Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Grèce] Fraises et exploitation humaine – avril 2013

Fraises et exploitation humaine

 

voir aussi ici : Répression sanglante d’une rébellion d’ouvriers agricoles à Manolada – 17avril2013

Voilà ce que sont les deux productions de base à l’exportation, et toutes les deux dans d’énormes quantités, de Nea Manolada, une province de la région d’Ilia, à 260 km à l’ouest d’Athènes. Alors que chaque printemps les fraises figurent rouges et délicieuses aux étals des marchés et dans les rayons des supermarchés, l’exploitation des travailleurs immigrés, un secret bien caché dans les rangs de la société locale raciste et xénophobe, est visible tout le temps. Mais, à cause de quelques balances à sang chaud d’un des grands propriétaires terriens de la région, les médias locaux et internationaux s’en occupent un peu.

Quelques mots à propos des champs médiévaux de Manolada

4 à 5.000 ouvriers de la terre travaillent dans les champs de Manolada les dernières années. Presque tous immigrés, surtout du Bangladesh et depuis peu du Pakistan, et beaucoup sans papiers. Leur travail de base est la culture, la récolte et l’emballage des fraises mais selon l’époque ils s’occupent aussi de la culture d’autres produits agricoles tels les patates, les oranges, etc. Le travail commence à 7h du matin et finit à 9-10h du soir avec un salaire journalier de 25 euros et bien sûr sans sécurité sociale, assurance et une quelconque aide médicale en cas d’accident du travail. Ils vivent hiver comme été dans des tentes de fortune ou dans des serres, sans eau, électricité, toilettes et autres besoins de base.

Les conditions de travail sont littéralement inhumaines, et derrière les horaires de travail exténuants, il faut ajouter qu’ils doivent travailler sous la surveillance constante et le chantage des contremaîtres qui travaillent pour toute sorte de propriétaire terrien et qui les traitent comme des esclaves. Tabassages et comportements dégradants sont une routine quotidienne, menaces sur leurs vies, chantage comme quoi ils vont les amener à la police, pour ceux qui n’ont pas de papiers, non-paiement de leur salaire et balles dans le corps si quelqu’un ose même pour un instant lever la tête.

Les faits

200 immigrés du Bangladesh qui travaillent dans l’un des nombreux champs de la région, ceux du propriétaire terrien Vaggelatou, ont commencé les derniers jours à demander leur salaire des 6 derniers mois. Ils demandaient constamment leur argent au propriétaire et ses contremaîtres mais ont fait face à ses insultes et menaces. Ils ont même écrit une réclamation qu’ils ont tenté de donner à la police et au gouvernement, bien sûr sans aucun résultat. Quelques jours avant la tentative de meurtre contre eux, ils ont fait une journée de grève et la réponse du propriétaire a été la menace d’amener d’autres immigrés pour les remplacer, surtout d’Albanie, Roumanie et Bulgarie, et les dégager de là sans les payer. La réponse des immigrés : « donne-nous l’argent que tu nous dois et on part ». Évidemment, le propriétaire n’a pas mis en application sa menace, puisque les immigrés des Balkans demandent 40 euros de salaire journalier et il a continué à ignorer les demandes des immigrés. Donc, le 17 avril, les mêmes ouvriers bangladais ont décidé d’aller protester devant la maison du propriétaire et comme retour ils ont reçu des coups de feu de ses nervis de contremaîtres. Le résultat a été 30 ouvriers blessés, dont 7 dans une situation critique. Mis à part que l’ambulance a pris deux heures pour arriver sur le lieu, la première chose que la police a faite a été de commencer à persécuter et arrêter tous les immigrés sans papiers, sans s’occuper des assassins armés.

C’est cette dimension-là qui a pris des proportions considérables, surtout dans les médias internationaux et l’image du pays qui s’est créée [1], l’absence de possibilité de maquiller l’incident et la peur de la réaction des ouvriers immigrés qui ont forcé les autorités de s’occuper du sujet et poursuivre les responsables. Les 2 jours suivants, les 18 et 19 avril, aucun immigré n’est aller travailler dans toute la région et ont organisé un rassemblement de protestation avec la participation de plus de 10.000 immigrés travailleurs de la terre. Évidemment, les médias ont gardé cela sous silence mais cela a vraiment été la raison pour laquelle le ministre de l’intérieur Dendias a promis aux immigrés ce qui va de soi, leur payer tous leurs salaires et que la police va arrêter les assassins armés et leur patron.

En 2008, des photos de la même région qui montraient les conditions de vie et de travail des immigrés travailleurs de la terre avaient transpiré. À ce moment-là, la plupart des immigrés étaient du Pakistan. Et alors, comme maintenant, nous avons tous été choqués par les faits, les médias ayant porté quelque peu leur masque humaniste et l’État avait promis de résoudre le problème, en disant que c’était un incident isolé. Mais les années dernières le modèle de production agricole était le même, la seule différence étant qu’à la place des bangladais et pakistanais, les ouvriers étaient des Balkans, surtout d’Albanie.

Après toutes ces années rien n’a vraiment changé et les conditions de travail sont devenues de plus en plus barbares. L’exploitation des immigrés est un plan bien organisé de l’État et des patrons pour la croissance économique et afin de surmonter la crise.

C’est le même État qui, directement ou non, a poussé les immigrés à travailler dans les champs des propriétaires locaux. C’est-à-dire tous ceux qui ont réussi à survivre aux champs de mine d’Evros ou aux profondeurs de la mer. Tous ceux pour lesquels il n’y a pas de place dans les geôles de la police et dans les centres de rétention. Tous ceux qui doivent répondre à la question de où rester à la maison et terrifié à crever de faim, parce qu’à chaque coin de rue attendent les flics ou les fascistes, ou travailler comme esclave pour une bouchée de pain, évitant de cette façon d’être expulsé ou enfermé dans un quelconque centre de rétention. Et cela, parce qu’il y a un accord entre l’État, les autorités locales et les propriétaires terriens de la région pour que la police n’arrête pas les immigrés qui travaillent dans les champs de la région [2].

De cette façon-là, le travail sous ses conditions semblent pour les immigrés comme la seule voie de sortie et bouée de sauvetage et, pour les patrons, c’est un très bon outil pour encore plus d’exploitation des immigrés. La cerise sur le gâteau de l’exploitation, pour que les acolytes des patrons ne se plaignent pas, est la garde de l’argent des ouvriers immigrés afin de leur procurer une bouchée de pain [3].

Ce qui s’est passé à Manolada le 17 avril n’est pas seulement un incident isolé. C’est une condition de travail violente et inhumaine qui est appliquée pour un début à tous ceux qui se trouvent en bas et déshérités. Et tandis que cette crise s’aggrave, le fond du panier contient de plus en plus d’entre-nous. Tant que nous nous entre-déchirons et blâmons les immigrés et « l’autre » en général de nos problèmes, nous préparons le terrain pour l’exploitation et l’oppression. Tant que nous ne ciblerons pas l’ennemi réel, qui n’est personne d’autre que ceux qui nous exploitent et gagnent de l’argent sur notre dos, c’est comme si nous nous arracherions nos yeux avec nos propres mains.

LUTTES COMMUNES DES LOCAUX ET IMMIGRÉS

CONTRE OPPRESSEUR DE NOTRE VIE

 
[1] L’image des immigrés ouvriers de la terre blessés a fait le tour du monde. Une fois de plus, différentes organisations internationales ont rédigé des condamnations contre la Grèce pour sa politique migratoire, considérant que 5 signatures sont suffisantes pour amener une solution à ce problème. De plus, différents organes et organisations, surtout à travers les médias sociaux (facebook, tweeter, etc.) ont lancé une campagne appelée « Sang et Fraises » pour le boycott des fraises de Manolada.
[2] Le plan est : Les propriétaires locaux, en accord avec les autorités locales et le gouvernement, demandent à chaque fois un nombre spécifique de travailleurs. Ils communiquent avec un immigré considéré comme « un des leurs », connu comme le « maître », ayant habituellement la même citoyenneté que les immigrés et qui a la responsabilité de trouver les travailleurs à Athènes. Il n’y a pas besoin pour les futurs ouvriers d’avoir des papiers mais des contacts. Le transport vers les champs est fait en voitures qui viennent à Athènes et les y amènent. La seule garantie du marché est que tant qu’ils travaillent sans créer de troubles, ils n’auront pas de problèmes avec la police.
[3] Le salaire journalier est de 17 à 25 euros mais ils sont versés chaque 2 ou 3 mois. Les dépenses pour la nourriture et d’autres besoins (carte de téléphone, etc.) sont décomptées de leurs salaires. Même dans ce cas-ci, l’exploitation n’a pas de limite. Les courses ne sont pas faites par les immigrés eux-mêmes mais par les contremaîtres ou le « maître ». Et même si chaque immigré à besoin de 70-80 euros par mois pour sa nourriture, ils ont un compte qui atteint jusqu’à 400 euros par mois, étant finalement payé 150 euros pour le travail d’un mois. Il est évident que ce compte finit dans les poches des propriétaires terriens et de leurs nervis.
 

source : Assemblée d’immigrés et solidaires d’ASOEE

[Turin] À propos de la lutte contre le centre

À propos de la lutte contre le centre

Au cours de la lutte contre les Centri di internamento ed espulsione (CIE), un rendez-vous fixe s’est tenu pendant longtemps à Turin. Pendant un peu moins de deux ans, de l’été 2009 au printemps 2011, chaque troisième dimanche du mois, les solidaires se retrouvaient dans le jardin de Corso Brunelleschi, juste devant les murs du centre, pour donner vie à un rassemblement long et bruyant. Née des cendres d’autres expériences de lutte, qui ont échoué à cause  de l’incompatibilité des méthodes et des perspectives entre camarades qui y participaient, l’idée d’un rassemblement régulier avait quatre objectifs :

  1.  maintenir vivant le rapport avec l’intérieur, grâce à un rendez-vous de lutte connu à l’avance des solidaires et des retenus.
  2.  maintenir vive l’attention des compagnons ainsi plus assidûment impliqués dans la lutte.
  3.  construire et intensifier les rapports avec tous les solidaires (ou potentiels solidaires) intéressés pour lutter contre les CIE.
  4. impliquer dans la participation et possiblement dans l’organisation du rassemblement des amis et parents des retenus, pour essayer de stimuler des mécanismes de solidarité non militants.

Après le long été 2011 au Val di Susa (lutte contre le TAV, ndlt), qui avait de fait ralenti quasiment toute activité en ville, les rassemblements réguliers n’ont pas repris. Il y a eu plusieurs occasions au cours desquelles on s’est retrouvés devant les murs, mais l’idée d’un rendez-vous mensuel a été depuis ce moment négligée dans les faits. À la même période, les tâches quotidiennes, dans l’élaboration et dans la pratique, pour développer un parcours de lutte contre les sfratti (expulsions locatives, ndlt) et lancer des occupations, ont évidemment réduit les énergies disponibles pour s’engager dans d’autres luttes.

Cependant, une des conséquences les plus importantes de cette lutte contre les sfratti a été liée au fait qu’il y a, dans ces quartiers, beaucoup de familles immigrées, souvent sans-papiers, dont beaucoup passent leurs journées dans la rue. Concrètement  les compagnons rencontraient quotidiennement l’ensemble du spectre du centre de rétention en bas de chez eux. Il est inévitable que les rafles quotidiennes nous renvoient en permanence à la gueule l’urgence d’une intervention qui sorte du coup par coup et de l’aléatoire, et devienne une partie non négligeable de la lutte contre les déportations. Une partie des énergies, et surtout des réflexions, a été logiquement dirigés dans ce sens.

Le moment central dans l’évolution de ce parcours a été le choix clair et raisonné de développer les relations directes, non seulement avec ceux qui sont dedans (en téléphonant dans le centre) mais aussi avec ceux qui en sortaient. La possibilité de les héberger ou d’occuper une maison ensemble s’est révélée être un instrument fondamental. Ici, il est clair que si d’un côté les luttes vécues principalement dans le quartier absorbent une grande partie des forces, de l’autre elles créent des possibilités et des liens non accessoires, dont les effets se dessinent avec le temps. Le choix et l’opportunité de créer des rapports stables et complices avec les ex-retenus ont permis en effet de tisser des relations dans le quartier dans un milieu différent de celui des familles sous sfratto (avis d’expulsion locative), avec pour conséquence non négligeable une présence conflictuelle toujours plus efficace dans les rues. De plus on a eu la possibilité et le temps d’apprendre à regarder le CIE aussi à travers les yeux des retenus, et d’en connaître les histoires et les dynamiques internes de manière non superficielle.

La confiance en ces nouvelles possibilités et l’enthousiasme pour le niveau de complicité atteint lors de la période automne-hiver 2011, durant laquelle se sont déroulées plusieurs révoltes et évasions (surtout entre septembre et le nouvel an), ont en partie contribué à créer la sensation d’avoir dépassé la nécessité de maintenir une présence constante devant les murs du CIE. C’est donc suite à  un entrelacement de causes « naturelles » et de choix, que les rassemblements ont été complètement arrêtés au cours de l’été 2012.

À partir de cette période, et pendant plusieurs mois, au delà de quelques rares épisodes de rebellions individuelles, on ne percevait que dépression et découragement à travers les contacts téléphoniques.  Les « retours volontaires » semblaient l’unique solution pour mettre fin à l’enfermement, et les terribles actes d’automutilations l’unique forme de résistance contre l’expulsion. Indépendamment de la présence ou de l’absence d’initiatives de solidarité avec les retenus, les compagnons qui suivent cette lutte depuis de nombreuses années savent que, par moment, il est possible de devoir affronter une telle situation.

Tout cela s’est terminé à l’improviste, le 1er décembre 2012 alors que la Samba Band, un groupe qui depuis des années accompagne avec ses tambours les rassemblements et manifestations à Turin, « fêtait » son dixième anniversaire sur le terre-plein de Corso Brunelleschi. Les mois d’apathie semblèrent s’effacer en un instant. Les retenus ont cherché à défoncer les portes des cellules et au final tout le centre  bouillonna. La police réprimait avec matraque et canons à eau, tandis que dehors le rassemblement se transformait en manifestation. Cette journée mit en évidence que les difficultés objectives et les réussites d’autres aspects de la lutte n’auraient pas du conduire à abandonner l’instrument du rassemblement, et que les saluts sporadiques et rapides liés à quelque urgence ne peuvent être suffisants. Quiconque lutte devrait au minimum se donner des échéances : les objectifs qui étaient préfixés avec le choix d’un rassemblement régulier restent toujours valides et la possibilité de rester quelques heures, raconter à tous, en arabe et dans d’autres langues, les révoltes et les évasions survenues dans d’autres centres n’est pas une occasion à négliger.

En janvier, les personnes dans le CIE se révoltent plus d’une fois, protestant contre le froid et le chauffage éteint, mettant le feu à tous les matelas. Et à la fin du mois, est survenu un autre épisode qui réchauffe le cœur : la résistance de Jamal.

Jamal attendait l’audience du recours à l’expulsion. Il a une compagne qui était alors enceinte de 8 mois, et son histoire devait se régler rapidement. Un jour au hasard, il a été attiré par ruse hors de sa chambre et ceinturé  en vue d’être expulsé. Comprenant la situation et se trouvant seul face à une dizaine d’agents des forces de l’ordre, il décida de résister. N’ayant d’autre possibilité, il s’entailla les bras et le corps. La nouvelle circula parmi les solidaires et, peu de temps après, un rassemblement se forma en face de l’entrée principale, des slogans et du bruit attirèrent l’attention des passants et des retenus, dont certains montèrent sur le toit. La ténacité de Jamal et la solidarité de ceux qui sont arrivés devant le centre et qui, pendant quatre heures, ont bloqué le portail, ont permis d’empêcher l’expulsion.  Malheureusement, un fourgon emmenant deux autres retenus, qui n’avaient pas opposé de résistance et dont nous avions des nouvelles confuses, est sorti par la porte secondaire. Ce jour là, nous n’étions pas assez nombreux pour bloquer simultanément les deux entrées. Pourtant à Turin, les solidaires qui s’approchent des murs du CIE sont en nombre suffisant pour avoir une présence efficace. Une meilleure détermination de tous pourrait rendre possible la tentative d’intervenir adéquatement aux expulsions de ceux qui opposent de la résistance, surtout lorqu’ils sont isolés et dans des situations particulièrement défavorables. Aussi, la solidarité durant les révoltes gagnerait en qualité si les solidaires étaient plus disponibles. De combien diminuerait la pression interne au centre si, dehors, on pouvait opposer des pratiques contraignant les forces de l’ordre à être distraits ?

Sans pour autant élaborer forcément un parcours de lutte commun  nécessairement plus complexe, que chacun devrait continuer de manière autonome avec ses propres moyens et sa propre sensibilité, à Turin il y aurait besoin au minimum de tenter de créer des conditions permettant d’affronter ensemble les moments critiques. Les grosses révoltes de fin février à Turin ont montré une fois de plus le caractère urgent de cette proposition.

Un prémisse est nécessaire au récit de ces révoltes. Peu de jours avant, dans le CIE de Ponte Galeria aux portes de Rome, la réaction des retenus à la tentative d’expulsion d’une personne nigériane s’est transformée en émeute. Les connaissances du retenu d’abord , puis tous les autres, se sont retrouvés dans l’espace commun et ont incendié les matelas contre les barrières de Plexiglas, qui sont installées pour empêcher les évasions. C’est derrière ces panneaux que se trouvent les caméras et les câbles de vidéo surveillance, le feu a donc endommagé tout le système de contrôle du centre . En conséquence le centre, désormais impossible à contrôler, a été vidé. Expulsions, transferts, interdictions du territoire pour les personnes sorties. L’effectif du centre est passé de 150 retenus à une cinquantaine. Le récit de la révolte de Rome a circulé rapidement de CIE à CIE, avec un message clair pour tous : si une prison est détruite alors il n’est plus possible d’y ré-enfermer quelqu’un. Cela, ajouté à la rage refoulée depuis des mois, va être le détonateur pour les révoltes de Turin. À deux reprises, vendredi 22 et dimanche 24 février les retenus ont choisi consciencieusement de rendre inutilisable une grande partie des cellules. Le 22 février certains ont tenté de s’évader en escaladant les grilles, mais ont été repris avant le dernier mur. S’échappa alors la rage et immédiatement la suggestion de Ponte Galeria prend corps. Dans la section bleue et la section rouge quasiment toutes les chambres ont été ravagées par les flammes et il ne resta plus pour dormir qu’une seule salle par section : 20 retenus dans l’une et 15 dans l’autre. La répression fut extrêmement dure. Dans le jardin de Corso Brunelleschi l’air était tellement suffocant à cause des lacrymogènes que les solidaires sur place ont eu du mal à respirer. Les récits de passages à tabac sont nombreux, et au terme de la révolte quatre personnes ont été arrêtées.

Le jour suivant un rassemblement, appelé depuis une dizaine de jours, a mobilisé de nombreux solidaires, et le soutien aux personnes qui se sont rebellées a été affirmé avec force. La révolte de Rome a une fois de plus été racontée ainsi que l’évasion de groupe survenue quelques jours plus tôt au CIE de Gradisca, soulignant que les retenus avaient conquis la liberté en s’affrontant avec la police. Une manifestation improvisée a fait le tour du centre. Le lendemain, la section jaune a suivi l’exemple des sections bleue et rouge. Tout le centre a soutenu la révolte. Les solidaires rapidement rassemblés devant ont entendu un unique et imposant cri venant de l’intérieur : « Liberta ! Liberta! ». Au total trois chambres sur cinq furent incendiées, de sorte que plus de trente retenus se sont retrouvés avec seulement deux chambres à disposition et nombre d’entre eux ont été envoyés dormir dans la cantine. Les solutions apportées à l’état inexploitable du centre sont d’une part une augmentation des expulsions et quelque libérations, d’autre part la fausse célébration de la totale remise en fonction du centre par les journalistes. Ces derniers jours à Turin il est impossible pour les flics d’enfermer des sans-papiers et tout ceci grâce à ces personnes qui, courant le risque d’être arrêtées ou expulsées immédiatement, ont annulé dans la pratique la possibilité d’accueil du centre de Turin.

Encore une fois, il est nécessaire de s’interroger sur la façon d’être plus déterminés et efficaces. La voie ouverte par les retenus de Rome et de Turin est évidemment celle juste, et toute relation avec eux devrait pousser dans cette direction en les soutenant, les encourageant, faisant circuler les nouvelles d’un centre à l’autre. Assumant aussi la responsabilité des conséquences qu’ils peuvent subir, les soutenant si arrêtés et exécutant des pratiques toujours plus résolues si ils tentent de les expulser, surtout à la suite d’une révolte.

Cependant la présence devant les murs n’épuise pas le champ de la solidarité. Les CIE survivent grâce aux décisions d’individus et d’associations qui, accomplissant leur propre tâche, en perpétuent l’existence. Et il est bon de leur rappeler que jusqu’à ce que les CIE n’existent plus, ils ne dormiront pas tranquilles. La nuit du 24 février quelqu’un s’est souvenu des gestionnaires du CIE de Turin et a pensé bon de rendre la monnaie de leur pièce aux exploiteurs, en l’espèce les revendications des retenus à propos du chauffage : le gaz du siège de la croix rouge a été éteint et l’accès cimenté.

 Quelques jours après Corso Brunelleschi a connu une autre journée de lutte. Dans l’après midi une tentative d’expulsion a rassemblé plusieurs solidaires qui se sont retrouvés devant les murs pour soutenir une personne montée sur le toit pour résister. Slogans et gros pétards ont secoué l’indifférence du quartier. Non loin un photo-reporter collaborateur de l’un des pires journaux locaux a été encerclé et tabassé : il a sauvé son appareil mais a perdu ses lunettes. Lorsque le report de l’expulsion fut assuré les manifestants s’éloignèrent mais certains furent bloqués par la police et détenus plusieurs heures dans le commissariat voisin. Certains journaux écriront que pendant les arrestations, à l’autre bout de la ville , un groupe d’anarchiste a renversé les poubelles Corso Regina Margherita, Via Fiocchetto, via Cigna  et ont vidé des extincteurs sur l’asphalte. Au final les solidaires seront relâchés dans la soirée, sauf une compagnonne française qui sera raccompagnée à la frontière avec un décret d’expulsion. La nuit suivante une cabine électrique du Bureau de l’immigration de la préfecture de Turin part en feu. L’hypothèse des journaux rejette le hasard, et lie l’action aux récentes révoltes dans le CIE et à l’expulsion de la compagnonne française. Quoi qu’il en soit, l’incendie provoque 70 milles euros de dégâts et les bureaux sont connecté a un générateur de secours pour pouvoir fonctionner.

Depuis longtemps déjà, plusieurs quotidiens nationaux et locaux crient au scandale à propos des conditions de vie auxquelles sont soumis les retenus des CIE. À moins de vivre dans une bulle, tous sont informés de l’infâme réalité de ces lieux. Mais pas seulement. Les voix qui se lèvent ne se réduisent pas à la dénonciation de l’invivabilité, à la demande  d’une amélioration des conditions hygienico-sanitaires, aux accusations de violences auxquelles sont soumis les détenus. De plusieurs côtés parvient l’évocation de la fermeture des CIE, pas seulement la campagne LasciateCIEntrare (laisser nous rentrer) lancée par quelques journalistes de gauche, mais dans quelle direction vont ces propositions abolitionnistes ? Certainement pas vers un monde sans frontières. En outre, même si ces propositions légalistes de fermer les CIE passaient d’absurdes à écoutées, pensons-nous qu’il soit opportun d’attendre que cela arrive ? Si l’État décide de fermer les CIE, il ne le ferait qu’après s’être donné de nouveaux et plus fidèles instruments pour le contrôle et la répression des flux migratoires. L’unique manière de créer une faille irréparable dans le système d’oppression qui génére les CIE est celui de brûler définitivement et d’un coup la possibilité de l’existence même de ces lieux, et de multiplier les rapports subversifs qui se créent dans les fissures de la forteresse sociale.

 

 source : traduit de Invece – mensile anarchico – n°22 mars 2013 – italie

 

 

[Rome] Entretien avec un retenu de ponte galeria

Feu à Ponte Galeria

D. Salut. Lundi 18 février au CIE de Ponte Galeria à Rome est survenue une révolte. Tu peux nous raconter ce qui s’est passé et comment tu as été libéré ?

R. La révolte a éclaté parce qu’ils ont commencé à taper un mec nigérian qui cherchait à résister à son expulsion. Ils l’ont tapé de manière inhumaine. Pour eux nous ne sommes que des numéros. D’autres mecs nigérians ont alors commencé à foutre le bordel pour essayer de le défendre… et de là a éclaté la révolte.

D. D’après beaucoup de journaux, ce ne sont que des nigérians qui se sont révoltés, c’est vrai ?

R. Au départ, comme je disais, c’était les nigérians, mais après les autres aussi ont foutu le bordel, géorgiens, moldaves, marocains, albanais… Nous étions tous ensemble parce que nous vivions tous les mêmes conditions, nous avions tous le même problème : vivre. Ils ont arrêté des mecs nigérians parce qu’ils ont vu sur les vidéos que c’étaient eux les premiers… Après nous nous sommes tous unis et nous avons commencé à allumer le feu, qui s’est diffusé dans tout le centre. Les personnes se sont révoltées parce que de toute façon la situation est difficile ; qui n’est pas passé par Ponte Galeria ne peux pas s’imaginer ce que signifie y vivre. C’est insupportable, une vie qu’il n’est pas possible non plus de raconter.

D. Il y a donc eu cette révolte avec le feu. C’est la première que tu as vécue ? Depuis combien de temps es-tu à Ponte Galeria ?

R. j’y suis resté un mois. Les choses de ce genre ont déjà eu lieu deux ou trois fois, toujours avec le feu, car l’unique chose que peuvent faire les détenus pour exprimer leur rage est d’allumer des feux. Cette fois le feu s’est diffusé partout, il a pris le plastique (les vitres de plexiglas qui protègent les barreaux, pour empêcher les retenus de s’en approcher). Les flics n’ont pas réussi à intervenir avec la rapidité et la violence habituelles parce qu’il y avait des journalistes présents ce jour-là… Ils devaient être trop pris à se faire interviewer, qui sait. En plus ils ont dû attendre les docteurs pour soigner le mec nigérian qui devait être expulsé, ils l’avaient tapé fort…

D. Qu’est-ce qui a brûlé à part les panneaux de plexiglas ?

R. Les fils qui connectent les caméras de vidéo-surveillance… La structure n’a pas été rendue inutilisable, mais le système de contrôle ne fonctionne plus.

D. Tu me racontais que cette fois, à la différence d’autres, quelques heures après la révolte la police, la nuit, s’est trouvée en difficulté…

R. La police s’est mise en poste en pleine nuit, et nous a contraints à dormir lumière allumée pour pouvoir mieux contrôler si nous nous levions ou si nous tentions de nous échapper. Ils ont été contraints à rester tout le long du périmètre du centre, comme ils ne le font jamais de nuit.

D. A cause des dommages causés au système de surveillance ils ont vidé le CIE.

R. Oui, ils le vident entre transferts dans d’autres centres, expulsions, et personnes qui ont été libérées parce qu’elles n’ont pas été identifiées. Cependant, neuf mecs ont été arrêtés et quatre ou cinq mis à l’isolement. C’est difficile de comprendre précisément combien ont été transférés, combien expulsés et combien libérés. Au moment de la révolte à l’intérieur nous étions 150, maintenant il n’en reste que 30 ou 40… Je répète, je ne sais pas combien sont sortis au total. Avec moi sont sortis quatre ou cinq personnes.

D. A la différence d’autres révoltes, cette fois ils ne vident pas le CIE parce qu’il est inutilisable…

R. Avec cette révolte nous n’avons pas rendu le CIE moins utilisable qu’avant parce que avant aussi cet endroit était dégueulasse pour y vivre. Avec la crasse qu’il y a, nous étions enfermés dans cet endroit comme dans une cage à poule. Ils nous enfermaient dans les chambres à 21 heures et les ré-ouvraient à 9 heures du matin.

D. T’as raison, ce qui les intéresse c’est seulement les dispositifs de sécurité, les panneaux pour empêcher de s’échapper…

R. Oui c’est vrai, par exemple ce que je te disais qui est arrivé la nuit de la révolte, la lumière allumée pour nous surveiller, est arrivé d’autres fois, est une forme de punition. Quand il y a du bordel, des protestations, des révoltes, ils laissent les lumières allumées jusqu’à deux heures, trois heures du matin. C’est des lumières très fortes que nous ne pouvons pas éteindre et qui nous empêchent de dormir.

D. Ceci, plus qu’une punition est une torture. Les tortures du genre sont diffuses dans certaines prisons… Tu sais si des fois ils utilisent des psychotropes dans la bouffe ? A Turin, beaucoup des prisonniers dans le centre se sentent fatigués et confus après avoir mangé…

R. Non, ici à Rome non, ici ils laissent la lumière allumée et ils essayent de te fatiguer psychologiquement.

D. Évidemment, vu que le CIE de Turin est géré par la Croix-Rouge, ils ont des compétences médicales spécifiques, ils savent utiliser les psychotropes. A Rome je ne sais pas en quoi est spécialisée la coopérative Auxilium qui gère le centre…

R. Eux sont spécialisés dans le tour de clés.

 source : traduit de Invece – mensile anarchico – n°22 mars 2013 – italie

[Grèce] Répression sanglante d’une rébellion d’ouvriers agricoles à Manolada – 17avril2013

Répression sanglante d’une rébellion d’ouvriers agricoles à Manolada – 17avril2013

Mandatés par le propriétaire d’un champs de fraises du Péloponnèse, trois superviseurs du travail des travailleurs immigrés, ont ouvert le feu sur ces derniers. Vingt-sept personnes ont été blessées, dont quatre grièvement. Ceux-ci faisaient partie d’un groupe de 200 immigrés originaires du Bangladesh qui s’en sont pris à leurs employeurs en réclamant des salaires impayés depuis six mois

Le jour suivant, certains des migrants hospitalisés à Patras ont été arrêtés pour défaut de permis de séjour valable et transférés en centre de rétention pour être expulsés.

D’importantes forces de police ont été dépêchées sur les lieux pour empêcher tout nouvel incident tandis qu’une manifestation antiraciste devrait avoir lieu jeudi près du village de Manolada.

Plusieurs milliers de travailleurs migrants (dont beaucoup seraient sans papiers) sont employés comme cueilleurs de fraises dans la région. Ce n’est pas la première fois que les immigrés de Nea Manolada protestent contre leurs conditions de travail. En effet ce village avait déjà été au printemps 2008 le théâtre d’importantes manifestations et de grèves de migrants qui protestaient contre leurs conditions de travail, dans des serres où la température atteint 40 degrés, et leurs salaires d’esclaves.

En 2009, deux éleveurs grecs avaient été arrêtés pour avoir attaché à leur moto et traîné sur une route du village deux immigrés bangladais. Ils les soupçonnaient d’avoir volé leurs moutons.

repris librement de la presse (source juralib)

[Rome] Rassemblement à Ponte Galeria – 21 avril 2013

Il est toujours là, aux portes de Rome, enterré pour le rendre invisible et proche de l’aéroport de fiumicino commode pour les déportations forcées.
C’est le CIE (centre d’identification et d’expulsion) de Ponte Galeria, le camp d’internement pour migrants en attente d’expulsion de l’Europe.

Cages, clôtures et des murs gardés par des dispositifs technologiques, forces de l’ordre et militaires, géré depuis trois années par la coopérative sociale Auxilium.
Murs, clôtures et cages qui selon l’appel d’offre pour l’assignation du prochain mandat seront gérés par un candidat qui acceptera une paye encore plus basse, partant de 30€ par jour et par tête.
Aujourd’hui le CIE de Ponte Galeria est au deux-tiers des gravats, sa capacité totale de 360 place est devenue notablement réduite par une révolte née de la résistance à une déportation collective vers le Nigéria le 18 février.
Aujourd’hui dans ces cellules sont retenus 66 hommes et 44 femmes et, selon la loi illes pourraient y rester jusqu’à 18 mois avant d’être déporté-e-s dans un pays ou illes ont fait le choix de ne pas vivre.

Le système des appels d’offres vers le bas diminue le butin que les coopératives, fondations, multinationales et la croix rouge italienne ont toujours récolté avec la gestion des camps pour migrants. D’une moyenne de 55 euros pour chaque personne retenue, on passe à une moyenne de 25 euros avec laquelle les gestionnaires devraient garantir la bouffe, le nettoyage  les services d’hygiène et payer le personnel. Il est clair que ceux qui ont toujours prospéré sur l’existence de ces lager comptent ce qui leur reste dans les poches. C’est pourquoi en mars le CIE de Bologne ferme, défini non conforme à la dignité humaine car en état de dégradation total.

Après des années de silence, journalistes et médias compilent leurs cahiers de doléance, dénonçant avec dossiers photographique et interviews chocs la brutalité des CIE.
Il y a ceux qui invoquent l’exigence d’une régulation interne valide pour tous les centres, à la discrétion du gestionnaire, et la diminution du temps d’emprisonnement à un maximum de 12 mois.
Mais ce n’est pas une réforme que nous voulons, ni une restauration.
L’unique étincelle de dignité humaine qui s’est exprimée durant toute ces années, incessamment,  des fois de manière coordonnée entre retenu-e-s de divers centres, l’a été à travers les nombreuses évasions, de masse ou individuelles, les gestes de rébellion à l’enfermement, la résistance aux déportation et les révoltes qui ont carbonisé des sections entières, parfois amenant la fermeture totale des centres mêmes.

À Ponte Galeria aussi, beaucoup parmi les personnes internées ont été disposées à tout risquer pour leur liberté, détruisant une bonne partie du système de surveillance et des sections entières.
Après trois ans auxilium finit son mandat de gestion et sont encore inconnus les informations relative au prochain tour.
A l’intérieur comme dehors, sabotons la machine à expulser, détruisons les lagers de la démocratie.

Dimanche 21 avril nous serons devant les murs du CIE de Ponte Galeria pour exprimer notre solidarité avec les personnes enfermées ici et répéter que nous ne voulons d’aucun camp, ni ici ni ailleurs.
Pour y aller ensemble, rendez vous à 9 heures à la station Ostiense pour prendre le train jusqu’à Fiera di Roma.
Dès 10 heures, micro ouvert.

Compagnonnes et compagnons

[Turin] Rassemblement devant le CIE – 18 avril 2013

Face à la révolte
il y en a qui ne restent pas spectateurs

Le 28 février, au terme de deux mois de révoltes qui ont en partie détruit le Centre d’Identification et d’Expulsion de Turin, un rassemblement en solidarité avec un retenu monté sur les toits pour résister à sa déportation a eu lieu. Un photographe de « Turin Chronique », présent sur les lieux, est mis à distance, poursuivi et agressé : il y perdra ses lunettes et ses photos. Deux mois plus tard – suite à la plainte du photographe – trois compagnon-ne-s sont en prison, deux sont interdit-e-s de Turin et un a réussi à ne pas se faire prendre. Tant que chaque prison ne sera pas détruite, ce ne sera pas la misérable vengeance de la préfecture et de ses gardes qui arrêteront la solidarité envers celles et ceux qui se révoltent pour la liberté.

Jeudi 18 avril – 18 heures
Rassemblement au CIE de corso brunelleschi

[Modena] Autodéfense, révolte, et représailles au Cie – 7 avril 2013

Dans l’après-midi les retenus font savoir que depuis ce matin une révolte est en cours, démarrée suite aux protestations contre le transfert de la prison au CIE d’une personne diabétique en mauvaise condition de santé. Dedans les détenus se sont enfermés dans la section et cherchent à résister, dehors les carabiniers cherchent à forcer pour entrer montrant l’intention d’arrêter la révolte avec les matraques.

Entre 16h30 et 17 heures les carabiniers arrivés en force réussissent à percer et à entrer dans la section et commencent le saccage. Au moins un des retenus reste à terre blessé.  Devant le CIE ont entend des cris et des bruits.

Une ambulance arrive et s’en va, on ne sait pas si quelqu’un est à sont bord (les « forces de l’ordre » disent aux détenus que le détenu a été emmené à l’hôpital). Dans la soirée ils font savoir que la protestation est encore en cours, et quelques solidaires dehors entendent des cris et des bruits.

Solidarité avec celles et ceux qui se révoltent
Ni CIE, Ni prison, Ni cages !

Traduit de informa-azione

[Manus] 19 demandeurs d’asile inculpés suite à différents incidents survenus dans le centre de détention – 7 mars 2013


Aux dernières nouvelles il n’y a pas encore eu de procès, l’instruction est toujours en cours.

DIX-NEUF demandeurs/euses d’asile du centre de détention de l’île de Manus, dirigé par l’Australie, ont été arrêté-e-s et inculpé-e-s mercredi après-midi pour différentes infractions, dont coups et blessures, menaces, et tentative d’évasion.

Le commandant de la police de Manus n’a pas voulu confirmer les charges spécifiques, mais a déclaré qu’elles étaient liées à une série d’incidents survenus au centre au cours des derniers mois.

Les 19 ont été inculpé-e-s au siège de la police de la capitale insulaire, Lorengau, avant d’être ramené-e-s au centre de détention. Apparemment illes devraient passer devant le tribunal de Lorengau la semaine prochaine.

Un membre du parlement a déclaré que la plupart des charges étaient liées à une bagarre survenue dans le centre le jour de Noël, lors de laquelle un garde a été blessé.
Selon lui, une noix de coco a été utilisée comme missile lorsqu’une bagarre a éclaté entre deux groupes de détenus.
« Ils ont cassé des lumières, endommagé du mobilier et insulté les gardes », a-t-il dit.

Trois hommes sont également inculpés pour avoir tenté de s’évader à la mi-janvier.

Traduction libre d’après la presse

[Turin] En morceaux – 16 mars 2013

Incendie après incendie, le CIE de corso Brunelleschi continue à perdre des morceaux. Le dernier, hier soir, survenu durant une brève émeute déclenchée vers 20 heures par les retenus de la section violette, avec matelas et articles ménagers mis au feu dans les chambres. La révolte a pris corps une demi-heure après un rassemblement bruyant devant le centre d’une vingtaine d’ennemis des expulsions, avec petards, slogans, cris, et messages de solidarité. Il ne reste plus de chambres disponibles dans la zone violette, et les prisonniers ont dû dormir soit dans la cantine soit dans une autre section. Depuis les dernières émeutes, il ne reste plus qu’une chambre dans la section bleue ainsi que dans la rouge où dorment 8 ou 9 personnes,. La section jaune, où le 24 février trois chambres étaient parties en fumée sur cinq, est la plus bondée : une chambre a été rouverte et donc les retenus sont répartis dans trois chambres ainsi que, bien sûr, dans la salle à manger.

 

macerie @ Marzo 16, 2013

 

Il y a deux ans le centre de rétention du Canet à Marseille était mis hors-service – 9 mars 2013

9 mars 2011 – 9 mars 2013 : il y a deux ans le centre de rétention du Canet à Marseille était mis hors-service

9 mars 2011 : le centre de rétention du Canet à Marseille était mis hors-service

Il y a deux ans, un incendie a conduit à la fermeture de cette prison pour sans-papiers pendant plusieurs mois, et a permis quelques évasions. Déclenché de l’intérieur du centre, dans deux blocs distincts, il ne s’agit ni d’un acte désespéré ni d’un acte isolé.

En réponse, l’État a mis quinze personnes en garde à vue, six en préventive. À ce jour, après trois et cinq mois passés en prison, deux personnes sont inculpées, elles doivent se soumettre à un contrôle judiciaire et sont toujours dans l’attente d’un procès. Sans-papiers, ils sont dans l’interdiction de quitter le territoire français !

Cet incendie s’inscrit dans une longue série de résistances menées à l’intérieur et à l’extérieur des centres de rétention :

22/06/2008 – incendie du centre de Vincennes

19/01/2009 – incendie du centre de Bordeaux

09/03/2011 – incendie au centre de Marseille

29/07/2011 – incendie du centre de Lyon

01/09/2012 – incendie au centre de Marseille

En Italie, les révoltes et évasions sont fréquentes. En février, à Turin, des prisonniers ont tenté de s’évader. Durant plusieurs jours, ils sont montés sur les toits, ont détruit et incendié plusieurs bâtiments, se sont affrontés aux flics. À l’extérieur, plusieurs rassemblements et actions de solidarité ont eu lieu.

La liste est longue et non exhaustive. Des actes de résistances individuels et collectifs, de l’évasion à la destruction des centres, se produisent dans toute l’Europe, à ses frontières, dans le monde entier (Mexique, Australie, Mayotte…).

Le pouvoir et les médias ont tout intérêt à invisibiliser et isoler ces luttes. Chaque « incident » est traité sous l’aspect du « fait divers » sur le moment, et ensuite on oublie ! Décrire les résistances individuelles et collectives comme autant d’« actes isolés » a pour objectif de nous maintenir résignés face aux frontières et à l’arsenal policier et militaire nécessaire à les faire exister. Mais nous savons que partout des gens luttent contre les frontières. Nous sommes solidaires de ces luttes et nous luttons aussi, parce que les frontières nous divisent et nous mettent en compétition les uns contre les autres. Elles permettent de tirer les conditions de travail vers le bas, de désigner des boucs-émissaires, d’étendre les dispositifs de contrôle social et policier, toujours au profit des classes dominantes.

Solidarité avec les inculpés
de l’incendie du centre de rétention du Canet !

Liberté de circulation et d’installation
À bas toutes les frontières !