Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Bruges] évasions et grève de la faim au centre fermé – 7 mai 2013

Lundi 6 mai, une dizaine de prisonniers du centre fermé de Bruges « de refuge » sont montés sur le toit du centre. Trois d’entre eux ont réussi à s’évader et sont dans la nature.

Suite à cet événement une cinquantaine de femmes enfermées au centre ont entamé mardi 7 mai une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention.

Trois autres détenus sont en grève de la faim depuis plusieurs jours au centre fermé de Vottem à Liège. Eux aussi protestent contre leurs conditions de détention. Et au Pays Bas un mouvement de grève de la faim est en cours dans les centres de rétention de Schiphol et de Rotterdam.

VIVE LA BELLE !

[Etats-Unis] Evasions du centre de rétention de Farmville – 22 avril 2013

Deux hommes se sont évadés du centre de détention de Farmville (dans l’Etat de Virginie) lundi après-midi. Des étrangers sont enfermés dans ce centre pour le compte du service de l’immigration et de la douane (Immigration and Customs Enforcement – ICE), une branche du Département de la sécurité intérieure.

Juste avant 15h deux hommes, un Mexicain et un Belizien, ont escaladé une clôture de la cour et ont rampé sous une porte côté ouest du centre, alors qu’ils étaient dehors en promenade.

Le service de police de Farmville et le bureau du shérif du comté se sont joints à la chasse à l’homme aux côtés des flics du centre. Pas de bol, ils ne sont pas en position d’interpeller les deux évadés : « Sans un crime commis, les polices locale et d’Etat ne peuvent pas arrêter les sujets » a déclaré le chef de la police de Farmville.

Les détenus du centre de Farmville ne sont pas enfermés pour des violations des lois locales ou nationales, mais pour des violations du droit de l’immigration que les agents de la police locale et d’Etat ne peuvent pas mettre en application. A part demander poliment aux deux hommes de revenir au centre, les officiers sont impuissants, à moins qu’ils soient suspectés d’un autre crime.

Mardi, la personne mexicaine a été arrêtée par les membres du bureau des opérations d’application et d’expulsion de l’ICE. L’autre court toujours.
Son nom et sa description ont été diffusés dans la presse américaine, avec un appel à contacter la hotline de l’ICE pour transmettre des informations…

 

Info tirée d’un article de journaflic qui appelait à balancer le fugitif

[Turin] À propos de la lutte contre le centre

À propos de la lutte contre le centre

Au cours de la lutte contre les Centri di internamento ed espulsione (CIE), un rendez-vous fixe s’est tenu pendant longtemps à Turin. Pendant un peu moins de deux ans, de l’été 2009 au printemps 2011, chaque troisième dimanche du mois, les solidaires se retrouvaient dans le jardin de Corso Brunelleschi, juste devant les murs du centre, pour donner vie à un rassemblement long et bruyant. Née des cendres d’autres expériences de lutte, qui ont échoué à cause  de l’incompatibilité des méthodes et des perspectives entre camarades qui y participaient, l’idée d’un rassemblement régulier avait quatre objectifs :

  1.  maintenir vivant le rapport avec l’intérieur, grâce à un rendez-vous de lutte connu à l’avance des solidaires et des retenus.
  2.  maintenir vive l’attention des compagnons ainsi plus assidûment impliqués dans la lutte.
  3.  construire et intensifier les rapports avec tous les solidaires (ou potentiels solidaires) intéressés pour lutter contre les CIE.
  4. impliquer dans la participation et possiblement dans l’organisation du rassemblement des amis et parents des retenus, pour essayer de stimuler des mécanismes de solidarité non militants.

Après le long été 2011 au Val di Susa (lutte contre le TAV, ndlt), qui avait de fait ralenti quasiment toute activité en ville, les rassemblements réguliers n’ont pas repris. Il y a eu plusieurs occasions au cours desquelles on s’est retrouvés devant les murs, mais l’idée d’un rendez-vous mensuel a été depuis ce moment négligée dans les faits. À la même période, les tâches quotidiennes, dans l’élaboration et dans la pratique, pour développer un parcours de lutte contre les sfratti (expulsions locatives, ndlt) et lancer des occupations, ont évidemment réduit les énergies disponibles pour s’engager dans d’autres luttes.

Cependant, une des conséquences les plus importantes de cette lutte contre les sfratti a été liée au fait qu’il y a, dans ces quartiers, beaucoup de familles immigrées, souvent sans-papiers, dont beaucoup passent leurs journées dans la rue. Concrètement  les compagnons rencontraient quotidiennement l’ensemble du spectre du centre de rétention en bas de chez eux. Il est inévitable que les rafles quotidiennes nous renvoient en permanence à la gueule l’urgence d’une intervention qui sorte du coup par coup et de l’aléatoire, et devienne une partie non négligeable de la lutte contre les déportations. Une partie des énergies, et surtout des réflexions, a été logiquement dirigés dans ce sens.

Le moment central dans l’évolution de ce parcours a été le choix clair et raisonné de développer les relations directes, non seulement avec ceux qui sont dedans (en téléphonant dans le centre) mais aussi avec ceux qui en sortaient. La possibilité de les héberger ou d’occuper une maison ensemble s’est révélée être un instrument fondamental. Ici, il est clair que si d’un côté les luttes vécues principalement dans le quartier absorbent une grande partie des forces, de l’autre elles créent des possibilités et des liens non accessoires, dont les effets se dessinent avec le temps. Le choix et l’opportunité de créer des rapports stables et complices avec les ex-retenus ont permis en effet de tisser des relations dans le quartier dans un milieu différent de celui des familles sous sfratto (avis d’expulsion locative), avec pour conséquence non négligeable une présence conflictuelle toujours plus efficace dans les rues. De plus on a eu la possibilité et le temps d’apprendre à regarder le CIE aussi à travers les yeux des retenus, et d’en connaître les histoires et les dynamiques internes de manière non superficielle.

La confiance en ces nouvelles possibilités et l’enthousiasme pour le niveau de complicité atteint lors de la période automne-hiver 2011, durant laquelle se sont déroulées plusieurs révoltes et évasions (surtout entre septembre et le nouvel an), ont en partie contribué à créer la sensation d’avoir dépassé la nécessité de maintenir une présence constante devant les murs du CIE. C’est donc suite à  un entrelacement de causes « naturelles » et de choix, que les rassemblements ont été complètement arrêtés au cours de l’été 2012.

À partir de cette période, et pendant plusieurs mois, au delà de quelques rares épisodes de rebellions individuelles, on ne percevait que dépression et découragement à travers les contacts téléphoniques.  Les « retours volontaires » semblaient l’unique solution pour mettre fin à l’enfermement, et les terribles actes d’automutilations l’unique forme de résistance contre l’expulsion. Indépendamment de la présence ou de l’absence d’initiatives de solidarité avec les retenus, les compagnons qui suivent cette lutte depuis de nombreuses années savent que, par moment, il est possible de devoir affronter une telle situation.

Tout cela s’est terminé à l’improviste, le 1er décembre 2012 alors que la Samba Band, un groupe qui depuis des années accompagne avec ses tambours les rassemblements et manifestations à Turin, « fêtait » son dixième anniversaire sur le terre-plein de Corso Brunelleschi. Les mois d’apathie semblèrent s’effacer en un instant. Les retenus ont cherché à défoncer les portes des cellules et au final tout le centre  bouillonna. La police réprimait avec matraque et canons à eau, tandis que dehors le rassemblement se transformait en manifestation. Cette journée mit en évidence que les difficultés objectives et les réussites d’autres aspects de la lutte n’auraient pas du conduire à abandonner l’instrument du rassemblement, et que les saluts sporadiques et rapides liés à quelque urgence ne peuvent être suffisants. Quiconque lutte devrait au minimum se donner des échéances : les objectifs qui étaient préfixés avec le choix d’un rassemblement régulier restent toujours valides et la possibilité de rester quelques heures, raconter à tous, en arabe et dans d’autres langues, les révoltes et les évasions survenues dans d’autres centres n’est pas une occasion à négliger.

En janvier, les personnes dans le CIE se révoltent plus d’une fois, protestant contre le froid et le chauffage éteint, mettant le feu à tous les matelas. Et à la fin du mois, est survenu un autre épisode qui réchauffe le cœur : la résistance de Jamal.

Jamal attendait l’audience du recours à l’expulsion. Il a une compagne qui était alors enceinte de 8 mois, et son histoire devait se régler rapidement. Un jour au hasard, il a été attiré par ruse hors de sa chambre et ceinturé  en vue d’être expulsé. Comprenant la situation et se trouvant seul face à une dizaine d’agents des forces de l’ordre, il décida de résister. N’ayant d’autre possibilité, il s’entailla les bras et le corps. La nouvelle circula parmi les solidaires et, peu de temps après, un rassemblement se forma en face de l’entrée principale, des slogans et du bruit attirèrent l’attention des passants et des retenus, dont certains montèrent sur le toit. La ténacité de Jamal et la solidarité de ceux qui sont arrivés devant le centre et qui, pendant quatre heures, ont bloqué le portail, ont permis d’empêcher l’expulsion.  Malheureusement, un fourgon emmenant deux autres retenus, qui n’avaient pas opposé de résistance et dont nous avions des nouvelles confuses, est sorti par la porte secondaire. Ce jour là, nous n’étions pas assez nombreux pour bloquer simultanément les deux entrées. Pourtant à Turin, les solidaires qui s’approchent des murs du CIE sont en nombre suffisant pour avoir une présence efficace. Une meilleure détermination de tous pourrait rendre possible la tentative d’intervenir adéquatement aux expulsions de ceux qui opposent de la résistance, surtout lorqu’ils sont isolés et dans des situations particulièrement défavorables. Aussi, la solidarité durant les révoltes gagnerait en qualité si les solidaires étaient plus disponibles. De combien diminuerait la pression interne au centre si, dehors, on pouvait opposer des pratiques contraignant les forces de l’ordre à être distraits ?

Sans pour autant élaborer forcément un parcours de lutte commun  nécessairement plus complexe, que chacun devrait continuer de manière autonome avec ses propres moyens et sa propre sensibilité, à Turin il y aurait besoin au minimum de tenter de créer des conditions permettant d’affronter ensemble les moments critiques. Les grosses révoltes de fin février à Turin ont montré une fois de plus le caractère urgent de cette proposition.

Un prémisse est nécessaire au récit de ces révoltes. Peu de jours avant, dans le CIE de Ponte Galeria aux portes de Rome, la réaction des retenus à la tentative d’expulsion d’une personne nigériane s’est transformée en émeute. Les connaissances du retenu d’abord , puis tous les autres, se sont retrouvés dans l’espace commun et ont incendié les matelas contre les barrières de Plexiglas, qui sont installées pour empêcher les évasions. C’est derrière ces panneaux que se trouvent les caméras et les câbles de vidéo surveillance, le feu a donc endommagé tout le système de contrôle du centre . En conséquence le centre, désormais impossible à contrôler, a été vidé. Expulsions, transferts, interdictions du territoire pour les personnes sorties. L’effectif du centre est passé de 150 retenus à une cinquantaine. Le récit de la révolte de Rome a circulé rapidement de CIE à CIE, avec un message clair pour tous : si une prison est détruite alors il n’est plus possible d’y ré-enfermer quelqu’un. Cela, ajouté à la rage refoulée depuis des mois, va être le détonateur pour les révoltes de Turin. À deux reprises, vendredi 22 et dimanche 24 février les retenus ont choisi consciencieusement de rendre inutilisable une grande partie des cellules. Le 22 février certains ont tenté de s’évader en escaladant les grilles, mais ont été repris avant le dernier mur. S’échappa alors la rage et immédiatement la suggestion de Ponte Galeria prend corps. Dans la section bleue et la section rouge quasiment toutes les chambres ont été ravagées par les flammes et il ne resta plus pour dormir qu’une seule salle par section : 20 retenus dans l’une et 15 dans l’autre. La répression fut extrêmement dure. Dans le jardin de Corso Brunelleschi l’air était tellement suffocant à cause des lacrymogènes que les solidaires sur place ont eu du mal à respirer. Les récits de passages à tabac sont nombreux, et au terme de la révolte quatre personnes ont été arrêtées.

Le jour suivant un rassemblement, appelé depuis une dizaine de jours, a mobilisé de nombreux solidaires, et le soutien aux personnes qui se sont rebellées a été affirmé avec force. La révolte de Rome a une fois de plus été racontée ainsi que l’évasion de groupe survenue quelques jours plus tôt au CIE de Gradisca, soulignant que les retenus avaient conquis la liberté en s’affrontant avec la police. Une manifestation improvisée a fait le tour du centre. Le lendemain, la section jaune a suivi l’exemple des sections bleue et rouge. Tout le centre a soutenu la révolte. Les solidaires rapidement rassemblés devant ont entendu un unique et imposant cri venant de l’intérieur : « Liberta ! Liberta! ». Au total trois chambres sur cinq furent incendiées, de sorte que plus de trente retenus se sont retrouvés avec seulement deux chambres à disposition et nombre d’entre eux ont été envoyés dormir dans la cantine. Les solutions apportées à l’état inexploitable du centre sont d’une part une augmentation des expulsions et quelque libérations, d’autre part la fausse célébration de la totale remise en fonction du centre par les journalistes. Ces derniers jours à Turin il est impossible pour les flics d’enfermer des sans-papiers et tout ceci grâce à ces personnes qui, courant le risque d’être arrêtées ou expulsées immédiatement, ont annulé dans la pratique la possibilité d’accueil du centre de Turin.

Encore une fois, il est nécessaire de s’interroger sur la façon d’être plus déterminés et efficaces. La voie ouverte par les retenus de Rome et de Turin est évidemment celle juste, et toute relation avec eux devrait pousser dans cette direction en les soutenant, les encourageant, faisant circuler les nouvelles d’un centre à l’autre. Assumant aussi la responsabilité des conséquences qu’ils peuvent subir, les soutenant si arrêtés et exécutant des pratiques toujours plus résolues si ils tentent de les expulser, surtout à la suite d’une révolte.

Cependant la présence devant les murs n’épuise pas le champ de la solidarité. Les CIE survivent grâce aux décisions d’individus et d’associations qui, accomplissant leur propre tâche, en perpétuent l’existence. Et il est bon de leur rappeler que jusqu’à ce que les CIE n’existent plus, ils ne dormiront pas tranquilles. La nuit du 24 février quelqu’un s’est souvenu des gestionnaires du CIE de Turin et a pensé bon de rendre la monnaie de leur pièce aux exploiteurs, en l’espèce les revendications des retenus à propos du chauffage : le gaz du siège de la croix rouge a été éteint et l’accès cimenté.

 Quelques jours après Corso Brunelleschi a connu une autre journée de lutte. Dans l’après midi une tentative d’expulsion a rassemblé plusieurs solidaires qui se sont retrouvés devant les murs pour soutenir une personne montée sur le toit pour résister. Slogans et gros pétards ont secoué l’indifférence du quartier. Non loin un photo-reporter collaborateur de l’un des pires journaux locaux a été encerclé et tabassé : il a sauvé son appareil mais a perdu ses lunettes. Lorsque le report de l’expulsion fut assuré les manifestants s’éloignèrent mais certains furent bloqués par la police et détenus plusieurs heures dans le commissariat voisin. Certains journaux écriront que pendant les arrestations, à l’autre bout de la ville , un groupe d’anarchiste a renversé les poubelles Corso Regina Margherita, Via Fiocchetto, via Cigna  et ont vidé des extincteurs sur l’asphalte. Au final les solidaires seront relâchés dans la soirée, sauf une compagnonne française qui sera raccompagnée à la frontière avec un décret d’expulsion. La nuit suivante une cabine électrique du Bureau de l’immigration de la préfecture de Turin part en feu. L’hypothèse des journaux rejette le hasard, et lie l’action aux récentes révoltes dans le CIE et à l’expulsion de la compagnonne française. Quoi qu’il en soit, l’incendie provoque 70 milles euros de dégâts et les bureaux sont connecté a un générateur de secours pour pouvoir fonctionner.

Depuis longtemps déjà, plusieurs quotidiens nationaux et locaux crient au scandale à propos des conditions de vie auxquelles sont soumis les retenus des CIE. À moins de vivre dans une bulle, tous sont informés de l’infâme réalité de ces lieux. Mais pas seulement. Les voix qui se lèvent ne se réduisent pas à la dénonciation de l’invivabilité, à la demande  d’une amélioration des conditions hygienico-sanitaires, aux accusations de violences auxquelles sont soumis les détenus. De plusieurs côtés parvient l’évocation de la fermeture des CIE, pas seulement la campagne LasciateCIEntrare (laisser nous rentrer) lancée par quelques journalistes de gauche, mais dans quelle direction vont ces propositions abolitionnistes ? Certainement pas vers un monde sans frontières. En outre, même si ces propositions légalistes de fermer les CIE passaient d’absurdes à écoutées, pensons-nous qu’il soit opportun d’attendre que cela arrive ? Si l’État décide de fermer les CIE, il ne le ferait qu’après s’être donné de nouveaux et plus fidèles instruments pour le contrôle et la répression des flux migratoires. L’unique manière de créer une faille irréparable dans le système d’oppression qui génére les CIE est celui de brûler définitivement et d’un coup la possibilité de l’existence même de ces lieux, et de multiplier les rapports subversifs qui se créent dans les fissures de la forteresse sociale.

 

 source : traduit de Invece – mensile anarchico – n°22 mars 2013 – italie

 

 

[Rome] Entretien avec un retenu de ponte galeria

Feu à Ponte Galeria

D. Salut. Lundi 18 février au CIE de Ponte Galeria à Rome est survenue une révolte. Tu peux nous raconter ce qui s’est passé et comment tu as été libéré ?

R. La révolte a éclaté parce qu’ils ont commencé à taper un mec nigérian qui cherchait à résister à son expulsion. Ils l’ont tapé de manière inhumaine. Pour eux nous ne sommes que des numéros. D’autres mecs nigérians ont alors commencé à foutre le bordel pour essayer de le défendre… et de là a éclaté la révolte.

D. D’après beaucoup de journaux, ce ne sont que des nigérians qui se sont révoltés, c’est vrai ?

R. Au départ, comme je disais, c’était les nigérians, mais après les autres aussi ont foutu le bordel, géorgiens, moldaves, marocains, albanais… Nous étions tous ensemble parce que nous vivions tous les mêmes conditions, nous avions tous le même problème : vivre. Ils ont arrêté des mecs nigérians parce qu’ils ont vu sur les vidéos que c’étaient eux les premiers… Après nous nous sommes tous unis et nous avons commencé à allumer le feu, qui s’est diffusé dans tout le centre. Les personnes se sont révoltées parce que de toute façon la situation est difficile ; qui n’est pas passé par Ponte Galeria ne peux pas s’imaginer ce que signifie y vivre. C’est insupportable, une vie qu’il n’est pas possible non plus de raconter.

D. Il y a donc eu cette révolte avec le feu. C’est la première que tu as vécue ? Depuis combien de temps es-tu à Ponte Galeria ?

R. j’y suis resté un mois. Les choses de ce genre ont déjà eu lieu deux ou trois fois, toujours avec le feu, car l’unique chose que peuvent faire les détenus pour exprimer leur rage est d’allumer des feux. Cette fois le feu s’est diffusé partout, il a pris le plastique (les vitres de plexiglas qui protègent les barreaux, pour empêcher les retenus de s’en approcher). Les flics n’ont pas réussi à intervenir avec la rapidité et la violence habituelles parce qu’il y avait des journalistes présents ce jour-là… Ils devaient être trop pris à se faire interviewer, qui sait. En plus ils ont dû attendre les docteurs pour soigner le mec nigérian qui devait être expulsé, ils l’avaient tapé fort…

D. Qu’est-ce qui a brûlé à part les panneaux de plexiglas ?

R. Les fils qui connectent les caméras de vidéo-surveillance… La structure n’a pas été rendue inutilisable, mais le système de contrôle ne fonctionne plus.

D. Tu me racontais que cette fois, à la différence d’autres, quelques heures après la révolte la police, la nuit, s’est trouvée en difficulté…

R. La police s’est mise en poste en pleine nuit, et nous a contraints à dormir lumière allumée pour pouvoir mieux contrôler si nous nous levions ou si nous tentions de nous échapper. Ils ont été contraints à rester tout le long du périmètre du centre, comme ils ne le font jamais de nuit.

D. A cause des dommages causés au système de surveillance ils ont vidé le CIE.

R. Oui, ils le vident entre transferts dans d’autres centres, expulsions, et personnes qui ont été libérées parce qu’elles n’ont pas été identifiées. Cependant, neuf mecs ont été arrêtés et quatre ou cinq mis à l’isolement. C’est difficile de comprendre précisément combien ont été transférés, combien expulsés et combien libérés. Au moment de la révolte à l’intérieur nous étions 150, maintenant il n’en reste que 30 ou 40… Je répète, je ne sais pas combien sont sortis au total. Avec moi sont sortis quatre ou cinq personnes.

D. A la différence d’autres révoltes, cette fois ils ne vident pas le CIE parce qu’il est inutilisable…

R. Avec cette révolte nous n’avons pas rendu le CIE moins utilisable qu’avant parce que avant aussi cet endroit était dégueulasse pour y vivre. Avec la crasse qu’il y a, nous étions enfermés dans cet endroit comme dans une cage à poule. Ils nous enfermaient dans les chambres à 21 heures et les ré-ouvraient à 9 heures du matin.

D. T’as raison, ce qui les intéresse c’est seulement les dispositifs de sécurité, les panneaux pour empêcher de s’échapper…

R. Oui c’est vrai, par exemple ce que je te disais qui est arrivé la nuit de la révolte, la lumière allumée pour nous surveiller, est arrivé d’autres fois, est une forme de punition. Quand il y a du bordel, des protestations, des révoltes, ils laissent les lumières allumées jusqu’à deux heures, trois heures du matin. C’est des lumières très fortes que nous ne pouvons pas éteindre et qui nous empêchent de dormir.

D. Ceci, plus qu’une punition est une torture. Les tortures du genre sont diffuses dans certaines prisons… Tu sais si des fois ils utilisent des psychotropes dans la bouffe ? A Turin, beaucoup des prisonniers dans le centre se sentent fatigués et confus après avoir mangé…

R. Non, ici à Rome non, ici ils laissent la lumière allumée et ils essayent de te fatiguer psychologiquement.

D. Évidemment, vu que le CIE de Turin est géré par la Croix-Rouge, ils ont des compétences médicales spécifiques, ils savent utiliser les psychotropes. A Rome je ne sais pas en quoi est spécialisée la coopérative Auxilium qui gère le centre…

R. Eux sont spécialisés dans le tour de clés.

 source : traduit de Invece – mensile anarchico – n°22 mars 2013 – italie

[Sri Lanka] 10 retenus s’évadent du centre de rétention de Mirihana – 15 avril 2013

Les évasions se sont succédées pendant quelques jours au centre de rétention de l’île de Mirihana dans la banlieue de Colombo, la capitale sri lankaise.  Au total, ce sont dix personnes qui se sont fait la belle. Une chasse à l’homme a été lancée par la police.

Le centre compte 70 places, mais plus de 100 étrangers y sont enfermés actuellement. Le ministère de l’Immigration et de l’Emigration sri lankais aurait donc décidé de libérer les étrangers arrêtés en échange de leur passeport,  jusqu’à ce que le problème de surpopulation soit résolu.

 

Traduction libre depuis la presse

Évasion de Palaiseau : un an de prison pour t’enlever le goût de la liberté.

Évasion de Palaiseau : un an de prison pour t’enlever le goût de la liberté.

Le 2 avril 2013, les juges de la cour d’appel ont rendu leur verdict concernant Ibrahim El Louar, condamné en première instance à 2 ans de prison ferme suite à l’évasion de Palaiseau le 16 décembre 2012.

Les chefs d’inculpation de tentative de soustraction à une mesure d’éloignement et de vol aggravé ont été annulés. Mais il a été reconnu coupable pour les violences aggravées sur agents dépositaires de l’autorité publique (à savoir Frantz Piece et Coralie Bouton) en état de récidive légale et condamné à 1 an de prison ferme. Il est donc maintenu en détention à la prison de Fleury-Mérogis.

Vous pouvez toujours lui écrire : Ibrahim El Louar – écrou n°399815 – Bâtiment D4 – MAH de Fleury-Mérogis – 7 avenue des Peupliers – 91705 Sainte-Geneviève-des-Bois

La cour d’appel ne voulant pas désavouer les juges du tribunal d’Évry ni les flics du centre de rétention de Palaiseau, a coupé la poire en deux : mi chef d’inculpation, mi peine. Quoi de surprenant : la police et la justice font partie de la même machine. Ibrahim grâce à son appel, qui lui a permis de préparer sa défense, fera toujours un an de prison de moins.

Mais un jour enfermé sera toujours un jour de trop. Liberté pour tou-te-s, avec ou sans papiers !

evasionpalaiseau@riseup.net

[Italie] Évasions et chasse à l’homme à Trapani Milo – 26mars 2013

Dans la nuit de mardi 26 mars une quinzaine de prisonniers du centre de rétention de Trapani Milo ont réussi à s’enfuir en escaladant le mur d’enceinte de la prison puis en suivant la ligne de chemin de fer. Une véritable chasse à l’homme s’est alors engagée et 7 évadés ont été repris au petit matin  alors qu’ils volaient de la nourriture dans un restaurant. Ils sont en prison inculpés de vol aggravé et de résistance à dépositaire de la force publique.

d’après la presse

Audience en appel du procès de l’évasion de Palaiseau : Pièce et Bouton cousus de fil blanc – 20 mars 2013

Audience en appel du procès de l’évasion de Palaiseau : Pièce et Bouton cousus de fil blanc.

Le mercredi 20 mars 2013 a eu lieu le procès en appel d’Ibrahim El Louar, condamné à deux ans d’emprisonnement par le TGI d’Évry le 18 janvier pour « vol et violence en réunion sur agent dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une incapacité de travail de moins de 10 jours » et « soustraction à une mesure d’éloignement« . Il a également été condamné à verser des dommages et intérêts de 1000 et 600 euros à deux flics.

Le 16 décembre 2012, quatre prisonniers du centre de rétention de Palaiseau avaient réussi à s’évader après avoir subtilisé à un flic le badge magnétique ouvrant les portes. Suite à cela, un cinquième retenu, Ibrahim, a été arrêté et placé en garde-à-vue, accusé d’avoir participé à l’évasion. Frantz Pièce, maton au centre, l’a accusé de l’avoir ceinturé et maîtrisé pendant que les autres lui dérobaient son badge et prenaient la fuite. Sa collègue, Coralie Bouton, arrivée en renfort l’accusait elle de l’avoir fait tomber au sol et d’avoir essayé de lui prendre ses menottes et son badge.

Après une courte instruction d’un mois, il a été jugé par le tribunal d’Évry, sans bénéficier de l’assistance d’un avocat bien qu’il en ai demandé un. Lors de l’audience les faits ont été requalifiés (de « tentative de soustraction à une mesure d’éloignement et violence ayant entraîné moins de dix jours d’ITT » en « vol et violence en réunion sur agent dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT de moins de 10 jours » et « soustraction à une mesure d’éloignement« ) de façon a pouvoir appliquer la récidive (sur une précédente condamnation pour vol) et donc faire passer la peine encourue de trois à quatorze ans.

Ce jour là, des vidéos des caméras de surveillance du centre ont été visionnées. Comme l’a fait remarquer la défense, le tribunal devait être en possession de « lunettes spéciales qui altéraient sa capacité de vision ». En effet, sur les images que nous avons vu lors de l’audience d’appel, on voit que rien ne s’est déroulé comme l’ont déclaré Pièce et Bouton. Déjà, on ne voit rien (les retenus qui ont dérobé le badge avaient pris le soin d’éteindre la lumière), ou presque : des ombres qui ceinturent un policier (reconnaissable à son uniforme) puis deux policiers qui tabassent quelqu’un dans un couloir. Ibrahim, qui nie depuis le début avoir participé à l’évasion, s’est par contre toujours reconnu dans la personne tabassée. Un PV établit en garde-à-vue constate d’ailleurs qu’il porte de nombreuses traces de coup. Lors de cette garde-à-vue, Ibrahim a essayé de se mutiler avec une lame de rasoir qu’il avait sur lui, ce à quoi les flics ont répondu en le gazant et en l’entravant aux pieds et aux mains jusqu’à ce qu’il soit déféré.

Lors de l’audience d’appel à laquelle une trentaine de personnes étaient présentes en solidarité, l’avocate a plaidé le fait qu’il n’avait pas pu se défendre en première instance et qu’elle même n’avait pas pu préparer la défense comme elle l’aurait souhaité (pas eu accès aux vidéos, pas pu bénéficier d’un interprète pour s’entretenir avec son client les jours avant l’audience…). Ibrahim n’a pas varié dans ses déclarations. Il a continué à réfuter les accusations des flics et son avocate a pu mettre en avant les nombreuses incohérences existant entre les déclarations policières et les images vidéo. D’ailleurs, lors de l’exposé des faits on remarque que les déclarations des flics ont changé au cours de leurs auditions.

Le procureur a demandé confirmation des chefs d’inculpation et de la peine. L’avocate a plaidé la relaxe. Le jugement sera rendu le 02 avril à 13h, sans qu’Ibrahim ne soit extrait.

Liberté pour toutes et tous, avec ou sans papiers !

Ni prison, ni rétention !

NB : Ibrahim sortait d’une peine de 3 mois de prison pour vol avec violence, il était donc dans un cas de double peine. Ce qui pourrait devenir quadruple peine, si lors de sa sortie de prison il était de nouveau enfermé en CRA. D’autant que lors de cette première condamnation il avait également été condamné à une interdiction du territoire français de trois ans.

evasionpalaiseau@riseup.net

[Manus] 19 demandeurs d’asile inculpés suite à différents incidents survenus dans le centre de détention – 7 mars 2013


Aux dernières nouvelles il n’y a pas encore eu de procès, l’instruction est toujours en cours.

DIX-NEUF demandeurs/euses d’asile du centre de détention de l’île de Manus, dirigé par l’Australie, ont été arrêté-e-s et inculpé-e-s mercredi après-midi pour différentes infractions, dont coups et blessures, menaces, et tentative d’évasion.

Le commandant de la police de Manus n’a pas voulu confirmer les charges spécifiques, mais a déclaré qu’elles étaient liées à une série d’incidents survenus au centre au cours des derniers mois.

Les 19 ont été inculpé-e-s au siège de la police de la capitale insulaire, Lorengau, avant d’être ramené-e-s au centre de détention. Apparemment illes devraient passer devant le tribunal de Lorengau la semaine prochaine.

Un membre du parlement a déclaré que la plupart des charges étaient liées à une bagarre survenue dans le centre le jour de Noël, lors de laquelle un garde a été blessé.
Selon lui, une noix de coco a été utilisée comme missile lorsqu’une bagarre a éclaté entre deux groupes de détenus.
« Ils ont cassé des lumières, endommagé du mobilier et insulté les gardes », a-t-il dit.

Trois hommes sont également inculpés pour avoir tenté de s’évader à la mi-janvier.

Traduction libre d’après la presse

[Turin] Révolte au CIE – 22 février 2013

Grosse révolte au CIE de Corso Brunnelleschi à Turin. Tout commence vers 21 heures  quand certains retenus tentent de s’évader escaladant les hautes grilles, mais sont repris par la police juste avant le dernier mur. Immédiatement la rage éclate dans tout le centre : certains retenus montent sur les toits et d’autres incendient les dortoirs de quelques sections. La réaction de la police est très violente, avec un usage massif de gaz lacrymogène qui rend l’air irrespirable jusqu’en dehors des murs. Un rassemblement de solidarité [ndt : constitué dans l’urgence à l’aide de la radio et des sms] est chargé à plusieurs reprises via Monginevro, et les CRS sont visés par quelques bouteilles et des gros pétards.

Écoute le direct sur radio Blackout 105.250 avant la première charge, télécharge le fichier mp3 (en italien)

Écoute le direct juste après la charge, télécharge le fichier mp3 (en italien)

 Dedans les retenus racontent que des personnes se sont faites taper et menotter,  sûrement déjà prêtes à être arrêtées et transférées à la prison de la Vallette. Alors que nous attendons des nouvelles, nous vous rappelons le rassemblement appelé samedi après-midi à 16 heures Corso Brunnelleschi.

Mise à jour du 23 février. Le quotidien La Stampa rapporte la nouvelle de la révolte parlant de dommages notables à l’intérieur de la structure.

« Corso Brunelleschi : Révolte au Cie, Tram bloqué

 Tensions et désordres, hier soir, au CIE de Corso Brunelleschi : les forces de l’ordre et les pompiers sont intervenus pour réprimer l’ennième révolte dans la structure qui depuis des années anime, pas forcément dans le bon sens, la vie du quartier. Tout est né d’une révolte à l’intérieur du centre, vers 21 heures : un groupe de retenus a tenté de mettre le feu à l’un des dortoirs. Selon la version de la police, une quinzaine d’anarchistes présente à l’extérieur de la structure, a lancé des bomba carta [ndt : gros pétards] et des pétards contre le centre. Juste après une charge des forces de l’ordre,  ils ont riposté en lançant sur les agents, en tenue anti-émeute, les objets les plus disparates et en renversant les poubelles. Ce fut suffisant pour réveiller brutalement le quartier : la via Monginevro à la hauteur de la via Sacra di San Michele ainsi que la ligne 15 du tram ont été bloquées. Nombreux sont les résidents qui ont assisté de leurs balcons à ces instants de grande tension : dizaines de bouteilles cassées et les poubelles restées à terre. La situation s’est normalisée vers 22 heures. De nombreux dommages ont été causés à l’intérieur de la structure. »

source : macerie