Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Vive les révoltes des migrant-es contre les frontières

fin août – début septembre 2015

Calais (France). Après les tentatives de passage collectif de la frontière et les blocages d’autoroute de cet été, les migrant-es de la jungle continuent de s’organiser et d’occuper la rue pour protester contre la frontière. Tard dans la soirée du 31 août, après la visite du premier ministre à Calais, 200 personnes ont couru sur l’autoroute d’accès au site de l’Eurotunnel et commencé un blocage avant l’arrivée de la police qui a violemment réprimé en inondant la zone de lacrymos.

Le 3 septembre un rassemblement se tient devant l’entrée du Centre Jules Ferry géré par l’association La vie active, juste à côté de la jungle. Les personnes bloquent l’accès au centre de distribution de repas du gouvernement car elles ne veulent plus de l’aide humanitaire et des conditions de vie dans lesquelles elles sont maintenues dans la jungle. Les migrant-es veulent l’ouverture de la frontière.calais 3 sept

Les 4, 5 et 7 septembre des manifestations sont organisées par les gens du camp. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté de la jungle jusqu’à la place de la mairie aux cris de « freedom », « hurryia », « no borders, no nations, stop deportation » « no jungle, open the border »… Les migrant-es ont pris les rues de Calais, contre la jungle et la frontière. Et ça n’est pas prêt de s’arrêter.

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Source Calais Migrant Solidarity

De Calais à Londres … manifestation transnationale pour la liberté de circuler

Aujourd’hui samedi 12 septembre 2015 une manifestation a été organisée à Calais par les gens de la jungle. La manifestation a été planifiée pour coïncider avec le rassemblement massif tenu à Londres, et afin de ramener l’attention sur les réfugiés présents à Calais alors que le Royaume-Uni vient de décider d’accepter plus de réfugiés (dans la répartition que sont en train de planifier les pays européens, ndlt). La marche d’aujourd’hui vient s’ajouter aux manifestations presque quotidienne des migrant-es à Calais la dernière semaine.

Au début de l’après-midi, un groupe de trois cent personnes a quitté la jungle et a commencé à marcher en ville. Ils demandaient la fin de leur vie forcée dans la jungle, la liberté de circulation pour tout le monde, et l’ouverture de la frontière vers le Royaume-Uni. La manifestation a réuni des gens de toutes les différentes communautés de migrants dans la ville. Comme le cortège est passé à travers la jungle, avec des gens chantant, dansant, jouant de la musique et appelant les autres à se joindre à eux, cela donnait aussi bien l’impression d’une fête que d’une manifestation.

La maire de Calais, Natacha Bouchart, qui hier a demandé au préfet d’augmenter la présence policière en ville suite aux récentes manifestations, avait fait posé des grilles autour de la mairie, et embauché des gardes de sécurité privé pour se tenir derrière. Pour cette raison, la manifestation, qui les fois précédentes avait rallié le parvis de la mairie, a cette fois été arrêtée par les CRS juste avant d’y arriver. Un face à face a alors commencé entre les manifestants et la police qui ont utilisé des gaz lacrymogènes.

Après cette attaque tout le monde est assis et a commencé à tenir un rassemblement. Les gens ont pris tours de parole au mégaphone et ont chanté et dansé. Pendant ce temps, un groupe de syrien a rejoint la manifestation. Cela a continué pendant environ une heure jusqu’à ce que la police a commence à repousser les gens en arrière, en essayant de les faire partir. Les manifestants ont répondu en se dirigeant rapidement dans les rues du centre de Calais, où ils ont occupé le boulevard Jacquard. La police, qui a tout d’abord essayer de les empêcher d’occuper la rue, a finalement dû battre en retraite et abandonner la principale rue commerçante au groupe pendant deux heures environ. Beaucoup de calaisiens se sont arrêtés pour regarder et écouter ce que les manifestants exigeaient.

Après le rassemblement, les gens sont retournés dans la jungle, en criant sur tout le chemin du retour. Le sentiment dans le groupe était vraiment positif, même s’ils ont été bloqués par la police, ils ont pu se déplacer et occuper et perturber la principale rue commerçante de Calais. Il y a eu beaucoup de réactions positives à la manifestation de la part des calaisien, et tout cela a été très encourageant pour les manifestants à poursuivre leur lutte et les manifestations dans les prochains jours.

From London to Calais… transnational demo for freedom of movement

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Marseille (France). Le 10 septembre, le FNARS (fédération d’association, dont Emmaüs et Aurore) organise une journée d’étude sur la réforme du droit d’asile avec comme invité Cazeneuve, le ministre de l’intérieur. Un rassemblement est organisé devant le lieu de la conférence. (Cazeneuve ferme là et ouvre la frontière)

Saint-Jean-du-Gard (France). En réponse à l’appel de Vintimille (voir plus bas) un rassemblement contre les frontières et en soutien au Presidio no border est appelé le 6 septembre sur la place du marché. (Source)

Lyon (France). Une révolte a éclaté fin août au centre de rétention de Saint-Exupéry près de l’aéroport de Lyon. Dans la nuit un retenu s’est entaillé le bras pour échapper à son expulsion. Pendant que les secours sont sur place et profitant de la confusion générale, d’autres ont entassé des matelas et des draps et y ont mis le feu. La police est repoussée pendant que du mobilier et des vitres sont cassées et que deux personnes montent sur le toit dans l’espoir de s’évader. Des renforts de flics sont arrivés les en empêchant. Trois personnes ont été arrêtées et ont été jugées en comparution immédiate. Deux ont été condamnées à 4 et 6 mois de prison ferme. Mais six chambres de la prison pour étrangers sont inutilisables grâce à l’incendie et ce sont 24 places en moins pour les enfermeurs. Un grain de sable dans les rouages de la machine à expulser. (Source presse)

Paris (France). Suite à l’expulsion du campement de migrant-es du square Jessaint, dans le quartier de La Chapelle, le vendredi 4 août, plusieurs d’entre-eux/elles se sont rendu-es en manifestation devant la mairie du 18ème arrondissement et ont décidé d’y rester jusqu’à ce des solution satisfaisantes leurs soient proposées. Une semaine plus tard le campement est toujours devant la mairie et la solidarité s’organise dans le quartier. Plusieurs rassemblement ont été organisés dans la semaine. Voici leur communiqué.

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Mercredi 9 septembre, plusieurs collectifs de sans papiers et associations anti-racistes appelaient à un rassemblement place de la république. Dans le même temps, le parti socialiste organisait un grand meeting sur « l’accueil des réfugiés ». Une manifestation sauvage est donc partie du rassemblement pour tenter de se rendre devant le lieu du meeting afin de dénoncer l’hypocrisie de ceux qui prétendent accueillir à coups d’expulsion et de matraque depuis plus de trois mois. Bloquée, la manifestation est repartie en sens inverse et a parcouru les rues du quartier. Après plusieurs charges de flics, les manifestant-es se sont dispersé-es, sans arrestations. À l’intérieur du meeting, plusieurs banderoles et pancartes ont été déployées en solidarité avec les migrant-es et contre la guerre que leur mène les gouvernements européens.

Le 31 août, plusieurs actions nocturnes ont eu lieu, contre les frontières et les gestionnaires humanitaires : un centre Emmaüs a été recouvert d’un tag « Emmaus collabo », sur celui du PS est apparu l’inscription « à bas toutes les frontières » tandis que ses vitres ainsi que celles d’une banque et un distributeur ont été défoncées. (Source)

Toulouse (France). Le 25 août, la permanence du parti socialiste a été a recouverte des inscriptions « solidarité sans-papiers » et « non aux expulsions ». En juin, c’était de l’huile de vidange qui avait été rependue sur la façade, également taguée d’un « solidarité avec les migrants ». (Source : presse)

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Valence (Espagne). Dans la nuit du dimanche 6 septembre, une révolte a éclaté au centre de rétention de Zapadores. Une quarantaine de prisonniers se sont rebellés contre les flics et leurs ont subtilisé leurs clefs. Un groupe ainsi pu accéder au toit et tenté de s’évader, mais en ont malheureusement été empêchés par d’autres flics à l’extérieur qui ont tiré des lacrymogènes et des flashball. Pendant ce temps, à l’intérieur du matériel a été dégradé et plusieurs feux de matelas allumés. Cinq policiers sont blessés. (Source : presse)

Roszke (Hongrie). Près de la frontière serbe, des centaines de migrant-es sont parvenus à s’enfuir du centre de rétention le samedi 5 septembre malgré une forte présence de la police.

Bicske (Hongrie). La plupart des migrant-es qui avaient accepté de monter dans des trains qui devaient soit disant les emmener en Allemagne ont résisté à leur déportation lorsqu’ils/elles se sont rendu-es compte que ces trains avaient en fait pour destination des centres d’identification et de tri des demandeurs d’asile. La même situation s’est produite en Autriche.

Budapest (Hongrie). Des milliers de migrant-es, bloqué-es depuis des semaines à la gare de Keleti ont entamé le 4 septembre une marche pour rejoindre l’Autriche à pied.

Athènes (Grèce). Au centre de rétention de Amygdaleza des migrants ont entamé une grève de la faim le 4 septembre. Il y a quelques semaine, des matelas avaient été enflammés dans plusieurs sections du centre. Cette prison pour étranger-es est restée ouverte malgré les fausses promesses électorales du gouvernement de syriza. En plus de l’enfermement, les conditions de vie dans le centre sont désastreuses. (Source : Clandestina

Kos (Grèce). Dans la nuit du 3 septembre, des groupes fascistes s’en sont pris à des migrant-es sous les yeux de la police sans qu’elle ne bouge un petit doigt. En réponse, les migrant-es ont commencé une manifestation et ont bloqué plusieurs routes, demandant à quitter l’île pour rejoindre d’autre pays d’Europe. À Kos comme sur d’autres îles grecques, les violences contre les migrant-es sont quotidiennes, de la part des flics et des fascistes, souvent alliés. Certain-es migrant-es sont bloqué-es depuis des semaines, voir des mois, dépendant du bon vouloir des autorités insulaires pour rejoindre le continent. Pendant l’été, 2000 personnes ont été enfermées dans un stade pendant des jours, sans eau, ni nourriture, sous une chaleur étouffante.

Lesbos (Grèce). Un millier de migrant-es se sont regroupés et ont tenté de monter de force sur un navire en partance pour Athènes. La police est intervenue avec des gaz lacrymogènes.

Anarchists welcome migrants in Mitilini, Lesbos (video)

Rome (Italie). Une protestation a commencé à l’intérieur du centre de rétention (CIE) de Ponte Galeria. Dimanche 30 août, lorsque des repas périmés ont été distribués. Plusieurs policiers sont intervenus mais se sont pris des barquettes de nourriture périmée dans la figure. (Source : hurriya)

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Sur le rassemblement solidaire et les manifestations au CIE de Ponte galeria

Le samedi 5 septembre, une centaine de solidaires se sont retrouvés pendant deux heures sous les murs du CIE de Ponte Galeria. Dans la section des hommes, depuis le début de l’après midi, les retenus du centre avait entamés de vive protestations et ont essayé de résister aux flics afin de rester dans la cour du centre pendant le rassemblement. Les flics sont alors arrivés avec chiens et matraques et ont enfermé tout le monde dans les cellules. En réponse, plusieurs matelas ont été incendiés dans les couloirs. Mais cette tentative d’isolement a été peu utile, puisque la vigueur des cris, des coups dans les portes et du micro ouvert à l’extérieur ont permis pour un temps d’outrepasser les murs de la prison. Des balles de tennis contenant des messages et le numéro de téléphone anti-expulsion et des pétards ont également été lancés par dessus les murs d’enceinte.

Puis le rassemblement s’est dirigé vers la section des femmes. À la demande des détenues, de la nourriture a été livrée à l’intérieur. Cette question de la nourriture, souvent périmée et pourrie, est le motif de nombreuses protestations à l’intérieur du centre. Puis des cris de « liberté, liberté » se sont répondus pendant plus d’une demie-heure de part et d’autre du murs de la prison.

Autour du rassemblement, la présence de la police était très massive, bien plus importante que les fois précédentes, et provocante. Ce rassemblement au CIE de Rome a été le premier après un long mois d’août durant lequel les protestations des migrant-es ont été nombreuses dans les CIEs, et que partout en Europe des gens ont défié les frontières et les flics qui les défendent.

La soi-disant « urgence migratoire », tant évoquée dans les médias, est au contraire une lutte quotidienne de nombreuses personnes, et c’est ainsi qu’il faut la voir. L’Europe est en train de mener une « guerre de frontière » dont la force et les dispositifs mis en place sont sans précédent si l’on considère les cinquante dernières années. Nous devons nous tenir prêt-es, parce que ce qui est en jeu, c’est la vie et la liberté de toutes et tous.

Retournons sous les murs des CIE, avec intelligence et rage, joie et détermination, et toujours plus nombreux/euses.

Jusqu’à ce que les frontières et les prisons soient détruites.

Ennemi-es des frontières (Source : hurriya)

Vintimille (Italie). Migrant-es et solidaires du Presidio permanente No Border de Vintimille appelaient à un week end de solidarité contre les frontières, les 6 et 7 septembre. Le 7, à Vintimille, 200 personnes se sont retrouvées au campement no border et sont allées à quelques mètres de là, bloquer le poste frontière. Dans la région, de nombreuses mesures répressives touchent les personnes solidaires et les migrant-es (arrestations, renvois en Italie, interdictions de territoire, procès, etc.).

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Milan (Italie). Plusieurs centaines de migrant-es, vivant dans un camp de tentes de la Croix-rouge à Milan ont manifesté leur colère le 24 août : « Libérez-nous, nous sommes épuisés et nous voulons des documents ». (source : presse)

Bari (Italie). Samedi 29 août une soixantaine de personnes se sont rassemblés devant le centre de rétention (CIE) Bari Palese pour exprimer leur solidarité aux détenu-es. Dans le centre, les flics ont bouclé les portes des bâtiments et empêché l’accès à la cour, mais des cris ont quand même pu être échangés entre l’intérieur et l’extérieur. (Source : hurriya)

Berlin (Allemagne). Le 10 septembre, des militant-es antifascistes et des migrant-es ont occupé un bâtiment vide dans l’idée d’y créer un refuge d’urgence autonome et autogéré par les migrant-es, où pourrait se développer un processus d’auto-organisation et d’échange entre migrant-es et personnes solidaires. Mais, malheureusement le bâtiment a été expulsé quelques heures plus tard.

Bedford (Angleterre). Le 7 septembre, les femmes détenues au centre de rétention de Yarl’s Wood sont entrée en protestation et ont occupé la cour : « Nous sommes dans la cour, nous protestons. Nous sommes ici depuis plus d’une heure depuis 09h00. Il y a trente d’entre nous. Nous exigeons notre liberté. Nous chantons pour notre liberté. Nous crions. Nous chantons « Liberté, liberté, liberté, nous voulons notre propre liberté »… Nous sommes presque cinquante. Nous chantons et dansons. Nous nous tenons chaud car il fait un peu froid … Nous prévoyons de rester ici jusqu’à 21 heures. Nous ne mangeons pas. Nous ne faisons rien. Nous ne voulons pas de leur nourriture. Nous ne voulons pas de leurs activités. Nous voulons simplement notre liberté. » (Source : detained voices)

Au début du mois de juin, plusieurs dizaines de personnes avaient manifesté leur solidarité avec les détenues devant les murs de ce centre de rétention, géré par l’entreprise Serco. (Source : rabble)

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Gevgelija (Macédoine). Le 22 août, des centaines de migrant-es, bloqués à la frontière greco-macédonienne depuis des jours ont débordé les flics et militaires et franchi les barbelés du poste-frontière. Deux jours avant, le gouvernement avait décrété l’état d’urgence et envoyé l’armée sur place, provocant de violents affrontements.

Vienne (Autriche). En Autriche et plus particulièrement à Vienne, face au blocage des trains entre Budapest et l’Autriche depuis début septembre des centaines de personnes s’organisent pour aller chercher avec leurs véhicules les migrants et migrantes en Hongrie et les conduire directement sur le sol autrichien. Les personnes s’engageant dans cette action de solidarité ont été menacées d’inculpation pour aide à l’immigration illégale et quatre militants autrichiens ont d’ailleurs été interpellés pour cela à Budapest. Mais depuis maintenant deux semaines des convois de voitures solidaires qui font passer la frontière aux gens et les aident à rejoindre Vienne sans rien leur demander en échange continuent de s’organiser.

Rabat (Maroc). Fin août un week-end de rencontre est organisé à Rabat autour des expériences de luttes locales et transnationales contre les frontières. Pendant l’été, plusieurs campements de migrant-es ont été expulsés au Maroc, dans la forêt de Gourougou, à Boukhalef et à la fac de Oujda où des bâtiments inoccupés étaient occupés depuis plusieurs années. En bon gendarme de l’Europe, le gouvernement marocain continue à jouer les gardes frontières en échange d’importants financements. (Source : no borders morocco)

[Espagne] Un an après l’assassinat de Ceuta

26 janvier 2015. Il y a un an, le 6 février 2014, 15 migrant-e-s sont mort-e-s à Ceuta, tué-e-s par la guardia civil espagnole.

Alors qu’ils/elles tentaient de rejoindre par la mer l’enclave espagnole de Ceuta au Maroc, les flics espagnols ont tiré des balles en caoutchouc et des billes en plastique pour crever les bouées auxquelles ils/elles s’étaient accrochés. 15 personnes sont mortes noyées.

En même temps, le gouvernement espagnol vient d’annoncer la construction de trois nouveaux CIE (centros de internamiento para extranjeros, centres de rétention espagnols), qui vont venir s’ajouter aux huit déjà existant : à Madrid, Málaga et Algeciras.

Aux abords de Ceuta et Melilla, la répression bat son plein contre les migrant-e-s qui tentent régulièrement de passer par dessus les rangées de grillages et de barbelés pour atteindre l’Europe. De l’autre côté, quand ce ne sont pas les balles, ce sont les rafles et l’enfermement dans les prisons pour étrangers qui les attend.

Plusieurs initiatives sont organisées en Espagne pour rappeler qu’il n’y a ni oubli ni pardon.

– à lire : Douze morts, par quelques anarchistes

– Un texte du collectif catalan, Te Kedas donde Kieras :

Le 6 février dernier, la garde civile a tué 14 personnes pour les empêcher de traverser la mer en directions des côtes ibériques. Il y a un an, 200 personnes ont tenté de passer la frontière à la nage, ce à quoi la garde civile a répondu avec des balles de caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des coups pour couler les flotteurs. La violence a continué à coups de crosse de revolver pour empêcher que les migrant-e-s ne s’accrochent aux rochers de la jetée. 14 d’entre-eux sont morts, huit gravement blessés ou disparus et ceux qui réussiront à arriver seront expulsés illégalement au Maroc grâce aux « devoluciones en caliente » (pratique qui consiste à expulser immédiatement les migrant-e-s passé-e-s en Espagne au Maroc, par les portes des barrières de Ceuta et Melilla, sans aucune base légale, ndlt).

Dans les dix dernières années, plus de 27 000 personnes – et beaucoup plus qui n’ont laissé aucune trace – ont perdu la vie en cherchant à traverser une des nombreuses frontières que les états européens construisent et défendent pour protéger leurs privilèges. Privilèges qu’ils ont obtenus il y a des centaines d’années par le vol et l’assassinat, produits des politiques colonialistes. Aujourd’hui ils protègent avec brutalité ce qu’ils ont pris hier par la violence systémique.

Les routes de la Méditerranée ne seront jamais égales selon qui les emprunte. D’un côté, des navires de croisière chargés de hordes de touristes prêts à consommer les lieux et à détruire des communautés. De l’autre les migrant-e-s qui pour une raison ou une autre décident de se déplacer. Pour les premier-e-s toutes les portes sont bien ouvertes tant que leurs poches, leur classe et leur provenance parlent d’abord. Pour les seconds, les attend dans la majorité des cas un voyage sans fin. Et quelques fois la mort. Comme le 6 février dernier.

Colonialisme, frontières, tourisme, sont les nombreux visages d’un même modèle que nous ne voulons pas accepter. Parce que nous croyons dans la liberté de se déplacer et de décider de sa propre vie.

État espagnol : Douze morts

Repris de contra-info

Douze morts. Passés du statut de personnes à celui de corps sans vie en quelques minutes à peine. Nous savons qu’il meurt beaucoup plus de gens, et en moins de temps, au cours des guerres, à cause de bombes lancées depuis un avion, de gaz mortels, de mines antipersonnelles. Mais nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes dans une démocratie. Le monde libre rêvé. L’image de laquelle le monde entier est avide : la grande Europe, la civilisation exemplaire.

Douze morts, assassinés par des personnages qui eux, sont en guerre, qui eux, sont entraînés pour tuer.

Mais ne vous méprenez pas. Ce n’est pas l’image exploitée – dans tous les sens – de la mort de quelques dessinateurs et d’autres membres d’une revue satirique parisienne il y a quelques jours qui nous vient en tête, mais le souvenir des corps de ces 12 migrants subsahariens criblés de balles et noyés en quelques minutes par la Guardia Civil il y a presque un an, le 6 février 2014, lorsque cette police militaire les obligeait à repousser chemin vers la mer. Beaucoup plus ont alors été assassinés, mais seuls 12 corps ont été retrouvés. Le reste a été avalé par la mer.

Ils n’ont eu droit ni à de grandes marches ni à la répudiation, et personne n’a pensé à un slogan qui dirait « Nous sommes tous et toutes des migrants qui mourrons aux portes de l’Europe ». Bien sûr, ils n’étaient pas blancs et ne venaient pas de pays riches, mais ils ont été assassinés de façon cruelle et terrible. Non pas en défense d’une quelconque religion ou fondamentalisme, apparemment, mais bien en défense de la frontière sacrée et de l’État. Pour marquer une fois de plus, par le sang et par le feu, sa frontière.

Il n’y avait aucune intention de tuer les migrants qui osaient entrer en territoire espagnol, assure le ministre de l’Intérieur Jorge Fernández et sa Guardia Civil, il s’agissait seulement de « tracer une espèce de frontière aquatique avec les impacts de balle dans l’eau ». Et il ne s’agit en aucun cas d’une blague. Ils le disent sérieusement.

Rien que dans la Mer Méditerranée, la frontière maritime de l’Europe, cette année 2014 a battu son propre « record » (comme disent les médias), avec plus de 3200 migrants morts noyés en moins de douze moins alors qu’ils tentaient de rentrer sur le continent européen, sans compter tous les morts sur les différentes frontières, dans les déserts où ils sont abandonnés sans eau et sans vivres par les différents polices aux frontières ou entres les mains de mercenaires fascistes et d’autres forces de l’ordre, ni ces morts en Centre de Rétention une fois arrivés dans le paradis européen, ou dans les rues entre les mains de la police, puisqu’une fois à l’intérieur du territoire Européen, la bienvenue n’est pas très différente du traitement qu’ils reçoivent à sa porte d’entrée. L’acharnement policier contre des populations entières (principalement celles qui portent leur provenance sur la peau), la xénophobie croissante, le racisme fomenté par les médias de communication et les politiciens ou encore les campagnes contre tout ce qui n’est pas identifiable avec « l’européen ».

Charlie est européen, et pour cela, nous ne sommes pas tous Charlie. Il y a des valeurs, des coutumes, et même des blagues (dont certaines sont un tantinet lourdingues) qui sont très identifiables avec cette entité abstraite qui veut se faire nommer « l’européen ». Mais ce qui est sûr, c’est qu’énormément de gens, principalement ceux qui ne peuvent s’identifier avec les valeurs dominantes qui définissent ce qui « est » et ce qui « n’est pas » européen, qui ne peuvent s’identifier à Charlie ou à ses valeurs, et encore moins avec son sens de l’humour.

Ce « Je suis Charlie » est une tentative de définir une ligne très précise : qui n’est pas avec nous est contre nous. Des milliers de personnes ont défilé sous ce mot d’ordre à Paris. Rajoy n’a pas raté le rendez-vous, lui qui est l’un de ceux qui terrorisent les migrants sur les frontières et dans les cachots espagnols, entre beaucoup autres faits d’armes ; et Netanyahou non plus, lui qui à l’aide de son armée mitraille des centaines de Palestiniens sur sa Terræ Sanctæ et enferme chaque année ces israéliens qui refusent de participer à sa manière particulière de terroriser ; et comme il fallait s’y attendre, Erdogan non plus n’a pas manqué à l’appel, lui qui sème la terreur contre le peuple Kurde. Tout comme les chefs des principales puissances capitalistes. Tous les chefs d’État, gardiens de l’empire et de la civilisation, ont marché contre la barbarie. Avec eux, des milliers de fascistes du continent entier ont profité de cette impulsion de Charlie pour sortir semer leur merde sur un terrain plus que fertile, qui donnera bientôt des fruits des plus acides.

Et les rues de Paris et de Barcelone, parmi tant d’autres, se militarisent encore plus, en défense de ces valeurs. Avec des fusils et mitrailleuses, on peut voir les mercenaires de l’État préparés pour marquer à coups de balles, comme ils l’ont fait dans les eaux de Ceuta, une frontière : c’est avec des impacts de balle que se marqueront les limites qui séparent le dedans et le dehors, ce qui est et ce qui n’est pas Charlie.

Que dit Charlie de ce terrorisme ? Fait-il des dessins marrants et rigolos à son propos ? Parce que nous, le monde de merde dans lequel nous vivons ne nous fait pas beaucoup rire. Cela veut-il dire « soutenir » le fondamentalisme ? Non, en rien. Nous ne voulons qu’aucun fondamentalisme ne nous effraie ou ne nous opprime. Et peu nous importe que l’on puisse lire sur son épigraphe « État Islamique », « État Laïc », « État Charlie » ou « État » tout court.

Ils nous parleront de liberté d’expression, comme toujours. Mais pour celles et ceux qui, comme nous, connaissent la « liberté d’expression » de l’État, nous connaissons la relation que celui-ci entretient avec la terreur : son existence se base sur la peur. La liberté de laquelle parle l’État est l’expression du monopole de la violence.

C’est pour cela, une fois de plus, que ces événements nous démontrent que tout État est terroriste.

Quelques anarchistes
Barcelone, 14 janvier 2015

[Maroc] Week-end de rafles, répressions, destructions et violences

10 et 11 janvier 2015. Ces infos sont reprises de la page internet du groupe No Borders Morocco

Les violences quotidiennes sur les migrants qui vivent aux frontières ont été systématiques ce week-end: la police a attaqué au même moment les forêts de Gourougou à Melilla et à Cassiago près de Ceuta (note, de nombreux campements sont installés dans les forêts marocaines aux abords des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla)

Cassiago (Fnideq).

Vers 7 heures du matin le 10/01/2015 nombre de policiers Marocains ont envahi la forêt de Cassiago, forêt ou des migrants ont construit leur camp en attente d’un possible passage vers Ceuta. Les migrants ont couru pour éviter d’être battus et arrêtés. Un trentaine de personnes ont été amenés par la police et déposés à 7 km de Tetouan, au milieu de rien. Beaucoup ont marché vers Tetouan à 7 km et puis ont pris des bus dans d’autres direction.
La majorité de leurs affaires personnelles dans le camp ont été systématiquement détruites, brûlées, y compris les couvertures qu’ils avaient reçus récemment et qu’il leur sont indispensable vu les températures très basses.

Le lendemain à nouveau les forces auxiliaires de police sont venus dans la forêt de Cassiago le matin tôt. Ils ont arrêtés plus de 90 personnes. Environ 15 personnes ont aussi été arrêtés dans la ville de Tetouane et tous ont été amenés au commissariat de Tetouane. Ils étaient une centaine puis ils ont été dispersés de force vers la périphérie de différentes villes du Nord du Maroc. 70 personnes ont été amenés à la périphérie de Tanger. 12 personnes blessées ont été deportées vers Larache la nuit du 11 Janvier 2015 après avoir quitter le commissariat de Tetouan. 17 personnes ont été mises dans un bus et déposées le long de la route de Asilah direction Tanger. Certains ont marché vers Tanger d’autres ont repris la longue route pour retourner à Cassiago.

Gourougou

(note : le mot « clochard » est utilisé par les migrant-e-s pour parler des personnes vivant dans les rues des villes aux alentours de la forêt de Gourougou et qui les attaquent régulièrement, sans doute payés par les flics. Le pouvoir sait jouer sur la division entre les pauvres).

Ce samedi matin le 10/01 la police marocaine est rentrée dans la forêt avec les “Clochards”. Les Clochards ont jeté des pierres vers les migrants (certains des migrants ce sont défendus en renvoyant les pierres). Beaucoup ont été blessés lors de ces actions des clochards, qui sont connus pour être les plus violents aux frontières. Les migrants témoignent régulièrement de la violence de ces clochards désespérés. La police qui accompagnait les personnes qui jetaient des pierres ont dit aux migrants « la foret est trop dangereuse pour les femmes, aussi longtemps que y a des femmes qui restent ici, il y aura plus d’attaques ». Inimaginable d’utiliser la logique sexuelle pour justifier une violence avec un raisonnement paternaliste. Il crée le danger et puis ils veulent protéger les gens.

Melilla

Le dimanche 11/01/2015 il y a eu une nouvelle tentative de passage de Migrants à Melilla. Seulement 11 personnes ont réussis à arriver au CETI which means safety from being pushed back. Ce jour là les forces auxiliaire étaient nombreuses aux barrières, Il était plus facile pour eux d’arrêter les migrants qui essayaient de sauter les quatre barrières autour de Melilla. La violence de la police a causée beaucoup de blessés. 11 personnes dont 3 femmes ont été amenées à l’hôpital.

[Melilla] Assauts de la frontière

Le 2 décembre 2014 un nouvel assaut de la frontière de Melilla a eu lieu. Cette frontière sépare le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla. Plusieurs groupes sont montés simultanément à l’assaut des immenses barbelés qui sanctuarisent l’Europe, pour tenter de désorganiser les gardes frontières espagnols et marocains. En tout plus de 500 personnes y auraient participé et seulement 25 sont entrés en Espagne. Pour eux c’est maintenant l’enfermement dans un camp « de premier accueil » en attendant de savoir ce que les autorités espagnoles vont décider (expulsion, transfert vers le continent, etc.). Pour les autres c’est le retour à l’attente dans les villes du nord du Maroc ou dans les campements installés dans les forêts proches des enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla. De nombreuses tentatives ont lieu pour franchir cette frontières dont la surveillance et la militarisation est de plus en plus renforcée. Quelques jours auparavant 10 personnes ont réussi à passer la frontière en pleine journée.

Samedi 3 janvier 2015 aura lieu une projection et discussion au local le Rémouleur (à Bagnolet) sur la situation des migrant-e-s au Maroc. Un documentaire, « The land between » sur la situation des migrant-e-s dans les montagnes de Gourougou à côté de l’enclave de Melilla sera projeté. PLUS D’INFOS À SUIVRE.

En attendant : Local le Rémouleur et site internet du film

 

[Valencia] Suite aux évasions, violence policière et rassemblement au CIE de Zapadores

30 septembre 2014. Comme chaque dernier mardi du mois, un rassemblement s’est tenu devant le CIE (centro de internamiento para extranjeros) Zapadores à Valencia (Espagne) à l’appel de la campagne CIEs NO.

Suite à la dernière tentative d’évasion du CIE (le 12 et non le 14 septembre), plusieurs personnes enfermées ont subi des représailles de la part des flics. Un retenu a raconté avoir été passé à tabac par 3 gardiens qui l’on frappé au sol, particulièrement à la tête. En tout 12 personnes auraient ainsi été frappées. Plusieurs d’entre-eux ont dénoncé publiquement ces agressions, soutenus à l’extérieur.

Infos trouvées sur CIE’s NO

[Valencia] Vive la belle

14 septembre 2014, Centro de Internamiento para extranjeros (CIE) de Zapadores, Valencia, Espagne. Au milieu de journée, profitant de l’entrée dans le centre des employé.e.s venu.e.s faire le ménage, 17 retenus ont tenté l’évasion. 7 ont été repris par les flics au sein même du CIE ou dans les rues alentour, mais 10 ont réussi à se faire la malle. Deux des employé.e.s ont été légèrement blessé.e.s suite à la bousculade qu’il y a eu pour atteindre la porte. Selon le délégué du gouvernement dans la communauté valencienne un « informateur interne » aurait permis cette évasion.

Repris de la presse espagnole

[Melilla] Nouvelle tentative de passage de la frontière

12 août 2014. 900 personnes ont tenté de franchir la frontière de barbelés et lames de rasoir qui à Melilla, enclave espagnole au Maroc.

Un premier groupe de 700 personnes a tenté sa chance puis un second de 200 personnes en deux points différents. Seulement une trentaine de personne a réussi à passer tandis que 50 autres sont restées bloqués en haut des grilles pendant plusieurs heures pour ne pas tomber entre les mains des flics.

Le même jour, sur la côte atlantique sud de l’Espagne, plus de 900 migrant.e.s dans différents bateaux ont été intercepté.e.s par la guardia civil et la croix-rouge, armés de gants et de masques. Ils/elles ont été enfermé.e.s dans deux gymnases réquisitionnés pour l’occasion.

Abajo los muros y las fronteras !

[Melilla] Flics porcs assassins

18 juin 2014. Tôt le matin, plus de 350 personnes ont tentées de passer la frontière qui sépqre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla. Les flics marocains sont entrés côté espagnol (entre les rangés de barbelés) et se sont livrés à un tabassage en règle sous les yeux de leurs collègues espagnols. Plus d’une centaine de personnes sont blessées et 4 seraient mortes d’après des associations et collectifs de solidarité aux migrant.e.s présents sur place.

[Melilla] 1000 migrant.e.s

14 juin 2014. Un millier de migrant.e.s se sont lancés à l’assaut de la frontière de barbelés et de grillages qui sépare le Maroc de l’enclave espagnole de Melilla. Repoussés par les flics garde frontière espagnols, aucun.e d’entre-eux/elles n’a réussi à passer.

16 juin 2014. Un bateau avec à son bord 68 migrant.e.s a réussi à atteindre les côtes andalouses aujourd’hui, dans le port de Motril près de Grenade.