Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Paris] L’épidémie c’est… le capitalisme, ses flics, ses guerres, ses frontières

Texte diffusé dans le quartier de La Chapelle le soir du 2 juin et collé sur les murs.

L’épidémie c’est… le capitalisme, ses flics, ses guerres, ses frontières

Ce matin, mardi 2 juin 2015, 400 migrant-e-s qui vivaient depuis plusieurs mois sous le métro aérien entre la Chapelle et Barbès ont été expulsé-e-s. Sous prétexte d’une menace d’épidémie, préfecture et mairie espèrent ainsi nettoyer le quartier en pleine rénovation urbaine et disperser les migrant-e-s. Et cela avec la collaboration des associations Emmaüs et France Terre d’Asile, cautions humanitaires à la répression des migrant-e-s, qui participent à trier, contrôler des individues selon une origine qu’ils n’ont pas choisie. Associatifs et flics travaillent côte à côte, pour déloger les migrant-e-s en échange de quelques nuits d’hébergement pour les mieux loti-e-s, la rue pour les autres. De l’autre côté des barrières des manifestant-e-s se sont regroupé-e-s avec banderoles, tracts et guirlandes d’affiches pour exprimer leur solidarité aux expulsé-e-s, mais ne parviennent pas à bloquer les cars de la compagnie Savac qui les emmènent. À peine l’opération terminée, sans laisser à certain-e-s la possibilité de récupérer leurs affaires, le ménage est fait, pour offrir à Vinci l’usage du terrain. Quelques heures plus tard, une centaine de migrant-e-s manifestent vers la mairie du 18ème pour exiger une solution de logement.

L’ expulsion de ce campement participe à la volonté de l’État d’isoler, d’humilier, d’empêcher toute organisation des migrant-e-s pour survivre ici ou tenter d’aller vers d’autres pays. Nombre d’entre elles et eux souhaitent en effet rejoindre l’Angleterre en passant par Calais, où deux squats de migrant-e-s ont été expulsés aujourd’hui même. Là-bas comme ici, l’État et ses larbins, détruisent les espaces que s’approprient les migrant-e-s, parlant d’évacuation sanitaire alors même qu’ils sont responsables de leurs conditions de vie précaires par le harcèlement qu’ils leur font subir.

Laissons parler notre rage contre ses flics qui aujourd’hui expulsent, et qui tous les jours font leur sale boulot de contrôle, d’arrestation, d’emprisonnement en centre de rétention de celles et ceux qui n’ont pas les bon papiers.

Solidarité avec les migrant-e-s

À bas toutes les frontières

Liberté pour tou-te-s

Pour retrouver toutes les publications sur la lutte des migrant-es de La Chapelle : Lutte des migrant-es de La Chapelle et sur Paris Luttes Infos : refugie-es-de-la-chapelle

02juin-paris-banderole-expulsion-campement-la-chapelle

English version

The epidemic it’s… capitalism, its cops, its wars, its borders

This morning, tuesday June 2nd, 400 migrants who have been living for several months under the elevated railway between La Chapelle and Barbès were evicted. Under the pretext of a threat of an epidemic, prefecture and town council hope to « clean out » this area in complete urban renewal and disperse the migrants. And that with the colla­boration of the associations Emmaüs and France Terre d’Asile, humanitarian backings to the repression of migrants, which help sort out and control individuals according to an origin they haven’t chosen. Associations and cops work side by side to move out migrants in exchange for some nights ‘accomodation for the lucky ones, street for the others.

Behind the fences, some demonstrators has gathered with banner, tracts and posters to express their solidarity to evic­ted people, but they’re not able to block the bus from Savac compagy which take them away. The operation barely over, housework is made to offer the use of the site to Vinci, without letting the opportunity to some people to get their things back. Few hours later an hundred of migrants demonstrate among the town hall of 18th to demand to an accomodation solution.

The eviction of this camp takes part in the will of the state to isolate, humiliate, prevent any organization of migrants to survive here or try to get other countries. Indeed many of them want to reach England via Calais, where two mi­grants’ squats were evicted today. There, as here, the state and its stooges destroy spaces appropriate by migrants, spea­king of medical evacuations while they are responsible for their precarious living conditions through the harassment they inflict on them.

Let’s express our rage against these cops who evict today, and all the days make their ugly job of controlling, arresting, imprisonning in retention centers the ones who don’t have the good documents.

Solidarity with migrants !

No borders !

Freedom for everyone !

[Calais] Les expulsions ont commencé

A Calais les expulsions de squats et de jungles de migrant-e-s prévues pour avril à l’occasion de l’ouverture du centre d’accueil de jour ont commencé de manière informelle. Par une mise de pression quotidienne (descentes dans les jungles pour fouiller les tentes et contrôler les papiers, harcèlement dans la rue, …) les flics entretiennent la menace d’expulsions violentes à venir, poussant toujours plus de gens à quitter leurs lieux de vie pour s’installer sur le terrain autour du centre (le chemin des Dunes), seul campement désormais “toléré”. Les femmes de la maison des femmes ont été forcées de déménager dans le centre. La récente loi mise en place par la maire Natacha Bouchart qui interdit la distribution de nourriture dans le centre ville pousse également les migrant-e-s à converger vers le centre où un repas est distribué une fois par jour.

Le centre est situé en dehors de la ville, à 7km de Calais, isolé par une quatre voies. Le terrain qui l’entoure où le campement commence à s’installer est une ancienne décharge qui fait toujours office de décharge sauvage mais aussi de terrain de chasse. Heureusement selon le sous-préfet il n’y a pas de quoi s’inquiéter car il a dit aux chasseurs de “faire attention, et tant qu’ils tirent sur les canards dans les airs il ne devrait pas y avoir de problème”. Le paysage est trop vallonné pour pouvoir s’installer et les migrant-e-s se regroupent sur le seul espace aménageable. Les autorités ont refusé les miettes réclamées par les associations, à savoir aplanir le terrain et installer des sanitaires et un accès à l’eau.

Obligé-e-s de se retrancher dans ce ghetto insalubre, coupé-e-s de la ville et des solidarités qui s’y sont tissées, traqué-e-s par les flics, les migrant-e-s font de plus face à la haine de certain-e-s riverain-e-s. Le 25 mars le gendre d’une voisine a débarqué sur le chemin des Dunes armé d’une pelleteuse pour tenter de détruire les premières cabanes.

Violence également de la part d’un routier le 14 mars qui a tabassé les migrants trouvés dans son camion devant la caméra de ses collègues. Une ratonnade mise en ligne sur youtube puis retirée.

Au milieu de toute cette merde des gens continuent heureusement de s’organiser pour s’opposer à la chasse aux migrant-e-s. Le 21 mars un rassemblement anti-raciste a rassemblé une cinquantaine de migrant-e-s et solidaires, malgré l’interdiction de la mairie pour cause de veille de journée électorale.

Les habitant-e-s du squat Galou résistent et semblent vouloir tenir le bâtiment jusqu’à l’expulsion.

Des appels tournent pour se rendre nombreux et nombreuses à Calais afin d’entraver les expulsions, ne les laissons pas seul-e-s face aux flics et aux fachos !

Plus d’infos sur les sites Calais Migrant Solidarity et Passeurs d’hospitalités

[Calais] Expulsions attendues prochainement

En avril 2015 la municipalité de Calais en collaboration avec le gouvernement socialiste vont ouvrir le centre de jour Jules Ferry pour toutes et tous les migrants-es vivants-es dans et à l’extérieur de la ville. Ce centre est vendu par le gouvernement et ses médias comme une manœuvre humanitaire. C’est des conneries! Ceci est une piètre tentative pour apaiser la situation catastrophique des migrants-es ici. Une situation créée par les politiques elles-mêmes que le gouvernement a mis en place. L’ouverture du centre de jour ira de pair avec une expulsion massive de près de 2000 personnes ainsi que la destruction de leurs habitats: les squats et camps de Calais.

Il a été clairement annoncé que l’ouverture du centre de jour se fera en même temps qu’un nettoyage des espaces de vie existants dans le centre de Calais, et des camps ne seront “tolérés” qu’aux abords du centre de jour. L’intention est claire : vouloir vider les rues de Calais créant ainsi un ghetto de migrants-es en dehors de la ville. Ainsi toutes réalités de vie dans lesquelles vivent les communautés peuvent facilement être ignorées par la population locale et permettre au gouvernement de nier leurs existences. Il n’y a pas de dates confirmées pour le moment mais il semble probable que cela se passera à la fin du mois de mars en même temps que l’ouverture complète du centre en avril (plutôt début avril). Bien sûr des dates seront communiquées dès qu’on entend quoi que ce soit à ce sujet.

La dernière vague d’expulsions du 2 juillet 2014 fut une démonstration d’ampleur de la force d’état. Avec l’expulsion simultanée de Salam (ancien lieu de distribution de nourriture squatté par des centaines de personnes après la destruction de leurs camps à la fin du mois de mai 2014) et de quatre squats, quiconque perçue comme un-e migrant-e dans ces lieux fut arrêté et déporté dans différents centres de rétention en France après avoir été frappé-es et gazé-es par la police. Et le gouvernement français de faire preuve d’une volonté grandissante de déporter des personnes vers le Soudan, les conséquences d’une telle expulsion pourrait être catastrophique pour certains-es.

Pendant ce temps-là certaines personnes réfléchissent à un déménagement volontaire mais jusqu’à présent la majorité des gens-gentes refusent de déménager. Malgré la répression policière systématique et les conditions climatiques très difficiles les communautés de migrants-es ont été capables de créer et défendre des espaces autonomes et de construire des habitats temporaires auto-construits. Dans ces espaces (camps et squats) un minimum de liberté est maintenu, par exemple, la possibilité d’aller et venir comme bon leur semble, de permettre ou refuser l’accès à certains-es, de partager, faire la fête, prier, d’avoir son petit commerce…

Nous faisons un appel à venir à Calais en mars pour aider à préparer ce moment et d’être de celles et ceux qui n’acceptent pas de se faire expulser et repousser à l’extérieur de la ville. Venez et aidez à résister à cette tentative d’affirmer la réalité d’un apartheid et d’une ségrégation dans les rues de Calais. Battons-nous contre les violences policières, contre celles et ceux qui les créent, contre ceux et celles qui ferment leurs yeux. Nous appelons à lutter contre les frontières qui sont un outil de pouvoir et de contrôle.

Liberté de mouvement pour toutes et tous. Le régime des frontières doit tomber.

S’il vous plait, venez préparer! Amenez vos tentes, camions ou arrangez-vous votre propre espace pour dormir dans Calais. Cela s’annonce comme une période turbulente ici et nous ne pouvons pas vraiment garantir grand chose en termes d’infrastructure pour vous accueillir.

English version :

In April 2015 the municipality of Calais in collaboration with the socialist state government intends to open the Day Centre Jules Ferry for all migrants living in and around the city. This centre is sold by the government and its media as a humanitarian gesture. This is bullshit! This is a poor attempt to alleviate the catastrophic situation of the migrants here. A situation that is created by the very policies the government have put in place. The opening of the day centre will go along with the mass eviction of 2000 people and the destruction of their homes: the squats and jungles of Calais.

It has been made clear that the opening of the day centre is going come with a large clearing of existing spaces in the centre of Calais, as camps will only be ‘tolerated’ in the area surrounding the day centre. The clear intention to be clearing the streets of Calais, creating a migrant ghetto outside of the city. So the reality of life for those communities can be happily ignored by locals and the government can easily deny its existence. There is no confirmed date at the moment, but it seems likely that this will be happening at the end of March, in time with the complete opening of the centre in April. Obviously more concrete dates will be announced if we hear anything.

The last round of big evictions on the 2nd July 2014 were a intense display of state force. With a simultaneous eviction of the Salam ( old food distrubution place squatted by hundreds people after been evicted of camps at the end of may 2014) and four squats, everyone perceived to be a migrant in those spaces were arrested and taken to detention centres across France. After having been beaten and gassed by the police. With the French government showing an increasing will to deport people to Sudan, the consequence of an eviction like this again could be catastrophic for some.

Whilst some people are considering relocating “voluntarily”, until now the majority of people are refusing to move. Despite the systematic police repression and harsh weather conditions the migrant communities have been able to create and defend autonomous spaces and to build temporary, self-designed homes. In these spaces (the camps and the squats) a minimum of freedom is maintained, for example the possibility to come and go when you want to, to permit or refuse entry to others, to share, to party, to pray, to run little businesses…

We are making a callout for people to come to Calais in March to help us prepare for this time and to stand with those who do not accept being evicted and pushed out of town. Come and help resist this attempt to firm up the reality of apartheid and segregation on the streets of Calais. Fight against police violence, against the ones who create it, against the ones who support and protect it, and against the ones who close their eyes. We call you to struggle against the borders who are a tool for power and control. Not just in Calais, but wherever you are.

Freedom of movement for all- the border regimes must fall.

Please come prepared ! Bring a tent, or a van or arrange your own sleeping space in Calais. It is going to be a turbulent time on the ground and we cannot really grantee much in terms of infrastructure.

 

Calais Migrant Solidarity

[Belgique] Résistance aux expulsions sur un vol Air Algérie et une arrestation

5 décembre 2014. Une expulsion depuis la Belgique sur un vol Air Algérie a été empêchée par la résistance de la personne expulsées et la solidarité des passagers qui ont protesté contre les flics belges. Après deux heures de retard ceux-ci ont cédés et ont fini par renoncer à l’expulsion.

Cependant, les policiers sont revenus arrêter une passagère, accusée d’avoir provoqué la protestation. Malgré l’interposition des autres passager.e.s qui affirmaient que tou.te.s avaient participé à empêcher l’expulsion, cette personne a été arrêtée par les flics. Comme souvent, les employés de Air Algérie n’ont rien dit.

Depuis plusieurs années les flics tentent de rendre la résistance aux expulsions plus difficile notamment par des intimidations (distributions de flyers aux passagers indiquant que s’opposer à une expulsion est condamnable) et par des arrestations à bord.

Pour aller plus loin, voir les archives du Comité Anti-Expulsion : Expulsions et inculpations de passagers et Guide pratique d’intervention dans les aéroports.

[France] Quelques chiffres

Le rapport 2013 des associations présentes dans les centres et locaux de rétention vient de sortir. Bien que nous pensons que ces associations occupent le rôle de caution humanitaire à la gestion des indésirables par l’État et se contentent d’une dénonciation des dysfonctionnements plutôt que d’une critique réelle portée contre l’enfermement des migrant.e.s, nous en reproduisons quelques chiffres.

En 2013, 51 844 personnes ont été expulsées : 20 823 depuis la France (dont 7 386 retours dit « volontaire ») et 23 635 depuis « l’Outre-mer ».

45 377 personnes ont été enfermées en centre de rétention : 26 441 en France et 18 936 dans les territoires « d’Outre-mer ».

La grande majorité des personnes ont été arrêtées lors de contrôles dans la rue (rafles) et aux frontières (environ 10 000 personnes). Les autres lieux d’arrestation massive sont les gares et les prisons (un peu moins de 2 000 personnes dans chaque).

De nombreuses autres informations sont données sur les conditions et les mesures d’expulsion (vous saurez bien trouver ce rapport disponible en ligne).

Feu aux centres de détention. Enedeka maska Eretik Unik O gree

71 bonnes nouvelles quand même…

[Belgique] Nouvelles des centres fermés

Abattu comme un animal ” et d’autres affrositées 18 septembre 2014

” Abattu comme un animal “
« Le matin du 15/09/2014, 10 policiers ont voulu venir chercher un Nigérian dans le centre fermé ‘Le Caricole .
Comme il refusait de les accompagner ils l’ont violemment frappé et traîné par terre. Ils l’ont menotté et il avait du sang sur son visage. Il a continué à crier. Les policiers lui ont mis un masque médical, puis l’un d’eux lui a fait une ‘piqûre ‘ avec un genre de “revolver” qu’il tenait à quelques mètres de distance. Le détenu s’est écroulé immédiatement, ne bougeait plus et a été porté dans le fourgon policier. » nous dit un témoin direct.
«  C’était affreux madame » nous  dit  un détenu,«  Ils l’ont abattu comme un animal »

« Expulsion en noir »
Le lendemain , toujours au Caricole, les matons sont venus chercher un homme pour « aller chez l’ assistante sociale » à 15 heures. Puis ils sont venus chercher ses affaires dans sa cellule. Il semble avoir été amené à l’aéroport pour sa 4 ème tentative d’expulsion. Cet homme était depuis plus de 4 mois en centre fermé. Il avait été déplacé de centre en centre (Bruges, 127bis, Caricole) suite à ces révoltes face aux traitements inhumains dans les centres. Il avait été prévenu de cette expulsion et avait introduit une demande d’asile qui devait suspendre cette expulsion mais….l’assistante sociale du centre n’avait pas introduit la demande d’asile aux autorités concernées!
« C’est une expulsion en noir » nous dit un de ses co-détenus.

Grève de la faim au centre fermé de Vottem :

Depuis plusieurs mois des grèves de la faim ou tentatives de grèves de la faim sont entamées très régulièrement collectivement ou individuellement. Actuellement plusieurs sont en grève de la faim dans ce centre.
Ils réclament la liberté et l’arrêt des expulsions.
L’un d’entre eux est à son 7ème jour de grève de la faim pour protester contre le durcissement des conditions de détention: Il est isolé dans l’aile sécurisée du centre de Vottem, sans aucun contact avec les autres détenus. Avec son avocat il dénonce ces enfermements inhumains et dégradants et il réclame la libération de tous. Un deuxième détenu en grève de la faim depuis 12 jours vient d’être placé ce 17/09 en isolement.

Repris de Getting the voice out

[Paris] Un autre texte concernant la mort d’Abdelhak Goradia

Le jeudi 21 août Mr Abdelhak Goradia est mort dans le fourgon de police qui le conduisait de la prison pour étrangers de Vincennes vers le vol Air France KLM de 21 h 15 qui devait l’expulser vers l’Algérie. Mr Goradia est mort alors qu’il était entre les mains des policiers de la COTEP (Compagnie transfert escorte et protection) une unité spéciale de la police chargée entre autres d’escorter les personnes expulsées entre le centre de rétention de Vincennes et les aéroports parisiens. Le rapport d’autopsie dit qu’il est mort asphyxié par régurgitation. La famille qui, à la morgue, n’a pu voir le corps d’Abdelhak mais seulement son visage, a remarqué qu’il y avait des traces de coups.

En 2003, deux sans-papiers ont été tués à Roissy par les agents de la Police aux frontières pendant leur expulsion. Ricardo Barrientos, un Argentin de 52 ans et Mariam Getu Hagos un Ethiopien de 24 ans sont morts  tous les deux dans l’avion après que les policiers les ont maintenus pliés en deux en appuyant sur les omoplates pour les empêcher de crier et d’alerter les passagers. En 1991, Arunam Fiva, un demandeur d’asile sri-lankais était mort étouffé après une tentative de reconduite à bord d’un avion à destination de Colombo. Là encore, comme pour Mr Goradia, la police avait parlé d’un malaise cardiaque.

Pour atteindre les 27 000 expulsions annuelles brandies par les divers gouvernements comme des trophées, des dizaines de personnes dites sans papiers sont expulsées chaque jour de France. C’est à dire arrachées de force à la vie qu’elles menaient en France, aux gens qu’elles aiment et connaissent, à leurs habitudes, à tout ce qui fait le quotidien d’un être humain. Nous n’en entendons parler que lorsque quelqu’un meurt ou est gravement blessé mais parmi ces personnes expulsées, nombreuses sont celles qui en plus subissent des violences, notamment lors de ce que l’administration française appelle « l ‘éloignement » ou la « reconduite à la frontière ». De nombreux témoignages trop peu diffusés font d’ailleurs état de ces violences qui de toute façon font partie des méthodes de travail officielles de la police de l’air et des frontières.

Dans un document de 62 pages du ministère de l’intérieur intitulé « Instruction relative à l’éloignement par voie aérienne des étrangers en situation irrégulière »  et destiné aux flics escorteurs de la police de l’air et des frontières il est indiqué que pour exécuter ces mesures, qui résultent de décisions administratives ou judiciaires, conformément à la loi, l’emploi de la force strictement nécessaire sans faire usage de violences inutiles ou de brutalité illégitime ». Les violences et brutalités que l’État estime légitimes y sont abondamment détaillées et illustrées à l’aide de schémas et de photographies «en situation», Parmi les gestes qu’un policier peut faire pour immobiliser une personne expulsée il y a par exemple la «régulation phonique» qui consiste en un étranglement pour «déstabiliser physiquement» la personne, «diminuer sa résistance» et «diminuer ses capacités à crier». Les risques liés à ce geste ne sont pas ignorés et ils sont même listés : «détresse ventilatoire et/ou circulatoire», «défaillance de l’organisme» et «risque vital»…

Concernant Mr Abdelhak Goradia, l ‘État français, par la voix de son ministre de l’intérieur, souhaite « que l’enquête judiciaire permette de faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès dramatique ». Nous voulons bien croire que les policiers de service ce jour là passeront en procès pour « homicide involontaire ». Peut-être ne seront ils pas relaxés comme ceux qui étaient chargés de l’expulsion d’Arunam Fiva. Peut être seront-ils condamnés à de la prison avec sursis comme l’un des trois policiers (les deux autres ont été relaxés) qui escortaient Getu Hagos Mariame. Sans doute leur hiérarchie et l’État français s’en serviront ils comme bouclier pour parler d’éléments qui ont failli, pour mettre en avant un dérapage….ou pas

Mais les responsables de la mort de Mr Goradia ne sont pas uniquement les cinq policiers qui ont monté Abdelhak de force dans un véhicule pour l’emmener à l’aéroport. Les responsables sont aussi tous ceux qui depuis plus de 30 ans, qu’ils se proclament de gauche ou de droite, élaborent et, à l’Assemblée nationale et au sénat, votent des lois qui criminalisent toujours plus les pauvres et les étrangers. Les responsables sont aussi les juges qui dans les tribunaux prononcent des peines spéciales pour les personnes dites étrangères, telles des interdictions du territoire français, confirment des obligations de quitter le territoire français ou des maintiens en rétention. Les responsables se trouvent également aux guichets des préfectures et vérifient pointilleusement si aucun papier si minime soit il ne manque ou si on connaît les paroles de la Marseillaise avant de délivrer un titre de séjour. On pourrait également citer la responsabilité des compagnies aériennes qui acceptent les personnes expulsées et leurs escortes…..

Plus largement, la mort d’Abdelak Goradia est à rapprocher de celles des milliers de personnes qui depuis 20 ans périssent noyées en Méditerranée ou meurt de froid ou d’asphyxie dans des camions ou des trains d’atterrissage pour franchir des frontières que les politiques d’immigration des différents pays de l’union européenne rendent de plus en plus infranchissables.

Pourtant, les « immigrés clandestins » comme les nomment souvent les médias, ne sont pas une « menace » mais le résultat d’une volonté politique des États européens, qu’on appelle « politique migratoire ». La conséquence d’un processus qui commence souvent dans les files d’attente interminables devant les consulats des États européens pour un visa que l’on obtiendra de toute façon pas si on est pauvre. Tout en constituant une réserve de main d’œuvre exploitable au plus haut point, les pays d’Europe et les pays dits riches en général font des étrangers et étrangères les boucs-émissaires de la crise économique et sociale.

A travers les médias, l’État a voulu faire de Mr Goradia, une de ces figures du mal : le sans papier clandestin délinquant. Ne nous y trompons pas, nos ennemis ce ne sont pas celles et ceux qui, par choix ou par force, décident un jour de partir tenter une vie meilleure ailleurs et qui, parfois, sont obligés de se débrouiller pour survivre. Les désigner comme coupables des misères autochtones est une rengaine dont le capitalisme s’est déjà allégrement servie dans les années 30 pour s’assurer que les pauvres se battraient entre eux plutôt que contre leurs vrais ennemis : les riches et les exploiteurs au service desquels œuvrent tous les politiques qui prétendent vouloir nous gouverner.

Face à cette montée du racisme et du fascisme, partout en Europe, des personnes, immigrées ou non, s’organisent pour être solidaires de celles et ceux que l’on désigne comme étant « indésirables ». La chasse aux sans-papiers est présente dans notre vie de tous les jours et que ce soit dans la rue, dans les écoles ou sur leurs lieux de travail, des gens s’y opposent quotidiennement.

Ainsi, le 12 août, Mr Goradia avait fait l’objet d’une première tentative d’expulsion. Le commandant de bord, comme c’est son droit, avait refusé de l’embarquer et avait exigé des policiers de la PAF qu’ils le redescendent. Peut être ce commandant de bord avait il agi de lui-même, peut-être avait-il été alerté par des passagers ou passagères protestant contre la présence contrainte et forcée d’Abdelhak. En tout cas, parfois, des gens, qui sont à la fin des 45 jours de rétention, échappent ainsi à l’expulsion. Cela n’a malheureusement pas été le cas d’Abdelhak Goradia qui a lui subi un véritable acharnement puisqu’en une semaine il a subi 2 tentatives d’expulsion. La 2e lui a été fatale avant même qu’il ne soit monté dans l’avion et puisse bénéficier d’un minimum de solidarité de la part des personnes à bord à l’appareil… Cette solidarité que les expulseurs comme les exploiteurs craignent tant et qui fait si chaud au cœur de nombre d’entre nous, qu’ils ou elles aient ou non des papiers.

Arrêt des expulsions, fermeture des centres de rétention, liberté de circulation et d »installation pour toutes et tous

[Centre de rétention de Vincennes] La grève de la faim continue après la mort de Abdelhak Goradia

Dimanche 24 août 2014, centre de rétention de Vincennes

Les retenus du bâtiment 1 du centre de rétention de Vincennes sont en grève de la faim depuis vendredi suite au décès de l’un des leurs, mort asphyxié dans un fourgon de la PAF alors qu’il était conduit à l’aéroport pour être expulsé.

« On est toujours en grève de la faim. Le commandant n’est pas revenu nous voir depuis vendredi. La nuit a été calme. Mais les policiers continuent de nous provoquer. Ils veulent qu’on mange et ils nous cherchent, ils veulent qu’on craque. D’habitude il y a 2 policiers dans les parties communes, là ils sont 5 ou 6... » « On continue la grève de la faim. Il n’y a pas de changements. Les policiers essaient de nous convaincre de manger. Dès la première tentative d’expulsion, les policiers avaient scotché Abdelhak. Ils lui avaient scotché les jambes et menotté les mains dans le dos. C’est pas normal! Ils l’ont amené comme ça dans l’avion et c’est le commandant de bord qui a refusé de le prendre, parce qu’il était complètement ligoté. On ne demande rien pour nous. On ne veut pas que ça se reproduise. C’est pas normal. On est des êtres humains. Il y a des policiers qui nous traitent comme des chiens.  »

Samedi 23 août 2014. COMMUNIQUÉ DES GRÉVISTES DE LA FAIM DU CENTRE DE RÉTENTION DE VINCENNES

Jeudi 21 août 2014, Abdelhak Goradia est décédé alors qu’il était conduit par les flics à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle pour être expulsé vers l’Algérie. Il avait réussi à refuser une première fois son expulsion le 16 août dernier. Selon la version policière, c’est dans le fourgon en arrivant à l’aéroport qu’il aurait eu « une crise cardiaque ». Les flics ont même parlé d’une mort naturelle. Or, l’autopsie a révélé qu’il était décédé par asphyxie. Ce n’est pas la première fois qu’une personne décède lors de son expulsion. Plusieurs sans papiers sont en effet morts assassinés par la PAF comme Ricardo Barrientos en décembre 2002 ou Mariame Getu Hagos en janvier 2003.

Les retenus du bâtiment 1 de Vincennes se sont mis en grève de la faim dès qu’ils ont appris la mort de leur camarade. Ils ont rédigé un communiqué que nous reproduisons ci dessous même si nous ne partageons pas tout son contenu. Nous voulons apporter notre solidarité, aussi minime soit-elle, en relayant la paroles et les initiatives de ceux qui ont choisi de ne pas laisser sans réaction et colère la mort de leur compagnon d’infortune et sont entrés en lutte. La grève de la faim est un moyen souvent utilisé par les retenus mais elle affaiblie le corps dans un moment où la force est nécessaire pour résister, résister à la police, résister à l’expulsion, résister à la violence. C’est un moyen qui peut, souhaitons le et encourageons le, mener à d’autres, comme en 2008. Les formes d’action sont multiples et il faut remettre ça dans son contexte : un lieu d’enfermement, ou personne ne se connaît et ne partage autre chose que la situation d’être enfermé par l’État. Pour l’instant… Ce moment mènera sûrement à des discussions et à d’autres initiatives. Cela dépend aussi du relai et du soutien que l’on y apporte.

Sur les points du communiqué, nous rappelons seulement que pour nous rien n’est aménageable, qu’un jour passé en prison est un jour de trop et que nous pensons que la justice sera toujours là pour enfermer et opprimer les pauvres et celles/ceux qui refusent de se taire. Liberté pour toutes et tous. Solidarité avec la lutte des retenus.

« Nous, retenus du bâtiment 1 du CRA de Vincennes, demandons: – que des journalistes puissent venir voir les conditions de vie dans le centre – que les acteurs des violences envers M. Goradia soient punis, car ils l’ont tabassé à mort. – que la durée de rétention soit réduite à 20 jours car il y a trop de violences. Ce n’est pas la peine, 45 jours, ça ne sert à rien – que la nourriture soit améliorée. On mange très mal alors qu’on n’a pas demandé à être ici. – Une partie de la police est très agressive verbalement et fait des provocations. Ils vont jusqu’à dire des insultes dans le micro. Ils hurlent et font des gestes obscènes. On ne négociera pas. On continuera la grève de la faim tant que nos
revendications ne seront pas satisfaites »

[Paris/Banlieue] Suite à la mort de Abdelhak Goradia lors d’une expulsion et grève de la faim au CRA de Vincennes

Jeudi 21 août 2014 à 21h, Abdelhak Goradia est décédé alors qu’il était conduit par les flics à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle pour être expulsé vers l’Algérie. Il avait réussi à refuser une première fois son expulsion le 16 août dernier. Selon la version policière, c’est dans le fourgon en arrivant à l’aéroport qu’il serait décédé d’« une crise cardiaque ». Comme toutes les personnes mortes entre les mains des flics ! [edit : finalement, il serait mort par asphyxie et régurgitation]

A 19h, Abdelhak Goradia se portait parfaitement bien et 2 heures plus tard, il était mort… Circonstances plus que troubles.  Il y a 6 ans, le 21 juin 2008, au CRA de Vincennes, Salem Souli décédait lui aussi d’ « une crise cardiaque » selon la police. En réalité, M. Souli, qui était asthmatique, n’avait pas reçu les soins dont il avait besoin. Le lendemain, les retenus s’étaient révoltés et le CRA de Vincennes était parti en fumée.

Les frontières tuent : des milliers de personnes sont mortes en traversant la méditerranée, d’autres décèdent lors de leur expulsion : on se souvient de Semira Adamu étouffée avec un coussin par les flics en Belgique en 1998 ou encore en 2010 de Jimmy Mubenga tué par des agents de sécurité dans l’avion qui devait l’expulser de Londres à Luanda. En France, plusieurs sans papiers sont morts assassinés par la PAF comme Ricardo Barrientos en décembre 2002 ou Mariame Getu Hagos en janvier 2003.

Arrêt des expulsions !
Régularisation de tous les sans-papiers !
Liberté de circulation et d’installation !

Rappel : Manifestation samedi 23 août à 13h – 18e anniversaire de l’évacuation de l’église de Saint-Bernard.

 

DEPUIS LE CENTRE DE RÉTENTION DE VINCENNES Vendredi 22 août 2014

« Vers 18h, les flics ont dit à Abdelhak qu’il devait aller voir l’infirmière. En fait, c’étaifaux. Il est sorti de sa chambre, ils l’ont emmené à l’accueil et lui ont mis les menottes. A l’accueil, on entendait des bruits étranges, des bruits bizarres. Les gens qui étaient aux visites [au-dessus de l’accueil] ont tout entendu. Les flics lui ont mis une cagoule, un masque sur la tête. Les flics savaient qu’il allait refuser. Lors de la première expulsion ils lui avaient dit « Vous
allez devant le juge ». En fait, ils l’ont emmené à l’aéroport.‌ Il n’était pas d’accord, il a protesté et ils l’ont ramené au centre.
Hier, toute la nuit, on l’a attendu parce qu’on savait qu’il allait refuser. Son cousin a téléphoné, il était inquiet. Et puis ce matin, il nous a rappellés et il nous a dit qu’il était mort. Du coup, on fait la grève de la faim. »

« On est stressé parce qu’Abdelhak est mort. Son nom n’était pas affiché sur le tableau des expulsions. Il l’on appelé quand on était en train de faire la prière vers 18h. Dès qu’on a fini, il est descendu soi-disant parce qu’il avait une visite. Dans un local de l’accueil, les flics l’ont frappé.‌ Ils lui ont mis un casque, des menottes aux poignets et lui ont entravé les jambes. Les flics savaient qu’il allait refuser, alors ils ont fait la force avec lui. Ils avaient tenter de l’expulser une première fois le quatrième jour après son arrivée.
Il ne savait pas comment ça se passait. Il est parti tout seul, dans une petite voitrure voir le juge et pas dans une camionnette comme habituellement. Déjà les flics l’avaient menotté aux jambes et aux poignets, il a refusé l’expulsion. Dès la première fois, ils ont fait la force, ils avaient la rage contre lui. Ils font n’importe quoi avec nous ! Même ses affaires sont encore ici, son portefeuille, sa veste…
J’arrive pas à dormir, je stresse. Il dormait sur un matelas par terre, à coté de moi, je voyais sa tête. Et maintenant son matelas est vide, ça me stresse. On était décidé à tout brûler. J’ai vu la dame de l’ASSFAM et j’ai pleuré. On a décidé de faire la grève de la faim. »

 

FLICS PORCS ASSASSINS

[Münster] Attaque contre le bureau de l’immigration suite à une expulsion

Dans la nuit du 23 juillet 2014, nous avons jeté des oeufs de peinture sur les autorités de l’immigration à Münster (Allemagne). Notre attaque symbolique sur cette institution, fondée sur le contact raciste quotidien avec des personnes qui n’ont pas la nationalité allemande, les expulsions quotidiennes et le contrôle social exercés par cette institution. Nous trouvons particulièrement cynique la publicité « Münster c’est hospitalier », tandis que les indésirables sont expulsés. Juste un jour avant notre action une famille iranienne a été arrêtée et expulsée en plein milieu de la nuit du bureau de l’immigration et des flics.

Salutations de solidarité aux militant-es d’Osnabrück qui ont déjà pu éviter plusieurs expulsions ! Vous êtes super  !
Le problème se nomme racisme ! Empêchons les expulsions! Aucun être humain n’est illégal !

ANTIFA ACTION MS

Traduit de linksunten indymedia par Le chat noir émeutier