Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Italie] Les chiffres du ministère de l’intérieur – 26 novembre 2013

Après des semaines de silence, le ministere de l’intérieur a décider de lâcher les chiffres. Selon ce que rapportent les agences de presse et quelques journaux, ils se seraient mis à faire les comptes pour expliquer en détails de ce qui reste des treize centres éparpillés dans le pays. Rien de particulièrement nouveau : que la machine à expulser soit à moitié détruite et proche de l’effondrement on le sait depuis quelque temps, et n’y avait pas besoin d’attendre les chiffres d’un fonctionnaire ministériel.

Mais à bien y regarder, il y a une donnée significative concernant le Cie de Ponte Galeria à Rome, où il semble qu’il reste à peine plus de deux cent postes. Si les données contenues dans le rapport de mars 2013 (316 places) et celles sorties ces derniers jours (222 places) sont correctes, ce signifierait qu’en neuf mois, un tiers du centre soit parti en fumé. Sans faire la Une, dans un silence assourdissant, les retenus se sont révoltés, dans l’indifférence de tous les estimateurs de la gestion estampillée Auxilium.

À signaler aussi le retour sur la scène des syndicats de police. Nicola Tanzi, secretaire général du Syndicat Autonome de Police, qui se déclare « contraire au délit d’immigration clandestine » et arrive à définir « inconscients » ces politiciens qui ont décidé de rallonger le temps de rétention à dix-huit mois. Comme tout bon syndicaliste en uniforme, il avance aussi ses revendications, et en particulier les « règles d’engagement appropriées » pour tenir en respect les immigrants illégaux.

macerie @ Novembre 26, 2013

[Trapani] Grande évasion et nouvelles arrivées – 30 novembre 2013

Nouvelle grande évasion à Trapani Milo, rebaptisé depuis longtemps le CIE des évasions : de ce que racontent certains retenus il semble qu’ils aient  été beaucoup à essayer dans la nuit de vendredi à samedi, au final une cinquantaine d’entre eux se sont fait la belle. Comme souvent les policiers et les militaires de garde ont été pris de cours et se sont lancés à la recherche des évadés tardivement, ne parvenant à capturer que peu de personnes. Tous les autres, beaucoup de ceux transférés après la révolte de Gradisca d’il y a quelques semaines,  ont finalement réussi à reconquérir la liberté. Malheureusement, vu que la machine à expulser n’est pas encore entièrement détruite, les places laissées vides par les évadés ont été immédiatement comblées.

Hier toujours, dans la nuit sur les côtes Trapanaise ont débarqué 80 sans papiers qui on été transférés immédiatement au Centre de Trapani Milo. Les nouveaux arrivés ne vont pas bien et il semble que parmi eux des mineurs, quasi enfants soient présents. La presse locale et nationale ne relaie aucune nouvelle de l’évasion et préfère en revanche laisser un peu d’espace à la nouvelle des débarqués « sauvés » par les garde côtes.

 macerie @ Novembre 30, 2013

[Maroc/Algérie] Bientôt une frontière de barbelés ? – 29 novembre 2013

Après les lames de rasoir installées sur les grillages et barbelés séparant l’enclave espagnole de Melilla du Maroc, le gouvernement marocain a décidé lors d’une réunion entre hauts responsables du ministère de l’Intérieur, de l’armée et de la gendarmerie à Oujda les 23 et 24 novembre, d’installer un mur de barbelés à la frontière avec l’Algérie. L’objectif affiché est d’empêcher les migrants qui passeraient par l’Algérie d’atteindre le Maroc et ainsi de réduire le nombre de celles et ceux qui tente de passer dans l’enclave espagnole. Cette barrière devraient s’étendre sur une zone de 70 à 450 km. Depuis mai dernier déjà, vingt-quatre nouveaux postes de contrôles de la frontière ont été installés.

Ce que le gouvernement marocain ne dit pas par contre c’est que beaucoup de migrants arrêtés lors des rafles sont ensuite expulsés du pays et lâchés en plein désert algérien. Ce nouveau mur a pour objectif aussi d’empêcher celles et ceux qui ont été déportés dans le désert et qui y ont survécu de revenir tenter leur chance.

barrière de Melilla(Dernier assaut de la frontière à Melilla)

[Mont-de-Lausanne] Attaques contre la machine à expulser – 22 novembre 2013

Des véhicules de l’Etablissement Vaudois d’Accueil des Migrants ont été ravagés dans la nuit de jeudi (21nov) à vendredi (22nov) au Mont-sur-Lausanne.

« EVAM dégage ; résistance et sabotage ». C’est le slogan retrouvé vendredi matin par les employés de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants sur l’une de leurs voitures sprayées. Le tag n’a pas été le seul moyen de protestation de la part des auteurs de cette nouvelle attaque envers l’institution. De la peinture rouge a également été projetée sur un autre véhicule, alors qu’une dernière voiture a été « décorée » d’un « EVAM collabo ».

En mai 2013 le guichet de Mont-sur-Lausanne avait été la cible de jet de pierres qui ont dévasté la vitrine, et une banderole EVAM collabo a été posée sur la devanture de l’antenne début novembre.

reformulé (un peu ) depuis la presse via les breves du desordre

[Modène] Lettre des trois compagnons en procès suite au rassemblement devant le CIE – 22 novembre 2013

Trois compagnons ont été arrêtés en juin dernier, à Modène pour tentative d’incendie au terme d’un rassemblement devant le CIE. Libérés quelques jours plus tard, ils sont depuis 5 mois soumis à l’obligation de rester sur le territoire de leur commune de résidence ou de celle de leurs parents, et ont écrit une lettre que nous publions. Pendant que nous y sommes nous vous signalons que dimanche prochain à Modene se tiendra un rassemblement de solidarité avec eux.

« Le 16 juin dernier ils nous ont arrêtés à bord d’une auto appartenant à l’un d’entre nous rue Ciro Menotti, à Modène. ils nous ont perquisitionné sur le moment, relevant qu’il y avait des habits sombres dans nos sacs et deux paires de gants, un couteau à cran d’arrêt et un de cuisine dans la voiture. Emmenés à la préfecture, nous avons été accusés de « tentative d’incendie », après un rassemblement de solidarité aux détenus du CIE, défini par les enquêteurs comme un acte militaire réalisé devant la structure par une vingtaine d’encapuchonnés vêtus de noir. Parmi ces derniers, le chef (chef car il est habillé différemment des autres) aurait tiré avec un « pistolet lanceur de roquettes » (mortier, NdT) une dizaine de coups en direction des militaires, lesquels, pour « éviter le pire » auraient dû se cacher derrière une Jeep. Un de ces tirs aurait incendié la haie autour du poste de garde de la structure; éteint par les pompiers peu de temps après, ce feu aurait endommagé l’installation lumineuse externe de la structure.

En juillet le tribunal de rééxamen a modifié les quatre accusations, nous inculpant pour  » vandalisme pluri-aggravé en réunion » avec des inconnus. Les fait aggravants :  le fait que la structure soit publique, et la violence sur les personnes. Depuis le 16 juin le procès a été reporté deux fois et nos nombreuses requêtes de révocation des obligations de rester sur le territoire de la commune de résidence avec restrictions nocturnes imposées par la juge Manuella Cortelloni n’ont servi à rien.
Ceci est le cadre du procès monté par la préfecture et soutenu par le magistrat. Nous avons voulu en faire la description pour vous expliquer comment les flics peuvent transformer un rassemblement de solidarité en quelque chose qui leur sert à réprimer les parcours conflictuels et de soutien/solidarité réels  De cette manière les seuls parcours légitimes « contre » les Centres d’identification et d’expulsion sont ceux de l’indignation contre la violence policière sur les immigrés impuissants, pétitions au président de la chambre des députés, ou demande d’une quelconque réforme plus juste; Ceci dans le but d’éviter qu’une critique des CIE puisse être une aversion pour le système qui les génère et les remplis.

Les CIE de Modène, Bologne, Crotone, Brindisi, Catanzaro,Trapani sont à présent fermés grâce aux révoltes continues des migrants détenus, qui coup par coup ont rendu les structures inutilisables. Nous pensons que ceux qui se battent depuis des années contres ces camps de concentration ne peuvent pas s’attribuer le fait d’en avoir fermé certains; mais nous pouvons sûrement nous attribuer le mérite d’avoir donné force et espérance aux détenus, d’avoir cherché à rompre l’isolement entre ceux dedans et ceux dehors, faisant sortir leurs récits, ou faisant entrer notre soutien, d’avoir mis des bâtons dans les roues de ceux qui cherchent à se faire de l’argent et à gagner du pouvoir sur la peau des retenus : Miséricorde, Croix rouge, Coopératives sociales, police, armée … de ne pas être restés à regarder.

 Après les milliers de personnes mortes noyées dans la méditerranée, échouées sur les côtes de la Sicile ou prises dans les tempêtes, l’Etat nous fait voir son visage le plus hypocrite et dangereux, d’un côté il cherche à gagner le consensus à travers la propagande la plus vulgaire : funérailles d’état, direct TV, pitié mass-médiatique… de l’autre il renforce Frontex ( la police aux frontières européennes), restructure et surveille les CIE fermés, continue les expulsions, utilise des drones et des destroyers pour intercepter les barques en approche, construit des énormes radars pour surveiller en détail la côte sud-européenne (MUOS).

Ce sont des évidences qui nous mènent à penser que la lutte contre les camps, les expulsions et le monde qui utilise ces moyens pour s’enrichir et dominer, sera encore longue. En conséquence, une énergie toujours renouvelée doit être attribuée à l’attaque, pour continuer à frapper les ennemis de la liberté et de la justice là où ils sont le plus à découvert, où leurs contradictions les plus exacerbées peuvent devenir des foyers de révolte, individuelle ou non.

Nous pensons que la solidarité ( reçue en abondance et appréciée ces derniers mois de restrictions carcerales), en plus d’avoir une forte valeur humaine,  est pour les anarchistes une des meilleures voie pour redonner de la force aux parcours conflictuels, toujours avec un regard constructif et critique sur les parcours passés, pour trouver des méthodes toujours plus incisives.

Andrea, Gabriele, Sabbo»

macerie @ Novembre 22, 2013

[Hendaye] Un mois de prison ferme pour un des deux évadés – 21 novembre 2013

Un des deux évadés du centre de rétention d’Hendaye, le 1er novembre, a été condamné ce jeudi 21 novembre à un mois de prison ferme par une juge du tribunal correctionnel de Bayonne. Déjà en détention (on ne sait pas depuis quand), il y a été maintenu. « On m’a tendu un drap et on m’a dit tu viens ou pas ? », « Madame, j’ai 21 ans, vous avez ma vie entre vos mains » a-t-il déclaré à la juge.

D’après la presse

[Italie] Effondrements – 20 novembre 2013

Il y a deux semaines a été détruit le centre de Gradisca. C’est le septième à fermer en Italie. Cela peut sembler évident mais il est préférable de le préciser avant que quelques politiciens plus ou moins sinistres*  ne pensent à s’attribuer le mérite de ce qu’ils n’ont pas fait : ces centres ont été  formellement  fermés parce qu’un fonctionnaire ministériel en a ordonné l’évacuation, mais factuellement ils ont été détruits par le feu des révoltes des retenus. Sept centres sur treize sont fermés, et on ne peut pas dire que ceux qui restent se portent à merveille. Considérant la vitesse à laquelle ils tombent en morceaux, on pourrait affirmer que la machine à expulser est proche de l’écroulement  En voulant être sincères, si l’on doit parler d’écroulement, il y aurait besoin de dire quelque chose aussi de l’écroulement qui semble avoir touché les divers mouvements qui, ces dernières années, ont soutenu les luttes des retenus. Alors que l’on est dans un des moments les plus forts et les plus incisifs en terme de lutte à l’intérieur, à l’extérieur rien ne bouge. Il serait important de tenter quelques raisonnement propositifs, mais nous laissons ces pensées temporairement de côté. *( jeu de mot avec sinistra (gôche), NdT)

La machine à expulser est clairement en crise, et il n’y a pas besoin d’être spécialiste en philosophie politique pour comprendre que derrière chaque soit-disante crise se cache la possibilité d’une restructuration. Il pourrait sembler qu’au ministère de l’intérieur on se tourne les pouces mais il est quasiment certain qu’ils pensent et préparent quelque chose. Les nouvelles officielles à ce propos sont peu nombreuses, mais nous savons par exemple que les centres de Modène et de Bologne pourraient rouvrir l’année prochaine. En plus, il y a toujours en jeu la construction de deux nouveaux centre à Santa Maria Capua Vetere (Casert) et à Palazzo San Gervasio (Potenza). Ouverts en toute hâte il y a deux ans et demi durant le plan « urgence afrique du nord » (suite aux révolutions arabes, NdT) et restés en fonction seulement quelques mois, ils devaient rouvrir avant la fin de l’année, mais depuis que le gouvernement a lancé les appels d’offre et la collecte de fonds pour la restructuration on n’en a plus entendu parler.

Comme chaque restructuration qui se respecte, celle des CIE n’est pas seulement une question de contrats pour savoir qui construira les murs, les grillages et les barreaux. Chaque dispositif répressif a aussi besoin d’idées et de théories sur lesquelles se baser et se renouveler et sur ce front les choses sont en train de bouger. En mars 2013 a été publiée une proposition de réforme des CIE écrite par Connecting People et la Fondation Xenagos. Fatigués de recevoir de continuelles «  attaques sur plusieurs fronts, les qualifiant notamment de tortionnaires redoutables » Maurino et cie ont mis noir sur blanc leurs idées pour une « réforme copernicienne » de la machine à expulser. Parmi les propositions les plus inquiétantes il y a celle d’obliger les retenus à travailler, une nouvelle qui transformerait les CIE en réels camps de travail, au profit de ceux qui les gèrent. De son côté, après une campagne désormais décennale, la croix rouge est obligée d’abandonner pour l’instant les jeux de mots autour de sa prétendue impartialité et à finalement découvrir la différence entre les concepts d’ « accueil » et d’ « expulsion ». Il y a six mois a aussi été publié un document programmatique sur les CIE, un long travail d’analyse sur la condition des centres rédigé par une commission de bureaucrates du ministère de l’intérieur. Obsédés par la rationalisation de la machine à expulser, jugée coûteuse et inefficace mais surtout mise à rude épreuve par les « épisodes, actuels ou potentiels d’insurrection ou de dégradations graves », les fonctionnaires ont mis au point des propositions. Pour garder sous contrôle une situation leur ayant déjà échappé des mains trop souvent, le ministère étudie « la création d’un corps de professionnels, à qui confier la gestion des activités impliquant un contact direct avec les hôtes du centre ». Des équipes de para-matons privés. Pour le comprendre il suffit de lire comment le ministère s’imagine ce nouveau corps  : « opérateurs spécialisés, préparés à l’aide de formations spécifiques et d’entraînements, organisés avec la contribution de l’administration pénitentiaire, qui seront aux côtés des forces de l’ordre ». Dans le projet des bureaucrates l’intégration de la machine à expulser à l’intérieur du circuit carcéral ne se limiterait pas seulement à l’entraînement de gardiens, mais inclurait également « la création d’une structure mixte (à l’intérieur des prisons), composée par du personnel de l’administration pénitentiaire et de la police d’état » afin d’identifier les détenus sans-papiers. Un projet qui est aussi soutenu, depuis quelques temps, par des partisans de la fermeture des centres. L’une d’entre eux est Serena Pellegrino, écologiste et libérale de gauche qui, dans la foulé des révoltes de Gradisca a demandé des modifications législatives qui permettront « l’identification des très nombreux détenus sans-papiers, durant la période d’incarcération ».

En attendant de savoir ce qui adviendra dans les prochaines semaines à l’intérieur, hors et autour des CIE voyons où en sont les six restés ouverts.

Milan. Restructuré il y a moins de trois mois, après une série de travaux qui auraient dû améliorer les niveaux de sécurité et empêcher les révoltes, le centre est de nouveau pratiquement détruit et il n’y reste que vingt-huit places. Après la dernière révolte et en vue du renouvellement de l’appel d’offre de gestion, la croix rouge a décidé de pleurer misère et de hausser le ton : évidemment la gestion d’un CIE est devenue une affaire toujours moins intéressante en terme d’image et de rentabilité.

Turin. Le centre est à moitié détruit : une section entière est fermée, les cinq autres sont toutes plus ou moins sérieusement endommagées et il ne reste donc dans la structure que 98 places. Les dégradations les plus conséquentes datent de juillet dernier, lorsque a été détruite et incendiée la section blanche, fraîchement pensée et restructurée comme section anti-émeutes. Comme à Milan, à Turin aussi la gestion est depuis longtemps confiée à la croix rouge et l’appel d’offre tombera au printemps prochain.

Rome. On n’a plus de nouvelles du centre de Rome depuis la grande révolte de février dernier, quand le feu détruisit une grande partie du centre et des grilles d’enceinte les rendant pratiquement inutilisables pour plusieurs jours. L’absence de nouvelles est un signe évident que la gestion par la coopérative Auxillium porte ses fruits en réduisant au silence à grand renfort de sédatif les protestations des retenus. Une gestion plébiscitée un peu partout : parmi ceux qui estiment la coopérative nous trouvons beaucoup de fonctionnaires du ministère, même ceux qui sont connus comme fabulateurs de gauche.

Bari. Les dernières protestations significatives remontent à deux ans, mais l’œuvre de destruction du centre par les retenus a sûrement continué sans relâche bien que l’on n’ait pas de nouvelles. Le CIE est à moitié détruit et un groupe d’avocats a lancé une class action pour contraindre le préfet à acter qu’il ne reste que 112 places dans le centre. Depuis six mois la gestion du centre est confiée à Connecting People, les collègues de ceux qui géraient jusqu’à il y a deux semaines, le centre de Gradisca.

Caltanissetta. Après un été bouillant de révoltes et d’évasions, un des trois pavillons du centre a été définitivement fermé en septembre. Il n’y reste donc plus que 70 places. Depuis octobre la gestion a été confiée à la coopérative Auxillium, la même qui gère le centre de Rome. Malgré les compliments récents de l’évêque monseigneur Russotto et d’un groupe de parlementaires grillini (adeptes de Bepe Grillo, mouvement 5 étoiles, NdT) il est suffisamment évident que les nouveaux gestionnaires n’ont pas la situation sous contrôle : il y a eu au moins trois tentatives d’évasion accompagnées d’affrontements avec la police le mois dernier.

Trapani Milo. Immergé dans la campagne trapannaise, éloigné des centres résidentiels, il est renommé pour être le CIE des évasions. Même si la police a tout essayé, allant même jusqu’à couper les lacets de chaussures aux retenus, la moitié des retenus qui passent par là arrivent à s’en échapper. Dans la tentative de mettre fin à cette situation le ministère a récemment débloqué plus de 600 000 euros pour sécuriser le centre et le préfet a révoqué la gestion à la coopérative Oasi, lançant un nouvel appel d’offre. Pourtant, en masse comme en petit groupe, on continue toujours à s’enfuir du centre de Trapani.

 source : macerie

 

[Partout] Le marché juteux de la surveillance des frontières – 18 novembre 2013

Contrairement à nos habitude, nous reprenons ci-dessous un article de presse du journal algérien « El Watan ». Parce que nous pensons que les mass médias sont un outil au service des dominants, nous n’aimons pas reprendre la presse sans reformuler. Ici l’article nous semble intéressant pour ce qu’il expose et par le point de vue que la journaliste prend.

Le marché juteux de la surveillance des frontières

Le drame des migrants clandestins, au-delà du drame humain qu’il charrie, dévoile une face cachée des plus sordides. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, de grands colosses de l’armement et de biens de sécurité aiguisent leurs appétits pour en tirer le maximum de profit par de juteuses affaires. Chacun y va de sa dernière trouvaille pour vendre des systèmes de protection et de surveillance des frontières dans une Europe plus que jamais véritable forteresse. Eurosur, Milipol, Frontex. De quoi s’agit-il au juste ? Eurosur est le nouveau système de surveillance des frontières de l’Union européenne (UE), adopté le 22 octobre dernier. Ce système qui a pour objectif de renforcer les contrôles aux frontières extérieures, terrestres et maritimes de l’espace Schengen, est appelé à entrer en vigueur en décembre prochain.

D’autres mesures qui devraient initialement l’accompagner ont été, quant à elles, différées par Bruxelles à juin 2014. Milipol est le salon mondial de la sécurité intérieure des États, organisé tous les deux ans, qui ouvre ses portes à Paris à partir de demain (mardi 19) jusqu’au 22 novembre, soit 4 jours de rencontres, de découvertes et de débats autour de la sécurité publique dans le monde. Frontex est le «fer de lance» et «l’instrument emblématique de la politique de contrôle des frontières de l’UE et des pays qui lui sont associés dans ce domaine, comme la confédération helvétique». Le migrant clandestin, quant à lui, est cet ennemi juré que l’Europe s’est inventé. Il constitue une menace contre laquelle une véritable guerre est lancée.

Des Drones anti-migrants

En réponse aux deux récentes tragédies en mer survenues sur les côtes de l’île de Lampedusa, ayant coûté la vie à près de 400 personnes, l’UE a donné son feu vert pour le déploiement de l’Eurosur. Frontex qui est appelée à jouer un rôle très significatif dans la supervision de ce dernier, est l’un des habitués du salon parisien Milipol. D’autant que, remise au-devant de l’actualité, drames de Lampedusa obligent, la mise en œuvre du système Eurosur qui prévoit l’acquisition de drones de surveillance les mieux appropriés et les plus efficaces pour repérer et poursuivre les migrants clandestins, serait effective d’ici peu.

A ce titre, a indiqué une source italienne de Migreurop, Milipol pourrait être pour Frontex l’occasion propice de renouer les contacts, entamés en 2011, avec d’illustres hôtes, des leaders mondiaux de l’armement et de biens de sécurité, à qui s’offrira également l’auguste opportunité pour exposer leur nouvel arsenal et mettre en avant leurs dernières innovations en matière de développements technologiques, indiquent nos sources. D’autant que «l’Agence est connue pour avoir invité des fabricants de drones américains et israéliens à faire une présentation de leurs marchandises devant son staff. Le ministère américain du Commerce a d’ailleurs recommandé aux producteurs d’armes du pays de garder un œil sur le Frontex, car il pourrait offrir des opportunités d’exportation pour les Etats-Unis», assure, dans nombre de ses écrits, l’Irlandais David Cronin, écrivain expert de Frontex et des questions migratoires.

Et, celui sur qui pourront compter les futurs partenaires pour leur faciliter la conclusion du «marché» des drones anti-migrants, israéliens et américains surtout, n’est autre qu’Ilkka Laitenen. Ce général de brigade finlandais, qui dirige l’Agence depuis sa création en 2005, siège au comité consultatif pour l’Agenda de la Défense et de la Sécurité (ADS), un groupe de réflexion vivant de financements de l’industrie de l’armement, toujours selon David Cronin. «Laitenen et son staff entretiennent également des contacts réguliers avec l’Agence Européenne de Défense, un organe mis en place afin d’attirer et de développer des affaires pour les fabricants d’armes du continent», apprenait-il.

Ces drones traqueurs de migrants viendront renforcer les capacités logistiques d’intervention dont dispose Frontex et déjà déployées, à savoir 26 hélicoptères, 22 avions, 114 navires et 477 appareils techniques entre radars mobiles, caméras thermiques, sondes mesurant le taux de gaz carbonique émis et détecteurs de battements de cœur… A cela, il faut ajouter la révision à la hausse des moyens financiers dont devrait bénéficier l’agence en 2014, décidée par Bruxelles lors du sommet européen du 24-25 octobre dernier autour des migrations clandestines tenue à la suite des drames de Lampedusa.

Frontex : un budget de 89 millions d’euros en 2012

Pour rappel, de 6 millions en 2005, 19 millions une année après, le budget de Frontex est passé à 118 millions d’euros en 2011. Et, même s’il a baissé en 2012 (89 millions d’euros), elle demeure l’agence opérationnelle la plus financée de l’UE. Cette Europe et son bras armé qui ont fait du cimetière marin de Lampedusa un fonds de commerce où se sucrent allègrement les fabricants d’armements et d’équipements de sécurité. «Étant propriétaires ou actionnaires majoritaires de grands médias européens, les marchands d’armes concourent indirectement à fabriquer une opinion favorable à l’approche, de plus en plus militarisée, envers les questions des migrations irrégulières adoptée par l’UE», assure Mounira Haddad, présidente de AFAD, une association très active dans le domaine de défense des droits des migrants et réfugiés.

«La création d’un ennemi étant indispensable pour justifier les dépenses militaro-sécuritaires, il s’agit de se défendre de la menace migratoire généralisée, cet ennemi sans visage vient brouiller les limites entre Défense et sécurité. Et l’émotion face à l’image macabre des victimes des deux derniers naufrages, mises en scène par les médias européens, fait accepter la nouvelle guerre à l’immigration clandestines, dites humanitaires», s’offusque un membre de l’Association mauritanienne de lutte contre l’immigration illégale (AMLII).

Ces imbrications des enjeux découlant de la lutte contre les migrations illégales, nombre d’experts militant au sein d’ONG internationales pour la cause des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile, les ont maintes fois dénoncés. C’est le cas, par exemple, de Claire Rodier, membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI, Paris) et cofondatrice du réseau euro-africain Migreurop, lorsqu’elle fait référence à la participation régulière de Frontex aux rencontres, foires et salons où les professionnels de l’armement exposent leur matériel.
Ou lorsqu’elle parle de Laitenen, «général» directeur de l’agence européenne qui ne rate aucun colloque, forum et séminaire où se rassemblent militaires et policiers, industriels, représentants des ministères concernés et des institutions européennes.

En somme, «des enceintes où se tissent les liens entre les bailleurs de fonds et les entreprises, Frontex occupe une place stratégique : financée par les premiers, elle est courtisée par les seconds qui ont tout intérêt à son développement et à son autonomisation», écrivait-elle. Aux yeux de la juriste qui a dédié un volumineux ouvrage à ce croisement d’intérêts, intitulé Xénophobie Business et où elle s’interroge «A quoi servent les contrôles migratoires ?», l’agence européenne de gestion des frontières extérieures s’est avérée être doublement utile : d’abord en tant qu’«acheteur, puisqu’elle dispose d’un budget propre à cette fin.

En organisant, à la fin de l’année 2011, des démonstrations en vol des drones dont elle a l’intention de s’équiper pour mieux lutter contre l’immigration irrégulière, l’Agence a  ainsi donné un coup de pouce prometteur au marché européen du véhicule aérien sans pilote». Frontex est aussi également une «irremplaçable courroie de transmission, en mettant en relation les industriels en quête de financement pour la recherche et la réalisation du matériel de surveillance, qu’elle pratique de longue date, avec les décideurs institutionnels», conclura-t-elle. Une situation envers laquelle l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) basée à Genève, reste de marbre. Derrière ce silence assourdissant, se tapisseraient, peut-être, d’autres enjeux que seule cette Organisation, censée être l’un des garants des droits des migrants dans le monde, en sait quelque chose. Contactés par nos soins, les responsables de l’OIM n’ont pas jugé utile de se prononcer sur le sujet.

Naima Benouaret

 

Traque du migrant clandestin : mode d’emploi

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le 18.11.13
Depuis son apparition et le déploiement des troupes en uniformes ornés d’écussons étoilés – comme ceux de l’UE – sur le champ de bataille de la guerre «juste» contre les migrants et les requérants d’asile, Frontex ne cesse de gagner en reconnaissance.
Très utile s’est-elle avérée être, eu égard au rôle capital qui lui échoit désormais pour la commercialisation des équipements de sécurité dont plusieurs fabricants, notamment israéliens se disputent le marché dans le domaine de la surveillance des frontières. En témoignent quatre autres projets de nouveaux systèmes anti-migrations clandestine sont actuellement entre les mains de chercheurs spécialisés dans ce type de technologies de pointe. Il s’agit des systèmes Operamar, Wima, Effisec et Talos, indiquent des sources bien informées. Le premier consiste à créer des «fondations d’une capacité paneuropéenne en matière de sécurité maritime», précise-t-on.
Le Wima suggère, quant à lui, de multiplier l’usage des drones pour une surveillance plus efficace des côtes européennes. L’immigration clandestine et le trafic d’êtres humains sur les mers sont les deux exigences auxquelles doit répondre le Wima. D’où le nom de «systèmes des systèmes» retenu par ses concepteurs prévoient. En vue d’un renforcement plus accru des capacités en termes de contrôle et de surveillance des postes frontières (terrestres, aériens et maritimes), l’UE a, en outre, affecté une enveloppe conséquente pour la mise au point du nouveau dispositif Effisec. Celui-ci porte, pour sa part, sur l’intégration d’une série de technologies existantes et complémentaires (biométrie, documents électroniques, reconnaissance des signaux, analyses visuelles, détection de substances). La vidéosurveillance fait partie des pistes envisagées, ajoutent nos sources, indignées par le fait de «considérer les migrants comme des produits de contrebande».
Car, précisent-elles, détecter l’immigration illégale et les produits illicites est la finalité du système Effisec. Le Talos, est, aux yeux de nos interlocuteurs, le système qui traduit au mieux «le fantasme de frontière virtuelle». Et le concept, comment s’applique-t- il ? La patrouille autonome de surveillance des frontières entend utiliser des robots et des drones pour repérer à distance les immigrés clandestins et les interpeller avant qu’ils ne parviennent à s’évaporer dans la nature, a-t-on expliqué.
Autrement dit, des systèmes mobiles, modulaires et adaptables à toutes les situations. Le chef de projet Talos, soulignent nos sources, est une société polonaise de robots démineurs catégorie (PIAP), d’origine militaire. Son rêve étant de «cloner» ses engins IBIS, équipés de caméras thermiques et capables de tirer des projectiles en tous genres pour traquer les aspirants à l’immigration. «Ce beau bébé, un robot de combat et pas seulement d’observation, a d’ailleurs remporté la médaille d’argent au concours Eureka 2008, remis en novembre de la même année par les huiles de la Commission européenne», ont tenu à rappeler les mêmes sources qui ont requis l’anonymat.
Aussi, le robot IBIS sera doté de capacités lui permettant d’embarquer des armes dites à «énergie dirigée», mot savant pour désigner les canons à ultrasons, ajoutent nos sources. Et pour assurer le volet aérien de Talos, il a été fait appel aux compétences de la compagnie Israël Aircraft Industries, un des leaders mondiaux des drones de surveillance et d’attaque. Sa spécialité : détecter, localiser, cibler des terroristes, des trafiquants, des immigrés illégaux ou d’autres menaces sur la sécurité publique, 24h/24, même en cas de mauvaise météo et de faible visibilité. «On imagine bien où tout ce bel arsenal israélien a été testé grandeur nature», ironisent nos sources.
Naima Benouaret

[France] Bientôt des centres semi-fermés pour les demandeurs d’asile ? – 18 novembre 2013

Deux députés de l’assemblée nationale (Jean-Louis Touraine, socialiste et Valérie Létard, centriste) proposent de créer des centres semi-fermés pour les demandeurs d’asile déboutés dans un rapport parlementaire. Ceci afin de les placer « sous surveillance » « afin de préparer leur retour vers leur pays d’expulsions ». Cette proposition intervient quelques semaines après l’expulsion de Léonarda et sa famille qui a créée un émoi dans une partie de la société. Un rapport définitif devrait être remis fin novembre.

Ces deux députés ont l’air de faire comme si les débouté-e-s de demande d’asile ne sont jamais enfermés, ce qui ne laisserai pas la possibilité de préparer leur expulsion, alors que comme les autres personnes sans papiers ils/elles sont pris-es dans les rafles et enfermé-e-s dans les centres de rétention. Cette nouvelle mesure répressive, si elle est appliquée, permettra d’enfermer, d’isoler et d’expulser toujours plus.

Info reprise d’après la presse

[Italie] Milan (presque) sans CIE – 11 novembre 2013

11 novembre 2013

On pourrait la définir « méthode isontine » : brûler le centre bout par bout, section par section – avec méthode, donc -, jusqu’à en arriver à son substantiel écroulement et à sa fermeture. Méthode experimentée avec continuité à Gradisca d’Isonzo dès février-mars 2011, et la voilà de nouveau avec force ces mois-ci, causant à deux reprises en deux ans et demi l’évacuation du centre. Dès lors cette methode avait fait école dans tous les centres d’Italie, et elle le fait encore maintenant. Aujourd’hui c’est au tour de Via Corelli, à Milan, où, suite aux incendies des derniers mois – dont le dernier date d’hier – le centre est sur le point d’être évacué : de ce qu’on en sait, sept retenus devraient être libérés, dix ont été incarcérés, tandis que les autres devraient être transférés dans d’autres centres (encore faut-il qu’il y ait de la place quelque part après la fermeture de Gradisca). Bref, après Gradisca, Modène, Bologne, Crotone, Brindisi… maintenant Milan aussi est (presque) sans CIE.

Puisqu’on y est nous vous signalons depuis Corso Brunelleschi la situation d’un retenu, Elmaati Elbayed, qui est en grève de la faim depuis jeudi dernier. Comme beaucoup d’autres, il a une femme et des enfants ici et malgré cela ils veulent l’expulser : jusque là, la direction du centre a répondu à sa protestation par l’isolement. Mais il reste déterminé à continuer.

Mise à jour à 23h : Une vingtaine de solidaires s’est retrouvée sous les murs du centre de Turin pour raconter aux retenus la révolte de Milan. Pour dire vrai, le nouvelle était déjà arrivée au centre de Turin, et le bruyant salut a été une occasion pour soutenir les luttes de retenus avec chants et boucan, accompagnés des classiques jets de fumigènes, pétards et balle de tennis avec messages de solidarités et maalox.

Mise à jour 12 novembre : Les premières nouvelles des retenus de la dernière révolte à Milan transférés dans d’autres centres : une quarantaine d’entre eux est arrivée à Trapani, et une quinzaine, presque tous des nigérians, à Turin. A Milan, il reste moins de trente places disponibles, mais vu que la direction du centre interdit l’usage des téléphones portables depuis trois ans, il est difficile de savoir dans les faits combien de personnes sont encore enfermées dedans. Certainement très peu, si bien que la Croix Rouge, aux dires du commissaire lombard Maurizio Gussoni, se plaint publiquement de l’énorme manque à gagner causé par les dernières révoltes.

depuis la presse : « Encore des flammes au CIE. Quatre secteurs inutilisables : 60 immigrés transférés, 9 arrétés. Cinquième incendie en deux mois. Dimanche des hôtes du centre ont brûlé des draps, des serviettes et des matelas. La révolte de Via Corelli ne s’arrête pas. En à peine plus de 60 jours, nous en sommes à cinq incendies dans le centre d’identification et d’expulsion à deux pas de l’aéroport de Linate. Hier après-midi s’est jouée la scène habituelle : quelques hôtes de la structure (presque au complet) ont mis le feu à des draps, des serviettes et des matelas (bien qu’ignifugés) du secteur D ; par chance, les pompiers ont réussi à contenir le feu en quelques minutes, mettant à l’abri, avec l’aide des agents de police, les retenus qui se trouvaient dans cette section du centre. La fumée dégagée par les flammes a saturé également les secteurs C et E, les rendant « insalubres » […] Pour le moment quatre des cinq zones ( de 28 places chacune ) sont inutilisables.[…]

Il est certain que la situation reste compliqué aussi pour les gestionnaires du centre : l’absence d’hôtes fait perdre de l’argent : avec 60 euros par jour et par persone, ils gagent 50 000 euros de moins par mois pour chaque section fermée. « 

Mise à jour du 16 novembre

Les neufs arrétés pour l’incendie du centre ont tous été « libérés ». En réalité, ils sont tous sont de nouveau internés dans un CIE. Un à Turin les autres à trapani, désormais plein à ras bord. Il semble en fait qu’il y ait beaucoup plus que de retenus que les 200 places prévues.

Dans le même temps les causes de la nuit de feu à Milan s’eclairssissent. Il semble que certains « hotes » n’apreciaient plus « l’acceuil » et ont décidé de quitter « l’auberge ».   A la tentative d’évsion la police à réagi de manière extremement violente, causant plusieurs blessés. A tel point que les retenus ont demandé avec force que les blessés les plus graves soient ammenés à l’hôpital, mais la police a refusé et continué à matraquer ceux qui protestaient. La rage à explosé et section après section, chambre après chambre le CIE à été quasi completement donné aux flammes. D’un certain point de vue nous pouvons donner raison à la presse officielle : l’incendie n’a pas provoqué de blessés. Par amour de la précision, il s’est passé l’inverse.

 

source : macerie