Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Marseille : Récit de l’occupation du radar du Cartage – 4 août 2012

Marseille : Récit de l’occupation du radar du Cartage – 4 août 2012

Le samedi 4 août, les flics avaient prévenus les retenus d’une expulsion collective vers la Tunisie, par bateau. Des personnes extérieures au centre décident de s’opposer à cette expulsion.
Jusqu’au dernier moment, les infos provenant du centre n’indiquent aucun départ. Puis, rapidement, un retenu est emmené. Deux autres, en provenance de Nîmes, sont déjà à bord.

Une banderole « NON AUX EXPULSIONS » est déployée, visible par les passagers du bateau.
Une dizaine de personnes pénètrent dans le port en grimpant un grillage et montent à bord du Carthage, un bateau appartenant à la compagnie Tunisienne CTN. Ils se trouvent donc en territoire tunisien , ce qui implique la présence de flics tunisiens et des difficultés pour l’intervention des flics français. Dès qu’ils arrivent à l’entrée du bateau, ils se précipitent en courant à l’avant de la cale, empruntent un escalier et arrivent sur le pont le plus haut du bateau. Là, ils occupent la tourelle où se trouvent les radars, les empêchant ainsi de tourner : le bateau est immobilisé.

Ils refusent de descendre de la tourelle tant que les sans-papiers ne seront pas débarqués du bateau. Le capitaine peut prendre cette décision. S’ensuit un dialogue de sourds avec une partie de l’équipage. Le capitaine ne vient pas, plusieurs membres de l’équipage disent être le capitaine. Des
flics tunisiens en civil sont présents. Quatre keufs Français montent à bord, ils viennent au pied du radar, ils ne peuvent rien faire et prennent note des revendications des occupants.

Le temps passe, les passagers sont hostiles aux occupants, les insultes fusent.

Il y a bien quelques personnes qui font des signes de solidarité, de plus en plus discrètement, mais ils ne sont pas nombreux. Alors que le représentant de la compagnie CTN s’engage à faire redescendre un sans-papier. Des passagers complètement hystériques montent jusqu’au radar. Un premier occupant est saisi par les pieds, il est roué de coups jusqu’à la cabine de pilotage. Sept autres descendent sous les coups, les filles subissent des attouchements. Deux personnes grimpent sur une échelle et se trouvent sur le point culminant du bateau, elles descendent quelques instants plus tard.

Tous les occupants se retrouvent dans le poste de pilotage, le capitaine est présent, il refuse de débarquer les sans-papiers prisonniers dans les cellules de la cale. Il menace de partir, les amarres sont détachées. Les occupants n’ont plus le choix que de descendre escortés par l’équipage. Tout le long de la sortie, les coups, morsures, attouchements, pleuvent.

Les keufs français s’emparent des occupants à la sortie du bateau. Un flic tunisien particulièrement violent et vicieux se prend un bon coup de pied dans les couilles, c’est la moindre des choses. Un des occupants esquive les keufs et saute à l’eau, ce qui retarde le bateau une demie-heure de plus. Les pompiers, arrivés en zodiac, le sortiront de l’eau en état d’hypothermie et le conduiront à l’hôpital d’où il sortira tout de suite. Un simple contrôle d’identité orale pour les neufs autres et ils seront reconduits par la Police Aux Frontières à la sortie du port. Les autorités ont préféré ne pas engager de poursuites, certainement afin de ne pas ébruiter la situation dans le centre de rétention du Canet. L’expulsion n’a pas pu être évitée cette fois-ci.

Le déchaînement de haine de certains passagers est à l’image de la guerre de tous contre tous que nous subissons au quotidien. En ces temps de crise, les pauvres s’entre-tuent au bénéfice de l’État et des patrons, les identitarismes pullulent, alors qu’il est plus que temps de se montrer solidaire !

Même si nous savons que ce n’est pas en évitant une expulsion qu’on abattra les murs et les frontières, cette action a permis de sortir de la résignation et des beaux discours, et de tisser des liens de solidarité active avec les retenus. Elle a reçu un bon accueil à l’intérieur du centre.

La solidarité peut s’exprimer aussi au-delà des mots. Il est possible de soutenir de manière offensive.

Avec ou sans papiers, nous vivons tous dans le même monde.

Nous ne nous battons pas seulement pour la fermeture des centre de rétention et la régularisation de tous les sans-papiers mais surtout contre le monde qui les produit.

Marseille : occupation du radar du Carthage en solidarité avec les sans-papiers – 4 août 2012

Marseille : occupation du radar du Carthage en solidarité avec les sans-papiers – 4 août 2012

Aujourd’hui à Marseille, samedi 4 août, un sans papiers a été expulsé vers la Tunisie.

Nous sommes montés sur le bateau Carthage de la compagnie CTN pour empêcher cette expulsion. Nous sommes restés environ une heure sur le toit du bateau pour tenter de négocier avec le capitaine la libération de la personne retenue. Le commandant a refusé toute négociation, allant même jusqu’à nous menacer de nous embarquer jusqu’en Tunisie, pendant que d’autres membres de l’équipage et certains passagers nous menaçaient de coups, blessures et viols sur le trajet. Nous avons été violemment descendu du toit du bateau et escortés jusqu’à la sortie par certains membres de l’équipage, tentant de nous « protéger » de leurs collègues. Un certain nombre de personnes venues soutenir cette action ont pu être témoin de toute cette violence verbale et physique.

Malgré la mobilisation, la personne retenue a été expulsée. Au regard du déroulement des faits, nous sommes très inquiets du sort de cette personne, pendant le trajet et à l’arrivée du bateau.

Cette action s’inscrit dans un contexte de tension extrême au centre de rétention du Canet où se multiplient les tabassages quotidiens et de nombreuses expulsions violentes : une femme se retrouve hospitalisée entre la vie et la mort après deux refus d’expulsion.

SOLIDARITÉ MASSIVE AVEC LES SANS-PAPIERS!
ARRÊT DES EXPULSIONS!
FERMETURE DE TOUS LES CENTRES DE RÉTENTION!

Marseille l’été… Son soleil, ses plages… et son centre de rétention !

Marseille l’été… Son soleil, ses plages… et son centre de rétention !

RASSEMBLEMENT DEVANT LE CENTRE DE RÉTENTION DU CANET MARDI 7 AOÛT, 18 H

Boulevard des Peintures, 13014, Métro Bougainville
première rue à droite Boulevard Danièle Casanova en sortant du métro
Bougainville

Pendant que les touristes se prélassent au bord de l’eau, visitent le vieux port en chantier et sirotent leur pastis en attendant 2013, la machine à expulser poursuit son cours …

Dans le centre de rétention, la tension monte. Le centre est plein, environ 120 retenus. En sous effectifs, les keufs demandent des renforts à la préfecture. D’ailleurs, ils n’autorisent qu’un parloir à la fois. Depuis 15 jours une grande partie des retenus font le ramadan. Ce qui implique une modification des horaires (repas à 21h, fermeture des cellules de 23h à 3h), et une tension palpable à l’intérieur du centre. Les retenus sont gavés de médicaments, et si malgré tout ils se rebellent, ils ont droit à une injection. Ces derniers jours il y a eu des tabassages en règles.

Petite chronologie non exhaustive des événements des derniers jours :

Dans la semaine du 23 au 28 juillet, un retenu se taillade le bras. Il est amené menotté à l’infirmerie. Le docteur lui fait une piqûre. De retour à sa chambre, il s’endort pendant 18h.

Dimanche 29 juillet
Expulsion de 13 personnes vers la Tunisie. Départ du centre à 6 du mat. 4 retours volontaires sont embarqués sans difficulté. Parmi les 9 autres, l’un part en courant dans la cale du bateau où il y a toutes les voitures de touristes. Il casse une vitre de voiture. Les 8 autres en profitent pour s’éparpiller dans différentes directions. Les flics n’étant pas assez nombreux, ils décident de ramener les retenus au centre.

Lundi 30 juillet
Refus d’embarquement d’un marocain par avion. Un téléphone avec caméra et appareil photo intégrée est dans le centre de rétention. C’est un téléphone interdit, afin d’éviter la diffusion à l’extérieur d’images dérangeantes… Un retenu, connu dans le centre pour être une balance, protégé par les flics, leur en parle. Les flics récupèrent le téléphone, vers 3 h du mat. Les retenus ne se laissent pas faire. Dans le bordel, un retenu se casse le pied. Comme la police ne veut pas amener le blessé chez le médecin, les retenus décident d’appeler les pompiers. Une fois devant le portail, les flics ne laissent pas rentrer les pompiers. Les retenus insistent à plusieurs reprises pour que les flics acceptent d’amener le blessé à l’hôpital. Au bout d’un certain d’un temps, trois flics enfilent des gants, et amènent prétendument le retenu chez le médecin. En fait ils l’emmènent dans une salle sans caméra et le frappent.

Mardi 31 juillet
Le soir, du shit est envoyé de l’extérieur dans la cour de promenade. Un retenu le prend. Les flics l’identifient à l’aide des caméras. Ils l’emmènent dans une pièce sans caméra. Ils utilisent une matraque électrique pour le mettre ko. Une fois au sol, ils le frappent.
Ce sont toujours les 3 même flics qui agissent, pendant que 2 sont à l’intérieur et tabassent, le troisième reste devant le porte fermée pour couvrir ses collègues. Quand les fics s’en vont, le retenu est au sol inconscient. Ce sont les autres retenus qui l’évacuent et le réaniment à grande eau.

Régulièrement les flics doivent compter nominativement les retenus. Dans le centre il y a des interphones qui permettent à la police de faire l’appel sans avoir à se déplacer. Les interphones peuvent aussi servir aux retenus pour appeler les flics. Cette nuit, au moins dans un bâtiment, tous les interphones sont mis hors service par les retenus, ce qui oblige les flics à se déplacer.

Mardi également, une femme retenue depuis le 29 juin, a été conduite en urgence à l’hôpital de la Conception où elle se trouve entre la vie et à la mort, suite à l’ingestion de « substances ».  Après avoir refusé 2 expulsions par avion, elle avait été placée en cellule d’isolement en attendant une 3ème expulsion prévue pour le mardi.
Dès 19h environ, elle avait appelé sa famille pour lui dire qu’elle souffrait depuis sa mise à l’isolement de violents maux de ventre, et pour se plaindre de violences de la part des policiers intervenus pour la maîtriser. De source médicale, ses poignets  présentent des traces de menottage, ce qui indiquerait qu’elle a été attachée dans la cellule, et son visage présentait des hématomes.
Les policiers du Centre n’ont appelé les pompiers qu’à 1h du matin, soit 10 heures après sa mise à l’isolement, et 6 heures après son appel à l’aide auprès de sa famille.

Mercredi 1er août Les interphones sont réparés. Les retenus les font sonner toute la nuit pour harceler les flics. Un parloir sauvage a lieu.
A 23h les flics enferment les retenus dans les cellules. Ils enfilent leurs gants et leurs disent : « rentre dans ta cage ».

Les révoltes éclatent souvent dans les centres de rétention, en France et partout ailleurs. Depuis quelques jours, c’est à la prison pour sans-papier du Canet que les détenus manifestent collectivement leur ras-le-bol. Ce n’est pas une nouveauté, il y a un an déjà des détenus avaient tenté de mettre le feu à ce centre de rétention.

Cette fois-ci, ne laissons pas les retenus seuls face à leurs matons !
Arrêtons la passivité et le silence !
Seule notre solidarité active peut abattre les murs !

Solidarité avec les révoltés de l’incendie de la prison pour sans-papiers du Canet

Solidarité avec les révoltés de l’incendie de la prison pour sans-papiers du Canet

Le 9 mars, la prison pour sans-papiers du Canet à Marseille est hors service suite à un incendie. C’est le lieu, appelé Centre de Rétention Administrative, où l’Etat enferme des gens (uniquement parce qu’ils n’ont pas de papiers) raflés lors de contrôle d’identité en attendant de s’organiser pour les expulser sous trente jours. Des retenus ont mis le feu à des matelas dans deux bâtiments différents. Les retenus, intoxiqués par les fumées, ont été emmenés à l’hôpital. L’un d’entre eux en a profité pour se faire la belle.

« On a été soignés, rapidement, légèrement, ce qui est normal aux yeux de l’état français parce qu’on est sans papiers. Aucun droit. On a passé toute une soirée dans une cour, à l’air, jusqu’à 23h, et puis on a été conduits dans une petite salle de 12m2. On était 36 personnes. Entre 23h30 et minuit, ils nous ont conduits au centre de rétention de Nîmes. Pire que des animaux, on est restés dans une salle jusqu’au petit matin. »

Très peu ont été libérés contrairement à ce qui se passe d’habitude lors de transferts collectifs suite à des incidents. Le message est clair : la volonté du pouvoir d’étouffer tout espoir de libération par des actes de révoltes qui sont quotidiens. De l’Australie à l’Italie, de la Lybie à la Belgique : évasions collectives, départs de feu, grèves de la faim, mutineries… Alors, la vengeance de l’État ne se fait pas attendre : on pense à ceux de Vincennes (jusqu’à 3 ans ferme), ou de Bordeaux (jusqu’à 5 ans).

Six des retenus du Canet ont été placés détention provisoire à la prison des Baumettes, puis libérés sous contrôle judiciaire, soupçonnés d’avoir mis le feu. Une instruction est en cours. D’une prison à une autre, de la « rétention » à la « détention  », il n’y a qu’un pas, souvent franchi lorsque l’on s’oppose à son expulsion, que l’on donne une fausse identité, qu’on ne se laisse pas faire.

Dès le lendemain de l’incendie, un rassemblement spontané devant le commissariat est venu manifester son soutien avec les sans papiers placés en garde à vue avant leur inculpation. Un collectif décide alors de s’organiser pour exprimer sa solidarité avec ce geste de révolte qui n’est pas un acte de désespoir mais bien au contraire un acte de résistance contre l’enfermement. Qu’ils soient coupables ou innocents, peu importe, il s’agit de soutenir ceux que l’État a choisi pour se venger de ce coup porté à la machine à expulser : le centre de rétention du Canet est fermé jusqu’à nouvel ordre.

Un centre de rétention en moins, c’est concrètement une diminution des rafles et des expulsions. Les centres de rétention sont un rouage de la machine à expulser, outil des politiques migratoires. Par ce dispositif de gestion des populations, l’État cherche à fragiliser une main-d’œuvre immigrée forcée de se cacher dans la peur quotidienne du contrôle et de l’expulsion, et surtout d’accepter n’importe quel boulot payé des miettes et n’importe quel logement pourri hors de prix. L’Etat crée ainsi une catégorie de travailleurs avec droits au rabais ou sans droit pour le plus grand profit des patrons et ainsi fout la pression sur les autres travailleurs. Par la mise en concurrence des travailleurs légaux et illégaux, c’est l’ensemble des salaires et des conditions de travail qui sont précarisés. Cette stratégie économique est légitimée par une idéologie raciste et post-coloniale qui construit l’image de l’immigré comme ennemi intérieur responsable du chômage et de l’insécurité, créant ainsi un climat de haine, la guerre de tous contre tous : diviser pour mieux régner.

Dans ce monde de soumission et de résignation, où l’État impose sa terreur à coups de contrôles, de flics, de juges, de prisons, lorsque des individus, du fond de leur trou, passent à l’offensive en détruisant une prison, ça nous touche parce que nous aussi nous sommes enfermés, contrôlés, jugés pour mieux être exploités. La destruction d’une prison, c’est un peu d’air et d’espoir, comme un écho aux révoltes dans les pays du maghreb et du moyen-orient. Lorsque le pouvoir approuve du bout des lèvres ces révoltes, c’est pour ériger nos démocraties comme unique modèle, en oubliant qu’ici aussi, on exploite, on enferme, on tue, au nom de la liberté, celle des puissants, qui vivent sur notre dos, qui nous volent jusque nos vies pour s’enrichir.

Voilà pourquoi nous nous réjouissons quand une prison brûle. Voilà pourquoi nous nous réjouissons que partout dans les centres de rétention éclatent des révoltes. Les révoltés de Marseille ont brûlé leur prison de l’intérieur, poursuivons la lutte à l’extérieur. Organisons nous pour soutenir les 6 inculpés.

contact : soutien6cra[arobase]riseup.net

Marseille : 100 % liberté !

Marseille : 100 % liberté !

Comme ailleurs en France, depuis quelques semaines, des dizaines de migrants, pour la plupart Tunisiens, débarquent à la Porte d’Aix.

Les révoltes en Tunisie de l’hiver dernier ont entraîné la déstabilisation du régime et ainsi ouvert une brèche dans les frontières vers l’Europe et notamment vers l’Italie. Des dizaines de milliers de personnes, issues de différents pays (Tunisie, Lybie, certains pays d’Afrique Subsaharienne…) tentent de rejoindre l’île italienne de Lampedusa. Le trajet de 167 km qui sépare l’île des côtes tunisiennes n’est pas sans danger. Pour les uns, c’est la noyade, les autres sont accueillis par la police (parfois par des coups de feu). Lampedusa est une véritable prison à ciel ouvert. De là, ils sont transférés vers d’autres centres fermés où des révoltes éclatent. Le vent de la révolte tunisienne traverse la méditerranée. La moitié des centres sont détruits, l’État italien se retrouve contraint à délivrer 22 000 visas Schengen pour raison humanitaire, un bon moyen de se débarrasser du « problème ».

Munis de ce vrai-faux papier, beaucoup de migrants cherchent à rejoindre la France. Les autorités ne reconnaissant pas la validité de ces documents, certains migrants voient leurs papiers déchirés par la police française. Des centaines d’entre eux déjouent les contrôles et réussissent à entrer en France.

La dernière semaine d’Avril, des rafles massives ont lieu dans plusieurs grandes villes (Paris, Marseille…). Porte d’Aix, le 27 avril dernier, une cinquantaine de Tunisiens se font contrôler : Certains sont incarcérés, d’autres sont directement expulsés vers l’Italie, et quelques uns arrivent à y échapper. La chasse est ouverte.

La gare St-Charles, comme tous les axes utilisés par les migrants, est quadrillée par l’armée et la police. Les frontières deviennent de véritables murs et barrières à l’intérieur des villes. Cette situation dépasse les cadres habituels de gestion des populations, les structures d’enfermement et de contrôle sont débordées ; ce qui se dessine, c’est le renforcement des frontières à l’intérieur même du territoire. Les mesures d’exception deviennent la norme.

Tandis que les autorités essayent à tout prix de disperser les migrants pour les rendre vulnérables et invisibles, certaines associations, se faisant le relais de l’État, tentent de les convaincre de partir « volontairement », en leur « offrant » 300 euros. Ils ne peuvent donc compter que sur leur détermination et la solidarité des populations locales. Certains habitants du quartier les hébergent spontanément, des commerçants leur apportent de la nourriture, des squats leur ouvrent leur porte…

La « révolution » en Tunisie, initiée par des soulèvements populaires, a fait dégager Ben Ali. Mais hormis quelques figures emblématiques, le clan au pouvoir est resté en place. Cependant, les révoltés ne se contentent pas de cette révolution de palais, les grèves, les luttes et les évasions massives de prison continuent. La répression perdure elle aussi, sous le masque de la démocratie appuyée par l’Europe (le patronat français est déjà en négociation avec le nouveau gouvernement tunisien). Depuis les débuts de la colonisation et malgré « l’indépendance » des pays du Maghreb, les pouvoirs tunisiens et français agissent, main dans la main, pour asservir les populations locales.

Les politiques migratoires en Europe cherchent à fournir le marché du travail de main d’œuvre sous-payée et sur-exploitée, afin d’assurer un profit conséquent pour les entrepreneurs. L’objectif est de mettre en concurrence et de diviser les pauvres selon de multiples statuts (français-immigrés, avec ou sans papiers, avec ou sans travail). Solidarisons nous contre les politiques répressives que l’on subit tous à différents niveaux.

Suite à la rafle de la porte d’Aix, un collectif s’est mis en place. Il regroupe des sans-papiers et des personnes « avec » autour des mots d’ordre : Pour une régularisation globale de tous les migrants Pour la liberté de circulation

Du scandale d’Arenc à la légalisation des centres de rétention

Du scandale d’Arenc à la légalisation des centres de rétention

En 1975, à Marseille, est distribué un tract qui révèle que : « Depuis 1964 existe au cœur des quartiers nord une prison clandestine, contrôlée entièrement par la police, où sont séquestrés des travailleurs immigrés ».

Cette prison clandestine se trouve sur le quai de la gare maritime d’Arenc, dans un hangar. Une manifestation est organisée le 14 juin 1975 en direction d’Arenc pour exiger la fermeture immédiate de cette prison illégale. L’illégalité vient du fait que les étrangers y sont enfermés sans qu’aucune autorité judiciaire n’ait connaissance de l’existence, de la durée, ni des causes de cette incarcération. Les étrangers y sont donc enfermés sur simple décision administrative, en l’occurrence sur décision des autorités de police. Le préfet et le ministre, qui avaient commencé par nié les faits, déclarent qu’il s’agit en fait d’un « centre d’hébergement » pour étrangers sans titre de séjour. L’habillage de ce lieu en « centre d’hébergement » étant peu convaincant, le gouvernement de droite de l’époque va alors tenter de légiférer pour régulariser cette situation. En effet dans l’ordonnance qui régit le séjour des étrangers en France depuis 1945, rien n’autorise la détention administrative d’un étranger pour défaut de papier. La dernière loi qui le permettait date de 1938, et c’est la loi qui a instauré l’enfermement des étrangers sans-papiers dans des camps d’internement, loi qui s’est ensuite étendue, pendant la guerre, à la détention administrative de tous les autres indésirables français et étrangers avec papiers, notamment en vue de leur déportation en Allemagne. Après plusieurs tentatives de légifération, la loi Peyrefite de février 1981, dite « Sécurité et Liberté », légalise la « rétention » administrative des sans-papiers, en vue de leur expulsion. Une fois arrivés au pouvoir en mai 1981, Mitterand et le parti socialiste, loin de remettre en question la loi Peyrefite, avalisent la rétention administrative et ouvrent au cours de leur gouvernance 12 nouveaux centres de rétention, et de nombreux locaux de rétention dans les commissariats, gendarmeries, hôtels de police, etc. Les socialistes, dès 1975, faisaient parti de ceux qui dénonçaient la prison d’Arenc, et demandaient sa fermeture. La trahison fut de taille pour beaucoup même si elle n’est pas surprenante… L’expérience de la lutte contre la prison d’Arenc est cependant très instructive. Elle montre notamment que la vraie question n’est pas l’aspect légal ou pas de l’enferment des sans-papiers, mais bien l’enfermement des sans-papiers en lui-même.

article du Collectif Anti-Expulsion (CAE), le 7 mai 2004