Sans Papiers Ni Frontières

Icon

Contre les frontières et leurs prisons

[Gradisca] « Nous avons rompu l’acier pour voir le ciel »

12 mai 2014. Après 9 mois de coma artificiel, un des deux retenu qui était tombé du toit du CIE de Gradisca le 28 août dernier est mort ce 30 avril. Il s’appelait Mejid, il avait 35 ans et arrivait du Maroc. Entre-temps, le CIE de Gradisca a fermé ses portes depuis novembre, après l’énième vague de révolte et d’incendie. Macerie a interviewé au téléphone un compagnon de rétention et de lutte de Mejid, pour se souvenir de lui et de tous les autres, de leurs révoltes contre les brimades et les coups de la police, pour la liberté. Et pour se rappeler que les responsables du consortium  Connfuocoaicieecting People (qui gérait le CIE de Gradisca, ndlt) sont toujours là, un peu fatigués, mais toujours sur la bonne voie dans la gestion des affaires de l’emprisonnement et des expulsions.

Pour écouter l’interview (en italien) : ici.

Des CIE et des prisons, qu’il n’en reste que des ruines !

Traduit depuis Macerie

 

[Italie] Milan rouvre, GEPSA gagne l’appel d’offre.

15 avril 2014. Après trois mois et demi de restructuration, suite aux incendies et révoltes de novembre dernier, le CIE de milan devrait rouvrir. Le préfet a en effet accepté la proposition de GEPSA, entreprise française filiale de GDF-Suez pour gérer la structure, les cellules et la cour et l’association culturelle d’Agrigento Acuarinto pour « gérer » les détenus. Ces deux gestionnaires recevront 40€ par jour et par détenus, sachant que 140 places seront disponible en théorie cet été. GEPSA est connue en France pour sa gestion des prisons, et cela fait des années qu’elle essaie, avec plus ou moins de réussite, de rentrer dans le bizness de « l’accueil des étrangers » en Italie. GEPSA désire en effet gèrer le CARA de Castelnuovo di Porto (à Rome) ainsi que le CIE de Gradisca où ils reprendraient leurs fonctions après une année de gestion par Connecting People.

[Trapani Milo] Quand la police frappe, la Croix Rouge arrive

31 mars 2014. Encore des tensions au CIE de Trapani Milo. Comme ils l’ont déjà fait il y a peu, les retenus ont escaladé la première rangée de grillage pour exiger des produits de première nécessité qui ne sont plus disponibles depuis que la coopérative Oasis, qui gérait le centre, est partie. S’en suit un affrontement avec la police durant lequel un flic en tenue anti-émeute assène un coup de boule à un retenu, lui cassant le nez. L’affrontement s’arrête lorsque le directeur des matons du centre se ramène et promet de « faire un rapport sur ce qui s’est passé » et que pour ce qui est de la gestion du centre « demain arrive la Croix-Rouge ». Ce n’est pas un poisson d’avril mais un mandat direct du préfet Falco, confirmé par quelques journaux locaux.

Traduit de Macerie

[Caltanissetta] Nuit de tension au CIE

25 mars 2014. Nuit de tension à Caltanissetta. Vers trois heures une quarantaine de détenus ont tenté de se faire la belle. Tandis que certains escaladaient les clôtures, d’autres tenaient les militaires en respect, leur lançant des pierres et endommageant leurs voitures. Malheureusement, flics, militaires, préfecture et coopérative auxilium ( gestionnaire du centre) ont conjointement empêché l’évasion, certains usant de la force d’autres négociant une trêve avec les retenus. D’après les médias, il n’y aurait pas eu de blessés.

reformulé depuis la presse via macerie

 

[Turin] Les spécialistes

22 mars 2014. Comme l’enseignait le vieux Eichman, le bon fonctionnement d’une déportation est aussi une question de logistique : faire correspondre les déplacements des troupes d’escorte, la disponibilité de la juste masse des prisonniers et des moyens de déplacement adéquats, avec le fonctionnement des infrastructures générales de transport; sans oublier les cartes à timbrer, l’encre pour les timbres et les fonctionnaires compétents. Donc en quelques jours les spécialistes aux ordres de l’impérissable vice-prefet Rosanna Lavezzaro se sont beaucoup impliqués pour faire participer le CIE de Corso Brunelleschi à une énorme déportation de nigérians organisé au niveau européen. Un seul vol charter qui part d’une quelconque capitale du Nord et qui tourne parmi les pays de l’union pour embarquer des passagers forcés : la dernière étape, habituellement, est Rome, où convergent les prisonniers des CIE italiens, direction Lagos.

Tout semblait prêt mais dimanche survient l’obstacle : après une semaine d’incendies, un des modules où sont emprisonnés certains des futurs déportés est donné au feu. Cette fois, il y a une caméra qui capture la scène tant bien que mal, le matériel pour effectuer quelques arrestations existe donc… mais que se passe-t-il? les arrêter voudrait dire leur faire perdre leur avion qui est prévus depuis des jours et bien organisé,  et le consul avait même finalement mis son cachet… les hommes de la Lavezzaro auront eu quelques doute, il rumineront quelques heure en compilant les procès verbaux et en effectuant les reconnaissances, mais au final, ils prendront la décision que tous s’attendent de la part de flic et emmènent six  nigérians à la Vallette ( prison de Turin, ndt)

Le hasard, cependant, joue un tour aux spécialistes, lors de l’audience de validation, le juge se rend compte que trop de temps s’est écoulé entre le feu et l’arrestation: manque le flagrant délit, et les six sont libérés. « Mais comment ça , ils nous autorisent à mettre des caméras et quand ils sont filmés ils ne les emprisonnent pas ? » semble s’être exclamé fort un des flics au terme de l’audience. Pour remédier à leur déconfiture, nos petits Eichman réussissent, au dernier moment et après un rapide passage à la préfecture, à rattraper le temps perdu et à embarquer quatre des six dans un vol pour Rome, surchargé et rempli des autres nigérians qui étaient restés à Corso Brunelleschi. Des arrêtés de lundi, trois seulement sont retournés aux CIE : Deux des nigériens, qui avaient fait une demande d’asile et qui ne peuvent donc pas être déportés pour l’instant, et un Tunisien – qui a été arrété pour un autre incendie pour lequel le juge a validé l’arrestation mais relâché immédiatement. Tous les trois devront comparaître demain en face du juge de paix qui validera de nouveau leur incarcération au CIE. Plus personne n’est à la Vallette, donc.

Dans le CIE semi-détruit, donc, il ne reste aujourd’hui qu’une trentaine de personnes : les femmes qui occupent l’unique section encore entière, représentant la moitié des détenus, tandis que les hommes sont installé entre une chambre de la bleue et la salle a manger de la violette. Cependant, pour revenir aux procédures des spécialistes des déportations, nous devons souligner que, même si personne ne sait qui la semaine passée a été un candidat pour gérer le Centre, la préfecture a annoncé que, contrairement à la coutume, ce sera un comité formé pour évaluer les offres, composé en sus de ses propres agents, de policiers. Donc, pour choisir de confier la gestion du Centre de la Croix-Rouge militaire ou à un nouveau venu il y aura aussi … Rosanna Lavezzaro, qui a des compétences reconnues en matière de fonctionnement des centres. Nous vous signalons également les noms des hommes du préfet qui composent la commission, pour laisser une trace à la postérité: Joseph Zarcone, directeur du groupe II, Valeria Sabatino, vice-préfet, et officier Donatella Giunti, fonctionnaire employé au procès-verbal.

traduit de macerie

[Bari – Trapani] Protestations

20 mars 2014. Le CIE de Bari Palese revient sur le devant de la scène. Malgré les annonces de décembre dernier, le CIE continue à fonctionner. Aujourd’hui les retenu ont finalement compris pourquoi la bouffe est à ce point dégueulasse : les ouvriers de Connecting People ( coopérative gérant le CIE, ndt) ne regardent pas les dates de péremption si bien qu’au déjeuné de la ricotta périmée depuis quatre jours à été servie. La nourriture a été jetée et ça a donné lieu à une protestation vivace, avec les portes de sécurité claquées bruyamment, des dégradations et l’intervention de la police et de la brigade marine San Marco. La nourriture qui a été apporté dans la soirée, ensuite, a été simplement retiré de l’emballage avant d’arriver dans les sections, ce qui rend impossible aux détenus d’en contrôler la fraîcheur : évidemment les détenus n’ont plus confiance, ils ont donc refusé de nouveau de manger en masse. Les autres plaintes sont les habituelles qui arrivent de Bari et de tous les centres italiens en général : peu de douche en fonction (une pour vingt-huit prisonniers, dans la section que nous avons contacté), pas de possibilité de faire le ménage, les soins de santé pire que précaire.

De leur côté les retenus de Trapani Milo ont de nouveau escaladé les clôtures. Alors qu’ils étaient rentrés après que certains fonctionnaires leur avaient promis qu’aujourd’hui arriverait un « camion » plein de produits de premières nécessité ( papier toilette, sacs poubelles, produits ménagers) qui manquent dans le centre depuis plus d’une semaine : ils sont resortis aujourd’hui, lançant les poubelles qui se sont accumulés ces derniers jours, parce que le « camion  » est arrivé et les retenus ont découvert que c’était un gros foutage de gueule : 10 rouleaux de papier toilette pour quarante personnes, quelques bouteille de shampoing. Après avoir reçu encore quelque promesses, les retenus sont re-rentrés, mais ils sont prêts à reprendre la protestation dès demain

traduit de macerie

 

[Turin] Les CIE se ferment … avec le feu

Ces dernières deux semaines, incendie après incendie, les retenus du centre pour immigrés sans-papiers de Turin ont détruit quasiment toutes les cages qui les maintenaient prisonniers.

La préfecture a été contrainte d’en libérer une quinzaine, mais ensuite elle a contre-attaquée multipliant arrestations et expulsions.

Retournons au CIE pour faire entendre à ceux encore enfermés notre solidarité avec ceux qui se rebellent.

Dimanche 23 mars2014, 18 heures, rassemblement au CIE

traduit de macerie

[Turin] Un rassemblement et un nouvel incendie


cri_blindata.jpg

15 mars 2014. Recouverte de tags et complètement encerclée par les CRS, GM, flics en civil et même vigiles urbains : voilà à quoi ressemblait, cet après-midi, le siège régional de la croix rouge piemontaise pendant le rassemblement en soliarité avec la lutte des prisonniers de corso Brunelleschi.

On put y voir, deux heures durant, cinquante ennemis des expulsions, plusieurs banderoles, du boucan, des prises de parole au micro et une belle serie de témoignages enregistrés depuis l’intérieur illustrant ce que font vraiment les croixrougiens dans les Centres. Au bout d’une heure, une bonne nouvelle vint réchauffer le coeur des personnes présentes : un coup de téléphone de corso Brunelleschi annonce en direct qu’après les incendies de dimanche dernier deux autres cellules d’isolement viennent d’être données au feu.

Vers 20h un groupe de solidaires se retrouve devant le CIE de corso Brunelleschi pour saluer avec slogans, petards et feux d’artifice le dernier incendie. De l’intérieur, les retenus racontent que les flics ont pris un mec de l’isolement pour l’emmener on ne sait où.

Mise à jour: 16 mars. En début d’apres-midi les retenus de la section rouge bouttent le feu à la dernière chambre qui restait utilisable. Et alors qu’on n’a toujours pas de nouvelles du mec qui, hier, s’est fait emmener par la police, les retenus en isolement ont commencé à invectiver les croix-rougiens et à casser du mobilier parce que ça faisait trop longtemps qu’ils n’étaient pas sortis de leurs cellules. Dans la soirée, c’est la dernière chambre utilisable de la section violette qui est partie en fumée. Vers 23h, les perspectives pour la nuit semblent être les suivantes: les prisonniers de la section rouge dormiront sur des matelas dans la cour, ceux de la violette, quant à eux, dans la salle à manger endommagée mais sans matelas.

« Avec la Croix Rouge l’Etat enferme et expulse les immigrés en sauvant les apparences »

presidio_cri.jpg

« des déserts de la Lybie aux prisons d’Italie LA DEMOCRATIE TUE »

img-20140315-wa0016.jpg

« pas de paix pour qui gère les CIE »

traduit de macerie

[Turin] Incendies, interrogatoires et rendez-vous.

11 mars 2014. Après les avoir laissé dehors toute la nuit, les policiers et les croix-rougiens en charge au CIE de Turin ont amassé au hasard des détenus des sections incendiées hier soir dans de petits espaces encore utilisables du centre: si la section jaune est complètement fermée, dans la blanche il reste en fait la cantine, comme dans les sections violette, rouge et bleue, une chambre reste utilisable dans ces deux dernières sections. Beaucoup de ceux qui étaient dans les cellules d’isolement données au feu ont, en revanche, été  déplacés pour tenir compagnie aux prisonniers des cellules encore intègres.

La police a profité de ces déplacements pour prendre un à un les prisonniers des sections brûlées et les interroger sur les faits d’hier soir et sur les contacts qu’ils ont avec l’extérieur. Le but étant, évidemment, de les intimider et de les faire renoncer à quelque proposition de lutte que ce soit; au reste, il y a encore quelques bidules à envoyer au feu pour qu’il ne reste plus rien de corso Brunelleschi, et ce serait un beau coup porté à la préfecture et au bureau de l’immigration turinois. D’un interrogatoire à l’autre, un retenu n’est pas encore revenu auprès de ses co-détenus, et on sait pas bien où il a échoué: nous vous donnerons des nouvelles dès que nous saurons quelque chose de sûr.

Même si le Centre de Turin est à deux doigts de la fermeture de fait, ce sont ces prochains jours que se décidera, dans les bureaux de la préfecture, qui se verra attribuer la gestion du centre pour les trois prochaines années. Nous ignorons, pour l’instant, qui se portera candidat pour ce rôle infâme mise à part l’habituelle Croix Rouge. Mais justement parce que nous savons que les humanitaires en goguette chercheront par tous les moyens de se faire confier ce marché juteux vieux de plus de dix ans, nous vous donnons un rendez-vous : Soyez disponibles samedi prochain, 15 mars, à partir de 16h pour un beau rassemblement juste en face du siège régional de la Croix Rouge.

Venez nombreux et bruyants. Et si vous voulez vous rappeler quel a été le rôle des croix-rougiens dans la longue histoire de la détention administrative en Italie, regardez cette vieille vidéo (en italien).

traduit de macerie

Presidio Croce Rossa.pmd

[Internet] Nouveau blog en langue italienne

Hurriya, senza frontiere, senza galere // Hurriya (Liberté), sans frontières, sans prisons

Ce blog est né avec l’intention de recueillir des nouvelles et des analyses sur les frontières et sur les prisons pour migrants, soutenant et accompagnant les luttes pour la libération totale.

Nous avons choisi d’utiliser diverses sources et de ne pas procéder à un travail de traduction fastidieux dans le cas de sources externes ( nous préférons la rue à l’écran d’un pc). La publication des articles en liens sera précédée d’un bref chapeau, nécessaire surtout lorsque l’information provient des médias de régime souvent prêts à diaboliser,mystifiant les informations, ceux qui luttent pour la liberté .

Espérant être une contribution utile. Bonne lutte.

https://hurriya.noblogs.org/