Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Du 13 au 26 octobre, attention aux rafles dans toute l’Europe

Mise à jour des contrôles principalement en région parisienne ici.

[RAJOUT DE TRADUCTION EN KURDE ET AMHARIQUE]

[Rajout de traduction en TURC]

[Rajout de traduction en ROUMAIN]

[RAJOUT DE TRADUCTION EN CHINOIS, OURDOU, BENGALI, TAMOUL ET HINDI]

[RAJOUT D’UNE VERSION AUDIO MULTILINGUE]

[Rajout bas de page affiches faites par la permanence sans papiers de l’Attiéké à Saint Denis]

[En bas de page AFFICHES/TRACTS en français, anglais, farsi, arabe et russe À IMPRIMER, DIFFUSER, COLLER]

Du lundi 13 au dimanche 26 octobre 2014, une grande opération policière à l’échelle européenne va avoir lieu contre les migrant.e.s. Sous le nom de « opération Mos Maiorum », son objectif est d’arrêter et de contrôler des centaines de personnes afin de collecter diverses informations en vue de renforcer leurs politiques contre l’immigration.

Le nom « Mos Majorum » en dit long sur la philosophie qui sous-tend cette opération : du latin « mœurs des anciens » ou « coutumes des ancêtres » Mos Majorum désigne dans la Rome antique le mode de vie et le système des valeurs ancestrales. Ses cinq fondements sont : – fides : fidélité, respect de la parole donnée, loyauté, foi ; – pietas : piété, dévotion, patriotisme, devoir ; – majestas : sentiment de supériorité naturelle d’appartenance à un peuple élu ; – virtus : qualité propre au citoyen romain, courage, activité politique ; – gravitas : ensemble des règles de conduite du Romain traditionnel, respect de la tradition, sérieux, dignité, autorité. De quoi plaire aux fachos et adeptes de théories sur l’invasion.

L’opération Mos Maiorum est conjointement menée par l’Union européenne (UE), les États membres de l’espace Schengen et les agences européennes Frontex et Europol.

Frontex (Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures) est une agence européenne qui depuis octobre 2005 (date de sa première opération) se charge de mener divers opérations de surveillance et de contrôle aux frontières extérieures de l’Europe (principalement au Sud et à l’Est). Des moyens militaires, technologiques et policiers sont mis à sa disposition (navires, hélicos, radars, détecteurs, etc.) par les États membres de l’UE et un budget de plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année lui est alloué. C’est le bras armé de la politique migratoire européenne : Frontex organise le blindage militaire et technologique des frontières. L’agence intervient aussi en dehors de l’UE, principalement dans les pays aux frontières extérieurs, pour externaliser les politiques migratoires européennes. Elle organise également des vols charters pour les expulsions conjointes entre plusieurs pays. Des dizaines d’organismes européen et internationaux travaillent avec Frontex : agences internationales de police et de justice, organismes de gestion des migrations et des réfugiés, centres de recherche et de développement en matière de sécurité, etc. (voir deux textes sur Frontex ici et , et des cartes sur les opérations Frontex ici)

Europol c’est l’office de police criminelle intergouvernemental de l’UE qui coordonne le travail des polices nationales en matière de terrorisme, trafic de stupéfiant et de criminalité organisée. De plus en plus Europol participe aux opérations européennes menées contre les migrant.e.s avec pour objectif affiché de « démanteler les réseaux de passeurs, de trafiquants et les groupes terroristes », fameux triptyque “immigrés, trafiquants, terroristes” qui sous-tend toute la politique européenne dans sa lutte contre l’immigration et qui sert d’épouvantail pour légitimer ses actions. La situation politique actuelle en Irak et en Syrie n’en est que plus profitable pour eux. Une autre opération menée par Europol du 15 au 23 septembre 2014 sous le nom de « Archimède » (à laquelle Frontex participait) et qui visait les groupes criminels internationaux a également mené au contrôle de plus de 10 000 migrant.e.s et aux arrestation de 170 passeurs.

La zone de contrôle va donc s’étendre sur les territoires de 32 pays (les 28 de l’UE plus 4 non membres de l’UE mais de l’espace Schengen) ainsi qu’en mer : de la Norvège à l’Espagne, de l’Islande à Chypre, du Portugal à l’Estonie en passant par la Roumanie. Pour ça pas moins de 18 000 flics et gardes-côtes vont être mobilisés et les coûts de l’opération seront couverts a posteriori par les États et Frontex.
Les zones de contrôle sont laissées à l’appréciation des participants et peuvent donc être très larges : les eaux territoriales, les ports et aéroports, les frontières extérieures et intérieures de l’UE et de Schengen, les gares et les trains, les autoroutes, les transports en commun et la rue, les lieux de travail et les administrations, etc.

Chaque contrôle donnera lieu à une procédure recensant : des informations sur le contrôle (lieu, date, heure, moyen de transport) ; sur les personnes arrêtées (nationalité, sexe, âge, lieu et date d’entrée en Europe) ; sur les routes empruntées, les moyens de transports et la destination finale ; sur les documents en possession, les démarches administratives entreprises et les paiements de passeurs. Un bureau de coordination de l’opération va être mis en place en Italie et chaque procédure lui sera transmise via une adresse mail (gruppo.frontiere@interno.it). Il semblerait que ce genre d’opération devrait avoir lieu tous les 6 mois, sous la coordination du pays qui assure la présidence de l’UE.
En octobre et novembre 2012, une opération similaire avait eu lieu : « l’opération Aphrodite » au terme de laquelle 5 298 personnes avait été arrêtées à travers l’Europe.

C’est à la fois une opération de fichage/recensement puisque des centaines de personnes vont être contrôlées (avec prise d’empreintes, inscription sur les fichiers européens, etc.) mais également une sorte d’enquête à l’échelle Afrique/Asie/Europe pour connaître les nouvelles routes empruntées par les migrant.e.s, les nouveaux pays de départ et de passage ce qui va permettre aux pays européens, en collaboration avec les pays « voisins », de renforcer leur contrôle et de nouveaux dispositifs.

Depuis des années, l’Union européenne, son agence Frontex et les États membre de l’espace Schengen mettent en œuvre des moyens colossaux pour rendre inaccessible l’Europe à celles et ceux qu’elle ne souhaite pas accueillir, avec la collaboration accrue des pays dits « de départ » ou « de transit », à l’Est de l’Europe, au Maghreb et en Afrique. Du système de VISA de moins en moins accessible aux plus pauvres, au blindage des frontières extérieures, la guerre aux migrant.e.s fait rage. En Atlantique et en Méditerranée, les murs de barbelés et de gadgets technologiques de Ceuta et Melilla et la présence militaire et policière en mer rendent les routes de plus en plus longues et dangereuses pour les harragas. Depuis 26 ans, plus de 21500 personnes sont mortes aux portes de l’Europe et le chiffre ne cessera d’augmenter de jours en jours.

Début 2014 le projet Eurosur a été mis en place. Il permet de mutualiser les moyens de surveillance des frontières maritimes déjà existants et d’en mettre d’autres à disposition (drones, radars, satellites, …). Les infos récoltées 24 heures sur 24 sont à la fois centralisées et diffusées de manière à ce que chaque pays puisse suivre une situation en temps réel et prendre les mesures qui s’imposent, c’est-à-dire intervenir afin de « réduire le nombre d’immigrants illégaux qui rentrent dans l’Union européenne sans être découverts. »
Une nouvelle mission appelée « Frontex Plus » va venir renforcer la surveillance au large des côtes italiennes et maltaises d’ici quelques semaines. Demandée par l’Italie suite aux récentes arrivées de harragas sur ses côtes elle doit remplacer « Mare Nostrum » qui touche à sa fin.

Concrètement avec cette opération Mos Maiorum on peut penser que le nombre de rafles va augmenter en région parisienne et dans les grandes villes, notamment dans les transports.

Chaque année des milliers de personnes sont contrôlées, arrêtées, enfermées dans les centres de rétention et expulsées car elles n’ont pas de papiers (en 2012, 43 746 personnes ont été enfermées en centre de rétention et 36 822 personnes ont été expulsées de France, d’après les associations présentes dans les CRA).

Depuis 2005 et la mise en place d’objectifs chiffrés d’expulsion, le nombre de contrôles faciès n’a cessé d’augmenter : dans les transports en commun, les rues, les gares et les trains, aux aéroports, dans les administrations (caf, préfecture), dans les banques, à la poste, sur les lieux de travail (restaurants, chantiers), dans les foyers, etc.

Régulièrement de grosses opérations sont organisées par la préfecture et la police permettant d’arrêter des dizaines de personnes d’un coup.
En région parisienne les quartiers ciblés sont les quartiers populaires du nord est parisien et de banlieue.
Les flics peuvent agir en civil ou en uniforme, par petits groupes ou en masse. La plupart du temps des camionnettes permettant d’embarquer les personnes contrôlées sont garées pas loin.
Ces rafles passent souvent inaperçues tellement nous sommes habitués à l’occupation policière.
Dans les transports elles sont souvent conjointes avec les contrôleurs, ratp ou sncf.

Depuis plusieurs années des groupes de personnes tentent de s’organiser contre ces rafles dans certains quartiers : chaînes d’alerte sms, affichage et diffusion, rassemblements, assemblées de quartier, perturbations de contrôles, présence aux audiences au tribunal, etc. À plusieurs reprises la solidarité avec des personnes du quartier a permis que la police soit contrainte d’arrêter et de rebrousser chemin.

LA CHASSE EST OUVERTE ? EMPÊCHONS-LA !
OCCUPONS LA RUE, INFORMONS, OPPOSONS-NOUS AUX CONTRÔLES.
PAS DE FRONTIÈRES, PAS DE NATIONS, STOP AUX EXPULSIONS !

 

AFFICHE DU 13 AU 26 OCTOBRE 2014 ATTENTION AUX CONTROLESAFFICHE DU 13 AU 26 OCTOBRE 2014 ATTENTION AUX CONTROLES2CHINOIS AFFICHE DU 13 AU 26 OCTOBRE 2014 ATTENTION AUX CONTROLES

En .PDF : AFFICHE DU 13 AU 26 OCTOBRE 2014 ATTENTION AUX CONTRÔLES

Affiches faites par le centre social autogéré Attiéké à Saint-Denis Affiche Attiéké1 // Affiche Attiéké2 (traduit en langue Amharique)

ማስጠንቀቂያ፥ በሙሉ አውሮፓ ህብረት ውስጥ ሰደተኞችን ለመውጋት አዲስ የፖሊስ ማንቀሳቀስ እየጀመረ ነው !
አዲሱ ግብረት ሞስ ማዮሩም /mos maiorum/ ይባላል። ከጥቅምት3 /october 13th/ እስከ ጥቅምት 16
/october 26th/ ይካሄዳል። ለሁለት ሳምንታት አስራ ስምንት ሺህ /18000/ ፖሊሶች መታወቂያ ወረቀት የሌላቸው
ሰደተኞችን ያሳድዳሉ። የፍልስት መንገዳችንን ማወቅ ይፈልጋሉ። መታወዊያና ፓስፖርት የሌላቸው ሰዎችን እንዲታሰሩ
ይፈልጋሉ። ስለዚህ ይህን ዜና ለመታወቂያ የሌላቸው ሰደተኞች ማሰራጨት አለብን። በተለይ ባቡር ውስጥ፣ ባቡር ጣቢያ
ውስጥ፣ በድንብር አካባቢ እና ዋናዎቹ መንገዶች ላይ ብዙ የፓስፖርትና የመታወቂያ ካርድ ቁጥጥርን ሊኖር ይችላል።

EN CHINOIS (pdf)

2014年10月13日至26日 小心身份证检查

2014年从10月13日星期一到10月26日 星期日,欧盟将采取针对非法移民(无 证者)的大规模警察行动。两周期间,一万八千名警察将展开行动,目标追捕最大数目的无证者。身份证检查包括街道,火车,火车站,飞机场,高速公路及欧洲各 国国界线上。目标是抓捕最高数量的人数;获知移民常用路线和方法;及阻止欧洲外来移民。

> 从现在起 提醒大家 每个你们认识的人,无论他们长居于欧洲抑或在此期间短占逗留
> 若身处现场,联合起来组织身份证检查。可以通过抗议来暴露身份证检查,也可以通过悄悄的提醒帮助他们避免身份证检查。
> 甚至只是表示我们的反对,停下脚步驻足观看,这也会干扰身份证检查。让我们尽我们的全力让这次行动成为一个失败。

地球属于每一个人,和那些因国家干扰而无法自由行动的人联合起来!

无国界无国家,终止遣送

Version AUDIO

Version bengali tamoul hindi ourdou

traduction bengali tamoul hindi ourdou

ROUMAIN   PDF(roumain)

Din 13 pâna pe 26 octombrie, atentie la controluri!

De luni 13 octombrie pâna duminica 26 octombrie Uniunea Europeana va organiza o foarte mare operatiune de politie ce vizeaza persoanele fara acte de identitate. Timp de doua saptamani 18000 de politisti vor urmari si vor încerca sa aresteze cât mai multe persoane fara acte. Se vor face controluri pe strada, în trenuri,gari, aeroporturi, la punctele de trecere a frontierei interne ale Europei, peste tot în Europa. Obiectivele sunt arestarea maximului de persoane si identificarea rutelor si mijloacelor utilizate pentru a veni în Europa. Se încearca astfel împiedicarea migrantilor de a ajunge în Europa.

PREVENITI DE PE ACUM toate persoanele pe care le cunoasteti, rezidente sau în tranzit în Europa, care vor sa vina în aceasta perioada. Sa fim solidari încercând sa ne opunem acestor controluri daca suntem martori fie protestând, fie prevenind dinainte persoanele vizate, ajutându-le astfel sa scape.

Sa ne manifestam dezaprobarea daca asistam la operatiune; ne putem doar opri si privi, controlul poate fi astfel mai greu de facut.

Sa facem totul pentru ca aceasta operatiune sa devina un esec!

Sa fim solidari cu toti cei carora aceste state vor sa le împiedice libera circulatie.

 

TURC  PDF (turc)

DİKKAT !
13 ve 26 Ekim Tarihlerinde Kağıtsızlara Yönelik Polis Operasyonları Yapılacak !

Avrupa Birliği, 13 ve 26 Ekim tarihlerinde, « kağıtsızlar » olarak bilinen ve oturumu olmayan göçmenlere karşı,18 000 polisin katıldığı geniş çaplı bir operasyon yapılacak. Polis, Avrupa sokaklarında, trenlerde, garlarda, havaalanlarında, yollarda, sınırlarda « kâğıtsızlar » avına çıkacak ! Operasyonun amacı, mümkün olduğunca çok « kâğıtsız » yakalamak, göçmenlerin Avrupa’ya gelmek için kulandıkları yolları ve nasıl geldiklerini açığa çıkarmak, göçmenlerin Avrupa’ya gelmelerini engellemeye çalışmak.

Avrupa’da oturan, geçiş olarak kulanan ve bu tarihlerde Avrupa’ya gelmek
isteyen bütün herkesi bugünden itibaren haberdar edelim ve uyaralım !

Ne yapabiliriz ?

Herhangi bir kontrole tanık olduğumuzda, buna engel olmayı deneyebiliriz.
Kontrol sırasında insanların dikkatini çekmek ve polislerin rahat bir şekilde hareket etmesini engellemeye çalışabiliriz.

Kaçak olduğunu düşündüğümüz insanları uyarabilir ve kaçmasına yardımcı olabiliriz.

Kontrol sırasında durup polislere bakarak ve yanlarında kalarak hemfikir olmadığımızı gösterebiliriz.

Bu eperasyonların başarısız olması için elimizden geleni yapalım !
Devletlerin, insanların özgür bir şekilde dolaşmasını ve yaşamasını engellemelerine karşı dayanışma içinde olalım.

Sınırlara, uluslara ve sınırdışı edilmelere hayır !

TRADUCTION EN KURDE

TRADUCTION EN AMHARIQUE

[Calais] Ségrégation à Leader Price, douches incendiées et fachos anglais

Le samedi 27 septembre 2014, le magasin Leader Price situé avenue Roger Salengro à Calais a pratiqué la ségrégation à l’entrée de son magasin, interdisant l’accès aux personnes de couleurs qui désiraient faire leurs courses. Un groupe d’une dizaine de personnes habitant le campement de migrants soudanais situé derrière le magasin n’a en effet pas eu accès au magasin, la porte ouverte de ce dernier étant contrôlée par un vigile qui ne les a pas laissé rentrer, obéissant aux consignes du directeur. Plusieurs personnes ont été témoins de la scène et l’ont filmé. Voir ici.

Samedi également, une manifestation s’est tenue dans le port de Douvres en Angleterre contre « l’immigration clandestine » à l’appel d’un groupe facebook de soutien aux chauffeurs routiers qui font la liaison Douvres-Calais. Ce groupe de nazillons appelle à faire barrage en bloquant le port de Douvres afin « d’empêcher les terroristes de l’État islamique de rentrer dans le pays, d’empêcher Ebola d’arriver dans le pays, d’empêcher des criminels non contrôlés d’entrer« , mais aussi « les violeurs et les agresseurs d’enfants« …

Après la manif du collectif « Sauvons calais » et du gratin de l’extrême droite française du 7 septembre, les agressions fascistes continuent à Calais : Dans la nuit du 17 au 18 septembre 2014, les douches mises en place par une association caritative pour les exilés ont été une nouvelle fois (déjà en mars dernier) incendiées. Un matelas a été placé entre les deux bungalows, aspergé de combustible et allumé. Le 20 septembre ce sont des coktails Molotov qui ont été envoyés contre un squat.

Pendant ce temps là côté politiciens un accord a été conclu sur une aide du Royaume-Uni à la France de 15 millions d’euros en trois ans pour renforcer le contrôle du port de Calais : un fond commun, largement alimenté par ces 15 millions va servir à modifier le port de Calais pour tenter d’empêcher les migrant-e-s de passer en Angleterre mais aussi pour mener des campagnes « auprès des migrants pour expliquer le caractère illusoire et dangereux du passage clandestin vers le Royaume-Uni » explique le ministre Cazeneuve. Peut être que ces campagnes de tiendront dans le futur centre d’accueil ?

Face aux flics, aux fachos et aux politiciens la solidarité est plus que jamais nécessaire.

 

 

[Calais] Nouvelle tentative de passage collectif et ouverture prévue d’un centre d’accueil

17 septembre 2014. Comme les semaines précédentes, 250 exilé.e.s ont tenté collectivement le passage en Angleterre par le port de Calais ce matin. Une personne a été blessée en tombant d’un camion. Des grillages permettant d’accéder à la zone de contrôle des poids lourds ont été ouverts et des pierres jetées sur les flics qui tentaient d’empêcher les exilé.e.s de passer à coup de lacrymogènes. Les mercredi précédents plusieurs centaines de personnes avaient déjà tenté de rejoindre les camions qui partent pour l’Angleterre.

Dans et autour de la ville la répression et les expulsions de squats et de campements continuent, répondant à la politique du « squat zero » dictée par Cazeneuve et Bouchard, la maire de Calais et repoussant les exilié.e.s de plus en plus loin du centre ville et donc du port. Dimanche dernier, plusieurs élus municipaux accompagnés des flics sont allés au terrain de foot de la citadelle pour demander aux migrant.e.s, qui y jouent au foot depuis des années, de partir, prétextant qu’ils n’ont pas d’autorisation.

L’annonce du projet d’ouverture d’un centre d’accueil de jour (sans hébergement) va dans le même sens. Il est pour l’instant prévu à la place du centre de loisir Jules Ferry, situé au nord de la ville, de l’autre côté de la rocade (à une heure de marche du centre-ville, à deux heures de marche du quartier du Fort Nieulay, où se trouve un campement de près de trois cents personnes). Natacha Bouchard se demandait s’il fallait tuer les migrant.e.s (« On ne peut pas fermer les frontières, de toute façon, on est dans l’Europe. Qu’est-ce qu’on fait ? On les tue ? On les noie ?« ). Avec ce projet elle semble trouver satisfaction à défaut : créer un ghetto bien à l’écart du centre ville.

Mais ce centre, qui serait cogéré par une instance locale, des humanitaires et le Haut Commissariat aux Réfugiés, sera aussi une grande gare de triage entre les migrant.e.s : celles et ceux débouté.e.s du droit d’asile donc expulsables, celles et ceux qui ont fait une demande d’asile dans un pays tiers et qui pourront y être « reconduit », celle et ceux qui se font mettre la pression pour accepter l’aide au retour, etc. La réforme en cour du droit d’asile et du droit au séjour (voir ici et ) qui prévoit entre-autres d’écourter la procédure d’asile, de multiplier les cas d’irrecevabilité, et de raccourcir les délais pour contester l’expulsion, et l’annonce de l’ouverture d’un bureau de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) qui s’y occuperait de « l’aide au retour », ne laissent aucun doute.

[Méditerranée] Encore un naufrage

Mercredi 10 septembre 2014, une nouvelle embarcation a coulé en Méditerranée. Partie quelques jours plus tôt d’Égypte il y avait à son bord plus de 500 personnes qui voulaient gagner les côtes de l’Europe. 10 personnes ont échappé à la mort. Dimanche 14, un autre bateau a coulé au large des côtes libyennes. En tout près de 700 personnes sont mortes en voulant traverser la méditerranée ces derniers jours, 3000 pour cette année qui n’est pas finie.

Alors politiciens, journalistes et consorts s’enflamment : ils parlent de drame, de l’opération Mare Nostrum qui touche à sa fin,  agitent l’épouvantail des passeurs (dont un certain nombre s’en met plein les poches tout en n’ayant rien à carrer de celles et ceux qu’ils font passer), l’OIM (organisation internationale pour les migrations) parle d’un « homicide de masse » et « du naufrage le plus grave de ces dernières années ».

Mais tout le monde semble oublier que c’est toutes les semaines que des personnes meurent en traversant les frontières à travers le monde. Que ce n’est pas « la mafia des passeurs » qui pousse les gens à migrer mais la pauvreté, la guerre, la misère ou l’envie de voyager. Qu’il n’y a pas de visa sauf pour les plus riches. Qu’en 26 ans, plus de 21 000 personnes sont mortes dans le cimetière méditerranéen. Que les uniques responsables sont ceux là même qui parlent d' »homicide » et de « drame« . Que l’OIM est un des acteurs de la politique migratoire des États et de l’Union européenne. Que c’est cette politique de blindage et de militarisation des frontières qui rend les routes de plus en plus longues, le voyage de plus en plus dangereux.

Leurs discours de compassion et d’humanisme ne sont que des discours de façade pour faire croire à tout le monde que les responsables ne sont ni les dirigeants européens ni les militaires qui patrouillent. Que tout est mis en œuvre pour « secourir » les navires en déperdition. Leur solution humanitaire c’est de repousser les embarcations vers les côtes du sud, ou quand ils ne peuvent pas d’accueillir ceux qui arrivent avec des couvertures de survie estampillées croix-rouge et des flics, d’enfermer dans des camps, qu’ils s’appellent centre d’accueil ou centre de rétention, d’expulser et d’exploiter.

Il n’y a pas plus de solution humanitaire que de solution répressive, parce que là n’est pas le problème. Le problème c’est l’existence même des frontières et des nations. C’est le capitalisme et le colonialisme qui asservissent les plus pauvres à travers le monde. C’est les États qui tous oppriment chacun et chacune d’entre-nous.

[Calais] Franchir les frontières à coup de fusil

29 août 2014. Dans la nuit entre jeudi 28 et vendredi 29, trois flics de la PAF ont arrêtés une quinzaine de migrants qui tentaient de monter dans un camion pour franchir la frontière et aller en Angleterre. L’un d’entre-eux a réussi à prendre la fuite et est revenu quelques minutes plus tard, avec cinq autres personnes, équipé d’un fusil et a menacé les flics. Il a de nouveau réussi à prendre la fuite après.

D’après la presse.

On en profite pour relayer un des appels au Weekend de résistance anti-fasciste à Calais, les 5, 6 et 7 septembre 2014.

Depuis 1 an, un petit groupe de jeunes militants néo-nazis calaisiens s’est organisé et cherche à faire parler d’eux. Leur nom : « Sauvons Calais ». Leur coup le plus médiatique : la publication par la presse locale des photos des tatouages à la gloire du IIIème Reich portés par leur leader Kevin Reche (insigne SS, croix celtique et autres joyeusetés).
L’activité principale de « Sauvons Calais » est la désinformation concernant les migrants (accusés de tous les maux de la ville) et le matraquage permanent des mensonges politiques du Front National (plusieurs membre du « collectif » y sont d’ailleurs directement affiliés).
Mais depuis l’affaire du squat de Coulogne, un pas a été franchi. « Sauvons Calais » s’en prend désormais physiquement aux migrants et aux militants qui les soutiennent quotidiennement : agressions de migrants et de camarades no-borders, attaque d’espaces de solidarité, menaces sur des militants associatifs…
L’action des pantins de Sauvons Calais s’articule et soutien la politique anti-migrants menée par la mairie UMP et les rafles racistes orchestrées par le gouvernement « socialiste ».
Comme toujours, le système se déchaîne contre les plus pauvres et les plus précaires. A Calais, les migrants servent de bouc-émissaires. Pourtant les responsables du chômage et de la misère qui touchent la ville sont connus : les financiers, les spéculateurs, les banquiers, les patrons et les grands propriétaires sévissent en toute impunité. Ils s’enrichissent toujours plus. Le FN, le PS et l’UMP servent directement leurs intérêts.
Ce sont les mêmes qui sont les responsables des guerres et de l’extrême précarité que fuient les migrants.
Mais ratonner de pauvres gens qui vivent dans la rue est plus simple et mieux vu que de s’en prendre aux racines du mal, à ceux qui détiennent les richesses et qui contrôlent l’État et sa police.
Le 7 septembre, « Sauvons Calais » appelle à une manifestation contre l’immigration. Manifestation à laquelle est conviée une partie du gratin pourri de l’extrême droite radicale française, des personnages réputées pour leurs sorties racistes, homophobes, antisémites… Parmi les heureux élus : Benedetti (tremblote œuvre française), Roudier (sénile identitaire) et Joly (poupon nazi picard).
Dimanche 7 septembre, l’Action Antifasciste NP2C appelle à se rassembler massivement pour barrer la route aux néo-nazis, s’opposer aux politiques racistes menées par le PS, l’UMP et le FN et exprimer notre solidarité avec les migrants.
RDV 13 h place d’arme !

[Melilla] Nouvelle tentative de passage de la frontière

12 août 2014. 900 personnes ont tenté de franchir la frontière de barbelés et lames de rasoir qui à Melilla, enclave espagnole au Maroc.

Un premier groupe de 700 personnes a tenté sa chance puis un second de 200 personnes en deux points différents. Seulement une trentaine de personne a réussi à passer tandis que 50 autres sont restées bloqués en haut des grilles pendant plusieurs heures pour ne pas tomber entre les mains des flics.

Le même jour, sur la côte atlantique sud de l’Espagne, plus de 900 migrant.e.s dans différents bateaux ont été intercepté.e.s par la guardia civil et la croix-rouge, armés de gants et de masques. Ils/elles ont été enfermé.e.s dans deux gymnases réquisitionnés pour l’occasion.

Abajo los muros y las fronteras !

[Menton] PAF la paf

12 juillet 2014. Alors que la police aux frontières faisait son sale boulot à un poste frontière avec l’Italie, une personne qui se faisait arrêter parce que sans papiers ne s’est pas laissé faire et a asséné plusieurs coups de poings dans la gueule du flics qui s’est retrouvé K.O. Et PAF la paf !

 Repris d’après la presse régionale

[Israël] Evasion du camp de Holot, manifestation, occupation… et répression

27 juin 2014

Vendredi  27 juin, parmi les 2300 migrant-e-s enfermé-e-s dans le camp de rétention de Holot en Israël, un millier a décidé de quitter le camp pour entamer  une marche en direction de la frontière égyptienne pour protester contre leur enfermement et tenter de rejoindre l’Egypte. Refoulé-e-s à 300 mètres de la frontières par les soldats israëliens, illes ont occupé un terrain dans la forêt de Nitzana où illes ont été rejoint-e-s par un nouveau groupe de sans papiers évadés de Holot.

Holot est une prison qui marche selon un régime « semi fermé », c’est à dire que les retenu-e-s peuvent sortir plusieurs heures dans la journée. Bien évidemment illes sont obligé-e-s de rentrer à des horaires fixes, sous peine d’être condamné-e-s, sachant que les migrant-e-s résidant depuis plus de 5 ans sur le territoire sont obligé-e-s d’y vivre. Le 15 décembre 2013, peu après l’ouverture du camp, environ 300 personnes avaient également refusé de rentrer au camp afin de manifester.  L’évasion fait également suite à une série de protestations à l’intérieur du camp, dont des refus de pointer et de travailler.

On souhaite bon courage pour la suite à celles et ceux qui s’organisent pour vivre hors des cages de Holot !

 

Mise à jour 30 juin 2014

Suite à un ultimatum du Service des Prisons (qui gère Holot) intimant aux manifestant-e-s de regagner le camp, les flics israëliens ont évacué l’occupation hier ce qui a donné lieu à des affrontements. Des manifestant-e-s ont été embarqué-e-s de force dans des autobus, direction Holot ou la prison de Saharonim.

 

Repris librement de la presse 

[Melilla] Flics porcs assassins

18 juin 2014. Tôt le matin, plus de 350 personnes ont tentées de passer la frontière qui sépqre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla. Les flics marocains sont entrés côté espagnol (entre les rangés de barbelés) et se sont livrés à un tabassage en règle sous les yeux de leurs collègues espagnols. Plus d’une centaine de personnes sont blessées et 4 seraient mortes d’après des associations et collectifs de solidarité aux migrant.e.s présents sur place.

[Calais] Choses vues et entendues

22 juin 2014. Une trentaine de migrants a commencé une grève de la faim le 11 juin. Ce week-end, ils étaient encore une quinzaine à continuer. Depuis le 28 mai, ils sont plusieurs dizaines à occuper le lieu de distribution de nourriture, rue de Moscou. Les grévistes de la faim sont installés sous une tente au centre du lieu. Autour, une ligne à été faite avec ces quelques mots « Don’t cross the border » que personne ne semble respecter. Un pied de nez sans doute à ces frontières qui les entourent…
hungerstrike
La lutte initiée à ce moment-là semble s’effriter. D’abord, ils sont de plus en plus nombreux à occuper le lieu, ce qui rend difficile l’organisation. Les migrants mobilisés ne sont plus qu’un noyau. Ensuite, il y a les urgences du quotidien à gérer. Les besoins de base à satisfaire s’imposent parfois à la mobilisation. Les migrants sont pris entre les nécessités de la vie quotidienne et la volonté de mener une lutte politique pour obtenir davantage. Mais, l’humanitaire risque de finir par tuer la mobilisation. En effet, toute sorte de personnes extérieures passent sur le lieu : des artistes, qui proposent un « atelier dessin » entre deux tentes ; des musiciens londoniens qui jouent pour les migrants, comme si les migrants ne pouvaient pas allés au centre ville pour la fête de la musique. Et bien sûr, des « humanitaires » pour qui l’action politique ne veut pas dire grand-chose et qui regardent les migrants avec pitié et condescendance. Chacun-e y va de son idée pour « aider ces pauvres hères ». Tout ça est peu propice à la mise en route d’une lutte politique. C’est pourtant aussi cela qui fait défaut. On flirte rapidement avec une forme de charité et de voyeurisme alors qu’une partie des migrants cherchent à construire un rapport de force. D’ailleurs, ils ne sont pas dupes des attentions dont ils font l’objet. Un certain nombre de migrants disent vouloir rester en France et réclament un statut légal. C’est sur cette revendication qu’est partie la grève de la faim.
musicos
Il y a des rumeurs qui voyagent avec les migrants. Calais est ainsi présenté comme un Eldorado. Un couple d’Iraniens a débarqué un soir à Calais depuis la Suède où leur carte de séjour allait expirer. On leur avait dit que Calais c’était bien, c’était facile, c’était
la liberté. En arrivant sur le campement, ils ont été effarés, ils ont fait demi-tour et sont repartis en Suède, un autre rêve en tête.
Deux migrants nous racontent avoir passé 6 mois enfermés dans un camp en Lybie, sans presque rien à manger ni à boire, sans douche, sans toilettes. Ils ont réussi à s’évader. Tout le monde leur tirent dessus là-bas. Arrivés depuis 15 jours à Calais, ils avaient tenté de passer la veille ; ils ont passé la nuit sur la route.
Malgré la difficulté de la situation, certains migrants ont un sacré sens de l’humour et une grande lucidité. Ainsi, J. qui a toute sorte de blagues sur l’application des droits de l’homme en France « ils sont au fin fond du canal, vas-y plonge ! », « les droits de l’homme je les ai reçus dans la gueule », et de montrer la blessure que lui ont faite les flics. Il raconte comment il s’est fait avoir par la publicité mensongère sur la « France pays des droits de l’homme », « c’est bien Calais, j’ai une belle maison, un magnifique jardin avec vue sur la mer ». Mais, on plaisante aussi sur la mort « vous avez vu R. ? » « Il repose en paix, il est passé sous le camion cette nuit », tout le monde rit. La liste est longue des migrants décédés à Calais(http://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/deaths-at-the-calais-border/cette-frontiere-tue/). La mort n’est pas le seul danger. Il y aussi la folie qui guette. Au-delà d’un certain temps d’attente, certaines personnes craquent. Deux personnes du lieu au moins ont des troubles mentaux sévères. Et quand un migrant acquière une notoriété subite, il peut également vaciller. C’est le cas de A. qui a été interviewé par le journal de coin, il avait pris une balle dans le dos quelques jours auparavant, tirée par un Calaisien. Il se promène avec le journal, le montre à tout le monde. Il a décidé d’écrire son histoire et veut qu’on le prenne en photo, qu’on l’interviewe. Il pense obtenir des papiers et de l’argent grâce à ça. Après l’invisibilité, puis avoir été un gibier à facho,
cette soudaine notoriété a de quoi faire flancher, peu à peu elle semble en tout cas tourner à l’obsession. Hélas, pour certains, le
traumatisme a mené à l’HP.
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Avec les beaux jours, les migrants sont plus nombreux à Calais. Le passage est donc plus difficile et les camionneurs deviennent encore plus méfiants voire agressifs. Vendredi 20 juin, trois migrants ont tenté le passage pendant le match de foot France-Suisse. Les flics français étaient occupés à regarder leur télé, ils ont réussi à passer les 4 postes de contrôle sans problème. Malheureusement, les flics anglais n’étaient pas devant leur écran. Ils les ont attrapés et renvoyés en France, direction le Centre de rétention de Coquelles. C’est quand le prochain match France-Angleterre ?

Liberté de circulation et d’installation!

Entretien avec trois migrants [en anglais] :
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