Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Paris] Rafles entre Barbès et La Chapelle

7 & 8 août 2014. Dans la continuité des expulsions à Calais, plusieurs rafles ont eu lieu à Paris entre les stations de métro Gare du Nord, Gare de l’Est, La Chapelle et Barbès, lieux de regroupement de nombreux/ses migrant.e.s afghan.ne.s, érythréen.ne.s, somalien.ne.s.

Jeudi 7 août au soir, 30 personnes ont été arrêtées entre Gare du Nord et Gare de l’Est puis enfermées au centre de rétention de Vincennes (beaucoup plus ont été contrôlées). Vendredi, c’est à 6h30 du matin que les flics sont venus arrêter ceux et celles qui dorment dans des campements de fortune sous le métro aérien entre les stations La Chapelle et Barbès. 40 d’entre-elles ont été enfermées dans les prisons pour étrangers de Vincennes et du Mesnil-Amelot.

L’État et la préfecture visent particulièrement dans leurs rafles celles et ceux qui seraient susceptibles de rejoindre la région de Calais pour ensuite tenter de passer en Angleterre.

Là-bas la situation est assez tendue : entre pression policière et tentatives de passages ratées la tension monte entre les gens. L’occupation Galou tient toujours.

Entre début juillet et mi-août, ce sont plus de 300 migrant.e.s originaires d’Afrique de l’Est et d’Asie du Sud qui ont été enfermé.e.s par l’État.

Pour suivre la situation à Calais :

Calais Migrant Solidarity

Passeurs d’hospitalité

Et à écouter, un reportage réalisé par les camarades de l’émission Au fond près du radiateur sur FPP : « Nous n’avons accès à rien et les violences policières sont quotidiennes »

 

[Calais] Manifestation anti-rafle ET UNE OUVERTURE, UNE !

MAJ 13 juillet 2014. La manifestation s’est déroulée hier, malgré les menaces d’interdiction de la mairie et son arrêté anti-regroupement. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, contre les rafles et en solidarité avec les migrants. Partie place d’armes, le cortège dynamique est passé devant la mairie puis s’est engagé dans de plus petites rues jusqu’à l’impasse des salines. Au bout de celle-ci les bâtiments abandonnés de l’ancienne usine Galloo Littoral sont occupés depuis plus de 48 heures et ouvrent leurs portes aux manifestant-e-s. S’ensuivent une assemblée générale et une petit fête. « La solidarité et la rencontre tissent une soirée qui prend les couleurs de l’espoir. Espoir qui sera peut-être dès demain barré par l’intervention de la police, l’expulsion, la rafle. Mais espoir que nous emporterons chevillé au corps, dans l’errance ou dans le énième recommencement, et que nul ne saura nous prendre. »

Pentax Digital Camera

Manifestation anti-rafle le 12 juillet 2014

Plus jamais ça ?!

Nous pensions avoir été témoins du pire avec la destruction de la jungle afghane en 2009 qui a conduit à la rafle de 278 de ses habitants et leur mise en rétention un peu partout en France, cependant, ce mercredi 2 juillet 2014, une nouvelle étape a été franchie. A 6 heures du matin, plusieurs compagnies de gendarmes mobiles, de CRS, la police nationale et la police aux frontières, se sont livrées à des rafles massives, simultanées et coordonnées de la population migrante de Calais.

Sous couvert d’une opération d’expulsion des lieux de vie dont la date a été maintenue secrète, 600 migrant-e-s ont été gazé-e-s, insult-é-e-s, humilié-e-s, terrorisé-e-s, arrêté-e-s, dans le silence et l’ombre puisque tous les témoins ont été violemment écartés des lieux d’arrestation. Ils-Elles ont été escorté-e-s dans des bus qui les ont éloignés de Calais sans avoir la moindre idée de leur destination finale. 200 d’entre eux et elles sont toujours en rétention et ceux et celles qui ont eu la chance d’être libéré-e-s ne s’en sont pas sorti-e-s indemnes.

Cette démonstration de force et de violence policière répond à une volonté d’éloigner, de décourager et de terroriser les migrant-e-s pour qu’ils-elles renoncent à s’installer dans le pays de leur choix. Cette opération n’est pas sans rappeler des épisodes historiques fascistes que nos générations s’étaient promis de ne plus jamais accepter, il nous en reviens de remobiliser une résistance.

Aujourd’hui à Calais, les migrant-e-s ont à nouveau été chassé-e-s de la ville. La majorité d’entre eux et elles sont maintenu-e-s à la périphérie, dans des espaces où le harcèlement policier peut donner sa pleine mesure, à l’abri des regards et en toute impunité. Cette situation nous ramène 10 ans en arrière et nous ne pouvons pas accepter que les acquis de nombreuses années de lutte soient balayées ainsi.

Nous appelons tout le monde à venir à Calais pour s’opposer à cette vague de répression sans précédent.

Venez, dès le samedi 12 juillet pour une manifestation anti-rafle et en solidarité avec les migrant-e-s arrêté-e-s et harcelé-e-s, à 14 heures départ place d’Armes

et pour construire ensemble dans les jours qui suivent une réponse collective pour que cette forme d’oppression ne redevienne pas la norme !

[MàJ][Calais] Expulsions et arrestations en masse

02 juillet 2014

Le lieu de distribution des repas (de l’association Salam) où étaient installé-e-s 400 migrant-e-s depuis les expulsions du 28 mai a été évacué par les flics ce matin. Trois gros squats ouverts en février ont été expulsés lors de la même opération, à grand renfort de lacrymos.  Malgré les tentatives des soutiens pour bloquer les bus, des centaines de personnes sans papiers (320 selon la préf) ont été raflées et déportées vers différents centres de rétention : Coquelles (Calais), Lille-Lesquin, le Mesnil-Amelot (77). Une cinquantaine de mineurs ont été transférés dans un camp à Boulogne sur mer et près de Béthune. Aux dernières nouvelles 50 migrant-e-s étaient encore retenu-e-s sur le lieu de distribution des repas. Enfin certaines personnes ont été embarquées pour Boulogne et Dunkerque, certainement pour attendre leur transfert vers le centre de rétention dans des commissariats. Apparemment des places sont en train d’être aménagées à Saint Jacques de la Lande (Rennes) à grand renfort de transferts, et d’autres sont mises à disposition à Plaisir (78), Palaiseau (91), Oissel (Rouen). Le président de Salam, un membre de l’Auberge des Migrants et un membre de No Border ont été arrêtés et placés en garde-à-vue.

En ce début d’été qui n’annonce pas les vacances pour tout le monde (à Paris les larbins du pouvoir se démènent actuellement pour faire place nette aux touristes en raflant dans les transports en commun), continuons à lutter contre les frontières et leurs prisons !
Et bien sûr, force, courage et détermination à celles et ceux qui s’endormiront en taule ce soir

Infos reçues par mail

Mise à jour 03 juillet  2014

 Au total 206 personnes ont été placées en rétention : 37 à Lille-Lesquin, 20 à Rennes, 20 à Metz, 30 à Oissel, 17 à Palaiseau, 20 à Plaisir, 32 au Mesnil-Amelot. Concernant les autres, certaines ont été dispersées plus ou moins loin de Calais (jusqu’à Paris), c’est-à-dire emmenées en bus et lâchées au hasard, d’autres emmenées dans différents commissariats (Coquelles, Lille, Dunkerque, Saint-Omer, Boulogne) puis libérées.

Infos trouvées sur passeurs d’hospitalités

Aussi il paraît que les compagnies collabos qui ont fourni les bus le 2 juillet sont Travel Mariot et Travel Inglard. Espérons qu’ils se prennent un jour le retour du bâton !

Mise à jour 08 juillet  2014

Rennes : tous libérés lundi par le juge des libertés et de la détention (JLD), ils sont hébergés à Rennes par le comté de soutien pour être présent à l’audience du tribunal administratif aujourd’hui mardi. Cette étape est importante pour que l’Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) soit abrogée et qu’ils ne risquent pas d’être à nouveau placés en rétention s’ils sont arrêtés par la police.

Lille – Lesquin : tous libérés par le JLD pour « rétention illégale ». Ils sont de retour à Calais.

Le Mesnil-Amelot : quinze personnes ont été expulsées lundi matin en car vers l’Italie avant le passage devant le juge. Tous les autres ont été libérés. Les premiers étaient de retour à Calais hier en fin de journée.

Palaiseau : 13 personnes libérés vendredi suite à l’abrogation de l’OQTF par le tribunal administratif. Les autres ont été libérées lundi matin avant le passage devant le juge, mais seront représentés à l’audience par leur avocat.

Plaisir : 9 personnes renvoyées en Italie avant de voir le juge. Trois ont été libérées suite à l’abrogation de l’OQTF, huit autres sont encore en rétention, le tribunal administratif ayant rejeté leur recours.

Oissel : une personne a été libérée vendredi. Les 29 autres devaient l’être hier lundi dans la journée, la préfecture n’ayant pas demandé le maintien en rétention (à confirmer).

Metz : pas d’information pour le moment.

 

 

[Rome] Rassemblement devant le CIE et projection dans la rue

29 juin 2014. Ce matin une quarantaine d’ennemi-e-s des frontières et des prisons se sont retrouvé-e-s devant les murs du Centre de Ponte Galeria

A peine la sono montée, dès les premières minutes les cris des détenu-e-s sont arrivés clairs aux oreilles de ceux qui étaient là dehors, symptôme que la tension racontée ces derniers jours est très forte.

La nouvelle de l‘évasion du Cie de Trapani a réchauffé les cœurs, comme celle des protestation dans le CARA de Castel Nuovo di porto, géré par la même coopérative Auxilium, qui tire profit aussi du CIE de Ponte Galeria.

Après une brève mise à jour sur la situation dans les autres centres et le récit de quelques luttes, un lancé de balle de tennis a eu lieu pour surpasser les murs et renforcer la communication entre dedans et dehors.

C’est comme ça que les solidaire ont appris que dans la journée d’hier, 8 détenus ont essayé de recouvrir la liberté en faisant un trou dans le mur d’une cellule et se sont malheureusement fait arrêtés par l’intervention des forces répressives présentes en masse à l’intérieur du Cie.

Après presque deux heures le rassemblement s’est dispersé avec un fort salut à tou-te-s celles et ceux emprisonné-e-s et avec la proposition, pour les solidaires de se retrouver dans la rue vendredi prochain. ( voir ci dessous, ndt)

Il y a environ 100 hommes et 40 femmes retenu-e-s dans le Cie.

Les uniques étrangers dans le quartier sont les flics

4 juillet 2014. Apéro et Projection dans la rue, vendredi 4 juillet à 19 heures du film « unveiled » : Fariba, une femme enfuie de son pays à la recherche de la liberté, découvre la violence des Centres de Détention  pour migrants, la menace de l’expulsion et l’exploitation. »

Nous ne voulons plus accepter d’assister aux chasses à l’homme dans les rues de ce quartier, aux rafles contre celles et ceux qui n’ont pas de papiers, contre celles et ceux qui essaient de s’enfuir d’un pays hostile. Chaque jour qu’un individu, proche de nous ou pas, est enfermé dans un camp de la ville, déporté dans un de ces mêmes pays où l’Italie pille les ressources et s’enrichit, notre rage monte et s’unit à celle de celles et ceux qui, individuellement ou collectivement, se rebellent et s’organisent pour détruire ces lieux d’enfermement.

ARRÊT DES RAFLES  ! Les CIE se ferment… AVEC LES RÉVOLTES.

traduit de hurryia

[Libye] Rafles et expulsions

15 juin 2014. L’armée libyenne a mené ces derniers jours d’énormes rafles de migrants. Des milliers de personnes ont été contrôlées et arrêtées. Au total 1 180 migrant.e.s ont été expulsé.e.s, 530 samedi 14 et 650 dimanche 15 juin. Cette opération n’est pas la première, cela fait des années, sous Kadhafi puis sous le nouveau régime, que l’État libyen, aux ordres de l’Europe moyennant contre-partie, collabore de diverses manières à la lutte contre l’immigration menée par l’union européenne et les gouvernements européens.

[Méditerranée] La guerre aux migrant.e.s fait rage

Libye / Union européenne, « Liaisons dangereuses » contre « les invasions barbares » : la mission EUBAM

[Libye/Italie] Surveillance électronique des frontières

[Barbès] Suite aux arrestations de mercredi dernier

UNE GRANDE PARTIE DES PERSONNES ARRÊTÉES MERCREDI SONT SORTIES AUJOURD’HUI, GRÂCE À DES VICES DE PROCÉDURE SOULEVÉS PAR LES AVOCATS DEVANT LE JUGE DES LIBERTÉS ET DE LA DÉTENTION. LORS DE L’AUDIENCE ON A APPRIS QUE MERCREDI DEUX RAFLES AVAIENT LIEU EN PARALLÈLE : UNE DANS LE QUARTIER DE BARBÈS ET UNE AUTRE DANS LE QUARTIER ENTRE LE MÉTRO SIMPLON ET PORTE DE CLIGNANCOURT.

PLUS D’INFOS BIENTÔT

 

Mercredi 11 juin, une rafle d’envergure a eu lieu à Barbès. Des dizaines de personnes ont été encerclées, menottées et contrôlées sur la place du café Le royal, par des CRS et des flics en civil. De nombreux sans-papiers ont été arrêtés et 17 d’entre eux envoyés au CRA de Vincennes. Ils passeront lundi devant le Juge des libertés et de la détention de Paris et au Tribunal administratif.
Ce n’est pas la première fois que les flics bouclent et ratissent le quartier de Barbès afin de traquer les sans papiers : en juin 2013 lors d’une opération similaire plus d’une centaine de personnes avaient été arrêtées. A chaque fois le ratissage est préparé en amont par la préfecture de police, la justice et la mairie qui travaillent main dans la main pour chasser pauvres et sans papiers des quartiers qu’ils n’ont pas encore réussi à aseptiser. Les laisser faire sans réagir c’est leur signifier que la chasse est belle et bien ouverte et peut s’amplifier.

Soyons nombreux et nombreuses dans les salles d’audience pour montrer notre solidarité.

Pour le JLD rendez-vous lundi 16 juin à 10h, TGI de Paris, audience du 35bis (métro cité)
Les 17 personnes doivent passer aussi le même jour au tribunal administratif à 13h, au 7 rue de Jouy, metro saint Paul.

[Paris] Police cherche délateurs

13 juin 2014. Selon un article de presse, la police parisienne demanderait aux agents SNCF de les renseigner sur les ventes de billets aux personnes d’origine afghane, cherchant à arrêter des sans papiers en partance pour Calais ou le nord de l’Europe. Les travailleurs sociaux employés dans les centres d’accueil de jour du quartier ont également été sollicités. On ne sait pas ce qui a été acté mais il ne serait pas surprenant que la direction de la SNCF ait accepté, toujours dans les bons coups quand il s’agit de balancer des sans papiers.

[Paris] Nasse, rafle et rétention : Barbès, « Zone de Sécurité Prioritaire »

Mercredi 11 juin 2014, encore une fois la police a raflé Barbès. En début de soirée, deux voitures flics sont arrivées pour disperser les gens qui traînent, discutent et vendent sur la place du café Le Royal. C’est l’éternel jeu du chat et de la souris qui semble commencer comme quotidiennement dans le quartier. Barbès est classé « Zone de Sécurité Prioritaire » par l’État, ce qui permet aux flics -grâce à une réquisition permanente du procureur- de contrôler et fouiller n’importe qui dans la rue et les commerces à n’importe quelle heure, comme ils aiment à le rappeler à qui ne l’aurait pas encore compris.

Les flics et CRS, qui ont reçu le renfort récent d’une nouvelle Brigade Spécialisée de Terrain (BST), occupent en permanence le quartier, patrouillent, fouillent et contrôlent. Leur objectif est de faire dégager les pauvres qui, nombreux, occupent la rue et pour certains vendent cigarettes et baskets pour survivre. Pour cela les flics peuvent compter sur le soutien de quelques associations, de certains commerçants, de vieux fachos et d’investisseurs zélés qui ont décidé, non sans avoir discuté sécurité avec le commissaire et la mairie du 18ème, d’ouvrir une brasserie « the place to be » à la sortie du métro.

Trente minutes plus tard, 20 ou 30 flics sont revenus. « Ils avaient une stratégie, un plan ». Ils ont commencé à contrôler pour arrêter des personnes sans papiers dans toutes les rues adjacentes à la place du café en resserrant une nasse petit à petit. Ceux qui ont essayé de s’enfuir se sont retrouvées enfermées sur la place.

Les personnes arrêtées ont été amenées dans les commissariats du 18ème, rue de la Goutte d’Or et rue de Clignancourt. Certaines ont été relâchées et d’autres enfermées au centre de rétention de Vincennes. On ne sait pas combien de personnes ont été arrêtées exactement.

Depuis plusieurs mois des personnes tentent de s’organiser contre les rafles, l’occupation policière et la restructuration urbaine à Barbès. Des tables de diffusion de tracts et de brochures sont l’occasion de discussions contre les frontières, les flics et la hogra. Naissent des solidarités qui espérons-le trouverons un jour l’envie et la force de bouter les flics, les riches et les politiciens hors de nos vies !

Ci dessous, une personne enfermée au centre de rétention de Vincennes raconte son arrestation :

« Ils m’ont arrêté alors que j’étais assis sur un banc de la place. Les flics sont arrivés, ils nous ont fouillé, mis en rang contre les bancs et mis les menottes en plastique, les serflex. Ils y avait des flics en civils, d’autre non, à pied, en voiture et en moto.

Ils nous ont mis dans un fourgon, on était 10, tassés comme des animaux, debout , attachés dans le dos. Le sang ne circulait plus dans ma main.

On a attendu là et on est allé au commissariat rue de Clignancourt. On a attendu 20 minute toujours debout. Ils nous ont fait rentrer dans le commissariat, pris les empreintes des mains et les photos puis on a été en cellule. Après, on avait toujours des menottes, on est monté un par un avec des papiers à signer. L’interprète disait « t’inquiète, signe ! ». après on est redescendu dans la grande cellule au sous sol avant de monter dans un bus, toujours attachés. Là ils nous ont ramenés à Vincennes, ont était 7. Devant le centre on a encore attendu dans le bus, on a refait les photos et encore des papiers à signer, on ne sait même pas ce que c’est. Il était 3 heures du mat’. »

[Athènes] Panique dans les rues

Le 08 avril 2014, une opération policière de plus devant l’Université d’Économie (ASOEE) a aboutie à l’arrestation de 12 immigrés et d’un étudiant grec. L’Université d’ASOEE, où l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires se tient depuis 2011, se situe dans le centre-ville d’Athènes, une zone qui a été la cible de discours et pratiques racistes les dernières années. Un regard sur le passé récent est néanmoins nécessaire afin d’être en mesure de saisir l’impact de la violence raciste contre les communautés immigrées du centre-ville ainsi que la dynamique des luttes contre celle-ci.

Panique dans les rues d’Athènes

Dès le début 2008, plusieurs quartiers du centre-ville ont été les témoins de l’émergence et de la création des aujourd’hui tristement célèbres « comités d’habitants ». Constitués par des membres du parti néo-nazi Aube Dorée ainsi que d’autres grecs racistes, ces comités ont commencé à mettre en pratique leur agenda raciste dont le but principal était de créer des quartiers grecs « purs », un but accompli à travers les coups de couteau, les tabassages et une prolifération continue de discours haineux – à savoir que les immigrés sont sales, qu’ils sont des criminels, des sauvages et les responsables de la faillite du petit commerce grec (en particulier les immigrés vendeurs de rue) ou du taux de chômage en augmentation. Mais ils n’étaient pas seuls dans leur campagne anti-immigrés. Des organisations de petits commerçants n’ont jamais raté une occasion d’exprimer leur haine raciste contre les immigrés vendeurs de rue tandis que les officiels élus de l’état grec participaient à la compétition de celui qui fera la déclaration anti-immigrés la plus dure. Par exemple, le premier ministre actuel, Antonis Samaras, a lancé durant les dernières élections le slogan « Reprenons en main nos villes ». Les flics ne sont pas restés non plus inactifs. Les vérifications des papiers des immigrés ont plus qu’augmentés avec des contrôles d’identité et un harcèlement quasiment constants et des milliers d’arrestations. Au même moment, la législation relative à l’incarcération des immigrés est devenue plus dure et les premiers centres de détention ont été construits. Les médias et une large partie de la population grecque ont suivis et repris le discours haineux sur le « problème du centre-ville », suggérant eux aussi que le problème n’était rien d’autre que l’existence même d’immigrés dans les rues d’Athènes. Ce fut donc peu surprenant qu’au printemps 2011 et après le meurtre d’un grec, que des membres d’Aube Dorée accompagnés d’une foule de grecs aient lancé un pogrom dans le centre-ville résultant dans le tabassage et des attaques à coups de couteaux contre de nombreux immigrés, la destruction de plusieurs magasins tenus par ces derniers et le meurtre d’Alim Abdul Manan du Bangladesh. La route leur était malheureusement déjà toute tracée…

Construire une communauté de lutte…

Entre-temps, depuis 2008 et par après, le quartier autour d’ASOEE est devenu petit à petit un des endroits où la plupart des immigrés vendeurs de rue ont choisis de travailler, rassemblant jusqu’à 200 personnes et alors qu’au même moment l’université est graduellement devenue la cible d’opérations policières. On peut retracer les premiers liens qui se sont crées entre immigrés vendeurs de rue et étudiants solidaires avec ces opérations, ces derniers commençant à distribuer des flyers où il était dit qu’entrer dans l’école lors de descentes de la police était sûr, les universités étant alors légalement interdites aux flics. Ces liens se sont renforcés lorsque les étudiants aux côtés des vendeurs de rue ont aussi commencé à attaquer et, la plupart du temps, à repousser les forces de police.

En 2011, la situation autour d’ASOEE a radicalement changée dans le contexte mentionné ci-dessus de campagne anti-immigré visant le centre-ville. Les vendeurs de rue était alors moins nombreux, environ 40 à 50 personnes, tandis que les opérations des flics plus dures et plus fréquentes. La répression policière a culminé lors de la période entre novembre 2011 et mars 2012 avec la police anti-émeute participant dorénavant et quotidiennement aux attaques. Ces affrontements ont mené à une série de rencontres entre étudiants, vendeurs de rue et camarades des squats voisins Villa Amalias et Skaramaga et ont débouché sur la création de l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires d’ASOEE[1].

Depuis lors, l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires se rencontre régulièrement à ASOEE, prenant peu à peu forme. Situé dans un environnement assez hostile et devant faire avec les attaques quotidienne de la police, l’Assemblée a aussi dû faire face à une série d’obstacles dans son fonctionnement interne, découlant surtout d’un manque d’expérience factuelle dans l’engagement dans des luttes actuelles d’immigrés. Le mouvement ainsi que la gauche grecque étaient réticents à s’engager dans de telles luttes ou, lorsqu’ils y participaient, ils le faisaient d’une manière assez condescendante. Beaucoup d’efforts allèrent donc dans la construction de rapports entre les membres de l’assemblée elle-même, en prenant toujours en compte le besoin qui avait au départ réunis les immigrés et leurs alliés, à savoir leur aversion pour la présence continuelle de la police hors de l’université et en ne négligeant jamais les positions sociales diverses de ses membres et les privilèges et exclusions qui en découlent obligatoirement. Nous avons de cette manière-ci réussis à créer petit à petit une communauté de lutte qui est indépendante de tout parti politique ou ONG, qui se réunit hebdomadairement depuis trois ans dans l’université et qui, au-delà des confrontations continuelles avec les flics, organise divers événements antiracistes tels des concerts, des cuisines collectives et des projections de films dans l’école ou les quartiers immigrés voisins. L’assemblée elle-même, formée de grecs, africains (principalement sénégalais) et bengalis, est conduite dans cinq langues différentes (français, grec, bengali, anglais et wolof). Dans le même temps, étant donné la précarité des membres immigrés de l’assemblée, sachant qu’une arrestation ou un emprisonnement à long terme sont une éventualité inéluctable pour beaucoup dans l’assemblée, une part non négligeable de nos efforts va au soutien de prisonniers et aux points légaux, comme la préparation nécessaire des procès ou des rassemblements de solidarité au tribunal.

La répression des immigrés vendeurs de rue devenant une des pratiques racistes menée avec la plus grande des ferveur par l’état, les habitants xénophobes et les flics eux-mêmes, cela a inévitablement conduit à ce que tous redoutaient… Le 1 février 2013, un biffin sénégalais, Babacar Ndiaye, après avoir été pourchassé par les flics, fini mort sur les rails du métro de la station de Thisseio à Athènes. Immédiatement après le meurtre et en coordination avec la communauté sénégalaise d’Athènes, deux larges assemblées rassemblant plusieurs centaines de personnes sont tenues et aboutissent à l’organisation d’une manifestation contre un meurtre raciste impuni de plus[2].

Un danger pour l’ordre public et la sécurité…

Pour revenir à aujourd’hui, ce qui décrit le mieux la situation dans le centre-ville d’Athènes est ce qu’un représentant de police a récemment été surpris en train de dire, pas au courant qu’il était enregistré : « Ce que nous devons faire et de rendre leurs (les immigrés) vies insupportable – dès qu’ils arrivent en Grèce, ils doivent apprendre que la seule façon pour eux de rester ici est en prison ». Les contrôles de police sur les papiers des immigrés continuent quotidiennement, ainsi que les arrestations, et un nouveau panel de lois administratives racistes est mis en pratique tandis que la durée légale d’incarcération dans les centres de détention est maintenant passée à deux ans. Avec les élections municipales qui approchent à la fin avril et alors que les candidats tentent de prouver qui sera le plus efficace à restaurer l’ordre dans le centre d’Athènes, la police a intensifiée sa présence en-dehors d’ASOEE[3].

Le 08 avril donc, la police a encerclé l’université une fois de plus. Des groupes de DELTA[4] appuyés par les MAT[5] ont pourchassé et frappé de nombreuses personnes sans aucune raison. Le résultat, 12 immigrés et 1 étudiant ont été arrêtés[6]. Leur procès a été reporté au 23 avril. L’étudiant a été remis en liberté, mais les 12 immigrés sont toujours en prison sur ordre de la police. Les flics utilisent des lois administratives racistes (décret présidentiel 113/2013, loi 3386/2005) et les considèrent comme un « danger pour l’ordre public et la sécurité ». Les dispositions prévues dans la loi permettent aux flics d’arrêter tout immigré, même dans le cas où il a des papiers en règle, de l’accuser de ce qu’ils veulent (ce qu’ils savent très bien faire) et ensuite décider que cette arrestation constitue un « danger pour l’ordre public et la sécurité » et ainsi décider de sa détention et expulsion[7].

Actuellement, à cause du panel de lois racistes sus-dit qui a été utilisé contre les immigrés d’ASOEE, 10 des 12 arrêtés sont toujours en détention, 6 d’entre-eux en centre de détention. Avec un procès prévu pour le 25 juin, nous faisons les nécessaires préparations légales afin de faire appel au tribunal administratif de leur détention. Sachant que cette dernière vague d’arrestations est critique pour l’existence même de l’assemblée, il est maintenant essentiel que nous intensifions nos efforts et à cette fin nous prévoyons d’organiser une semaine de solidarité les jours précédant le procès (du 18 au 25 juin). Tout type de soutien sera plus que bienvenu.

Initiative de l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires d’ASOEE
http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/

Notes :

[1] Le premier texte publié par l’assemblée se trouve ici : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2012/10/29/text-des-immigrants/
[2] L’affiche pour la manifestation : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2013/02/10/microfoniki-mardi-12-fevrier-a-17h00-manifestation-jeudi-14-fevrier-a-17h00-pour-les-assassinats-de-babacar-ndiaye-et-shahzad-lukman/
[3] Enfer grec : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2014/04/01/enfer-grec/
[4] Unité de voltigeurs, particulièrement dangereux et affectés uniquement au maintien de l’ordre public.
[5] Équivalent des CRS.
[6] L’affiche à propos des arrêtés : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2014/04/16/danger-pour-lordre-et-la-securite-publique/
[7] Plus précisément, les accusations qui permettent l’application de cette loi débute avec l’équivalent en Grèce de l' »outrage et rébellion ».

[Tract/Paris] Comme presque tous les jours à Barbès

Comme presque tous les jours à Barbès

Samedi 12 avril, comme tous les jours, les flics étaient présents en nombre à Barbès et faisaient leur sale boulot : plusieurs fourgons de crs garés dans le coin et des patrouilles de 3-4 qui quadrillent le quartier et contrôlent au faciès. Comme presque tous les jours depuis que le quartier est passé en ZSP (Zone de Sécurité Prioritaire). L’occupation policière est un des rouages de la restructuration du quartier, en cours depuis déjà pas mal d’années. Rafler les sans papiers, harceler les vendeurs et vendeuses à la sauvette, vider les rues des personnes qui les occupent, est nécessaire pour que les nouveaux habitants friqués installés dans les immeubles tout neufs puissent se rendre au cinéma ou dans un nouveau bar chic sans avoir à contourner des pauvres sur le trottoir.

Samedi 12 avril, comme tous les jours donc, les flics faisaient leur boulot d’intimidation et de répression de la pauvreté pour le compte de l’Etat et des investisseurs. Deux premières personnes sont contrôlées parce qu’elles semblent vendre des bricoles. Puis c’est le tour de deux jeunes du quartier. Cette fois les flics sont violents et en attrapent un à la gorge, ce qui déclenche des cris de protestation parmi les gens qui assistent à l’arrestation, attroupés autour de la voiture de police. Une réaction de peu d’ampleur, qui n’empêchera pas l’arrestation, mais une réaction tout de même, ce qui n’est pas pour plaire aux policiers qui aimeraient bien pouvoir arrêter des gens en paix – c’est eux les chefs quand même – et répondent par des menaces.

Un peu plus tard, troisième arrestation. Cette fois c’est l’une d’entre nous qui est visée. Nous on a posé notre table de presse sur la place, comme tous les samedis, justement pour parler de la pression policière, de la rénovation urbaine, des arrestations de sans papiers dans le quartier et de solidarité entre celles et ceux qui subissent tout ça. C’est déjà arrivé plusieurs fois que des patrouilles nous emmerdent, mais sans aller plus loin que quelques tracts et brochures volés, des contrôles dans la rue et des menaces de garde-à-vue. Cette fois c’est la BST (Brigade Spécialisée de Terrain), fraîchement débarquée dans le quartier, qui embarque l’une d’entre nous qui a craché par terre pour une vérification d’identité au poste qui se transforme rapidement en garde-à-vue pour outrage et rébellion. Coups, menaces, provocations, les nouveaux chiens de garde de Barbès cherchent à asseoir leur pouvoir tout récent et à lui faire payer de diffuser des tracts contre les larbins dans leur genre. Elle sortira avec un rappel à la loi après 24 heures de GAV dans le 11e arrondissement et 20 heures de dépôt au TGI (Tribunal de Grande Instance) de Cité.

Leurs tentatives d’intimidation ne nous empêcheront pas de continuer à porter nos idées dans le quartier. Que les flics, et notamment les gros bras de la BST, ne souffrent pas que leurs parades dans le quartier et leur autorité soient remises en question de quelque manière que ce soit nous conforte dans notre désir de ne pas nous laisser faire et d’apporter notre solidarité à celles et ceux qui leur opposent résistance.

Flics hors de nos vies !

bezbarricade@riseup.net

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