source

Compte-rendu de la manif en soutien aux migrant-e-s en lutte

Des tambours improvisés, des slogans, des casseroles bruyantes, des pétards et des cris de rage en solidarité avec les migrant-e-s !

Vendredi 30 octobre,une centaine de personnes s’était donné rendez-vous devant le CRA du Canet à Marseille. Des tambours improvisés, des slogans, des casseroles bruyantes, des pétards et des cris de rage étaient venus rappeler toute notre solidarité aux migrant-e-s actuellement en lutte et emprisonné-e-s au CRA.

Les gen-te-s sont ensuite parti-e-s en cortège vers le centre-ville, laissant fleurir des tags ici ou là. De nombreux-es habitant-e-s nous ont montré ou crié leur soutien. Quelques-un-e-s d’entre elle/eux ont participé à la marche, dont certain-e-s très jeunes et très enthousiastes. Après un dernier détour par la gare et ses militaires vigipirate au regard vide, le cortège s’est dispersé en ville.

Rendez-vous est pris le samedi 21 novembre pour la prochaine manif en solidarité avec les migrant-e-s, contre les CRA et le monde de merde qui va avec ! Source

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Toujours depuis Marseille, voici un texte écrit et publié sur le site Marseille Infos Autonomes qui invite à une réflexion sur une dynamique de lutte contre les frontières qui pourrait se développer :

Lutter contre les frontières… Et bien plus !

À l’heure où la guerre qui s’intensifie en Syrie, au Moyen-Orient et au-delà génère son lot de massacres tout en leur fournissant un terrain d’entraînement supplémentaire, les Etats de l’Union Européenne tentent d’améliorer leur coordination en ce qui concerne la gestion de « flux migratoires » pour partie liés à l’ensemble de leurs
« interventions extérieures ».

Tout en accueillant « à bras ouverts » quelques « réfugié-es » et « demandeurs d’asile » élu-es selon des critères drastiques (et changeant selon leurs intérêts) ou directement sélectionné-es selon leurs besoins de main d’œuvre, ils annoncent un « durcissement des conditions d’entrée » : c’est-à-dire le blindage toujours renforcé des frontières tant extérieures qu’intérieures ( militarisation des territoires, des villes et des transports) et une augmentation des expulsions.
En termes simples les Etats de l’UE continuent leur tri infâme : « l’accueil » aux prix de l’acceptation des conditions de contrôle et d’exploitation pour une petite minorité de personnes, la mort aux frontières et/ou l’expulsion pour les autres, avec entre temps le passage par la case centre de rétention. Ils sont en cela largement aidés/et couverts par une cohorte d’humanitaires.

Mais cette « Europe forteresse », si elle peut correspondre à un rêve du pouvoir, n’en a pas moins subi différents assauts et offensives ces dernières années, plus ou moins collectifs, plus ou moins médiatisés.

Qu’on se souvienne de l’incendie du centre de rétention de Vincennes en 2008 et d’autres mutineries et évasions dans plusieurs prisons pour étrangers la même année et les suivantes, des nombreuses tentatives de saboter concrètement la machine à expulser ; qu’on pense aux multiples passages en force des frontières à Ceuta et Melilla, à Calais et aux frontières entre la Hongrie, la Serbie et la Croatie, ou encore aux mouvements de lutte auto-organisée des migrant-es tunisien-nes au printemps 2011… Tant d’exemples qui eux aussi ont leur continuité, et qui sous leurs divers aspects portent des désirs de liberté que ni flics ni barbelés ne parviennent à étouffer.

À l’opposé des logiques politiciennes, humanitaires et répressives du pouvoir : tri, comptabilité macabre et gestion des populations, nous souhaitons aujourd’hui comme hier imaginer et nourrir des chemins de révoltes et d’émancipation, qu’il ne tient qu’à chacun-e d’alimenter sans médiation d’aucune sorte.

Nous voudrions donc prendre le temps de réfléchir à ce que pourraient être les contours de dynamiques de luttes qui, dépassant le soutien bien réel apporté aux migrant-es ou la remise en question des « critères de régularisation » au cas par cas, puissent saper les rouages permettant aux frontières d’exister : des institutions, partis politiques, et associations… aux entreprises qui contribuent directement à l’enfermement et à l’expulsion de celles et ceux jugées indésirables dans ce monde de domination et d’exploitation. Source

 

Lille (France). La solidarité continue autour du campement des migrant-es du parc des Olieux, principalement des mineurs isolés. Des repas collectifs, un journal, des cours de français, une permanence de santé et une permanence juridique et des soirées de soutien s’organisent sur le campement depuis 4 mois.

Le 14 octobre 2015, une centaine de personnes se sont rassemblées au parc des Olieux à l’appel du collectif de soutien. Le 16 octobre, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant les bureaux en charge des mineurs isolés étrangers du département du Nord.

La pression policière est constante : plusieurs fois par semaines des opérations de contrôle ont lieu dans les environs ou sur le campement même et plusieurs migrant-es se sont retrouvés enfermés au centre de rétention. Source

 

Bari (Italie). Rassemblement solidaire avec les prisonniers du CIE et grève de la faim

Dimanche 18 octobre, un groupe de solidaires s’est rendu devant le CIE (Centro di identificazione ed espulsione, centre de rétention) pour apporter un salut aux reclus et faire entendre encore une fois leur proximité et leur solidarité, malgré les murs qui divisent encore. Les prisonniers ont répondu bruyamment aux solidaires et ont rappelé encore une fois les conditions de détention dégradantes, conditions durcies après le salut de ce dimanche par l’interdiction de sortir dans la cour le lendemain.

La réponse répressive n’a pas d’autres effets que de pousser encore plus les solidaires et tou-te-s celles et ceux qui portent la bataille contre les camps d’État, à continuer la lutte et à faire entendre toujours plus fort la solidarité avec les retenu-es. Immédiatement après la fin du rassemblement, certaines personnes enfermées au CIE ont commencé une grève de la faim pour protester contre leur enfermement. La grève ce poursuit à ce jour.

En outre, la nouvelle est arrivée d’une tentative d’évasion d’un prisonnier, malheureusement vaine. En sautant les murs du CIE, le gars s’est fracturé un bras et une jambe. Conduit à l’hôpital de Bari, il a été ramené en toute hâte au CIE et placé à l’isolement. Nous espérons recevoir bientôt des nouvelles sur son état de santé.

Nociebari, 20 octobre 2015 Source

Quelques jours plus tard, le ministère de l’intérieur a annoncé que le CIE de Bari Palese, en application des directives européennes, allait être vidé et transformé en hotspot.

 

Caltanisseta (Italie). Révolte dans le CIE de Caltanissetta – Pian del Lago contre l’expulsion

Le 19 octobre au matin une révolte a éclaté au CIE Pian del Lago, lors de laquelle une trentaine de tunisiens ont tenté de résister à une expulsion prévue dans la journée par un vol directe de Palerme à Tunis. Les migrants sont montés sur le toit du CIE et ont jeté des des tuiles, des pierres et d’autres objets contre la police anti-émeute et les gardes de sécurité du CIE. La révolte a durée plusieurs heures, et un retenu a été blessé et transporté à l’hôpital. Les 29 autres, malheureusement ont été emmenés en bus à Palerme pour l’expulsion.

Les expulsions semblent se produire à un rythme accéléré dans ce centre géré par la coopérative auxilium.

Solidarité avec les prisonniers et tou-te-s ceux/celles qui luttent contre les expulsion. Source

En Italie, de nombreuses expulsions massives sont mise en place par l’État et l’agence européenne Frontex. Cette machine à expulser s’est trouvée récemment renforcée avec l’ouverture en Italie de plusieurs hotspots, nouveaux camps européens d’enfermement et de tri des migrant-es. C’est entre-autre à partir de ces camps que vont s’organiser les expulsions de masse, plus de 400 000 personnes, prévues par l’Union européenne dans son plan de gestion des migrant-es.

 

Rome (Italie). Nouvelle expulsion de masse du CIE de Ponte Galeria au Nigeria.

D’abord supposée puis annoncée, elle est arrivée. L’expulsion de masse, coordonnée par les mercenaires de Frontex vers le Nigéria a eu lieu la matinée du 15 octobre, avec la sortie du CIE de trois bus de la police chargés de personnes à expulser et d’agents de différents types, escortés par des blindés de CRS.

Les gens enfermés dans le CIE racontent les cris des personnes expulsées, à la fois dans la section homme et dans la section femmes. En tout, 30 hommes et 20 femmes ont été transportées à l’aéroport puis expulsées par vol spécial.

Le consul nigérian continue de signer des avis d’expulsion, faisant souvent entrée dans le CIE. Nous savons avec certitude que, du CIE de Turin et du Hotspot de Lampedusa sont transportées des personnes nigériennes vers des cages du CIE de Ponte Galeria à Rome. Le fait que le CIE romain a un rôle important dans les déportations n’est plus une hypothèse.

La tristesse ne suffit pas. La colère est immense. Source

Un nouveau rassemblement est appelé au centre de rétention (CIE) de Ponte Galeria le 7 novembre :

Rassemblement en solidarité avec les personnes enfermées au CIE de Ponte Galeria

Les CIE sont des centres dans lequel les personnes immigrées sont emmenées parce qu’elles n’ont pas les bons papiers, enfermées en attendant d’être identifiées et expulsées d’Italie. Au cours des dernières semaines, les déportations ont été nombreuses, mais aussi les actes de protestation et de résistance de ceux/celles qui sont enfermées dans ces prisons. Pour cela, nous retournons sous les murs du CIE de ponte Galeria.

Pour un monde sans frontières, solidarité avec celles et ceux qui luttent pour la liberté.

Rendez-vous samedi 7 novembre à 15 heures à la station Ostiense et à 16 heures devant le CIE.

Quelques ennemi-es des frontières Source

roma presidio cie 7nov

 

Turin (Italie). Scotch et couverture

Le 22 octobre au matin, au CIE de corso Brunelleschi, la police a essayé une nouvelle fois d’expulser un jeune marocain et, cette fois, est parvenue à son but. Pendant une dizaine de jours, les flics sont entré quotidiennement dans le bâtiment de l’aire blanche du centre pour tenter de l’emmener, mais lui a chaque fois résisté, y compris avec des automutilations et en subissant des tabassages. L’état physique du jeune, après une semaine de brimades et de coups, était si précaire qu’il a passé les dernière 48 heures à l’hôpital. Cependant, alors que sa période de détention devait se terminer le jour même, les forces de l’ordre sont revenues pour essayer de l’expulser, sans aucuns scrupules et avec les mêmes méthodes. Cette fois, quand ils ont vu arriver hommes en uniforme avec les mêmes intentions, les autres détenus ont commencé à crier et à faire du raffut en solidarité leur compagnon qui était déjà dans un mauvais état. Lui aussi, malgré tout, s’est démené avec les forces qui lui restaient et, d’après ce qu’on nous as dit dedans, il est allé jusqu’à avaler des lames de rasoir. Les flics, pour mener à bien leur travail et l’emmener, l’ont bâillonné avec du scotch et enroulé dans une couverture, aidés par les opérateurs de Gepsa (entreprise qui gère le CIE de Turin), particulièrement désireux de filer un coup de main. De ce que nous savons il semble qu’ils aient fait un arrêt à l’hôpital puis qu’ils l’ai envoyé à Rome. De sa probable expulsion nous n’avons pas de nouvelles.

À l’intérieur du CIE, l’ambiance est restée tendue. Un de ceux qui a impulsé la manifestation de solidarité a été pris dans sa cellule et tabassé.

En fin d’après-midi, quelques solidaires qui ont appris les événements, ont improvisé un salut sous les murs du centre, interrompant ainsi le silence de a nuit en faisant exploser quelques pétard et lançant des cris d’encouragement auxquels les détenus ont répondu chaleureusement. Source

Le 25 octobre, l’entreprise Ladisa faisait sa journée portes-ouvertes à Turin, mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Cette entreprise collabore avec la machine à expulser en servant des plateaux-repas dans le centre de rétention de Turin. À plusieurs reprises les prisonniers du CIE ont eu l’agréable surprise de trouver des vers dans les barquettes de repas (voir ici). Certain-es sont alors allés leur rendre la pareille : une banderole a été accrochée à l’entrée (« faccia pulita, lavoro sporco Ladisa complice delle espulsione ») et un seau plein de vers a été déversé à l’intérieur. Source

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Toujours à Turin. Le 29 octobre, un groupe d’ennemis des frontières a fait une visite sur le campus universitaire Einaudi. La raison ? La présentation du « Dossier statistique immigration 2015 » réalisé par le Centre Idos, qui avait invité la conseillère régional à l’immigration Monica Cerutti du parti Sinistra Ecologia Libertà.

Au cours des dernières années, la conseillère, avec ses amis, a pris plus d’une fois la parole dans le débat public pour critiquer les CIE en les définissant d’ « inconstitutionnels », racontant ses visites à l’intérieur du CIE, condamnant le manque d’ « humanité » de ces lieux d’emprisonnement… oubliant de préciser que ce sont les dirigeants actuels de son parti qui ont fait ouvrir ces centres il y a dix-sept ans. Et encore aujourd’hui, qu’elle siège dans un Conseil dirigé par ces mêmes personnes, qui ont décidé de ne pas ferme les CIE quand ils n’avaient plus qu’un souffle de vie (après les grosses vagues de révoltes il y a un an, ndlt) et même qui maintenant sont en train de les restructurer et de les rouvrir l’un après l’autre.
Justement pour rafraîchir la mémoire aux hommes politiques de gauche, rappeler une fois de plus cette réalité qui a tendance à s’oublier, quelques ennemis des expulsions ont décidé d’animer le débat pendant quelques minutes : une intervention, une banderole, quelques cris, puis le groupe quitte le débat, non sans avoir rendu l’environnement un peu plus malodorant qu’il ne l’était déjà.

Et tandis que la Digos (police politique) était sur la campus pour enquêter sur l’acte, le groupe de solidaires s’est déplacé vers le CIE pour saluer les prisonniers : dix minutes de cris et de pétards, très appréciées des personnes à l’intérieur, mais pas des patrouilles de police qui se sont précipitées sur place et ont réussi à arrêter quelqu’un pour l’accuser de « allumage dangereux » (de pétard). Source

 

Brindisi (Italie). Un salut aux détenus d’un CIE caché.

Le CIE de Brindisi-Restinco a officiellement ouvert le 3 octobre, bien que peu de gens le sache et que d’autres le garde secret. Depuis son ouverture, il a déjà été le théâtre de protestations individuelles et collectives, de tentatives d’évasion et d’émeutes, de résistance à des expulsions. Néanmoins, pendant une longue période, les journaux et la police ont été silencieux sur la réouverture du centre, géré, comme le Cara (centre pour demandeurs d’asile) voisin par la coopérative Auxilim.

Samedi 31 octobre, autour de 15h30, un groupe de solidaire s’est rendu devant le centre, et, avec des slogans, des interventions au mégaphone et des pétards, a cherché à apporter sa solidarité aux détenus du centre. Le salut a été accueillit à l’intérieur avec des slogans et des cris, des coups et des insultes aux quelques militaires qui contrôlaient la situation.
Le CIE de Brindisi-Restinco, bien qu’ayant été rénové récemment, n’a pas de mur d’enceinte et d’un côté il y a seulement un grillage métallique et quelques militaires pour séparer les retenus de la liberté. Cela a permis aux solidaires de discuter tranquillement avec eux et d’avoir un contact direct.

Peu de temps après le rassemblement, tandis que les personnes solidaires sont arrêtées et accusées par la police, une manifestation commence dans le centre, avec des jets d’ordures dans les sections, des coups et des cris.

Bien que la police ait tenté de calmer les gens, la protestation a continuer et une grève de la faim a commencé dans les trois sections du centre.

Source et lien vers un récit à 2 voix de ce qui se passe à l’intérieur du CIE.

Mise-à-jour. Le 4 novembre au matin, après les protestations du 31, la police a mené une perquisition dans le CIE. Tout s’est passé tranquillement et la police n’a rien trouvé de remarquable. Pendant ce temps, seulement quelques détenus poursuivent la grève de la faim tandis qu’une bonne partie des détenus a recommencé à manger. L’un d’eux, qui a fait la grève de la faim pendant plusieurs jours, souffre du cœur et a du mal a obtenir le traitement dont il a besoin. Source

 

Grèce. Le 16 octobre, le premier hotspot européen a ouvert ses portes sur l’île de Lesbos. Il est situé dans l’actuel camp de Moria, à quelques kilomètres du port de Mytilène, perdu au milieu de nulle part. Composée de centaines de préfabriqués et de containers et entourée de haut barbelés cette prison d’un nouveau nom fait partie du plan européen de gestion des migrant-es et de renforcement des frontières qui se dessine peu à peu depuis quelques mois. La réponse de l’Europe à l’arrivée de milliers de personnes sur ces côtes c’est l’enfermement, le tri, les déportations. Ajouté à tout ça, l’opération Eunavfor Med de déploiement de navires de guerre en Méditerranée, qui vient d’entrer dans sa phase 2 et a obtenu l’accord de l’ONU pour bombarder les embarcations présumées de passeurs au large des côtes libyennes,

Concrètement, les personnes enfermées dans les hotspots seront identifiées (prise d’empreintes, de photos, enregistrement dans les bases de données comme Eurodac), triée (entre demandeur d’asile / ou migrant), puis, en fonction, soit leur demande d’asile sera enregistrée et elles rentreront dans le plan de relocalisation des 120 000 réfugié-es que l’Union européenne est prête à accueillir, soit elles seront expulsés dans leur pays d’origine ou dans un pays tiers.

Pour mener à bien leur sale besogne de trafic d’être humain, les autorités locales vont recevoir de l’aide, logistique, financière et matérielle de la part de l’Union européenne et des agences européennes Frontex (surveillance des frontières), Europol (police européenne) Eurojust (coordination des services de justice) ou encore d’EASO (bureau européen en matière d’asile). Ce camp est le premier à ouvrir en Grèce, mais d’autres sont déjà en activité en Italie. D’ici fin novembre quatre autres hotpspots devraient ouvrir sur les îles grecques de Kos, Samos, Chios et Léros, puis, à terme, sur le continent.

La Grèce occupe une place stratégique dans la guerre que mène l’Europe contre les migrant-es, car c’est une porte d’entrée sur le continent, par les îles ou par la frontière avec la Turquie. Là, dans la région de Evros, comme en Hongrie, où bientôt en Autriche, un mur s’élève sur quelques kilomètres de frontière.

Le 29 octobre, une manifestation était appelée à Thessalonique contre les hotspots et les frontières.

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Le 31 octobre, une manifestation contre le mur d’Evros et toutes les frontières a réunit 500 personnes, mais un important dispositif policier empêchait les manifestant-es d’approcher la clôture. Les manifestant-es se sont affronté-es avec la police, dans le village de Kastanies, à quelques centaines de mètres de la clôture. Source

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Texte d’appel de la manifestation :

Assez de noyades dans la mer Égée, abattons le mur de Evros. Source

Chaque jours, des milliers de personnes, persécutées par les bombardements occidentaux, les régimes totalitaires et la violence intégriste, éradiquées par l’extrême pauvreté et la « croissance » des entreprises, luttent pour franchir les frontières et venir en Europe.

Ces milliers de personnes sont amenées à une lutte pour la survie, à la recherche d’une vie dans la paix et la dignité. Des milliers d’entre-eux/elles se sont noyé-es sur les côtes de la Méditerranée ; ceux/celles qui cependant parviennent à atteindre les États européens vivant-es doivent faire face aux camps de détention, aux attaques fascistes et racistes, à la violence de la police et des profiteurs, servent de main d’œuvre pas cher et facilement exploitable.

Tout en invoquant hypocritement leur humanisme présumé, les dirigeants de l’Europe mettent l’accent sur le renforcement des contrôles aux frontières, augmentent les moyens des armées et de Frontex, multiplient les camps de détention, les déportations et les retours forcés, révélant le véritable visage de l’Europe forteresse.

La clôture à Evros (à la frontière entre la Turquie et la Grèce) n’est pas pas seulement le symbole de l’exclusion, de la diabolisation de « l’étranger » et de la protection de la sécurité nationale et européenne à tout prix, c’est aussi la cause de toutes ces noyades en mer Égée et en mer Méditerranée.

Les barrières forcent les réfugié-es et migrant-es à suivre des routes maritimes dangereuses pour traverser les frontières. L’évidence montre que, depuis que la clôture a été construite le nombre de personnes qui se sont noyées dans la mer Égée a monté en flèche et va continuer d’augmenter puisque aucun barbelé ne peut arrêter un homme ou une femme qui se bat pour sa survie et sa dignité.

Nous avons créé la Coordination contre la clôture de Evros pour se battre pour la destruction de la barrière, l’ouverture des frontières et arrêter la tragédie humaine en Méditerranée. Des groupes et des individus se sont réunis pour joindre leurs forces, chacun-e avec ses propres idées, unis par la conviction commune qu’arrêter le cauchemar des frontières tâchées de sang est l’affaire de tou-te-s et du « mouvement ».

Les assemblées de la coordination sont ouvertes et horizontales, dans un processus direct qui poursuit la coordination et la coopération avec des initiatives semblables tant en Grèce qu’à l’étranger, étant donné la question de frontières nous concernent tou-te-s.

Nous ne pouvons pas rester silencieux/euses face à la mort. Tant que la barrière est là et que les frontières seront fermées, l’État grec et l’Union européenne continuerons d’assassiner des milliers de migrant-es et réfugié-es sur les côtes méditerranéennes, qui meurent dans les bateaux-cercueils, épaves des trafiquants d’êtres humains.

Nous appelons donc à une manifestation contre la clôture d’Évros et les frontières le samedi 31 octobre 2015.

Liberté de circulation pour les réfugié-es et migrant-es / Des papiers pour tou-te-s, pas d’expulsions / Aucun camp de détention / Contre l’Europe forteresse

Notre solidarité va détruire la clôture et les frontières.

Evros demo against hotspots and border fences 31oct15

 

Genève (Suisse). Suite à la tentative de suicide d’un migrant qui a reçu une réponse négative à sa demande d’asile, ses camarades ainsi que des personnes solidaires ont décidé d’organiser un rassemblement le 29 octobre devant le bunker Quidort pour exiger l’arrêt des renvois Dublin, la fermeture des bunkers dans lesquels les migrant-es demandeurs d’asile en Suisse sont parqués et exiger des conditions de vie dignes pour tous et toutes.

 

Prague (République Tchèque). L’ambassade de Hongrie à Prague a été redécorée de tags représentant des barrières et des barbelés dans le mois d’octobre. L’État hongrois a fait construire, par des prisonniers, un mur de barbelés long de 175 km à sa frontière avec la Serbie et un second mur à sa frontière avec la Croatie et la Roumanie. Mi septembre, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence et déployé l’armée aux frontières.
Prague ambassade de Hongrie

 

Ljubljana (Slovénie). « Ljubljana calling! » – Appel pour une rencontre internationale, manifestation et action de solidarité avec les migrant-es et contre les frontières en Slovénie le 31 octobre.

Depuis plus d’une semaine de nombreux migrants traversent la Slovénie via la Croatie pour rejoindre l’Europe. En réponse, le gouvernement Slovène a fixé un quota d’entrée à 2500 réfugies par jour ; la Croatie a continué d’envoyer les réfugiés et migrants de l’autre de la frontière. Cette controverse entre la Slovénie et la Croatie a crée une situation humanitaire désastreuse pour les réfugiés et les migrants. Le gouvernement Slovène a utilisé cette situation qu’il a lui-même crée pour rapidement militariser la région et appeler l’Union européenne à un sommet au sujet de la route des Balkans.

Les mesures prises suite a ce sommet sont dans la droite ligne de la politique européenne actuelle, politique faite pour détruire le mouvement des réfugiés et des migrants : créer des « hot spots » en Grèce ainsi que désigner la Turquie comme une zone tampon pour les réfugies et les migrants. Après avoir encouragé les gens à suivre ce parcours dans des conditions humanitaires désastreuses, ils ont utilisé les images terribles des événements à la frontière Slovénie-Croatie pour pratiquer davantage d’expulsions, pour rendre la politique migratoire encore plus répressive et violente, pour sélectionner et trier les migrants et les réfugiés au moment de leur enregistrement afin de détruire leur solidarité collectif.

Nous sommes des personnes impliquées quotidiennement dans la solidarité avec les réfugiés et les migrants qui traversent la Slovénie pour tenter d’atteindre leur destination. Nous ne voyons les réfugiés et les migrants, ni comme des victimes désespérées, ni comme une menace, mais comme des personnes autonomes à la recherche d’une meilleure vie. Nos engagements quotidiens à la frontière nous permettent de nous rendre compte de l’attitude des autorités slovènes, qui mène à la déshumanisation des réfugiés et des migrants. Cette situation est utilisée comme un moyen pour isoler les réfugiés et les migrants en leur faisant subir les violences policières, la sélection et les expulsions.Nous nous rendons également compte que les autorités limitent de plus en plus la possibilité d’actions de solidarité des groupes de bénévoles.

Nous pensons que la seule manière de résoudre le problème des conditions humanitaires désastreuses des réfugiés et migrants est de tisser des liens avec eux. La solution n’est pas d’expulser les personnes ou de les soumettre a une vie sans perspective dans des centres fermés et isolés du reste de la société. La solution est d’édifier ensemble une société commune, citoyens, réfugiés et migrants.

Nous appelons à nous retrouver a Ljubljana (Lubiana) le samedi 31 octobre à 11h, pour participer à une rencontre internationale ainsi qu’à une manifestation contre la militarisation des frontières slovènes et les tentatives de l’Union européenne de bloquer la circulation des réfugiés et migrants. Après la manifestation de Ljubljana, nous irons ensemble à la frontière en tant que bénévoles indépendants pour exprimer notre solidarité avec les réfugiés et les migrants et pour bâtir ensemble une ouvrir l’Europe ensemble.

No borders / Stop militarization / Refugees welcome

Source : « Ljubljana calling! » – Call for international meeting, manifestation and solidarity action in Slovenia

 

‎Šentilj‬ (Slovénie). Le 31 octobre, plusieurs groupes néo-nazis appelaient à un rassemblement à la frontière Slovéno-autrichienne. Une centaines de militant-es antifascistes sont venu-es leur rappeler qu’ici comme ailleurs les migrant-es sont les bienvenu-es et que la lutte antiraciste est partout. Video de la manifestation

 

Frontière de Bapska (Serbie). Dans le cadre de la journée d’action du 31 octobre contre les frontières et en solidarité avec les migrant-es, le réseau No Border Serbia appelait à une action de solidarité à la frontière serbo-croate dans la région de Bapska.

 

Frontière Serbie/Hongrie. Vidéo d’une manifestation à la frontière le 16 septembre.

 

Zagreb (Croatie). Appel à une manifestation le 31 octobre, en solidarité avec tous les migrants, contre toutes les frontières

Les frontières de l’Europe forteresse se transforment avec une insoutenable légèreté en celles de « camps de la mort ». Si l’on en juge par les déclarations des politiciens européens et les pressions exercées par la Commission européenne, c’est une question de jours avant que les fils barbelés se prolongent depuis les frontières de la Hongrie jusqu’aux autres limites de l’espace Schengen, actuel ou futur. Les clôtures de fils de fer barbelés qui ont été érigées grâce au mécanisme du travail forcé, de l’exploitation des forces de travail des membres les plus faibles de la société – les prisonniers et les chômeurs – n’empêchent et n’empêcheront pas la migration des milliers de personnes qui ont été forcées de fuir leurs maisons. Les barbelés placés le long de la «ligne verte», la frontière naturelle, compliquent sérieusement la route des réfugiés en rendant leur voyage bien plus difficile, sur le terrain. Après avoir résisté aux agents des frontières de différents régimes et à leur répression politique sur la route vers l’Europe, avec le risque permanent de noyade, de vol et d’abus par les profiteurs du trafic d’êtres humains, le risque de détention, de peines de prison, d’expulsion, de violence et de mort, les personnes en migration sont épuisées, exténuées par des mois de marche, et doivent ensuite continuer à marcher plusieurs kilomètres, attendre des heures durant une procédure d’enregistrement et la prise de leurs empreintes digitales, elles doivent dormir la nuit dans le froid et sous la pluie, dans la boue au sens strict, et bientôt arriveront les premières neiges.

Nous invitons tout un chacun à protester et à manifester leur solidarité avec les migrants à toutes les frontières. Nous devons tous ensemble nous opposer à la limitation de la liberté de circulation, aux barbelés, aux camps, aux expulsions et aux mesures répressives de l’Union européenne. Nous demandons la suppression immédiate de toutes les barrières, le retrait des militaires, de la police et des forces de Frontex, la fin de toutes les formes de violence et de discrimination envers toutes les personnes, quel que puisse être leur « statut ».

Nous avons volontairement choisi de manifester sur la Place de l’Europe, à Zagreb, là où se trouve une institution clé de l’Union européenne. Nous souhaitons montrer que nous ne sommes pas et que nous ne serons pas d’hypocrites serviles d’une Europe qui érige des barbelés contre les femmes, enfants et personnes âgées, alors qu’au même moment son doigt impérialiste est plongé bien profondément dans le conflit du Moyen-Orient.

Aussi, nous saluons les manifestations qui auront lieu dans les villes à travers l’Europe. Nous invitons les activistes et tous ceux qui s’opposent à la politique répressive de l’Union européenne à se rassembler sur les place d’Athènes, Ljubljana, Budapest, Belgrade, Vienne, Priština, Skopje, Tirana. Montrons que les personnes aux frontières de la forteresse Europe ne sont pas seules.

Ensemble dans la lutte pour la liberté de circulation!

# Pour demander l’ouverture des frontières et la liberté de circulation pour toutes les personnes qui migrent, quelles que soient les raisons qui les ont obligées de migrer

# Pour demander la fin immédiate de l’illégalisation et de la criminalisation de toutes les personnes qui migrent

# Pour demander la fin immédiate de l’illégalisation et de la criminalisation de toutes les personnes qui viennent en aide bénévolement aux personnes qui migrent

# Pour demander la protection de toute personne dont la vie est mise en danger par un conflit armé, la guerre, la pauvreté, l’exploitation, la discrimination, le trafic et la traite d’êtres humains, ou bien qui sont victimes d’une violence structurelle et économique

# Pour demander la suspension immédiate du financement des conflits armés et des guerres, de l’invasion et de l’occupation, la fin de l’industrie de guerre et de l’économie qui reposent sur les conflits armés, la guerre et l’exploitation économique

# Pour demander la suspension immédiate du financement et la suppression de Frontex (Agence européenne pour la gestion opérationnelle aux frontières extérieures des pays membres de l’Union européenne)

# Pour demander le retrait des barrières, des barbelés et la fin du travail forcé dans leur démantèlement

# Pour demander qu’il soit mis fin à l’humiliation, à la torture et à toutes les autres formes de violences envers les personnes qui sont en migration et la suspension de toute expulsion des personnes qui sont (ou pas) arrivées à leur lieu de destination

Depuis Zagreb, solidarité. Ni frontière, ni nation, stop aux expulsions.

Source : Prosvjed solidarnosti s migrantima na svim granicama!

 

à suivre …

 

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Quelques liens : Paris Luttes infos // Marseille Infos Autonomes // Calais Migrant Solidarity//Presidio No Border Vintimille // Hurriya (Italie) // Clandestina (Grèce) // Assemblée No Lager Thessalonique //  Assemblée No Lager (Grèce) // No border Serbia //