Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Rouen] Du refus d’être expulsé à la condamnation pour refus d’embarquement et pour violences

14 juillet 2014

Du refus d’être expulsé à la condamnation pour refus d’embarquement et pour violences

Je vis en France depuis 2010. J’ai été arrêté le 11 février 2014 puis transféré le lendemain au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Oissel (Seine-Maritime) et condamné à être expulsé le 14. Je suis alors immédiatement amené à l’aéroport où je refuse de monter dans l’avion. On tente à nouveau de m’expulser le 16 et je refuse à nouveau d’embarquer sur le vol Air France. On m’amène alors devant le juge de la liberté et de la détention (JLD). Celui-ci me libère le 17 février puisque je suis le père d’une enfant dont la mère est réfugiée en France. Je retourne au CRA pour récupérer mes affaires, les policiers qui m’escortent depuis le tribunal m’informent que le procureur a fait appel de la décision.

Ils m’emmènent immédiatement en garde à vue où l’on m’annonce que le procureur demande à ce que je sois jugé pour refus d’embarquement. Alors que je refuse de répondre aux questions des policiers et de signer diverses déclarations, je reçois des menaces. Les policiers tentent de me faire peur en me menaçant d’abord de rester longtemps au commissariat, ensuite de me « casser la tête ». Ils m’amènent alors dans une voiture dans la cour du commissariat. Alors que mes mains sont menottées et mes pieds sanglés, un policier m’écrase la tête sous les sièges et m’empêche de respirer. Je le supplie pour qu’il me laisse respirer, par peur de mourir je finis par le mordre. Les autres policiers appellent alors les secours puis entreprennent de me ramener brutalement à l’intérieur en me traînant et me frappant. Ayant de multiples blessures, je demande à voir un médecin, celui-ci me propose un doliprane mais refuse de faire une déclaration sur mon état de santé.

Le policier que j’ai mordu, lui, a porté plainte pour violences. Le 19 février 2014, je suis jugé et condamné pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et refus d’embarquement. Le procureur a requis 12 mois d’emprisonnement assortis de 2 ans d’interdiction du territoire français. Le juge me condamné finalement à 8 mois de prison et 2 ans d’interdiction du territoire. Évidemment, mon avocat fait appel de cette décision.

Seconde audience, libération et nouvelle tentative d’expulsion

Lors de l’audience de l’appel, le 22 mai 2014, le fait que je sois le père d’une petite fille de 14 mois semble jouer en ma faveur. Le 11 juin, je suis à nouveau condamné à 8 mois d’emprisonnement mais l’interdiction de territoire est levée. Cependant, le préfet insiste pour que je quitte le territoire, arguant du fait que ma fille est à la charge de sa mère puisque je n’ai pas de travail. Je travaillais pourtant au noir pour faire vivre ma famille avant mon emprisonnement et je travaillais aussi en prison pour subvenir à mes propres besoin. Le 1er juillet, le préfet signe la notification d’expulsion du territoire.

Je suis libéré de la prison de Rouen le 12 juillet à 10 heures. 3 policiers m’attendent à la sortie pour m’informer que je suis sous le coup d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF). Ils m’emmènent immédiatement au CRA de Oissel. Je présente l’attendu du jugement du 11 juin, cela n’a aucun effet. Je suis placé à l’isolement où je refuse de boire et de manger.

Le 13 juillet, les policiers me sortent du CRA pour me faire embarquer dans un vol Air France à 10h35 à Roissy-Charles-de-Gaulle. Je suis à nouveau sanglé de toutes parts et amené dans l’avion. Là, je commence à pleurer et crier. Je demande de l’aide aux passagers, précisant que je serai en danger au Congo. Des personnes se lèvent alors, protestent et vont voir le pilote. Les policiers me mettent du papier dans la bouche pour que je cesse de protester. Ils n’oublient pas de me coller quelques coups dans le visage et dans les côtes. J’en souffre encore. De nombreuses personnes protestent et les policiers finissent par me faire descendre de l’avion. Je suis alors ramené au CRA.

Je suis étranger, est-ce une raison pour subir de telles violences ? Je demande la régularisation de ma situation, afin de pouvoir vivre en paix avec ma famille. J’appelle à l’aide.

Reçu par mail

[MàJ][Calais] Expulsions et arrestations en masse

02 juillet 2014

Le lieu de distribution des repas (de l’association Salam) où étaient installé-e-s 400 migrant-e-s depuis les expulsions du 28 mai a été évacué par les flics ce matin. Trois gros squats ouverts en février ont été expulsés lors de la même opération, à grand renfort de lacrymos.  Malgré les tentatives des soutiens pour bloquer les bus, des centaines de personnes sans papiers (320 selon la préf) ont été raflées et déportées vers différents centres de rétention : Coquelles (Calais), Lille-Lesquin, le Mesnil-Amelot (77). Une cinquantaine de mineurs ont été transférés dans un camp à Boulogne sur mer et près de Béthune. Aux dernières nouvelles 50 migrant-e-s étaient encore retenu-e-s sur le lieu de distribution des repas. Enfin certaines personnes ont été embarquées pour Boulogne et Dunkerque, certainement pour attendre leur transfert vers le centre de rétention dans des commissariats. Apparemment des places sont en train d’être aménagées à Saint Jacques de la Lande (Rennes) à grand renfort de transferts, et d’autres sont mises à disposition à Plaisir (78), Palaiseau (91), Oissel (Rouen). Le président de Salam, un membre de l’Auberge des Migrants et un membre de No Border ont été arrêtés et placés en garde-à-vue.

En ce début d’été qui n’annonce pas les vacances pour tout le monde (à Paris les larbins du pouvoir se démènent actuellement pour faire place nette aux touristes en raflant dans les transports en commun), continuons à lutter contre les frontières et leurs prisons !
Et bien sûr, force, courage et détermination à celles et ceux qui s’endormiront en taule ce soir

Infos reçues par mail

Mise à jour 03 juillet  2014

 Au total 206 personnes ont été placées en rétention : 37 à Lille-Lesquin, 20 à Rennes, 20 à Metz, 30 à Oissel, 17 à Palaiseau, 20 à Plaisir, 32 au Mesnil-Amelot. Concernant les autres, certaines ont été dispersées plus ou moins loin de Calais (jusqu’à Paris), c’est-à-dire emmenées en bus et lâchées au hasard, d’autres emmenées dans différents commissariats (Coquelles, Lille, Dunkerque, Saint-Omer, Boulogne) puis libérées.

Infos trouvées sur passeurs d’hospitalités

Aussi il paraît que les compagnies collabos qui ont fourni les bus le 2 juillet sont Travel Mariot et Travel Inglard. Espérons qu’ils se prennent un jour le retour du bâton !

Mise à jour 08 juillet  2014

Rennes : tous libérés lundi par le juge des libertés et de la détention (JLD), ils sont hébergés à Rennes par le comté de soutien pour être présent à l’audience du tribunal administratif aujourd’hui mardi. Cette étape est importante pour que l’Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) soit abrogée et qu’ils ne risquent pas d’être à nouveau placés en rétention s’ils sont arrêtés par la police.

Lille – Lesquin : tous libérés par le JLD pour « rétention illégale ». Ils sont de retour à Calais.

Le Mesnil-Amelot : quinze personnes ont été expulsées lundi matin en car vers l’Italie avant le passage devant le juge. Tous les autres ont été libérés. Les premiers étaient de retour à Calais hier en fin de journée.

Palaiseau : 13 personnes libérés vendredi suite à l’abrogation de l’OQTF par le tribunal administratif. Les autres ont été libérées lundi matin avant le passage devant le juge, mais seront représentés à l’audience par leur avocat.

Plaisir : 9 personnes renvoyées en Italie avant de voir le juge. Trois ont été libérées suite à l’abrogation de l’OQTF, huit autres sont encore en rétention, le tribunal administratif ayant rejeté leur recours.

Oissel : une personne a été libérée vendredi. Les 29 autres devaient l’être hier lundi dans la journée, la préfecture n’ayant pas demandé le maintien en rétention (à confirmer).

Metz : pas d’information pour le moment.

 

 

[Vincennes] Révoltes du 14 février, rendu du procès des compagnon-ne-s

23 juin 2014

Après plusieurs mois d’attente, le juge Patrick Ramael a finalement rendu le délibéré de l’audience du 31 mars qui mettait en cause cinq personnes accusées d’avoir tiré des feux d’artifice devant le centre de rétention de Vincennes le 14 février suite à une révolte dans le centre.

Les inculpé-e-s, en refusant de s’exprimer sur leur présence ou non au rassemblement, ont laissé juges et procureur avec un dossier vide. Ce dernier a donc dû s’aligner sur l’avocate de la défense en demandant la relaxe pour l’accusation de « participation avec arme à un attroupement ». En effet ce délit est avéré seulement dans le cas où une personne est porteuse d’une arme dans un attroupement, et non lorsqu’elle est dans un attroupement où il y a des armes. Comme aucune arme n’a été retrouvée sur les cinq au moment de l’interpellation l’accusation ne tenait pas. Le proc avait également demandé la relaxe pour le refus d’adn car aucun pv n’indiquait que la demande ait été faite par les flics. Concernant le refus d’empreintes et de photos il avait requis des amendes.

Le juge a suivi ses réquisitions en prononçant la relaxe pour l’attroupement et l’adn et des amendes pour les empreintes qui vont de 200 à 500 euros. Pour rappel ce même juge avait placé deux des cinq en détention préventive, soit huit jours de taule qui s’étaient ajoutés aux trois jours de privation de liberté en garde-à-vue et au dépôt, seuls moyens que les flics et la justice ont trouvé pour punir en l’absence de chef d’inculpation qui tienne.

A l’intérieur comme à l’extérieur, la lutte continue !

Reçu par mail

 

[Vincennes] Salut solidaire devant le centre de rétention

Samedi 21 juin 2014, une petite trentaine de personnes sont allées faire un salut solidaire aux prisonniers du centre de rétention de Vincennes. Pendant 15 minutes, aux cris de « liberté pour tous » et au son des pétards et de la corne de brume, les prisonniers ont répondu par des cris, liberté, et des sifflements.

Alors que les policiers nous jetaient un trognon de pomme, nous, ce sont des balles de tennis avec à l’intérieur des messages de solidarité et contre l’enfermement que nous avons lancé par dessus les murs. Certain ont essayé de nous renvoyer une balle avec un autre mot, mais ça n’a pas fonctionné.

Il y a 6 ans ici même Salem Souli mourrait faute de soin et le lendemain une révolte embrasait le centre.

6 ans plus tard nous n’oublions pas.

6 ans plus tard nous sommes toujours là pour crier mur par mur, pierre par pierre, détruisons toutes les prisons.

 

Depuis l’intérieur du centre :

Vendredi 20 juin :

Bâtiment 1. Parfois ça se passe bien, parfois ça se passe mal. Il y a beaucoup de gens qui ont été contrôlés dans la rue et ramenés ici. Il y a pas mal de jeunes ici ils s’énervent, il y a des bagarres avec la police. Il y a un mec qui a menacé un policier, il y a deux semaines, il est parti en garde-à-vue, il est pas revenu. Son pote a été expulsé.

Tous les jours c’est la même chose à manger, des carottes ou de la purée ou des frites.

Il y a eu beaucoup d’expulsions, mais en ce moment ça c’est calmé. Moi j’ai refusé le vol une fois, il me reste 9 jours à faire ici.

Bâtiment 3. – Comme d’hab’, 45 jours, tous les jours ils arrêtent les mêmes, entre Barbès et Château rouge. Moi 2 fois je me suis fait arrêté à Barbès. À 4 chemins aussi, toujours ils contrôlent les arabes et les noirs.

– Ici c’est Guantanamo, la promenade est grillagée, comme la prison, comme à Fleury, il y a les grillages sur le toit. (il semblerait qu’il y ait un filet au dessus de la cour du bâtiment 3 contrairement aux cours des deux autres bâtiment).

Il y a des arabes, et des blacks aussi. Ça se passe bien entre les gens parce qu’on a les mêmes problèmes. La police elle fait son boulot hein, elle enferme les gens, c’est eux qui nous amènent ici.

– Il y a plein de monde, on est tous dans la merde. Moi ça fait deux fois en un mois que je suis ici, contrôle à Barbès. La plupart des gens c’est choquant leur arrestation, comment ça se passe. On reste 45 jours je vois pas l’intérêt, c’est pour intimider. Les gens expulsés sont scotchés aux mains et aux pieds.

– T’as pas de papiers ils te font des problèmes, garde-à-vue et le centre. J’ai été 4 fois en une année : pendant le ramadan dernier, pendant le réveillon, là c’est la 4ème fois. Je me suis fait arrêté dans le 18ème, ils ont dit que j’étais dealer, j’avais rien sur moi, ils sont parti dans une rue, ils ont ramené 17 barrettes. J’ai fait 48 heures de garde-à-vue. Les flics (de Barbès) ils connaissent nos visages, ils nous cherchent dans la rue. L’avocat gratuit, payé par l’État, ils ne savent même pas parler, sinon c’est cher l’avocat, on a pas de papiers alors on a pas d’argent…

Dimanche 22 juin :

Bâtiment 2. J’ai vu les gens ils criaient « liberté » dehors, on a crié aussi et dans le bâtiment 1 ils criaient aussi.

Bâtiment 1. – On a entendu la manif. On a crié mais avec la police on ne peut rien faire. On a vu les balles de tennis, on a écrit dessus le numéro du centre pour nous appeler et on a renvoyé la balle . Ici on est réveillé tout le temps, ce matin ils viennent nous réveiller à 6 heures. On mange rien de toute la journée.

– Ici ça se passe super mal, la police nous traite comme des animaux. Hier vous avez envoyé un message, on a reçu « liberté » et dans le CRA 2 ils ont reçu un petit mot. On a renvoyé mais c’est la police qui a intercepté la balle.

– Hier il y a eu une embrouille et à 6 heures ce matin, ils étaient 8 ou 9 flics ils ont cherché un mec ils tapaient sur toutes les portes et ils ont fouillé toutes les chambres, en réveillant tout le monde. Ils l’ont trouvé ils l’ont mis dans une cellule tout seul et un chef est rentré dans la cellule. 5 minutes après le gars est ressorti.

reçu par mail

[Isère] Un collabo… en feu ! Incendie chez vinci facilities

Ammendum. Des traces d’hydrocarbure et la presence de deux départs de feu distinct, laisse penser qu’il s’agit bien d’un acte volontaire.

18 juin 2014.   On apprend par la presse que les locaux de Vinci-facilities à Saint-Martin-Le-Vinoux ont mysterieusement pris feu dans la nuit.  Les dégâts seraient importants, le feu s’est étendu sur 500 mètres carrés et les 45 employés sont au chômage technique. On ne peut malheureusement pas affirmer que le feu soit volontaire, en revanche, on peut se réjouir de voir un collabo au feu. Comme groupe BTP, Vinci construit taules, centres de rétention, grands projets utiles au développement de l’économie et du contrôle. Avec sa filière « services » vinci-facilities (ex-GTM Multiservices), souvent dans le cadre de partenariats-public-privés, ils co-gèrent les merdes qu’ils ont créés, lavant les chiottes, fournissant la bouffe ou le linge, comme c’est le cas dans les centres de rétention de Marseille, de Sète et du Mesnil Amelot. 

 

 

 

[Mayotte] Un collabo

Bernard Loubat16 juin 2014. On apprend par un article de la rubrique économie du journal La Dépêche qu’une entreprise de menuiserie (aluminium) SOMALU située dans les alentours de Castres (81) vient de décrocher le marché pour la construction du nouveau centre de rétention de Mayotte. Le chantier devrait commencer d’ici un mois. Le directeur de l’entreprise, Bernard Loubat, vente dans l’article ses nouvelles innovations, notamment l’option « pare-balles »

Adresse : Le Causse, 81290 Labruguière
Téléphone :05 63 71 31 00

[Paris] Nasse, rafle et rétention : Barbès, « Zone de Sécurité Prioritaire »

Mercredi 11 juin 2014, encore une fois la police a raflé Barbès. En début de soirée, deux voitures flics sont arrivées pour disperser les gens qui traînent, discutent et vendent sur la place du café Le Royal. C’est l’éternel jeu du chat et de la souris qui semble commencer comme quotidiennement dans le quartier. Barbès est classé « Zone de Sécurité Prioritaire » par l’État, ce qui permet aux flics -grâce à une réquisition permanente du procureur- de contrôler et fouiller n’importe qui dans la rue et les commerces à n’importe quelle heure, comme ils aiment à le rappeler à qui ne l’aurait pas encore compris.

Les flics et CRS, qui ont reçu le renfort récent d’une nouvelle Brigade Spécialisée de Terrain (BST), occupent en permanence le quartier, patrouillent, fouillent et contrôlent. Leur objectif est de faire dégager les pauvres qui, nombreux, occupent la rue et pour certains vendent cigarettes et baskets pour survivre. Pour cela les flics peuvent compter sur le soutien de quelques associations, de certains commerçants, de vieux fachos et d’investisseurs zélés qui ont décidé, non sans avoir discuté sécurité avec le commissaire et la mairie du 18ème, d’ouvrir une brasserie « the place to be » à la sortie du métro.

Trente minutes plus tard, 20 ou 30 flics sont revenus. « Ils avaient une stratégie, un plan ». Ils ont commencé à contrôler pour arrêter des personnes sans papiers dans toutes les rues adjacentes à la place du café en resserrant une nasse petit à petit. Ceux qui ont essayé de s’enfuir se sont retrouvées enfermées sur la place.

Les personnes arrêtées ont été amenées dans les commissariats du 18ème, rue de la Goutte d’Or et rue de Clignancourt. Certaines ont été relâchées et d’autres enfermées au centre de rétention de Vincennes. On ne sait pas combien de personnes ont été arrêtées exactement.

Depuis plusieurs mois des personnes tentent de s’organiser contre les rafles, l’occupation policière et la restructuration urbaine à Barbès. Des tables de diffusion de tracts et de brochures sont l’occasion de discussions contre les frontières, les flics et la hogra. Naissent des solidarités qui espérons-le trouverons un jour l’envie et la force de bouter les flics, les riches et les politiciens hors de nos vies !

Ci dessous, une personne enfermée au centre de rétention de Vincennes raconte son arrestation :

« Ils m’ont arrêté alors que j’étais assis sur un banc de la place. Les flics sont arrivés, ils nous ont fouillé, mis en rang contre les bancs et mis les menottes en plastique, les serflex. Ils y avait des flics en civils, d’autre non, à pied, en voiture et en moto.

Ils nous ont mis dans un fourgon, on était 10, tassés comme des animaux, debout , attachés dans le dos. Le sang ne circulait plus dans ma main.

On a attendu là et on est allé au commissariat rue de Clignancourt. On a attendu 20 minute toujours debout. Ils nous ont fait rentrer dans le commissariat, pris les empreintes des mains et les photos puis on a été en cellule. Après, on avait toujours des menottes, on est monté un par un avec des papiers à signer. L’interprète disait « t’inquiète, signe ! ». après on est redescendu dans la grande cellule au sous sol avant de monter dans un bus, toujours attachés. Là ils nous ont ramenés à Vincennes, ont était 7. Devant le centre on a encore attendu dans le bus, on a refait les photos et encore des papiers à signer, on ne sait même pas ce que c’est. Il était 3 heures du mat’. »

[Royaume-Uni] Violences sexuelles dans le centre de rétention de Yarl’s Wood

26 mai 2014

L’existence de violences et de harcèlements sexuels à l’encontre des femmes retenues dans le centre de rétention de Yarl’s Wood (dans le comté de Bedfordshire au Royaume-Uni) par des employés de la société Serco qui gère le centre avait été portée au grand jour en octobre dernier lorsque 30 retenues s’étaient mises en grève de la faim. Un ancien cadre de la société vient à son tour de dénoncer l’existence de ces violences. Il parle notamment de viols et de services sexuels exigés en échange des produits de première nécessité.

Cela nous rappelle l’histoire de Joy, une des 14 retenu-e-s inculpé-e-s suite à la révolte qui a éclaté au centre d’expulsion et d’identification de via Corelli à Milan le 13 août 2009 contre l’allongement de la durée de rétention à 6 mois. Lors du procès Joy dénonce les violences sexuelles infligées par l’inspecteur-chef du centre, Vittorio Addesso (qui sera relaxé par la justice, notamment grâce au témoignage du responsable de la croix-rouge qui administre le centre).

Le viol est une arme de la domination des hommes sur les femmes. Ces dernières années, plusieurs histoires de femmes violées dans les centres de rétention par des matons/flics/vigiles sont sorties des murs (parmi combien qui ne le sont pas ?). Ces porcs exercent leur domination par la matraque et les violence sexistes/sexuelles afin d’isoler et de contraindre encore plus celles qui sont enfermées dans les centres de rétention, de leur faire fermer leur gueule, de profiter encore un peu plus de leur pouvoir pour assujettir ces corps « mis à disposition » par l’État, afin de contenir toute envie de révolte. Qu’ils s’attendent au retour de bâton !

À bas toutes les dominations et toutes les chaînes ! Liberté pour toutes !

[Cornebarrieu] Molotovs contre le centre de rétention

5 juin 2014. D’après la presse plusieurs cocktails Molotov (entre 7 et 9) ont été lancés contre le centre de rétention de Cornebarrieu (Toulouse) dans la nuit du 4 au 5 juin. Toujours d’après la presse -qui tire ses infos des flics- une revendication anarchiste aurait été trouvée sur place. Voir l’article repris ici.

[Calais] Face à l’expulsion des camps : occupations et résistances

Face à l’expulsion des camps : occupations et résistances – 28 mai 2014

Aujourd’hui plus de 300 flics sont intervenus à Calais pour expulser trois campements de tentes dans le centre, campements qui existaient depuis fin octobre : le campement syrien qui avait été monté après l’occupation du port, le campement érythréen sous le pont, établi après l’expulsion de leur squat, également en octobre, ainsi qu’un plus petit campement près du point de distribution de nourriture. Ensemble ces endroits abritaient environ 650 personnes à Calais.

L’Etat a essayé de maquiller cette opération policière en intervention humanitaire, parlant de gale et d’hygiène insuffisante pour justifier la destruction de la maison de personnes sans leur donner aucune solution alternative. Il a négligé de dire que ces problèmes n’existent que parce qu’on les a forcé à vivre les uns sur les autres sans accès facile à des toilettes, des douches ou à des endroits où laver leurs vêtements ou leur literie. L’Etat a légitimé cette intervention paternaliste en peignant l’image de migrants malades et incapables de prendre soin d’eux mêmes, plutôt que d’accepter la responsabilité d’avoir créer les circonstances qui causent ces problèmes.

Leur façon de cacher cette expulsion policière sous un douce couche d’humanitarisme n’aurait pu être plus flagrant. La nuit dernière, lors de la distribution de nourriture, des infirmières de l’hôpital sont venues distribués des traitements anti gale à celleux qui le souhaitaient. La scène ressemblait plus à des dealers essayant de convaincre des gens qui passent dans la rue d’acheter de la drogue qu’à des patients prenant un traitement médical de leur propre volonté. De manière compréhensible beaucoup de gens étaient hésitant à avaler des médocs pour une maladie qu’ils n’avaient pas forcément sous le regard inquisiteur de la police, juste un jour avant de se faire foutre dehors de leurs maisons.

La deuxième partie de cette “opération humanitaire” ne s’est pas mieux passée pour la préfecture. Aujourd’hui (mercredi 28 mai 2014), après que les campements est été vidés de leurs habitants, des bus sont arrivés, normalement pour emmener les gens prendre une douche et recevoir des vêtements propres et des couvertures. Une fois de plus, les traducteurs ont eu du boulot à tenter de convaincre tout le monde de monter dans les bus, sans pouvoir rien dire de ce qui se passerait après que les activités humanitaires auraient pris fin. Quasiment personne n’y est aller et plusieurs fois il a été dit aux traducteurs et aux autorités, “vous, allez prendre une douche”. Plus tard, deux personnes qui avaient accepté ont été emmené dans des centres de détention à 150km de la ville.

Se préparant à la destruction de leurs maisons, un nombre important de personnes sont aller occupé SALAM, le centre de distribution de nourriture, dans la nuit de lundi.

Aujourd’hui, alors que les expulsions étaient en cours, de plus en plus de gens ont ramené leurs affaires à l’intérieur, avec l’intention de rester là. Craignant que la police puisse essayer de rentrer en force pour expulser et arrêter les personnes présentes, ils ont barricadé les entrées. La police anti émeute a essayé d’entrer sur le terrain en coupant les grillages entourant SALAM à deux endroits et en passant au travers. D’un coté ils ont été repoussé par des gens venant ensemble barricader le trou fait, de l’autre coté la police est parvenue à rentrer mais a été immédiatement encerclée et repoussée. Elle a été poursuivie par des cris, “nous sommes humains, vous êtes des animaux”, “non à la police”! Après avoir vu la force de la résistance et la difficulté qu’ils avaient rencontré à passer les barricades, la police a fait retraite et n’a pas fait d’autres tentatives pour entrer.

Alors que nous apprenons à nous battre ensemble à travers les lignes que le pouvoir exploite pour diviser et régner, nous devenons plus fort et plus capable de résister à des attaques futures sur l’autonomie des communautés, ici, à Calais. La force que cela donne de résister victorieusement à une attaque policière, après tant d’expériences d’humiliation et de déshumanisation entre leurs mains, ne sera pas facilement oubliée et sera une source d’inspiration et de force pour nous dans le futur.

Peu après, des représentants de la préfecture sont venus négocier. Les occupants ont demandé à continuer l’occupation de SALAM le jour d’après et qu’on leur donne un espace où construire un campement sans avoir à craindre le harcèlement policier. De plus, ils ont demandé la construction de douches, de toilettes et autres facilités sanitaires, afin qu’ils puissent vivre en bonne santé et dans la dignité alors qu’ils sont bloqué à la frontière. A la fin, l’Etat a concédé qu’il n’enverrait pas la police expulser le lieu durant les prochains jours mais a demandé aux gens de partir par eux mêmes et de bouger vers des zones en dehors du centre ville. Il n’a pas fait fait de promesse quant aux interventions policières, seulement de vagues suggestions sur le fait que si les gens restaient en plus petits groupes en dehors de Calais ils pourraient peut être rester un moment. Il parait clair que la police veut isoler les gens dans des endroits reculés où ils seront plus vulnérables à des attaques et moins susceptibles d’attirer le regard de l’opinion public. C’est un scénario que les gens ayant vécu dans la “jungle” et les alentours de Calais connaissent maintenant depuis longtemps.

Ce qui est clair aujourd’hui c’est que l’Etat fait tout ce qu’il peut pour dissimuler ces personnes, sans que personne ne puisse voir la violence qu’il leur inflige. Derrière toute cette mascarade humanitaire
tout ce qui reste est cette tentative étatique de rendre invisible ces personnes et leur lutte pour la dignité en Europe et pour cacher au regard de l’opinion public le fait que tant de gens sont contraints de vivre contre leur volonté dans un environnement aussi hostile et inhumain. Les contradictions que traversent jour après jour les personnes fuyant le danger dans leur propre pays (souvent comme résultat ou ayant été exacerbé par des interventions humanitaires occidentales) seulement pour se retrouver en situation illégale, détestés et déshumanisés en France, un pays qui étale son attachement aux droits humains, sont trop grandes pour être décrites. La violence du régime des frontières européennes doit être invisible. Afin de cacher leur hypocrisie, ils offrent un choix simple, partir en douceur ou être viré.

Mais la lutte continue. Les trois squats ouverts en février sont expulsables ce vendredi 30 mai (date à laquelle on a suggéré aux gens d’avoir quitté SALAM) et nous craignons une autre expulsion, rapide et violente, sans aucun effort pour résoudre le problème de logement. D’ici la fin de la semaine, le gouvernement veut voir tous les migrants et réfugiés à la rue, sans toits, chassés par la police et assez terrifiés pour quitter la ville pour de bon. Mais les gens sont forts, comme ils l’ont montré ici depuis plus de dix ans. Ils ne vont pas disparaitre aussi facilement. Ils vont résister et continuer leur voyage, malgré le harcèlement et les difficultés qu’ils rencontrent.

 

Trouvé sur Calais Migrant Solidarity