Sans Papiers Ni Frontières

Icon

Contre les frontières et leurs prisons

[Turin] Croix-Rouge. Résignation. Ou pas ?

4 février 2014. Vers 19h la Croix Rouge donne sa première leçon de premier secours à son siège de Moncalieri. Tandis que les quelques participants sont encore à la caisse pour payer leur admission, une quinzaine d’ennemis des frontières et de l’exploitation se retrouve sur place. Durant quelques minutes ils expliquent aux clients ignorants le rôle moins connu des personnages qu’ils sont là à écouter. On parle de la gestion des CIE, de la complicité avec les privations et les mauvais traitements envers les retenus, des matraquages, des tabassages et des clefs des cellules, que la croix rouge a souvent et volontiers dans la poche. Peu de mots, mais plutôt durs… Le fait d’avoir couvert l’inspecteur de police qui a tenté de violer Joy, dans le CIE de Milan, la mort d’Hassan en 2008 pour manque de soin. Dans les premiers rangs certains regards se font tristes et impuissants, tandis que beaucoup sont surpris et en fin de compte, il n’y aucune réaction de colère. La résignation et l’habitude du pire ne laissent personne indemne. Ou quasi, peut-être que dans quelques têtes et quelques cœurs, le dégoût pour ceux qui s’engraissent sur un camp de concentration peut encore créer des brèches.

traduit de macerie

[Athènes, Grèce] Manifestation contre les camps de rétention

Le samedi 11 Janvier 2014, des personnes ont effectué une manifestation dans les quartiers du centre d’Athènes contre les centres de rétention pour migrants et l’opération de rafle d’Etat  » Xenios Zeus ». La manifestation était organisée par plusieurs collectifs qui sont actifs dans le centre-ville (à partir des quartiers de Aghios Nikolaos, Kypseli et Patissia, des antifascistes des quartiers du centre d’Athènes, de Kypseli – action antifasciste Patissia, l’ensemble de NoLager), et a été soutenue par d’autres groupes et individus du centre-ville, mais aussi de la banlieue ouest, est, nord et sud d’Athènes. Il y avait également la présence importante des migrants qui ont participé à la manifestation depuis le début, ou ont rejoint la manif spontanément. Près de 800 manifestants ont marché de la place Amerikis à travers les rues de Mythimnis, d’Attique, de Skiathou, d’Epidamnou, de Sifnou et de Patission, et sont retournés à la place Amerikis.

nolager1

Au cours de la marche, des centaines de dépliants ont été distribués dans sept langues différentes, des milliers de tracts ont été jetés, et les manifestants ont tagué des slogans et des pochoirs le long de la route. Il n’y a pas eu de problème, et la manifestation a été très chaleureusement accueillie par les résidents migrants. Entre autres, les slogans suivants ont été criés :

Les migrants sont nos frères et sœurs de classe / Pas de camps de concentration, jamais et nulle part

Les camps de concentration, les pogroms et Manolada / C’est la Grèce si vous êtes un migrant
[référence aux travailleurs agricoles migrants, qui ont protesté contre l’esclavage imposé par les propriétaires de fraises, et qui ont été frappés par des contremaîtres à Manolada, dans le Péloponnèse]

Laissez les professeurs être albanais, nos enseignants roms, et nos camarades de Téhéran

Le terrorisme c’est la recherche d’emploi, ayant pas d’assurance santé, et vivre sans-papiers

C’est ça, des papiers pour les migrants, des coups de pied aux patrons

Flics d’Aube dorée/ patriotes nationalistes / nous sommes les traîtres de l’unité nationale

"Contre les pogroms raciste de la police/de l'Etat - Jusqu'à la libération du dernier migrant des camps de concentration modernes"

« Contre les pogroms raciste de la police/de l’Etat – Jusqu’à la libération

du dernier migrant des camps de concentration modernes »

nolager4

"Démolissons les camps de concentration"

« Démolissons les camps de concentration »

[Caltanissetta] évasion

4 février 2014

Évasion réussie, cette nuit, du CIE de Pian del Lago, à Caltanissetta. En silence et à la faveur des ténèbres, les quatre ont escaladé le mur d’enceinte pour prendre leurs jambes à leur cou  ; après les clôtures ils se sont trouvés en face de deux militaires qui n’ont pas réussi à les retenir. Comme vous le savez, après les grands incendies qui à la fin 2009 en avait déterminé la fermeture et la restructuration, maintenant ce centre est le seul à fonctionner à plein régime en Italie.

Traduit de macerie.

[Turin] Feu aux CIE

Feu aux CIE

Après les images de Lampedusa – où les “hôtes” du CPSA (centre de premier accueil) sont mis en rang, nus, pour être désinfectés.

Après les images de Rome – où les “hôtes” du CIE ( centre d’internement et d’expulsion) ont eu à se coudre la bouche au fil et à l’aiguille pour faire entendre leur voix à Noël puis il y a quelques jours. Après les incendies des dernieres semaines dans le CIE de Turin, aujourd’hui détruit aux trois quart.
Après les déclarations, les enquêtes, les plaintes de ce dernier mois, personne ne peut plus ignorer que dans les centres pour sans papiers les “hôtes” ne sont pas hôtes mais prisonniers et que l’accueil qui s’y pratique est celui d’un lager. Personne, encore moins ceux qui savaient déjà et ont haussé les épaules, impuissants, ceux qui regardaient du balcon en souriant…

Ceux qui ont inventé , agrandi et soutenu les centres, qui ont flairé la bonne affaire et en ont profité font, en revanche, comme si de rien n’était. Ils feignent de n’être pas responsables de l’existence des centres en Italie, pour éviter d’être traités comme ils devraient l’être : Giorgio Napolitano et Livia Turco, Umberto Bossi et Gianfranco Fini, avec leurs amis d’hier et d’aujourd’hui ; La croix-rouge, Les Coopératives blanches ou rouge comme Auxilum et Connecting People, les Miséricordes. Même la poste Italienne, qui avec la compagnie aérienne mistral air a le monopole des transferts internes et des explusions vers l’afrique du nord.

Avant même que ne s’allument sur eux les projecteurs, les prisonniers des CIE ont su faire ce qui devait être fait : se révolter, s’échapper, détruire les cages dans lesquelles ils étaient retenus. Et c’est seulement grâce à eux qu’il ne reste sur pied que cinq CIE, elles-mêmes endommagées, brûlées et à fonctionnement réduit.

Les prisonniers, à l’intérieur, ont fait leur part, à nous, dehors, de faire la nôtre : les soutenir lorsqu’ils luttent, mais aussi ne pas laisser de répit à ceux qui ont inventé les CIE, à ceux qui les ont reformés, à ceux qui en ont fait un métier, à ceux qui s’enrichissent dessus. Sans attendre de voir quelles seront les promesses des parlementaires et des ministres, sans attendre les larmes de crocodole de quelques conseillers municipaux. Aujourd’hui plus que jamais, c’est le moment – dedans et dehors – de donner le coup de grâce pour qu’il ne reste des CIE qu’un tas de gravats.
Avant que, les projecteurs éteints, tous oublient les centres et ce qu’il se passe dedans.
Avant que tout ne redevienne comme avant.

Samedi 8 février – 16 heures
Rassemblement au cie
Corso Brunelleschi angle via Monginevro

traduit de macerie

[Rome] Sous l’eau

31 janvier 2014

Au beau milieu du déluge à Rome jetons un œil à ceux qui sont enfermés. Les « hôtes » du CARA (centre de demandeurs d’asile, ndt) de Castelnuovo de Proto qui, selon un direct sur  Radio Onda Rossa, ont été laissés et enfermés à l’intérieur tandis que l’eau montait et ont été contraints de chercher à fuir sur les toits.  Le centre – construit sur une plaine alluviale du Tevere – est complètement inondé tandis qu’un ouvrier est gravement blessé à cause d’un court circuit. Bien que la situation soit aussi critique dans la zone de Ponte Galeria, les cages restent fermées. Ce matin, cependant, il y a eu une protestation. Le centre étant privé d’eau chaude depuis trois jours et les soldats ne voulant pas distribuer le petit déjeuner à ceux qui ne font pas la grève de la faim ; les prisonniers ont amassé pas mal de mobilier en face de la cafétéria et ont allumé un petit incendie. Une fois l’incendie éteint, la bouffe est arrivée subito.

traduit de macerie

[Turin] Un salut

30 janvier 2014.  

Vers 20 heures, un groupe de solidaires se retrouve devant les murs du CIE de corso Brunelleschi pour saluer les retenus. Dix minutes de bordel, accompagnées comme d’habitude de pétards, fumigènes et lancés de balles de tennis, remplies de messages de solidarité et de récits des derniers mois de révolte dans les centres pour  sans-papiers. Malgré le froid et la neige, les quelques retenus restés dans le centre endommagé et partiellement vidé après les dernières révoltes, sortent des sections et répondent aux cris.

traduit de macerie

[Italie] Ce qu’il en reste /2

28 janvier 2014

Après les incendies de la semaine dernière, il semble que la préfecture n’a pas l’intention de restructurer rapidement les sections endommagées du CIE de Turin. Les interventions des ouvriers qui s’occupent de la manutention, en fait, se limitent à l’administration ordinaire : changement des ampoules et des poignées, et jamais dans les chambres inutilisables.

La rumeur que font circuler les flics à l’intérieur est qu’il n’y aura pas de travaux et la Stampa même (quotidien national, ndt), disait il y a quelques jours la même chose, faisant plus ou moins ce raisonnement : chaque fois que les interventions sont terminées, le centre se remplit ; agents, flics et croix-rouge ne sont pas capables de garantir l’ordre quand le centre est plein, donc révoltes et incendies surviennent ; après la révolte on compte les dommages et les sections restructurées doivent fermer de nouveau ; pour ne pas continuer comme cela à l’infini, il vaut mieux ne pas réparer les dommages. Raisonnement convainquant, mis à part qu’en réalité les gardiens de l’ordre n’arrivent pas à le garantir même lorsque le centre est à moitié plein. Et en fait, ce qu’il se passe ces jours-ci c’est que les transferts vers d’autres centres sont très rapides et dépassent la nécessité de « donner un lit » à ceux qui n’ont plus d’endroit où être, surtout qu’à l’intérieur aujourd’hui il y a « seulement » quarante cinq retenus. En somme : il semble que la préfecture soit doucement en train de vider Corso Brunelleschi. En plus des transferts, les fonctionnaires du bureau de l’immigration ont organisé plusieurs expulsions, et parmi les personnes déportées il y a celui accusé d’avoir réalisé une vidéo la semaine dernière. Nous voudrions vous dire que le CIE de Turin est en train de fermer lentement, mais nous ne pouvons en être surs.

A Rome, entre les grèves de la faim et les bouches cousues, les choses ne vont pas beaucoup mieux pour les petits Eichmann du ministère. Les retenus sont moins de cent, pour une capacité théorique de trois cent soixante et les trois sections détruites sont là, abandonnées à elles même. Aujourd’hui les retenus qui se sont cousus la bouche ont été convoqués par les responsables du centre : ils leur ont annoncé que demain le consul marocain viendra pour les identifier, et, selon sa réponse ils seront soit expulsés, soit détenus encore, soit enfin libérés mais avec une obligation de quitter le territoire à la main. Dans Ponte Galeria, maintenant, il y a plusieurs transférés suite aux incendies de corso Brunelleschi, qui nous racontent à quel point les flics et les militaires romains sont particulièrement attentifs et prévenants avec eux : évidemment, ils craignent la contagion des révoltes récentes de Turin.

A Caltanissetta en revanche tout est tranquille, comme peut être tranquille un centre pour sans-papiers, et signalons que c’est le seul CIE italien qui fonctionne à plein régime, avec une centaine de prisonniers. Aujourd’hui ont eu lieu des visites de journalistes, nous verrons s’il en sortira quelques récits intéressants. Trapani et Bari, comme vous le savez sont les prochains à fermer pour restructuration et à Trapani – où cent trente personnes sont retenues pour deux cent quarante places théoriquement disponible – court le bruit d’une évasion jeudi dernier.

Pour une compréhension plus complète de la situation des CIE en Italie écoutez, si vous avez un peu de temps (et que vous comprenez l’italien, ndt) cette petite présentation faite hier par l’un de nos rédacteurs sur les ondes de Radio Onda d’Urto

 

traduit de macerie

[Lille] Occupation d’une agence air france

29 janvier 2014

Une trentaine de sans papiers de Lille, organisés en collectif, ont occupé pendant une heure l’agence régionale d’Air France (8 rue Nationale), complice à leurs yeux des expulsions. Ils demandaient, entre-autres, la libération de leurs camarades enfermés au centre de rétention de Lesquin ainsi que leur régularisation.

[Oissel] Évasions du centre de rétention !

Dans la nuit de mardi 28 à mercredi 29 janvier 2014.

Huit personnes ont réussi à s’évader du centre de rétention de Oissel, près de Rouen.Les huit évadés ont dévissé la grille de la fenêtre du dortoir puis en ont arraché le volet. Une fois dans la cour ils sont montés sur le toit d’une voiture afin d’escalader le grillage d’enceinte de 2m, 2m50. Le système d’alarme s’est déclenché, mais quand la police est arrivé au niveau du dortoir, ils avaient disparu dans la nature. Le système de sécurité -vidéosurveillance et alarme- était en cour de rénovation. Il y 14 mois déjà deux retenus avaient réussi à s’évader en passant par une trappe.

Deux jours de recherche dans la forêt du Rouvray, avec l’aide des élèves de l’école de police et d’un chien de recherche, n’ont rien donné, espérons que ça dure !

[Genève, Suisse] Contre les fachos et les frontières

26 janvier 2014.

« Si seulement la mère de Blocher avait avorté… »

La petite bourgeoisie estudiantine de Genève a été perturbée dans son train-train quotidien par l’apparition de graffitis sur les façades d’Uni-Mail, ce lundi matin.

Alors qu’une conférence de l’UDC sur le thème de l’immigration doit avoir lieu ce soir dans une des salles du bâtiment, des individus armés de bombes de peinture ont souhaité signifier au parti xénophobe et réactionnaire qu’ils ne sont pas les bienvenus dans ces murs, ni ailleurs.

Ainsi, on a pu lire à Uni-Mail des slogans tels que « No Border, No Nation », « UDC fachos, Uni collabo », « Les frontières nous divisent, la lutte nous rassemble », ou encore « Si seulement la mère de Blocher avait avorté… » en clin d’oeil aux récentes attaques de l’UDC contre le droit des femmes à avorter.

source : réveil.ch