Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Bruxelles] Perturbations sur la ligne pour la STIB

Mars 2014

Suite à la multiplication des contrôles et des arrestations de sans papiers dans les transports bruxellois, au début du mois de mars une affiche imitant la charte graphique de la STIB (société qui gère les transports publics à Bruxelles) a été collée partout dans la ville, notamment dans les stations et à la gare du nord. On peut y lire : « Les expulsions passent aussi par la STIB » et « Avec la STIB, les centres fermés n’ont jamais été aussi proches ».

Le 11 mars, un incendie s’est déclenché dans un tunnel de la station Pannenhuis à Laeken (commune de Bruxelles). La station a dû être évacuée et la circulation a été interrompue.

Le 13 mars, le réseau de tram a été perturbé à Saint Gilles (autre commune de Bruxelles) par un dégagement de fumée issu d’une sous-station électrique. Plusieurs lignes n’ont pas pu circuler dans la journée.

Peut-être que certain-e-s ont été inspiré-e-s par les affiches et ont voulu signifier à la STIB que sa collaboration aux expulsions de sans papiers (comparable à celle de la SNCF en France par ailleurs) ne serait pas exempte de conséquences.

 

Infos trouvées sur cettesemaine

 

[Turin] Un rassemblement et un nouvel incendie


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15 mars 2014. Recouverte de tags et complètement encerclée par les CRS, GM, flics en civil et même vigiles urbains : voilà à quoi ressemblait, cet après-midi, le siège régional de la croix rouge piemontaise pendant le rassemblement en soliarité avec la lutte des prisonniers de corso Brunelleschi.

On put y voir, deux heures durant, cinquante ennemis des expulsions, plusieurs banderoles, du boucan, des prises de parole au micro et une belle serie de témoignages enregistrés depuis l’intérieur illustrant ce que font vraiment les croixrougiens dans les Centres. Au bout d’une heure, une bonne nouvelle vint réchauffer le coeur des personnes présentes : un coup de téléphone de corso Brunelleschi annonce en direct qu’après les incendies de dimanche dernier deux autres cellules d’isolement viennent d’être données au feu.

Vers 20h un groupe de solidaires se retrouve devant le CIE de corso Brunelleschi pour saluer avec slogans, petards et feux d’artifice le dernier incendie. De l’intérieur, les retenus racontent que les flics ont pris un mec de l’isolement pour l’emmener on ne sait où.

Mise à jour: 16 mars. En début d’apres-midi les retenus de la section rouge bouttent le feu à la dernière chambre qui restait utilisable. Et alors qu’on n’a toujours pas de nouvelles du mec qui, hier, s’est fait emmener par la police, les retenus en isolement ont commencé à invectiver les croix-rougiens et à casser du mobilier parce que ça faisait trop longtemps qu’ils n’étaient pas sortis de leurs cellules. Dans la soirée, c’est la dernière chambre utilisable de la section violette qui est partie en fumée. Vers 23h, les perspectives pour la nuit semblent être les suivantes: les prisonniers de la section rouge dormiront sur des matelas dans la cour, ceux de la violette, quant à eux, dans la salle à manger endommagée mais sans matelas.

« Avec la Croix Rouge l’Etat enferme et expulse les immigrés en sauvant les apparences »

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« des déserts de la Lybie aux prisons d’Italie LA DEMOCRATIE TUE »

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« pas de paix pour qui gère les CIE »

traduit de macerie

[Incarcerations suite à la révolte de Vincennes] Textes en grec et italien

Συγκρούσεις στο κέντρο κράτησης της Vincennes, Γαλλία

Το βράδυ της 13ης Φλεβάρη, γύρω στις 2 η ώρα, αναταραχές ξέσπασαν στο κέντρο κράτησης της Vincennes CRA1. Αυτή τη φορά*, η αφορμή ήταν η απόπειρα απέλασης ενός κρατουμένου. Οι εξεγερμένοι αλληλέγγυοι κρατούμενοι στήσαν οδοφράγματα μέσα στα κτίρια κράτησης και αντιμετώπισαν τους μπάτσους πετώντας τους πάσης φύσεως αντικείμενα (πυροσβεστήρες…). Η απάντηση των μπάτσων ήταν η άγρια καταστολή των εξεγερμένων, με την εισβολή 23 διμοιριών τύπου ΜΑΤ και ασφαλίτες. Συγκέντρωσαν όλους τους κρατούμενους στο προάυλιο και τους έκαναν σωματικό έλεγχο. Μετά από τηλεφωνική συνομιλία με κάποιους κρατουμένους μάθαμε ότι τη συγκεκριμένη μέρα τραυματίστηκαν 5 μετανάστες ενώ δεν υπήρχαν ούτε νοσηλευτές ούτε γιατροί στο κέντρο κράτησης… Δύο μετανάστες μεταφέρθηκαν και αναμένονται διώξεις. Ο μετανάστης-αφορμή απελάθηκε στα μουλωχτά, χωρίς το όνομα του να αναρτηθεί προηγουμένως στις ειδικές λίστες εντός των κέντρων κράτησης που αναγράφουν τους μετανάστες που επρόκειτο να απελαθούν. Ως απάντηση αρκετοί κρατούμενοι έχουν προβεί σε απεργία πείνας.

Στις 22.07.08 είχε γίνει εξέγερση στο ίδιο κέντρο μετά το θάνατο του Belkacem Souli από καρδιακή προσβολή. Ο εν λόγω μετανάστης είχε ζητήσει να μεταφερθεί σε νοσοκομείο αλλά οι υπεύθυνοι του κέντρου τον αγνόησαν. Οι εξεγερμένοι έκαψαν και τα 2 κτίρια του κέντρου, ενώ καμιά πενηνταριά απέδρασαν κατά τη διάρκεια των συγκρούσεων.

indy athenes

Rivolta al Cie di Vincennes a Parigi

Rivolta dentro al Cie di Vincennes, alla periferia di Parigi, nella notte tra giovedì e venerdì 14 febbraio. I reclusi, barricati nelle stanze, mettono fuori uso le telecamere di sorveglianza e lanciano estintori, porte e mobili contro la polizia, che era arrivata in assetto antisommossa alle 4 di notte per espellere uno dei prigionieri. All’indomani della rivolta, cinque prigionieri risultano feriti dalle manganellate della polizia e l’espulsione viene eseguita. Molti prigionieri entrano in sciopero della fame per protesta. Nei giorni seguenti, due rivoltosi vengono condannati a due e quattro mesi di galera, entrambi per aver scardinato una porta, uno per essersi rifiutato di sottoporsi all’esame del Dna.

La notte dopo la rivolta, alcuni fuochi d’artificio vengono esplosi fuori dal centro. La polizia ferma cinque persone che si trovavano in auto nel bosco di Vincennes. Accusati di “assembramento armato”, travisamento, rifiuto di fornire le proprie impronte digitali, di farsi fotografare, di sottoporsi all’esame del Dna, tre di loro vengono sottoposti all’obbligo di dimora nella regione di Parigi e al divieto di incontro tra loro; altri due vengono arrestati e trasferiti nel carcere di Fleury-Mérogis.

Per i cinque solidali, il processo è stato rinviato al 24 marzo. Un presidio di solidarietà viene indetto a Barbès alle 8 di sera di martedì 18 febbraio.

macerie @ Febbraio 18, 2014

La notte del 13 febbraio, nella prigione per stranieri di Vincennes [Parigi, NdT] scoppia una rivolta per impedire l’espulsione di un detenuto. Telecamere, porte, mobilio ed estintori sono distrutti o lanciati sugli sbirri. Due detenuti verranno condannati a due mesi di prigione. L’indomani, alcuni/e compagni/e vanno ad esprimere la propria solidarietà davanti alle mura del CIE, con fuochi d’artificio e grida di libertà; subito dopo cinque persone vengono arrestate. Tre vengono messe in libertà vigilata e due incarcerate a Fleury-Mérogis (il loro processo è previsto per il 24 marzo), tutti/e sono accusati/e di “adunata sediziosa armata e a viso travisato” e del rifiuto di farsi schedare (DNA, impronte digitali, foto), alcuni anche di aver dichiarato un’identità fittizia, per rallentare il lavoro degli sbirri.

Questa repressione non arriva dal nulla. Da quando sono stati creati, i CIE non hanno lasciato tutti indifferenti, poiché sono spesso il teatro di rivolte all’interno e di risposte all’esterno (manifestazioni, attacchi diretti contro i gestori della macchina delle espulsione e quelli che ne traggono profitto, etc.). Questo caso è soltanto l’ennesima vendetta dello Stato ai danni di quelli e quelle che cercano di rendere ingestibili tali prigioni, lottando senza mediazioni.

Una cosa è sicura: non ci interessa per niente sapere se questi/e rivoltosi/e, all’interno come all’esterno, sono innocenti o colpevoli, perché non ragioniamo con il loro codice penale, ma con la rabbia nei nostri cuori. Oggi, indignarsi non serve a nulla, essere solidali significa contribuire alla distruzione della macchina delle espulsioni e della reclusione.

Se la repressione ha come scopo quello di paralizzare le volontà instillando la paura di agire, essa non fa che aizzare il nostro odio verso questo esistente fatto di denaro, di sbirri e di filo spinato.

La libertà è fare la guerra a questo mondo.

Politici, giudici, sbirri, capitalisti, non dormirete più in pace, mucchio di carogne!

18 febbraio 2014
Alcuni/e anarchici/e.

[volantino trovato per le strade di Parigi, 18 febbraio 2014]

repris de nonfides

[Turin] Feu aux CIE

Feu aux CIE

Après les images de Lampedusa – où les “hôtes” du CPSA (centre de premier accueil) sont mis en rang, nus, pour être désinfectés.

Après les images de Rome – où les “hôtes” du CIE ( centre d’internement et d’expulsion) ont eu à se coudre la bouche au fil et à l’aiguille pour faire entendre leur voix à Noël puis il y a quelques jours. Après les incendies des dernieres semaines dans le CIE de Turin, aujourd’hui détruit aux trois quart.
Après les déclarations, les enquêtes, les plaintes de ce dernier mois, personne ne peut plus ignorer que dans les centres pour sans papiers les “hôtes” ne sont pas hôtes mais prisonniers et que l’accueil qui s’y pratique est celui d’un lager. Personne, encore moins ceux qui savaient déjà et ont haussé les épaules, impuissants, ceux qui regardaient du balcon en souriant…

Ceux qui ont inventé , agrandi et soutenu les centres, qui ont flairé la bonne affaire et en ont profité font, en revanche, comme si de rien n’était. Ils feignent de n’être pas responsables de l’existence des centres en Italie, pour éviter d’être traités comme ils devraient l’être : Giorgio Napolitano et Livia Turco, Umberto Bossi et Gianfranco Fini, avec leurs amis d’hier et d’aujourd’hui ; La croix-rouge, Les Coopératives blanches ou rouge comme Auxilum et Connecting People, les Miséricordes. Même la poste Italienne, qui avec la compagnie aérienne mistral air a le monopole des transferts internes et des explusions vers l’afrique du nord.

Avant même que ne s’allument sur eux les projecteurs, les prisonniers des CIE ont su faire ce qui devait être fait : se révolter, s’échapper, détruire les cages dans lesquelles ils étaient retenus. Et c’est seulement grâce à eux qu’il ne reste sur pied que cinq CIE, elles-mêmes endommagées, brûlées et à fonctionnement réduit.

Les prisonniers, à l’intérieur, ont fait leur part, à nous, dehors, de faire la nôtre : les soutenir lorsqu’ils luttent, mais aussi ne pas laisser de répit à ceux qui ont inventé les CIE, à ceux qui les ont reformés, à ceux qui en ont fait un métier, à ceux qui s’enrichissent dessus. Sans attendre de voir quelles seront les promesses des parlementaires et des ministres, sans attendre les larmes de crocodole de quelques conseillers municipaux. Aujourd’hui plus que jamais, c’est le moment – dedans et dehors – de donner le coup de grâce pour qu’il ne reste des CIE qu’un tas de gravats.
Avant que, les projecteurs éteints, tous oublient les centres et ce qu’il se passe dedans.
Avant que tout ne redevienne comme avant.

Samedi 8 février – 16 heures
Rassemblement au cie
Corso Brunelleschi angle via Monginevro

traduit de macerie

[Lille] Occupation d’une agence air france

29 janvier 2014

Une trentaine de sans papiers de Lille, organisés en collectif, ont occupé pendant une heure l’agence régionale d’Air France (8 rue Nationale), complice à leurs yeux des expulsions. Ils demandaient, entre-autres, la libération de leurs camarades enfermés au centre de rétention de Lesquin ainsi que leur régularisation.

[Florence] Contre les complices des expulsions

27 janvier 2014

À Florence, dans la nuit de dimanche à lundi 27 janvier, les distributeurs automatiques de billets de cinq bureaux de poste ont été mis hors d’usage à l’aide de colle versée dans les fentes du distributeur, et sur les vitrines ont été laissés des tags comme « No Cie », « No rimpatri » et «  Poste = Mistral Air = expulsions ». Des tags similaires sont apparues cette même nuit dans la commune voisine de Bagno a Ripoli sur les parois latérales de quatre voitures de la Croix Rouge Italienne, dont les pneus ont également été lacérés.

Même loin des CIE donc, dans des lieux ou on n’a même jamais été, il est toujours possible de découvrir quelques-uns des nombreux responsables des expulsions, et d’exprimer notre solidarité aux luttes des retenus.

Traduit de Macerie

[Turin] Poste

27 janvier 2014

Ce matin, un groupe de solidaires avec les luttes des retenus du CIE a donné vie à trois rassemblements-éclairs devant autant de bureaux de poste des quartiers de Porta Palazzo et de Barriera di Milano. Affiches sur les vitrines, tracts et interventions au mégaphone pour signaler aux clients et aux employés que PosteItaliane, a travers sa filiale MistralAir, collabore aux expulsions des sans papiers.

Une petite contestation, mais qui pourtant a semé la confusion parmi les employés de Porta Palazzo, qui se sont barricadés dans le bureau laissant dehors quelques clients et qui ont ré ouvert seulement à l’arrivée d’une patrouille de police -qui est restée là jusqu’à la fermeture.

Ici le tract et l’affiche.

Traduit de Macerie

[Zürich] Luttons contre la machine à expulser

21 janvier 2014.

Le camp pour réfugiés est inauguré

Nous y voilà: le camp sur le Juch-Areal de Alstetten ouvre ses portes. Jusqu’à 300 personnes subiraient le nouveau camp fédéral comme « demeure temporaire ». A cause de leur statut, ils sont enfermés, mis sous surveillance, contrôlés, isolés, exploités par un  travail salarié à bas prix et expulsés.

Cette inauguration est un grand et important pas pour les dominants;

  • enfin ils peuvent tester leurs procédures sommaires – en moins de 140 jours ils décident du destin des personnes concernées.
  • enfin ils peuvent, à travers la centralisation des institutions responsables (AOZ, l’aide au retour, SIP, consultation juridique, etc…), expulser plus efficacement.
  • enfin ils peuvent rejoindre les forces pour faire sentir aux indésirables qu’ils n’ont définitivement pas d’avenir ici.

LUTTONS CONTRE LA MACHINE A EXPULSER

Nous nous adressons à tous ceux qui se battent contre toute forme d’exploitation et d’oppression et qui n’acceptent pas comme ça ce nouveau camp;

Nous nous adressons à tous ceux qui veulent empêcher ce nouveau projet de domination  – de manière autonome et directe !

Que toutes les institutions responsables de cette nouvelle prison partent en feu !

Une manifestation à eu lieu le 11 janvier contre ce centre

source

[Turin] Rassemblement au CIE – 18 janvier 2014

Avant que tout ne recommence comme avant

Télécharger le pdf de l’affiche

Après les images de Lampedusa – où les « hôtes » du CPSA (centre de premier accueil) sont mis en rang, nus, pour être désinfectés.

Après les images de Rome – où les « hôtes » du CIE ( centre d’internement et d’expulsion) ont eu à se coudre la bouche au fil et à l’aiguille pour faire entendre leur voix.
Après les déclarations, les enquêtes, les plaintes de ce dernier mois, personne ne peut plus ignorer que dans les centres pour sans papiers les « hôtes » ne sont pas hôtes mais prisonniers et que l’accueil qui s’y pratique est celui d’un lager. Personne, encore moins ceux qui savaient déjà et ont haussé les épaules, impuissants, ceux qui regardaient du balcon en souriant…

Ceux qui ont inventé , agrandi et soutenu les centres, qui ont flairé la bonne affaire et en ont profité font, en revanche, comme si de rien n’était. Ils feignent de n’être pas responsables de l’existence des centres en Italie, pour éviter d’être traités comme ils devraient l’être : Giorgio Napolitano et Livia Turco, Umberto Bossi et Gianfranco Fini, avec leurs amis d’hier et d’aujourd’hui : La croix-rouge, La Ligue des Coopérative, Connecting People et les Miséricordes.

Avant même que ne s’allument sur eux les projecteurs, les prisonniers des CIE ont su faire ce qui devait être fait : se révolter, s’échapper, détruire les cages dans lesquelles ils étaient retenus. Et c’est seulement grâce à eux que des douze CIE italiens il ne reste sur pied que six structures, elles-mêmes endommagées, brûlées et à fonctionnement réduit.

Les prisonniers, à l’intérieur, ont fait leur part, à nous, dehors, de faire la nôtre : les soutenir lorsqu’ils luttent, mais aussi ne pas laisser de répit à ceux qui ont inventé les CIE, à ceux qui les ont reformés, à ceux qui en ont fait un métier, à ceux qui s’enrichissent dessus. Sans attendre de voir quelles seront les promesses des parlementaires et des ministres, il faut donner – dedans et dehors – le coup de grâce pour qu’il ne reste des CIE qu’un tas de gravats.
Avant que, les projecteurs éteints, tous oublient les centres et ce qu’il se passe dedans.
Avant que tout ne redevienne comme avant.

Samedi 18 janvier – 16 heures. Rassemblement au CIE – Corso Brunelleschi à l’angle via Monginevro

 

traduit de macerie

[Paris] A propos des rafles de fin d’année à Belleville – Janvier 2014

Scoop : sauf changement radical, la police continuera à faire son sale boulot en 2014…

Ces dernières semaines les rafles de prostituées se sont multipliées en France et sur les trottoirs de plusieurs arrondissements parisiens (13e/18e/19e/20e…). Gouvernement, médias et mairies préparaient le terrain depuis un moment. On se souvient du conseil d’arrondissement sur le thème de la « prostitution dans le bas Belleville » en février 2012 [1] où le commissaire du 19è demandait aux habitants du quartier d’ aider la police à identifier les appartements servant aux passes. Sur la tribune à ses côtés Patrick HUANG, le président de l’association des commerçants de Belleville [2] méritait une fois de plus son statut de crapule. Plusieurs zélés citoyens, que l’idée de pouvoir participer à la traque policière rendait frétillants, avaient essayé de donner des informations sur le champ, avant de se faire heureusement rembarrer.

Journées de rafles à Belleville (plusieurs dizaines de personnes arrêtées la semaine du 19 décembre). Un dispositif écrasant, des dizaines de keufs de tous poils qui quadrillent le quartier, entrée des métros, des cités, et contrôlent tout ce qui ressemble de près ou de loin à une chinoise. Les membres de la « communauté chinoise »marchent un peu plus vite. La nuée de pseudos-bobos compulsivement absorbée par ses achats de fin d’année, de commerçants légaux ou non, de clients potentiels refroidis par l’irruption des flics et de pauvres en goguette poursuit sa route quand elle n’applaudit pas des deux mains. Quand on a déjà intégré la transformation de la ville en parc vidéo-surveillé, que les provocations quotidiennes de la BST et consorts (BAC, correspondants de nuits, GPIS) ne nous font plus bondir, quand le harcèlement permanent visant à dégager les indésirables (les pauvres : biffins, fraudeurs, sans-papiers…) de ce centre commercial à ciel ouvert nous semble une évidence ou une fatalité, on est plus à une infamie près [3]. Cette nouvelle opération policière est passée d’autant plus inaperçue, dans la pacification ambiante, que les keufs avaient une excuse toute faite : agir pour le bien de leurs proies. C’est vicelard, il fallait y penser. C’est pour « leur bien » qu’elles sont arrêtées, éventuellement expulsées. C’est pour « leur bien » que les appartements où elles travaillent sont perquisitionnés. C’est encore pour « leur bien » que la police détermine arbitrairement ou non, qui est proxénète et qui est « juste » exploité, procès et enfermement à la clé… C’était également pour « leur bien » que l’assemblée nationale votait il y a plusieurs mois une loi de pénalisation des clients [4]. L’enfer est pavé de bonnes intentions.

Pour celles et ceux qui veulent bien les croire, ces humanistes invoquent de « grands principes »inattaquables, en théorie. La lutte contre le trafic d’êtres humains et la marchandisation des corps, celle pour le droit des femmes. L’idée sous-jacente est assez simple : soit tu es dans le camp des gentils : tu adhères à ces grands principes et tu délègues la « lutte » pour leur application aux spécialistes (l’état, ses humanitaires, ses législateurs, ses flics…) soit tu n’adhères pas à ces grands principes ou tu refuses de déléguer quoi que ce soit à l’état et dans ce cas là tu fais automatiquement partie des méchants. Le très démocratique front commun du bien contre le mal (qui dépasse les clivages réels pour mettre ensemble des idées incompatibles) oublie la question des intérêts que les uns trouvent à préserver l’existant que les autres veulent détruire. Sous leurs enrobages humanistes, toutes ces hypocrites charognes ne dénoncent évidemment que ce qui les arrange. Ils ne fustigent certaines formes de l’exploitation et de la marchandisation des corps que pour mieux laisser l’essentiel debout.

Quel sens ça a de s’attaquer au travail du sexe en laissant le salariat intact ?

Dès qu’on enlève les lunettes des morales sociales et religieuses qui considèrent que le corps des femmes est sacré, que la sexualité ne doit avoir lieu que dans le couple (marié ou non) et pour la procréation, on a du mal à comprendre pourquoi la transformation des corps en machines productives ou en biens de consommation, en marchandises [5], ne pose problème que lorsqu’il s’agit de travail du sexe… (et des prostituées présentes dans les rues, les autres formes de prostitution « haut standing », moins visibles, étant mieux acceptées)…

Sans la morale religieuse, on a du mal à comprendre la diférence profonde entre la prostitution et les autres formes du salariat. C’est quoi, le salariat, à part une institution fondée sur la contrainte, sur la nécessité d’avoir de la thune pour survivre dans ce monde ? C’est quoi le salariat, à part l’échange du temps, de la santé et de l’intelligence des salariés contre les miettes plus ou moins ridicules que le patron veut bien leur lâcher ? À part un chantage qui tient par la menace (de la précarité, de la prison) ? Chacun sait que s’il choisit de ne pas travailler et de se servir dans l’étalage des richesses pour vivre, il risque de se retrouver enfermé, et que sa vie ne vaut pas grand chose en regard de la défense de la propriété privée. De quoi maintenir le plus grand nombre dans le chemin du droit (travaille ou crève, travaille et crève). Le moins qu’on puisse en dire, c’est que le fait de se faire de la thune, de tirer bénéfices de la misère ou de la faiblesse d’autrui nous pose un grave problème. Regardons les choses en face : tout patron est proxénète, et l’état (qui tire de la thune de chaque contrat de travail légal (et exige même de prélever une dime sur « l’économie informelle ») est le plus grand de tous. Les trafics d’êtres humains que ces faux critiques dénoncent mollement ne sont qu’une des conséquences de l’existence de frontières, et de tous les dispositifs qui rendent de plus en plus difficile leur traversée. Laissons-les avec leurs larmes de crocodiles.

Contrairement à ceux-là nous assumons n’avoir aucun intérêt dans la préservation de l’existant, et opposons à leur voie démocratique la reprise en main de nos vies et de nos capacités d’actions et la diffusion d’attaques non médiées. Une réelle lutte contre la marchandisation des corps, contre les trafics d’êtres humains et la destruction des catégories hommes et femmes est indissociable de la perspective de la destruction des frontières, du capital, de l’état et du patriarcat.

Opposant l’individu à la majorité, l’éthique au droit et à la morale, la réciprocité et l’entraide à la compétition pour la survie, lançons nos forces et nos intelligences à l’assaut de cet existant irrespirable. La tâche est vaste et incertaine mais qu’importe ? Il y a plus d’aventure à vivre sur le chemin vers la liberté que dans ces vies mornes et vides de sens.

Détruisons ce qui nous détruit !

[Tract trouvé dans les rues du Nord-est de Paris, janvier 2014.]

Notes

[1] Mi-février 2012, un conseil de quartier du 19è arrondissement sert de tribune au commissaire du 19ème pour annoncer l’amplification de la traque aux travailleuses du sexe, notamment chinoises, dans le bas Belleville. À ses côtés également plusieurs crapules politiciennes et humanitaires.

[2] Association tristement connue pour avoir organisé une manifestation pour demander plus de sécurité en 2010, manif suite à laquelle, officiellement, la BST a été crée (celle là même qui s’est encore distinguée ces jours-ci).

[3] Ça commence où une vie de merde ?

[4] La traque des travailleuses du sexe et de leurs clients a pour conséquence de déplacer les zones de travail vers des endroits plus isolés, où les personnes sont potentiellement plus exposées tant aux violences/rackets des clients que des flics.

[5] C’est quoi la pub si ce n’est une objectisation des corps ?

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