Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Turin] Feu aux CIE

Feu aux CIE

Après les images de Lampedusa – où les “hôtes” du CPSA (centre de premier accueil) sont mis en rang, nus, pour être désinfectés.

Après les images de Rome – où les “hôtes” du CIE ( centre d’internement et d’expulsion) ont eu à se coudre la bouche au fil et à l’aiguille pour faire entendre leur voix à Noël puis il y a quelques jours. Après les incendies des dernieres semaines dans le CIE de Turin, aujourd’hui détruit aux trois quart.
Après les déclarations, les enquêtes, les plaintes de ce dernier mois, personne ne peut plus ignorer que dans les centres pour sans papiers les “hôtes” ne sont pas hôtes mais prisonniers et que l’accueil qui s’y pratique est celui d’un lager. Personne, encore moins ceux qui savaient déjà et ont haussé les épaules, impuissants, ceux qui regardaient du balcon en souriant…

Ceux qui ont inventé , agrandi et soutenu les centres, qui ont flairé la bonne affaire et en ont profité font, en revanche, comme si de rien n’était. Ils feignent de n’être pas responsables de l’existence des centres en Italie, pour éviter d’être traités comme ils devraient l’être : Giorgio Napolitano et Livia Turco, Umberto Bossi et Gianfranco Fini, avec leurs amis d’hier et d’aujourd’hui ; La croix-rouge, Les Coopératives blanches ou rouge comme Auxilum et Connecting People, les Miséricordes. Même la poste Italienne, qui avec la compagnie aérienne mistral air a le monopole des transferts internes et des explusions vers l’afrique du nord.

Avant même que ne s’allument sur eux les projecteurs, les prisonniers des CIE ont su faire ce qui devait être fait : se révolter, s’échapper, détruire les cages dans lesquelles ils étaient retenus. Et c’est seulement grâce à eux qu’il ne reste sur pied que cinq CIE, elles-mêmes endommagées, brûlées et à fonctionnement réduit.

Les prisonniers, à l’intérieur, ont fait leur part, à nous, dehors, de faire la nôtre : les soutenir lorsqu’ils luttent, mais aussi ne pas laisser de répit à ceux qui ont inventé les CIE, à ceux qui les ont reformés, à ceux qui en ont fait un métier, à ceux qui s’enrichissent dessus. Sans attendre de voir quelles seront les promesses des parlementaires et des ministres, sans attendre les larmes de crocodole de quelques conseillers municipaux. Aujourd’hui plus que jamais, c’est le moment – dedans et dehors – de donner le coup de grâce pour qu’il ne reste des CIE qu’un tas de gravats.
Avant que, les projecteurs éteints, tous oublient les centres et ce qu’il se passe dedans.
Avant que tout ne redevienne comme avant.

Samedi 8 février – 16 heures
Rassemblement au cie
Corso Brunelleschi angle via Monginevro

traduit de macerie

[Italie] Ce qu’il en reste /2

28 janvier 2014

Après les incendies de la semaine dernière, il semble que la préfecture n’a pas l’intention de restructurer rapidement les sections endommagées du CIE de Turin. Les interventions des ouvriers qui s’occupent de la manutention, en fait, se limitent à l’administration ordinaire : changement des ampoules et des poignées, et jamais dans les chambres inutilisables.

La rumeur que font circuler les flics à l’intérieur est qu’il n’y aura pas de travaux et la Stampa même (quotidien national, ndt), disait il y a quelques jours la même chose, faisant plus ou moins ce raisonnement : chaque fois que les interventions sont terminées, le centre se remplit ; agents, flics et croix-rouge ne sont pas capables de garantir l’ordre quand le centre est plein, donc révoltes et incendies surviennent ; après la révolte on compte les dommages et les sections restructurées doivent fermer de nouveau ; pour ne pas continuer comme cela à l’infini, il vaut mieux ne pas réparer les dommages. Raisonnement convainquant, mis à part qu’en réalité les gardiens de l’ordre n’arrivent pas à le garantir même lorsque le centre est à moitié plein. Et en fait, ce qu’il se passe ces jours-ci c’est que les transferts vers d’autres centres sont très rapides et dépassent la nécessité de « donner un lit » à ceux qui n’ont plus d’endroit où être, surtout qu’à l’intérieur aujourd’hui il y a « seulement » quarante cinq retenus. En somme : il semble que la préfecture soit doucement en train de vider Corso Brunelleschi. En plus des transferts, les fonctionnaires du bureau de l’immigration ont organisé plusieurs expulsions, et parmi les personnes déportées il y a celui accusé d’avoir réalisé une vidéo la semaine dernière. Nous voudrions vous dire que le CIE de Turin est en train de fermer lentement, mais nous ne pouvons en être surs.

A Rome, entre les grèves de la faim et les bouches cousues, les choses ne vont pas beaucoup mieux pour les petits Eichmann du ministère. Les retenus sont moins de cent, pour une capacité théorique de trois cent soixante et les trois sections détruites sont là, abandonnées à elles même. Aujourd’hui les retenus qui se sont cousus la bouche ont été convoqués par les responsables du centre : ils leur ont annoncé que demain le consul marocain viendra pour les identifier, et, selon sa réponse ils seront soit expulsés, soit détenus encore, soit enfin libérés mais avec une obligation de quitter le territoire à la main. Dans Ponte Galeria, maintenant, il y a plusieurs transférés suite aux incendies de corso Brunelleschi, qui nous racontent à quel point les flics et les militaires romains sont particulièrement attentifs et prévenants avec eux : évidemment, ils craignent la contagion des révoltes récentes de Turin.

A Caltanissetta en revanche tout est tranquille, comme peut être tranquille un centre pour sans-papiers, et signalons que c’est le seul CIE italien qui fonctionne à plein régime, avec une centaine de prisonniers. Aujourd’hui ont eu lieu des visites de journalistes, nous verrons s’il en sortira quelques récits intéressants. Trapani et Bari, comme vous le savez sont les prochains à fermer pour restructuration et à Trapani – où cent trente personnes sont retenues pour deux cent quarante places théoriquement disponible – court le bruit d’une évasion jeudi dernier.

Pour une compréhension plus complète de la situation des CIE en Italie écoutez, si vous avez un peu de temps (et que vous comprenez l’italien, ndt) cette petite présentation faite hier par l’un de nos rédacteurs sur les ondes de Radio Onda d’Urto

 

traduit de macerie

[Turin] Perturbation de la croix-rouge

Le 13 janvier 2014. Alors que les « croix-rougiens » de Mappano [Banlieue de Turin, ndt] se préparent à haranguer une vingtaine d’aspirants bénévoles, un fait inattendu se produit. Un groupe de solidaires avec les luttes de retenus dans les CIE entre dans la salle : En voilà un qui déroule une banderole, un autre commence à distribuer des tracts, d’autres racontent à tous les présents l’autre visage de la Croix-Rouge, celui qui depuis des années collabore à la gestion des prisons pour sans-papiers. Les  Croix-rougiens deviennent nerveux rapidement et ne savent pas quoi faire : l’un voudrait ne pas répondre et sortir les manifestants, un autre propose de les bloquer jusqu’à l’arrivée des flics. Après une dizaine de minutes les contestataires s’en vont en toute tranquilité.

traduit de macerie

[Italie] Trapani-Milo ferme aussi? – 16 janvier 2014

« Il faut savoir que durant les travaux, programmés pour février, la structure va fermer pour des raisons de sécurité« . C’est avec ces mots que Leopoldo Falco, préfet de Trapani, a annoncé la fermeture prochaine du CIE de Trapani Milo. C’est un site d’information local qui diffuse la nouvelle, reprenant les mots du préfet avec quelques jours de retard. Ces déclarations datent en fait de la fin de la semaine dernière, et ont été lâchées en marge d’un séminaire sur l’immigration organisé par le comité régional sicilien de la Croix Rouge. Son  excellence le préfet a fait l’honneur de sa présence à une flopée de « croixrougiens », prêtres, syndicats, docteurs et juristes, tous assis autour d’une table pour discuter aimablement de la gestion du problème des sans-papiers.

Revenons-en à la fermeture pour restructuration, il n’y a pour l’instant aucune date officielle pour le commencement des travaux. Mais il est clair qu’ils dureront quelques mois, vu que l’on parle de travaux imposants pour lesquels ont déjà été dépensés 600 000 euros. Pour l’instant il n’y a pas de précisions, on parle généralement de rehausser les murs et les clôtures et de déplacer les disjoncteurs électriques actuellement à portée de main des retenus qui les ont souvent sabotés pour créer un peu de chaos et faciliter les évasions. Ces travaux serviront donc à améliorer la sécurité dans le centre, à éviter de nouvelles révoltes et évasions, pour faire en sorte que le centre de Trapani Milo « ne soit plus le théâtre de guerrillas quotidiennes avec affrontements au corps à corps » comme le dit le préfet lui-même.

Paroles assurément claires, qui devraient faire douter ceux, nombreux, qui ont vu d’un bon œil la décision d’un juge de Bari d’imposer à la préfecture locale « des travaux de restauration urgents pour garantir les conditions minimales des droits de l’homme » dans le centre de Bari Palese. Comme vous le savez, tout ceci avait commencé par des avocats qui demandaient à un magistrat de fermer le centre pour préjudice aux droits de l’homme. Aujourd’hui le magistrat, en vertu de sa propre idée des droits de l’homme, leur a donné raison donnant l’ordre péremptoire de… agrandir les toilettes, rajouter des salles communes et mettre des rideaux aux fenêtres. Et comme les préfets ont une idée bien à eux des droits de l’homme, nous sommes sûrs qu’ils ne manqueront pas de proposer des murs plus hauts, des barreaux plus solides, des caméras, des canons à eau et des cellules d’isolement lorsqu’il s’agira pour eux de s’impliquer dans la restructuration du centre.

Enfin, pour revenir au centre de Trapani, le renoncement du consortium de coopératives Glicine à gérer le centre est à signaler. Il avaient gagné l’appel d’offre au rabais du mois dernier, et il y renonce aujourd’hui mystérieusement. Jusqu’à la prochaine fermeture pour travaux de restructuration et dans l’attente d’un énième gestionnaire, ce sera l’infâme Coopérative Oasi qui en aura la charge.

 traduit de macerie

[Turin] Rassemblement au CIE – 18 janvier 2014

Avant que tout ne recommence comme avant

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Après les images de Lampedusa – où les « hôtes » du CPSA (centre de premier accueil) sont mis en rang, nus, pour être désinfectés.

Après les images de Rome – où les « hôtes » du CIE ( centre d’internement et d’expulsion) ont eu à se coudre la bouche au fil et à l’aiguille pour faire entendre leur voix.
Après les déclarations, les enquêtes, les plaintes de ce dernier mois, personne ne peut plus ignorer que dans les centres pour sans papiers les « hôtes » ne sont pas hôtes mais prisonniers et que l’accueil qui s’y pratique est celui d’un lager. Personne, encore moins ceux qui savaient déjà et ont haussé les épaules, impuissants, ceux qui regardaient du balcon en souriant…

Ceux qui ont inventé , agrandi et soutenu les centres, qui ont flairé la bonne affaire et en ont profité font, en revanche, comme si de rien n’était. Ils feignent de n’être pas responsables de l’existence des centres en Italie, pour éviter d’être traités comme ils devraient l’être : Giorgio Napolitano et Livia Turco, Umberto Bossi et Gianfranco Fini, avec leurs amis d’hier et d’aujourd’hui : La croix-rouge, La Ligue des Coopérative, Connecting People et les Miséricordes.

Avant même que ne s’allument sur eux les projecteurs, les prisonniers des CIE ont su faire ce qui devait être fait : se révolter, s’échapper, détruire les cages dans lesquelles ils étaient retenus. Et c’est seulement grâce à eux que des douze CIE italiens il ne reste sur pied que six structures, elles-mêmes endommagées, brûlées et à fonctionnement réduit.

Les prisonniers, à l’intérieur, ont fait leur part, à nous, dehors, de faire la nôtre : les soutenir lorsqu’ils luttent, mais aussi ne pas laisser de répit à ceux qui ont inventé les CIE, à ceux qui les ont reformés, à ceux qui en ont fait un métier, à ceux qui s’enrichissent dessus. Sans attendre de voir quelles seront les promesses des parlementaires et des ministres, il faut donner – dedans et dehors – le coup de grâce pour qu’il ne reste des CIE qu’un tas de gravats.
Avant que, les projecteurs éteints, tous oublient les centres et ce qu’il se passe dedans.
Avant que tout ne redevienne comme avant.

Samedi 18 janvier – 16 heures. Rassemblement au CIE – Corso Brunelleschi à l’angle via Monginevro

 

traduit de macerie

[Italie] Modène ferme (mais pas Milan) – 29 décembre 2013

La préfecture vient de l’annoncer, le CIE de Modène ne rouvrira pas ses portes. Ouvert en 2002, il a été fermé pour restructuration après les révoltes destructrices de cet été.

À Milan le centre aussi ferme ses portes, mais temporairement, pour restructuration. Inauguré le 8 septembre dernier par des incendies alors qu’il venait d’être restructuré, il ne restait plus que 28 places sur 132 en novembre suite aux révoltes (ici et ). On ne sait pas quand il rouvrira mais ce qui est sûr c’est que la croix-rouge n’en aura plus la gestion. Un comité d’évaluation est en train d’étudier les meilleurs offres parmi les différentes coopératives et associations qui se proposent pour reprendre la gestion (celle qui offre le plus bas prix par retenu).

Reformulé depuis la presse italienne republiée sur macerie

[Italie] Seaux de peinture à Turin, Rassemblement à Rome, révolte à Bari – 25 décembre

Pour l’instant, la protestation au centre de Corso Brunelleschi s’est affaiblie. Entre hier soir et ce matin, les retenus ont recommencé à manger, tandis que nous n’avons pas de nouvelles précises de la nigériane accusée d’avoir mordu un agent puis transférée à l’isolement. Dans une des sections masculines, en revanche, un retenu a mangé des piles pour protester :  il a été conduit aux urgences, ou on lui a administré des comprimés, puis ramené au centre. Dans le même temps, quelqu’un a pensé à rendre visite au siège régional de la croix rouge, via Bologna : tag et seaux de peintures en solidarité avec les retenues tapées par les agents avant-hier – cela pour dire, évidemment que les responsables de l’obscénité des CIE peuvent se trouver toujours et facilement.

À Rome, en revanche, après les bouches cousues et les transferts forcés, pour demain on annonce un rassemblement devant les murs du cie de Ponte Galeria à 17h.

Quant aux protestations et aux révoltes, pendant ce temps le relais est passé à Bari-Palese, ou une belle tentative d’évasion de masse s’est transformée en révolte, durant la quelle un groupe de retenus a d’abord inondée une section puis enflammé matelas et meubles. De ce qu’en dit la préfecture la situation est maintenant tranquille, aussi parce que les forces de l’ordre sont rassemblées en masse à l’extérieur du centre. Il n’y a pas eu d’arrestation même si, de ce que disent les flics, les actions de certains révoltés sont « à l’étude » par les enquêteurs.

source macerie

[Turin] Retenues tabassées à Brunelleschi – 23 décembre 2013

Retenues tabassées à Brunelleschi

Avec pour prétexte l’agression d’une opératrice de la Croix-Rouge et d’un inspecteur de police, les agents de garde du CIE de Turin sont entrés ce matin dans la section pour femmes – appelée section verte – pour frapper les retenues. Pour protester contre la violence de la police, les retenus des sections pour hommes ont refusé le déjeuner et entamé une grève de la faim.

Mise à jour 22h : Quelques nouvelles plus précises, sur les événements de ce matin. Le présumée responsable de la morsure de l’agent est une jeune nigériane, et le tabassage a pris pour cible prioritaire les retenues de cette même nationalité, pendant que les autres prisonnières étaient laissées dans un coin. Malgré cela, la réaction a été compacte et immédiate dans tout le centre : les détenus ont commencé à brûler différents objets en protestation, et tous ensemble ont décidé la grève de la faim, qui a duré toute la journée.

Aux alentours de 19h, la police a de nouveau fait irruption, matraques à la main, dans la section féminine pour prélever la jeune femme et la placer à l’isolement. Quelques minutes plus tard, un groupe de solidaires s’est matérialisé sous les murs du centre, avec fumigènes et pétards, pour apporter leur soutien aux retenus en grève de la faim. Une dizaine de minutes de cris et pétards auxquels les retenus ont répondu bruyamment, recommençant de nouveau à allumer de petits incendies – immédiatement éteint par la police avec les canons à eau. Pour le moment, dedans, tout est tranquille, mais les retenus ont annoncé pour demain leur intention de continuer la grève.

Écoutez en italien une intervention sur Radio Blackout.

Traduit depuis Macerie

[Modène] Lettre des trois compagnons en procès suite au rassemblement devant le CIE – 22 novembre 2013

Trois compagnons ont été arrêtés en juin dernier, à Modène pour tentative d’incendie au terme d’un rassemblement devant le CIE. Libérés quelques jours plus tard, ils sont depuis 5 mois soumis à l’obligation de rester sur le territoire de leur commune de résidence ou de celle de leurs parents, et ont écrit une lettre que nous publions. Pendant que nous y sommes nous vous signalons que dimanche prochain à Modene se tiendra un rassemblement de solidarité avec eux.

« Le 16 juin dernier ils nous ont arrêtés à bord d’une auto appartenant à l’un d’entre nous rue Ciro Menotti, à Modène. ils nous ont perquisitionné sur le moment, relevant qu’il y avait des habits sombres dans nos sacs et deux paires de gants, un couteau à cran d’arrêt et un de cuisine dans la voiture. Emmenés à la préfecture, nous avons été accusés de « tentative d’incendie », après un rassemblement de solidarité aux détenus du CIE, défini par les enquêteurs comme un acte militaire réalisé devant la structure par une vingtaine d’encapuchonnés vêtus de noir. Parmi ces derniers, le chef (chef car il est habillé différemment des autres) aurait tiré avec un « pistolet lanceur de roquettes » (mortier, NdT) une dizaine de coups en direction des militaires, lesquels, pour « éviter le pire » auraient dû se cacher derrière une Jeep. Un de ces tirs aurait incendié la haie autour du poste de garde de la structure; éteint par les pompiers peu de temps après, ce feu aurait endommagé l’installation lumineuse externe de la structure.

En juillet le tribunal de rééxamen a modifié les quatre accusations, nous inculpant pour  » vandalisme pluri-aggravé en réunion » avec des inconnus. Les fait aggravants :  le fait que la structure soit publique, et la violence sur les personnes. Depuis le 16 juin le procès a été reporté deux fois et nos nombreuses requêtes de révocation des obligations de rester sur le territoire de la commune de résidence avec restrictions nocturnes imposées par la juge Manuella Cortelloni n’ont servi à rien.
Ceci est le cadre du procès monté par la préfecture et soutenu par le magistrat. Nous avons voulu en faire la description pour vous expliquer comment les flics peuvent transformer un rassemblement de solidarité en quelque chose qui leur sert à réprimer les parcours conflictuels et de soutien/solidarité réels  De cette manière les seuls parcours légitimes « contre » les Centres d’identification et d’expulsion sont ceux de l’indignation contre la violence policière sur les immigrés impuissants, pétitions au président de la chambre des députés, ou demande d’une quelconque réforme plus juste; Ceci dans le but d’éviter qu’une critique des CIE puisse être une aversion pour le système qui les génère et les remplis.

Les CIE de Modène, Bologne, Crotone, Brindisi, Catanzaro,Trapani sont à présent fermés grâce aux révoltes continues des migrants détenus, qui coup par coup ont rendu les structures inutilisables. Nous pensons que ceux qui se battent depuis des années contres ces camps de concentration ne peuvent pas s’attribuer le fait d’en avoir fermé certains; mais nous pouvons sûrement nous attribuer le mérite d’avoir donné force et espérance aux détenus, d’avoir cherché à rompre l’isolement entre ceux dedans et ceux dehors, faisant sortir leurs récits, ou faisant entrer notre soutien, d’avoir mis des bâtons dans les roues de ceux qui cherchent à se faire de l’argent et à gagner du pouvoir sur la peau des retenus : Miséricorde, Croix rouge, Coopératives sociales, police, armée … de ne pas être restés à regarder.

 Après les milliers de personnes mortes noyées dans la méditerranée, échouées sur les côtes de la Sicile ou prises dans les tempêtes, l’Etat nous fait voir son visage le plus hypocrite et dangereux, d’un côté il cherche à gagner le consensus à travers la propagande la plus vulgaire : funérailles d’état, direct TV, pitié mass-médiatique… de l’autre il renforce Frontex ( la police aux frontières européennes), restructure et surveille les CIE fermés, continue les expulsions, utilise des drones et des destroyers pour intercepter les barques en approche, construit des énormes radars pour surveiller en détail la côte sud-européenne (MUOS).

Ce sont des évidences qui nous mènent à penser que la lutte contre les camps, les expulsions et le monde qui utilise ces moyens pour s’enrichir et dominer, sera encore longue. En conséquence, une énergie toujours renouvelée doit être attribuée à l’attaque, pour continuer à frapper les ennemis de la liberté et de la justice là où ils sont le plus à découvert, où leurs contradictions les plus exacerbées peuvent devenir des foyers de révolte, individuelle ou non.

Nous pensons que la solidarité ( reçue en abondance et appréciée ces derniers mois de restrictions carcerales), en plus d’avoir une forte valeur humaine,  est pour les anarchistes une des meilleures voie pour redonner de la force aux parcours conflictuels, toujours avec un regard constructif et critique sur les parcours passés, pour trouver des méthodes toujours plus incisives.

Andrea, Gabriele, Sabbo»

macerie @ Novembre 22, 2013

[Italie] Effondrements – 20 novembre 2013

Il y a deux semaines a été détruit le centre de Gradisca. C’est le septième à fermer en Italie. Cela peut sembler évident mais il est préférable de le préciser avant que quelques politiciens plus ou moins sinistres*  ne pensent à s’attribuer le mérite de ce qu’ils n’ont pas fait : ces centres ont été  formellement  fermés parce qu’un fonctionnaire ministériel en a ordonné l’évacuation, mais factuellement ils ont été détruits par le feu des révoltes des retenus. Sept centres sur treize sont fermés, et on ne peut pas dire que ceux qui restent se portent à merveille. Considérant la vitesse à laquelle ils tombent en morceaux, on pourrait affirmer que la machine à expulser est proche de l’écroulement  En voulant être sincères, si l’on doit parler d’écroulement, il y aurait besoin de dire quelque chose aussi de l’écroulement qui semble avoir touché les divers mouvements qui, ces dernières années, ont soutenu les luttes des retenus. Alors que l’on est dans un des moments les plus forts et les plus incisifs en terme de lutte à l’intérieur, à l’extérieur rien ne bouge. Il serait important de tenter quelques raisonnement propositifs, mais nous laissons ces pensées temporairement de côté. *( jeu de mot avec sinistra (gôche), NdT)

La machine à expulser est clairement en crise, et il n’y a pas besoin d’être spécialiste en philosophie politique pour comprendre que derrière chaque soit-disante crise se cache la possibilité d’une restructuration. Il pourrait sembler qu’au ministère de l’intérieur on se tourne les pouces mais il est quasiment certain qu’ils pensent et préparent quelque chose. Les nouvelles officielles à ce propos sont peu nombreuses, mais nous savons par exemple que les centres de Modène et de Bologne pourraient rouvrir l’année prochaine. En plus, il y a toujours en jeu la construction de deux nouveaux centre à Santa Maria Capua Vetere (Casert) et à Palazzo San Gervasio (Potenza). Ouverts en toute hâte il y a deux ans et demi durant le plan « urgence afrique du nord » (suite aux révolutions arabes, NdT) et restés en fonction seulement quelques mois, ils devaient rouvrir avant la fin de l’année, mais depuis que le gouvernement a lancé les appels d’offre et la collecte de fonds pour la restructuration on n’en a plus entendu parler.

Comme chaque restructuration qui se respecte, celle des CIE n’est pas seulement une question de contrats pour savoir qui construira les murs, les grillages et les barreaux. Chaque dispositif répressif a aussi besoin d’idées et de théories sur lesquelles se baser et se renouveler et sur ce front les choses sont en train de bouger. En mars 2013 a été publiée une proposition de réforme des CIE écrite par Connecting People et la Fondation Xenagos. Fatigués de recevoir de continuelles «  attaques sur plusieurs fronts, les qualifiant notamment de tortionnaires redoutables » Maurino et cie ont mis noir sur blanc leurs idées pour une « réforme copernicienne » de la machine à expulser. Parmi les propositions les plus inquiétantes il y a celle d’obliger les retenus à travailler, une nouvelle qui transformerait les CIE en réels camps de travail, au profit de ceux qui les gèrent. De son côté, après une campagne désormais décennale, la croix rouge est obligée d’abandonner pour l’instant les jeux de mots autour de sa prétendue impartialité et à finalement découvrir la différence entre les concepts d’ « accueil » et d’ « expulsion ». Il y a six mois a aussi été publié un document programmatique sur les CIE, un long travail d’analyse sur la condition des centres rédigé par une commission de bureaucrates du ministère de l’intérieur. Obsédés par la rationalisation de la machine à expulser, jugée coûteuse et inefficace mais surtout mise à rude épreuve par les « épisodes, actuels ou potentiels d’insurrection ou de dégradations graves », les fonctionnaires ont mis au point des propositions. Pour garder sous contrôle une situation leur ayant déjà échappé des mains trop souvent, le ministère étudie « la création d’un corps de professionnels, à qui confier la gestion des activités impliquant un contact direct avec les hôtes du centre ». Des équipes de para-matons privés. Pour le comprendre il suffit de lire comment le ministère s’imagine ce nouveau corps  : « opérateurs spécialisés, préparés à l’aide de formations spécifiques et d’entraînements, organisés avec la contribution de l’administration pénitentiaire, qui seront aux côtés des forces de l’ordre ». Dans le projet des bureaucrates l’intégration de la machine à expulser à l’intérieur du circuit carcéral ne se limiterait pas seulement à l’entraînement de gardiens, mais inclurait également « la création d’une structure mixte (à l’intérieur des prisons), composée par du personnel de l’administration pénitentiaire et de la police d’état » afin d’identifier les détenus sans-papiers. Un projet qui est aussi soutenu, depuis quelques temps, par des partisans de la fermeture des centres. L’une d’entre eux est Serena Pellegrino, écologiste et libérale de gauche qui, dans la foulé des révoltes de Gradisca a demandé des modifications législatives qui permettront « l’identification des très nombreux détenus sans-papiers, durant la période d’incarcération ».

En attendant de savoir ce qui adviendra dans les prochaines semaines à l’intérieur, hors et autour des CIE voyons où en sont les six restés ouverts.

Milan. Restructuré il y a moins de trois mois, après une série de travaux qui auraient dû améliorer les niveaux de sécurité et empêcher les révoltes, le centre est de nouveau pratiquement détruit et il n’y reste que vingt-huit places. Après la dernière révolte et en vue du renouvellement de l’appel d’offre de gestion, la croix rouge a décidé de pleurer misère et de hausser le ton : évidemment la gestion d’un CIE est devenue une affaire toujours moins intéressante en terme d’image et de rentabilité.

Turin. Le centre est à moitié détruit : une section entière est fermée, les cinq autres sont toutes plus ou moins sérieusement endommagées et il ne reste donc dans la structure que 98 places. Les dégradations les plus conséquentes datent de juillet dernier, lorsque a été détruite et incendiée la section blanche, fraîchement pensée et restructurée comme section anti-émeutes. Comme à Milan, à Turin aussi la gestion est depuis longtemps confiée à la croix rouge et l’appel d’offre tombera au printemps prochain.

Rome. On n’a plus de nouvelles du centre de Rome depuis la grande révolte de février dernier, quand le feu détruisit une grande partie du centre et des grilles d’enceinte les rendant pratiquement inutilisables pour plusieurs jours. L’absence de nouvelles est un signe évident que la gestion par la coopérative Auxillium porte ses fruits en réduisant au silence à grand renfort de sédatif les protestations des retenus. Une gestion plébiscitée un peu partout : parmi ceux qui estiment la coopérative nous trouvons beaucoup de fonctionnaires du ministère, même ceux qui sont connus comme fabulateurs de gauche.

Bari. Les dernières protestations significatives remontent à deux ans, mais l’œuvre de destruction du centre par les retenus a sûrement continué sans relâche bien que l’on n’ait pas de nouvelles. Le CIE est à moitié détruit et un groupe d’avocats a lancé une class action pour contraindre le préfet à acter qu’il ne reste que 112 places dans le centre. Depuis six mois la gestion du centre est confiée à Connecting People, les collègues de ceux qui géraient jusqu’à il y a deux semaines, le centre de Gradisca.

Caltanissetta. Après un été bouillant de révoltes et d’évasions, un des trois pavillons du centre a été définitivement fermé en septembre. Il n’y reste donc plus que 70 places. Depuis octobre la gestion a été confiée à la coopérative Auxillium, la même qui gère le centre de Rome. Malgré les compliments récents de l’évêque monseigneur Russotto et d’un groupe de parlementaires grillini (adeptes de Bepe Grillo, mouvement 5 étoiles, NdT) il est suffisamment évident que les nouveaux gestionnaires n’ont pas la situation sous contrôle : il y a eu au moins trois tentatives d’évasion accompagnées d’affrontements avec la police le mois dernier.

Trapani Milo. Immergé dans la campagne trapannaise, éloigné des centres résidentiels, il est renommé pour être le CIE des évasions. Même si la police a tout essayé, allant même jusqu’à couper les lacets de chaussures aux retenus, la moitié des retenus qui passent par là arrivent à s’en échapper. Dans la tentative de mettre fin à cette situation le ministère a récemment débloqué plus de 600 000 euros pour sécuriser le centre et le préfet a révoqué la gestion à la coopérative Oasi, lançant un nouvel appel d’offre. Pourtant, en masse comme en petit groupe, on continue toujours à s’enfuir du centre de Trapani.

 source : macerie