Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Un été contre les frontières

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Mise en page : brochure page par page ou format cahier

Depuis le début de l’été, des milliers de personnes tentent de rejoindre l’Europe. Parmi celles qui ont réussi, beaucoup sont bloquées et traquées aux quatre coins du continent : en Grèce, en Macédoine, à Calais, à Vintimille…

AUX FRONTIÈRES ASSASSINES DE L’EUROPE…

Dans les médias, les gouvernants européens parlent de « situation explosive » et de « drame humanitaire » en évoquant les nombreuses personnes qui meurent en tentant la traversée de la Méditerranée.

Agiter l’épouvantail de l’invasion et des réseaux criminels de passeurs permet aux États de justifier leurs politiques migratoires meurtrières tout en se parant d’un vernis humanitaire. L’escalade militaire qui se met en place aux frontières de l’Europe se fait au prétexte de neutraliser les passeurs qui seraient responsables des milliers de mort-es en Méditerranée et ailleurs. Mais ces milliers de noyé-es, électrocuté-es, écrasé-es, ont été tué-es par les États européens qui en renforçant toujours plus la surveillance et le blocage des frontières extérieures de l’Europe rendent les routes pour y accéder de plus en plus dangereuses. Depuis 15 ans, plus de 40 000 personnes sont mort-es aux frontières européennes, dont plus de 2300 depuis janvier 2015. Et chaque jour de nouvelles personnes meurent sur le chemin de l’Europe.

Partout, de nouveaux murs s’érigent, les flics et les militaires se déploient pour empêcher les personnes migrant-es d’entrer en Europe :

À l’Est, tandis que la Macédoine décrète l’état d’urgence et envoie l’armée contre les migrant-es, la Hongrie poursuit la construction de son mur de grillages et de barbelés le long des 175 km de frontière commune avec la Serbie. En Bulgarie, l’État envoie les blindés contre les migrant-es.

Des camps d’enfermement s’érigent ici et là. Appelés « centres de tri », « centres d’identification », ces lieux d’enfermement, qui voient le jour dans les pays de l’Union Européenne où arrivent les migrant-es (Italie, Grèce, Bulgarie), vont servir à séparer celles et ceux qui auront le droit de déposer une demande d’asile en Europe et les autres, les migrant-es dits « économiques » pour lesquels des procédures d’expulsion rapides et groupées seront organisées. Tandis que certains ont déjà ouvert en Bulgarie, en Italie ces centres seront opérationnels dès cet automne, dans des bâtiments militaires désaffectés, retapés dans l’urgence pour être opérationnels au plus vite.

En Méditerranée, l’Union européenne lance une opération militaire navale, appelée « Navfor Med ». Aux flics et outils de surveillance électroniques de l’agence de surveillance des frontières Frontex déjà présents en mer, viennent s’ajouter navires et sous marins de guerre, hélicoptères et drones des armées européennes. Conçue sur le modèle de l’opération Atalante qui au nom de la lutte contre les pirates somaliens dans l’océan indien bombarde des embarcations et villages de pêcheurs, « Navfor Med » va voir ses moyens offensifs progressivement augmentés avec comme objectif final la destruction des bateaux de passeurs avant qu’ils ne quittent les côtes libyennes. Décidée au lendemain d’un naufrage qui a fait 800 mort-es au large de la Libye en avril dernier, cette opération présentée comme une guerre contre les passeurs s’inscrit en réalité dans la continuité de celles déjà menées, qui visent à barrer la route aux migrant-es, coûte que coûte, quitte à couler leurs embarcations comme l’ont fait mi-août des gardes-côte grecs au large de la Turquie, quitte à tuer d’avantage de personnes.

À Calais, où quelques milliers de personnes tentent de gagner l’Angleterre par les ferrys et le tunnel sous la Manche, l’État et la mairie s’accordent depuis des années pour réprimer les migrant-es. Mais cette répression s’est encore accentuée ces derniers mois avec les expulsions des différents lieux de vies des migrant-es (squats et jungles) et l’augmentation de la pression policière.

Dans le même temps de nombreux renforts policiers sont arrivés dans la région, et tandis que ceux-ci matraquent, gazent et raflent, la Grande-Bretagne finance des barrières infrarouges et des barbelés qui viennent engrillager le port et l’accès au tunnel sous la Manche.

On assiste à la même situation qu’à Ceuta et Melilla où l’Europe dresse des murs de barbelés et de gadgets électroniques mortifères. On assiste à la même situation qu’en Méditerranée. De plus en plus de migrant-es trouvent la mort en tentant de passer en Angleterre : depuis début juin, 11 migrant-es sont décédé-es, noyé-es, électrocuté-es ou écrasé-es par des camions dans la région de Calais. À Paris, le 29 juillet dernier, un migrant a également été électrocuté alors qu’il tentait de monter sur le toit de l’Eurostar à la Gare du Nord.

Le triptyque « invasion de migrant-es/passeurs/terroristes » sert depuis des années à justifier les politiques migratoires de l’Union européenne, agitant l’épouvantail de l’un pour réprimer l’autre. À les écouter, les réseaux de passeurs semblent être la principale préoccupation des dirigeants, mais à qui profite le renforcement du contrôle des frontières si ce n’est à ces derniers ? Car plus les routes sont longues et dangereuses, plus les prix augmentent et plus les réseaux se renforcent, c’est la loi de l’économie capitaliste. D’ailleurs, dans de nombreux pays, États et réseaux mafieux travaillent main dans la main.

De plus, si des réseaux mafieux existent bel et bien, de nombreuses personnes condamnées pour être des passeurs sont des migrant-es ou des personnes qui ont voulu donner un coup de main, par solidarité, et sans en avoir tiré de bénéfices : celui qui conduit la barque car il y a une expérience de la navigation en mer, celle qui ouvre sa portière à la frontière franco-italienne pour prendre un passager, celui qui à Calais referme les portes du camion derrière ses camarades de route.

L’Europe est en guerre contre les migrant-es : elle est prête à tout pour empêcher celles et ceux qu’elle considère comme des indésirables de rejoindre ses côtes, de traverser son territoire et de s’y installer. Les récentes réformes qui, dans plusieurs pays européens, restreignent le droit d’asile et l’accès à un titre de séjour en témoignent.

À travers les discours guerriers et alarmistes qu’ils emploient, les gouvernants construisent depuis longtemps la figure d’un ennemi extérieur, le migrant, qui représenterai une menace pour l’Europe, et leur permet de justifier le renforcement du pouvoir et du contrôle, partout, pour tou-tes. N’oublions pas que cette gestion des frontières représente également un business juteux et un terrain d’expérimentation pour les marchands d’armes et les fabricants de gadgets électroniques de surveillance.

Mais la détermination de celles et ceux qui veulent fuir la guerre, la répression, la misère, ou tout simplement voyager, sera toujours plus forte que les barbelés et la peur de mourir.

RÉSISTANCE ET SOLIDARITÉ

Des milliers de migrant-es présent-es sur le sol européen luttent chaque jour pour continuer leur voyage et atteindre leur destination en traversant le continent. Partout ils et elles sont confronté-es à la pression policière : aux postes frontières, dans les villes, dans les gares et les ports…

Les frontières sont omniprésentes et elles permettent au pouvoir de séparer, de trier et d’empêcher les migrant-es de circuler librement. Dans la rue, dans les transports, dans les administrations, si l’on n’a pas le bon papier, chaque contrôle d’identité peut aboutir au blocage, à l’enfermement et à l’expulsion.

Qu’elles soient matérielles, avec leurs murs, leurs barbelés et leurs uniformes, ou immatérielles, aux guichets de la préfecture, dans les couloirs du métro, dans les centres d’hébergement, etc., les frontières sont à abattre car elles sont une entrave à la liberté.

Aux quatre coins de l’Europe, migrant-es et personnes solidaires s’organisent pour lutter contre ces barrières : pour passer les frontières entre les pays européens, résister au harcèlement policier, refuser les prises d’empreintes forcées, s’opposer aux attaques de groupes fascistes et casser la logique d’invisibilisation et d’isolement où le pouvoir voudrait enfermer les migrant-es. Partout une forte solidarité s’est mise en place pour contrer la guerre aux migrant-es lancée sur tout le continent avec des revendications simples et claires : des papiers et des logements, la liberté de circulation, l’ouverture des frontières, l’arrêt de la répression des migrant-es et des expulsions, contre l’occupation policière.

À Vintimille, ville frontalière entre l’Italie et la France, si les touristes peuvent traverser tranquillement la frontière, il n’en va pas de même pour tou-te-s. Depuis le mois de juin, un déploiement des forces de police française et italienne tente de bloquer le passage des personnes migrantes qui souhaitent poursuivre leur voyage en pratiquant des contrôles au faciès.

Les barrages routiers et les contrôles à bord des trains, avec souvent la complicité des contrôleurs de la SNCF malgré quelques résistances, sont quotidiens et s’étendent jusqu’à Nice et Marseille. Chaque jour, des dizaines de migrant-es qui réussissent à passer la frontière sont arrêté-es et ramené-es côté italien par la police française. Mais heureusement, beaucoup d’autres parviennent à passer et peuvent ainsi continuer leur voyage.

Côté italien, les mesures prises contre les migrant-es et la liberté de circulation sont multiples : du déploiement policier à l’interdiction de distribuer de la nourriture, tout est fait pour décourager celles et ceux qui veulent passer de l’autre côté des Alpes. Et pour gérer et trier cette population, l’État peut compter sur son plus fidèle collaborateur, la Croix-rouge. À Vintimille, c’est elle qui gère le centre d’accueil des migrant-es situé à côté de la gare, vernis humanitaire à la politique répressive de l’État.

Mais une partie des migrant-es a décidé de ne pas se laisser faire et de refuser de se laisser enfermer dans le centre de la Croix-rouge. Le 11 juin, ils et elles sont plusieurs dizaines, avec quelques personnes solidaires, à installer un campement sur les rochers du bord de mer, au pied du poste frontière principal. Ils et elles entendent par là protester contre le blocage de la frontière et construire un espace d’entraide, de solidarité et de lutte. Malgré les pressions policières, qui menacent d’expulsion et cherchent à empêcher d’autres migrant-es de le rejoindre, le campement, appelé « Presidio Permanente No Borders Ventimiglia » résiste et s’organise. « Dans ce campement, les européens et les migrants ont construit un espace de solidarité, de complicité et de lutte. Ensemble nous cuisinons et nous mangeons, nous rendons concrète la solidarité dont beaucoup parlent, les informations et les conseils se diffusent, nous surveillons l’action des forces de police italiennes et françaises, nous affirmons clairement et ouvertement notre désaccord face à la fermeture des frontières. »

Des actions blocage et des manifestations sont organisées dans la ville ou au poste frontière aux cris de « We are not going back » (Nous ne retournerons pas en arrière), ainsi que des tentatives de passage collectif de la frontière.

Le 10 août dans la nuit, une centaine de migrant-es ont tenté de traverser la frontière en montant dans un train. En gare de Menton, ils/elles ont refusé de descendre du train face à la police. Ils et elles ont alors été traîné-es de force dans les camionnettes qui les ont reconduit-es au poste frontalier français de Ponte San Luigi, où ils et elles ont été enfermé-es dans des containers en attendant que la demande de reconduction sur le territoire italien soit acceptée par les autorités. Plusieurs personnes solidaires ont alors bloqué la route pour empêcher ces expulsions et une vingtaine d’entre eux/elles ont été arrêté-es. Trois français-es passeront plusieurs heures en garde à vue et six italien-nes sont désormais interdit-es de séjour à Vintimille.

Chaque fois que des migrant-es sont arrêté-es par les flics côté français ils/elles sont enfermé-es dans des containers au commissariat de la police aux frontières de Menton en attendant leur expulsion en Italie. Mais la solidarité est toujours là : des personnes solidaires se rassemblent devant le commissariat pour empêcher ces expulsions. Plusieurs d’entre-elles ont également été arrêtées et sont désormais interdites de séjour dans la région.

Une fois cette frontière passée, la traque policière et les galères sont encore là, mais les solidarités et les luttes aussi !

À Paris le 2 juin 2015 c’est un campement de plusieurs centaines de personnes, installées depuis des mois sous le pont du métro aérien de La Chapelle, qui a été expulsé. Alors que la mairie présentait cette opération de police comme humanitaire et proposait des place d’hébergement d’urgence, plusieurs dizaines de migrant-es se sont retrouvé-es à la rue dès le lendemain. Ils et elles se sont alors réunis avec plusieurs personnes solidaires et ont décidé d’occuper pour la nuit une salle associative. Dans les jours et les semaines qui ont suivi, plusieurs places et lieux ont été occupés, à chaque fois expulsés par la police, sous ordre de la préfecture et de la mairie (Église Saint-Bernard, Square Saint-Bernard – Saïd Bouziri, Gymnase Pajol). Ces derniers ne souhaitent pas voir les migrant-es se regrouper et s’organiser collectivement.

Le 8 juin, des dizaines de flics expulsent le campement de la halle Pajol et arrêtent les migrant-es malgré une forte résistance qui a permis de ralentir leur sale boulot et à plusieurs migrant-es de s’échapper.

Après la matraque policière, la mairie et l’État changent de stratégie : dès qu’un nouveau campement s’organise et que les migrant-es se mobilisent, la mairie, l’OFPRA (office chargé de la gestion des demandeurs d’asile), de travailleurs sociaux d’Emmaüs et d’élu-es viennent leur « vendre » des places en centre d’hébergement d’urgence. C’est la façade humanitaire de cette guerre aux migrant-es menée par les États et une autre forme de violence plus insidieuse que la matraque policière et les barbelés : à Paris comme ailleurs, le pouvoir cherche à se débarrasser de ces migrant-es, à les rendre invisible et à les disperser aux quatre coins de la région parisienne pour éviter qu’ils et elles ne se regroupent et s’organisent collectivement pour obtenir ce qu’ils et elles veulent : des papiers, des logements et la liberté de circuler et de s’installer.

Dans les centres où plusieurs centaines de migrant-es sont hébergé-es pour quelques semaines au fur et à mesure des expulsions, les conditions de vie imposées (horaires stricts, repas imposés, interdiction de visites, pas de titres de transports…) sont mauvaises, les démarches administratives n’avancent pas. Face à cette situation, plusieurs actions d’occupation et de grève de la faim ont été menées par ceux et celles qui y sont logé-es.

Mais, ces centres d’hébergement restent des lieux de contrôle et de tri des demandeurs d’asile pour l’État et les associations qui les gèrent (Emmaüs, Aurore…).

Le 25 juillet, répondant à l’appel de Vintimille à un week-end de résistance contre les frontières, une manifestation a réuni plus de 150 personnes. Sur le chemin du retour au campement Pajol, les manifestant-es ont fait escale à Gare du Nord et devant l’entrée de l’Eurostar, une banderole a été déployée aux cris de « No border, no nation, stop deportation ». Dans la gare, des applaudissements retentissent.

Le 31 juillet, suite à la dixième expulsion à laquelle ont dû faire face les migrant-es et les personnes solidaires, un ancien lycée désaffecté est occupé dans le 19ème arrondissement et transformé en Maison des réfugié-es.

Dans tous ces lieux occupés, et malgré les difficultés posées par cette traque policière et humanitaire, d’autres pratiques tentent d’être mises en place : l’entraide plutôt que la charité, l’auto-organisation plutôt que la gestion humanitaire, la lutte plutôt que la résignation. Une cantine collective pour les repas, des assemblées générales pour prendre les décisions, des manifestations pour rompre avec l’invisibilité dans laquelle le pouvoir voudrait plonger celles et ceux qu’il considère comme indésirables.

D’autres campements ont également été expulsés, dont celui du square Jessaint à La Chapelle. Plusieurs dizaines de migrant-es occupent depuis le parvis de la mairie du 18ème arrondissement.

À Calais, le 2 juin, les derniers lieux de vie des migrant-es du centre ville ont été expulsés : le squat Fort Galloo ouvert en juillet 2014 suite à une manifestation, et le campement (appelé jungle par les migrant-es) du Leader Price. Celles et ceux qui vivaient là se sont donc retrouvé-es obligé-es de rejoindre le bidonville d’État, situé en périphérie de la ville, à côté du Centre d’accueil Jules Ferry, loin des points d’accès à la frontière vers l’Angleterre. Dans cette jungle, seul endroit où les migrant-es sont autorisé-es à dormir, 3000 personnes survivent dans des conditions très difficiles. À Calais, point de passage pour de nombreuses personnes migrantes, celles-ci doivent faire face aux rafles et à la violence policière, mais aussi aux attaques fascistes de plus en plus violentes et habituelles

Mais, comme à Vintimille, à Paris et ailleurs en Europe, migrant-es et personnes solidaires résistent, tissent des liens de solidarité au quotidien, prennent la rue, et les migrant-es s’auto-organisent pour passer en Angleterre, malgré une frontière et une répression de plus en plus meurtrières (11 mort-es entre juin et août 2015).

Durant tout l’été, des tentatives auto-organisées de monter collectivement dans les camions et les navettes de l’euro-tunnel sont violemment réprimées par les flics. Des groupes de centaines de migrant-es passent les barbelés, stoppent les camions et essayent de s’introduire dedans. Les coups de matraque et gaz lacrymogènes pleuvent, et de nombreux/euses migrant-es sont blessé-es ou arrêté-es. Ces tentatives de passage, dont certaines réussissent, vont être utilisées par les autorités pour demander des renforts policiers. Dans les médias, des deux côtés de la Manche, le nombre de personnes qui tentent d’entrer dans le tunnel va être volontairement exagéré.

Une réunion au sommet, entre ministres britanniques et français, se conclue sur de nouveaux accords de coopération pour réprimer les migrant-es : plus de contrôles, plus de barrières, plus de flics, à grands coups de financements anglais.

Dans la jungle, des migrant-es et des personnes solidaires ont organisé des manifestations vers le centre ville et des blocages de l’autoroute d’accès à l’euro-tunnel, permettant à certain-es de monter à l’arrière des camions. Ces actions se multiplient ces dernières semaines, donnant aux migrant-es une force collective. Le lieu de distribution de nourriture du centre Jules Ferry a également été bloqué pour dénoncer contre les conditions de vies imposées dans le bidonville.

CONTRE LES FRONTIÈRES, SOLIDARITÉ ACTIVE AVEC LES MIGRANT-ES !

La distinction opérée par le pouvoir, quelques intellectuels et les médias entre d’un côté les réfugié-es politiques et de l’autre les migrant-es économiques est une énième opération de tri entre « bon réfugié-es que l’on pourrait accueillir » et « mauvais migrant-es économiques qu’il faut expulser ».

Pour nous, il n’existe pas de bonne politique migratoire, car le problème c’est l’existence même des frontières, outil mortifère de contrôle et de gestion des populations pour les États.

Il n’y a pas plus de communauté nationale qu’un ennemi extérieur à combattre. Nos ennemis sont ceux qui pillent en Afrique et en Asie, ceux qui mènent des guerres coloniales et vendent des armes aux plus offrant, ceux qui militarisent le territoire, ceux qui prêchent le racisme et la haine de l’autre, ceux qui décident qu’un bout de papier détermine qui nous sommes et où nous pouvons -ou pas- aller. Nos ennemis sont ceux qui nous exploitent et nous oppressent, ceux qui entravent notre liberté.

Ces derniers mois, les résistances aux frontières ont été nombreuses et fortes. Nous pouvons nous emparer de cette énergie et lui faire prendre de l’ampleur pour la transformer en un mouvement de solidarité et de rébellion contre le système des frontières.

Se solidariser et s’organiser avec les migrant-es, là où ils/elles résistent contre la guerre que leur mènent les États, c’est contribuer à affaiblir les frontières qui se dressent partout sur le chemin de celles/ceux qui n’ont pas les bons papiers pour circuler et s’installer là où ils/elles le veulent.

Cette solidarité est le contraire de la charité. La charité est un rapport de domination, où celui qui donne a le pouvoir et celui qui reçoit est relégué à un rôle de victime qui ne peut que recevoir.

À l’inverse, nous devons nous attacher à construire des rapports de partage et d’égalité, des luttes auto-organisées par celles et ceux qui les font vivre, sans hiérarchie ni paternalisme.

Nous pouvons agir partout autour de nous, partout où se dressent des frontières, et de multiples manières : en portant dans la rue d’autres discours que ceux du pouvoir et des humanitaires avec des tracts, des affiches, des rassemblements et manifestations, etc. ; en contribuant concrètement aux passages des frontières ; en s’échangeant des conseils et des informations pratiques pour récupérer de la nourriture comme pour partir dans une autre ville ; en partageant des connaissances juridiques, des conseils et techniques sur les contrôles et les arrestations  ; en s’organisant dans son quartier pour agir contre les rafles ; etc.

Des papiers d’identité aux centres de rétention, des rafles aux guichets des préfectures, à bas toutes les frontières !

La vie de personne ne doit dépendre de bouts de papiers !

Quelques liens : tous les articles sur la lutte des migrant-es de La Chapelle sur ce blog // Paris Luttes infos // Marseille Infos Autonomes // Calais Migrant Solidarity // Presidio No Border Vintimille // Hurriya (Italie) // Clandestina (Grèce)

barrière melilla 2

[Brochure] Les murs basculent…

La tête contre les murs, les murs basculent…

révoltes dans les taules

Révoltes, mutineries, évasions, grèves de la faim, campagnes de mobilisation et appels à soutien se succèdent dans les prisons et les centres de rétention en Europe et ailleurs.

À la lecture de certains communiqués et lettres de prisonniers publiés durant l’été, on comprend que les événements successifs se sont parfois répandus. des blocages et autres actes de résistances dans des taules ont parfois eu lieu pour soutenir des mouvements dans d’autres taules. Un même discours contre les conditions carcérales et l’enfermement s’est fait entendre de communiqués en revendications, et la presse s’est bien gardée de faire le lien entre ces différents événements. En bref, il y a eu des tentatives de la part des prisonniers et prisonnières pour s’organiser de l’intérieur et résister de multiples façons.

Dans le contexte économique actuel, où nos conditions de survie se dégradent de plus en plus, les prisons et les centres de rétention sont un rouage de la machine à exploiter et à contrôler par lesquels l’État renforce sa domination. Pour maintenir une pression permanente, les salles des tribunaux tournent à plein régime et les prisons de toutes sortes se remplissent.

Cette brochure est une compilation de lettres et communiqués de prisonniers et prisonnières et d’articles de la presse qui témoignent des mouvements qui ont eu lieu cet été dans les prisons et les centres de rétention en France, en Italie, et ailleurs. La liste des événements est loin d’être exhaustive, mais elle permet de cerner un peu mieux l’ampleur de la contestation, de contribuer de l’extérieur à diffuser l’information et relayer des pratiques de résistance, avec la volonté de briser l’isolement “pour qu’enfin on danse sur les ruines de cette porcherie ».

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Trouvé sur Marseille Infos Autonomes

[Brochure] Quelques textes autour de la lutte contre les Centres l’Identification et d’Expulsion – Italie – novembre 2012/avril 2013

Quelques textes autour de la lutte contre les Centres d’Identification et d’Expulsion

[Italie – novembre 2012/avril 2013]

Sommaire :

Turin : À propos de la lutte contre le centre, page 3

Rome : Feu à Ponte Galeria – entretien avec un retenu, page 9

Chronologie, page 12

Lettre de Greg depuis la prison de la Valette, page 25

Télécharger le pdf Quelques textes cie italie mai2013 format cahier

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couvertureim

Version arabe de la brochure Sans papiers S’organiser contre l’expulsion – Que faire en cas d’arrestation ?

 

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http://sanspapiers.internetdown.org

[Brochure] La croix-rouge collabore aux expulsions

[Brochure] La Croix-Rouge collabore aux expulsions

Autour de quelques vautours de la machine à expulser #1

Partout s’érigent des frontières qui font le tri entre celles et ceux qui seront chassés et les autres : lors des contrôles dans les transports, lors des rafles policières dans les rues, aux guichets d’agences d’intérim ou de banques qui les balancent aux flics. Partout se dressent des entreprises qui s’enrichissent sur ces expulsions : des compagnies aériennes transportent les sans-papiers retenus, des hôtels servent de prison, des associations aident les flics à gérer proprement les expulsions dans les centres de rétention, des entreprises fournissent la bouffe, des multinationales du BTP construisent et modernisent ces camps.

Cette brochure – la première d’une série autour de quelques vautours de la machine à expulser – se veut une petite contribution à la lutte contre les frontières et l’enfermement.

Liberté pour toutes et tous, avec ou sans papiers !

À lire en ligne ici

À télécharger en pdf format brochure là

[Brochure] Paroles de retenus depuis la prison pour étrangers de Vincennes Janvier-octobre 2012

Brochure à télécharger sur http://www.infokiosques.net

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Paroles de retenus depuis la prison pour étrangers de Vincennes Janvier-octobre 2012

Suite à la manifestation du 14 janvier 2012 devant le CRA (Centre de Rétention Administrative) de Vincennes, nous avons décidé d’appeler aux cabines publiques à l’intérieur du centre. Il nous semblait important d’avoir le ressenti des retenus par rapport à la manif’, savoir ce qui c’était passé à l’intérieur à ce moment-là. Nous avons par la suite entretenu un contact régulier avec des retenus pendant plusieurs mois. Cette pratique nous est en effet apparue comme essentielle dans le cadre d’une lutte contre les centres de rétention, au-delà d’un simple retour sur une manifestation.

Être régulièrement en contact avec les retenus permet tout d’abord de faire sortir leur parole de ces lieux d’enfermement, sans la médiation des associations qui collaborent à l’intérieur ou de celle des flics. Quand ils en connaissent l’existence, la plupart des gens ne veulent pas entendre ce que sont vraiment les CRA : des prisons où les sans-papiers sont enfermés avec l’expulsion comme perspective de sortie. Relayer la parole des retenus est un moyen d’estomper le flou entretenu autour de ces lieux et d’être au courant des luttes à l’intérieur, nous laissant la possibilité de les soutenir.

Le contact avec les retenus nous permet de plus de les informer des luttes à l’extérieur, ainsi que de celles dans les autres CRA. C’est donc une source de motivation réciproque, qui brise le mur entre l’intérieur et l’extérieur et permet de se sentir moins isolés, dedans comme dehors.

Enfin, ces conversations régulières et les récits qui en ressortent nourrissent tout simplement notre critique de l’enfermement, des frontières, et du système qui va avec.

Nos appels se sont cependant peu à peu espacés dans le temps, alors que nos luttes extérieures s’essoufflaient. Selon nous, le contact avec les enfermés et la diffusion de leur parole ne se suffisent pas à eux-mêmes. Il est nécessaire que cette pratique soit liée à nos initiatives personnelles pour entretenir une dynamique, l’un et l’autre se répondant et l’un n’allant pas sans l’autre.

La perspective d’une manifestation annoncée le 16 novembre devant le CRA de Vincennes nous a remotivés à appeler régulièrement. C’est pourquoi les témoignages retranscrits ici se séparent en deux périodes, une qui s’étend de janvier à avril 2012, et une composée de témoignages de septembre et octobre 2012.

NB : Ces témoignages sont le résultat d’une sélection correspondant à ce que nous souhaitions transmettre de nos échanges. Ils ne représentent évidemment pas l’intégralité des conversations que nous avons pu avoir avec des retenus pendant ces quelques mois.

Liberté pour toutes et tous, avec ou sans papiers !


JANVIER-AVRIL 2012
18-01-12 – Vincennes centre 1 
1ère personne
« Moi j’ai été ramené ici directement après ma peine de prison à Fresnes. C’est dégueu, la police elle parle mal, on peut rien faire, faut pas parler. Les briquets c’est interdit, on n’a pas le droit de fumer dans les chambres. La bouffe est pas bien. Les médecins ils nous parlent comme à des chiens. Tu vas les voir, et ils te donnent pas les bons trucs, tu leur dis qu’il te faut ça, et ils te donnent autre chose, pour le manque d’alcool ou je sais pas quoi… »
2e personne
« Y’a eu des bagarres à propos de la nourriture, un détenu s’est accroché avec un poulet. Il a fait une garde-à-vue de 48h. Il a été déféré, il est sorti. Ils ont toujours la même bouffe, la nourriture elle est pas adaptée aux musulmans et aux végétariens, sinon c’est que des haricots et des patates. Personne ne peut prendre de douche parce que l’eau elle est trop froide, y’a pas d’eau chaude.
Y’a pas mal d’expulsions en ce moment. Y’a eu un cas marquant, un mec de 42 ans, il était en France depuis 22 ans, ils l’ont expulsé en Egypte. On s’est organisé collectivement contre son expulsion en s’enfermant avec lui dans la chambre. On a réussi à empêcher une expulsion mais après ils sont venus tôt le matin, personne n’a rien vu, ils l’ont scotché [1] et l’ont expulsé.
Je sais qu’il y a trois centres mais on peut pas communiquer avec les autres. Les cours doivent pas donner du même côté. Y’a pas de vis-à-vis, y’a des grilles, y’a pas de filet. Par contre y’a des détecteurs de mouvement et des caméras partout. Mais ils peuvent pas fermer les chambres même pendant la manifestation qu’on a entendue samedi.
Sur 30 détenus y’en a 25 qui sont cachetonnés. En fait même si on essaie de discuter avec les nouveaux arrivants pour qu’ils refusent de prendre certains médicaments, les médecins incitent la plupart des gens à en prendre. Ils leur donnent du valium, du Seresta [2] et des substituts de drogues. Certains veulent arrêter les médicaments, les médecins les laissent tranquilles un jour, puis leur redonne un rendez-vous le lendemain pour leur refaire prendre des médicaments. Y’a rien à faire à part dialoguer entre nous.
Moi ça fait 18 jours que je suis là, j’ai été transféré de la prison au CRA. Je sais pas ce qui va se passer… »
18-01-12 – Vincennes centre 3
1ère personne
« C’est l’enfer ici, il fait froid, la nourriture est dégueulasse, immangeable, elle a une odeur bizarre, on dirait qu’elle est périmée. J’ai été arrêté hier, ils m’ont pris mon téléphone parce il a un appareil photos. Je comprends pas, j’ai deux enfants, ils m’ont attrapé à la préfecture. Je suis malade, j’ai vu le médecin, il m’a dit d’attendre, j’attends depuis ce matin. »
2e personne
« Ici y’a que des bagarres, les flics ils nous cherchent la merde ! On a entendu une manifestation pour les retenus samedi dernier. On a entendu et on a beaucoup crié pour eux, on a tapé, on a crié, on a fait du bordel, mais depuis ça s’est calmé. La police elle nous a dit : « Restez tranquille et vous allez sortir. » Mais ici ils continuent à expulser et moi je sais que j’ai beaucoup d’amis qui sont au bled. Est-ce qu’il y a une manifestation ce soir ou demain ? …Sinon ici y’a des Playstations, y’a des télés. »
29-01-12 – Vincennes centre 3
« On mange pas bien, y’a pas de quoi manger. Des fois si tu te lèves trop tard ils te donnent même pas à manger. On dort pas, c’est le stress ici. Y’a des gens qui se coupent avec des lames, c’est la galère.
Moi je suis là depuis vingt jours, y’en a trop qui sont expulsés, deux ou trois chaque jour, les policiers sont pas violents mais l’autre fois ils ont coupé l’eau chaude et le chauffage, on est resté dans le froid pendant douze heures. Le médecin tu le vois qu’une seule fois, et après tu vois que des infirmières, c’est dur de revoir un médecin. Moi par exemple j’ai une grippe, je tousse très fort. J’ai demandé des médicaments, ils m’en ont pas donné, ils disent qu’y’en a pas, qu’il faut se les faire amener de dehors. Par contre si tu veux des drogues et des somnifères, là y’a pas de problème ils te les donnent très facilement, tout comme les calmants. En fait y’a pas de Doliprane, aspirine, Fervex, tout ça pour soigner un rhume, mais y’a des trucs pour te calmer, pour que tu t’énerves pas, quand tu prends ça t’es sur une autre planète.
Ici y’a des caméras partout, tout le monde reste tranquille, on s’est révolté, on a fait une grève de la faim pendant 3 jours, enfin pas tout le monde, mais ça a rien changé.
Avant y’avait de la place, mais ils ont ramené des détenus et y’avait plus assez de place, du coup y’en a qui sont trois par chambre et le dernier dort parterre parce qu’il y a que deux lits par chambre.
Moi j’ai été arrêté suite à un contrôle dans la gare de Lyon. J’suis en France depuis un an et demi, ma femme a été hospitalisée ici puis elle est morte, donc je suis resté là. Y’a des détenus qui sont en France depuis douze ans, dix ans, huit ans.
Hier soir y’a un mec qui avait déjà refusé le premier vol, ils sont venus le rechercher pour l’expulser avec un deuxième vol, il s’est ouvert l’estomac avec une lame. Les policiers quand ils sont arrivés ils ont eu peur à cause du sang, donc ils ont appelé les infirmières qui ont appelé les pompiers. Ils l’ont emmené à l’hôpital pour le recoudre et ils l’ont déjà ramené ici. A mon avis il va avoir un vol ce soir, si c’est le cas, il va s’égorger lui-même.
En fait, ici ça dépend des situations, par rapport aux ambassades, aux avocats. Ceux qui ont de l’argent, un avocat, ils sortent, sinon tu sors pas. Moi, ils m’ont prolongé de vingt jours, alors que ça fait déjà vingt jours que je suis là. Normalement ils peuvent te garder que quarante-cinq jours. Ici personne ne peut savoir si il sera expulsé ou pas, tu sais rien, t’attend le papier qui est affiché le soir pour les vols, le juge, les rendez-vous avec l’ambassadeur.
Ca se vide jamais, ils expulsent et arrêtent tout le temps. Si quelqu’un part, quelqu’un rentre. Par exemple s’ils en expulsent deux, il y aura deux nouveaux détenus. On est tous dans la même galère. La première journée c’est dur, si y’a un nouveau on lui explique ses droits, comment ça se passe, où il est, on s’intègre doucement… »
Vincennes centre 1
« Je suis là depuis jeudi soir. Jusque-là y’a pas de problème avec les policiers. On ne mange pas vraiment, si y’a dix détenus, y’en a deux qui vont finir leur plat, le reste est jeté. On jette une grande partie de la nourriture. Jusqu’à présent ça se passe bien avec les médecins. Ici on est une vingtaine en ce moment, y’a pas de soucis avec les autres détenus.
Aujourd’hui j’ai vu affiché le règlement intérieur du centre, y’avait écrit « le détenu peut entrer de l’extérieur avec un maximum de 80 euros ». Mais les policiers m’ont dit « seulement 40 euros », ils ont mis le reste à la consigne pour que je le récupère à la sortie.
Chacun a son lit, y’a des chambres de deux ou quatre lits. A mon arrivée, j’ai eu une couette trop petite, j’ai gueulé, on me l’a changée, par contre faut attendre 7 jours pour que la serviette soit changée. La laverie est ouverte tous les jours, sauf le week-end.
Moi je suis dans une situation surprenante. Je suis passé devant le juge hier, avec un avocat commis d’office, l’avocat a dit que c’était « pas un souci ». Mais tous les gens qui étaient jugés ont été relâchés, sauf moi.
Je suis arrivé en 2005 avec un visa, je suis pacsé depuis 2008 avec une Française, et en couple déclaré depuis 2007. Je n’ai eu que des récépissés qui ne m’autorisaient pas à travailler, j’ai eu 4 récépissés, au 5ème j’ai fait un scandale à la préfecture. La meuf m’a dit de m’asseoir, je ne voulais pas. Finalement on m’a donné un récépissé qui m’autorisait à travailler. J’ai des qualifications, je suis électricien. J’ai eu deux CDI depuis. Avant je travaillais au black. Mon titre de séjour a expiré, j’ai encore eu un récépissé pendant un an avec autorisation de travail, puis après un an j’ai appelé pour prendre un rendez-vous, le mec m’a dit « on ne peut plus vous renouveler car on vous a envoyé une notification de quitter le territoire. » Mais j’ai pas reçu le courrier, il m’a dit d’envoyer une lettre à la préfecture. J’ai écrit deux fois là-bas et j’ai jamais eu de réponse.
Mon arrestation, c’était en pleine circulation. J’étais au volant dans le véhicule d’un ami avec son permis, au boulevard de Clichy. Derrière moi je vois un fourgon de police qui allume son gyrophare, alors je me rabats, ils me disent qu’ils me contrôlent parce que je roule sans phare. Je réponds « impossible, mon tableau de bord est allumé » Je vérifie que les phares fonctionnent et ils fonctionnent. Ils demandent les papiers de la voiture et le permis, ils appellent le central et me disent que le permis n’est pas répertorié sur le territoire. C’est parce que mon ami a un visa touriste. Du coup ils veulent m’emmener au poste pour vérifier, je leur dis qu’en fait ce n’est pas mon permis, je donne mon identité, ils vérifient et voient que j’ai une obligation de quitter le territoire. Je leur dis que je ne l’ai jamais reçue et que j’ai pas pu faire les démarches pour un recours. On m’emmène en garde à vue, puis au centre de rétention où on me dit qu’on fera le recours.
J’ai fourni tous les justificatifs de 2006 à 2012 : EDF, loyers, contrats de travail. Je suis passé devant le juge hier. Tout le monde a été libéré sauf moi car ils m’ont dit que j’avais fourni des justificatifs avec différentes adresses. Pourtant il y avait à chaque fois nos deux noms sur les papiers. Ils se sont même pas dit qu’on avait pu changer d’adresse. Ma femme elle peut pas venir me voir, elle est invalide à 80% et elle est trop loin, dans un autre département.
Ici y’a pas de révolte, beaucoup ont des documents italiens, des permessi [3], on leur dit qu’ils vont être expulsés vers l’Italie, mais on ne sait pas… »
04-02-12 – Vincennes centre 2
« Moi je suis dans le centre de rétention, depuis le 14 Janvier je suis là, j’suis inexpulsable et ils veulent rien faire le consul m’a pas donné de laisser-passer [4], j’suis en France depuis 74. J’me suis fait arrêter suite à un contrôle en moto, j’avais le permis et j’ai ma carte jusqu’à 2013, c’est le préfet qui veut m’expulser.
C’est la merde, c’est dégueulasse, tout est dégueulasse, les toilettes, il fait froid, y’a des outrages, y’a des détenus qui s’font taper. Ici ils tapent les gens et après ils nous disent de porter plainte à la Cimade [5], et ça sert à rien, après les RG ils viennent ici mais ils font rien. Nous quand on tape un policier tout de suite on est mis en garde-à-vue et ils nous font la misère. Tout le monde porte plainte. Les RG ils viennent, ils prennent la plainte et ils repartent. Ils s’en battent les couilles. Y’a des mecs qui se coupent à mort, c’est un truc de fou, j’ai jamais vu ça, tu vois l’Aïd ? C’est comme ça ici. C’est un truc de fou, j’ai jamais vu ça de ma vie. Ils te font de la filouterie, ça veut dire que quand ils veulent ramener quelqu’un au bled, ils font genre ils vous rassemblent parce que y’a quelqu’un qui se sauve, qui s’est évadé, et après ils viennent attraper le mec, ils l’attrapent ils le tapent ils le scotchent. Et après c’est pour ça que y’a des mecs y veulent se couper pour pas partir au bled, tu comprends ? C’est comme ça.
La bouffe c’est dégueulasse, tout est dégueulasse. Toujours la même chose, et pas hallal. Ils nous ramènent que des trucs où y’a de la gélatine, où y’a de la viande pas hallal. Les douches c’est dégueulasse, les toilettes c’est dégueulasse, les chambres laisse tomber. Ils te ferment la télé à 1h, on dirait que t’es en prison. On est privé de liberté et on est privé du visuel. Est-ce que c’est normal ? Non. Moi je vais pas voir le médecin, moi j’ai pas besoin de cachets, moi j’ai besoin de liberté, j’ai besoin de voir ma fille dehors. Moi ils veulent me priver de liberté, j’suis là, ils veulent me laisser 45 jours [6] parce qu’ils peuvent pas m’expulser, le consul ne veut pas donner de laisser-passer.
On est 48 dans le CRA 2 là, on a des contacts avec les autres CRA, on a voulu faire la grève de la faim, mais c’est pas des mecs qui tiennent le coup, ça sert à rien une grève de la faim, ça aboutit à rien. Y’en a qui sont à 3 dans des chambres à deux personnes, y dorment parterre, c’est pas normal. Les flics ils parlent mal, ils insultent les gens, ils les insultent de « sales arabes » … »
Vincennes centre 1
« ça se passe bien, le mauvais truc c’est chez le juge, ils renvoient les gens dans un pays comme ça. Ce sont des gens qui sont arrivés depuis même pas une semaine, huit jours au CRA et on les renvoie direct, les Roumains, les Algériens…Moi je suis Roumain. Avant j’étais incarcéré à la maison d’arrêt de la Santé, j’ai fais 18 mois là-bas, de là-bas ils m’ont ramené ici, et c’est mon huitième jour, demain ils me renvoient en Roumanie. Dans ma chambre on est quatre, tout le monde a un lit, ça se passe bien entre détenus. Par rapport à l’hygiène ou aux policiers aussi. J’ai vu le médecin, il m’a donné des médicaments, je suis pas malade, mais il m’a donné des trucs pour être tranquille. Je m’excuse mais j’suis appelé à la visite là. »
Vincennes centre 3
« On est traité ici comme des animaux d’élevage. On est réveillé le matin, on mange, mais pas tout le monde parce que y’a des musulmans ici qui mangent pas le cochon. Donc une grande partie du repas est jetée, parce que c’est de la viande et que certains ne la mangent pas. On tourne en rond ici parce que c’est comme une prison. On est enfermé toute la journée, et les seules sorties sont pour aller voir le juge. On est transporté comme des malfaiteurs, tu vois, menottes aux poings dans le panier à salade, on est enfermé dans des cages là qui sont à l’intérieur du camion. On est vraiment traités comme des malfaiteurs, ce qui n’est pas le cas.
Actuellement y’a un grand nombre de suicides, tous les jours y’a une tentative de suicide, y’a 5 minutes y’en a un qu’a essayé de se pendre sur une grille. Lorsqu’il y a une tentative de suicide comme ça, la police, les agents de la police ils viennent en masse, ils sont arrivés à le décrocher. Il va s’en tirer. Y’en a qui avalent des lames. Ils demandent des rasoirs pour se raser, ils cassent les lames, ils les avalent. Moi je suis arrivé y’a une semaine, j’ai déjà vu deux personnes se mutiler, se couper les veines. Du point de vue des conditions s’est exactement comme… Je sais pas si vous avez vu le film « Le couloir de la mort »… Les gens ne dorment pas, y’en a qu’on vient chercher de force la nuit pour les expulser. Vous entendez ? Y’en a qui tapent sur les portes là. Ils passent la nuit éveillés parce qu’ils sont angoissés, du fait qu’on puisse les expulser. Dans la journée on est là, on tourne en rond. Y’a rien à faire. Ils ont installé des jeux à manettes Nintendo, ils arrêtent ça à 22h. Et ils arrêtent à minuit la télé, donc pour les gens qui sont éveillés ils n’ont rien à faire. Donc y’a des bagarres, y’a des tentatives de suicide. Y’en a tous les jours, au moins une tentative par jour, sinon plus. Les flics honnêtement ils me font pitié parce qu’ils peuvent rien faire, on n’est considéré comme des gens … On n’est pas en prison quoi. Ce qu’ils peuvent faire c’est obliger quelqu’un à aller à l’aéroport, ou descendre quelqu’un qui essaye de se pendre, ou évacuer quelqu’un qu’a avalé des lames, qui s’est mutilé. C’est tout ce qu’ils font, hein.
On fait des choses pour empêcher les expulsions, mais c’est plutôt par groupes quoi. Par exemple, y’a un grand nombre de maghrébins, surtout des Tunisiens, qui sont venus après les événements en Tunisie. Ils sont là, ils sont solidaires quoi, parce que chaque jour y’en a plein plein plein qui ont leurs noms sur les vols. La rétention ça dure 45 jours. Y’en a un c’était son 43e jour de rétention, c’est là qu’ils sont venus le chercher pour l’amener à l’aéroport. Il s’est coupé les veines, donc ils ont dû l’évacuer à l’hôpital et le temps qu’il revienne les 45 jours étaient passés. Donc y’a ça, eux ils sont très solidaires quand quelqu’un veut se suicider ils essayent de le raisonner. Mais on sait pas ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui veut se suicider. Les gens se révoltent contre le matériel, ils cassent tout ce qu’ils peuvent casser, les machines, … Mais c’est tout sinon. La plupart des flics qui travaillent ici, si vous voyiez leurs gueules… Vous verriez que c’est des gens qui n’ont vraiment pas envie d’être ici. Les agents de police qu’on met ici c’est pour les punir. Y’en a qu’en ont rien à foutre, y’en qui font leur travail, ils te disent de pas fumer dans la chambre. Ce qui est très important c’est que la majorité est d’origine étrangère, des noirs ou des arabes. Ils souffrent plus, parce qu’on leur ressemble. Ils osent même pas nous regarder dans les yeux.
On voit le médecin à l’arrivée pour voir si on n’a pas de problèmes avec des substances illicites, ou d’alcoolisme. Le soir les infirmières passent distribuer des somnifères, l’infirmerie c’est essentiellement ça. Moi j’ai vu une infirmière mais pas de médecin. Ceux qui tentent de se suicider sérieusement on les conduit, je crois, à l’Hôtel Dieu voir un psychiatre. C’est l’infirmière qui évalue la gravité. Ici y’a trois centres complètement distincts. Ici y’a 59 chambres de deux personnes, donc avec 3 blocs, vous imaginez un peu le nombre de personnes qu’il y a. C’est plein à peu près à 80%. On se parle entre les blocs 2 et 3 à travers le grillage. On est séparé par une cour de sécurité d’à peu près 50 mètres, mais en parlant fort on peut s’entendre. Mais du 2 et du 3 on ne voit pas du tout le 1. Quand on va récupérer des affaires on passe par le centre 2, du coup on croise d’autres gens. Mais les conditions sont les mêmes partout. Les douches et les toilettes sont lavées deux fois par jour, c’est relativement propre. Elles sont ouvertes la journée et la nuit. Le vrai problème c’est la nourriture, par rapport aux religions. La majorité des gens ici sont de confession musulmane, ils ne mangent pas la viande. En une semaine, y’a eu qu’une fois du poisson, le reste du temps c’est de la viande. Dans les pots de dessert y’a une sorte de gélatine. Ils disent que ça vient du porc, du coup ils n’en mangent pas non plus. Ils se sont plaints mais ça change rien. Tout ça concourt à créer des conditions d’incarcération qui ne sont pas dites. On est enfermés, à leur merci, vous êtes en prison mais on vous dit que vous n’êtes pas en prison. Moi j’ai été arrêté sur un simple contrôle, j’avais une obligation de quitter le territoire. J’ai pas pu renouveler ma carte de séjour, car l’ambassade n’a pas fourni un papier à temps. Du coup je me suis retrouvé avec une OQTF [7]. C’est au moment où je faisais les démarches que j’ai été contrôlé. J’ai pas d’argent, je suis passé devant le juge avec un avocat commis d’office. Tu le vois 5 minutes avant, ça c’est une parodie de justice, les dés sont jetés quoi, le tribunal administratif aussi, je suis même pas passé 3 minutes devant le juge.
Je suis entré légalement en France, j’ai vécu et travaillé ici pendant 26 ans. Y’a eu des retards dans le renouvellement de mon passeport par mon ambassade, ils me mettent là et ils veulent m’embarquer, moi je n’irai pas, s’il le faut j’irai jusqu’au bout, s’il le faut je me tue. J’ai tout en France, qu’est-ce que j’irai faire là-bas après 26 ans. C’est difficile de s’organiser, on n’a rien en commun à part d’être enfermés. Y’en a qui sont là parce qu’ils sont venus y’a pas longtemps, ils viennent de pays où ça va pas, d’autres qui sont là suite à des délits, les cas sont vraiment différents. Y’en a qui sont arrivés en France mineurs, aujourd’hui qui sont majeurs mais ont toujours pas de papiers, donc on veut les renvoyer, ce qui fait que pour que les gens se mettent ensemble il faut qu’ils aient les mêmes problèmes. Par exemple les Tunisiens, ils sont venus en bateau, ils ont traversé l’Italie, eux ils sont vraiment ensemble, ils sont solidaires, ils vivent les mêmes problèmes. Mais par exemple, y’a des Sri Lankais qui sont déboutés du droit d’asile, y’en a qui sont sortis de prison, y’en a qu’on arrête mais qu’ont aucun papier. On les met là le temps d’enquêter sur leur pays d’origine. En général ils baladent les flics, s’ils sont originaires d’un pays A ils disent qu’ils sont d’un pays B, on les amène à l’ambassade pour qu’elle établisse un sauf-conduit⁴, l’ambassadeur dit au flics qu’il n’est pas de ce pays là et en général on les ramène au centre, ils sortent après les 45 jours. Ces derniers temps, y’a beaucoup beaucoup d’expulsions de Tunisiens, y’a eu comme un deal avec l’ambassade de Tunisie. Elle délivre des sauf-conduits, du coup on les oblige à partir. Ici quand vous devez partir, on affiche d’abord l’heure du vol le soir, avec le nom, le prénom. Généralement les gars n’opposent pas de résistance quand on vient les chercher, après une deuxième équipe de police les prend en charge et les amène à l’aéroport. Arrivés à l’aéroport, la première fois vous pouvez refuser le vol en demandant à voir le commandant de bord. Vous lui dites que vous ne souhaitez pas prendre le vol. Mais quand ça se répète, au bout de la deuxième ou troisième fois ils vous attachent avec du scotch. Y’en a qui réussissent à refuser plusieurs fois, ils sont jugés au pénal et vont en prison, entre 3 et 6 mois en général pour refus d’embarquement. Ils font un détour en prison puis ils reviennent ici au centre pour être expulsés…Selon les programmations des vols, y’en a qui passent 45 jours et puis après qui sont libérés, soit parce que ils sont pas arrivés à déterminer de quelle nationalité est la personne et donc elle a pas de sauf-conduit, soit parce que la personne se mutile, donc on l’amène à l’hôpital et ensuite on la ramène ici et on lui trouve un autre vol, et ça se répète comme ça jusqu’à ce que les 45 jours soient terminés… »
10-02-12 – Vincennes centre 1
« L’hygiène ça va, le manger c’est pas trop bien, c’est comme la gamelle en prison. Y’en a qui se coupent les bras, y’a la bagarre, c’est pas trop… c’est le bordel, voilà, c’est pas trop bien. Ils viennent… y’a toujours la police. On peut pas fumer, on a rien, ils t’aident pas, y’a rien. On peut rien avoir, on peut pas avoir d’argent pour aide, y’a pas d’aide, y’a rien. Moi là j’suis arrivé, j’suis sorti de prison avant hier, ils m’ont ramené directement ici, j’ai tapé 5 mois à Fresnes, et après ils m’ont ramené ici. Ils m’ont dit que j’allais sortir et ils m’ont embarqué pour me ramener.
Par rapport aux chambres ça va, on est deux par chambre ou quatre par chambre, ça va ça se passe bien, à part au niveau accueil pas trop, y’a la police, y’a toujours la police qui tourne, y’en a marre. Mais avec eux franchement ça se passe bien.
En ce moment niveau expulsion j’saurais pas vous dire, y’en a pas beaucoup, y’en a beaucoup qui sont libérés aussi. La solidarité ça dépend des CRA. Par exemple le CRA 1 était moyen, y’a des petits et des moyens. Ca se passe bien, mais par exemple au CRA 2 et au CRA 3 y’a des grosses têtes et c’est un peu la guerre entre eux. Dans le CRA 1 ça va y’a ceux qui viennent de banlieue, y’a des jeunes-jeunes et tout, y’a pas des grosses têtes, mais y’a des CRA ou y’a des grosses têtes et tout. Des fois … ça dépend, ça dépend. Moi c’est la 3ème fois que je suis en CRA.
Vous pouvez pas m’aider ? Parce que y’a pas d’aide, y’a rien du tout à manger. Y’a l’ASSFAM ici à place de la Cimade, ils font des recours pour les juges et tout ça, ils t’aident pour le dossier pour le juge, mais ils font pas grand chose, à part ça c’est tout.
Moi deux fois j’ai été libéré par le médecin pour cause médicale, j’ai une broche au pied. Ca arrive souvent qu’il libère des gens sur avis médical. Moi ça fait 21 ans que j’suis arrivé en France.
Franchement y’en a trop marre y’a des caméras partout, et on est surveillé de partout, c’est trop surveillé. Sinon ici c’est calme. Ca se passe entre nous.
J’avais une carte de 10 ans, elle a expiré et puis ils m’ont arrêté pour contrôle de papiers, puis vu que j’avais pas de carte… j’étais en prison, j’étais emprisonné, j’ai demandé à la faire renouveler, ils ont pas voulu me la faire renouveler, comme t’as pas d’accès au droit et tout ça, ils ont pas voulu me donner de permission… »
Vincennes centre 2
« J’suis retenu ça fait longtemps que je suis là, vraiment, si tu rentres à l’intérieur tu vas voir des trucs bizarres, et c’est insupportable, y’a des trucs que tu peux pas imaginer, ici y’a des gens qui se coupent, y’a des gens qui se suicident et qui font des tentatives de suicides, y’a plein de trucs. D’ailleurs ils te donnent à manger… Comme le petit déjeuner c’est des trucs périmés, c’est comme la douche c’est de l’eau froide. On souffre ici franchement. C’est très dur au niveau de l’hygiène.
Chaque jour y’a des tentatives de suicide. C’est des trucs réels, c’est des trucs véridiques, c’est pas comme ça… c’est des gens sérieux qui veulent se suicider. Y’a des gens qui prennent des lames et ils se coupent. Ils se coupent leurs mains, même ils se coupent les veines, de leurs mains, de leurs jambes avec les lames. Le couloir où il y a les chambres, y’a plein de sang dans le couloir, on dirait que c’est du béton, tu peux pas marcher dans le sang. En plus comme les flics ils font ici…Quand quelqu’un est expulsé ils utilisent le scotch, normalement c’est interdit dans la loi, c’est interdit. Ils attachent les gens avec du scotch, c’est un grand rouleau de scotch. C’est des trucs que tu peux pas savoir avec tes yeux, c’est insupportable.
Hier on a vu un mec qui s’est cassé la jambe à cause d’un vol. Il a cassé la jambe avec la porte. T’imagines la cheville ? Il a cassé sa cheville avec la porte à cause d’un vol. Mais les flics ici ils sont fous. On dirait on est dans un coin perdu. Y’a toujours des violences avec la police. Les flics à chaque fois ils frappent des retenus normalement c’est interdit ça. Même chez nous on n’a pas ça. Comment ça tu frappes quelqu’un, tu frappes un retenu ? C’est pas évident, d’ailleurs tu trouves des taches. Ici les policiers ils sont solidaires ensemble, a chaque fois ils font des trucs contre…voilà ils sont solidaires ensemble.
Moi je me suis fais arrêter, contrôle de papiers. ça fait longtemps que j’suis en France et pour la première fois ils m’ont saisi les empreintes, j’ai fait aucune connerie, pour la première fois ils m’ont fait les empreintes, et ils me ramènent directement ici en centre de rétention. C’est bizarre pourtant j’ai rien fait. Aucune connerie, j’suis quelqu’un de sérieux. Les gens qui étaient avec moi en garde à vue avant qu’ils me ramènent ici, ceux qui faisaient des vols qui se sont fait attraper avec des iphone et tout, ils sont libérés et moi ils me ramènent ici. J’ai été jugé devant le tribunal administratif mais j’ai pas été libéré, j’ai un avocat mais il m’a dit c’est les ordres qui viennent de là haut.Y’a des gens…On est tous dans le même cas, mais y’en a qui sont libérés et d’autres non. On est tous le même cas, c’est un contrôle de papiers, c’est un problème de papiers. C’est pas question chacun son cas, on est tous en centre de rétention. Comment ça moi j’y suis depuis 26 jours, y’a quelqu’un moi j’suis rentré avant lui et il est sorti avant moi. Pourtant tous on est le même cas. C’est pas grand chose les gens expulsés, parce qu’ici quand quelqu’un il voit son vol, il doit se couper et…Donc voilà ils le ramènent forcément avec du scotch, à 5h du matin quand il est endormi, et hop ils le ramènent avec le scotch et tout, donc forcément comme ça c’est bizarre. On dirait qu’y a pas de droits, on dirait que liberté, égalité, fraternité, c’est juste un décor, voilà, c’est juste un tableau, sinon y’a rien y’a rien y’a rien…
J’ai vu le médecin car moi j’ai une maladie, j’ai une hépatite B. Normalement il faut que je me soigne dehors, parce que j’ai mon docteur dehors, mais non ils veulent pas me libérer, c’est comme ça. En plus j’ai un régime alimentaire, parce que cette maladie elle attaque le foie, il me faut un régime alimentaire mais ils en ont rien à foutre de moi, ils me laissent ici crever, voilà. J’ai les preuves, j’ai les ordonnances, les prises de sang, j’ai toutes les preuves. Ils me donnent pas les médicaments, ils m’ont dit « on n’a pas ton traitement ». Alors Je lui ai dit « tu peux me libérer pour que je me soigne, pourquoi je reste ici ? » Il m’a rien répondu. Ici y’a que des cachets, que des calmants, c’est tout. Si t’as besoin de calmants, de drogues, des anti-stress et tout, d’accord, si t’as besoin de ça, sinon à part ça y’a rien. C’est fait exprès. Beaucoup de gens qui n’ont jamais mangé de calmants avant, ici ils les mangent. Y’a des bagarres, c’est le stress, tout le monde il stresse ici c’est normal, tout le monde est énervé, c’est normal, tant qu’on est dans un coin limité. Ils en n’ont rien à foutre de ça, ils voient des bagarres comme ça mais ils regardent comme ça de l’extérieur et c’est tout. Dans mon cas, j’ai une maladie vraiment très grave, c’est bizarre j’ai toutes les preuves, j’ai tout, j’ai mon docteur dehors qui me suit, il faut qu’il me soigne, il me faut un traitement, il me faut ça, il me faut ça, mais ils me laissent ici, ils veulent pas me libérer, c’est comme ça.
Hier y’a eu une tentative de suicide ici, les policiers ils regardent, normalement ils l’engueulent les policiers, ils le laissent pas faire sa tentative de suicide. Heureusement y’a quelqu’un, c’était un retenu, il l’a descendu il a pu le sauver. Lui même il est tombé parterre, il s’est cassé le pied, ils l’ont amené à l’hôpital, il est revenu ici avec le plâtre il est là.
Pour résister aux expulsions, faut perdre le demi de ton corps, faut se couper, faut faire ça avec une lame. Tout simplement, vraiment, j’ai pas imaginé que je trouve ça dans ce pays. J’ai pas imaginé ça du tout. J’ai été en Italie, j’ai été un peu partout, j’ai pas vu ça. Ici c’est bizarre. On est pas en temps de guerre, mais ici c’est la guerre, c’est des trucs qui se passent à l’intérieur dans des coins perdus, fermés. C’est pas l’Irak, en Irak c’est la guerre, c’est normal, y’a des blessés, y’a des morts mais ici c’est pas la guerre, mais c’est en silence. Si je sors je dois quitter la France une fois pour toutes. Pour la première fois j’ai vu des cas que j’ai jamais vu dans ma vie, pourtant je voyage beaucoup, j’ai beaucoup aventuré, ici c’est une autre façon, c’est avec un autre système. On est là, pays des droits de l’homme et tout, voilà la réalité. C’est insupportable, insupportable. »
17-02-12 -Vincennes centre 3
« J’parle ici de Vincennes, ça fait 5-6 jours les douches, les toilettes, le soir bah y’a pas de lumière… Tout le monde il se coupe les veines tout ça… La bouffe, j’parle même pas, c’est dégueulasse, c’est immangeable, et ils pensent même pas à la viande hallal tout ça, parce que nous on mange que du hallal. Et y’a une panne d’électricité le soir, l’aile gauche du CRA 3 toutes les chambres y’a pas de lumière.
Le plus dur c’est les policiers, c’est le comportement des policiers. Les policiers ils viennent le matin à 4h du mat’ et ils rentrent sans taper à la porte et tout, ils demandent les cartes, tout le monde il dort, ils passent tard un soir… tout le monde il se coupe les veines, y’a des tentatives de suicides. Y’a un mec qui s’est coupé, il a six points de sutures le mec ils l’ont ramené à l’aéroport, il lui restait un jour et ils l’ont ramené au bled. Il est blessé, ils lui ont mis un pansement ils l’ont ramené en Tunisie.
Voilà on parle avec tout le monde, l’ASSFAM tout ça, j’ai fait un courrier pour qu’on parle avec le commandant du centre, et jusqu’à maintenant on n’a pas de résultats. Aujourd’hui, là tout de suite, ils ont mis un papier comme quoi l’eau elle va couper vers 18h jusqu’à demain matin à 10h. Et nous on fait la prière, ça veut dire on sait pas comment faire les ablutions, les douches tout ça, c’est inadmissible. On sait pas trop comment faire. Je vais parler avec les gens pour faire une grève de la faim…
J’vous dis, les policiers c’est des cow-boys. Le soir les gens ils rentrent, hier, ils sont rentrés dans une chambre, y’a un mec il a demandé le feu pendant une heure, qu’est-ce qu’il a fait, il a pris du papier et il l’a collé sur les caméras. Trois policiers ils rentrent le soir dans une chambre, ils appellent le mec… dans la chambre, dans la chambre hein, ils ont fermé la chambre ils ont mis un policier dehors, ils sont rentrés, ils ont dit quoi ?! « Maintenant c’est qui qui vient faire un combat avec nous ? » C’est comme ça hein ! C’est comme ça. Le mec il a dit « Maintenant parce que je suis pas un policier, viens dans la chambre tout seul, on va faire un combat, c’est qui qui va gagner… » Imaginez-vous comment ça se passe le soir…
Les distributeurs normalement ils ouvrent à 15h, à 15h30 on demande quelqu’un, y’a personne. L’allume-cigare, y’a une semaine, chaque jour j’parle avec eux, y’a personne. « Monsieur s’il vous plaît réglez votre problème, parce que moi j’suis en rétention, j’suis pas un détenu j’suis un retenu. J’ai pas commis un délit ni une effraction ». Mais voilà chaque jour c’est comme ça, c’est la même chose, on parle avec tout le monde, même l’ASSFAM… ils ont fait le maximum, même pour eux c’est galère. La femme de l’ASSFAM elle m’a dit « j’rentre aux toilettes, et les policiers ils viennent aux toilettes, au lieu de taper la porte ils rentrent directement. » C’est la femme de l’ASSFAM. Imaginez-vous nous, les gens qu’ont pas de papiers. Voilà, c’est le bordel.
Avec le médecin ça va, c’est tous les gens qui travaillent, ce sont pas les policiers, ça va. Le problème c’est les policiers, et chaque jour c’est que des paroles. On parle de pannes de l’eau et de l’électricité, mais il me dit « on est en train de faire un devis ». Mais le devis il reste pas une semaine !
Moi j’suis là pour rien, juste j’ai pas de papiers. Ca veut dire j’ai besoin de manger, de fumer quand je veux. J’suis libre, mais en rétention. Et le matin… j’vous dis pour le distributeur c’est à chaque fois 15h30, normalement ils ouvrent à 15h. Il faut que monsieur le policier il vient, à chaque fois on dit « ils sont où les policiers ? » Dernièrement là, avant hier, à 15h30 y’a pas de policier pour ouvrir le distributeur. Dès que j’ai commencé à faire le bordel, jeter des poubelles et tout ça, y’a 16 policiers qui sont là. J’ai dit « pourquoi vous faites ça ? Depuis tout à l’heure j’ai demandé un policier pour ouvrir le distributeur, y’a personne. Dès que j’ai commencé à faire le bordel tout le monde ils sont là. » Ca veut dire quoi, ça veut dire ils sont en train de provoquer les gens pour faire des problèmes.
Moi j’viens de prison. Ca fait 13 mois j’suis en prison là j’suis au centre. J’suis rentré ici le 8 Février. Y’a des gens qui parlent pas Français mais aujourd’hui j’ai fait une pétition, on est au centre 49 personnes, j’ai fais une pétition : 34 personnes, et les autres y’a des gens qui dorment, y’a des gens qui sont au tribunal, tout ça…Jusqu’à maintenant y’a rien qui change ! Mais j’vous dis hein, quelqu’un il se coupe les veines ici, ils le ramènent quand même à l’aéroport…Normalement quelqu’un il est blessé, ils ont pas l’droit, le mec il a 6 points de suture ils le ramènent à l’avion ! Le sang est partout, j’vous dis chaque soir y’a quelqu’un qui se coupe les veines, chaque soir. Y’a personne qui parle de ça à la télé, y’a rien du tout à la télé, que les élections ! Tous les jours y’a quelqu’un qui se coupe les veines, après eux ils notent que les chiffres d’une personne, ça veut dire ils nous prennent pour des chiffres, pas des êtres humains qui ont des problèmes chez eux…
J’dors pas, ça fait une semaine j’dors pas, ni le soir ni le matin, parce que les gens pour demander à allumer une cigarette il faut qu’ils tapent à la porte, y’a personne à l’accueil le matin. A 1h du mat’ y’a des gens qui dorment pas parce que le lendemain ils ont un vol. Ils demandent d’allumer une cigarette, ils vont à l’accueil y’a personne. Ca veut dire on est laissé tous seuls, avec des policiers enragés, à chaque soir chacun rentre avec son pote, à 2-3, il rentre dans la chambre, il fait son film et il repart. Y’a personne qui parle. Moi j’étais là avant, j’ai fais une bagarre avec un policier il m’a frappé, j’suis parti au commissariat du 12ème déposer une plainte : ils vont croire qui ? Un ancien taulard ou un policier ? A cause de ça j’ai pris un mois de prison ferme. Ca veut dire on parle, on va en prison, on parle pas on est des esclaves, exactement on est des esclaves. Ils font ce qu’ils veulent parce qu’on n’a pas de papiers, on n’a pas de droits. J’veux quoi, j’veux tout le monde il sache c’est quoi l’enfer ici, parce qu’on est dans un couloir de la mort. J’vous jure, chaque jour y’a quelqu’un qui se coupe les veines. Hier y’a un Africain, un Gabonais, aujourd’hui même y’a quelqu’un ils l’ont pris en vol en Tunisie, toute sa famille ils sont là, y’a personne au bled, pour lui y’a personne. Son père il est là, lui il est là, son frère il est là, et lui tout seul ils vont le renvoyer en Tunisie, il connaît personne, ça fait 15 ans qu’il est là en France, à chaque fois il veut faire un regroupement familial ils lui donnent pas le papier. Il a pas de casier judiciaire, rien du tout, maintenant là tout de suite ils l’ont pris, le mec il va refuser la première fois il m’a dit, parce que maintenant ils préparent, ils doivent mettre pour le premier vol, donc maintenant ils préparent le deuxième parce qu’ils savent que tout le monde peut refuser le premier. Le premier ça se passe bien, il demande au pilote, nanani nanana, le pilote lui demande si il veut monter, lui il dit non, il le laisse partir. Il revient ici, le soir même il a un vol il sait pas parce qu’ils ont pas mis sur la liste, ils mettent pas le vol la deuxième fois, la deuxième fois ils le mettent pas sur la liste. Quand tu refuses le premier, le deuxième ils le mettent pas. Ils viennent directement à 4h du mat’, 2-3-4 personnes policiers, ils viennent ils rentrent dans la chambre : « Monsieur prépare toi. » Le mec qu’est-ce qui fait ? Il a déjà préparé une lame, et il va faire couper ce soir, ce soir même il y a une victime, il y a encore une victime.
Y’a personne qui parle, ni radio… je regarde la télé du matin jusqu’au soir, y’a rien, y’a rien qui parle du centre de Vincennes. Ils attendent quoi, qu’ils crament le centre ? Après tout le monde ils vont parler, ils vont dire l’immigration c’est des mauvais, c’est des méchants.
Moi j’vous assure, si vous passez juste une soirée ici, franchement c’est incroyable, incroyable ! Incroyable… J’sais pas comment ça se passe après, parce qu’à chaque fois j’parle avec l’ASSFAM… tout le monde il me parle mais l’action y’a pas. Moi j’aimerais voir l’action parce que les paroles c’est… c’est gratuit mais l’action c’est cher. C’est trop c’est trop c’est trop. Imaginez vous, chaque soir y’a quelqu’un qui se coupe, du sang… comment les gens ils vont dormir ici ? Y’a personne qui dort… Y’a personne qui dort. »
16-04-12 – Vincennes centre 1
« C’est la merde, ça pue. Y’a rien c’est la merde. Les toilettes elles puent, les policiers ils nous respectent pas, c’est la merde quoi. Même ce matin ils ont frappé quelqu’un, un petit. Je sais pas pourquoi. Il a fait une plainte là il va passer demain, j’sais pas là il va aller à l’hôpital. Il est là, il a vu l’infirmière, elle a fait une feuille et tout, bah ils l’ont faxé au tribunal, après le procureur il a dit « faudrait l’amener à l’hôpital. » Ils l’amènent demain, demain matin.
La nourriture c’est la merde, ça pue, par exemple moi ça fait 5 jours j’ai pas mangé. Je peux pas, si je la mange je la vomis. Les toilettes elles sont bouchées, ça pue, les douches elles sont sales.
Dans le centre, ils ramènent, ils renvoient, des fois ils libèrent mais toujours il est plein.
Ce matin ils en ont expulsé un qui a les papiers espagnols, ils l’ont ramené à Perpignan, il a une résidence espagnole ils l’ont expulsé quoi, il avait un petit problème, je sais pas… Ce matin à 5h j’ai assisté ils lui ont dit « on va te ramener à Perpignan », il a un vol à Perpignan. Y’a deux roumains aussi là ils ont le vol mercredi.
Y’a 4 jours là ils ont expulsé un Algérien, il a avalé des lames ils l’ont emmené, je sais pas ils ont dû l’expulser parce qu’il est pas revenu. Les mecs ils ont dû l’expulser avec les lames dans le ventre. Il avait avalé des lames, bah il souffre quoi, moi je l’ai vu, il tremble et tout, mais quand même ils l’ont emmené à 4h du matin. Même pas il est allé à l’hôpital avant, j’étais là, je l’ai vu, il était en train de trembler et tout, après moi je veux pas voir ça je suis parti, mais après ils m’ont dit comme quoi ils l’ont expulsé. C’est un truc qui est incroyable mais vrai, là ils ramènent des gens, on souffre, on est là on voit des choses incroyables, mais vraies.
Les toilettes ça pue, tu peux pas rentrer, les mecs ils chient là ils tirent même pas la chasse…C’est incroyable le matin. Ils nettoient que l’après-midi, vers 17 ou 18h, le soir quoi. Ils nettoient ils partent et après le lendemain tu te réveilles tu trouves tout sale.
Le médecin il arrive, il appelle deux fois trois fois et il part, il dit comme quoi il y a trop de monde. Comme moi, ça fait deux jours que j’réclame. Comme ce matin, j’me suis inscris hier, ils m’ont dit « il t’a appelé, t’étais pas là et après il est parti, y’a trop de monde ». L’infirmière… bah franchement les infirmières elles donnent des cachetons, les mecs ils sont comme des fous. Tout le monde réclame des cachetons, ils prennent des cachetons pour dormir, pour ça, pour ça, pour ça…Ils sont fous ils sont accros à des…On dirait qu’on est en Colombie ou j’sais pas. Tous les jours les mecs ils avalent n’importe quoi, des cachetons rouge, des cachetons bleus, des cachetons jaunes… J’sais pas.
Moi ils m’ont arrêté dans la rue, contrôle voilà, moi je comprends pas. Par exemple le procureur il m’a libéré, mais le commissariat il voulait pas me libérer et ils m’ont ramené ici. J’suis passé en jugement, l’avocat il a dit « voilà normalement lui il était libéré » mais la police ils m’ont ramené au commissariat, ils voulaient pas me libérer… »
17-04-12 – Vincennes centre 2
« ça va pas du tout. Les douches y’a pas de porte, l’eau chaude y’en a pas, ça fait deux jours. Voilà. Au niveau de la nourriture, on est beaucoup de musulmans ici, la plupart du temps on mange pas assez parce que c’est de la viande, on mange pas. En plus y’a des yogourts avec de la gélatine dedans. Quand y’a du poisson on mange, quand y’en a pas y’en a pas, on mange pas. On mange que les desserts et le pain. Comme musulmans ici on est presque 40 personnes, on mange pas la viande. Au dessert aussi ça dépend, quand y’a du yogourt on regarde dedans, si y’a de la gélatine on mange pas. Moi même j’ai fait avec l’ASSFAM une lettre, j’ai donné en main direct, le commandant il me connaît très bien aussi, j’ai parlé avec lui aussi. Ca a rien donné, aucune réponse, il s’en fout. Ca fait maintenant plus que 10 jours.
Ici y’a de la solidarité, heureusement, surtout entre nous les Arabes… des Algériens, des Tunisiens, des Marocains, des Egyptiens, même y’a des Hindous on s’entend bien avec eux. Tous, on est dans la merde, pourquoi on fait de… Y’a pas de problème. Avant hier y’en a un avec le rasoir qui a déchiré son corps, je pense un Marocain ou un Algérien, je sais pas… Y’a des gens qui le font…
Déjà on a fait une grève, ça fait dix jours, on est sorti tous dehors, devant le… On réclame que pour les quarante jours c’est beaucoup, la nourriture on mange pas assez, les douches… bon ils ont réparé une douche, une seule, mais y’en a dix y’en a que quatre qui marchent des douches, l’autre côté il est fermé définitif, j’sais pas pourquoi. Ils s’en foutent, on est resté mais on a décidé on fait pas de problèmes, on touche personne, on est resté dehors toute la nuit, voilà, on est rentré vers 6 heures du matin. Voilà. Ils s’en foutent, on est ici de toute façon ils s’en foutent de nous, y’a pas de gens qui nous suivent ici qui viennent, regardent… J’sais pas, on est tous seuls ici. En plus on entend « droits de l’homme, machin, machin », j’sais pas ils sont où les droits de l’homme, y’a plein de trucs en dessous. Tac tac, même sans passeport ils font rentrer les gens.
Ici y’a deux infirmiers ils sont franchement racistes. Ce sont des racistes. Tous ici, des blacks, des hindous, des arabes, ils se plaignent d’eux. Ils s’en foutent, « si tu n’es pas content, dégage chez toi » elle m’a dit, moi personnellement. Y’a un black pareil elle lui a dit « vous faites quoi ici ? ». Moi je lui dis « excusez-moi madame si vous dites ça, vous vous restez chez moi, comme je suis Tunisien, vous restez chez moi 89 ans, même vous êtes venus avec des chars armés, des avions de chasse, en plus vous étiez plus que 300 000 personnes, et là maintenant tu me dis qu’est-ce que je fais ici ? Je viens ici, j’suis pas voleur, j’suis pas machin, je viens ici pour travailler ». Ils parlent très très très mal, franchement. On les sent agressif, grave. Ils donnent des médicaments, mais il manque. Il manque du sirop, y’a des gens qui toussent. En plus y’a des portes qui ferment pas, des grandes portes qui font des courants d’air. On est tout le temps grippé ici, tout le temps. J’ai dit ça au commandant. Y’a cinq ou six personnes qui prennent des calmants. Parce qu’ils sont pas biens, déjà depuis dehors ils sont pas biens eux. Y’en a un il était bien, là maintenant comme un drogué, c’est eux qui font ça exprès. Ils donnent les médicaments, boire ça, pour calmer les…
J’me suis fait arrêter après un contrôle. Il m’a ramené moi comme quoi y’a quelqu’un qui me poursuit. Il m’a ramené au commissariat. J’suis resté là-bas, il m’a dit « t’inquiète tu vas sortir » parce que c’est pas moi dans l’histoire, je suis pas le monsieur qu’il cherche. Il m’a dit « ok, toi t’as rien, on vous enferme là mais vous avez pas de papiers, obligé qu’on te ramène au centre. » J’suis passé devant le juge, en plus je suis malade, j’ai un dossier ici, voilà… Il m’a donné 96h pour que je regarde le médecin ici, là j’attends jusqu’à aujourd’hui, depuis le 31. J’avais un avocat gratuit là.
Y’a toujours des expulsions ici. Mais y’en a trois aussi aujourd’hui ils sont libérés. Chaque soir y’a une douzaine ou quatorze vols. »
SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012
15-09-12 – Vincennes centre 3
1ère personne
« Il y a des pressions, on n’a pas beaucoup de droits ici. Les flics, y’en a des gentils, mais y’en a des racistes franchement.
La bouffe c’est immangeable. Mais on mange, on n’a pas le choix, l’autre jour on a fait une grève mais ça sert à rien, y’a pas de changement.
Depuis que je suis ici j’ai pas vu de médecin. J’ai vu les infirmières, mais franchement les infirmières elles font semblant d’être des médecins. Elles donnent des Dolipranes, des trucs pour dormir, j’sais pas, des pommades…
Y’a des expulsions. Tu peux résister la première fois mais la deuxième tu vois ils préviennent pas. Direct le scotch, les menottes et ils le ramènent. »
2e personne
« Ça se passe très mal. C’est l’enfermement, c’est la détention arbitraire. Y’a des gens qui sont mariés, y’a des gens qui attendent des enfants, y’a des gens ça fait plus de 20 ans qu’ils sont en France, y compris moi-même. Ca fait plus de 30 ans que je suis en France, j’suis marié, ma femme est française de langue française, j’suis depuis les années 80 en France et je risque d’être expulsé. Alors que je suis sous contrôle judiciaire pour une autre affaire, alors que j’ai pas le droit de quitter le territoire français, malgré ça quand même ils veulent me rapatrier dans mon pays. Et y’en a pas mal d’autres, moi je suis pas rentré dans leur vie privée mais je suppose que si je vous passe une ou deux personnes elles vont vous raconter la même chose. C’est la torture psychique en fait.
Je suis passé devant le juge administratif, le juge des libertés et la cour d’appel, les trois rejettent ma demande, malgré le contrôle judiciaire. Le contrôle judiciaire c’est l’article 38-1 « ne pas quitter le territoire français sans l’autorisation préalable du juge d’instruction », ben moi non ils ont rien voulu savoir. J’avais un avocat, rien à faire, les trois juges ont décidé le maintien en centre de rétention. 20 jours à part les 5 premiers jours. Et après vous risquez encore 20 jours, maximum c’est 45 jours. Ça fait 25 jours moi que je suis là, peut-être que demain je repasse devant un autre juge des libertés.
Ce qui me préoccupe le plus, c’est que je suis sous contrôle judiciaire et je risque d’être condamné par défaut, la juge d’instruction peut faire un mandat d’arrêt contre moi alors que c’est pas moi qui veut quitter le territoire, c’est les autorités françaises, enfin la préfecture qui me pousse à le quitter, qui m’oblige à le quitter alors qu’ils savent très bien que je suis sous contrôle judiciaire. Je suis dans une impasse, entre deux feux. Ce sont deux autorités différentes. La préfecture c’est [le ministère de] l’intérieur, et la justice c’est le ministère de la justice. J’étais en détention provisoire, j’y ai passé 8 mois, je suis sorti et depuis je suis sous contrôle judiciaire. Normalement j’ai le droit d’assister à mon procès, j’ai le droit de me défendre, d’avoir un dossier acceptable, on sait jamais car je suis présumé innocent encore, je suis pas jugé pour cette affaire là.
Dès le dernier jour de ma détention, dès que j’ai été libérable, ils sont venus me chercher à la maison d’arrêt de la Santé. J’ai même parlé avec le greffe de la maison d’arrêt de la Santé, j’ai dit : « Mais vous savez très bien que je suis sous contrôle judiciaire, qu’est-ce que vous faites, là vous violez la loi, vous n’avez pas le droit ». Ils étaient un peu gênés, même beaucoup gênés. Après ils m’ont dit : « Ah mais c’est la préfecture ». « Oui mais d’accord c’est la préfecture, et la justice, vous avez l’ordonnance de non-prolongation de la détention provisoire et du placement sous contrôle judiciaire, et que j’ai pas le droit de quitter le territoire sans l’autorisation du juge d’instruction tant que je suis pas jugé. A quoi vous jouez là ? » Y’avait un des policiers qui m’a dit : « Oui mais m’sieur avec cette ordonnance là normalement tout va bien, une fois que vous allez voir le juge [des libertés] y’a pas de problème il va vous libérer. »
Tu peux refuser la première fois l’expulsion, vous avez le droit, la deuxième fois peut-être et c’est pas sûr, après en force hein. On vous scratche avec le scratche là comme le genre de scotch, attaché, on vous bouche la bouche, et les yeux bandés.
Les gens craquent ici, dépriment, y’en a qui se coupent, y’en a qui font grève de la faim. C’est l’enfermement. Y’a du monde. Avant-hier y’avait un mec qui s’est pendu, heureusement on était là on a fait le possible pour le sauver, mais il était presque fini, après les policiers sont venus. Parce qu’il était malade le mec, il avait un problème à l’estomac, ils voulaient pas l’emmener à l’hôpital. Il a insisté, il arrêtait pas de supplier, il a craqué le mec, il a pris une corde et voilà… Nous on est intervenu heureusement, maintenant je sais pas où il est le mec, il est pas là, je sais pas où il est parti, si ils l’ont emmené à l’hôpital… Au début c’étaient les policiers ils voulaient pas le laisser aller voir les médecins, ils l’empêchaient. J’ai l’impression qu’ils le croyaient pas, ils croyaient que le mec faisait semblant. Alors que le mec non, il avait vraiment très mal. Même à nous il a dit « faites quelque chose les mecs parce que je me sens très mal ». Il a vomi, il arrêtait pas de vomir, il s’est évanoui pas mal de fois, il s’est relevé, on lui a donné de l’eau, y’a rien à faire le mec il a vraiment vraiment mal, il avait un problème à l’estomac. On a demandé aux policiers, les policiers nous disent « non attendez le médecin il est pas là ». A chaque fois ils nous racontent un truc : « le médecin n’est pas là, il va pas tarder à arriver, non il est occupé, il a du monde dans son cabinet… » et ainsi de suite. »
3e personne
« J’ai un problème parce que j’ai mangé quelque chose qui est resté dans mon estomac, qui est pas sorti. En plus j’avais décidé hier parce que… j’ai demandé le médecin, pour lui dire « envoyez-moi à l’hôpital », et il a pas accepté. Ils m’ont dit « non, t’as rien mangé du tout ». Jusqu’à ce que mon estomac il sorte du sang. Après j’ai parlé avec le chef de police, il est parti parler avec elle [le médecin], elle elle dit non encore. Après comme je me sens très mal, je me sens tout seul, tout le monde me dit « non t’as rien, tu sors pas d’ici », je me suis énervé un peu hier, j’ai perdu mon sang-froid, j’ai tenté de me suicider. Heureusement mon ami à la dernière seconde il m’a aidé. Les traces elles restent maintenant, je reviens de l’hôpital maintenant. Jusqu’à maintenant j’arrive pas à tourner mon cou, y’a encore les traces partout. Ils m’ont pas donné de médicaments, que des calmants, rien de nouveau.
Hier et aujourd’hui ils m’ont fait des radios, comme des scanners, pour voir ce qu’il y a à l’intérieur de mon estomac. Ils ont trouvé du plastique parce que j’ai mangé une cuillère et une fourchette cassés. Mais je sais pas, le médecin il m’a dit « tu peux rester ici » mais après il est parti parler à la police et il est revenu il m’a dit « tu reviens ici [au CRA] ». Moi en plus j’ai encore mal, j’ai encore du plastique dans l’estomac, les mêmes choses y’a rien de changé, j’arrive même pas à manger, j’arrive même pas à tourner ma tête. En vrai il a rien fait pour moi. »
18-09-12 – Vincennes centre 3
« Nous on a le problème des expulsions, parce que des fois y’a des Algériens qu’ils envoient en Tunisie, ou le contraire, et des Marocains qu’ils envoient en Algérie, c’est ça le problème, ils envoient au hasard et après ils vont faire la prison là-bas, 3 mois de prison.
La nourriture, la plupart c’est périmé depuis 2 ou 3 jours, la bouffe c’est de la merde franchement. On voit le médecin mais il donne que les cachets pour dormir et pour calmer.
Y’a 3 mec qui ont fait des tentatives de suicide en deux jours, ils les ont amené à l’hôpital et ils les ont ramené ici après une journée à l’hôpital.
J’ai un vol le 29, j’ai pas encore vu l’ambassade et ils ont déjà mis le vol. Moi je vais refuser mais ils peuvent me renvoyer de force, me scotcher. »
04-10-12 – Vincennes centre 1
« C’est pas un 5 étoiles, on est en enfermé tout simplement. Le fait d’être enfermé au bout de 45 jours c’est vraiment relou, c’est insupportable. On n’a pas d’activité, on n’a rien, on est là et puis voilà. On se regarde dans les yeux, dormir, manger. Y’a trop d’ennui, y’a trop de stress. C’est de l’enfermement, c’est pas évident.
Moi personnellement je suis enfermé depuis le 11 septembre, sincèrement j’ai perdu 5 kg, c’est pas facile. Les gens arrivent pas à résister aux expulsions. Y’a des gens qui pleurent, y’a des gens qui se coupent avec des rasoirs, c’est pas évident. Y’a des gens qui ont passé la moitié de leur vie ici puis on les expulse comme ça du jour au lendemain. Personnellement ça fait 13 ans que je suis là, du jour au lendemain on va me dire qu’on va m’expulser, franchement je sais pas ce que je dois faire, je vous le cache pas. De repartir comme ça dans un pays, je l’ai quitté y’a longtemps, de repartir comme ça bredouille… C’est pas évident.
C’est pas facile, surtout psychologiquement. Psychologiquement la tête elle travaille beaucoup du matin au soir, la routine quoi. T’es là, tu manges, tu dors, tu sors dans la cours, tu te balades un peu, et puis voilà quoi. Dormir c’est l’enfer, à 2h, 3h, 4h du matin laisse tomber, impossible de dormir. »
09-10-12 – Vincennes centre 2
« Moi il me reste 6 jours pour être à 45 jours là. Les gens vont pas bien y’a beaucoup de galères beaucoup de bordel, tu vois. Des fois ça se passe bien, mais la plupart du temps c’est bagarres, bordel…Avec les flics. Par exemple tu demandes pour le feu, parce que c’est interdit ici le feu, même tu vois on a un allume-cigarette mais ça marche pas. Y’a des policiers mais la plupart ils veulent pas rendre service, on est dans le CRA 2 ici, mais il y a le CRA 1 et le CRA 3, tu vois ? Par exemple si moi je demande au pote qui est au CRA 3 pour m’Obligation de Quitter le Territoire Français ou OQTF est une des décisions d’expulsion délivrées par la préfecture. e ramener des cigarettes là, y’a des policiers ils veulent pas, ils refusent.
Tous les jours tu vois le médecin, la plupart ils sont gentils mais y’en a une là elle est très très raciste, elle veut pas me donner le traitement, les médicaments pour le stress par exemple le Lexomil rose ou des médicaments pour dormir, voilà elle refuse. Le valium tu vois, y’a des gens ils sont drogués avec le valium ils deviennent des toxicos…
Moi j’ai pas vu l’ASSFAM, ça fait j’sais pas 20 ou 25 jours, c’est bon moi j’ai fini avec l’ASSFAM, il me reste 6 jours pour sortir là. Je crois pas qu’ils font les recours et tout.
Le juge je l’ai vu, il m’a dit « bonjour, vingt jours ! ». J’avais un avocat gratuit, j’suis sans papier, j’ai pas d’argent. Ma première avocate elle m’a défendu, mais le deuxième et la troisième là ils étaient nuls, ils parlaient même pas.
Des expulsions y’en a que pour ceux dont ils ont les passeports. Ils envoient les gens au consul mais moi je lui ai pas parlé pour qu’il me reconnaisse pas, si tu parles avec le consul c’est sûr que tout de suite il te fait un laisser-passer pour aller au bled. Même t’as le droit de pas aller voir l’ambassade, tu restes dans ta chambre tranquille quand le policier il vient pour aller à l’ambassade tu lui dis, j’sais pas moi, « j’parle pas avec lui je vais rester là ». Moi y’a personne qui m’a forcé à parler avec le consul, c’est la même pour les autres gens qui étaient avec moi, on était quatre. C’est la seule solution pour rester là. Il y a même des gens qui étaient avec moi qui sont sortis, ils ont pas parlé avec l’ambassade. Le consul quand j’arrive chez lui j’ai baissé ma tête comme ça, lui il parle parle parle, moi je dis rien, après le policier il m’a dit « allez on y va monsieur », même lui il me demande pour sortir, moi je sors plus ! Le policier il m’a dit « vas-y on y va »… J’suis passé devant l’ambassade quatre fois, mais c’est bon là il me reste 6 jours.
L’autre fois un policier je lui ai demandé pour me ramener une cigarette, il m’a dit « non mais non patatipatata », je lui ai dit « mets-toi à ma place », il est resté…il a coincé, il a même pas répondu, voilà. »
12-10-12 – Vincennes centre 3
« Moi j’ai mes papiers, j’habite depuis 20 ans à Paris, on m’a enlevé mon RSA. Comme j’avais plus rien à manger, j’suis allé voler un peu de choses à manger, ils m’ont arrêté, ils m’ont demandé les papiers, ils m’ont amené ici. C’est n’importe quoi ça, ça fait 20 ans que je suis à Paris. J’avais la carte de séjour, mais j’ai pas prolongé car j’avais besoin d’argent comme mon RSA était coupé. J’avais pas l’argent pour prendre le passeport, et puis le délai était passé, du coup on m’a arrêté et on m’a ramené ici.
La nourriture, c’est pas bon. On nous donne des trucs dégueulasses. C’est que dalle, rien du tout. Des choses bizarres, des trucs bizarres, ça va pas.
La police hier ils sont venus chercher quelqu’un pour aller au vol, ils l’ont scotché, ils l’ont emmené comme un animal, ça nous fait très mal. Il y a tous les jours des expulsions. Nous on est là-dedans, on voit pas ce qui se passe dehors, on est comme des animaux ici.
Eux ils viennent chez nous en Afrique, nous on les laisse tranquille, on leur demande pas les papiers. Nous on vient ici et vous nous faites chier pour les papiers. Nous avec nos passeports on peut pas voyager comme eux ils voyagent, ils nous ont scotché d’un autre côté. Eux ils viennent là-bas pour chercher les diamants et le pétrole, nous on vient ici on est comme des animaux. C’est pour ça les autres ils voient les étrangers là-bas, ils tuent les étrangers, c’est parce que c’est des colères ! »
Anonyme
P.S.
Pour appeler aux cabines publiques des CRA de Vincennes :
Vincennes 1 : 01 45 18 59 70 – 01 45 18 12 40 – 01 45 18 02 50
Vincennes 2 : 01 48 93 69 47 – 01 48 93 69 62 – 01 48 93 90 42
Vincennes 3 : 01 48 93 99 80 – 01 43 76 50 87 – 01 48 93 91 12
Octobre 2012 – Diffusion libre

[1] Lorsqu’un retenu a refusé une ou plusieurs fois l’expulsion, les flics peuvent l’emmener de force la fois suivante. Ils ligotent ainsi régulièrement des retenus avec une sorte de scotch qui leur maintient les bras contre le corps, les mains dans le dos, les jambes serrées et la bouche fermée.
[2] Le Seresta et le Lexomil sont des anxiolytiques qui présentent un fort risque de dépendance. Ils sont notamment utilisés lors du sevrage alcoolique. Leur utilisation nécessite normalement une ordonnance, mais dans le CRA ils sont délivrés directement par les infirmières, au mépris des risques pour la santé des retenus.
[3] Pendant et après la « révolution tunisienne », les migrants tunisiens arrivés massivement sur l’île de Lampedusa en Italie ont reçu des permessi accordés par les autorités italiennes, qui devaient leur permettre de circuler librement dans l’espace Schengen.
[4] En principe, lorsque la préfecture n’a pas en sa possession le passeport d’un sans-papiers, elle doit obtenir un laisser-passer (ou sauf-conduit) par le consul du pays où elle veut l’expulser, avant de pouvoir procéder à son expulsion. Il faut pour cela que le consul reconnaisse la personne comme étant ressortissante de son pays. Cependant certains consulats (comme le Togo ou l’Algérie) distribuent ces laisser-passer à la pelle, parfois sans que cette reconnaissance soit clairement établie.
[5] Cinq associations sont missionnées par l’État français pour intervenir dans les CRA : la Cimade, France Terre d’Asile, l’Ordre de Malte, l’ASSFAM et Forum Réfugiés. La Cimade intervenait jusqu’en 2010 dans le CRA de Vincennes, elle a depuis été remplacée par l’ASSFAM.
[6] La durée maximale de rétention est de 45 jours. Si le retenu n’est pas expulsé pendant cette période, il est libéré. Cependant la décision d’expulsion est toujours valable.
[7] L’Obligation de Quitter le Territoire Français, ou OQTF, est une des décisions d’expulsion délivrées par la préfecture.

Sans Papiers Organize against deportation What to do in cas of arrest ?

Parution de la version en anglais de la brochure « Sans papiers s’organiser contre l’expulsion, Que faire en cas d’arrestation ? »

Elle est téléchargeable ici format page à page et format brochure (clic droit enregistrer la cible du lien sous)

http://sanspapiers.internetdown.org

anticra@laposte.net

[Marseille] Brochure : Lutte de CRAsse

 

Les textes de ces derniers jours ont été mis en page dans une brochure de 8 pages téléchargeable ici :

lutte de CRAsse la brochure

Marseille l’été… Son soleil, ses plages… et son centre de rétention ! – Bis

BROCHURE MISE À JOUR

Brochure 12 pages à télécharger, imprimer et diffuser : ici

– PETITE CHRONOLOGIE NON EXHAUSTIVE DES ÉVÉNEMENTS DES DERNIERS JOURS

– RÉCIT DE L’OCCUPATION DU RADAR DU “ CARTHAGE ”

– LUTTE DE CRASSE

– SOLIDARITÉ AVEC LES INCULPÉS DE L’INCENDIE DU CRA DU CANET !

 

PRÉSENTATION DISCUSSION AUTOUR DE LA BROCHURE « SANS PAPIERS : S’ORGANISER CONTRE L’EXPULSION, QUE FAIRE EN CAS D’ARRESTATION ? » au 260

PRÉSENTATION DISCUSSION AUTOUR DE LA BROCHURE « SANS PAPIERS : S’ORGANISER CONTRE L’EXPULSION, QUE FAIRE EN CAS D’ARRESTATION ? » au 260 rue des Pyrénées – Paris 20e, mercredi 4 juillet à 20h30