Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Ceuta & Melilla] Une des plus grosse tentative de passage et une voiture bélier

4 mars 2013. Après les assauts menés contre la frontière espagnole à Melilla en février, on apprend de la presse qu’une nouvelle tentative de passage a eu lieu à Ceuta mardi 4 au matin. 1200 migrants se sont lancés à l’assaut de la forteresse Europe. Un premier groupe a tenté de passer par le poste-frontière de Tarajal. Le second, un kilomètre plus loin tandis qu’un troisième groupe rebroussait chemin. Un peu plus tard dans la matinée, un quatrième groupe, d’environ 450 migrants, a une nouvelle fois essayé de passer en force par le poste-frontière.Cette fois personne n’est passé et aucune info n’a filtrée sur d’éventuels blessés.

6 mars 2013. A Melilla, 17 migrants ont tenté de forcer un poste frontière à coup de voiture bélier, mais ne sont pas parvenu à en ressortir avant d’être arrêtés par les flics garde frontière. Une vidéo sur le site d’euronews.

[Melilla] encore un nouveau passage

28 février 2014. Sans doute encouragé.e.s par le passage de 100 personne il y a quatre jours, 300 migrant.e.s ont tenté à 6 heures du matin de passer la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla. Divisés en plusieurs groupe, jetant des pierres, des bouteilles et des bâtons contre les flics, 214 migrant.e. ont réussi à passer. Ceux.celles qui n’ont pas réussi ont rebroussé chemin sans être arrêté.e.s par les forces de sécurité marocaines mais par contre 35 sont blessé.e.s dont deux gravement.

Mercredi 12 et vendredi 14 février, plusieurs rassemblements ont eu lieu, en Espagne et à Tanger, afin de dénoncer la mort de plusieurs migrant.e.s le 6 février dernier, attaqué.e.s par la guardia civil espagnole et la police marocaine.

[Melilla] nouveau passage

24 février 2013. Ce matin 500 personnes ont tenté de passer la frontière en le Maroc et Melilla. Une centaine d’entre-eux auraient réussi à passer, 96 arrêtés par la police marocaine et 14 blessés ont été emmenés à l’hôpital. L’assaut a été mené en deux point différents et afin de faire reculer les flics qui garde la frontière, des coups de bâtons ont été donnés et des pierres jetées blessant 13 flics.

[Grenoble] Action contre le consulat Grec

6 février 2014

Meurtre de migrants aux frontières : action contre le Consulat grec

Dans la nuit du 5 au 6 février, à Grenoble, des affiches ont été collées à et des slogans ont été tagués sur la façade du consulat grec. On pouvait lire : « Farmakonisi, 12 morts », « Stop à la chasse aux migrants », « L’Etat grec et l’Europe assassinent ».

Cette action visait à dénoncer la guerre sans relâche que les polices de l’Europe-forteresse mènent contre les migrant.e.s. Cette guerre détruit des vies. Pas une semaine sans son lot de victimes. Hier, au moins 7 personnes sont mortes au large de Ceuta, l’enclave espagnole au Maroc. Quand ce n’est pas en mer Egée, c’est à Calais, à Lampedusa (366 morts en octobre dernier), ou à Melillia (5 morts la semaine dernière). En 20 ans, entre 18 000 et 72 000 personnes sont mortes aux frontières de l’Europe en voulant échapper à la misère et à la guerre (source : l’ONG United Against Racism qui documente les morts aux frontières).

Meurtre de migrants aux frontières de l’Europe

Le 20 janvier dernier, des gardes côtes grecs ont intercepté un bateau de réfugiés afghans et syriens qui tentait d’accoster sur l’île grecque de Farmakonisi. Plutôt que de venir en aide à ses passagers, les gardes côtes ont essayé de remorquer l’embarcation vers la Turquie. Mais le bateau a pris l’eau et les garde-cotes ont frappé ses occupants et laissé se noyer une partie d’entre eux.

12 personnes sont mortes, dont 8 enfants.

Ceci n’est pas un accident. C’est un crime d’Etat : des consignes claires sont données aux policiers de repousser par tous les moyens les migrant.e.s. Les morts aux frontières sont la conséquence directe des politiques migratoires européennes et de la militarisation des frontières.

Justice pour les réfugiés assassinés en tentant de sauver leur vie

Sabotons la machine à expulser

Liberté de circulation et d’installation

 

source : indy grenoble

[Calais] Manifestations d’exilés

Semaine du 4 au 8 février 2014

Cette semaine, plusieurs manifestations d’exilés ont eut lieu à Calais : mardi 5 une vingtaine d’entre-eux ont tenté d’occuper la passerelle piétonne du port, mais on été repoussés par la police et la sécurité du port. Cette action voulait répondre a la mort de deux exilés en moins d’une semaine (l’un (17 ans) percuté sur l’autoroute par un camion la nuit du 30 janvier alors qu’il tentait avec deux autres personnes de fuir d’un camion dont le chauffeur les avait repérés ; l’autre tué par balle dans la nuit du 4 février).
Il s’agissait également de s’opposer une nouvelle fois a la pression et au harcèlement policier.

Samedi 8 février une nouvelle manifestation a rassemblé une quarantaine d’exilés qui ont parcouru la ville du lieu de distribution des repas au théâtre et retour, criant des slogans sur les conditions de vie, la liberté et l’union entre les exilés de toute origine.

[Melilla] Nouvel assaut et citoyens poukave

15 janvier 2014

Suite à un nouvel assaut de la frontière de barbelés qui sépare le Maroc de l’enclave espagnole de Melilla, une vingtaine de migrants ont réussi à passer discrètement, sans être repérés par la guardia civil. Seulement, arrivés au centre ville de Melilla, au moment de se disperser, ils ont été balancés par des habitants à la police qui est venue les arrêter. Si certains ont réussi à se cacher, d’autres ont été arrêtés et quelques-uns blessés.

Les flics les ont embarqué et emmené directement dans le no man’s land au milieux des deux rangées de clôtures où les attendaient la police marocaine. Cette « initiative » des flics espagnols a provoqué un petit scandale dans la presse puisque cette opération « illégale » a été filmée et dénoncée par une ONG locale.

Note : pas besoin de préciser que l’on s’en fout que ces expulsions, comme les autres, soient légales ou illégales du point de vue de la loi et que cette précision est apportée uniquement en vue de la compréhension de la situation.

[Trapani] Grande évasion et nouvelles arrivées – 30 novembre 2013

Nouvelle grande évasion à Trapani Milo, rebaptisé depuis longtemps le CIE des évasions : de ce que racontent certains retenus il semble qu’ils aient  été beaucoup à essayer dans la nuit de vendredi à samedi, au final une cinquantaine d’entre eux se sont fait la belle. Comme souvent les policiers et les militaires de garde ont été pris de cours et se sont lancés à la recherche des évadés tardivement, ne parvenant à capturer que peu de personnes. Tous les autres, beaucoup de ceux transférés après la révolte de Gradisca d’il y a quelques semaines,  ont finalement réussi à reconquérir la liberté. Malheureusement, vu que la machine à expulser n’est pas encore entièrement détruite, les places laissées vides par les évadés ont été immédiatement comblées.

Hier toujours, dans la nuit sur les côtes Trapanaise ont débarqué 80 sans papiers qui on été transférés immédiatement au Centre de Trapani Milo. Les nouveaux arrivés ne vont pas bien et il semble que parmi eux des mineurs, quasi enfants soient présents. La presse locale et nationale ne relaie aucune nouvelle de l’évasion et préfère en revanche laisser un peu d’espace à la nouvelle des débarqués « sauvés » par les garde côtes.

 macerie @ Novembre 30, 2013

[Maroc/Algérie] Bientôt une frontière de barbelés ? – 29 novembre 2013

Après les lames de rasoir installées sur les grillages et barbelés séparant l’enclave espagnole de Melilla du Maroc, le gouvernement marocain a décidé lors d’une réunion entre hauts responsables du ministère de l’Intérieur, de l’armée et de la gendarmerie à Oujda les 23 et 24 novembre, d’installer un mur de barbelés à la frontière avec l’Algérie. L’objectif affiché est d’empêcher les migrants qui passeraient par l’Algérie d’atteindre le Maroc et ainsi de réduire le nombre de celles et ceux qui tente de passer dans l’enclave espagnole. Cette barrière devraient s’étendre sur une zone de 70 à 450 km. Depuis mai dernier déjà, vingt-quatre nouveaux postes de contrôles de la frontière ont été installés.

Ce que le gouvernement marocain ne dit pas par contre c’est que beaucoup de migrants arrêtés lors des rafles sont ensuite expulsés du pays et lâchés en plein désert algérien. Ce nouveau mur a pour objectif aussi d’empêcher celles et ceux qui ont été déportés dans le désert et qui y ont survécu de revenir tenter leur chance.

barrière de Melilla(Dernier assaut de la frontière à Melilla)

[Libye/UE] « Liaisons dangereuses » contre « les invasions barbares » : la mission EUBAM

Libye / Union européenne, « Liaisons dangereuses » contre « les invasions barbares » : la mission EUBAM

On pourrait croire qu’il s’agit du scénario du nouveau mauvais film en mode grosse production américaine à plusieurs milliers d’euros :

« Après la chute du dictateur, le pays est livré au chaos, des milliers de pauvres fuient vers les pays d’Europe, qui main dans la main avec le nouveau pouvoir en place érige une frontière de barbelés, d’uniformes et de technologies ».

Mais, en fait, ce document de 200 pages daté d’avril 2013, rendu public le 22 novembre par des journalistes, n’est pas un scénario de film d’anticipation : c’est un rapport confidentiel rédigé par le très institutionnel et très européen Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE) qui dresse un état des lieux de la situation en Libye en terme de lutte contre l’immigration, contre les groupes terroristes et contre les trafics (leur fameux triptyque sécuritaire), de sécurisation du territoire et détaille l’ensemble des actions engagées dans ce sens par l’Union européenne. Ce rapport est le résultat de plusieurs missions d’observation dans la suite de la guerre menée entre mars et octobre 2011 par l’Otan, l’Europe et l’Amérique du Nord.

lampedusaLe souhait des dirigeants européens c’est que, dans la continuité des accords passés avec l’ancien dictateur Kadhafi, le nouveau pouvoir en place coopère afin d’empêcher les migrants qui transitent par la Libye d’atteindre les côtes européennes. Au lendemain de la chute de Kadhafi, en août 2011, l’Italie re-signait avec le Conseil National de Transition tous les accords de coopération économique et en terme de lutte contre l’immigration passés avec l’ancien régime. Idem pour la France, qui avec l’Italie étaient les plus fervent défenseur de l’intervention militaire de 2011 (non content de n’avoir plus besoin de traiter avec Kadhafi, dur en affaires (sic)). C’est qu’il y a du fric à se faire : vente d’Airbus et autres merdes et exploitation par la multinationale italienne ENI (Enel) du pétrole libyen. En 2004, Kadhafi et Berlusconi alors président italien, avaient inauguré la mise en service de Greenstream, gazoduc alimentant l’Italie en pétrole libyen, et appartenant à Agip Gas BV, une coentreprise de l’italienne ENI et de la libyenne National Oil Corporation. L’accord diplomatique qui avait entériné cette coopération, prévoyaient également un renforcement de la lutte contre l’immigration, en Libye : surveillance accrue des frontières maritimes et terrestres, ouverture de centres de rétention financées par l’Ue ou l’Italie, etc. Kadhafi savait jouer sur la corde sensible de ses partenaires européens et menaçait régulièrement « d’ouvrir la vanne de l’immigration » afin de se faire satisfaire (en août 2010 il avait exigé 5 milliards d’euros à l’Europe faute de quoi il ne ferait plus barrage aux migrants). (écoutez sur le sujet de l’externalisation des politiques migratoire européenne l’émission Sans papiers ni frontières du 02 novembre 2012)

Jusqu’à aujourd’hui c’est le même processus qui est à l’œuvre. En septembre 2012, le gouvernement libyen a ouvert un nouveau centre de rétention à Tripoli, en lieu et place de l’ancien zoo municipal…Suite au naufrage au large de Lamedusa qui a coûté la vie à plus de 300 personnes, gouvernements italien et libyen se sont retrouvés pour lancer un programme de protection électronique des frontières libyennes et, on l’apprend dans le rapport, l’Italie a alloué au moins 280 millions d’euros à la Libye pour l’année 2012 (achat de matériel, formation à son utilisation, appuie aux gardes côtes, aide au « management » des migrants, etc.). Toujours en 2012, l’Union européenne lâche plus de 110 millions d’euros à la Libye pour sa politique migratoire. Cela s’ajoute aux 89 millions de l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex pour la même année et aux 244 millions entre 2014 et 2020 du nouveau système de surveillance électronique Eurosur.

Dans ce même document, le Service Européen pour l’Action Extérieure parle également de la mise en place une nouvelle mission, appelée EUBAM (European Union Border Assistance Mission) qui vient d’être finalisée par les dirigeants européens. Son objectif est toujours le même, renforcer les frontières libyennes. Avec ucaughtn budget de 30,3 millions d’euros annuels, cette mission « opérationnelle » comme ils disent, a pour objectif : identifier les besoins les plus pressants en matière de sécurité frontalière, conseiller aux autorités les équipements a acquérir et les former à leur utilisation et entretien, entraîner des bataillons de policiers, de militaires et de douaniers chargés de la surveillance des frontières, travailler en liaison avec les services de renseignements, améliorer le fonctionnement de la chaîne de commandement (sûrement pour éviter les bourdes qui font que personne ne va intervenir pour repêcher les survivants d’un bateau qui coule en pleine méditerranée car chacun se renvoi la balle), améliorer la coopération avec les pays voisins. Cette mission est basée à Tripoli et a commencé à fonctionner en mai 2013. Elle compte une quarantaine de membres, mais devrait bientôt en compter 111. Sur le territoire libyen elle forme des flics et des douaniers à l’aéroport de Tripoli, assiste les bureaucrates en charge des questions d’immigration, propose des séminaires sur la « gestion intégrée des frontières ». La France apporte sa contribution en formant à l’Institut français de Tripoli des agents des douanes, en formant des pilotes à l’École de l’air de Salon-en-Provence, des officier de marine à Toulon et des officiers à l’École de guerre à Paris. D’autres pays, hors Union européenne participent aussi à EUBAM, comme les États-Unis, la Turquie, la Jordanie, le Qatar et les Émirats arabes unis, en formant des flics et des militaires et en envoyant du matériel, avec en ligne de mire les possibles investissements qu’ils pourront réaliser dans la région.

Le seul hic pour l’EUBAM, c’est que ses membres ont trop peur pour se déplacer dans le pays et restent cantonnés dans la capitale à l’hôtel Corinthia, dans le quartier des affaires. Pour y remédier, la mission a lancé un appel d’offre a des entreprises privées de sécurité. Sont en lice pour l’instant : les britanniques G4S, Control Risks et Hart, les français Arcos, Geos, Amarante, le canadien Garda World ainsi que le chypriote Argus Security.

On aurait pu imaginer qu’avec le processus révolutionnaire en cour pendant l’année 2011, la Libye de l’après Kadhafi refuserait de jouer la coopération. Mais un nouveau pouvoir a été mis en place et comme tout pouvoir, il a besoin de défendre et surveiller son territoire, de développer son économie pour entrer dans le jeu du capitalisme, de gérer et contrôler sa population. La Libye reste une porte d’entrée vers l’Europe pour les migrants, qui depuis des années sont des milliers à mourir dans le cimetière méditerranéen. Heureusement quelques nouvelles parviennent jusqu’ici qui racontent des histoires de révolte et d’insoumission comme cette récente évasion massive du centre de rétention d’al-Hamra.

Les frontières ne disparaîtrons que quand nous serons enfin libre, dans un monde débarrassé de toute autorité, de tout bureaucrate, de tout flic pour nous dire où l’on peut aller et où l’on ne peut pas, qui peut circuler où il veut et qui doit crever là où il est. Ce n’est sans doute pas tout de suite que l’on détruira à coup de hache les barbelés, les caméras thermiques et les drones pour ne plus jamais les voir repousser ; mais dans nos luttes quotidiennes, s’opposer aux rafles, se solidariser avec les révoltés d’un centre de rétention, saboter la machine à expulser… c’est s’attaquer aux frontières, celles qui nous paraissent lointaines et difficiles à atteindre comme celles qui se dressent ici et entre nous, à chaque contrôle, à chaque moment de chacun pour soi.

Contre toutes les frontières, Contre tous les pouvoirs !

[UE] L’Europe nous observe, crevons-lui les yeux !

 L’Europe nous observe, crevons lui les yeux !

Depuis début octobre et les deux naufrages au large de Malte et de Lampedusa qui ont coûté la vie à plusieurs centaines de personnes, l’Union européenne met en avant la nécessité de prendre des mesures pour éviter les naufrages et les noyades de migrant-e-s en Méditerranée. Alors qu’en 2011 au moins 2352 personnes sont mortes dans le silence en tentant la traversée, l’UE instrumentalise ces deux événements pour lancer son tout nouveau programme de surveillance des frontières maritimes, Eurosur, qui sera effectif le 2 décembre 2013.

Ce projet qu’on nous brandit aujourd’hui est en réalité dans les cartons depuis 2008. Il prévoit concrètement de mutualiser les moyens de surveillance des frontières maritimes déjà existants et d’en mettre d’autres à disposition (drones, radars, satellites, …). Les infos récoltées 24 heures sur 24 seront à la fois centralisées et diffusées de manière à ce que chaque pays puisse suivre une situation en temps réel et prendre les mesures qui s’imposent, c’est-à-dire intervenir afin de « réduire le nombre d’immigrants illégaux qui rentrent dans l’Union européenne sans être découverts. »

La Libye a demandé à l’UE un accès à son système satellitaire pour lui permettre de surveiller ses frontières maritimes et terrestres afin de renforcer le travail commun en matière de lutte contre l’immigration clandestine. Même si le feu vert n’a pas encore été donné, il est clair qu’Eurosur s’inscrit dans une logique d’externalisation des frontières de l’Europe, par le biais d’accords renforcés entre les pays européens et les États dits « de départ » et « de transit ». Un processus entamé depuis longtemps, sous le régime de Kadhafi l’UE finançait déjà des centres de rétention en Libye. L’idée est de déléguer le contrôle migratoire à la source.

La militarisation des frontières européennes et la guerre aux migrant-e-s sont déjà en cours depuis les années 90 et se sont accélérées ces dix dernières années.

Ainsi depuis 2004 l’agence européenne Frontex (dirigée par un finlandais ancien garde-côte qui se vante de consacrer sa vie depuis plus de trente ans à la lutte contre l’immigration clandestine, et par un ex-flic espagnol) coordonne la sécurisation des frontières externes de l’espace schengen.

Pour citer un projet récent et complémentaire avec Eurosur, le 1er avril 2013 les eurocrates lançaient Closeye – Collaborative evaLuation Of border Surveillance Technologies in maritime Environment bY pre-operational validation of innovativE solutions -, des essais de surveillance aérienne de la Méditerranée et en particulier du détroit de Gibraltar. Il prévoit l’utilisation de technologies telles que des drones et des satellites dirigeables qui permettront à l’Italie, à l’Espagne et au Portugal d’observer les mouvements en mer 24 heures sur 24, et de réagir au plus vite pour intercepter celles et ceux qui tentent la traversée illégalement, avec la bénédiction du gouvernement marocain. Les essais vont durer plusieurs années, l’objectif : « augmenter la collaboration entre les entreprises privées et les États clients », « adapter l’offre à la demande. » On voit bien que la lutte contre l’immigration est un business florissant pour les sociétés d’armement et de technologies de surveillance qui ont toujours besoin d’une prétendue situation d’urgence avec un ennemi désigné pour pouvoir continuer à prospérer.

Finalement ces naufrages représentent une aubaine pour l’Europe car en plus d’envoyer un message effrayant à d’éventuels candidats de l’autre côté de la Méditerranée, ils permettent de faire passer comme une lettre à la poste des dispositifs ultra-sécuritaires et de propager le mythe de l’ « invasion » : des hordes de migrant-e-s qui envahiraient le territoire, s’insinuant par tous les pores de la frontière qu’il faudrait d’urgence combler. Une représentation propagée complaisamment par les médias de masse, qui nous donnent à voir régulièrement les radeaux pleins à craquer et prêts à couler. En revanche, ce qu’ils oublient volontiers de nous montrer, ce sont les gardes-côtes qui tirent dans les pneumatiques des embarcations de migrant-e-s, les bâtiments de l’otan qui passent à côté de barques en détresse sans leur porter secours, les gens obligés de prendre des chemins plus détournés et donc plus dangereux…. Lors d’un des naufrages médiatisés début octobre, les personnes présentes sur le bateau ont alerté les secours 4h avant de couler mais l’État italien et l’État maltais se sont renvoyés la balle, avec pour conséquence des dizaines de mort-e-s. Le 1er ministre italien a quant à lui proposé de donner la nationalité italienne… aux morte-s au large de Lampedusa. Leur hypocrisie ne suffit pas à masquer les critères requis pour être un « bon » immigré.

Ce qui reste aussi systématiquement dans l’ombre ce sont les files d’attente interminables d’étranger-e-s devant les consulats et les préfectures des États européens. C’est pourtant là que se construit le statut du « clandestin ». Par les listes de documents à présenter, jamais exhaustives. Par les heures passées à poireauter pour se faire recaler à l’accueil. Par les visas non accordés. Par les titres de séjour pas renouvelés. Par l’enfermement en centre de rétention et l’expulsion de celles et ceux qui n’ont pas passé l’épreuve avec succès. Car les « clandestins » ne sont pas une « menace » venue de l’extérieur, mais le résultat d’une volonté politique des États européens, qu’on appelle « politique migratoire », la conséquence d’un contrôle strict des États sur qui a le droit ou non à des papiers.

Parce que, les sans papiers, les États européens en ont bien besoin. Parce que, que ce soit en utilisant les sans papiers comme main d’œuvre corvéable ou en délocalisant les entreprises à l’étranger, la logique est toujours la même : exploiter plus pour gagner plus. Parce qu’avoir un bouc émissaire sur lequel rejeter toutes les merdes intrinsèques au fonctionnement d’un État capitaliste, ça permet aux puissants de se légitimer pendant que les galériens s’entretuent. Parce qu’en agitant les « clandestins » comme un épouvantail, l’Europe justifie des projets flippant de militarisation de ses frontières et de contrôle des personnes à l’intérieur de son territoire.

Plus insidieusement, ces dispositifs de surveillance entraînent concrètement l’augmentation du contrôle sur toutes et tous. Ils sont expérimentés ici en Méditerranée, mais il y a fort à parier qu’ils finiront par envahir non seulement les mers mais aussi les rues et nos vies dans la droite lignée des caméras de vidéo-surveillance ou du fichage adn.

Ni frontières, ni papiers, soyons incontrôlables !

 

Organismes participants à Eurosur

ITALIA CONSORZIO NAZIONALE INTERUNIVERSITARIO PER LE TELECOMUNICAZIONI
FRANCE SAGEM DEFENSE SECURITE
NEDERLAND NEDERLANDSE ORGANISATIE VOOR TOEGEPAST NATUURWETENSCHAPPELIJK ONDERZOEK - TNO
ESPAÑA INDRA ESPACIO SA
UNITED KINGDOM UNIVERSITY OF PORTSMOUTH HIGHER EDUCATION CORPORATION
ITALIA ALENIA AERONAUTICA SPA
ITALIA THALES ALENIA SPACE ITALIA SPA
PORTUGAL EDISOFT-EMPRESA DE SERVICOS E DESENVOLVIMENTO DE SOFTWARE SA
FRANCE MONDECA SA
ITALIA TELESPAZIO SPA
FRANCE THALES COMMUNICATIONS & SECURITY SA
ESPAÑA TTI NORTE, S.L.
BELGIQUE-BELGIË SPACE APPLICATIONS SERVICES NV
FRANCE THALES ALENIA SPACE FRANCE
UNITED KINGDOM UNIVERSITY COLLEGE LONDON
SVERIGE TOTALFORSVARETS FORSKNINGSINSTITUT
DEUTSCHLAND THALES DEFENCE DEUTSCHLAND GMBH
ESPAÑA EUROCOPTER ESPANA SA
ESPAÑA INDRA SISTEMAS S.A.
ISRAEL CORRELATION SYSTEMS LTD
FRANCE CASSIDIAN SAS
FRANCE THALES SYSTEMES AEROPORTES S.A.
BELGIQUE-BELGIË JRC -JOINT RESEARCH CENTRE- EUROPEAN COMMISSION
ESPAÑA UNIVERSIDAD DE MURCIA
UNITED KINGDOM BAE SYSTEMS (OPERATIONS) LTD
NEDERLAND HITT HOLLAND INSTITUTE OF TRAFFIC TECHNOLOGY BV

Organismes participants à Closeye

ESPAGNE Guardia civil
PORTUGAL Guardia Nacional Republicana
ESPAGNE Ingenieria de Sistemas para la Defensa de España
ITALIE Agencia Spaziale Italiana
UE European Union Satellite Centre
ITALIE Marina Militare Italiana
ITALIE Centro Italiano Ricerche Aerospaziali
UE Frontex (rôle consultatif)
AUTRICHE Schiebel
ETATS-UNIS General Atomics AeronauticalSystems

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