Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Calais] Accueil ?

18 janvier 2015. Caution pseudo-humanitariste à la logique répressive, le centre d’accueil de jour, tant vanté par les politiciens locaux et nationaux, vient d’ouvrir ses portes. Situé à l’extérieur de la ville, derrière la rocade, il est à la fois la caution humanitariste des politiques contre les migrant-e-s et une manière d’éloigner les exilé-e-s du centre ville, du port, des commerces, des habitant-e-s de la ville.

Celles et ceux qui veulent s’y rendre et retourner au centre ville ensuite doivent alors traverser la rocade de contournement de la ville, déjà réputée meurtrière pour les migrant-e-s.

C’est désormais le seul lieu de distribution de repas puisque son ouverture s’accompagne d’un arrêté municipal interdisant les distributions sur le reste de la commune. La maire de Calais voulait se débarrasser des migrant-e-s, elle a trouvé la solution.

Les migrant-e-s de Calais deviennent de plus en plus persona non grata dans le centre ville et autour du port : présence massive des flics, attaques des fachos, magasin leader price et cafés qui leur interdisent l’accès, pression municipale autour du stade de foot, etc. Contraints de vivre dans les jungles, isolés et à la merci des rafles, l’auto-organisation pour la lutte et la solidarité des migrant-e-s devient de plus en plus compliquée. Avec l’ouverture du centre d’accueil, la municipalité prend en gestion, dans un lieu contrôlé par les associations qu’elle y a placé, les besoins élémentaires, se nourrir, se laver, charger son portable, et réduit encore un peu toute possibilité de rencontre et d’échange, d’organisation et de résistance.

Récemment l’accès de la médiathèque municipale a également été « interdit » aux migrant-e-s qui venaient y consulter internet, lire la presse anglaise, se reposer, etc. Ne pouvant pas l’afficher aussi frontalement, la mairie a trouvé la parade : désormais son accès est réservé à celles/ceux qui ont une carte d’accès, délivrée gratuitement à qui peut présenter un papier d’identité et un justificatif de domicile.

Le 25 janvier prochain, les fachos du groupe « Sauvons calais » appellent à une nouvelle manifestation contre l’immigration. Une contre-manifestation va être organisée le jour même et un appel à venir à Calais autour du 25 circule.

Une bonne nouvelle quand même, il semblerait qu’un vent de liberté continue de souffler sur la ville. Outre les solidarités qui se construisent chaque jour sur place, dans les squats et autour des campements, la barrière anti-migrants construite autour du port est de nouveau tombée ce 15 janvier. 300 mètres de barrière couchée au sol, à un autre endroit que la fois précédente. Cette fois elle ne sera pas relevée.

« Tout peut être brisé. Nous rêvons d’un temps ou non seulement les soi disant fascistes organisés ne se montreront plus en rue, mais aussi les flics et politiciens responsables du régime frontalier n’auront plus l’opportunité de décider de nos vies et mouvements.

Pas de nation, pas d’état, pas de flics, pas de frontières. Pas de système d’asile qui peut interdire d’un endroit ou vivre. Pas d’Eurodac »

État espagnol : Douze morts

Repris de contra-info

Douze morts. Passés du statut de personnes à celui de corps sans vie en quelques minutes à peine. Nous savons qu’il meurt beaucoup plus de gens, et en moins de temps, au cours des guerres, à cause de bombes lancées depuis un avion, de gaz mortels, de mines antipersonnelles. Mais nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes dans une démocratie. Le monde libre rêvé. L’image de laquelle le monde entier est avide : la grande Europe, la civilisation exemplaire.

Douze morts, assassinés par des personnages qui eux, sont en guerre, qui eux, sont entraînés pour tuer.

Mais ne vous méprenez pas. Ce n’est pas l’image exploitée – dans tous les sens – de la mort de quelques dessinateurs et d’autres membres d’une revue satirique parisienne il y a quelques jours qui nous vient en tête, mais le souvenir des corps de ces 12 migrants subsahariens criblés de balles et noyés en quelques minutes par la Guardia Civil il y a presque un an, le 6 février 2014, lorsque cette police militaire les obligeait à repousser chemin vers la mer. Beaucoup plus ont alors été assassinés, mais seuls 12 corps ont été retrouvés. Le reste a été avalé par la mer.

Ils n’ont eu droit ni à de grandes marches ni à la répudiation, et personne n’a pensé à un slogan qui dirait « Nous sommes tous et toutes des migrants qui mourrons aux portes de l’Europe ». Bien sûr, ils n’étaient pas blancs et ne venaient pas de pays riches, mais ils ont été assassinés de façon cruelle et terrible. Non pas en défense d’une quelconque religion ou fondamentalisme, apparemment, mais bien en défense de la frontière sacrée et de l’État. Pour marquer une fois de plus, par le sang et par le feu, sa frontière.

Il n’y avait aucune intention de tuer les migrants qui osaient entrer en territoire espagnol, assure le ministre de l’Intérieur Jorge Fernández et sa Guardia Civil, il s’agissait seulement de « tracer une espèce de frontière aquatique avec les impacts de balle dans l’eau ». Et il ne s’agit en aucun cas d’une blague. Ils le disent sérieusement.

Rien que dans la Mer Méditerranée, la frontière maritime de l’Europe, cette année 2014 a battu son propre « record » (comme disent les médias), avec plus de 3200 migrants morts noyés en moins de douze moins alors qu’ils tentaient de rentrer sur le continent européen, sans compter tous les morts sur les différentes frontières, dans les déserts où ils sont abandonnés sans eau et sans vivres par les différents polices aux frontières ou entres les mains de mercenaires fascistes et d’autres forces de l’ordre, ni ces morts en Centre de Rétention une fois arrivés dans le paradis européen, ou dans les rues entre les mains de la police, puisqu’une fois à l’intérieur du territoire Européen, la bienvenue n’est pas très différente du traitement qu’ils reçoivent à sa porte d’entrée. L’acharnement policier contre des populations entières (principalement celles qui portent leur provenance sur la peau), la xénophobie croissante, le racisme fomenté par les médias de communication et les politiciens ou encore les campagnes contre tout ce qui n’est pas identifiable avec « l’européen ».

Charlie est européen, et pour cela, nous ne sommes pas tous Charlie. Il y a des valeurs, des coutumes, et même des blagues (dont certaines sont un tantinet lourdingues) qui sont très identifiables avec cette entité abstraite qui veut se faire nommer « l’européen ». Mais ce qui est sûr, c’est qu’énormément de gens, principalement ceux qui ne peuvent s’identifier avec les valeurs dominantes qui définissent ce qui « est » et ce qui « n’est pas » européen, qui ne peuvent s’identifier à Charlie ou à ses valeurs, et encore moins avec son sens de l’humour.

Ce « Je suis Charlie » est une tentative de définir une ligne très précise : qui n’est pas avec nous est contre nous. Des milliers de personnes ont défilé sous ce mot d’ordre à Paris. Rajoy n’a pas raté le rendez-vous, lui qui est l’un de ceux qui terrorisent les migrants sur les frontières et dans les cachots espagnols, entre beaucoup autres faits d’armes ; et Netanyahou non plus, lui qui à l’aide de son armée mitraille des centaines de Palestiniens sur sa Terræ Sanctæ et enferme chaque année ces israéliens qui refusent de participer à sa manière particulière de terroriser ; et comme il fallait s’y attendre, Erdogan non plus n’a pas manqué à l’appel, lui qui sème la terreur contre le peuple Kurde. Tout comme les chefs des principales puissances capitalistes. Tous les chefs d’État, gardiens de l’empire et de la civilisation, ont marché contre la barbarie. Avec eux, des milliers de fascistes du continent entier ont profité de cette impulsion de Charlie pour sortir semer leur merde sur un terrain plus que fertile, qui donnera bientôt des fruits des plus acides.

Et les rues de Paris et de Barcelone, parmi tant d’autres, se militarisent encore plus, en défense de ces valeurs. Avec des fusils et mitrailleuses, on peut voir les mercenaires de l’État préparés pour marquer à coups de balles, comme ils l’ont fait dans les eaux de Ceuta, une frontière : c’est avec des impacts de balle que se marqueront les limites qui séparent le dedans et le dehors, ce qui est et ce qui n’est pas Charlie.

Que dit Charlie de ce terrorisme ? Fait-il des dessins marrants et rigolos à son propos ? Parce que nous, le monde de merde dans lequel nous vivons ne nous fait pas beaucoup rire. Cela veut-il dire « soutenir » le fondamentalisme ? Non, en rien. Nous ne voulons qu’aucun fondamentalisme ne nous effraie ou ne nous opprime. Et peu nous importe que l’on puisse lire sur son épigraphe « État Islamique », « État Laïc », « État Charlie » ou « État » tout court.

Ils nous parleront de liberté d’expression, comme toujours. Mais pour celles et ceux qui, comme nous, connaissent la « liberté d’expression » de l’État, nous connaissons la relation que celui-ci entretient avec la terreur : son existence se base sur la peur. La liberté de laquelle parle l’État est l’expression du monopole de la violence.

C’est pour cela, une fois de plus, que ces événements nous démontrent que tout État est terroriste.

Quelques anarchistes
Barcelone, 14 janvier 2015

[Maroc] Week-end de rafles, répressions, destructions et violences

10 et 11 janvier 2015. Ces infos sont reprises de la page internet du groupe No Borders Morocco

Les violences quotidiennes sur les migrants qui vivent aux frontières ont été systématiques ce week-end: la police a attaqué au même moment les forêts de Gourougou à Melilla et à Cassiago près de Ceuta (note, de nombreux campements sont installés dans les forêts marocaines aux abords des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla)

Cassiago (Fnideq).

Vers 7 heures du matin le 10/01/2015 nombre de policiers Marocains ont envahi la forêt de Cassiago, forêt ou des migrants ont construit leur camp en attente d’un possible passage vers Ceuta. Les migrants ont couru pour éviter d’être battus et arrêtés. Un trentaine de personnes ont été amenés par la police et déposés à 7 km de Tetouan, au milieu de rien. Beaucoup ont marché vers Tetouan à 7 km et puis ont pris des bus dans d’autres direction.
La majorité de leurs affaires personnelles dans le camp ont été systématiquement détruites, brûlées, y compris les couvertures qu’ils avaient reçus récemment et qu’il leur sont indispensable vu les températures très basses.

Le lendemain à nouveau les forces auxiliaires de police sont venus dans la forêt de Cassiago le matin tôt. Ils ont arrêtés plus de 90 personnes. Environ 15 personnes ont aussi été arrêtés dans la ville de Tetouane et tous ont été amenés au commissariat de Tetouane. Ils étaient une centaine puis ils ont été dispersés de force vers la périphérie de différentes villes du Nord du Maroc. 70 personnes ont été amenés à la périphérie de Tanger. 12 personnes blessées ont été deportées vers Larache la nuit du 11 Janvier 2015 après avoir quitter le commissariat de Tetouan. 17 personnes ont été mises dans un bus et déposées le long de la route de Asilah direction Tanger. Certains ont marché vers Tanger d’autres ont repris la longue route pour retourner à Cassiago.

Gourougou

(note : le mot « clochard » est utilisé par les migrant-e-s pour parler des personnes vivant dans les rues des villes aux alentours de la forêt de Gourougou et qui les attaquent régulièrement, sans doute payés par les flics. Le pouvoir sait jouer sur la division entre les pauvres).

Ce samedi matin le 10/01 la police marocaine est rentrée dans la forêt avec les “Clochards”. Les Clochards ont jeté des pierres vers les migrants (certains des migrants ce sont défendus en renvoyant les pierres). Beaucoup ont été blessés lors de ces actions des clochards, qui sont connus pour être les plus violents aux frontières. Les migrants témoignent régulièrement de la violence de ces clochards désespérés. La police qui accompagnait les personnes qui jetaient des pierres ont dit aux migrants « la foret est trop dangereuse pour les femmes, aussi longtemps que y a des femmes qui restent ici, il y aura plus d’attaques ». Inimaginable d’utiliser la logique sexuelle pour justifier une violence avec un raisonnement paternaliste. Il crée le danger et puis ils veulent protéger les gens.

Melilla

Le dimanche 11/01/2015 il y a eu une nouvelle tentative de passage de Migrants à Melilla. Seulement 11 personnes ont réussis à arriver au CETI which means safety from being pushed back. Ce jour là les forces auxiliaire étaient nombreuses aux barrières, Il était plus facile pour eux d’arrêter les migrants qui essayaient de sauter les quatre barrières autour de Melilla. La violence de la police a causée beaucoup de blessés. 11 personnes dont 3 femmes ont été amenées à l’hôpital.

Un mois de décembre à Calais

Repris de Calais Migrant SolidarityL’hiver est arrivé avec ses tempêtes et ses averses. Les grandes jungles et le squat de Galloo sont toujours là ; la jungle de Tioxide a vu le jour de deux restaurants, d’une école,d’ une église, dune mosquée et d’un magasin ! (voir plus bas les infos sur les expulsions à venir). Environ 2000 personnes vivent dans ces différents endroits. Un hangar a été ouvert certaines fois pendant les nuits de grand froid avec 350 lits. Il est situé loin du centre-ville et même lorsqu’il est ouvert, ses horaires d’ouverture réduits ne le rendent pas accessible facilement.

Le mois de décembre a vu un grand nombre de violence policière, concentrée sur les parkings pour camions et les embouteillages en direction de l’euro tunnel et du port. Les attaques ont été sporadiques et les tabassages apparement aléatoires. Leur but étant de décourager les migrants d’essayer de traverser pour l’angleterre et d’exprimer le racisme policier. La police a repoussé des réfugiés dans la circulation venant en sens inverse, a cassé beaucoup de membres et a fait l’utilisation régulière de gazs lacrymogènes à bout portant. Elle a détruit systématiquement les caméras et appareils photos lorsque des gens ont essayé de filmer ces actes de violence illégale.

Les personnes arrêtés dans les rues voisines des jungles ont souvent été emmenées dans des centres de détention très loin de Calais, comme à Rennes, Metz, Nîmes, Strasbourg ou Paris. Certaines personnes ont même été transportée vers ces centres en avion, en passant par l’aérodrôme de Marck (à côté de Calais).

La frontière implique de nombreuses formes de violence. Les contrôles des mouvements migratoires trangressent les droits des femmes, au travers du racisme et du sexisme, ce qui fait que ces deux systèmes d’oppressions s’entrecroisent étroitement.

L’hôpital de Calais refuse de pratiquer des avortements sur les migrantes, et s’explique sur cette décision de manière plus que lâche. La direction du service base en effet sa décision sur une loi qui dit que l’on a pas le droit de venir séjourner en France dans le but d’avorter. Manifestement ce n’est pas du tout le cas des femmes dormant dans les jungles de Calais ! Les femmes qui ne peuvent pas prouver avoir un lieu de résidence officiel en France sont systématiquement renvoyé vers l’hôpital de Grande Synthe, qui se trouve à 50km. Ils prétendent agir de cette manière pour la sécurité des femmes concernées, puisque l’avortement est censé être un « acte médical spécifique » (bien qu’il s’agisse d’un acte médical comme n’importe quel autre, avec très peu de risques). Ils affirment que c’est trop dangereux pour les femmes de retourner dans la jungle après l’intervention. Oui, bien sûr, rester enceinte contre leur propre volonté est plus sain et plus sûr pour ces femmes…

Après la création d’un dossier à ce sujet relayé par plusieurs associations, l’hôpital devrait être rappelé à l’ordre par le ministère de la santé, la pratique sélective de soins médicaux étant complétement illégale !

Quoi qu’il en soit tout ne fut pas sombre durant ce dernier mois. Il y a eu plusieurs moments festifs, une manif pour la journée internationale des migrants le 18, deux petites soirées de Noël dans les jungles et une grosse fête pour le Nouvel An au squat de Galloo. La manif a été organisée par plusieurs associations en réponse au « mur de la honte » : une grande barrière de sécurité installée par le gouvernement anglais pour rendre plus efficace la surveillance du port des ferrys. Cette barrière avait déjà utilisée pour le sommet de l’OTAN à Cardiff. La manifestation a été une réussite avec plus de 1000 participants. Toutes les soirées se sont déroulées dans la bonne humeur, avec aucun acte de violence de la police ni d’autres incidents – seulement des danses endiablées sur une play-list très variée et super ambiance générale !

A quoi doit-on s’attendre en janvier ?

[ A partir de la semaine prochaine, le cours d’auto-défense pour les femmes, trans* et queers va commencer ! Chaque mercredi à 14h au Centre Social Espace Fort Yves (2B rue d’Ajaccio). On espère ici que cours va prendre place de manière régulière – on est toujours a la recherche de profs qui ont envie de se joindre au projet et d’intervenir lors d’un ou de plusieurs cours ! ]

Un avis d’expulsion, sans dante spécifique, a été affiché par les CRS en face de la jungle soudanaise et du bois Dubrulle (la forêt en face de Tioxide, habitée principalement par les communautés afghanes et éthiopiennes). Plusieurs demandeurs d’asile vivant dans les endroits concernés sont prêts à s’opposer à cette décision d’expulsion devant la Justice.

Les dernières annonces faites par la préfecture prétendaient qu’il n’y aurait pas d’expulsions de lieu de vie jusqu’à l’ouverture du nouveau centre de jour. Quand ces expulsions vont-elels se produire ? La distribution de nourriture est censée commencer là-bas à partir de la mi-janvier et la date originale de l’ouverture du centre est à la fin du mois. Mais il semblerait qu’à cause des travaux à l’intérieur du centre, la date soit repoussée, donc on ne sait pas encore vraiment quand le centre va ouvrir ses portes pour de bon. De toute façon on n’attend pas ce jour avec une grande impatience, le centre faisant partie d’une stratégie anti-migration à plus grande échelle, et s’intégrant dans d’autres accords entre Natacha Bouchart (maire de Calais), Bernard Cazeneuve et le Royaume-Uni (plus de présence policière à Calais, création d’une enceinte de sécurité autour du port…). A partir du moment où le centre de jour va ouvrir, tous les jungles et les squats sont censés disparaître, une « politique de tolérance zéro » à leur encontre a déjà été annoncée. Tous les services pour les migrants sont censés être centralisés dans cet endroit, loin du centre-ville, dans le but de concentrer tous les migrants loin de Calais. Il n’y aura aucun lit pour les hommes, et un campement sera toléré dans les champs avoisinants. Le résultat de tout cela sera encore plus de ségrégation officielle entre les habitants de la ville et les migrants, parqués au beau milieu de nulle part.

[Bagnolet] Projection discusion sur la situation des migrant-e-s au Maroc, 3 janvier 2015

Samedi 3 janvier 2015, à 18h, projection et discussion sur la situation des migrant-e-s au Maroc.

Projection du documentaire « The land between » de David Fedele sur la situation des migrants subsahariens dans les montagnes de Gourougou (à côté de l’enclave espagnole Melilla située au Maroc) où ils sont des centaines à vivre. Les personnes parlent de leurs parcours, des tentatives de passage des barrières hautement militarisées, des violences des policiers espagnols ou marocains… (2014 – 78 min – doc sous-titré).

au local auto-organisé Le Rémouleur, 106 rue Victor Hugo, 93170 Bagnolet (M° Robespierre ou M° Gallieni)

Sur la situation à Melilla, voir ici.

[Calais] 16 décembre, rafle et manifestation contre le mur de la honte

Le 16 décembre 2014 une manifestation contre « le mur de la honte », mur de grillages et de barbelés autour du terminal d’embarquement du port de Calais, financé en grande partie par la Grande-Bretagne, a réunie 2000 personnes dans les rues de la ville. De Melilla a Calais, des barrières s’érigent pour empêcher les personnes de circuler. À Calais la construction de cette barrière est le résultat d’un long processus de négociation entre la maire de la ville, Natacha Bouchart, le gouvernement français et le Royaume-Uni qui a débloqué 15 millions d’euros sur trois ans pour renforcer le contrôle du port de Calais et prendre ainsi sa part à la guerre menée aux migrant-e-s dans la région du calaisis. Flics, fachos, routiers, patrons de bars et de leader price, chasseurs, etc. le front anti-migrant s’organise et est de plus en plus visible à Calais.

Pour les migrant-e-s et les personnes solidaires la situation se complexifie et la répression bat son plein. Après les arrestations autour des campements et des squats de la semaine dernière, nouvelle rafle a eu lieu ce 16 décembre et plusieurs dizaines de migrant-e-s ont été arrêté-e-s. Plusieurs personnes se sont retrouvées enfermées dans différents centres de rétention, la préfecture ayant choisi d’envoyer, parfois en avion, les migrant-e-s arrêté-e-s dans différents centres (Rennes, Vincennes, Nîmes) sans doute pour éviter qu’une solidarité ne se mette en place. Qu’à cela ne tienne, hier un parloir sauvage s’est tenu devant le centre de rétention de Rennes :

Nous étions une vingtaine des personnes et quelques escabeaux, ce matin pour le parloir sauvage au centre de rétention. Nous avons pu discuter, à travers les grilles et par-dessus les bâches, avec les prisonniers du CRA. Nous n’avons vu que des hommes, plutôt jeunes.

Voici quelques souvenirs dans la discussion, à compléter par qui voudra…

*Ils nous ont dit qu’ils étaient isolés et coupés de l’extérieur, et plusieurs ont demandé à recevoir des visites individuelles. Des gens parmi nous ont pris leurs noms, donc faites signe si vous voulez aller les voir !

*Certains nous ont dit que la situation des étrangers était encore pire depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir. On leur a dit qu’on avait manifesté contre Valls lors de sa venue à Rennes, et ils s’en sont réjoui.

*Ils nous ont demandé de revenir plus nombreux-es, de mobiliser toute la population de Rennes pour les faire sortir de là. On leur a dit qu’on essayait, mais que les temps politiques étaient durs…

*Nous avons chanté des slogans, qu’ils ont parfois repris avec nous. Ils ont en ont aussi lancé quelques-uns, et l’un d’eux nous a fait écouter le refrain d’une chanson qui disait quelque chose comme « ça me dégoûte ».

*Ils nous ont raconté comment se déroulait les expulsions, notamment la façon dont la police venait chercher les personnes la nuit, entre 4h et 6h
du matin, pour les emmener à Roissy ou Nantes. Ils ont aussi expliqué comment, après un refus d’embarquer, la deuxième tentative d’expulsions
était plus violente. Ils nous ont dit que l’un d’entre eux avait refusé d’embarquer dans l’avion qui devait l’expulser depuis Nantes, et a été ramené au CRA. Il me semble qu’une autre personne a refusé son expulsion à Roissy.

*Certains nous ont dit qu’ils espéraient rentrer un jour dans leur pays (notamment pour revoir leur famille), mais pas menottés et escortés, embarqués et débarqués de force « comme des chiens ».

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MISE À JOUR : Toutes les personnes qui avaient été emmenées au CRA de Rennes ont été libérées. Un co-voiturage s’est mis en place pour retourner à Calais.

[Melilla] Assauts de la frontière

Le 2 décembre 2014 un nouvel assaut de la frontière de Melilla a eu lieu. Cette frontière sépare le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla. Plusieurs groupes sont montés simultanément à l’assaut des immenses barbelés qui sanctuarisent l’Europe, pour tenter de désorganiser les gardes frontières espagnols et marocains. En tout plus de 500 personnes y auraient participé et seulement 25 sont entrés en Espagne. Pour eux c’est maintenant l’enfermement dans un camp « de premier accueil » en attendant de savoir ce que les autorités espagnoles vont décider (expulsion, transfert vers le continent, etc.). Pour les autres c’est le retour à l’attente dans les villes du nord du Maroc ou dans les campements installés dans les forêts proches des enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla. De nombreuses tentatives ont lieu pour franchir cette frontières dont la surveillance et la militarisation est de plus en plus renforcée. Quelques jours auparavant 10 personnes ont réussi à passer la frontière en pleine journée.

Samedi 3 janvier 2015 aura lieu une projection et discussion au local le Rémouleur (à Bagnolet) sur la situation des migrant-e-s au Maroc. Un documentaire, « The land between » sur la situation des migrant-e-s dans les montagnes de Gourougou à côté de l’enclave de Melilla sera projeté. PLUS D’INFOS À SUIVRE.

En attendant : Local le Rémouleur et site internet du film

 

[MàJ][Paris] Encore une garde à vue pour faire taire !

Dimanche en fin d’après-midi dans l’Est parisien, on pouvait voir de nombreux tags fleurir sur les murs de la ville grise, comme « L’État tue, crève l’État », « Nique la police », « Flics porcs », « Feu aux prisons », « Devenons ingouvernables », « Brûlons les frontières », « À bas la résignation », « Flics assassins », « À bas les frontières »…

Un peu plus tard, trois patrouilles de BAC déboulant à toute berzingue ont ramassé plusieurs individus dans le quartier des Amandiers (20e). Parce que les actes anonymes qui viennent perturber la volonté de pacification du pouvoir sont pour ce dernier une insulte à son autorité, cinq compagnonNEs ont été accusé-e-s d’être responsables de ces textes rageurs et croupissent actuellement en garde-à-vue.

Depuis des semaines dans plusieurs villes, nous sommes nombreux à avoir pris les rues, de jour comme de nuit, individuellement ou collectivement, pour exprimer notre rage contre la police et le monde d’exploitation et de domination qu’elle entend défendre. La nuit dernière encore à Paris, suite à ces énièmes arrestations , des passant-e-s ont pu lire avec un sourire en coin les inscriptions « Un flic=1 balle », « Un comico= une rafale » sur les postes de police de la Place des Fêtes (19e) et de la rue de l’Orillon (11e).

Alors, comme il n’est pas question d’accepter sans broncher la normalité du sale travail quotidien des chtars, faite de contrôles, tabassages, arrestations, enfermement, mutilations et trop souvent d’assassinats, continuons chacun-e à sa manière, à manifester notre hostilité solidaire contre ce monde de fric et de flics.

Des passant-e-s solidaires,
15 décembre 2014

Mise à jour 16 décembre 2014

Les compagnon-ne-s ont été déféré-e-s hier soir au TGI de Paris et sont sorti-e-s aujourd’hui avec des rappels à la loi.

Tracing movement : projection-débat sur les luttes migratoires, 17 décembre 2014

Tracing movement : projection-débat sur les luttes migratoires

Mercredi 17 décembre, soirée débat-projection sur les luttes migratoires eu Europe à la Bibliothèque associative autogérée de Malakoff (BAM), à 19h30. 14 Impasse Carnot à Malakoff – M° Etienne Dolet sur la ligne 13

Projection de plusieurs films courts suivis de débats avec une des réalisatrices et des activistes des réseaux No Border de lutte contre les frontières.

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TRACING MOVEMENTS est un projet collaboratif de recherche audio-visuelle, de documentation des luttes politiques contre une Europe qui tente inlassablement d’entraver, filtrer, sélectionner et contrôles les mouvements de personnes à travers et à l’intérieure de ses frontières.

Dans le contexte d’une crise capitaliste, d’une montée de l’extrême-droite, d’un discours politique anti-migratoire et d’une sécurisation violente des territoires européens, de nombreuses luttes de migrants auto-organisées et mouvements de solidarité ont émergé et se sont développés

En tant qu’activistes et preneurs d’image, nous ressentons la nécessité de faire des connections entre les différentes luttes existantes, de documenter comment opèrent les systèmes de contrôle et domination qui nous divisent, et comment ils sont vécus et combattus.

La façon dont nous nous organisons contre les frontières, la forme que prennent nos luttes, les objectifs qu’elles se donnent et les connections qu’elles créent, sont des questions essentielles pour tous ceux qui sont impliqués dans des organisations politiques autonomes.

TRACING MOVEMENTS est une volonté de créer une plate-forme visuelle qui contribue aux discussions à venir et aux échanges entre les groupes qui sont activement engagés contre les politiques, discours et valeurs que produit ce système de frontières et de contrôle migratoire en Europe.

Durant l’été 2011, nous avons voyagé à travers la Grèce, la Bulgarie, l’Italie avec un cinéma ambulant et des documentations concernant de nombreuses luttes et le contexte de leur émergence. Cette façon de se rencontrer et échanger des expériences à travers des films et débats a constitué la base du matériel audio-visuel que nous avons collecté.

- nous ne sommes pas des journalistes intéressé à brosser une histoire basée sur une démarche d’investigation, nous collectons simplement des histoires de luttes en même temps que nous partageons nos expériences militantes propres. Dans chaque lieu que nous visitons, nous demandons aux personnes de contribuer à leurs témoignages, d’organiser les projections d’autres films de lutte et d’échanger des ressources écrites et visuelles avec des groupes locaux.

- nous documentons des histoires de résistance contre les politiques d’immigration et le système de contrôles frontaliers européen, non pas pour mettre en scène des portraits héroïques de personnes ou de groupe, mais pour créer une ressource audio-visuelle qui peut être utilisée collectivement pour illustrer les façons de résister ou les difficultés rencontrées en le faisant

- beaucoup de documentaires sur le sujet des migrations utilisent les témoignages des sans-papiers pour véhiculer l’image d’un migrant victime d’une réalité immuable. Le sujet de nos films est la résistance collective, et non pas de donner la parole à des personnes dont les discours et réflexions sont entendues ou connues. Dans le respect de cette démarche, nous avons choisi d’inclure seulement des histoires personnelles si la personne interviewée ressent qu’il est pertinent de transmettre et d’entendre son témoignage dans un contexte d’une lutte particulière.

- nombre d’individus interviewés ont souhaité rester anonymes. C’est souvent par peur de menaces d’arrestation et d’expulsion pour ceux qui sont sans statut légal, mais également les répercussions de groupes néo-fascistes qui ciblent des individus qui luttent contre le racime, le nationalisme ou qui appartiennent à des groupes anarchistes ou d’extrême-gauche.

http://tracingmovements.tumblr.com/

repris de Paris Luttes Infos

[Calais] Un septembre à Calais

Les manifestations

Le 5 septembre quelques centaines de migrants, ont manifesté joyeusement dans les rue de Calais pour réclamer leur passage vers l’Angleterre, l’arrêt des violences policières et contre le racisme, pour la liberté et le respect des droits humains.

Le 7 septembre 200 personnes, sympathisant de « sauvons calais », ont manifesté avec la bénédiction de la maire sur sa place de la mairie. Discours de plusieurs gars de l’ultra extrême droite, calicots fascistes et des levés de bras fascistes dans l’assemblée. Plusieurs associations et individus ont porté plainte contre cette démonstration fasciste auprès du procureur de Boulogne. Une enquête vient d’être ouverte. Une contre manifestation a été organisée par les antifa de la région, pour protester contre ce rassemblement fasciste.

En parallèle le même jour des citoyens ont voulu organisé un match de foot festif à la citadelle, le terrain de la citadelle ou les migrants jouent depuis 2 ans étant annoncé interdit par la mairie à cette occasion. Le tournoi s’est quand même tenu sur un terrain annexe et s’est terminé en beauté par un battle de rap.

Continuant sur sa lancée depuis la mairie persiste sur l’interdiction aux migrants de jouer au foot sur « son » terrain, envoie des huissiers, accompagnés de ses chiens de garde, pour constater l’occupation du terrain chaque dimanche. Elle aurait même manifesté son désir de porter plainte contre cette « occupation illicite »

Les migrants

Ils continuent à arriver par dizaines à Calais et dans le Calaisis… Ils sont environ 1500 à Calais. Une partie d’entre eux est installée à Tioxide, terrain squatté , et dans les dunes environnantes. D’autres sont dans des squats ou d’autres terrains dans les environs de Calais. 300 sont au « Fort Gallo”‘, énorme squat ouvert lors de la manifestation du 10 juillet. La cohabitation est problématique, vu le stress, la répression, la menace régulière des fascistes de Calais, et l’épuisement. Le jex (juge d’exécution), dernier juge à se prononcer sur le squat, après une première décision d’expulsion en août, a autorisé des expertises scientifiques et se rendra sur les lieux les 24 et 25 septembre, pour rendre sa décision finale le 17 octobre.

Les passages et la répression

Depuis plusieurs semaines les migrants se rassemblent le long de la rocade à l’entrée du port en masse pour essayer de monter dans les camions qui sont bloqués . Régulièrement ils essaient de s’introduire en masse dans le port pour tenter leur chance. Une nouvelle compagnie de CRS a été appelée pour essayer d’empêcher ses passages, avec régulièrement des récits de violence (gazage à l’intérieur des camions, coups) et des blessés parmi les migrants.

On ne compte plus les intimidations , les agressions policières, les blessés au port, autour des jungles et dans la ville.

L’extrême droite

Plusieurs militants ont subit de graves agressions verbales et/ou physiques de petits individus fascistes. ces dernières semaines. Ces individus nauséabonds sont bel et bien présents et n’hésitent pas à provoquer avec des saluts nazis les humanitaires, des migrants et des citoyens sympathisants. Ce 19/09 des individus ont lancé des cocktails Molotov sur un squat qui abrite principalement des égyptiens avec des enfants. La vigilance face à ces provocations et agressions amène un nouveau stress dont on avait vraiment pas besoin.

Le jeu FR/GB

Ils ont décidé ensemble de créer “un fond commun dans le cadre d’un accord sur la lutte contre l’immigration clandestine au port de Calais” qui ” permettra de dénouer la crise que connaît la question migratoire à Calais depuis plusieurs années”:

Traduction : renforcer les frontières, augmenter la répression, se coordonner avec les pays tiers pour faciliter les expulsions….. et un petit peu d’humanitaire pour ne pas perdre la face !

https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2014/09/22/comme-en-2009-dans-le-desordre/

La situation devient très difficile à gérer à Calais aussi bien pour les activistes, les militants, les humanitaires , les migrants et…..les CRS !

Calais est le miroir de ce qui se passe à toutes les frontières d’Europe : Mellila, Lampedusa, Grèce, Turquie, Bulgarie…….

Des milliers de personne essayent d’atteindre l’ Europe , un endroit de paix et de sérénité pour eux. Même si l’accueil en Europe et en GB est problématique, ils savent que là ils ne mourront pas de faim et ne seront pas aspergé par des bombes.

Et l’Europe ne voit pas où est le problème et leur interdit le passage en construisant sa forteresse, son armée, des murs, en continuant à envoyer des armes aux rebelles ou moins rebelles, en criant au danger de l’un ou l’autre groupe « terroriste » et en continuant à vider le sol Africain de toutes ses richesses.

Au programme dans les semaines qui suivent :

Accroissement des difficultés pour les migrants de traverser, tensions accrues de toute part, expulsions des lieux de vie, déportations en masse vers les pays de transit ou de départs……………et de nouveaux arrivées de migrants venant d’Italie, de Choucha, d’Espagne, de Grèce…………..

Déjà ce 23/09/2014 en préface à Paris : Une centaine de personne principalement soudanaises et érythréennes ont été arrêtés lors d’une rafle au pont de la Chapelle à O6 H 30 et amenée au commissariat.

Du pain sur la planche :

Nous sommes au jour d’aujourd’hui 4 personnes sur le terrain à Calais ce qui ne nous aide pas à être à la hauteur des défis qui se présentent à nous. Il y a aussi beaucoup de travail à faire autour de la diffusion d’informations aux différentes communautés sur les décisions répressives prises, des outils à construire sur les risques de déportation croissants : par exemple : la France a réussi à déporter un soudanais au Soudan le 17 septembre et réserve des vols pour Khartoum depuis le début de l’été.

 

Repris de calais migrant solidarity