Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Caltanissetta] évasion

4 février 2014

Évasion réussie, cette nuit, du CIE de Pian del Lago, à Caltanissetta. En silence et à la faveur des ténèbres, les quatre ont escaladé le mur d’enceinte pour prendre leurs jambes à leur cou  ; après les clôtures ils se sont trouvés en face de deux militaires qui n’ont pas réussi à les retenir. Comme vous le savez, après les grands incendies qui à la fin 2009 en avait déterminé la fermeture et la restructuration, maintenant ce centre est le seul à fonctionner à plein régime en Italie.

Traduit de macerie.

[Turin] Feu aux CIE

Feu aux CIE

Après les images de Lampedusa – où les “hôtes” du CPSA (centre de premier accueil) sont mis en rang, nus, pour être désinfectés.

Après les images de Rome – où les “hôtes” du CIE ( centre d’internement et d’expulsion) ont eu à se coudre la bouche au fil et à l’aiguille pour faire entendre leur voix à Noël puis il y a quelques jours. Après les incendies des dernieres semaines dans le CIE de Turin, aujourd’hui détruit aux trois quart.
Après les déclarations, les enquêtes, les plaintes de ce dernier mois, personne ne peut plus ignorer que dans les centres pour sans papiers les “hôtes” ne sont pas hôtes mais prisonniers et que l’accueil qui s’y pratique est celui d’un lager. Personne, encore moins ceux qui savaient déjà et ont haussé les épaules, impuissants, ceux qui regardaient du balcon en souriant…

Ceux qui ont inventé , agrandi et soutenu les centres, qui ont flairé la bonne affaire et en ont profité font, en revanche, comme si de rien n’était. Ils feignent de n’être pas responsables de l’existence des centres en Italie, pour éviter d’être traités comme ils devraient l’être : Giorgio Napolitano et Livia Turco, Umberto Bossi et Gianfranco Fini, avec leurs amis d’hier et d’aujourd’hui ; La croix-rouge, Les Coopératives blanches ou rouge comme Auxilum et Connecting People, les Miséricordes. Même la poste Italienne, qui avec la compagnie aérienne mistral air a le monopole des transferts internes et des explusions vers l’afrique du nord.

Avant même que ne s’allument sur eux les projecteurs, les prisonniers des CIE ont su faire ce qui devait être fait : se révolter, s’échapper, détruire les cages dans lesquelles ils étaient retenus. Et c’est seulement grâce à eux qu’il ne reste sur pied que cinq CIE, elles-mêmes endommagées, brûlées et à fonctionnement réduit.

Les prisonniers, à l’intérieur, ont fait leur part, à nous, dehors, de faire la nôtre : les soutenir lorsqu’ils luttent, mais aussi ne pas laisser de répit à ceux qui ont inventé les CIE, à ceux qui les ont reformés, à ceux qui en ont fait un métier, à ceux qui s’enrichissent dessus. Sans attendre de voir quelles seront les promesses des parlementaires et des ministres, sans attendre les larmes de crocodole de quelques conseillers municipaux. Aujourd’hui plus que jamais, c’est le moment – dedans et dehors – de donner le coup de grâce pour qu’il ne reste des CIE qu’un tas de gravats.
Avant que, les projecteurs éteints, tous oublient les centres et ce qu’il se passe dedans.
Avant que tout ne redevienne comme avant.

Samedi 8 février – 16 heures
Rassemblement au cie
Corso Brunelleschi angle via Monginevro

traduit de macerie

[Rome] Sous l’eau

31 janvier 2014

Au beau milieu du déluge à Rome jetons un œil à ceux qui sont enfermés. Les « hôtes » du CARA (centre de demandeurs d’asile, ndt) de Castelnuovo de Proto qui, selon un direct sur  Radio Onda Rossa, ont été laissés et enfermés à l’intérieur tandis que l’eau montait et ont été contraints de chercher à fuir sur les toits.  Le centre – construit sur une plaine alluviale du Tevere – est complètement inondé tandis qu’un ouvrier est gravement blessé à cause d’un court circuit. Bien que la situation soit aussi critique dans la zone de Ponte Galeria, les cages restent fermées. Ce matin, cependant, il y a eu une protestation. Le centre étant privé d’eau chaude depuis trois jours et les soldats ne voulant pas distribuer le petit déjeuner à ceux qui ne font pas la grève de la faim ; les prisonniers ont amassé pas mal de mobilier en face de la cafétéria et ont allumé un petit incendie. Une fois l’incendie éteint, la bouffe est arrivée subito.

traduit de macerie

[Turin] Un salut

30 janvier 2014.  

Vers 20 heures, un groupe de solidaires se retrouve devant les murs du CIE de corso Brunelleschi pour saluer les retenus. Dix minutes de bordel, accompagnées comme d’habitude de pétards, fumigènes et lancés de balles de tennis, remplies de messages de solidarité et de récits des derniers mois de révolte dans les centres pour  sans-papiers. Malgré le froid et la neige, les quelques retenus restés dans le centre endommagé et partiellement vidé après les dernières révoltes, sortent des sections et répondent aux cris.

traduit de macerie

[Italie] Ce qu’il en reste /2

28 janvier 2014

Après les incendies de la semaine dernière, il semble que la préfecture n’a pas l’intention de restructurer rapidement les sections endommagées du CIE de Turin. Les interventions des ouvriers qui s’occupent de la manutention, en fait, se limitent à l’administration ordinaire : changement des ampoules et des poignées, et jamais dans les chambres inutilisables.

La rumeur que font circuler les flics à l’intérieur est qu’il n’y aura pas de travaux et la Stampa même (quotidien national, ndt), disait il y a quelques jours la même chose, faisant plus ou moins ce raisonnement : chaque fois que les interventions sont terminées, le centre se remplit ; agents, flics et croix-rouge ne sont pas capables de garantir l’ordre quand le centre est plein, donc révoltes et incendies surviennent ; après la révolte on compte les dommages et les sections restructurées doivent fermer de nouveau ; pour ne pas continuer comme cela à l’infini, il vaut mieux ne pas réparer les dommages. Raisonnement convainquant, mis à part qu’en réalité les gardiens de l’ordre n’arrivent pas à le garantir même lorsque le centre est à moitié plein. Et en fait, ce qu’il se passe ces jours-ci c’est que les transferts vers d’autres centres sont très rapides et dépassent la nécessité de « donner un lit » à ceux qui n’ont plus d’endroit où être, surtout qu’à l’intérieur aujourd’hui il y a « seulement » quarante cinq retenus. En somme : il semble que la préfecture soit doucement en train de vider Corso Brunelleschi. En plus des transferts, les fonctionnaires du bureau de l’immigration ont organisé plusieurs expulsions, et parmi les personnes déportées il y a celui accusé d’avoir réalisé une vidéo la semaine dernière. Nous voudrions vous dire que le CIE de Turin est en train de fermer lentement, mais nous ne pouvons en être surs.

A Rome, entre les grèves de la faim et les bouches cousues, les choses ne vont pas beaucoup mieux pour les petits Eichmann du ministère. Les retenus sont moins de cent, pour une capacité théorique de trois cent soixante et les trois sections détruites sont là, abandonnées à elles même. Aujourd’hui les retenus qui se sont cousus la bouche ont été convoqués par les responsables du centre : ils leur ont annoncé que demain le consul marocain viendra pour les identifier, et, selon sa réponse ils seront soit expulsés, soit détenus encore, soit enfin libérés mais avec une obligation de quitter le territoire à la main. Dans Ponte Galeria, maintenant, il y a plusieurs transférés suite aux incendies de corso Brunelleschi, qui nous racontent à quel point les flics et les militaires romains sont particulièrement attentifs et prévenants avec eux : évidemment, ils craignent la contagion des révoltes récentes de Turin.

A Caltanissetta en revanche tout est tranquille, comme peut être tranquille un centre pour sans-papiers, et signalons que c’est le seul CIE italien qui fonctionne à plein régime, avec une centaine de prisonniers. Aujourd’hui ont eu lieu des visites de journalistes, nous verrons s’il en sortira quelques récits intéressants. Trapani et Bari, comme vous le savez sont les prochains à fermer pour restructuration et à Trapani – où cent trente personnes sont retenues pour deux cent quarante places théoriquement disponible – court le bruit d’une évasion jeudi dernier.

Pour une compréhension plus complète de la situation des CIE en Italie écoutez, si vous avez un peu de temps (et que vous comprenez l’italien, ndt) cette petite présentation faite hier par l’un de nos rédacteurs sur les ondes de Radio Onda d’Urto

 

traduit de macerie

[Florence] Contre les complices des expulsions

27 janvier 2014

À Florence, dans la nuit de dimanche à lundi 27 janvier, les distributeurs automatiques de billets de cinq bureaux de poste ont été mis hors d’usage à l’aide de colle versée dans les fentes du distributeur, et sur les vitrines ont été laissés des tags comme « No Cie », « No rimpatri » et «  Poste = Mistral Air = expulsions ». Des tags similaires sont apparues cette même nuit dans la commune voisine de Bagno a Ripoli sur les parois latérales de quatre voitures de la Croix Rouge Italienne, dont les pneus ont également été lacérés.

Même loin des CIE donc, dans des lieux ou on n’a même jamais été, il est toujours possible de découvrir quelques-uns des nombreux responsables des expulsions, et d’exprimer notre solidarité aux luttes des retenus.

Traduit de Macerie

[Turin] Poste

27 janvier 2014

Ce matin, un groupe de solidaires avec les luttes des retenus du CIE a donné vie à trois rassemblements-éclairs devant autant de bureaux de poste des quartiers de Porta Palazzo et de Barriera di Milano. Affiches sur les vitrines, tracts et interventions au mégaphone pour signaler aux clients et aux employés que PosteItaliane, a travers sa filiale MistralAir, collabore aux expulsions des sans papiers.

Une petite contestation, mais qui pourtant a semé la confusion parmi les employés de Porta Palazzo, qui se sont barricadés dans le bureau laissant dehors quelques clients et qui ont ré ouvert seulement à l’arrivée d’une patrouille de police -qui est restée là jusqu’à la fermeture.

Ici le tract et l’affiche.

Traduit de Macerie

[Italie] Ce qu’il en reste

25 janvier 2014.

Détruit aux trois quarts et désormais à moitié vide, voilà ce qu’il reste du CIE de Turin. Après les incendies de ces dernieres semaines, dont les conséquences ont été exposées aux yeux de tous grâce à une vidéo réalisée à l’intérieur et publiée il y a quelques jours, les responsables du bureau de l’immigration ont décidé de commencer l’évacuation du centre. Une dizaine de retenus a été  transférée mercredi vers Rome et Bari. Une autre jeudi, cette fois en direction de Trapani.

Tandis que la situation dans le centre de Turin reste tendue, à tel point que jeudi des retenus des cellules d’isolement ont fait du bordel deux heures durant, les protestations recommencent également dans d’autres villes. Hier soir à Rome, une vingtaine de retenus a commencé une grève de la faim.  La nouvelle est confirmée par l’ interview téléphonique d’un retenu sur SkyTg24, où il explique que la grève a commencé à l’arrivée de la nouvelle de la libération d’un groupe de retenus du centre de Caltanissetta.

Un retenu du CIE de Turin a raconté à la radio (en italien) les perquisitions visant à trouver le téléphone dont est issue la vidéo ainsi que l’intervention d’ouvriers pour changer les ampoules et mettre une couche de blanc aux murs des chambres, brulées ces derniers jours.

librement traduit de macerie

[Turin] Pierre par pierre – 19 janvier 2014

Pierre par pierre, l’œuvre de démolition du CIE du Turin continue patiemment et systématiquement. Après la révolte de jeudi, qui a rendu inutilisable les chambres des sections jaune et violette, les retenus ont hier soir mis le feu dans deux modules d’habitations de la section rouge, forçant le Service d’Immigration à les fermer également. Les prisonniers des deux chambres ont été déplacés dans la cantine de la section jaune, qui avait été épargnée des destructions de l’autre jour: après une nuit passée à dormir par terre, ils ont reçu les matelas aujourd’hui. Signe évident qu’il resteront dans la cantine, vu que dans tout le centre il ne reste plus de chambre libre. A part la section féminine, pratiquement vide même si elle a été épargnée par les incendies de ces derniers mois, toutes les sections masculines sont lourdement endommagées : la violette est complètement détruite, dans la jaune, il ne reste que la cantine, dans la blanche et la rouge, il ne reste qu’une chambre, et dans la bleue deux. En comptant la quinzaine de retenus qui se trouve dans les cellules d’isolement, il ne reste dans le centre qu’une soixantaine de retenus : moins d’un tiers de ce que la structure pourrait contenir si elle fonctionnait à plein régime.

Écoutez les témoignages de quelques-uns des retenus, recueillis ce matin par Radio Blackout.

Traduit de macerie

[Turin] Rassemblement solidaire et renforts policiers

18 janvier 2014

Malgré la pluie battante une cinquantaine de solidaires s’est rassemblée durant une heure devant le centre de Corso Brunelleschi  avec abondance de slogans, boucan et pétards en solidarité avec les retenus qui avaient fait partir en fumée deux sections du centre voilà seulement trois jours. Pour éviter que l’atmosphère ne se réchauffe de nouveau à l’intérieur, des renforts policiers stationnent dans les cages où ont été entassés tous les prisonniers, contraints, de fait, à rester enfermés dans les chambres.

traduit de macerie