Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

La Grande Loterie des Camps. Pour en finir avec les centres de rétention et le monde qui va avec.

Dans un monde basé sur la misère, la guerre et les désastres écologiques, certains se rassurent par l’idée qu’il reste des âmes suffisamment charitables pour s’occuper des damnés de la Terre. Au nom de la « solidarité » et de la « fraternité », ces institutions humanitaires auxquelles on peut donner un sou de temps en temps (déductible des impôts, faut pas charrier), essayeraient au moins de soigner les blessures et d’atténuer les souffrances de ce monde, à défaut de le changer. Telle est du moins l’image qu’elles vendent à coups de matraquage publicitaire et d’appels doucereux à la compassion.
C’est sans doute pour cela que plusieurs d’entre elles n’ont pu résister à l’envie de participer à la grande kermesse du ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale lancée le 22 août dernier. Après plusieurs péripéties et un long suspens, comme il sied à toute tombola bien organisée, les résultats ont enfin été annoncés le 10 avril 2009 : Cimade, France Terre d’Asile, Assfam, Forum Réfugiés, Ordre de Malte et Collectif Respect en sont les heureux gagnants.

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De plages en cages… À Marseille, les travailleurs sans papiers au piège des frontières urbaines.

De plages en cages…
À Marseille, les travailleurs sans papiers au piège des frontières urbaines.

« Les migrations sont la conséquence des inégalités entre les pays occidentaux qui se pavanent de toutes leurs richesses, pendant que le reste de la planète crève la dalle. Même si, on ne le dit jamais assez, la grande majorité des mouvements migratoires s’effectuent d’un pays du « Sud » à un autre. Mais les migrants, avec ou sans papiers, sont aussi « ici », car la raison économique crée les besoins d’une main d’œuvre flexible à souhait, composant une catégorie de travailleurs nécessaire pour maintenir la pression (salaires, droits, conditions de travail) sur l’ensemble des salariés. Les sans-papiers forment ainsi les régiments de prolos qui permettent pour nombre de secteurs d’effectuer une confortable « délocalisation-sur-place » (BTP, restauration, services, agriculture…). Les migrations – et les politiques migratoires – sont une question de travail autant que le travail est une question de migrations : on se souvient des exodes rurals massifs du début de l’industrialisation (au sacrifice d’une agriculture vivrière raisonnée), on a aussi en tête l’organisation méthodique des mouvements pendulaires quotidiens (le « métro-boulot-dodo »), au cœur de l’« organisation scientifique du travail ». Rappelons que le travail est cette « évidence » dont dépend, vitalement, la célèbrissime « reproduction du capital », celle-là même qui voudrait faire tourner en rond ce monde. Au-delà des manœuvres électoralistes, les chiffres et les pratiques des expulsions constituent surtout une menace supposée efficace pour maintenir dans la docilité cette main d’œuvre. »

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À l’assaut des centres de rétention

À l’assaut des centres de rétention

– Toucher au cœur – À propos des rackets sur les immigrés.
– À l’assaut de Ceuta et Melilla.
– Beau comme des centres de rétention qui flambent.
– À ceux qui ne sont pas restés au chaud pendant la tempête.

Ces 4 textes sont tirés de la revue À Corps Perdu n°1, décembre 2008.Télécharger la brochure (pdf)

Témoignage d’un ancien retenu de la prison pour étrangers de Palaiseau – 28 mars 2012

Depuis plusieurs semaines les sans-papiers prisonniers au centre de rétention de Palaiseau multiplient les mouvements de protestation et de révolte que ce soit sous la forme de départs de feu, d’auto mutilations ou d’affrontements avec la police.
Après avoir été ballotté de Palaiseau à Vincennes suite à un incendie survenu le jeudi 15 mars, puis retransféré à Palaiseau, un retenu raconte le dernier mouvement de révolte qui a eu lieu dans ce centre et pour lequel il a été transféré vers un autre centre, celui de Plaisir.
Liberté pour toutes et tous !

 »La première fois, j’étais au centre là, et y’a beaucoup de gens qui souffrent là-bas. 45 jours pour les gens c’est dur, ils souffrent. Nous on sait pas, on fait ça juste pour voir la liberté tu vois… Et la police là-bas c’est dur avec eux, dès que tu parles avec les matons…

Les repas pour manger ils sont amenés le jour où ils périment puis tu les manges.

L’autre jour y’a un mec là-bas il a brûlé sa chambre et tout. On a tous été transféré au centre de rétention de Vincennes.
Celui qui paye un avocat il sort. Je sais pas si c’est dans la loi que quand tu payes un avocat tu sors, mais quand t’en payes pas tu sors pas. Tu fais les 45 jours. Y’a un gars ils ont trouvé son passeport et tout, mais ils l’ont pas renvoyé, il a payé un avocat, il l’a payé 1700 euros, il est sorti. Mais les autres là ils ont même pas de carte d’identité, y’a même pas un papier qui dit, et ils partent au bled, au minimum ils restent 45 jours.

[Il est retransféré entre temps au centre de Palaiseau]

Y’a des gars ils ont crié pour la liberté dans le centre, pour les papiers et tout, on a crié pour la liberté. Et ils sont venus les policiers à… je sais pas genre 24, je sais pas. Ils ont montré une chienne sur nous direct. Là j’parle de moi, mais j’ai même pas touché un policier avec la main. On a crié pour la liberté et tout, et là ils ont ramené les chiens du centre. Après ils ont montré des retenus direct, ils ont dit « viens-toi, viens-toi ! », direct ils ont menotté les retenus. Moi j’étais dans ce groupe là. Après ils ont emmené au commissariat en face du centre, on a attendu là-bas, et moi j’ai raconté tout ça, les faits et tout. Après ils nous ont mis dans une salle, ils ont mis à poil et ils ont dit « y’a pas de caméras ici ». Après ils sont venus des civils de la police et je leur ai dit « je vais où ? », ils m’ont dit « tu es transféré ». Après il m’a poussé comme ça, après il m’a poussé très fort, je lui ai dit « doucement », j’étais menotté. Moi et mes potes, menottés. Après il m’a accroché les pieds, il m’a fait tombé par terre, après il m’a écrasé la tête avec son pied, après il m’a donné deux coups de pied dans les côtes là, après il m’a tapé sur mon épaule. Comme ça. Après ils ont amené une voiture, je sais pas ce qui est arrivé aux autres, moi j’ai été transféré. Le chef il a mis en garde-à-vue, après je sais pas peut-être il a été jugé. Normalement c’est ça, les autres ils ont été en garde à vue. Moi j’ai été transféré, je sais pas ce qui se passe là-bas.
Moi j’ai demandé depuis que je suis venu ici : « médecin, médecin, médecin ». Y’a personne qui fait rien. Après j’ai parlé avec l’infirmière ici l’après-midi et elle m’a dit « demain tu passes devant le médecin », et ça fait 24h déjà et il est pas venu. Y’a personne qui veut m’entendre ici. Même ils ont pas de certificat pour le jugement que j’ai la semaine prochaine, c’est comme ça.

Depuis que le centre a brûlé la dernière fois, c’était le 15, ils ont libéré un qu’était là-bas, l’autre ils l’ont transféré à… je sais pas, Roissy. Et moi j’ai été transféré ici pour pas dire aux journalistes qu’est-ce qui se passe et tout. Moi je suis là. Ils ont laissé personne là-bas pour pas qu’ils puissent raconter.

Je souffre à mon épaule, mais personne qui s’en soucie. J’ai parlé avec les chefs ici : « Vous êtes là, t’es transféré, c’est pas mon problème… Attendez le médecin, qu’il passe demain, parce que y’a pas de médecin tous les jours ici au centre. » Y’a que l’infirmière et elle fait rien.

Moi j’ai été transféré hier dans le 78. Normalement on est 15, 16. Là-bas à Palaiseau j’crois on était 12 ou 13. Moi j’suis au centre de rétention de Plaisir. Ca fait 18 jours au total que je suis retenu. J’ai fait le recours, mais j’ai pas un avocat bien, c’est pour ça, j’ai un avocat d’office.

J’ai vu l’association France Terre d’Asile, ben normal ils m’aident pas beaucoup. Y’a la police ici, ils travaillent ensemble, il aident pas les gens, ils travaillent avec les policiers. Tu parles avec eux, tu racontes ton histoire et ils te disent « Ramenez votre passeport ou votre carte d’identité ». Ca c’est pourquoi ? Pour t’aider ? Pour mettre un laisser-passer ? Tu vas où là, dans quel pays ?  »

Centres de rétention : récits de révoltes et de solidarité – été 2009

Centres de rétention : récits de révoltes et de solidarité – été 2009

Une semaine de grève de la faim au centre de rétention de Vincennes, deux jours dans celui du Mesnil-Amelot mais avec une confrontation plus violente, une partie d’un bâtiment incendiée par les retenus, des mobilisations en solidarité à l’extérieur, des expulsions empêchées… Voilà ce que raconte cette nouvelle publication de récits de retenus enfermés au centre et de personnes solidaires dehors.

En effet, depuis janvier 2008, des personnes téléphonent régulièrement aux retenus de certains centres de rétention et publient leurs témoignages. Ceci, pour faire connaître ce qui se passe à l’intérieur à travers leurs propres récits, mais aussi afin de créer des solidarités à l’extérieur, de partager des pratiques de résistance.

Cette brochure ne pouvait faire l’impasse sur le premier anniversaire de la révolte de Vincennes du 22 juin 2008 qui succéda à la mort de Salem Essouli : un centre de rétention détruit par le feu, c’est autant de capacité de stockage en moins pour l’Etat et donc un rouage de la machine à expulser qui s’enraye entrainant une baisse significative du nombre de rafles et des expulsions sur Paris les mois suivants. Mais c’est aussi 10 personnes inculpées qui ont besoin de toute notre solidarité.Télécharger la brochure

Histoires de révoltes dans les centres de rétention en Europe [2005-2009]

Histoires de révoltes dans les centres de rétention en Europe [2005-2009]

Cette brochure présente les révoltes dont nous avons eu connaissance dans les prisons pour étrangers de divers pays d’Europe et de pays « coopérants » (Turquie, Libye).

Les luttes dans les centres de rétention et les lieux d’enfermement en général restent trop souvent étouffées entre 4 murs. Au-delà des contextes particuliers propres à chaque pays, et donc au-delà des conditions de rétention, ces révoltes qui ont lieu partout témoignent du fait que le véritable enjeu est celui de la liberté pour tous et toutes. A chacun/e d’entre nous d’envisager comment y participer…télécharger la brochure (A5 format brochure)

Chronologie des derniers évènements dans les centres de rétention 20 décembre 2007 – 8 mars 2008

Chronologie des derniers évènements dans les centres de rétention 20 décembre 2007 – 8 mars 2008

Sommaire

•1• Chronologie des derniers évenements dans les centres de rétention. (20 décembre 2007 – 8 mars 2008)

•2• Ils disent que c’est un centre de rétention, mais c’est une prison. Interview de « X se disant Samir » à la sortie du centre de rétention de Lyon. Mars 2007Télécharger la brochure (A5 format brochure)

 

 

Émission Sans Papiers Ni Frontières mars 2012

SOMMAIRE 

 Brèves

Angleterre, Italie, évasions à Metz et Meaux…

 Diffusions de deux témoignages de retenus de Vincennes réalisés en février.

Les différentes techniques policières pour expulser.

Les résistances quotidiennes dans les centres de rétentions.

Être malade en rétention.

Télécharger l’émission de mars 2012

Merci à au fond près du radiateur pour héberger les émissions

Sans Papiers Ni Frontières n°5

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Solidarité avec les révoltés de l’incendie de la prison pour sans-papiers du Canet

Solidarité avec les révoltés de l’incendie de la prison pour sans-papiers du Canet

Le 9 mars, la prison pour sans-papiers du Canet à Marseille est hors service suite à un incendie. C’est le lieu, appelé Centre de Rétention Administrative, où l’Etat enferme des gens (uniquement parce qu’ils n’ont pas de papiers) raflés lors de contrôle d’identité en attendant de s’organiser pour les expulser sous trente jours. Des retenus ont mis le feu à des matelas dans deux bâtiments différents. Les retenus, intoxiqués par les fumées, ont été emmenés à l’hôpital. L’un d’entre eux en a profité pour se faire la belle.

« On a été soignés, rapidement, légèrement, ce qui est normal aux yeux de l’état français parce qu’on est sans papiers. Aucun droit. On a passé toute une soirée dans une cour, à l’air, jusqu’à 23h, et puis on a été conduits dans une petite salle de 12m2. On était 36 personnes. Entre 23h30 et minuit, ils nous ont conduits au centre de rétention de Nîmes. Pire que des animaux, on est restés dans une salle jusqu’au petit matin. »

Très peu ont été libérés contrairement à ce qui se passe d’habitude lors de transferts collectifs suite à des incidents. Le message est clair : la volonté du pouvoir d’étouffer tout espoir de libération par des actes de révoltes qui sont quotidiens. De l’Australie à l’Italie, de la Lybie à la Belgique : évasions collectives, départs de feu, grèves de la faim, mutineries… Alors, la vengeance de l’État ne se fait pas attendre : on pense à ceux de Vincennes (jusqu’à 3 ans ferme), ou de Bordeaux (jusqu’à 5 ans).

Six des retenus du Canet ont été placés détention provisoire à la prison des Baumettes, puis libérés sous contrôle judiciaire, soupçonnés d’avoir mis le feu. Une instruction est en cours. D’une prison à une autre, de la « rétention » à la « détention  », il n’y a qu’un pas, souvent franchi lorsque l’on s’oppose à son expulsion, que l’on donne une fausse identité, qu’on ne se laisse pas faire.

Dès le lendemain de l’incendie, un rassemblement spontané devant le commissariat est venu manifester son soutien avec les sans papiers placés en garde à vue avant leur inculpation. Un collectif décide alors de s’organiser pour exprimer sa solidarité avec ce geste de révolte qui n’est pas un acte de désespoir mais bien au contraire un acte de résistance contre l’enfermement. Qu’ils soient coupables ou innocents, peu importe, il s’agit de soutenir ceux que l’État a choisi pour se venger de ce coup porté à la machine à expulser : le centre de rétention du Canet est fermé jusqu’à nouvel ordre.

Un centre de rétention en moins, c’est concrètement une diminution des rafles et des expulsions. Les centres de rétention sont un rouage de la machine à expulser, outil des politiques migratoires. Par ce dispositif de gestion des populations, l’État cherche à fragiliser une main-d’œuvre immigrée forcée de se cacher dans la peur quotidienne du contrôle et de l’expulsion, et surtout d’accepter n’importe quel boulot payé des miettes et n’importe quel logement pourri hors de prix. L’Etat crée ainsi une catégorie de travailleurs avec droits au rabais ou sans droit pour le plus grand profit des patrons et ainsi fout la pression sur les autres travailleurs. Par la mise en concurrence des travailleurs légaux et illégaux, c’est l’ensemble des salaires et des conditions de travail qui sont précarisés. Cette stratégie économique est légitimée par une idéologie raciste et post-coloniale qui construit l’image de l’immigré comme ennemi intérieur responsable du chômage et de l’insécurité, créant ainsi un climat de haine, la guerre de tous contre tous : diviser pour mieux régner.

Dans ce monde de soumission et de résignation, où l’État impose sa terreur à coups de contrôles, de flics, de juges, de prisons, lorsque des individus, du fond de leur trou, passent à l’offensive en détruisant une prison, ça nous touche parce que nous aussi nous sommes enfermés, contrôlés, jugés pour mieux être exploités. La destruction d’une prison, c’est un peu d’air et d’espoir, comme un écho aux révoltes dans les pays du maghreb et du moyen-orient. Lorsque le pouvoir approuve du bout des lèvres ces révoltes, c’est pour ériger nos démocraties comme unique modèle, en oubliant qu’ici aussi, on exploite, on enferme, on tue, au nom de la liberté, celle des puissants, qui vivent sur notre dos, qui nous volent jusque nos vies pour s’enrichir.

Voilà pourquoi nous nous réjouissons quand une prison brûle. Voilà pourquoi nous nous réjouissons que partout dans les centres de rétention éclatent des révoltes. Les révoltés de Marseille ont brûlé leur prison de l’intérieur, poursuivons la lutte à l’extérieur. Organisons nous pour soutenir les 6 inculpés.

contact : soutien6cra[arobase]riseup.net