Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Belgique] brèves des frontières – novembre 2013

Manifs, occupations et affrontements – Quelques centaines d’Afghans et d’autres personnes qui luttent contre les centres fermés et les expulsions descendent depuis plusieurs semaines dans la rue pour réclamer des permis de séjour. A deux reprises, leurs manifestations ont été attaquées par la police, laissant de nombreux manifestants blessés. Certains ont même des morsures de chien. Quand, à plusieurs reprises, ils ont occupé des bâtiments vides pour s’organiser, ils ont été brutalement expulsés par la police. Le lendemain d’une de ces manifestations sur le carrefour d’Arts-Loi, attaquée par la police et laissant des flaques de sang sur le pavé, des milliers de flics ont manifesté contre la violence contre les agents. La police matraque, torture, tue et humilie pour protéger les intérêts des riches et des puissants, et par sa manif passant sur les flaques de sang de manifestants, elle a exigé la carte blanche pour continuer son terrorisme. Flics, porcs, assassins, on saura vous rendre les coups.

Remarquable – A Zaventem, près de l’aéroport, des inconnus ont mis le feu à des pneus, provoquant une colonne de fumée noire. On ne sait pas si les avions ont été perturbés, mais en tout cas, provoquer une grosse fumée à côté de l’aéroport serait certes une bonne idée et facile à réaliser pour empêcher par exemple une expulsion d’un sans-papiers.

Au centre fermé de Vottem – Dans la froideur des centres fermés demeurent les flammes de la colère. Elles ont embrasé le drap d’une cellule lundi 4 novembre soir, tandis que les voix des différentes cellules s’élevaient de plus en plus sur les conditions de détention. La  police a débarqué pour mettre 5 personnes au cachot après les avoir tabassé. Il est difficile de lutter et de garder espoir au fond de ces gouffres, et c’est achever ces élans que de les laisser solitaires. Ne laissons pas ces étincelles périr, unissons nos flammes.

sources : hors service n°41 et Getting the voice out

[Gradisca] Le centre va fermer, sûrement – 5 & 6 novembre 2013

Depuis ce matin l’évacuation du CIE de Gradisca est en cours, complètement détruit par les révoltes des retenus de ces derniers jours. Durant le weekend déjà, ils avaient commencé les premières manœuvres : quelques retenus ont été libérés avec une obligation de quitter le territoire, d’autres ont été transférés dans d’autres centres ( Milan et Turin), et enfin certains ont été expulsés. Ce matin une trentaine de retenus ont été envoyés vers la Sicile, destination Trapani Milo et dans un premier temps il semblait que ce transfert de masse signifiait la fermeture du Centre. En fait, quelques heures plus tard la préfecture a fait savoir aux journalistes que le Centre ne fermera pas parce que quelques en-cravatés auraient estimé que 18 places sont encore disponibles, dans des conditions qu’on ignore. Reste le fait que d’après nos informations, il ne reste que 8 prisonniers dans le centre.

6 novembre

12 heures – Le centre de Gradisca est completement vide, mais pas encore officiellement fermé. Deux des huit retenus ont été transférés dans un CARA (centre de demandeurs d’asile, ndt) sicilien, les autres auraient été déportés, plus ou moins volontairement, en Algérie. Toujours à propos des transferts et des expulsions, nous signalons une vidéo apparue hier sur internet, qui reprend les dernières scènes du transfert Gradisca-Trapani d’une trentaine de retenus. Un détail, qui n’échappe pas à un regard attentif, est le nom de la compagnie aérienne qui s’occupe du voyage : encore une fois c’est la Mistral Air, société du groupe de la Poste Italiane.

21 heures – Transférés en masse à Trapani, les retenus de Gradisca démontrent que la volonté de lutter n’est pas perdue.  Dans l’attente de plus d’informations, nous reproduisons un article d’un site d’information local qui raconte quelques protestations advenues dans le Centre sicilien il y a quelques heures.

 » CIE de Milo, manifestation des migrants

Même pas le temps d’arriver et de s’installer dans les locaux du CIE de Milo. Dans l’après midi aujourd’hui à éclaté une énième révolte, dont les protagonistes sont en grande partie une trentaine de migrants à peine arrivés de Gradisca. La manifestations vivace, avec des gens montés sur les toits hurlant leur mal-être, s’est arrêté lors de l’arrivée de la police. Une chance, considérant que d’un moment à l’autre se serait déroulé un affrontement entre migrants et agents. Mais l’urgence continue et d’ultérieurs petits feux comme celui d’aujourd’hui rend le problème des « migrants » toujours plus pressant »

 

macerie @ Novembre 5, 2013

[Italie] Haute tension à Turin et Gradisca – 3 novembre 2013

Dans la nuit d’hier un jeune égyptien retenu dans le CIE de Turin a été emmené à l’infirmerie, probablement pour avoir été soigné à base de calmants. Durant le transfert commence une embrouille avec les flics de garde, qui commencent à le taper. Isolé des autres, il demande de l’aide en criant, tandis qu’un petit groupe de gendarmes se défoule sur lui à plusieurs reprises. La réponse des autres retenus du centre ne se fait pas attendre et dans au moins trois sections commencent de fortes protestations : cris, percussions sur clôtures et quelques petits incendies se propagent à l’extérieur des chambres. Pour garder sous contrôle la situation, l’inspecteur en chef calme ses hommes et fait sortir rapidement le jeune égyptien du centre. Tandis qu’arrive la confirmation que le retenu a été arrêté avec l’accusation classique de violence sur agent de la force publique, un groupe d’une quinzaine de solidaires se retrouve devant les murs du centre pour un bref salut bruyant. Dix minutes de bordel au son de pétards, pierres contre les lampadaires et feux d’artifice, pour faire comprendre aux retenus qu’ils ne sont pas seuls. Dans le même temps à Gradisca aussi la tension reste forte. Dans le centre, quasi complètement détruit après les deux jours de révolte relatés précédemment , la police a énormément de difficultés à gérer la situation. Dans l’attente des ordres du ministère et de renforts de CRS de Padoue, les fonctionnaires de police s’arrangent comme ils peuvent. Pour alléger la pression,  les premières libérations et les premiers transferts ont commencé, mais ceux qui restent à Gradisca doivent composer avec la poigne de fer de la police. Dans la nuit d’hier militaires, gendarmes et policier s sont entrés dans les salles où sont amassés les retenus. Non pour réprimer une protestation mais pour intimider : ils voulaient les noms des responsables des derniers incendies. Comme personne n’a collaboré, ils ont fait tâter un peu de leurs coups de pieds.

Pour un récit plus détaillé, écoute l’interview  de retenus de Gradisca en italien sur radio blackout.

Traduit de macerie

[Turin] Double salut – 1er novembre 2013

Le soir du premier novembre une trentaine de compagnons et d’amis de Niccolò (compagnon emprisonné pour résistance à agent de la force publique, ndt ) se sont rejoints devant la prison de la Valette pour le saluer ainsi que tout les détenus avec des cris, des pétards et des feux d’artifices. Lorsque le salut est terminé, ils sautent en voiture et se dirigent en cortège vers le sud. Trois voitures de flics et une de la DIGOS les suivent habilement phares éteins et encore plus habilement les arrêtent… via Monginevro devant le CIE. Sortis des voitures, les manifestants saisissent l’occasion pour saluer les retenus du CIE, avec slogans et lancers de balles de tennis contenant des messages de solidarité. Le trafic est bloqué dans toutes les directions,  plusieurs passants observent la curieuse situation, certains agents ont une discussion animée quant à la paternité de la brillante opération, et se mettent d’accord pour appeler les CRS pour démêler cette pagaille. Après les contrôles de routine, tous les solidaires s’en vont. Alors qu’ils sont en voiture, arrive une info : dans la section blanche les retenus brûlent des matelas.

Traduit de macerie

 

[Italie] Gradisca brûle encore – 1er novembre 2013

Les protestations des retenus du CIE de Gradisca ne s’arrêtent pas, et dans la soirée du 1er novembre de nouvelles protestations sont survenues. Pour le moment la situation est confuse, mais il semble que les retenus aient décidé de compléter l’œuvre de destruction commencée il y a deux jours. Dans l’attente de nouvelles, nous pouvons vous raconter quelques détails de la révolte d’il y a deux jours, grâce au récit que quelques retenus ont fait à l’un des bandits Turinois en vadrouille vers Gradisca :

Télecharge ici le témoignage audio en italien

Dans la nuit du 30 octobre trois retenus essaient de s’évader du CIE de Gradisca mais ils sont malheureusement bloqués par les flics présents à l’intérieur du centre, qui montrant leur courage habituel, commencent à les taper. Dès que les autres retenus se rendent compte de ce qu’il se passe ils commencent à crier et à jeter des objets contre les grilles. Peu de temps après les cris se transforment en feu et l’incendie se propage à cinq des huit chambres du centre. Vitres cassées, matelas et draps en flammes et surtout la rage des retenus empêchent les flics d’intervenir dans les sections. La colère s’apaise seulement vers cinq heures et demi, après l’intervention d’un canon à eau, les retenus sont parqués dans les couloirs et laissés là, trempés et au froid jusqu’à 10 heures du matin.

Mis à jour 22h30  – Les premières dépêches de presse à propos de la révolte de ce soir arrivent. Il semble qu’au CIE de Gradisca il ne reste même pas une chambre utilisable et il n’est pas clair où les 70 retenus dormiront cette nuit.

Mis à jour 2 novembre 12heures  –  Les voix qui sortent de Gradisca confirment que l’œuvre de destruction du centre est quasiment terminée et toutes les sections sont pour le moment inutilisables.  Les retenus, dont certains de ceux qui sont en grève de la faim depuis quelques jours, ont été divisés en deux groupes. Certains sont enfermés dans les cellules d’isolement qui se trouvent à l’entrée du centre. Les autres ont été amassés dans deux petites pièces complètement vides, sans meubles ni matelas.

traduit de macerie @ Novembre 1, 2013

[Gradisca] Nuit enflammée – 31 octobre 2013

Durant la nuit des détenus ont mis le feu à des matelas, brisé des vitres et arraché des grillages pour, d’après les médias, protester contre les conditions de détention. Les pompiers sont intervenus et ont déclaré cinq chambres sur huit inhabitables. A noter également sur place la présence d’une ambulance et d’une équipe médicale mais aucun blessé n’a été signalé.

reformulé de la presse via macerie

[Sicile] Pietre sulla policia – 22 octobre 2013

Des pierres contre la police

Des demandeurs d’asile du « centre d’accueil » (CARA) de Minéo près de Catane en Sicile ont exprimé leur colère dans la rue le 22 octobre dernier. Ils ont bloqué la route nationale et ont assailli une station service. Des affrontements à coups de pierres les ont opposés aux forces de l’ordre et les voitures de flics stationnées le long de la route ont été systématiquement attaquées.

Dans ce centre de semi liberté, et donc de semi enfermement, 4000 personnes attendent depuis des mois la réponse à leur demande d’asile. Les demandeurs d’asile exigent une réponse afin de pouvoir enfin vivre et organiser leur vie sans dépendre du centre d’accueil, de ses flics et de ses humanitaires.

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[Éthiopie] Révolte dans un camp suite au naufrage de Lampedusa – 6 octobre 2013

En Éthiopie, dans les camps de réfugiés de Maï Ani et d’Adi Arush (nord du pays, plus de 40 000 personnes y sont), une veillée funèbre en mémoire des victimes du naufrage du 3 octobre à Lampedusa a tourné à l’émeute. Une partie des migrants qui sont morts ce jour là seraient auparavant passés par ces camps.

Lors de la veillée, un migrant aurait tenté de s’emparer de l’arme d’un flic et aurait été tué, ce qui aurait déclenché l’émeute qui a fait au moins six blessés parmi les réfugiés.

Nous n’avons pas plus d’informations. La seule source concernant ce qui s’est passé est le Haut Commissariat aux Réfugiés, accusé par les migrants de bloquer leur passage en Europe.

[Caltanissetta] Tentative d’évasion collective – 8 octobre 2013

Nuit d’affrontements et tentative d’évasion  au CIE de Caltanissetta en Sicile. Cette nuit (7 au 8 octobre) autour de 23h50, environ cinquante retenus ont essayé d’escalader les grilles d’enceinte. Les flics et les militaires les ont malheureusement quasiment tous bloqués, seuls six sont parvenus à sortir. Certaines sources indiquent qu’ils se sont évanouis dans la nature, d’autres qu’ils auraient été repris immédiatement. Un retenu de 18 ans s’est gravement blessé en chutant, il a été transporté à l’hôpital. On déplore, en revanche, l’absence de blessés chez les flics.

Reformulé depuis la presse via macerie

 

[Brochure] Les murs basculent…

La tête contre les murs, les murs basculent…

révoltes dans les taules

Révoltes, mutineries, évasions, grèves de la faim, campagnes de mobilisation et appels à soutien se succèdent dans les prisons et les centres de rétention en Europe et ailleurs.

À la lecture de certains communiqués et lettres de prisonniers publiés durant l’été, on comprend que les événements successifs se sont parfois répandus. des blocages et autres actes de résistances dans des taules ont parfois eu lieu pour soutenir des mouvements dans d’autres taules. Un même discours contre les conditions carcérales et l’enfermement s’est fait entendre de communiqués en revendications, et la presse s’est bien gardée de faire le lien entre ces différents événements. En bref, il y a eu des tentatives de la part des prisonniers et prisonnières pour s’organiser de l’intérieur et résister de multiples façons.

Dans le contexte économique actuel, où nos conditions de survie se dégradent de plus en plus, les prisons et les centres de rétention sont un rouage de la machine à exploiter et à contrôler par lesquels l’État renforce sa domination. Pour maintenir une pression permanente, les salles des tribunaux tournent à plein régime et les prisons de toutes sortes se remplissent.

Cette brochure est une compilation de lettres et communiqués de prisonniers et prisonnières et d’articles de la presse qui témoignent des mouvements qui ont eu lieu cet été dans les prisons et les centres de rétention en France, en Italie, et ailleurs. La liste des événements est loin d’être exhaustive, mais elle permet de cerner un peu mieux l’ampleur de la contestation, de contribuer de l’extérieur à diffuser l’information et relayer des pratiques de résistance, avec la volonté de briser l’isolement “pour qu’enfin on danse sur les ruines de cette porcherie ».

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Trouvé sur Marseille Infos Autonomes