Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Turin]Des flammes au CIE

22 juillet 2014. A dix heures du soir, les retenus de la section verte, une des trois section encore en fonctionnement dans le Cie de corso Brunelleschi, profitant de la distraction momentané des forces de police, on empilés matelas et vêtements devant leurs chambres et après être sortis dans la cour ont mis le feu au tout.?

Menaces et promesse d’affrontement ont fait se désister les forces de l’ordre de rentrer dans la section et ont contraint à essayer d’éteindre les flemmes grâce aux canons a eau de l’extérieur.

En quelques heures l’incendie à tout dévasté, des chambres à la salle à manger. Les flammes et les cris des retenus ont été accompagné une vingtaine de minutes d’un chaleureux salut de quelques solidaires, qui ayant su ce qu’il se passait, se sont précipités sous les murs du CIE.

Apres une longue tractation, policiers et croix-rouge sont entrés dans la section et ont donc pu diviser les retenus dans les deux autres sections du centre. Pas tous cependant, pour rester ensemble, certains ont preferé dormir la section verte, au mieu dans ce qui en restait.

C’est l’énième attaque contre la machine à expulser réalisée de l’intérieur, un motif en plus pour être nombreux, dehors, à faire entendre notre solidarité aux retenus.

23 juillet 2014. Cet après midi les retenus du CIE de Corso Brunelleschi ont donné aux flammes la salle  à manger, soit la dernière salle disponible de la section blanche.

Il semble que les retenus, dont beaucoup ont été transférés dans cette section suite à l’incendie d’hier, après s’être lamentés hier soir des conditions précaires dans lesquelles se trouvait la structure, ont décidé de la rendre totalement inopérante.

Tandis que les flammes prenaient, les forces de l’ordre ont mis les retenus dehors, dans la cour, en attente de trouver où les mettre. Un vrai dilemme vu qu’il reste désormais d’utilisable, et même pas entière, une seule section du Centre.

Quelques solidaires se sont rassemblés sous les murs du CIE pour faire un salut aux retenus et ont été embarqués au commissariat.

Mise à jour, 23 heures.

Quasiment tous les retenus qui étaient dans la section blanche durant l’incendie ont été transférés dans la section d’isolement du centre et leurs téléphones ont été confisqués. Cinq retenus ont été en revanche laissé dans la section brûlée sans matelas ni couverture. Deux en revanche, de nationalité marocaine ont été expulsés et cinq arrêtés avec pour accusation « dégradation aggravée suivie d’incendie ».

traduit de macerie

[Rouen] Du refus d’être expulsé à la condamnation pour refus d’embarquement et pour violences

14 juillet 2014

Du refus d’être expulsé à la condamnation pour refus d’embarquement et pour violences

Je vis en France depuis 2010. J’ai été arrêté le 11 février 2014 puis transféré le lendemain au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Oissel (Seine-Maritime) et condamné à être expulsé le 14. Je suis alors immédiatement amené à l’aéroport où je refuse de monter dans l’avion. On tente à nouveau de m’expulser le 16 et je refuse à nouveau d’embarquer sur le vol Air France. On m’amène alors devant le juge de la liberté et de la détention (JLD). Celui-ci me libère le 17 février puisque je suis le père d’une enfant dont la mère est réfugiée en France. Je retourne au CRA pour récupérer mes affaires, les policiers qui m’escortent depuis le tribunal m’informent que le procureur a fait appel de la décision.

Ils m’emmènent immédiatement en garde à vue où l’on m’annonce que le procureur demande à ce que je sois jugé pour refus d’embarquement. Alors que je refuse de répondre aux questions des policiers et de signer diverses déclarations, je reçois des menaces. Les policiers tentent de me faire peur en me menaçant d’abord de rester longtemps au commissariat, ensuite de me « casser la tête ». Ils m’amènent alors dans une voiture dans la cour du commissariat. Alors que mes mains sont menottées et mes pieds sanglés, un policier m’écrase la tête sous les sièges et m’empêche de respirer. Je le supplie pour qu’il me laisse respirer, par peur de mourir je finis par le mordre. Les autres policiers appellent alors les secours puis entreprennent de me ramener brutalement à l’intérieur en me traînant et me frappant. Ayant de multiples blessures, je demande à voir un médecin, celui-ci me propose un doliprane mais refuse de faire une déclaration sur mon état de santé.

Le policier que j’ai mordu, lui, a porté plainte pour violences. Le 19 février 2014, je suis jugé et condamné pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et refus d’embarquement. Le procureur a requis 12 mois d’emprisonnement assortis de 2 ans d’interdiction du territoire français. Le juge me condamné finalement à 8 mois de prison et 2 ans d’interdiction du territoire. Évidemment, mon avocat fait appel de cette décision.

Seconde audience, libération et nouvelle tentative d’expulsion

Lors de l’audience de l’appel, le 22 mai 2014, le fait que je sois le père d’une petite fille de 14 mois semble jouer en ma faveur. Le 11 juin, je suis à nouveau condamné à 8 mois d’emprisonnement mais l’interdiction de territoire est levée. Cependant, le préfet insiste pour que je quitte le territoire, arguant du fait que ma fille est à la charge de sa mère puisque je n’ai pas de travail. Je travaillais pourtant au noir pour faire vivre ma famille avant mon emprisonnement et je travaillais aussi en prison pour subvenir à mes propres besoin. Le 1er juillet, le préfet signe la notification d’expulsion du territoire.

Je suis libéré de la prison de Rouen le 12 juillet à 10 heures. 3 policiers m’attendent à la sortie pour m’informer que je suis sous le coup d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF). Ils m’emmènent immédiatement au CRA de Oissel. Je présente l’attendu du jugement du 11 juin, cela n’a aucun effet. Je suis placé à l’isolement où je refuse de boire et de manger.

Le 13 juillet, les policiers me sortent du CRA pour me faire embarquer dans un vol Air France à 10h35 à Roissy-Charles-de-Gaulle. Je suis à nouveau sanglé de toutes parts et amené dans l’avion. Là, je commence à pleurer et crier. Je demande de l’aide aux passagers, précisant que je serai en danger au Congo. Des personnes se lèvent alors, protestent et vont voir le pilote. Les policiers me mettent du papier dans la bouche pour que je cesse de protester. Ils n’oublient pas de me coller quelques coups dans le visage et dans les côtes. J’en souffre encore. De nombreuses personnes protestent et les policiers finissent par me faire descendre de l’avion. Je suis alors ramené au CRA.

Je suis étranger, est-ce une raison pour subir de telles violences ? Je demande la régularisation de ma situation, afin de pouvoir vivre en paix avec ma famille. J’appelle à l’aide.

Reçu par mail

[MàJ][Calais] Expulsions et arrestations en masse

02 juillet 2014

Le lieu de distribution des repas (de l’association Salam) où étaient installé-e-s 400 migrant-e-s depuis les expulsions du 28 mai a été évacué par les flics ce matin. Trois gros squats ouverts en février ont été expulsés lors de la même opération, à grand renfort de lacrymos.  Malgré les tentatives des soutiens pour bloquer les bus, des centaines de personnes sans papiers (320 selon la préf) ont été raflées et déportées vers différents centres de rétention : Coquelles (Calais), Lille-Lesquin, le Mesnil-Amelot (77). Une cinquantaine de mineurs ont été transférés dans un camp à Boulogne sur mer et près de Béthune. Aux dernières nouvelles 50 migrant-e-s étaient encore retenu-e-s sur le lieu de distribution des repas. Enfin certaines personnes ont été embarquées pour Boulogne et Dunkerque, certainement pour attendre leur transfert vers le centre de rétention dans des commissariats. Apparemment des places sont en train d’être aménagées à Saint Jacques de la Lande (Rennes) à grand renfort de transferts, et d’autres sont mises à disposition à Plaisir (78), Palaiseau (91), Oissel (Rouen). Le président de Salam, un membre de l’Auberge des Migrants et un membre de No Border ont été arrêtés et placés en garde-à-vue.

En ce début d’été qui n’annonce pas les vacances pour tout le monde (à Paris les larbins du pouvoir se démènent actuellement pour faire place nette aux touristes en raflant dans les transports en commun), continuons à lutter contre les frontières et leurs prisons !
Et bien sûr, force, courage et détermination à celles et ceux qui s’endormiront en taule ce soir

Infos reçues par mail

Mise à jour 03 juillet  2014

 Au total 206 personnes ont été placées en rétention : 37 à Lille-Lesquin, 20 à Rennes, 20 à Metz, 30 à Oissel, 17 à Palaiseau, 20 à Plaisir, 32 au Mesnil-Amelot. Concernant les autres, certaines ont été dispersées plus ou moins loin de Calais (jusqu’à Paris), c’est-à-dire emmenées en bus et lâchées au hasard, d’autres emmenées dans différents commissariats (Coquelles, Lille, Dunkerque, Saint-Omer, Boulogne) puis libérées.

Infos trouvées sur passeurs d’hospitalités

Aussi il paraît que les compagnies collabos qui ont fourni les bus le 2 juillet sont Travel Mariot et Travel Inglard. Espérons qu’ils se prennent un jour le retour du bâton !

Mise à jour 08 juillet  2014

Rennes : tous libérés lundi par le juge des libertés et de la détention (JLD), ils sont hébergés à Rennes par le comté de soutien pour être présent à l’audience du tribunal administratif aujourd’hui mardi. Cette étape est importante pour que l’Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) soit abrogée et qu’ils ne risquent pas d’être à nouveau placés en rétention s’ils sont arrêtés par la police.

Lille – Lesquin : tous libérés par le JLD pour « rétention illégale ». Ils sont de retour à Calais.

Le Mesnil-Amelot : quinze personnes ont été expulsées lundi matin en car vers l’Italie avant le passage devant le juge. Tous les autres ont été libérés. Les premiers étaient de retour à Calais hier en fin de journée.

Palaiseau : 13 personnes libérés vendredi suite à l’abrogation de l’OQTF par le tribunal administratif. Les autres ont été libérées lundi matin avant le passage devant le juge, mais seront représentés à l’audience par leur avocat.

Plaisir : 9 personnes renvoyées en Italie avant de voir le juge. Trois ont été libérées suite à l’abrogation de l’OQTF, huit autres sont encore en rétention, le tribunal administratif ayant rejeté leur recours.

Oissel : une personne a été libérée vendredi. Les 29 autres devaient l’être hier lundi dans la journée, la préfecture n’ayant pas demandé le maintien en rétention (à confirmer).

Metz : pas d’information pour le moment.

 

 

[Berlin] Suite à l’expulsion de l’école Gerhart Hauptmann

Depuis mardi 24 juin 2014 midi à Berlin, plus de 900 unités de police, armées de fusils mitrailleurs, se sont positionnées autour du quartier de Kreuzberg dans l’optique d’expulser les réfugiés sans-papiers qui ont réquisitionné l’école Gerhart Hauptmann, sur la Ohlauerstrasse. Si la majorité des occupant-es a accepté une proposition de relogement de la part du sénat (et en l’occurrence du sénateur écolo Panhoff ), près de 40 squatteurs déterminé-es sont monté-es sur les toits de l’école afin de ne pas rentrer dans la négociation avec le pouvoir. Le quartier de Kreuzberg est occupé par les forces de l’ordre, tandis que des agents de police venant de plusieurs régions d’Allemagne encerclent le squat avec l’aide de vigiles de boîte de sécurité privée. Un appel à la solidarité avec les réfugiés expulsés de l’école a été publié en français.

En réponse à la répression, des actions et manifs sont depuis organisés avec les réfugiés de l’école:

  • Le soir même, à Friedrichshain et Kreuzberg, des bennes à ordures sont incendiées, tandis qu’un immeuble récemment construit a eu une de ses vitres double-vitrage par le lancé d’un pavé: des poukaves qui traînaient dans le secteur ont immédiatement fait appel aux flics. Mais les vandales ont réussi à prendre la fuite avant leur arrivée.
  • Dans la nuit du 24 au 25 juin, un immeuble de luxe récemment construit rue Samplon s’est fait fracasser ses vitres du rez-de-chaussée.
  • Toujours durant la même nuit à Prenzlauerberg, les bureaux du parti des verts de la Raumerstraße se mangent des tags en solidarité avec les réfugiés sur sa façade. Les flics ont ouvert une enquête.
  • Dans la journée du 25 juin, les bureaux du maire Herrmann (verts) de Kreuzberg ont été occupés par des personnes solidaires.
  • Plus tard vers 22h30, une manifestation de solidarité s’est tenue dans Kreuzberg: outre des slogans et banderoles contre les frontières (« no border no nation stop deportation »), des barricades sont érigées à travers les rues et des vitres d’immeubles du processus de gentrification sont défoncées.
  • Le 26 juin 2014 dans le quartier de Neuköln, une manifestation sauvage part de la Reuterplatz vers 22h00. 60 personnes y prennent part: des barricades fleurissent dans les rues, tandis qu’un immeuble du quartier d’affaires perd quelques vitres et des manifestant-es s’affrontent avec les keufs.
  • Dans la nuit du 27 juin 2014, une attaque incendiaire vise le tribunal de Tempelhof-Kreuzberg en solidarité avec les occupant-es de l’école. Le communiqué dit entre autre « Des balles pour le maire Hermann, le sénateur Henkel, le conseiller municipal Panhoff – Liberté pour tous les prisonniers – Droit de rester pour tous !
  • Tôt dans la nuit du 28 juin à Berlin, un véhicule de l’entreprise de sécurité Dussmann est incendié. L’attaque est réalisée en solidarité avec les réfugiés, contre les « mercenaires de l’agence Frontex » (la revendication de l’attaque est lisible en allemand)
  • Samedi 28 juin 2014, 5000 personnes ont manifesté à Berlin contre l’expulsion de l’école occupée et en solidarité avec les sans-papiers qui restent à l’intérieur du bâtiment. Le cortège, parti de Herrmannplatz, est passé par Oranienplatz jusqu’à l’école de la rue Ohlauer. Les flics étaient toujours en masse dans la ville, avec des unités de flics venant de toute l’Allemagne (de Bavière,  Thuringe, Rhénanie du Nord-Westphalie et du Brandebourg).
  • Dans la nuit du 28 au 29 juin à Cologne, les locaux du parti des verts, situé en plein centre-ville, s’est fait refaire sa façade à la peinture en réponse à l’expulsion des occupant-es de l’école Gerhart Hauptmann et à l’état de siège policier du quartier de Kreuzberg.

MAJ

  • Dans la nuit du 29 au 30 juin 2014, des tags ont recouvert le bureau fédéral des verts dans le centre-ville de Bonn. On pouvait lire « les verts envoient les réfugiés à la mort », « solidarité avec les occupant-es de l’école à Berlin »…

 

Voir aussi :

[Berlin] Expulsion d’un squat de migrant-e-s et solidarité

et

[MAJ][Allemagne] La solidarité continue avec les occupant-e-s de l’école Gerhart Hauptmann

Repris de Le Chat Noir Emeutier

[Berlin] Expulsion d’un squat de migrant-e-s et solidarité

 24 juin 2014. 900 policiers ont encerclé une école squattée par des réfugiés à Berlin depuis un an et demi et ont occupé le quartier en tenue anti-émeute durant plusieurs jour.

L’hypocrite parti vert est le responsable directe de cette action cynique, prétextant les conditions de vie inhumaines dans l’école, où  200 personnes environ vivaient. La carotte, promesse vide d’un hébergement alternatif et le fouet, la menace d’une expulsion par la présence massive de la police devant et en partie dans l’école ont réussi à pousser la plupart des habitants à quitter «volontairement»  l’école. Ils sont maintenant de retour dans les camps logés, desquel ils ont fui à l’origine, ou tout simplement sans-abri.

Néanmoins, environ 40 réfugiés se sont barricadés dans le bâtiment et sur le toit. Les policiers ont brouillé les ondes pour empêcher les communications téléphoniques.

Dehors, dans la nuit du mercredi 25 juin 2014, une manif spontanée a été organisée en solidarité avec les squatteurs de l’école de la rue Ohlauer et tous les autres réfugiés.

A Bruxelles dans le cadre de la semaine d’action contre les frontières, un groupe de 20 personne a occupé l’ambassade d’Allemagne.

A Berlin, le 24 au soir, un immeuble de bourges s’est fait fracasser les vitres du rez de chaussé  et le 27 juin c’est le tribunal cantonnal qui a prit feu en solidarité durant la nuit.

Une manifestation est appélée samedi 28 juin à Berlin

 

Compilation mal traduite de l’anglais et de l’allemand…

 

Les jours suivant voir

[Berlin] Suite à l’expulsion de l’école Gerhart Hauptmann

et

[MAJ][Allemagne] La solidarité continue avec les occupant-e-s de l’école Gerhart Hauptmann

[Libye] Rafles et expulsions

15 juin 2014. L’armée libyenne a mené ces derniers jours d’énormes rafles de migrants. Des milliers de personnes ont été contrôlées et arrêtées. Au total 1 180 migrant.e.s ont été expulsé.e.s, 530 samedi 14 et 650 dimanche 15 juin. Cette opération n’est pas la première, cela fait des années, sous Kadhafi puis sous le nouveau régime, que l’État libyen, aux ordres de l’Europe moyennant contre-partie, collabore de diverses manières à la lutte contre l’immigration menée par l’union européenne et les gouvernements européens.

[Méditerranée] La guerre aux migrant.e.s fait rage

Libye / Union européenne, « Liaisons dangereuses » contre « les invasions barbares » : la mission EUBAM

[Libye/Italie] Surveillance électronique des frontières

[Australie] Évasion depuis l’aéroport

8 juin 2014. À Perth en Australie, une personne qui devait être expulsée vers le Vietnam a filé entre les mains des gardes de la société privée Serco lors de son expulsion de l’aéroport. Une recherche intensive impliquant des agents de la police fédérale australienne et la police locale, soutenu par une équipe de chien, n’a pas réussi à la localiser. Espérons qu’elle court longtemps !

Repris depuis Disaccords

[Calais] Face à l’expulsion des camps : occupations et résistances

Face à l’expulsion des camps : occupations et résistances – 28 mai 2014

Aujourd’hui plus de 300 flics sont intervenus à Calais pour expulser trois campements de tentes dans le centre, campements qui existaient depuis fin octobre : le campement syrien qui avait été monté après l’occupation du port, le campement érythréen sous le pont, établi après l’expulsion de leur squat, également en octobre, ainsi qu’un plus petit campement près du point de distribution de nourriture. Ensemble ces endroits abritaient environ 650 personnes à Calais.

L’Etat a essayé de maquiller cette opération policière en intervention humanitaire, parlant de gale et d’hygiène insuffisante pour justifier la destruction de la maison de personnes sans leur donner aucune solution alternative. Il a négligé de dire que ces problèmes n’existent que parce qu’on les a forcé à vivre les uns sur les autres sans accès facile à des toilettes, des douches ou à des endroits où laver leurs vêtements ou leur literie. L’Etat a légitimé cette intervention paternaliste en peignant l’image de migrants malades et incapables de prendre soin d’eux mêmes, plutôt que d’accepter la responsabilité d’avoir créer les circonstances qui causent ces problèmes.

Leur façon de cacher cette expulsion policière sous un douce couche d’humanitarisme n’aurait pu être plus flagrant. La nuit dernière, lors de la distribution de nourriture, des infirmières de l’hôpital sont venues distribués des traitements anti gale à celleux qui le souhaitaient. La scène ressemblait plus à des dealers essayant de convaincre des gens qui passent dans la rue d’acheter de la drogue qu’à des patients prenant un traitement médical de leur propre volonté. De manière compréhensible beaucoup de gens étaient hésitant à avaler des médocs pour une maladie qu’ils n’avaient pas forcément sous le regard inquisiteur de la police, juste un jour avant de se faire foutre dehors de leurs maisons.

La deuxième partie de cette “opération humanitaire” ne s’est pas mieux passée pour la préfecture. Aujourd’hui (mercredi 28 mai 2014), après que les campements est été vidés de leurs habitants, des bus sont arrivés, normalement pour emmener les gens prendre une douche et recevoir des vêtements propres et des couvertures. Une fois de plus, les traducteurs ont eu du boulot à tenter de convaincre tout le monde de monter dans les bus, sans pouvoir rien dire de ce qui se passerait après que les activités humanitaires auraient pris fin. Quasiment personne n’y est aller et plusieurs fois il a été dit aux traducteurs et aux autorités, “vous, allez prendre une douche”. Plus tard, deux personnes qui avaient accepté ont été emmené dans des centres de détention à 150km de la ville.

Se préparant à la destruction de leurs maisons, un nombre important de personnes sont aller occupé SALAM, le centre de distribution de nourriture, dans la nuit de lundi.

Aujourd’hui, alors que les expulsions étaient en cours, de plus en plus de gens ont ramené leurs affaires à l’intérieur, avec l’intention de rester là. Craignant que la police puisse essayer de rentrer en force pour expulser et arrêter les personnes présentes, ils ont barricadé les entrées. La police anti émeute a essayé d’entrer sur le terrain en coupant les grillages entourant SALAM à deux endroits et en passant au travers. D’un coté ils ont été repoussé par des gens venant ensemble barricader le trou fait, de l’autre coté la police est parvenue à rentrer mais a été immédiatement encerclée et repoussée. Elle a été poursuivie par des cris, “nous sommes humains, vous êtes des animaux”, “non à la police”! Après avoir vu la force de la résistance et la difficulté qu’ils avaient rencontré à passer les barricades, la police a fait retraite et n’a pas fait d’autres tentatives pour entrer.

Alors que nous apprenons à nous battre ensemble à travers les lignes que le pouvoir exploite pour diviser et régner, nous devenons plus fort et plus capable de résister à des attaques futures sur l’autonomie des communautés, ici, à Calais. La force que cela donne de résister victorieusement à une attaque policière, après tant d’expériences d’humiliation et de déshumanisation entre leurs mains, ne sera pas facilement oubliée et sera une source d’inspiration et de force pour nous dans le futur.

Peu après, des représentants de la préfecture sont venus négocier. Les occupants ont demandé à continuer l’occupation de SALAM le jour d’après et qu’on leur donne un espace où construire un campement sans avoir à craindre le harcèlement policier. De plus, ils ont demandé la construction de douches, de toilettes et autres facilités sanitaires, afin qu’ils puissent vivre en bonne santé et dans la dignité alors qu’ils sont bloqué à la frontière. A la fin, l’Etat a concédé qu’il n’enverrait pas la police expulser le lieu durant les prochains jours mais a demandé aux gens de partir par eux mêmes et de bouger vers des zones en dehors du centre ville. Il n’a pas fait fait de promesse quant aux interventions policières, seulement de vagues suggestions sur le fait que si les gens restaient en plus petits groupes en dehors de Calais ils pourraient peut être rester un moment. Il parait clair que la police veut isoler les gens dans des endroits reculés où ils seront plus vulnérables à des attaques et moins susceptibles d’attirer le regard de l’opinion public. C’est un scénario que les gens ayant vécu dans la “jungle” et les alentours de Calais connaissent maintenant depuis longtemps.

Ce qui est clair aujourd’hui c’est que l’Etat fait tout ce qu’il peut pour dissimuler ces personnes, sans que personne ne puisse voir la violence qu’il leur inflige. Derrière toute cette mascarade humanitaire
tout ce qui reste est cette tentative étatique de rendre invisible ces personnes et leur lutte pour la dignité en Europe et pour cacher au regard de l’opinion public le fait que tant de gens sont contraints de vivre contre leur volonté dans un environnement aussi hostile et inhumain. Les contradictions que traversent jour après jour les personnes fuyant le danger dans leur propre pays (souvent comme résultat ou ayant été exacerbé par des interventions humanitaires occidentales) seulement pour se retrouver en situation illégale, détestés et déshumanisés en France, un pays qui étale son attachement aux droits humains, sont trop grandes pour être décrites. La violence du régime des frontières européennes doit être invisible. Afin de cacher leur hypocrisie, ils offrent un choix simple, partir en douceur ou être viré.

Mais la lutte continue. Les trois squats ouverts en février sont expulsables ce vendredi 30 mai (date à laquelle on a suggéré aux gens d’avoir quitté SALAM) et nous craignons une autre expulsion, rapide et violente, sans aucun effort pour résoudre le problème de logement. D’ici la fin de la semaine, le gouvernement veut voir tous les migrants et réfugiés à la rue, sans toits, chassés par la police et assez terrifiés pour quitter la ville pour de bon. Mais les gens sont forts, comme ils l’ont montré ici depuis plus de dix ans. Ils ne vont pas disparaitre aussi facilement. Ils vont résister et continuer leur voyage, malgré le harcèlement et les difficultés qu’ils rencontrent.

 

Trouvé sur Calais Migrant Solidarity

[Royaume-Uni] Mouvement de protestation dans trois centres de rétention

7 mai 2014

Le 2 mai, plus de 150 retenus ont occupé la cour du centre de rétention de Harmondsworth en Angleterre de l’heure du déjeuner jusqu’au soir. Ils avaient décidé d’entamer une grève de la faim massive mais ils ont suspendu grève et occupation lorsque trois délégués du Bureau de l’Intérieur sont venus sur place pour leur promettre d’examiner leurs revendications. Celles-ci contestaient notamment le système « Fast Track » qui permet d’enfermer les demandeurs/euses d’asile avant l’examen de leur dossier. Le centre de rétention de Harmondsworth , situé dans la banlieue de Londres à proximité d’un aéroport, est le plus gros du Royaume uni et est géré par l’entreprise GEO group.

Le 5 mai plus de 30 personnes sont venues manifester bruyamment leur solidarité avec les retenus en lutte devant le centre. Elles ont pu entrer en contact avec eux visuellement et par téléphone. Au même moment un rassemblement se tenait devant le centre de rétention de Dungavel en Écosse.

A ce jour le Bureau de l’Intérieur a donné la seule réponse qu’on pouvait en attendre, c’est-à-dire l’annonce de l’expulsion de plusieurs douzaines de personnes impliquées dans la contestation. Malheureusement pour les expulseurs, l’intimidation n’a pas empêché la révolte de se propager. Le 6 mai, une quarantaine de retenus du centre de Colnbrook, construit à côté de Harmondsworth, ont été surpris par les matons lors d’une réunion pour s’organiser. Cinq d’entre eux désignés comme les meneurs ont été mis à l’isolement puis transférés dans un autre centre. Le soir même 20 personnes enfermées au centre de rétention de Brook House IRC près de l’aéroport de Gatwick à Londres ont manifesté dans la cour et ont refusé de retourner dans leurs cellules.

Solidarité avec les retenus en lutte, liberté pour tou-te-s !

 

Infos traduites d’anti-raids network

 

[Etats-Unis] Nouvelles du centre de rétention de Tacoma (Washington)

Tôt dans la matinée du 15 avril 2014, près de 130 migrants ont été expulsés du centre de rétention nord-ouest de Tacoma sous les yeux de personnes solidaires à l’extérieur du centre. Parmi les personnes expulsés, cinq sans-papiers étaient en grève de la faim. De nombreux solidaires se sont enchaînés afin de bloquer les départs d’au moins cinq bus et un fourgon utilitaires de « GEO Transports ». Mais depuis l’action de blocage réussie contre les expulsions devant le centre le 24 février dernier, les expulseurs prennent leur précaution pour avoir le moins d’entrave à leur sale travail en utilisant des bus. Malgré cela, les manifestants ont pu entrer en communication avec les migrants à l’intérieur des véhicules en criant « vous n’êtes pas seuls« , « la lutte continue« …

Plusieurs sans-papiers enfermés en centres de rétention sont toujours en lutte à travers les Etats-Unis contre les expulsions et les conditions à l’intérieur, notamment à Tacoma, où de nombreux migrants continuent la grève de la faim entamée depuis plusieurs semaines, tout en étant pour la plupart placés sous assistance médicale par l’administration.

Traduit librement de PSA par Le chat noir émeutier