Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Vive les révoltes des migrant-es contre les frontières

fin août – début septembre 2015

Calais (France). Après les tentatives de passage collectif de la frontière et les blocages d’autoroute de cet été, les migrant-es de la jungle continuent de s’organiser et d’occuper la rue pour protester contre la frontière. Tard dans la soirée du 31 août, après la visite du premier ministre à Calais, 200 personnes ont couru sur l’autoroute d’accès au site de l’Eurotunnel et commencé un blocage avant l’arrivée de la police qui a violemment réprimé en inondant la zone de lacrymos.

Le 3 septembre un rassemblement se tient devant l’entrée du Centre Jules Ferry géré par l’association La vie active, juste à côté de la jungle. Les personnes bloquent l’accès au centre de distribution de repas du gouvernement car elles ne veulent plus de l’aide humanitaire et des conditions de vie dans lesquelles elles sont maintenues dans la jungle. Les migrant-es veulent l’ouverture de la frontière.calais 3 sept

Les 4, 5 et 7 septembre des manifestations sont organisées par les gens du camp. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté de la jungle jusqu’à la place de la mairie aux cris de « freedom », « hurryia », « no borders, no nations, stop deportation » « no jungle, open the border »… Les migrant-es ont pris les rues de Calais, contre la jungle et la frontière. Et ça n’est pas prêt de s’arrêter.

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Source Calais Migrant Solidarity

De Calais à Londres … manifestation transnationale pour la liberté de circuler

Aujourd’hui samedi 12 septembre 2015 une manifestation a été organisée à Calais par les gens de la jungle. La manifestation a été planifiée pour coïncider avec le rassemblement massif tenu à Londres, et afin de ramener l’attention sur les réfugiés présents à Calais alors que le Royaume-Uni vient de décider d’accepter plus de réfugiés (dans la répartition que sont en train de planifier les pays européens, ndlt). La marche d’aujourd’hui vient s’ajouter aux manifestations presque quotidienne des migrant-es à Calais la dernière semaine.

Au début de l’après-midi, un groupe de trois cent personnes a quitté la jungle et a commencé à marcher en ville. Ils demandaient la fin de leur vie forcée dans la jungle, la liberté de circulation pour tout le monde, et l’ouverture de la frontière vers le Royaume-Uni. La manifestation a réuni des gens de toutes les différentes communautés de migrants dans la ville. Comme le cortège est passé à travers la jungle, avec des gens chantant, dansant, jouant de la musique et appelant les autres à se joindre à eux, cela donnait aussi bien l’impression d’une fête que d’une manifestation.

La maire de Calais, Natacha Bouchart, qui hier a demandé au préfet d’augmenter la présence policière en ville suite aux récentes manifestations, avait fait posé des grilles autour de la mairie, et embauché des gardes de sécurité privé pour se tenir derrière. Pour cette raison, la manifestation, qui les fois précédentes avait rallié le parvis de la mairie, a cette fois été arrêtée par les CRS juste avant d’y arriver. Un face à face a alors commencé entre les manifestants et la police qui ont utilisé des gaz lacrymogènes.

Après cette attaque tout le monde est assis et a commencé à tenir un rassemblement. Les gens ont pris tours de parole au mégaphone et ont chanté et dansé. Pendant ce temps, un groupe de syrien a rejoint la manifestation. Cela a continué pendant environ une heure jusqu’à ce que la police a commence à repousser les gens en arrière, en essayant de les faire partir. Les manifestants ont répondu en se dirigeant rapidement dans les rues du centre de Calais, où ils ont occupé le boulevard Jacquard. La police, qui a tout d’abord essayer de les empêcher d’occuper la rue, a finalement dû battre en retraite et abandonner la principale rue commerçante au groupe pendant deux heures environ. Beaucoup de calaisiens se sont arrêtés pour regarder et écouter ce que les manifestants exigeaient.

Après le rassemblement, les gens sont retournés dans la jungle, en criant sur tout le chemin du retour. Le sentiment dans le groupe était vraiment positif, même s’ils ont été bloqués par la police, ils ont pu se déplacer et occuper et perturber la principale rue commerçante de Calais. Il y a eu beaucoup de réactions positives à la manifestation de la part des calaisien, et tout cela a été très encourageant pour les manifestants à poursuivre leur lutte et les manifestations dans les prochains jours.

From London to Calais… transnational demo for freedom of movement

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Marseille (France). Le 10 septembre, le FNARS (fédération d’association, dont Emmaüs et Aurore) organise une journée d’étude sur la réforme du droit d’asile avec comme invité Cazeneuve, le ministre de l’intérieur. Un rassemblement est organisé devant le lieu de la conférence. (Cazeneuve ferme là et ouvre la frontière)

Saint-Jean-du-Gard (France). En réponse à l’appel de Vintimille (voir plus bas) un rassemblement contre les frontières et en soutien au Presidio no border est appelé le 6 septembre sur la place du marché. (Source)

Lyon (France). Une révolte a éclaté fin août au centre de rétention de Saint-Exupéry près de l’aéroport de Lyon. Dans la nuit un retenu s’est entaillé le bras pour échapper à son expulsion. Pendant que les secours sont sur place et profitant de la confusion générale, d’autres ont entassé des matelas et des draps et y ont mis le feu. La police est repoussée pendant que du mobilier et des vitres sont cassées et que deux personnes montent sur le toit dans l’espoir de s’évader. Des renforts de flics sont arrivés les en empêchant. Trois personnes ont été arrêtées et ont été jugées en comparution immédiate. Deux ont été condamnées à 4 et 6 mois de prison ferme. Mais six chambres de la prison pour étrangers sont inutilisables grâce à l’incendie et ce sont 24 places en moins pour les enfermeurs. Un grain de sable dans les rouages de la machine à expulser. (Source presse)

Paris (France). Suite à l’expulsion du campement de migrant-es du square Jessaint, dans le quartier de La Chapelle, le vendredi 4 août, plusieurs d’entre-eux/elles se sont rendu-es en manifestation devant la mairie du 18ème arrondissement et ont décidé d’y rester jusqu’à ce des solution satisfaisantes leurs soient proposées. Une semaine plus tard le campement est toujours devant la mairie et la solidarité s’organise dans le quartier. Plusieurs rassemblement ont été organisés dans la semaine. Voici leur communiqué.

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Mercredi 9 septembre, plusieurs collectifs de sans papiers et associations anti-racistes appelaient à un rassemblement place de la république. Dans le même temps, le parti socialiste organisait un grand meeting sur « l’accueil des réfugiés ». Une manifestation sauvage est donc partie du rassemblement pour tenter de se rendre devant le lieu du meeting afin de dénoncer l’hypocrisie de ceux qui prétendent accueillir à coups d’expulsion et de matraque depuis plus de trois mois. Bloquée, la manifestation est repartie en sens inverse et a parcouru les rues du quartier. Après plusieurs charges de flics, les manifestant-es se sont dispersé-es, sans arrestations. À l’intérieur du meeting, plusieurs banderoles et pancartes ont été déployées en solidarité avec les migrant-es et contre la guerre que leur mène les gouvernements européens.

Le 31 août, plusieurs actions nocturnes ont eu lieu, contre les frontières et les gestionnaires humanitaires : un centre Emmaüs a été recouvert d’un tag « Emmaus collabo », sur celui du PS est apparu l’inscription « à bas toutes les frontières » tandis que ses vitres ainsi que celles d’une banque et un distributeur ont été défoncées. (Source)

Toulouse (France). Le 25 août, la permanence du parti socialiste a été a recouverte des inscriptions « solidarité sans-papiers » et « non aux expulsions ». En juin, c’était de l’huile de vidange qui avait été rependue sur la façade, également taguée d’un « solidarité avec les migrants ». (Source : presse)

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Valence (Espagne). Dans la nuit du dimanche 6 septembre, une révolte a éclaté au centre de rétention de Zapadores. Une quarantaine de prisonniers se sont rebellés contre les flics et leurs ont subtilisé leurs clefs. Un groupe ainsi pu accéder au toit et tenté de s’évader, mais en ont malheureusement été empêchés par d’autres flics à l’extérieur qui ont tiré des lacrymogènes et des flashball. Pendant ce temps, à l’intérieur du matériel a été dégradé et plusieurs feux de matelas allumés. Cinq policiers sont blessés. (Source : presse)

Roszke (Hongrie). Près de la frontière serbe, des centaines de migrant-es sont parvenus à s’enfuir du centre de rétention le samedi 5 septembre malgré une forte présence de la police.

Bicske (Hongrie). La plupart des migrant-es qui avaient accepté de monter dans des trains qui devaient soit disant les emmener en Allemagne ont résisté à leur déportation lorsqu’ils/elles se sont rendu-es compte que ces trains avaient en fait pour destination des centres d’identification et de tri des demandeurs d’asile. La même situation s’est produite en Autriche.

Budapest (Hongrie). Des milliers de migrant-es, bloqué-es depuis des semaines à la gare de Keleti ont entamé le 4 septembre une marche pour rejoindre l’Autriche à pied.

Athènes (Grèce). Au centre de rétention de Amygdaleza des migrants ont entamé une grève de la faim le 4 septembre. Il y a quelques semaine, des matelas avaient été enflammés dans plusieurs sections du centre. Cette prison pour étranger-es est restée ouverte malgré les fausses promesses électorales du gouvernement de syriza. En plus de l’enfermement, les conditions de vie dans le centre sont désastreuses. (Source : Clandestina

Kos (Grèce). Dans la nuit du 3 septembre, des groupes fascistes s’en sont pris à des migrant-es sous les yeux de la police sans qu’elle ne bouge un petit doigt. En réponse, les migrant-es ont commencé une manifestation et ont bloqué plusieurs routes, demandant à quitter l’île pour rejoindre d’autre pays d’Europe. À Kos comme sur d’autres îles grecques, les violences contre les migrant-es sont quotidiennes, de la part des flics et des fascistes, souvent alliés. Certain-es migrant-es sont bloqué-es depuis des semaines, voir des mois, dépendant du bon vouloir des autorités insulaires pour rejoindre le continent. Pendant l’été, 2000 personnes ont été enfermées dans un stade pendant des jours, sans eau, ni nourriture, sous une chaleur étouffante.

Lesbos (Grèce). Un millier de migrant-es se sont regroupés et ont tenté de monter de force sur un navire en partance pour Athènes. La police est intervenue avec des gaz lacrymogènes.

Anarchists welcome migrants in Mitilini, Lesbos (video)

Rome (Italie). Une protestation a commencé à l’intérieur du centre de rétention (CIE) de Ponte Galeria. Dimanche 30 août, lorsque des repas périmés ont été distribués. Plusieurs policiers sont intervenus mais se sont pris des barquettes de nourriture périmée dans la figure. (Source : hurriya)

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Sur le rassemblement solidaire et les manifestations au CIE de Ponte galeria

Le samedi 5 septembre, une centaine de solidaires se sont retrouvés pendant deux heures sous les murs du CIE de Ponte Galeria. Dans la section des hommes, depuis le début de l’après midi, les retenus du centre avait entamés de vive protestations et ont essayé de résister aux flics afin de rester dans la cour du centre pendant le rassemblement. Les flics sont alors arrivés avec chiens et matraques et ont enfermé tout le monde dans les cellules. En réponse, plusieurs matelas ont été incendiés dans les couloirs. Mais cette tentative d’isolement a été peu utile, puisque la vigueur des cris, des coups dans les portes et du micro ouvert à l’extérieur ont permis pour un temps d’outrepasser les murs de la prison. Des balles de tennis contenant des messages et le numéro de téléphone anti-expulsion et des pétards ont également été lancés par dessus les murs d’enceinte.

Puis le rassemblement s’est dirigé vers la section des femmes. À la demande des détenues, de la nourriture a été livrée à l’intérieur. Cette question de la nourriture, souvent périmée et pourrie, est le motif de nombreuses protestations à l’intérieur du centre. Puis des cris de « liberté, liberté » se sont répondus pendant plus d’une demie-heure de part et d’autre du murs de la prison.

Autour du rassemblement, la présence de la police était très massive, bien plus importante que les fois précédentes, et provocante. Ce rassemblement au CIE de Rome a été le premier après un long mois d’août durant lequel les protestations des migrant-es ont été nombreuses dans les CIEs, et que partout en Europe des gens ont défié les frontières et les flics qui les défendent.

La soi-disant « urgence migratoire », tant évoquée dans les médias, est au contraire une lutte quotidienne de nombreuses personnes, et c’est ainsi qu’il faut la voir. L’Europe est en train de mener une « guerre de frontière » dont la force et les dispositifs mis en place sont sans précédent si l’on considère les cinquante dernières années. Nous devons nous tenir prêt-es, parce que ce qui est en jeu, c’est la vie et la liberté de toutes et tous.

Retournons sous les murs des CIE, avec intelligence et rage, joie et détermination, et toujours plus nombreux/euses.

Jusqu’à ce que les frontières et les prisons soient détruites.

Ennemi-es des frontières (Source : hurriya)

Vintimille (Italie). Migrant-es et solidaires du Presidio permanente No Border de Vintimille appelaient à un week end de solidarité contre les frontières, les 6 et 7 septembre. Le 7, à Vintimille, 200 personnes se sont retrouvées au campement no border et sont allées à quelques mètres de là, bloquer le poste frontière. Dans la région, de nombreuses mesures répressives touchent les personnes solidaires et les migrant-es (arrestations, renvois en Italie, interdictions de territoire, procès, etc.).

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Milan (Italie). Plusieurs centaines de migrant-es, vivant dans un camp de tentes de la Croix-rouge à Milan ont manifesté leur colère le 24 août : « Libérez-nous, nous sommes épuisés et nous voulons des documents ». (source : presse)

Bari (Italie). Samedi 29 août une soixantaine de personnes se sont rassemblés devant le centre de rétention (CIE) Bari Palese pour exprimer leur solidarité aux détenu-es. Dans le centre, les flics ont bouclé les portes des bâtiments et empêché l’accès à la cour, mais des cris ont quand même pu être échangés entre l’intérieur et l’extérieur. (Source : hurriya)

Berlin (Allemagne). Le 10 septembre, des militant-es antifascistes et des migrant-es ont occupé un bâtiment vide dans l’idée d’y créer un refuge d’urgence autonome et autogéré par les migrant-es, où pourrait se développer un processus d’auto-organisation et d’échange entre migrant-es et personnes solidaires. Mais, malheureusement le bâtiment a été expulsé quelques heures plus tard.

Bedford (Angleterre). Le 7 septembre, les femmes détenues au centre de rétention de Yarl’s Wood sont entrée en protestation et ont occupé la cour : « Nous sommes dans la cour, nous protestons. Nous sommes ici depuis plus d’une heure depuis 09h00. Il y a trente d’entre nous. Nous exigeons notre liberté. Nous chantons pour notre liberté. Nous crions. Nous chantons « Liberté, liberté, liberté, nous voulons notre propre liberté »… Nous sommes presque cinquante. Nous chantons et dansons. Nous nous tenons chaud car il fait un peu froid … Nous prévoyons de rester ici jusqu’à 21 heures. Nous ne mangeons pas. Nous ne faisons rien. Nous ne voulons pas de leur nourriture. Nous ne voulons pas de leurs activités. Nous voulons simplement notre liberté. » (Source : detained voices)

Au début du mois de juin, plusieurs dizaines de personnes avaient manifesté leur solidarité avec les détenues devant les murs de ce centre de rétention, géré par l’entreprise Serco. (Source : rabble)

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Gevgelija (Macédoine). Le 22 août, des centaines de migrant-es, bloqués à la frontière greco-macédonienne depuis des jours ont débordé les flics et militaires et franchi les barbelés du poste-frontière. Deux jours avant, le gouvernement avait décrété l’état d’urgence et envoyé l’armée sur place, provocant de violents affrontements.

Vienne (Autriche). En Autriche et plus particulièrement à Vienne, face au blocage des trains entre Budapest et l’Autriche depuis début septembre des centaines de personnes s’organisent pour aller chercher avec leurs véhicules les migrants et migrantes en Hongrie et les conduire directement sur le sol autrichien. Les personnes s’engageant dans cette action de solidarité ont été menacées d’inculpation pour aide à l’immigration illégale et quatre militants autrichiens ont d’ailleurs été interpellés pour cela à Budapest. Mais depuis maintenant deux semaines des convois de voitures solidaires qui font passer la frontière aux gens et les aident à rejoindre Vienne sans rien leur demander en échange continuent de s’organiser.

Rabat (Maroc). Fin août un week-end de rencontre est organisé à Rabat autour des expériences de luttes locales et transnationales contre les frontières. Pendant l’été, plusieurs campements de migrant-es ont été expulsés au Maroc, dans la forêt de Gourougou, à Boukhalef et à la fac de Oujda où des bâtiments inoccupés étaient occupés depuis plusieurs années. En bon gendarme de l’Europe, le gouvernement marocain continue à jouer les gardes frontières en échange d’importants financements. (Source : no borders morocco)

Un été contre les frontières

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Mise en page : brochure page par page ou format cahier

Depuis le début de l’été, des milliers de personnes tentent de rejoindre l’Europe. Parmi celles qui ont réussi, beaucoup sont bloquées et traquées aux quatre coins du continent : en Grèce, en Macédoine, à Calais, à Vintimille…

AUX FRONTIÈRES ASSASSINES DE L’EUROPE…

Dans les médias, les gouvernants européens parlent de « situation explosive » et de « drame humanitaire » en évoquant les nombreuses personnes qui meurent en tentant la traversée de la Méditerranée.

Agiter l’épouvantail de l’invasion et des réseaux criminels de passeurs permet aux États de justifier leurs politiques migratoires meurtrières tout en se parant d’un vernis humanitaire. L’escalade militaire qui se met en place aux frontières de l’Europe se fait au prétexte de neutraliser les passeurs qui seraient responsables des milliers de mort-es en Méditerranée et ailleurs. Mais ces milliers de noyé-es, électrocuté-es, écrasé-es, ont été tué-es par les États européens qui en renforçant toujours plus la surveillance et le blocage des frontières extérieures de l’Europe rendent les routes pour y accéder de plus en plus dangereuses. Depuis 15 ans, plus de 40 000 personnes sont mort-es aux frontières européennes, dont plus de 2300 depuis janvier 2015. Et chaque jour de nouvelles personnes meurent sur le chemin de l’Europe.

Partout, de nouveaux murs s’érigent, les flics et les militaires se déploient pour empêcher les personnes migrant-es d’entrer en Europe :

À l’Est, tandis que la Macédoine décrète l’état d’urgence et envoie l’armée contre les migrant-es, la Hongrie poursuit la construction de son mur de grillages et de barbelés le long des 175 km de frontière commune avec la Serbie. En Bulgarie, l’État envoie les blindés contre les migrant-es.

Des camps d’enfermement s’érigent ici et là. Appelés « centres de tri », « centres d’identification », ces lieux d’enfermement, qui voient le jour dans les pays de l’Union Européenne où arrivent les migrant-es (Italie, Grèce, Bulgarie), vont servir à séparer celles et ceux qui auront le droit de déposer une demande d’asile en Europe et les autres, les migrant-es dits « économiques » pour lesquels des procédures d’expulsion rapides et groupées seront organisées. Tandis que certains ont déjà ouvert en Bulgarie, en Italie ces centres seront opérationnels dès cet automne, dans des bâtiments militaires désaffectés, retapés dans l’urgence pour être opérationnels au plus vite.

En Méditerranée, l’Union européenne lance une opération militaire navale, appelée « Navfor Med ». Aux flics et outils de surveillance électroniques de l’agence de surveillance des frontières Frontex déjà présents en mer, viennent s’ajouter navires et sous marins de guerre, hélicoptères et drones des armées européennes. Conçue sur le modèle de l’opération Atalante qui au nom de la lutte contre les pirates somaliens dans l’océan indien bombarde des embarcations et villages de pêcheurs, « Navfor Med » va voir ses moyens offensifs progressivement augmentés avec comme objectif final la destruction des bateaux de passeurs avant qu’ils ne quittent les côtes libyennes. Décidée au lendemain d’un naufrage qui a fait 800 mort-es au large de la Libye en avril dernier, cette opération présentée comme une guerre contre les passeurs s’inscrit en réalité dans la continuité de celles déjà menées, qui visent à barrer la route aux migrant-es, coûte que coûte, quitte à couler leurs embarcations comme l’ont fait mi-août des gardes-côte grecs au large de la Turquie, quitte à tuer d’avantage de personnes.

À Calais, où quelques milliers de personnes tentent de gagner l’Angleterre par les ferrys et le tunnel sous la Manche, l’État et la mairie s’accordent depuis des années pour réprimer les migrant-es. Mais cette répression s’est encore accentuée ces derniers mois avec les expulsions des différents lieux de vies des migrant-es (squats et jungles) et l’augmentation de la pression policière.

Dans le même temps de nombreux renforts policiers sont arrivés dans la région, et tandis que ceux-ci matraquent, gazent et raflent, la Grande-Bretagne finance des barrières infrarouges et des barbelés qui viennent engrillager le port et l’accès au tunnel sous la Manche.

On assiste à la même situation qu’à Ceuta et Melilla où l’Europe dresse des murs de barbelés et de gadgets électroniques mortifères. On assiste à la même situation qu’en Méditerranée. De plus en plus de migrant-es trouvent la mort en tentant de passer en Angleterre : depuis début juin, 11 migrant-es sont décédé-es, noyé-es, électrocuté-es ou écrasé-es par des camions dans la région de Calais. À Paris, le 29 juillet dernier, un migrant a également été électrocuté alors qu’il tentait de monter sur le toit de l’Eurostar à la Gare du Nord.

Le triptyque « invasion de migrant-es/passeurs/terroristes » sert depuis des années à justifier les politiques migratoires de l’Union européenne, agitant l’épouvantail de l’un pour réprimer l’autre. À les écouter, les réseaux de passeurs semblent être la principale préoccupation des dirigeants, mais à qui profite le renforcement du contrôle des frontières si ce n’est à ces derniers ? Car plus les routes sont longues et dangereuses, plus les prix augmentent et plus les réseaux se renforcent, c’est la loi de l’économie capitaliste. D’ailleurs, dans de nombreux pays, États et réseaux mafieux travaillent main dans la main.

De plus, si des réseaux mafieux existent bel et bien, de nombreuses personnes condamnées pour être des passeurs sont des migrant-es ou des personnes qui ont voulu donner un coup de main, par solidarité, et sans en avoir tiré de bénéfices : celui qui conduit la barque car il y a une expérience de la navigation en mer, celle qui ouvre sa portière à la frontière franco-italienne pour prendre un passager, celui qui à Calais referme les portes du camion derrière ses camarades de route.

L’Europe est en guerre contre les migrant-es : elle est prête à tout pour empêcher celles et ceux qu’elle considère comme des indésirables de rejoindre ses côtes, de traverser son territoire et de s’y installer. Les récentes réformes qui, dans plusieurs pays européens, restreignent le droit d’asile et l’accès à un titre de séjour en témoignent.

À travers les discours guerriers et alarmistes qu’ils emploient, les gouvernants construisent depuis longtemps la figure d’un ennemi extérieur, le migrant, qui représenterai une menace pour l’Europe, et leur permet de justifier le renforcement du pouvoir et du contrôle, partout, pour tou-tes. N’oublions pas que cette gestion des frontières représente également un business juteux et un terrain d’expérimentation pour les marchands d’armes et les fabricants de gadgets électroniques de surveillance.

Mais la détermination de celles et ceux qui veulent fuir la guerre, la répression, la misère, ou tout simplement voyager, sera toujours plus forte que les barbelés et la peur de mourir.

RÉSISTANCE ET SOLIDARITÉ

Des milliers de migrant-es présent-es sur le sol européen luttent chaque jour pour continuer leur voyage et atteindre leur destination en traversant le continent. Partout ils et elles sont confronté-es à la pression policière : aux postes frontières, dans les villes, dans les gares et les ports…

Les frontières sont omniprésentes et elles permettent au pouvoir de séparer, de trier et d’empêcher les migrant-es de circuler librement. Dans la rue, dans les transports, dans les administrations, si l’on n’a pas le bon papier, chaque contrôle d’identité peut aboutir au blocage, à l’enfermement et à l’expulsion.

Qu’elles soient matérielles, avec leurs murs, leurs barbelés et leurs uniformes, ou immatérielles, aux guichets de la préfecture, dans les couloirs du métro, dans les centres d’hébergement, etc., les frontières sont à abattre car elles sont une entrave à la liberté.

Aux quatre coins de l’Europe, migrant-es et personnes solidaires s’organisent pour lutter contre ces barrières : pour passer les frontières entre les pays européens, résister au harcèlement policier, refuser les prises d’empreintes forcées, s’opposer aux attaques de groupes fascistes et casser la logique d’invisibilisation et d’isolement où le pouvoir voudrait enfermer les migrant-es. Partout une forte solidarité s’est mise en place pour contrer la guerre aux migrant-es lancée sur tout le continent avec des revendications simples et claires : des papiers et des logements, la liberté de circulation, l’ouverture des frontières, l’arrêt de la répression des migrant-es et des expulsions, contre l’occupation policière.

À Vintimille, ville frontalière entre l’Italie et la France, si les touristes peuvent traverser tranquillement la frontière, il n’en va pas de même pour tou-te-s. Depuis le mois de juin, un déploiement des forces de police française et italienne tente de bloquer le passage des personnes migrantes qui souhaitent poursuivre leur voyage en pratiquant des contrôles au faciès.

Les barrages routiers et les contrôles à bord des trains, avec souvent la complicité des contrôleurs de la SNCF malgré quelques résistances, sont quotidiens et s’étendent jusqu’à Nice et Marseille. Chaque jour, des dizaines de migrant-es qui réussissent à passer la frontière sont arrêté-es et ramené-es côté italien par la police française. Mais heureusement, beaucoup d’autres parviennent à passer et peuvent ainsi continuer leur voyage.

Côté italien, les mesures prises contre les migrant-es et la liberté de circulation sont multiples : du déploiement policier à l’interdiction de distribuer de la nourriture, tout est fait pour décourager celles et ceux qui veulent passer de l’autre côté des Alpes. Et pour gérer et trier cette population, l’État peut compter sur son plus fidèle collaborateur, la Croix-rouge. À Vintimille, c’est elle qui gère le centre d’accueil des migrant-es situé à côté de la gare, vernis humanitaire à la politique répressive de l’État.

Mais une partie des migrant-es a décidé de ne pas se laisser faire et de refuser de se laisser enfermer dans le centre de la Croix-rouge. Le 11 juin, ils et elles sont plusieurs dizaines, avec quelques personnes solidaires, à installer un campement sur les rochers du bord de mer, au pied du poste frontière principal. Ils et elles entendent par là protester contre le blocage de la frontière et construire un espace d’entraide, de solidarité et de lutte. Malgré les pressions policières, qui menacent d’expulsion et cherchent à empêcher d’autres migrant-es de le rejoindre, le campement, appelé « Presidio Permanente No Borders Ventimiglia » résiste et s’organise. « Dans ce campement, les européens et les migrants ont construit un espace de solidarité, de complicité et de lutte. Ensemble nous cuisinons et nous mangeons, nous rendons concrète la solidarité dont beaucoup parlent, les informations et les conseils se diffusent, nous surveillons l’action des forces de police italiennes et françaises, nous affirmons clairement et ouvertement notre désaccord face à la fermeture des frontières. »

Des actions blocage et des manifestations sont organisées dans la ville ou au poste frontière aux cris de « We are not going back » (Nous ne retournerons pas en arrière), ainsi que des tentatives de passage collectif de la frontière.

Le 10 août dans la nuit, une centaine de migrant-es ont tenté de traverser la frontière en montant dans un train. En gare de Menton, ils/elles ont refusé de descendre du train face à la police. Ils et elles ont alors été traîné-es de force dans les camionnettes qui les ont reconduit-es au poste frontalier français de Ponte San Luigi, où ils et elles ont été enfermé-es dans des containers en attendant que la demande de reconduction sur le territoire italien soit acceptée par les autorités. Plusieurs personnes solidaires ont alors bloqué la route pour empêcher ces expulsions et une vingtaine d’entre eux/elles ont été arrêté-es. Trois français-es passeront plusieurs heures en garde à vue et six italien-nes sont désormais interdit-es de séjour à Vintimille.

Chaque fois que des migrant-es sont arrêté-es par les flics côté français ils/elles sont enfermé-es dans des containers au commissariat de la police aux frontières de Menton en attendant leur expulsion en Italie. Mais la solidarité est toujours là : des personnes solidaires se rassemblent devant le commissariat pour empêcher ces expulsions. Plusieurs d’entre-elles ont également été arrêtées et sont désormais interdites de séjour dans la région.

Une fois cette frontière passée, la traque policière et les galères sont encore là, mais les solidarités et les luttes aussi !

À Paris le 2 juin 2015 c’est un campement de plusieurs centaines de personnes, installées depuis des mois sous le pont du métro aérien de La Chapelle, qui a été expulsé. Alors que la mairie présentait cette opération de police comme humanitaire et proposait des place d’hébergement d’urgence, plusieurs dizaines de migrant-es se sont retrouvé-es à la rue dès le lendemain. Ils et elles se sont alors réunis avec plusieurs personnes solidaires et ont décidé d’occuper pour la nuit une salle associative. Dans les jours et les semaines qui ont suivi, plusieurs places et lieux ont été occupés, à chaque fois expulsés par la police, sous ordre de la préfecture et de la mairie (Église Saint-Bernard, Square Saint-Bernard – Saïd Bouziri, Gymnase Pajol). Ces derniers ne souhaitent pas voir les migrant-es se regrouper et s’organiser collectivement.

Le 8 juin, des dizaines de flics expulsent le campement de la halle Pajol et arrêtent les migrant-es malgré une forte résistance qui a permis de ralentir leur sale boulot et à plusieurs migrant-es de s’échapper.

Après la matraque policière, la mairie et l’État changent de stratégie : dès qu’un nouveau campement s’organise et que les migrant-es se mobilisent, la mairie, l’OFPRA (office chargé de la gestion des demandeurs d’asile), de travailleurs sociaux d’Emmaüs et d’élu-es viennent leur « vendre » des places en centre d’hébergement d’urgence. C’est la façade humanitaire de cette guerre aux migrant-es menée par les États et une autre forme de violence plus insidieuse que la matraque policière et les barbelés : à Paris comme ailleurs, le pouvoir cherche à se débarrasser de ces migrant-es, à les rendre invisible et à les disperser aux quatre coins de la région parisienne pour éviter qu’ils et elles ne se regroupent et s’organisent collectivement pour obtenir ce qu’ils et elles veulent : des papiers, des logements et la liberté de circuler et de s’installer.

Dans les centres où plusieurs centaines de migrant-es sont hébergé-es pour quelques semaines au fur et à mesure des expulsions, les conditions de vie imposées (horaires stricts, repas imposés, interdiction de visites, pas de titres de transports…) sont mauvaises, les démarches administratives n’avancent pas. Face à cette situation, plusieurs actions d’occupation et de grève de la faim ont été menées par ceux et celles qui y sont logé-es.

Mais, ces centres d’hébergement restent des lieux de contrôle et de tri des demandeurs d’asile pour l’État et les associations qui les gèrent (Emmaüs, Aurore…).

Le 25 juillet, répondant à l’appel de Vintimille à un week-end de résistance contre les frontières, une manifestation a réuni plus de 150 personnes. Sur le chemin du retour au campement Pajol, les manifestant-es ont fait escale à Gare du Nord et devant l’entrée de l’Eurostar, une banderole a été déployée aux cris de « No border, no nation, stop deportation ». Dans la gare, des applaudissements retentissent.

Le 31 juillet, suite à la dixième expulsion à laquelle ont dû faire face les migrant-es et les personnes solidaires, un ancien lycée désaffecté est occupé dans le 19ème arrondissement et transformé en Maison des réfugié-es.

Dans tous ces lieux occupés, et malgré les difficultés posées par cette traque policière et humanitaire, d’autres pratiques tentent d’être mises en place : l’entraide plutôt que la charité, l’auto-organisation plutôt que la gestion humanitaire, la lutte plutôt que la résignation. Une cantine collective pour les repas, des assemblées générales pour prendre les décisions, des manifestations pour rompre avec l’invisibilité dans laquelle le pouvoir voudrait plonger celles et ceux qu’il considère comme indésirables.

D’autres campements ont également été expulsés, dont celui du square Jessaint à La Chapelle. Plusieurs dizaines de migrant-es occupent depuis le parvis de la mairie du 18ème arrondissement.

À Calais, le 2 juin, les derniers lieux de vie des migrant-es du centre ville ont été expulsés : le squat Fort Galloo ouvert en juillet 2014 suite à une manifestation, et le campement (appelé jungle par les migrant-es) du Leader Price. Celles et ceux qui vivaient là se sont donc retrouvé-es obligé-es de rejoindre le bidonville d’État, situé en périphérie de la ville, à côté du Centre d’accueil Jules Ferry, loin des points d’accès à la frontière vers l’Angleterre. Dans cette jungle, seul endroit où les migrant-es sont autorisé-es à dormir, 3000 personnes survivent dans des conditions très difficiles. À Calais, point de passage pour de nombreuses personnes migrantes, celles-ci doivent faire face aux rafles et à la violence policière, mais aussi aux attaques fascistes de plus en plus violentes et habituelles

Mais, comme à Vintimille, à Paris et ailleurs en Europe, migrant-es et personnes solidaires résistent, tissent des liens de solidarité au quotidien, prennent la rue, et les migrant-es s’auto-organisent pour passer en Angleterre, malgré une frontière et une répression de plus en plus meurtrières (11 mort-es entre juin et août 2015).

Durant tout l’été, des tentatives auto-organisées de monter collectivement dans les camions et les navettes de l’euro-tunnel sont violemment réprimées par les flics. Des groupes de centaines de migrant-es passent les barbelés, stoppent les camions et essayent de s’introduire dedans. Les coups de matraque et gaz lacrymogènes pleuvent, et de nombreux/euses migrant-es sont blessé-es ou arrêté-es. Ces tentatives de passage, dont certaines réussissent, vont être utilisées par les autorités pour demander des renforts policiers. Dans les médias, des deux côtés de la Manche, le nombre de personnes qui tentent d’entrer dans le tunnel va être volontairement exagéré.

Une réunion au sommet, entre ministres britanniques et français, se conclue sur de nouveaux accords de coopération pour réprimer les migrant-es : plus de contrôles, plus de barrières, plus de flics, à grands coups de financements anglais.

Dans la jungle, des migrant-es et des personnes solidaires ont organisé des manifestations vers le centre ville et des blocages de l’autoroute d’accès à l’euro-tunnel, permettant à certain-es de monter à l’arrière des camions. Ces actions se multiplient ces dernières semaines, donnant aux migrant-es une force collective. Le lieu de distribution de nourriture du centre Jules Ferry a également été bloqué pour dénoncer contre les conditions de vies imposées dans le bidonville.

CONTRE LES FRONTIÈRES, SOLIDARITÉ ACTIVE AVEC LES MIGRANT-ES !

La distinction opérée par le pouvoir, quelques intellectuels et les médias entre d’un côté les réfugié-es politiques et de l’autre les migrant-es économiques est une énième opération de tri entre « bon réfugié-es que l’on pourrait accueillir » et « mauvais migrant-es économiques qu’il faut expulser ».

Pour nous, il n’existe pas de bonne politique migratoire, car le problème c’est l’existence même des frontières, outil mortifère de contrôle et de gestion des populations pour les États.

Il n’y a pas plus de communauté nationale qu’un ennemi extérieur à combattre. Nos ennemis sont ceux qui pillent en Afrique et en Asie, ceux qui mènent des guerres coloniales et vendent des armes aux plus offrant, ceux qui militarisent le territoire, ceux qui prêchent le racisme et la haine de l’autre, ceux qui décident qu’un bout de papier détermine qui nous sommes et où nous pouvons -ou pas- aller. Nos ennemis sont ceux qui nous exploitent et nous oppressent, ceux qui entravent notre liberté.

Ces derniers mois, les résistances aux frontières ont été nombreuses et fortes. Nous pouvons nous emparer de cette énergie et lui faire prendre de l’ampleur pour la transformer en un mouvement de solidarité et de rébellion contre le système des frontières.

Se solidariser et s’organiser avec les migrant-es, là où ils/elles résistent contre la guerre que leur mènent les États, c’est contribuer à affaiblir les frontières qui se dressent partout sur le chemin de celles/ceux qui n’ont pas les bons papiers pour circuler et s’installer là où ils/elles le veulent.

Cette solidarité est le contraire de la charité. La charité est un rapport de domination, où celui qui donne a le pouvoir et celui qui reçoit est relégué à un rôle de victime qui ne peut que recevoir.

À l’inverse, nous devons nous attacher à construire des rapports de partage et d’égalité, des luttes auto-organisées par celles et ceux qui les font vivre, sans hiérarchie ni paternalisme.

Nous pouvons agir partout autour de nous, partout où se dressent des frontières, et de multiples manières : en portant dans la rue d’autres discours que ceux du pouvoir et des humanitaires avec des tracts, des affiches, des rassemblements et manifestations, etc. ; en contribuant concrètement aux passages des frontières ; en s’échangeant des conseils et des informations pratiques pour récupérer de la nourriture comme pour partir dans une autre ville ; en partageant des connaissances juridiques, des conseils et techniques sur les contrôles et les arrestations  ; en s’organisant dans son quartier pour agir contre les rafles ; etc.

Des papiers d’identité aux centres de rétention, des rafles aux guichets des préfectures, à bas toutes les frontières !

La vie de personne ne doit dépendre de bouts de papiers !

Quelques liens : tous les articles sur la lutte des migrant-es de La Chapelle sur ce blog // Paris Luttes infos // Marseille Infos Autonomes // Calais Migrant Solidarity // Presidio No Border Vintimille // Hurriya (Italie) // Clandestina (Grèce)

barrière melilla 2

Liberté pour Abdul Rahman Haroun, le marcheur sous la manche !

Au début du mois d’août, un homme d’origine soudanaise, Abdul Rahman Haroun, a été arrêté alors qu’il sortait tout juste du tunnel sous la Manche situé côté anglais à Folkstone. Il venait de parcourir les 50 km à pied sous le tunnel, depuis Calais, sans se blesser ni se faire repérer. Les gouvernements français et anglais prétendent contrôler le flux de migrants arrivant aux frontières, dépensant des millions d’euros en barbelés et caméras de surveillance. Ils aiment à croire qu’ils sont entrain de faire de l’Angleterre une forteresse bien gardée, mais Abdul Rahman Haroun leur a prouvé le contraire et Ils comptent bien le lui faire payer.

Parti du Soudan pour chercher refuge en Angleterre, il encourt aujourd’hui jusqu’à deux ans de prison. Il est inculpé, sous un mandat législatif périmé « The Malicious Damages Act of 1861 », d’obstruction à locomotive ou wagon de chemin de fer. Convoqué le 24 août dernier, il a plaidé non coupable, mais a été placé en détention par le juge. Être incarcéré pour ce type de délit est complètement disproportionné et révèle clairement le caractère politique de cette arrestation. Une prochaine audience est prévue en novembre prochain, avant le procès qui lui aura lieu en janvier 2016. Abdul Rahman Haroun est actuellement détenu à Elmley dans le Kent.

Étant poursuivi sous une telle législature (« The Malicious Damage Act » qui a été créée dans le but de poursuivre les dissidents de l’église anglicane au XVIIIème siècle, et a été récemment utilisée pour enfermer des personnes accusées d’action directe), nous affirmons haut et fort que cette affaire est clairement politique et constitue une attaque à la liberté de circulation. Abdul Rahman Haroun sert de bouc émissaire pour intimider ceux et celles qui voudraient suivre son exemple.

Ses actions ont fait de lui une cible, mais il dispose d’une bonne défense. D’après l’article 31 de la convention des réfugiés, ainsi que dans la loi anglaise, il est possible d’entrer « illégalement » sur le territoire anglais si c’est dans le but de demander l’asile. Cependant, comme nous en avons toutes et tous été témoins ces dernières années, le gouvernement se fiche bien des « Droits de l’Homme », et Abdul a besoin de notre soutien et de notre solidarité pour combattre leur justice perverse.

Dans l’état actuel des choses, son renvoi d’audience montre que même s’il est jugé non coupable lors du procès, il aura déjà passé 5 mois en prison. Mais ça ne s’arrête malheureusement pas là. S’il est jugé coupable cela pourrait avoir des conséquences dramatiques quant à sa demande de régularisation en Angleterre. Une double peine récurrente au Royaume-Uni, laissant les personnes ayant purgé leur peine sans aucun droit sur le territoire, ou même directement expulsées (si leur pays d’origine est considéré par l’État comme non dangereux).

L’incarcération d’Abdul et ses poursuites judiciaires montre clairement la volonté de l’État à faire de lui un exemple pour quiconque souhaiterait tenter le même voyage. Une tentative d’intimidation, faire peur, faire douter les gens à Calais sur ce qui les attend de l’autre côté. Montrons-leur que nous n’avons pas peur d’eux avec leurs tribunaux et leurs prisons!

Nous condamnons fermement l’incarcération et la poursuite d’Abdul.

Liberté pour Abdul. Liberté pour toutes celles et ceux détenus par le régime des frontières. On ne peut être libre quand les autres sont enfermés.

Traduction depuis Calais Migrant Solidarity

 

English version

Freedom for channel walker Abdul Rahman Haroun !


At the start of August, Abdul Rahman Haroun, a Sudanese man, was arrested just short of the exit to the Channel Tunnel in Folkstone, UK, having walked 50km through the tunnel from Calais. He successfully crossed the Channel Tunnel on foot, making it to the UK unharmed and undetected. The British and French governments pretend that they can control the flows of people across the border, spending millions of pounds on fences and cameras. They like to believe they can turn the UK into a fortress but Abdul Rahman Haroun has proved them wrong and because of that they intend to make an example out of him.

Having traveled from Sudan all the way to Britain to seek sanctuary, he now faces up to two years in prison. He has been charged under an outdated piece of legislation, the Malicious Damages Act of 1861, ‘for obstructing a railway carriage or engine’. He had a court date on the 24th of August where he plead not guilty but was remanded in custody by the judge. Being placed on remand for such an offence relates to the political nature of his arrest and is totally uncalled for. He has a further hearing in November and following that a trial in January 2016. He is currently being held in HMP Elmley in Kent.

As he is being prosecuted under such an arcane piece of legislature (the Malicious Damages Act has its history in the criminilsation of dissent by the Luddites in the 18th Century and has recently been used to detain protesters involved in direct action), his prosecution is clearly a politically motivated attack on the freedom of movement designed to intimidate those who would follow his example.

His actions have made him a target but he has a good defense. Under Section 31 of the Refugee Convention and within British law, it is accepted that people may enter the UK ‘illegally’ if doing so to claim asylum. However, as we have witnessed in the past few years, the Tories don’t care much for ‘human rights’ and Abdul needs our solidarity and support to fight their malicious form of justice.

As it stands, his remand means that even if he is found not guilty at trial, he will have already spent 5 months in jail. However, it would not stop there, if found guilty it could have serious consequences for his ability to regularise his status in the UK. A dual punishment that often occurs in the UK, where people who have served out the sentence for their ‘crimes’ (which can be offenses related to immigration) are then punished a second time, by being denied Indefinite Leave to Remain or by being immediately deported (if their country of origin is a country the UK considers ‘safe’).

Abdul’s incarceration and prosecution is an attempt to set a clear example to anyone considering the same journey as him. An attempt to put fear and doubt into the heads of people in Calais about what awaits them on the other side of the channel. We must show them that they cannot scare us into submission with their prisons and their courts!

We absolutely condemn the continued incarceration and prosecution of Abdul. Freedom for Abdul. Freedom for all those detained and incarcerated by the border regime. No one is free until we are all free!

 

[Grèce] Déclaration et informations sur la situation des réfugiés et des migrants sur l’île de Kos

Traduit depuis Clandestina 15 août 2015

Il y a longtemps, mais pas suffisamment pour prétendre être oublié, des milliers de personnes, aux visages et aux noms familiers, sont partis de chez eux à la recherche d’un avenir meilleur. Entassés dans des trains, accueillis par des escadrons de policiers hostiles, fichés par les autorités, ils dormaient dans des zones impropres même pour les animaux et travaillaient aux pires besognes. Considérés comme des sous-hommes, vermine et vauriens, ils ont pu être exploités comme travailleurs et dépossédés en tant qu’êtres humains.

À ce jour, ces histoires de réfugiés et migrants n’ont jamais cessé d’exister, puisque les États, les nations et les guerres n’ont pas encore disparu. Elles connaissent même un renouveau sauf que, cette fois, nous sommes de l’autre côté de la mer, attendant l’arrivée de milliers de migrants qui risquent leur vie pour traverser les frontières de l’Europe.

L’Europe est coupable de ce qui se passe dans les régions que ces gens quittent : ses armées disséminées dans le monde entier, de connivence avec les pouvoirs autoritaires de ces régions, usurpent les ressources et les sols depuis des siècles. L’Europe s’occupe maintenant de sa « sécurité » et c’est un prix à payer pour les choix qu’elle a fait.

Comment pourrait-il en être autrement lorsque sa politique, de la Manche aux archipels du Dodécanèse, vise à avilir l’existence humaine jusqu’à ce que les individus atteignent le fond, et à permettre l’exploitation d’une main-d’œuvre qui comble les manques de son économie agonisante.

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que le gouvernement grec « de gauche » se dégage de toute responsabilité, affichant de l’indifférence au sort des migrants tout en tentant, en vain, de montrer un visage charitable. L’inefficacité du gouvernement, et plus encore le comportement de sa police (la violence, la corruption, la dissimulation d’actes illégaux, etc.), prouve sans l’ombre d’un doute que tout ce qui a été dit précédemment est vrai. Sans oublier que l’armée grecque continue, même en période de difficultés économiques, de se maintenir dans douze pays du monde, en réponse aux besoins stratégiques d’un pays qui n’a jamais digéré ses modestes débuts militaires.

Les discours misanthropes et racistes des autorités locales ne sont pas non plus une surprise. Quand leurs masques tombent, la rhétorique des droits de l’homme disparaît. Les toilettes publiques sont fermées, l’eau est coupée et leurs faux-semblants du début sont remplacés par des discours d’extrême droite, typique des gouvernements européens (« reprendre la ville », « le sang va couler », « ils n’auront même pas l’eau »…). Et des néo-nazis, des voyous gonflés aux hormones et autres invertébrés sont payés par eux pour nettoyer de force les parcs et les rues, menaçant tous ceux qu’ils croisent [1]

Nous ne sommes pas non plus étonnés du fait que les nombreuses histoires d’extorsion faites aux immigrés ont été étouffées à la fois par le gouvernement et par les médias locaux. Les forces locales ont beau pleurer devant les caméras sur le sort qui a frappé ce lieu sacré, elles gagnent d’énormes profits sur le dos des gens désespérés, louant leurs chambres au prix d’un hôtel 5 étoiles (environ 35 euros par nuit pour une chambre avec 4 lits), faisant payer pour recharger les téléphones portables (3 euros par charge), vendant l’eau à 1,5 euro par bouteille, volant les moteurs des bateaux de passeurs. Certains proposent même de transporter les migrants à Kalymnos (île grecque au large du continent) pour la modique somme de 400 euros (en lien avec la police car ils ont les moyens de traiter les dossiers plus rapidement).

Peut être la seule chose un peu surprenante, mais surtout horrible à reconnaître, est l’émergence d’un discours xénophobe et raciste chez la majorité des habitants de l’île de Kos. Ils osent traiter les gens d’« illégaux » et d’« irréguliers » quand leurs grands-parents ont fui, avec très peu d’argent en poche, vers l’Australie, le Canada ou les États-Unis. Ils se plaignent que l’île est petite, affirmant qu’il y a une pénurie de zones d’accueil, quand les hôtels sont remplis de centaines de milliers de touristes [2] et qu’il y a de nombreux espaces délabrés et abandonnés dans le centre ville.

Il faut noter l’absence d’ONG et autres organisations « sensibles » à la question sur l’île, alors qu’ils sont censés être payés pour aider les réfugiés et les migrants. Aussi il est important de raconter les récents événements des 11 et 12 aout, impliquant les flics aidés des fascistes. Ils ont parqué des milliers de migrants dans le stade Antagoras dans des conditions terribles : sans eau, ni ombre, ni nourriture, ni toilettes ; et des escadrons de la mort locaux ont attaqués des migrants [3] .

Nous sommes témoins du vécu de milliers d’êtres humains qui ont eu le malheur d’être nés pas si loin mais du « mauvais coté » et de parler une autre langue. Nous ne les abandonnons pas aux griffes du cannibalisme contemporain. Aucune provocation ne sera laissée sans réponse, et aucune voix exprimant la solidarité et le soutien ne sera réduite au silence par la vulgate anti immigrés.

Les migrants sont des damnés de la terre.

Nous sommes tous des étrangers dans ce monde de patrons.

Initiative en solidarité avec les réfugiés et les migrants

 

P.-S. Ce texte a été distribué à plus de mille exemplaires dans la ville de Kos et diffusé par les médias locaux. La traduction de ce texte a été retravaillée à partir de la version anglaise, les notes ont été ajoutées au texte initial.

 

[1] Le matin du 11 août, alors que des centaines de migrants étaient rassemblés devant le commissariat pour demander le « papier blanc », un laissez-passer leur permettant de quitter l’île, des employés municipaux et des flics en civil ont profité de la désertion momentanées des migrants pour jeter leurs affaires dans des bennes, leurs tentes et leurs campements de fortune, lavant le sol à grands coups de jets d’eau. Ils ont nettoyés la ville pour les touristes, qui encore drogués de la veille tiennent à admirer les ruines antiques aux travers de leur perche à selfies..

[2] Mi-août, la ville de Kos qui déborde de touristes a des airs de fin du monde. Cette cité balnéaire aux mille néons est le reflet d’un monde décadent et pourri où se côtoient à la fois les jeunes européens de l’ouest complètement défoncés sortant de boites de nuit, les familles qui partent faire du « toboggan en piscine » au bord de la mer, les touristes en goguette qui font des virées sur des bateaux de pêches transformés en bateau « pirate ». Ils vont où ? Ils vont en Turquie, à quatre kilomètres de là et ils croisent certainement des bateaux pneumatiques remplis de migrants qui fuient la misère et la guerre, et qui risquent leur peau à venir ici. Entre les yachts de grands richards amarrés au port et les hôtels, des milliers de migrants qui n’attendent que de pouvoir partir, dorment dans des tentes ou sur des cartons. Sur le chemin du marchand de glace, on trouve des dizaines de gilets de sauvetage que les migrants ont laissés après la traversée. Et à la plage, sous les parasols, on trouve des touristes enduits de crème solaire, et sous le cagnard, des hommes, des femmes et des enfants qui tentent de survivre.

[3] Le but de ce transfert était l’enregistrement de tous les migrants par les autorités. La police n’a pas hésité à frapper les gens détenus avec des matraques et vider des extincteurs sur les migrants. Le maire de Kos a même déclaré que « le sang risquait de couler ».

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Dans le stade à Kos où sont parqués sans eau, ni ombre, des milliers de migrants le 11 et 12 aout, la police frappe et vide des extincteurs.

[Calais] La solidarité signifie lutter contre les frontière

Au cours des dernières semaines, des milliers de personnes ont relevé la tête face à la misère causée par les frontières. Emparons-nous de cette énergie et faisons lui prendre de l’ampleur pour se transformer en un mouvement de solidarité et de rébellion contre le système des frontières. Abattons les murs.

Nous croyons en la solidarité, pas en la charité. La charité est une relation inégale. Une personne est le donateur actif, l’autre est un bénéficiaire passif. La charité, à Calais, maintient vivante la division entre Européens, puissant, actif, principalement blanc et avec des passeports, et des Africains et des Asiatiques, sans défense, victimes passives, sans papiers. Il contribue également à consolider les profondes inégalités de ce monde d’États, de frontières, de colonialisme et d’exploitation capitaliste.

La solidarité tend à être une relation d’égalité. Nous nous battons les uns aux côtés des autres. Comme le dit la célèbre phrase « votre libération est liée à la mienne ». Bien sûr les frontières affectent certaines personnes plus que d’autres. Mais elles sont un affront à chacun et chacune d’entre nous, et font partie d’un système malade qui nous attaque tous et toutes.

Un million de couvertures ne résoudrons pas les problèmes de Calais. La violence et la pauvreté existant ici sont le résultat direct de l’existence des frontières. Tant que la France et l’Angleterre continueront à utiliser les fils barbelés, la police, les matraques, les gaz lacrymogènes, les médias de la haine et autres armes, pour arrêter les gens qui essaient de traverser la frontière, il y aura de la souffrance. La seule manière de résoudre ce problème est de se rebeller contre la frontière.

Les actions contre la frontière peuvent prendre de nombreuses formes. Toute personne qui traverse la frontière l’affaiblit. Chaque trou dans les barrières la fragilise. Se défendre l’un l’autre face à la violence de la police contribue à la déstabiliser. Partager des informations et des idées contribue à l’endommager. Contester la propagande raciste des médias et diffuser notre vision de la solidarité et de la rébellion contribue à l’ébranler.

La frontière n’est pas seulement ici, à Calais. Les frontières traversent toute l’Europe et pas seulement dans aux points de passage et d’entrée, mais partout il y a des rafles contre les immigrés, des checkpoints, des centres de détention, des centres d’inscription, des contrôles d’identité sur les chantiers ou dans les maisons, des attaques racistes, etc. Beaucoup de gens nous demandent : que pouvons-nous faire ? Notre réponse est : lutter contre les frontières où que vous soyez. Recherchez où sont les lieux de contrôle de papiers près de chez vous. Passez à l’action. Contribuez à créer une culture de la solidarité, un monde où les frontières ne sont pas acceptables. Un monde où personne n’est attaqué-e ou bloqué-e à cause de sa couleur de peau, du pays où il/elle est né-e, ou du morceau de papier qui est dans sa poche.

Nous encourageons tout individu ou groupe d’agir contre les frontières. Nous sommes également intéressés à prendre part à une coordination avec des personnes en France, en Grande-Bretagne et dans le reste de l’Europe, pour mener des actions et des manifestations contre les frontières. Contactez-nous avec des propositions. Et restez à l’écoute des annonces dans les jours à venir.

Calais Migrant Solidarity – 22 août
2015 

Pour voir tous les articles liés à Calais ici

 

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Solidarity means fighting the border

In the last few weeks, thousands more people are waking up to the misery caused by the borders. Let’s take this energy and grow it into a movement of solidarity and rebellion against the border system. Let’s tear down the walls.

We believe in solidarity not charity. Charity is an unequal relationship. One person is the active giver, the other is a passive beneficiary. Charity in Calais keeps alive the division between powerful, active, mainly white Europeans with passports, and powerless, passive, African and Asian victims without papers. However well meaning, it helps cement the deep inequalities of this world of states, borders, colonialism and capitalist exploitation.

Solidarity strives to be an equal relationship. We fight alongside each other. As the famous quote says, because “your liberation is bound up with mine”. The borders certainly hit some people much harder than others. But they are an affront to all of us, and one part of a sick system that attacks us all.

The problems in Calais will not be covered by a million blankets. The violence and misery here are a direct result of the border. As long as the French and British states keep on using razorwire fences, cops, batons, tear gas, media hatred, and other weapons to try and stop people crossing, there will be suffering. The only way to address this problem is to rise up against the border.

Action against the border can take many forms. Every person who crosses undermines the border. Every hole in the fences undermines the border. Defending each other against police violence helps undermine the border. Sharing information and ideas helps undermine the border. Challenging racist media propaganda, and spreading our own visions of solidarity and rebellion, helps undermine the border.

The border is not just here in Calais. The borders run across Europe, and not just at the crossing points but wherever there are immigration raids, street stops, detention centres, reporting centres, workplace or landlord ID checks, racist attacks, etc. Many people are asking us: what can we do? Our answer is: fight the border wherever you are. Find out where are the border controls and flashpoints near you. Take action. Help create a culture of solidarity, a world where borders are unacceptable. A world where no one is attacked or blocked because of the colour of their skin, the country they happen to have been born in, or what bits of paper they have in their pocket.

We encourage all individuals and groups to take actions against the border in your own ways. We are also interested in being part of coordinating mass actions and demos against the border with people in the UK and France and across Europe. Do contact us with suggestions. And stay tuned for announcements in the next few days.

[Calais] Autoroute bloqué ! – La réponse de la Jungle à la visite de Theresa May à Calais

Aujourd’hui (le 20 août 2015), Theresa May (ministre de l’intérieur du Royaume-Uni) et Bernard Cazeneuve venus en ville. Ils ont dit des mensonges, renversé de l’encre, et fait une promenade. Bien sûr, ils se sont assurés de ne rencontrer personne près de la jungle ou de ne parler à aucune de ces personnes qui seraient directement affectée par leurs décisions malignes. Cependant, les gens ici n’allaient pas laisser passer cette visite sans s’affirmer.

Une manifestation était organisée dans le centre-ville. Calaisiens et des gens de la jungle se sont réunis et ont essayé de se rapprocher de la préfecture et d’exprimer leur dégoût des soi-disantes « solutions » à la « crise » de Calais présentées aujourd’hui . Bien que peu nombreux, ils ont été en mesure d’approcher assez près de la préfecture avant de rencontrer et d’être chargé par les CRS.

Pendant ce temps, des gens de la jungle continuent d’essayer de rejoindre manifestation. Un groupe qui marchait sur la route de la jungle avec une banderole a été arrêté par une camionnette de la gendarmerie mobile. Ils leur ont dit que leur manifestation était illégale et les ont empêchés de continuer. L’heure suivante les personnes de la jungle étaient empêchées d’aller au centre-ville qu’elles veulent rejoindre la manifestation ou pas. Beaucoup de personnes qui demandent l’asile avaient rendez-vous et ont été empêchés d’y aller.
Comme de plus en plus de gens étaient arrêtés et que le groupe grossissait, la décision a été prise à revenir à pied vers la Jungle, en prenant la route à contre-sens, provoquant l’arrêt de la circulation. A la jonction avec l’autoroute, les manifestants ont organisé un sit-in pendant environ une demi-heure. À ce moment, ils ont pris la décision ensemble de descendre sur l’autoroute. Au début, seules quelques personnes ont pris l’autoroute, mais en appelant ceux qui sont restés dans la jungle, leur nombre a commencé à grossir. Ils ont tenu la route pendant près d’une heure, rejoint par ceux qui revenaient de la manifestation au centre-ville. Il y avait environ cent cinquante personnes arrêtant le trafic et criant « nous sommes des êtres humains », « ouvrez la frontière », « Stop à la violence! », « Nous sommes pleins d’espoir ».

Cette action a été en mesure de stopper le flux incessant des marchandises vers le Royaume-Uni, de créer un embouteillage grâce auquel beaucoup de gens ont été en mesure d’essayer de cacher dans des camions a destination du Royaume-Uni, et a donné une voix forte à ceux qui sont coincés ici à Calais. Même si Mays et Cazeneuve ne pouvait pas les entendre, la perturbation qu’ils ont causé s’est certainement fait sentir.

Après environ une heure d’occupation les CRS sont arrivés en force pour essayer de reprendre la route. Les gens criaient et ont été en mesure de résister aux premières charges. Lorsque leurs tactiques d’intimidation ont échoué, et que de plus en plus de gens rejoignaient le blocage, les CRS ont utilisés leurs gaz et matraques. C’est seulement avec ces armes qu’ils ont été capable de repousser les gens hors de la route.

Les gens se sont aidés les uns les autres à se remettre de l’attaque, se sont réorganisés à l’intérieur de la Jungle, et sont retournés à nouveau face aux CRS. Pendant une heure et demie plus d’un centaine de personnes a continué à manifester sur la route d’accès à l’autoroute, menaçant toujours de la reprendre.

Ces actions montrent que tandis que les politiciens essaient de trouver de nouveaux moyens de renforcer la ségrégation, les gens continuent à se battre pour l’ouverture des frontières !

Traduit depuis Calais Migrant Solidarity // Pour voir tous les articles liés à Calais ici

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Motorway blocked! – The Jungle’s answer to Theresa May’s visit to Calais

Today Theresa May and Bernard Cazeneuve came to town. They told some lies, spilled some ink, and took a walk. Of course, they made sure to get no where close the Jungle or speak to any of those people who would be directly effected by their malign decisions. However, people here were not going to let their visit pass without making a statement.

There was a demonstration held in the city center. Local Calaisiens and people from the Jungle got together and tried to get close to the Prefecture and express their disgust with the so-termed “solutions” to the crisis in Calais that were being presented today. Although few, they were able to get quite close to the Prefecture before being met and forced back by CRS.

Meanwhile, people from the Jungle were continuing to try to come and join the demonstration. A group were walking in the road with a banner from the Jungle before being stopped by a van of Gendarmerie Mobile. They were told that they were holding an illegal demonstration and were prevented from continuing. For the next hour there was a stand-off with no one from the Jungle being able to go to the town; whether they intended to join the demonstration there or not. Many people claiming asylum in France had appointments that they were prevented from attending, and one man was ripped from his bicycle as he casually cycled past.

As more and more people were stopped and the group grew, the decision was made to walk back toward the Jungle, taking the road, stopping oncoming traffic. At the junction with the motorway, they held a sit-down protest for around half an hour. At this time they made the decision together to move up the ramp and take the highway. At first only a few took the road, but then as they shouted down to those staying in the Jungle, numbers began to swell. They held the highway for close to an hour and then those who were on their way back from the demonstration in town were able to join. There were about a hundred and fifty people on the bridge above the Jungle stopping traffic. Chants of “We are human beings!, “Open the Border!”, “Stop the violence!” and “We are hopeful!” were being shouted. This action was able to bring the endless flow of goods to the UK to a grinding halt, create a traffic jam through which a lot of people were able to try and hide themselves in UK bound lorries, and gave a strong voice to those stuck here in Calais. Even if May and Cazeneuve could not hear them from whatever hole they’d crawled in, the disruption that they caused was certainly felt.

After about an hour of occupation the CRS arrived in force to try to take back the highway. People shouted at them and were able to resist the initial police charges. When these intimidation tactics failed, and more people joined the fight, the CRS got their CS gas and batons out. Only with these weapons were they able to force people off the highway, bit by bit forcing people off the highway. People helped each other recover from the attack and, reorganising just inside the Jungle, moved back to face the CRS again. For an hour and a half more than one-hundred people continued in a demonstration on the road at the entrance to the highway, always threatening to take it again.

These actions show that while the politicians try to find new way of enforcing segregation, people continue to fight for open borders !

Non à l’expulsion du squat du collectif des Baras

Chronique d’un été d’expulsions du collectif des Baras

Le 20 juin 2015, plusieurs centaines de personnes manifestent contre l’expulsion des différents lieux occupés par le collectif (avenue Wilson à Montreuil, rue Alazard à Bagnolet)

mi juillet 2015, le tribunal de Pantin annonce l’expulsion du squat de la rue René Alazard.

Le 23 juillet 2015, le squat de l’avenue Wilson à Montreuil est expulsé. Dans les semaines suivante, le collectif va ouvrir plusieurs autres bâtiments mais à chaque fois ceux-ci seront expulsés par les flics (à Montreuil le 2 août et aux Lilas le 29 août).

Le squat de la rue René Alazard va sans doute être expulsé lui aussi dans quelques semaines. Mais d’autres ouvertures suivront…

 

Texte du collectif contre les expulsions : 

NON à l’expulsion du squat des Baras !
NON à l’errance des membres du collectif !

Le tribunal vient d’annoncer l’expulsion du squat du collectif Baras et de donner raison à la multinationale Natixis. Sous le coup de cette décision, plus de 200 personnes vont se retrouver à la rue d’ici deux mois …

Nous avons déjà été expulsés, chassés et même pourchassés à plusieurs reprises. À chaque fois les autorités (mairies et état) ne nous ont proposées aucune solution d’hébergement. Après l’expulsion de notre dernier squat en août 2014 (le bâtiment toujours vide et sans projet de la société Emerson), notre collectif a dû se reloger par lui-même en occupant un ancien pôle emploi, inutilisé et lui aussi sans projet, situé à Bagnolet.

La vie n’y est pas de toute tranquillité, elle a été un combat régulier (arrestations aux alentours, placements en rétention, tentatives d’EDF pour couper l’électricité, coupure d’eau par Véolia…). Mais nous sommes évidemment toujours mieux à l’abri dans ce bâtiment que dehors où un fonctionnement s’est mis en place dans le lieu :
installation de cuisine et de douche, organisation de cours de français, de réunions hebdomadaires pour s’organiser et des réunions d’informations juridiques. De plus, de nombreuses personnes solidaires sont venues nous apporter de quoi nous installer dans ce lieu et de quoi nous vêtir ; des associations nous offrent régulièrement de la nourriture et des voisins nous apportent également un soutien très important.

Nous voulons continuer à vivre dans ce bâtiment qui convient bien à nos besoins !

Nous demandons aux autorités de ne pas appliquer la décision, mais surtout qu’elles entament un véritable dialogue avec nous afin que ce lieu – que nous ne quitterons pas – devienne un foyer de travailleurs migrants. Sachant qu’à Bagnolet, il n’y a qu’un seul foyer pour le moment, la ville peut tout à fait solliciter des aides financières auprès de l’état. Il est possible de faire en sorte que notre occupation devienne légale. D’autres mairies l’ont fait. C’est le cas de celle de Montreuil avec le collectif des Sorins en lutte.

Jeter à nouveau à la rue 200 personnes, dans cette période particulière où des centaines d’autres y vivent déjà de façon totalement démunie, que ce soit à La chapelle ou à Austerlitz, mais aussi dans toute l’île de France après les expulsions des camps de Roms, ne ferait qu’ajouter de la misère dans la région.

Tant que nous sommes dans ce lieu nous pouvons vivre dignement !

La France prononce toujours de belles paroles émues quand les migrants arrivent en Italie au péril de leur vie, mais elle les traite et les rejette violemment quand ils arrivent sur son sol. Nous sommes venus jusqu’ici, il y a environ 3 ans, dans les conditions inhumaines et périlleuses que tout le monde connaît désormais. Nous avons dû quitter la Libye par la mer suite aux bombardements et à la guerre. Nous avons risqué nos vies. Pensez-vous que nous avons fait tout ce chemin pour repartir ?

Nous nous battrons jusqu’au bout. Jusqu’à l’obtention d’un toit pérenne pour l’ensemble des membres du collectif et pour la régularisation de tous les sans-papiers !

Nous venons de demander au préfet de la Seine Saint Denis ainsi qu’aux maires de Bagnolet et Montreuil, d’organiser une table ronde afin de trouver ensemble une solution adéquate !

Collectif Baras
72 rue René Alazard
93170 Bagnolet

07.78.32.14.75

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Chronologie de la lutte en cours des migrant-es de La Chapelle à Paris, par quelques personnes solidaires

À plusieurs endroits d’Europe, migrant-es et personnes solidaires s’organisent pour résister aux politiques migratoires meurtrières des États et de l’Union européenne et à la pression policière.

En région parisienne, des campements de migrant-es se sont installés en plusieurs places, là où ils/elles pouvaient, là où on les laissait plus ou moins tranquilles. À La Chapelle, 400 personnes, principalement venues du Soudan, d’Érythrée, du Tchad, de Libye et de Tunisie, vivaient sous le pont du métro aérien, certain-es depuis des mois, d’autres quelques jours en attendant de gagner d’autres régions d’Europe. Plusieurs fois expulsé, ce campement avait réussi à se reconstituer à chaque fois.

Fin mai 2015, la mairie de Paris et la préfecture annoncent aux médias qu’une nouvelle expulsion est en cours de préparation, en cause des « risques d’épidémie et d’insalubrité », et que des solutions vont être apportées à chaque personne qui y vit. En réalité, à l’approche de l’été, ce campement fait tache dans ce quartier en pleine rénovation urbaine. Cela fait des années que politiciens et promoteurs cherchent à embourgeoiser la zone, à grands coups de pelleteuse et de matraque.

Pour préparer cette expulsion, plusieurs associations (Emmaüs, France Terre D’Asile…) sont envoyées sur place pour recenser et trier les personnes présentes, tandis que le 30 mai un huissier affiche l’arrêté d’expulsion laissant 48 heures pour quitter les lieux.

Lundi 1er juin, une centaine de personnes se retrouvent sur le campement pour exprimer leur solidarité et s’organiser avec les migrant-es face à l’expulsion imminente. Des banderoles sont accrochées et une chaîne d’alerte téléphonique est mise en place.

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Mardi 2 juin, à 5h45 du matin, des centaines de flics, accompagnés des journalistes, investissent le campement pour déloger les migrant-es. Les personnes solidaires sont écartées et arrivent des membres de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA, institution chargée des demandes d’asile), d’associations (Emmaüs, FTDA…) et de la mairie de Paris. Leur objectif est de faire paraître cette expulsion comme « humanitaire » : les migrant-es sont retrié-es, re-compté-es et prié-es de monter dans des bus, direction des centres d’hébergement d’urgence, des hôtels en lointaine banlieue ou des CADA (Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile).

L’opération de dispersion et d’invisibilisation commence : à défaut de pouvoir s’en débarrasser, le pouvoir cherche à effacer ces indésirables des rues de la capitale. Une partie des bus étaient affrétés par la compagnie Savac, spécialisée dans le transport scolaire, mais aussi dans la collaboration avec l’État pour les opérations de ce genre. À Calais, cette compagnie a plusieurs fois prêtée sa flottille lors d’expulsions de jungle ou de squats.

Durant toute la matinée, une centaine de personnes solidaires s’est rassemblée aux abords du campement pour protester contre cette opération médiatico-humanitaire. Une banderole est accrochée : « l’épidémie c’est le capitalisme, ses flics, ses guerres, ses frontières. Solidarité aux migrants ».

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Dans l’après-midi, une cinquantaine de migrant-es sont toujours à La Chapelle : certain-es n’ont pas eu de place dans les bus, d’autres si, mais ont été déposé-es quelques mètres plus loin en pleine rue. Ils/elles décident de partir en manifestation à la mairie du 18ème arrondissement. Une place leur est proposée pour la nuit, dans un centre d’hébergement d’urgence. Pendant ce temps, les services de la propreté de la mairie finissent de nettoyer la place, détruisant tentes, matelas et affaires personnelles. Un grillage est élevé pour empêcher toute réinstallation.

(Au milieu de l’indifférence générale tract distribué le matin de l’expulsion)

(L’épidémie c’est… le capitalisme, ses flics, ses guerres, ses frontières affiche/tract collée/distribué dans le quartier de La Chapelle le 2 juin au soir)

(Opération humanitaire ou rafle « de gauche » ? texte publié sur Paris luttes infos)

 

Mercredi 3 juin. Des dizaines de personnes sont déjà de retour à La Chapelle, mises à la porte des hébergements. D’autres sont venues pour la journée, ce quartier étant devenu un lieu de sociabilité et de rencontre pour des centaines de migrant-es à Paris.

Des personnes solidaires présentes sur place proposent de se retrouver pour discuter et une salle associative située à côté de l’église Saint Bernard, toujours dans le quartier de La Chapelle, est investie pour la nuit.

Le lendemain à 7h les migrant-es sont à nouveau à la rue. Le soir même, la tentative d’occupation de l’église Saint Bernard échoue. Repoussé-es violemment par les flics sur le parvis de l’église, les migrant-es se réunissent, rédigent un premier communiqué et fabriquent une banderole (des logements pour tous). Ils passeront la nuit dans un square face à l’église. L’église Saint Bernard est un lieu historique de la lutte des sans papiers à paris : occupée pendant deux mois à l’été 1996, elle sera expulsée violemment par les flics le 23 août 1996.

8-juin

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Vendredi 5 juin, en début d’après midi, les flics arrivent pour expulser le square. Les migrant-es refusent de quitter le square et sont encerclé-es par les flics et dirigé-es vers le métro. Les slogans fusent « freedom », « solidarité avec les réfugié-es » et de nombreuses personnes arrivent en soutien. La police encercle toujours et tente de faire monter de force un groupe de migrant-es dans les rames du métro. Ceux-ci résistent fortement et le signal d’alarme est judicieusement tiré, ce qui permet à tout le monde de ressortir et de rejoindre le rassemblement en cours au carrefour de La Chapelle. Un migrant est arrêté et sera libéré quelques heures plus tard. Repoussée par la police, une manifestation remonte la rue Marx Dormoy. La halle Pajol et son gymnase sont à deux pas, migrant-es et personnes solidaires tentent de s’y introduire. La police bloque la moitié de la manifestation à l’extérieur et évacue les personnes qui ont réussi à y entrer. Deux personnes sont blessées et les migrant-es passeront finalement la nuit devant le gymnase, sur l’esplanade de la halle Pajol.

Samedi 6 juin, ils/elles sont repoussé-es quelques mètres plus loin sur l’esplanade. Dans l’après-midi, une cinquantaine de migrant-es participent à la manifestation antifasciste en hommage à Clément Méric et y prennent la parole pour parler de leur situation et appeler à la solidarité.

Le soir et le dimanche suivant, répit policier, la répression prend son week end. Comme devant l’église Saint Bernard de nombreux/ses voisin-es viennent apporter leur soutien et la vie s’organise sur le campement, tentant de construire des pratiques d’auto-organisation à l’encontre de celles de certaines associations humanitaires qui lui préfèrent la discipline et le rang (on pense entre autres à l’association de maraude Entraide citoyenne qui distribue de la nourriture aux personnes sans abris et aux migrant-es à Paris et qui a affirmé, parfois de façon virulente en arrachant les banderoles, qu’elle ne souhaitait pas voir d’autres pratiques que les siennes, nous rappelant bien que rapport humanitaire et rapport de solidarité et de lutte ne sont pas compatibles). Plusieurs crapules politiciennes, élu-es et militant-es Front de Gauche, Parti communiste et Europe Écologie Les Verts ont également pointé leur nez, et on le verra par la suite, fait leur tambouille politique sur le dos de la lutte et des migrant-es.

Plusieurs groupes de migrant-es rédigent des communiqués et formulent des revendications : des papiers, des logements et la dignité.

Lundi 8 juin, la traque policière reprend. Alors qu’une assemblée vient de se terminer sur le campement de la halle Pajol, la police arrive pour expulser la centaine de migrant-es présent-es sur place. Plusieurs cars d’embarquement sont là et les migrant-es sont encerclé-es par les flics. De nombreuses personnes accourent sur les lieux et la résistance des migrant-es et des personnes solidaires ralentit considérablement le travail des flics et permet a plusieurs migrant-es de s’échapper de la nasse. Les flics gazent et matraquent et 17 personnes sont blessées. 80 migrant-es sont emmené-es au commissariat de l’Évangile. Certain-es sont libéré-es dans la soirée, d’autres parviennent à s’échapper du commissariat, mais 30 d’entre eux seront enfermés dans les centres de rétention du Mesnil-Amelot et de Vincennes. Ils ressortiront tous dans les jours suivants, avec des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français).

Le soir même, l’errance continue et après une tentative de ré-installation Halle Pajol à nouveau la solidarité se met en place : plusieurs voisin-es accueilleront des migrant-es chez eux, un groupe trouvera refuge dans le gymnase de l’ENS ouvert par des étudiant-es pour la nuit et la majorité est accueillie au Bois Dormoy, un jardin partagé situé à deux pas du métro La Chapelle et de la Halle Pajol.

Mardi 9 juin, une dizaine de partis politiques et d’associations de gauche appellent à un rassemblement Halle Pajol pour protester contre l’expulsion et demander des solutions pour les migrant-es. Après quelques « grands discours » inutiles, la proposition est faite de partir en manifestation sauvage jusqu’au métro La Chapelle. Un cortège de plusieurs centaines de personnes s’élance alors aux cris de « solidarité avec les réfugié-es », « de l’air, de l’air, ouvrez les frontières », etc.

Petit à petit les migrant-es qui avaient été hébergé-es pour quelques jours après l’expulsion du 2 juin se retrouvent à la rue et rejoignent le Bois Dormoy, tandis que d’autres arrivent d’Italie où ils/elles ont réussi à passer la frontière, échappant aux contrôles des polices française et italienne.

Dans ce nouveau lieu, les pratiques d’auto-organisation, d’assemblée et de lutte sont mises à mal par la volonté de gestion autoritaire des militant-es et élu-es des partis de gauche, équipés de gants en latex pour tartiner des sandwichs au Kiri et trier les vêtements apportés par des voisin-es.

Pendant ce temps, le président de l’association du Bois Dormoy décide unilatéralement que les migrant-es doivent quitter les lieux le jeudi 11 juin à 17h. Il faut donc trouver une solution et plusieurs réunions parviennent à se tenir pour décider de la suite. Deux idées émergent : occuper un bâtiment pour tenter d’en faire une maison collective ou réinstaller un campement dans la rue. C’est aux migrant-es de décider et la décision est prise d’envahir un immeuble vide non loin de là.

Jeudi 11 juin un rassemblement est donc appelé pour compter sur le maximum de soutien possible et une manifestation se prépare à se diriger vers ce lieu. Mais c’est sans compter sur le travail de sape organisé par les professionnels de la politique, qui ne veulent pas de cette solution et sont prêts à tout pour ne pas respecter une décision collective prise par les migrant-es. Ils ont une nouvelle fois montré le vrai visage de la « gauche » municipale : en effet, des militant-es et élu-es du Parti communiste & co ont tenté de faire dévier la manifestation pour empêcher l’occupation. Finalement, après 10 jours d’errance, 300 personnes, migrant-es et personnes solidaires, trouvent refuge dans l’ancienne caserne de Château-Landon, propriété de la mairie de Paris. À l’extérieur les flics arrivent très vite pour bloquer l’entrée à de nouvelles personnes et un rassemblement dynamique s’organise au pied de l’édifice, regroupant plusieurs centaines de personnes.

À l’intérieur de la caserne l’idée d’en faire un lieu pérenne d’occupation est rapidement évincée par des négociations pour obtenir des places d’hébergement supplémentaires et par la pression policière. Plusieurs représentants de la mairie arrivent sur place et leurs alliés du Front de Gauche et du Parti communiste font l’intermédiaire avec les migrant-es. Vers 23 heures un accord est trouvé et 110 places d’hébergement sont proposées aux migrant-es présent-es à l’intérieur de la caserne. Les lieux sont donc évacués tandis qu’un groupe d’une soixantaine de migrant-es, resté à l’extérieur ou arrivé plus tard se retrouve à nouveau sur le carreau. Une manifestation part vers le jardin d’Éole dans le 19ème arrondissement et un nouveau campement s’installe devant le théâtre du Grand Parquet, rue d’Aubervilliers.

Le lendemain matin, nouvelle intimidation policière, mais le campement reste sur place. Dès lors la vie collective se met en place sur le campement (cantine collective, assemblées, permanences juridiques, point accueil, cours de français, etc.). Mais, malgré la disparition des associations et des partis de « gauche » municipale qui géraient la distribution des repas ou les question sanitaires avec charité et paternalisme, la mise en place de pratiques d’auto-organisation, tendant vers la réappropriation de leur propre vie par les migrant-es reste difficile, capturée par certains soutiens. De même, la dynamique de lutte, avec ses manifestations et autres propositions, semble s’affaiblir dès lors que la pression policière se relâche. Lors des différentes assemblées ces questions vont être abordées, pour rompre peu à peu avec la logique de la charité dans l’organisation du campement.

Mardi 16 juin, plusieurs milliers de personnes manifestent en solidarité avec les migrant-es de La Chapelle à République. Cette manifestation est appelée encore une fois par les partis de gauche et s’est décidée sans aucune discussion avec les migrant-es. La participation -ou non- à cette manifestation des personnes, migrant-es et soutiens présents sur le campement du jardin d’Éole est discutée et il est décidé de s’y rendre en cortège depuis Éole et d’en prendre la tête. Au retour une manifestation sauvage aura lieu entre la Gare du Nord et le jardin d’Éole.

Vendredi 19 juin, nouvelle expulsion, mais cette fois-ci la mairie semble avoir dissimulé la matraque derrière la carotte humanitaire. Dans la matinée, le directeur de l’OFPRA, accompagné de membres d’Emmaüs, de la mairie, d’élu-es et de membres du Parti communiste, du Front de gauche et des Verts a débarqué sur le campement pour poser un ultimatum. Il propose des places d’hébergement, que les migrant-es doivent accepter, sans quoi ils seront arrêté-es. En effet, de nombreux cars de CRS sont postés aux alentours, prêts à intervenir, et derrière eux les services de propreté de la mairie de Paris sont prêts à faire place nette. Aucune discussion n’est possible et une majorité des migrant-es montent dans les bus qui vont les emmener vers ces hébergements, dont ils/elles ne sauront qu’à l’arrivée où ils sont situés.

Présentés comme la vraie réponse aux demandes des migrants (des logements et des papiers pour tou-tes) ils ne sont que des cache-misère proposés par les businessman de l’humanitaire : les associations Aurore, la Mie de pain, Emmaüs, etc. Un de ces foyers d’hébergement est situé dans l’enceinte du centre de rétention de Vincennes ! D’une prison à l’autre il n’y a qu’un pas. Car ces lieux, qui permettent à la mairie d’éloigner les migrant-es et d’empêcher toute organisation collective, sont de véritables prisons où la vie des personnes qui y sont hébergées est totalement capturée par l’institution et les travailleurs sociaux des associations qui prennent en charge tout le quotidien et dépossède leurs « clients » d’une quelconque autonomie. (Dans la plupart de ces centres, il y a des horaires pour se lever, pour se coucher, il n’est plus possible de rentrer après une certaine heure, les douches sont minutées, les repas imposés à horaire fixe et confectionnés par d’autres que ceux/celles qui les mangent, les démarches administratives sont prises en charge par des salariés de l’association, etc.). Si une partie des centres est située dans Paris, d’autres se trouvent en très lointaine banlieue.

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Dans l’après-midi, une dizaine de migrant-es (ceux/celles qui n’ont pas eu de place, n’ont pas voulu monter dans les bus, n’étaient pas sur place au bon moment ou qui sont revenu-es des centres d’hébergement dégoûté-es) et personnes solidaires se regroupent et tentent de prendre un gymnase. Tout de suite des dizaines de flics accourent pour expulser le bâtiment, le pouvoir faisant bien comprendre qu’il ne saurait tolérer une nouvelle occupation. Les migrant-es n’ont qu’à disparaître. Quelques-uns vont se rendre à la distribution de repas organisée à l’occasion du ramadan au jardin d’Éole. Mais la police bloque l’accès à toute personne n’ayant pas de papiers d’identité à montrer. Suite à l’intervention des organisateurs/trices, les migrant-es seront finalement autorisé-es à manger, mais assis par terre ! Rendez-vous est donné le lendemain, pour cette nuit il n’y aura pas de lieu pour se regrouper, les flics étant postés en surveillance partout. Certain-es dormiront chez des soutiens, d’autres dans une mosquée du quartier, d’autres à la rue.

(Paris, Calais, Vintimille, contre la chasse aux migrant-es, solidarité !)

(Pendant que les élu-es se félicitent)

(Migrant-e-s : La rage)

Samedi 20 juin, dans le cadre de la journée mondiale des réfugiés, des manifestations sont organisées notamment à Paris, Calais ou Vintimille, et des actions ont lieu en Allemagne et en Suisse contre les frontières et l’agence européenne de contrôle des frontières Frontex. À Paris, une manifestation appelée par des associations part de la rotonde Stalingrad vers la place de la République. Les migrant-es de La Chapelle et des personnes solidaires en prennent la tête avec un cortège dynamique pour rappeler leur détermination à rester uni-es, à revendiquer des logements et des papiers et que la solidarité ne faiblit pas.

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Le soir un nouveau campement s’installe à la Halle Pajol. Il durera jusqu’à son expulsion définitive le 29 juillet. Une organisation collective se remet en place, avec des assemblées, une cantine collective, des permanences juridiques, des cours de français, etc. Comme à Éole, les mêmes travers se posent : tendance à re-créer des hiérarchies, comportements paternalistes, difficultés à enclencher un processus de lutte offensif face aux institutions et à l’État. Mais l’auto-organisation du campement et de la lutte et l’autonomie des migrant-es se reconstruit peu à peu.

Le campement grossit avec des nouvelles personnes arrivées d’Italie tandis que ceux/celles précédemment hébergé-es continuent de passer quotidiennement, transmettant la courte histoire de cette lutte.

D’autres campements sont toujours installés dans Paris (Austerlitz, square du Jessain à La Chapelle), en banlieue (Saint-Ouen) ainsi que dans d’autres villes (Bordeaux, Tours…).

Jeudi 2 juillet, un mois après l’expulsion du campement sous le métro aérien de La Chapelle, une manifestation est appelée par les migrant-es. Interdite elle sera bloquée au bout de la rue par des dizaines de flics cherchant à empêcher tout mouvement. Après avoir été expulsé-es de lieu en lieu, les migrant-es sont maintenant assigné-es à résidence à la Halle Pajol.

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Dans le quartier, des affiches recouvrent les murs, appelant à la solidarité, contre les frontières, les centres de rétention et la police. Régulièrement des tracts sont distribués aux passants au métro La Chapelle.

Mardi 7 juillet, une manifestation part de la Halle Pajol et parcourt le quartier de lieux occupés en lieux expulsés. Derrière la banderole « des papiers, des logements et la dignité pour toutes et tous » le cortège passera devant le jardin d’Éole, la caserne Château-Landon, le métro La Chapelle, le square du Jessain, le Bois Dormoy et finira Halle Pajol, sous les applaudissements des habitant-es du quartier, solidaires pour beaucoup.

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Jeudi 9 juillet, alors qu’une troisième manifestation est appelée, une nouvelle opération d’évacuation est organisée. On prend les mêmes et on recommence : OFPRA, Emmaüs, mairie, élus et militants. Cette fois les flics seront discrets et le campement ne sera pas expulsé. De nouveau des places d’hébergement sont proposées et les bus sont là, mais le directeur de l’OFPRA, Pascal Brice, refusera de s’engager par écrit pour répondre aux demandes des migrant-es concernant le suivi de leur demande d’asile, la durée de l’hébergement et les conditions de vie (nourriture, transports, etc.). Tandis que OFPRA et mairie assurent la promotion de leurs hébergements (« mise à l’abri comme ils appellent ça), les militant-es Front de gauche et Parti communiste accompagnent les migrant-es vers les bus où les accueillent les salariés et bénévoles d’Emmaüs. Tout est bien rôdé, c’est qu’ils commencent à avoir l’habitude. Mais certain-es migrant-es refusent de monter dans les bus tandis que d’autres, à peine arrivés dans un centre d’hébergement boulevard Ney, repartent en manifestation vers Pajol après que l’on leur a expliqué qu’il ne s’agissait d’un hébergement que pour une nuit. Encore une fois, les migrant-es se retrouvent dispersé-es, certain-es en très lointaine banlieue ; encore une fois cette nouvelle opération intervient au moment où les manifestations s’enchaînent, comme une volonté de casser leur capacité d’organisation collective.

Qu’à cela ne tienne, l’appel à manifester est maintenu. Cette fois c’est République – Barbès et un départ collectif est organisé de la Halle Pajol où sont resté-es une cinquantaine de migrant-es. « On ne nous muselle pas avec une nuit d’hôtel » annonce la banderole et une manifestation dynamique et bruyante de plusieurs centaines de personnes remonte le boulevard Magenta puis, passant outre le parcours déposé emprunte le boulevard Barbès et la rue Ordener jusqu’à la Halle Pajol. Mais certain-es migrant-es n’ont pas pu rejoindre la manifestation car ils/elles se sont retrouvé-es enfermé-es dans les centres d’hébergement.

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Mardi 14 juillet, un « bal des réfugié-es » est organisé sur le campement. Concerts, bouffe et musique jusque tard dans la nuit. Pendant la soirée, quelques flics viendront mettre un coup de pression.

Jeudi 16 juillet, quatrième manifestation de la place de la République à la Halle Pajol.

Une permanence juridique continue de se tenir deux fois par semaine, mise en place par des militant-es et des juristes membres d’associations et de groupes de soutien aux migrant-es. Elle a lieu dans les locaux de l’ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France), association présente depuis des années dans les luttes aux côtés des travailleurs immigrés et des sans papiers. Tout le monde peut s’y rendre pour avoir des conseils pour les démarches administratives (demande d’asile, aide médicale, etc.) et des aides juridiques.

Vendredi 17 juillet, une fête est organisée sur le campement à l’occasion de l’Aïd. La police maintient la pression pour empêcher qu’une sono ne diffuse de la musique, mais celle-ci résonnera quand même.

Dans le quartier les commerçants s’organisent pour dénoncer la nuisance que provoque le campement sur leurs affaires et interpellent la mairie pour qu’elle réagisse. Dans ce quartier fraîchement rénové et en cours d’embourgeoisement, la plupart de ces commerçant sont le bras financier de la mairie et des promoteurs dans la guerre qu’ils mènent aux pauvres. Que ce soient les migrant-es ou les pauvres, la mairie cherche par tous les moyens à faire disparaître ces indésirables, au plus loin de la capitale et de ces quartiers en pleine transformation, nouveaux pôles attractifs pour jeunes propriétaires, entrepreneurs et touristes.

(Des réfugiés de La Chapelle aux harragas de Barbès, solidarité avec tous les sans papiers !)

Jeudi 23 juillet, plusieurs personnes solidaires se rendent avec des migrant-es devant les locaux de France Terre d’Asile (FTDA) rue Doudeauville pour demander à ce que les procédures de domiciliation soient accélérées (actuellement cette association donne des délais de deux mois pour obtenir une domiciliation). Arrivé-es sur place des travailleur/ses de FTDA les prennent violemment à partie et appellent la police. Plus tard on apprendra que deux salariés de FTDA ont porté plainte, soutenus par le directeur. Cette association est financée par l’État pour accomplir son sale boulot de tri et de gestion des demandeurs d’asile. Rappelons que c’est cette même association qui est chargée de déterminer si les mineurs isolés pris en charge par l’aide sociale à l’enfance sont réellement mineurs ou alors considérés comme fraudeurs. Les conditions d’accueil des demandeurs d’asile à leur permanence ne semble pas non plus les déranger : sous la pluie ou la canicule, les personnes doivent faire des heures de queue tout en se faisant aboyer dessus par les vigiles de l’association, appelés « médiateurs ». Dans le cadre de la nouvelle réforme du droit d’asile, le rôle de collaboration de FTDA avec l’Office Français Pour les Réfugiés et Apatrides se trouve renforcé. C’est désormais FTDA qui s’occupera de remplir le pré-formulaire de demande d’asile à place de la préfecture. Avec ce pré-formulaire l’État cherche à savoir par quels pays est passé la personne qui entame des démarches d’asile, pour tenter de se débarrasser d’elle en la renvoyant dans un autre pays par lequel elle serait passée avant d’arriver en France (règlement de Dublin III).

Vendredi 24 et Samedi 25 juillet. Répondant à l’appel à un « week-end d’échanges et de résistance contre les frontières » du campement No border de Vintimille, une soirée projections et débats est organisé le 24 au soir sur l’esplanade de la Halle Pajol, et une manifestation est appelée pour le 25.

Plus de 150 personnes ont répondu à l’appel à manifester de la place de la Bastille à celle de la République. Sur le chemin du retour au campement Pajol, les manifestant-es ont fait escale à Gare du Nord. Devant l’entrée de l’Eurostar, une banderole a été déployée aux cris de « No border, no nation, stop deportation ». Des applaudissements ont alors retenti dans la gare.

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Mercredi 29 juillet, 10ème expulsion/évacuation pour les migrant-es. Cette fois le campement est définitivement expulsé. Un rassemblement est appelé dans la soirée au métro La Chapelle.

Dans l’après-midi, un migrant est électrocuté à Gare du Nord en tentant de monter sur l’Eurostar, train qui assure les liaisons entre la France et l’Angleterre via le tunnel sous la Manche. Il est actuellement à l’hôpital, entre la vie et la mort. Depuis début juin, 11 migrant-es sont mort-es à Calais en tentant de passer en Angleterre, la sale guerre menée aux migrant-es fait des ravages.

Jeudi 30 juillet, quelques migrant-es qui avaient passé la nuit au jardin d’Éole sont à leur tour évacués. La police prend place pour empêcher toute réinstallation tandis qu’à la Halle Pajol un manège est installé en lieu et place du campement. Tout le quartier de la Chapelle est bouclé par les flics.

Les migrant-es et des soutiens trouvent refuge dans des locaux associatifs appartenant à la mairie de Paris. Des migrant-es afghan-es rejoignent la lutte.

Vendredi 31 juillet, l’ancien lycée désaffecté G. Budé est occupé près de la place des Fêtes. Cette occupation permet aux migrant-es d’avoir un toit pour s’organiser, et elle est très vite rejointe par d’autres. Même si l’occupation n’est pas menacée -pour le moment- d’expulsion, la pression policière se fait sentir dans le quartier et les flics organisent régulièrement des opérations de contrôle au métro (rafles).

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Mardi 4 août, les migrant-es du centre d’hébergement de Joinville-le-Pont commencent une occupation contre les conditions dans lesquelles ils vivent. Les portes sont cadenassées pour empêcher les travailleurs sociaux d’Emmaüs de pénétrer dans les locaux et des banderoles sont affichées : « Please solve our problems » et « Nous voulons que le gouvernement prenne conscience de notre situation ». Plusieurs personnes du «collectif de La Chapelle en lutte » sont également présentes pour les soutenir. Quelques heures plus tard, ils obtiendront un engagement écrit sur leurs demandes.

Mardi 11 août, C’est au tour de ceux et celles du centre Pernety dans le 14ème arrondissement (foyer géré également par Emmaüs) d’entamer une protestation. Une grève de la faim commence, et face au mépris du personnel d’Emmaüs, ils/elles décident le lendemain d’occuper le hall d’entrée. Par peur d’une hémorragie, Emmaüs choisi cette fois d’appeler la police et quatre personnes venues en soutien sont arrêtées et placées en garde à vue. Accusées de séquestration par le personnel du centre, elles passeront en procès le 9 octobre et sont sous contrôle judiciaire. Mais cette action a payé aussi puisque les revendications des migrant-es ont été satisfaites dans les jours suivants.

Samedi 15 août, une manifestation est organisée, du lycée occupé à la place de la République, en solidarité avec le migrant-es, mais aussi pour demander la libération et l’arrêt des poursuites à l’encontre des quatre personnes poursuivies pour l’occupation du centre Pernety.

Samedi 22 aoûtà l’occasion de la manifestation de commémoration de l’expulsion de 300 sans papiers de l’église Saint-Bernard le 23 août 1996, des occupant-es du lycée Budé se sont joint aux collectifs de sans papiers dans le cortège qui a parcouru les rues du 18ème arrondissement. La manifestation est notamment passée par le métro La Chapelle et l’esplanade de la Halle Pajol, en signe de soutien à la lutte des migrant-es en cours.

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[Paris] Pour Emmaüs, la répression est plus forte que la solidarité !

Mardi 11 août 2015, plusieurs migrant-es logé-es dans un centre d’hébergement Emmaüs dans le 14ème arrondissement ont entamé une grève de la faim. Hébergé-es dans ce centre depuis le 29 juillet, jour d’une énième expulsion du campement de lutte de la halle Pajol, ils/elles revendiquent des meilleures conditions d’hébergement et une accélération de leurs démarches de demande d’asile.

Le lendemain, ils/elles ont appelé des personnes solidaires rencontrées pendant la lutte pour leur faire constater la situation dans laquelle ils/elles se trouvent. Face au mépris du personnel d’Emmaüs, les migrant-es ont décidé d’occuper le centre pour demander la venue du directeur de l’OFPRA, d’un responsable d’Emmaüs et de la mairie pour entamer une négociation avec eux. Pour toute réponse, ils/elles n’ont obtenu que l’intervention massive de la police.

Depuis le 2 juin 2015, la Mairie de Paris au fil de ses opérations d’évacuation, disperse les migrant-es dans différents centres d’hébergement en région parisienne. C’est la solution privilégiée des autorités, dont elle vante les mérites dans les médias. Or, les migrant-es ont rapidement déchanté. Certain-es ont même préféré revenir sur les campements retrouver une vie collective plutôt que de rester isolé-es et dispersé-es.

Dans les centres d’hébergement, les personnes y sont dépossédé-es de leur vie et n’ont pas prise sur leur quotidien : couvre-feu, repas imposés, interdiction des visites… Sous couvert d’humanitaire, les centres d’hébergement sont en fait un moyen de gestion et de surveillance des populations. Ils tendent à devenir un outil de contrôle et de tri des demandeurs d’asile. C’est une frontière supplémentaire de plus pour les migrant-es. Partout où se trouvent des migrant-es, l’État réinstaure des frontières. Comme dans d’autres pays européens, la France cherche à mettre en place l’enfermement des demandeurs d’asile. Un centre d’hébergement récemment ouvert est ainsi situé dans l’enceinte du centre de rétention de Vincennes.

Pour gérer ces centres, l’État délègue à des associations (Emmaüs, Aurore, France Terre d’Asile, Groupe SOS…) qui en échange reçoivent de généreuses subventions. Par exemple, en 2013 Emmaüs a touché 30 millions d’euros de subventions publiques. Derrière les bonnes intentions se cache le business de l’humanitaire. Plus une association se voit confier la gestion de places d’hébergements plus elle reçoit de l’argent. Ainsi, elles ne cherchent pas à résoudre les problèmes des personnes qu’elles prennent en charge, car sans celle-ci elles n’ont plus lieu d’être. Étant financées par l’État, elles sont en réalité le bras humanitaire du pouvoir dans la guerre aux indésirables.

Suite à l’occupation du centre et à l’intervention de la police le mercredi 12 août, quatre personnes ont été arrêtées et placées en garde-à-vue, accusées de séquestration. Après 48 heures au commissariat, elles ont été transférées au dépôt et placées sous contrôle judiciaire (interdiction de se voir) en attente d’un procès pour « séquestration » et « refus de se soumettre aux prélèvements biologiques » qui aura lieu le 9 octobre 2015.

Cette répression et ce contrôle judiciaire ont pour but de faire peur et d’isoler, mais la solidarité avec les migrant-es ne faiblit pas !

Liberté pour tous et toutes, avec ou sans papiers !

Communiqués des migrant-es du centre Pernety

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[Paris] Face à la pression policière : Solidarité !

Depuis quelques jours, les contrôles de police se multiplient à proximité du collège occupé par les migrant-es, situé rue Jean Quarré dans le 19e. Vendredi dernier (31 juillet 2015), une centaine d’exilés ont investi cet ancien collège désaffecté après avoir été évacué une énième fois de leur campement. Si la Mairie de Paris semble tolérer pour l’instant cette occupation d’un bâtiment lui appartenant, la préfecture elle ne relâche pas la pression. Partout où les migrants se regroupent et s’organisent, elle s’acharne à reconstituer des frontières par le biais de la pression policière. Jeudi 06 août dernier, deux opérations de contrôle ont lieu au métro.

Le lendemain, deux policiers sont venus parader devant le collège. Exhibant pour l’un son flash-ball, dans le rôle classique du flic méchant, pendant que l’autre, dans la figure du flic gentil, tentait d’expliquer aux habitants qui étaient accourus en nombre, qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, qu’ils n’étaient là que pour « faire une physionomie du lieu  » et qu’ils étaient totalement pacifiques. D’ailleurs, ne sont-ils pas des « gardiens de la paix  » ? Les mutilés du flash-ball apprécieront.
Au même instant, on apprenait qu’un nouveau contrôle de police avait lieu place des fêtes. Aussitôt, plusieurs camarades se rendent sur place et constatent qu’une équipe de flics pourchassent des gamins du quartier dans toute la station, l’un d’eux est à terre, les autres fuient à toutes jambes dans les escalators. L’une des camarades fait part de son étonnement aux flics et demande le motif du contrôle. « Réquisition du procureur !  » lui répond-on. Elle souhaite voir le document. Les policiers n’apprécient pas du tout une telle outrecuidance et elle n’obtient pour toute réponse qu’une « invitation » à monter dans la voiture de police, direction le commissariat Erik Satie.
Pendant près de trois heures, la camarade aura pu apprécier tout le charme et la finesse de la gente policière. Chacun de ses énergumènes lui faisant part de ses réflexions philosophiques profondes : « je ne peux pas faire de contrôles au faciès parce que je suis Noir ! » ; « c’est tout bonnement impossible parce que ma femme est béninoise et que d’ailleurs ce soir je mange un couscous  ».
Devant la pertinence de tels arguments, la camarade n’a pu que rester coite. Elle ressortira finalement avec une convocation pour une date ultérieure. Plusieurs camarades très rapidement informés de son interpellation, étaient venu-es l’attendre à la sortie du comico.

On aura au moins appris à cette occasion qu’en cette période estivale, deux réquisitions du procureur courent quotidiennement sur un périmètre énorme (18e, 19e, 10e) : de 14h à 18h et une autre en soirée. Réquisitions qui permettent aux flics de contrôler sans motif toute personne de leur choix !
Il y a quelques jours, le 4 août, une opération de police contre des vendeurs à la sauvette dans le quartier de Ménilmontant a conduit à la mort d’un gamin de 5 ans, qui s’est enfui en voyant la police arriver et a été percuté par un camion.

Face à la pression policière, aux rafles, aux frontières, solidarité !
Nous ne lâcherons rien !

(Guide Sans papiers s’organiser contre l’expulsion – Que faire en cas d’arrestation ?)

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