Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Italie] Milan rouvre, GEPSA gagne l’appel d’offre.

15 avril 2014. Après trois mois et demi de restructuration, suite aux incendies et révoltes de novembre dernier, le CIE de milan devrait rouvrir. Le préfet a en effet accepté la proposition de GEPSA, entreprise française filiale de GDF-Suez pour gérer la structure, les cellules et la cour et l’association culturelle d’Agrigento Acuarinto pour « gérer » les détenus. Ces deux gestionnaires recevront 40€ par jour et par détenus, sachant que 140 places seront disponible en théorie cet été. GEPSA est connue en France pour sa gestion des prisons, et cela fait des années qu’elle essaie, avec plus ou moins de réussite, de rentrer dans le bizness de « l’accueil des étrangers » en Italie. GEPSA désire en effet gèrer le CARA de Castelnuovo di Porto (à Rome) ainsi que le CIE de Gradisca où ils reprendraient leurs fonctions après une année de gestion par Connecting People.

[Turin] Un rassemblement et un nouvel incendie


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15 mars 2014. Recouverte de tags et complètement encerclée par les CRS, GM, flics en civil et même vigiles urbains : voilà à quoi ressemblait, cet après-midi, le siège régional de la croix rouge piemontaise pendant le rassemblement en soliarité avec la lutte des prisonniers de corso Brunelleschi.

On put y voir, deux heures durant, cinquante ennemis des expulsions, plusieurs banderoles, du boucan, des prises de parole au micro et une belle serie de témoignages enregistrés depuis l’intérieur illustrant ce que font vraiment les croixrougiens dans les Centres. Au bout d’une heure, une bonne nouvelle vint réchauffer le coeur des personnes présentes : un coup de téléphone de corso Brunelleschi annonce en direct qu’après les incendies de dimanche dernier deux autres cellules d’isolement viennent d’être données au feu.

Vers 20h un groupe de solidaires se retrouve devant le CIE de corso Brunelleschi pour saluer avec slogans, petards et feux d’artifice le dernier incendie. De l’intérieur, les retenus racontent que les flics ont pris un mec de l’isolement pour l’emmener on ne sait où.

Mise à jour: 16 mars. En début d’apres-midi les retenus de la section rouge bouttent le feu à la dernière chambre qui restait utilisable. Et alors qu’on n’a toujours pas de nouvelles du mec qui, hier, s’est fait emmener par la police, les retenus en isolement ont commencé à invectiver les croix-rougiens et à casser du mobilier parce que ça faisait trop longtemps qu’ils n’étaient pas sortis de leurs cellules. Dans la soirée, c’est la dernière chambre utilisable de la section violette qui est partie en fumée. Vers 23h, les perspectives pour la nuit semblent être les suivantes: les prisonniers de la section rouge dormiront sur des matelas dans la cour, ceux de la violette, quant à eux, dans la salle à manger endommagée mais sans matelas.

« Avec la Croix Rouge l’Etat enferme et expulse les immigrés en sauvant les apparences »

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« des déserts de la Lybie aux prisons d’Italie LA DEMOCRATIE TUE »

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« pas de paix pour qui gère les CIE »

traduit de macerie

[Turin] Incendies, interrogatoires et rendez-vous.

11 mars 2014. Après les avoir laissé dehors toute la nuit, les policiers et les croix-rougiens en charge au CIE de Turin ont amassé au hasard des détenus des sections incendiées hier soir dans de petits espaces encore utilisables du centre: si la section jaune est complètement fermée, dans la blanche il reste en fait la cantine, comme dans les sections violette, rouge et bleue, une chambre reste utilisable dans ces deux dernières sections. Beaucoup de ceux qui étaient dans les cellules d’isolement données au feu ont, en revanche, été  déplacés pour tenir compagnie aux prisonniers des cellules encore intègres.

La police a profité de ces déplacements pour prendre un à un les prisonniers des sections brûlées et les interroger sur les faits d’hier soir et sur les contacts qu’ils ont avec l’extérieur. Le but étant, évidemment, de les intimider et de les faire renoncer à quelque proposition de lutte que ce soit; au reste, il y a encore quelques bidules à envoyer au feu pour qu’il ne reste plus rien de corso Brunelleschi, et ce serait un beau coup porté à la préfecture et au bureau de l’immigration turinois. D’un interrogatoire à l’autre, un retenu n’est pas encore revenu auprès de ses co-détenus, et on sait pas bien où il a échoué: nous vous donnerons des nouvelles dès que nous saurons quelque chose de sûr.

Même si le Centre de Turin est à deux doigts de la fermeture de fait, ce sont ces prochains jours que se décidera, dans les bureaux de la préfecture, qui se verra attribuer la gestion du centre pour les trois prochaines années. Nous ignorons, pour l’instant, qui se portera candidat pour ce rôle infâme mise à part l’habituelle Croix Rouge. Mais justement parce que nous savons que les humanitaires en goguette chercheront par tous les moyens de se faire confier ce marché juteux vieux de plus de dix ans, nous vous donnons un rendez-vous : Soyez disponibles samedi prochain, 15 mars, à partir de 16h pour un beau rassemblement juste en face du siège régional de la Croix Rouge.

Venez nombreux et bruyants. Et si vous voulez vous rappeler quel a été le rôle des croix-rougiens dans la longue histoire de la détention administrative en Italie, regardez cette vieille vidéo (en italien).

traduit de macerie

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[Turin] Les belles paroles…

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13 Février 2014. Dans la nuit le siège du Pd ( parti démocrate, ndt) de via Cervino, dans le quartier Barriera di Milano a été tagué. Sur les rideaux on peut lire  » Esposito, Bubbico, c’est vous qui êtes derrière les CIE », « Feu aux CIE « et encore « Les belles paroles n’annulent pas les coups, vous payerez tout ». Pas encore satisfaits, les inconnus ont aussi lancé des œufs remplis de peinture sur les murs de l’immeuble. La solidarité du parti ne s’est pas fait attendre, et d’après eux, vu que « sur un sujet aussi délicat que les Cie le Pd a déjà ouvert une discussion proposant leur dépassement » ce n’est pas le moment de « transférer sur les murs des sièges du parti » le débat politique.

Filipo Bubbico, vice ministre de l’intérieur et éléphant du parti, nous avait déjà expliqué que les CIE resteraient ouverts et que le gouvernement, au maximum, reverra les temps d’internement et modifiera les appels d’offre : la discussion, donc, a déjà eu lieu dans les hautes sphères et a été close. Avec la bénédiction de ceux qui aujourd’hui, au Parti Démocratique comme chez ses lèches-cul de Gauche Écologie et Liberté s’agitent beaucoup [pour la fermeture des centres, ndt], même si c’est mal venu [de leur part, ndt], pour se laver un peu la conscience autour d’un sujet si « délicat ».

traduit de macerie