Juil 8, 2014 Commentaires fermés sur [Paris] Contre les rafles et les expulsions…
Juil 5, 2014 Commentaires fermés sur [Italie] Rénovations dans les CIE
[Italie] Rénovations dans les CIE
4 juillet 2014. 2013 a été une année caractérisée par de nombreuses révoltes et protestations à l’intérieur des CIE de toute l’Italie qui ont menacé et impacté la machine à expulser. Faisons une brève chronologie : en mars et novembre ont été fermés, formellement par le ministère de l’intérieur, les centres de Bologne et de Modène, et en août c’est au tour de celui de Crotone ; tandis qu’à la fin de l’année le feu mis par les retenus a fait fermer les portes des CIE de Milan et de Gradisca di Isonzo. Sans compter les nombreuses chambres et bâtiments détruits, totalement ou en partie, dans les quelques centres, cinq, qui fonctionnent toujours.
Les politiciens de tout bord, pour satisfaire l’opinion publique, ont fait de nombreuses déclarations lors desquelles ils soutenaient l’illégitimité des CIE et dénonçaient les abus qui se perpétuent en leur sein. C’était tous en cœur qu’ils appelaient à la fermeture définitive des centres.
Comme nous avions déjà eu l’occasion de l’analyser, une crise du dispositif répressif est suivit d’une restructuration, il en est donc ainsi.
Les centres ne vont pas fermer, ils vont rouvrir et ce sera pire qu’avant selon toute vraisemblance. D’une part, nous avons les nouvelles qui nous arrivent de ceux encore ouvert, où, après une période où il semblait qu’il n’y avait pas de sous ou de volonté de restructurer les parties détruites par les incendies, maintenant les travaux ont commencé. À Turin par exemple, après des mois passés avec seulement deux ou trois parties encore ouvertes sur les six, des travaux de rénovation ont commencé pour restaurer entièrement le centre. D’autre part, les CIE qui ont été fermés ont déjà presque tous été reconstruits. Bologne il y a déjà quelques mois, Milan et Gradisca plus récemment. Avec des nouveautés inquiétantes.
À Milan, le centre sera géré par une société française, Gespa, assistée de la coopérative sicilienne Acuarinto. Bien que la coopérative s’occupera de la gestion des retenus, la Gespa, forte de son expérience en France (la société gère certaines sections des prisons françaises), aura la tâche d’assurer la sécurité à l’intérieur du centre. Cela signifie en termes pratiques que se formera une escouade de para-geôliers, comme nous le verrons dans les prochains mois et comme le verrons surtout les « hôtes » de cette structure, pour le moment fermée et vide, mais, avec l’achèvement des travaux, sans doute en phase de réouverture.
Il y a quelques jours un quotidien local a donné la nouvelle que des travaux de rénovation ont également commencé au CIE de Gradisca di Isonzo. Malgré les paroles prononcées il y a quelques mois par Alfano (ministre de l’intérieur), le centre pourrait rouvrir ses portes d’ici l’année prochaine. Connecting People, qui gérait le centre avant sa fermeture et qui gère toujours celui de Bari, pourrait bien reprendre le contrôle de la structure et le revenu qui en découle. Même si quelques voix donnent comme probables aussi l’arrivée de Gepsa.
Maintenant que le ministre de l’intérieur a déclaré que la fermeture des centres était impensable, il pense à la façon dont il pourrait en changer la gestion pour éviter les révoltes et les évasions, suivant les indications données dans un rapport fait il y a quelques temps qui préconise un entrepreneur unique pour gérer les centres de tout le pays. On se demande qui, de la Croix-rouge qui gère les centres de Turin et Trapani et gérait celui de Milan, de la coopérative Auxilium qui gère ceux de Rome et de Caltanissetta et du consortium Connecting People aura l’occasion de remporter cette offre millionnaire.
Juin 28, 2014 Commentaires fermés sur [Calais] Choses vues et entendues
[Calais] Choses vues et entendues
22 juin 2014. Une trentaine de migrants a commencé une grève de la faim le 11 juin. Ce week-end, ils étaient encore une quinzaine à continuer. Depuis le 28 mai, ils sont plusieurs dizaines à occuper le lieu de distribution de nourriture, rue de Moscou. Les grévistes de la faim sont installés sous une tente au centre du lieu. Autour, une ligne à été faite avec ces quelques mots « Don’t cross the border » que personne ne semble respecter. Un pied de nez sans doute à ces frontières qui les entourent…
La lutte initiée à ce moment-là semble s’effriter. D’abord, ils sont de plus en plus nombreux à occuper le lieu, ce qui rend difficile l’organisation. Les migrants mobilisés ne sont plus qu’un noyau. Ensuite, il y a les urgences du quotidien à gérer. Les besoins de base à satisfaire s’imposent parfois à la mobilisation. Les migrants sont pris entre les nécessités de la vie quotidienne et la volonté de mener une lutte politique pour obtenir davantage. Mais, l’humanitaire risque de finir par tuer la mobilisation. En effet, toute sorte de personnes extérieures passent sur le lieu : des artistes, qui proposent un « atelier dessin » entre deux tentes ; des musiciens londoniens qui jouent pour les migrants, comme si les migrants ne pouvaient pas allés au centre ville pour la fête de la musique. Et bien sûr, des « humanitaires » pour qui l’action politique ne veut pas dire grand-chose et qui regardent les migrants avec pitié et condescendance. Chacun-e y va de son idée pour « aider ces pauvres hères ». Tout ça est peu propice à la mise en route d’une lutte politique. C’est pourtant aussi cela qui fait défaut. On flirte rapidement avec une forme de charité et de voyeurisme alors qu’une partie des migrants cherchent à construire un rapport de force. D’ailleurs, ils ne sont pas dupes des attentions dont ils font l’objet. Un certain nombre de migrants disent vouloir rester en France et réclament un statut légal. C’est sur cette revendication qu’est partie la grève de la faim.
Il y a des rumeurs qui voyagent avec les migrants. Calais est ainsi présenté comme un Eldorado. Un couple d’Iraniens a débarqué un soir à Calais depuis la Suède où leur carte de séjour allait expirer. On leur avait dit que Calais c’était bien, c’était facile, c’était
la liberté. En arrivant sur le campement, ils ont été effarés, ils ont fait demi-tour et sont repartis en Suède, un autre rêve en tête.
Deux migrants nous racontent avoir passé 6 mois enfermés dans un camp en Lybie, sans presque rien à manger ni à boire, sans douche, sans toilettes. Ils ont réussi à s’évader. Tout le monde leur tirent dessus là-bas. Arrivés depuis 15 jours à Calais, ils avaient tenté de passer la veille ; ils ont passé la nuit sur la route.
Malgré la difficulté de la situation, certains migrants ont un sacré sens de l’humour et une grande lucidité. Ainsi, J. qui a toute sorte de blagues sur l’application des droits de l’homme en France « ils sont au fin fond du canal, vas-y plonge ! », « les droits de l’homme je les ai reçus dans la gueule », et de montrer la blessure que lui ont faite les flics. Il raconte comment il s’est fait avoir par la publicité mensongère sur la « France pays des droits de l’homme », « c’est bien Calais, j’ai une belle maison, un magnifique jardin avec vue sur la mer ». Mais, on plaisante aussi sur la mort « vous avez vu R. ? » « Il repose en paix, il est passé sous le camion cette nuit », tout le monde rit. La liste est longue des migrants décédés à Calais(http://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/deaths-at-the-calais-border/cette-frontiere-tue/). La mort n’est pas le seul danger. Il y aussi la folie qui guette. Au-delà d’un certain temps d’attente, certaines personnes craquent. Deux personnes du lieu au moins ont des troubles mentaux sévères. Et quand un migrant acquière une notoriété subite, il peut également vaciller. C’est le cas de A. qui a été interviewé par le journal de coin, il avait pris une balle dans le dos quelques jours auparavant, tirée par un Calaisien. Il se promène avec le journal, le montre à tout le monde. Il a décidé d’écrire son histoire et veut qu’on le prenne en photo, qu’on l’interviewe. Il pense obtenir des papiers et de l’argent grâce à ça. Après l’invisibilité, puis avoir été un gibier à facho,
cette soudaine notoriété a de quoi faire flancher, peu à peu elle semble en tout cas tourner à l’obsession. Hélas, pour certains, le
traumatisme a mené à l’HP.
Avec les beaux jours, les migrants sont plus nombreux à Calais. Le passage est donc plus difficile et les camionneurs deviennent encore plus méfiants voire agressifs. Vendredi 20 juin, trois migrants ont tenté le passage pendant le match de foot France-Suisse. Les flics français étaient occupés à regarder leur télé, ils ont réussi à passer les 4 postes de contrôle sans problème. Malheureusement, les flics anglais n’étaient pas devant leur écran. Ils les ont attrapés et renvoyés en France, direction le Centre de rétention de Coquelles. C’est quand le prochain match France-Angleterre ?
Liberté de circulation et d’installation!
Entretien avec trois migrants [en anglais] :
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Reçu par mail
Juin 22, 2014 Commentaires fermés sur [Vincennes] Salut solidaire devant le centre de rétention
[Vincennes] Salut solidaire devant le centre de rétention
Samedi 21 juin 2014, une petite trentaine de personnes sont allées faire un salut solidaire aux prisonniers du centre de rétention de Vincennes. Pendant 15 minutes, aux cris de « liberté pour tous » et au son des pétards et de la corne de brume, les prisonniers ont répondu par des cris, liberté, et des sifflements.
Alors que les policiers nous jetaient un trognon de pomme, nous, ce sont des balles de tennis avec à l’intérieur des messages de solidarité et contre l’enfermement que nous avons lancé par dessus les murs. Certain ont essayé de nous renvoyer une balle avec un autre mot, mais ça n’a pas fonctionné.
Il y a 6 ans ici même Salem Souli mourrait faute de soin et le lendemain une révolte embrasait le centre.
6 ans plus tard nous n’oublions pas.
6 ans plus tard nous sommes toujours là pour crier mur par mur, pierre par pierre, détruisons toutes les prisons.
Depuis l’intérieur du centre :
Vendredi 20 juin :
Bâtiment 1. Parfois ça se passe bien, parfois ça se passe mal. Il y a beaucoup de gens qui ont été contrôlés dans la rue et ramenés ici. Il y a pas mal de jeunes ici ils s’énervent, il y a des bagarres avec la police. Il y a un mec qui a menacé un policier, il y a deux semaines, il est parti en garde-à-vue, il est pas revenu. Son pote a été expulsé.
Tous les jours c’est la même chose à manger, des carottes ou de la purée ou des frites.
Il y a eu beaucoup d’expulsions, mais en ce moment ça c’est calmé. Moi j’ai refusé le vol une fois, il me reste 9 jours à faire ici.
Bâtiment 3. – Comme d’hab’, 45 jours, tous les jours ils arrêtent les mêmes, entre Barbès et Château rouge. Moi 2 fois je me suis fait arrêté à Barbès. À 4 chemins aussi, toujours ils contrôlent les arabes et les noirs.
– Ici c’est Guantanamo, la promenade est grillagée, comme la prison, comme à Fleury, il y a les grillages sur le toit. (il semblerait qu’il y ait un filet au dessus de la cour du bâtiment 3 contrairement aux cours des deux autres bâtiment).
Il y a des arabes, et des blacks aussi. Ça se passe bien entre les gens parce qu’on a les mêmes problèmes. La police elle fait son boulot hein, elle enferme les gens, c’est eux qui nous amènent ici.
– Il y a plein de monde, on est tous dans la merde. Moi ça fait deux fois en un mois que je suis ici, contrôle à Barbès. La plupart des gens c’est choquant leur arrestation, comment ça se passe. On reste 45 jours je vois pas l’intérêt, c’est pour intimider. Les gens expulsés sont scotchés aux mains et aux pieds.
– T’as pas de papiers ils te font des problèmes, garde-à-vue et le centre. J’ai été 4 fois en une année : pendant le ramadan dernier, pendant le réveillon, là c’est la 4ème fois. Je me suis fait arrêté dans le 18ème, ils ont dit que j’étais dealer, j’avais rien sur moi, ils sont parti dans une rue, ils ont ramené 17 barrettes. J’ai fait 48 heures de garde-à-vue. Les flics (de Barbès) ils connaissent nos visages, ils nous cherchent dans la rue. L’avocat gratuit, payé par l’État, ils ne savent même pas parler, sinon c’est cher l’avocat, on a pas de papiers alors on a pas d’argent…
Dimanche 22 juin :
Bâtiment 2. J’ai vu les gens ils criaient « liberté » dehors, on a crié aussi et dans le bâtiment 1 ils criaient aussi.
Bâtiment 1. – On a entendu la manif. On a crié mais avec la police on ne peut rien faire. On a vu les balles de tennis, on a écrit dessus le numéro du centre pour nous appeler et on a renvoyé la balle . Ici on est réveillé tout le temps, ce matin ils viennent nous réveiller à 6 heures. On mange rien de toute la journée.
– Ici ça se passe super mal, la police nous traite comme des animaux. Hier vous avez envoyé un message, on a reçu « liberté » et dans le CRA 2 ils ont reçu un petit mot. On a renvoyé mais c’est la police qui a intercepté la balle.
– Hier il y a eu une embrouille et à 6 heures ce matin, ils étaient 8 ou 9 flics ils ont cherché un mec ils tapaient sur toutes les portes et ils ont fouillé toutes les chambres, en réveillant tout le monde. Ils l’ont trouvé ils l’ont mis dans une cellule tout seul et un chef est rentré dans la cellule. 5 minutes après le gars est ressorti.
reçu par mail
Juin 16, 2014 Commentaires fermés sur [Barbès] Suite aux arrestations de mercredi dernier
[Barbès] Suite aux arrestations de mercredi dernier
UNE GRANDE PARTIE DES PERSONNES ARRÊTÉES MERCREDI SONT SORTIES AUJOURD’HUI, GRÂCE À DES VICES DE PROCÉDURE SOULEVÉS PAR LES AVOCATS DEVANT LE JUGE DES LIBERTÉS ET DE LA DÉTENTION. LORS DE L’AUDIENCE ON A APPRIS QUE MERCREDI DEUX RAFLES AVAIENT LIEU EN PARALLÈLE : UNE DANS LE QUARTIER DE BARBÈS ET UNE AUTRE DANS LE QUARTIER ENTRE LE MÉTRO SIMPLON ET PORTE DE CLIGNANCOURT.
PLUS D’INFOS BIENTÔT
Mercredi 11 juin, une rafle d’envergure a eu lieu à Barbès. Des dizaines de personnes ont été encerclées, menottées et contrôlées sur la place du café Le royal, par des CRS et des flics en civil. De nombreux sans-papiers ont été arrêtés et 17 d’entre eux envoyés au CRA de Vincennes. Ils passeront lundi devant le Juge des libertés et de la détention de Paris et au Tribunal administratif.
Ce n’est pas la première fois que les flics bouclent et ratissent le quartier de Barbès afin de traquer les sans papiers : en juin 2013 lors d’une opération similaire plus d’une centaine de personnes avaient été arrêtées. A chaque fois le ratissage est préparé en amont par la préfecture de police, la justice et la mairie qui travaillent main dans la main pour chasser pauvres et sans papiers des quartiers qu’ils n’ont pas encore réussi à aseptiser. Les laisser faire sans réagir c’est leur signifier que la chasse est belle et bien ouverte et peut s’amplifier.
Soyons nombreux et nombreuses dans les salles d’audience pour montrer notre solidarité.
Pour le JLD rendez-vous lundi 16 juin à 10h, TGI de Paris, audience du 35bis (métro cité)
Les 17 personnes doivent passer aussi le même jour au tribunal administratif à 13h, au 7 rue de Jouy, metro saint Paul.
Juin 13, 2014 Commentaires fermés sur [Paris] Nasse, rafle et rétention : Barbès, « Zone de Sécurité Prioritaire »
[Paris] Nasse, rafle et rétention : Barbès, « Zone de Sécurité Prioritaire »
Mercredi 11 juin 2014, encore une fois la police a raflé Barbès. En début de soirée, deux voitures flics sont arrivées pour disperser les gens qui traînent, discutent et vendent sur la place du café Le Royal. C’est l’éternel jeu du chat et de la souris qui semble commencer comme quotidiennement dans le quartier. Barbès est classé « Zone de Sécurité Prioritaire » par l’État, ce qui permet aux flics -grâce à une réquisition permanente du procureur- de contrôler et fouiller n’importe qui dans la rue et les commerces à n’importe quelle heure, comme ils aiment à le rappeler à qui ne l’aurait pas encore compris.
Les flics et CRS, qui ont reçu le renfort récent d’une nouvelle Brigade Spécialisée de Terrain (BST), occupent en permanence le quartier, patrouillent, fouillent et contrôlent. Leur objectif est de faire dégager les pauvres qui, nombreux, occupent la rue et pour certains vendent cigarettes et baskets pour survivre. Pour cela les flics peuvent compter sur le soutien de quelques associations, de certains commerçants, de vieux fachos et d’investisseurs zélés qui ont décidé, non sans avoir discuté sécurité avec le commissaire et la mairie du 18ème, d’ouvrir une brasserie « the place to be » à la sortie du métro.
Trente minutes plus tard, 20 ou 30 flics sont revenus. « Ils avaient une stratégie, un plan ». Ils ont commencé à contrôler pour arrêter des personnes sans papiers dans toutes les rues adjacentes à la place du café en resserrant une nasse petit à petit. Ceux qui ont essayé de s’enfuir se sont retrouvées enfermées sur la place.
Les personnes arrêtées ont été amenées dans les commissariats du 18ème, rue de la Goutte d’Or et rue de Clignancourt. Certaines ont été relâchées et d’autres enfermées au centre de rétention de Vincennes. On ne sait pas combien de personnes ont été arrêtées exactement.
Depuis plusieurs mois des personnes tentent de s’organiser contre les rafles, l’occupation policière et la restructuration urbaine à Barbès. Des tables de diffusion de tracts et de brochures sont l’occasion de discussions contre les frontières, les flics et la hogra. Naissent des solidarités qui espérons-le trouverons un jour l’envie et la force de bouter les flics, les riches et les politiciens hors de nos vies !
Ci dessous, une personne enfermée au centre de rétention de Vincennes raconte son arrestation :
« Ils m’ont arrêté alors que j’étais assis sur un banc de la place. Les flics sont arrivés, ils nous ont fouillé, mis en rang contre les bancs et mis les menottes en plastique, les serflex. Ils y avait des flics en civils, d’autre non, à pied, en voiture et en moto.
Ils nous ont mis dans un fourgon, on était 10, tassés comme des animaux, debout , attachés dans le dos. Le sang ne circulait plus dans ma main.
On a attendu là et on est allé au commissariat rue de Clignancourt. On a attendu 20 minute toujours debout. Ils nous ont fait rentrer dans le commissariat, pris les empreintes des mains et les photos puis on a été en cellule. Après, on avait toujours des menottes, on est monté un par un avec des papiers à signer. L’interprète disait « t’inquiète, signe ! ». après on est redescendu dans la grande cellule au sous sol avant de monter dans un bus, toujours attachés. Là ils nous ont ramenés à Vincennes, ont était 7. Devant le centre on a encore attendu dans le bus, on a refait les photos et encore des papiers à signer, on ne sait même pas ce que c’est. Il était 3 heures du mat’. »
Juin 12, 2014 Commentaires fermés sur [Méditerranée] La guerre aux migrant.e.s fait rage
[Méditerranée] La guerre aux migrant.e.s fait rage
10 juin 2014. Alors que ces derniers jours plusieurs embarcations de migrant.e.s ont réussi à atteindre les côtes de l’Europe, une vaste intervention répressive s’est déroulée dimanche 8 juin en méditerranée contre les migrant.e.s, dans le cadre de l’opération « Mare Nostrum » mise en place par la Task Force européenne après les naufrages de l’automne dernier. « Une des plus importantes organisées ces dernières années » : navires des gardes-côtes et policiers maltais, italiens mais aussi des navires de guerre américains et des cargos se trouvant dans la zone ont barré la route aux migrant.e.s.
« Mare Nostrum », « notre mer », est une expression latine qui évoque la suprématie romaine sur la mer méditerranée, rempart contre l’invasion étrangère. Cette idée fut reprise plus tard par Mussolini.
Différents politicien.ne.s ont critiqué ces opérations comme étant des opérations de secours, dénonçant l’incapacité de l’Union Européenne à faire face à l’immigration et demandant des mesures radicales pour la stopper. Un député italien a menacé l’Europe, à la mode de Kadhafi, « d’ouvrir les vannes » si des moyens supplémentaires n’étaient pas octroyés par l’UE. En France, le maire de Menton, ville située à la frontière italienne, a proposé un rétablissement des contrôles aux frontières pour stopper les passages vers la France, plus nombreux que d’habitude. Plusieurs compagnies de CRS épaulent d’ailleurs la police aux frontières et la sûreté ferroviaire qui multiplient les contrôles dans la région, sur les routes et à bord des trains.
La « Task Force pour la Méditerranée », qui rassemble États membres de l’UE, agences européennes compétentes (European Asylum Support Office, Frontex, Europol, EU Agency for Fundamental Rights, European Maritime Safety Agency) et certains États de pays de transit, a pour mission la surveillance des frontières et la gestion des flux migratoires, sous couvert de missions de sauvetage en mer, grand argument humaniste dans le domaine.
Depuis sa mise en place, il y a 6 mois, elle a renforcé l’implication des pays du sud du bassin méditerranéen dans la guerre contre les migrant.e.s par la signature d’accords de réadmission (les migrant.e.s arrêté.e.s sont ramené.e.s par les flics dans les pays d’où sont partis les bateaux = expulsion sans s’encombrer de détails juridiques) et par la mise en place de politiques d’asile dans certains pays, comme le Maroc, la Tunisie et la Jordanie. Cela permet aux États européens d’expulser vers ces pays, qui sont des points de passage, n’importe qui qui y aurait un jour fait une demande d’asile et y aurait laissé ses empreintes. Cela permet à l’Europe d’expulser hors de son territoire des réfugiés, des personnes originaires de pays en guerre ou originaires de pays qui refusent d’accepter les expulsés. Des négociations sont en cours avec d’autres États et des fonds supplémentaires sont envoyés pour l’installation de grands camps de réfugié.e.s, notamment syrien.ne.s, où celles et ceux qui y vivent y sont isolés, dans la précarité la plus totale, sous le contrôle paternaliste des humanitaires spécialistes de la gestion de population type croix rouge et autres croisés chrétiens.
La « Task Force » a pour mission également de « renforcer la lutte contre le crime organisé et la contrebande », via une collaboration entre Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières créée en 2004 et Europol, agence européenne de police créée en 1999. Lors d’une réunion entre ministres de l’intérieur européens le 5 juin dernier concernant la lutte contre le djihadisme, Frontex a été chargée de « repérer les djihadistes présumés », relançant le triptyque « immigrés, trafiquants, terroristes » qui sous-tend toute la politique européenne dans sa lutte contre l’immigration et sert d’épouvantail à agiter pour légitimer ses actions.
Pour nous il n’y a pas de « bonne politique migratoire ». L’ouverture des frontières demandée par certain.e.s député.e.s et associations ne remettra pas en cause les logiques de contrôle et de gestion des populations, grâce auxquelles le pouvoir assoit l’exploitation économique et la domination raciste. Nous voulons être libres et nous ne l’obtiendrons que par une révolution et par nous-mêmes. Parce que le vent de la liberté ne connais pas de frontières. En attendant, la solidarité et la lutte ne sont pas des mots vains. Au printemps 2011, lorsque des centaines de migrant.e.s tunisien.ne.s se sont retrouvé.e.s à Paris ou à Marseille, l’envie de lutter contre ces frontières et la galère du quotidien a pris la forme d’occupations, de manifestations, d’oppositions aux rafles, d’action directes, etc. (Trois textes de la lutte des harragas mai juin 2011, Chronologie de la lutte des Harragas Tunisiens à Paris, Vive la lutte des Harragas !)
De Melilla à Lampedusa, brûlons les frontières !
Juin 7, 2014 Commentaires fermés sur [Athènes] Panique dans les rues
[Athènes] Panique dans les rues
Le 08 avril 2014, une opération policière de plus devant l’Université d’Économie (ASOEE) a aboutie à l’arrestation de 12 immigrés et d’un étudiant grec. L’Université d’ASOEE, où l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires se tient depuis 2011, se situe dans le centre-ville d’Athènes, une zone qui a été la cible de discours et pratiques racistes les dernières années. Un regard sur le passé récent est néanmoins nécessaire afin d’être en mesure de saisir l’impact de la violence raciste contre les communautés immigrées du centre-ville ainsi que la dynamique des luttes contre celle-ci.
Panique dans les rues d’Athènes
Dès le début 2008, plusieurs quartiers du centre-ville ont été les témoins de l’émergence et de la création des aujourd’hui tristement célèbres « comités d’habitants ». Constitués par des membres du parti néo-nazi Aube Dorée ainsi que d’autres grecs racistes, ces comités ont commencé à mettre en pratique leur agenda raciste dont le but principal était de créer des quartiers grecs « purs », un but accompli à travers les coups de couteau, les tabassages et une prolifération continue de discours haineux – à savoir que les immigrés sont sales, qu’ils sont des criminels, des sauvages et les responsables de la faillite du petit commerce grec (en particulier les immigrés vendeurs de rue) ou du taux de chômage en augmentation. Mais ils n’étaient pas seuls dans leur campagne anti-immigrés. Des organisations de petits commerçants n’ont jamais raté une occasion d’exprimer leur haine raciste contre les immigrés vendeurs de rue tandis que les officiels élus de l’état grec participaient à la compétition de celui qui fera la déclaration anti-immigrés la plus dure. Par exemple, le premier ministre actuel, Antonis Samaras, a lancé durant les dernières élections le slogan « Reprenons en main nos villes ». Les flics ne sont pas restés non plus inactifs. Les vérifications des papiers des immigrés ont plus qu’augmentés avec des contrôles d’identité et un harcèlement quasiment constants et des milliers d’arrestations. Au même moment, la législation relative à l’incarcération des immigrés est devenue plus dure et les premiers centres de détention ont été construits. Les médias et une large partie de la population grecque ont suivis et repris le discours haineux sur le « problème du centre-ville », suggérant eux aussi que le problème n’était rien d’autre que l’existence même d’immigrés dans les rues d’Athènes. Ce fut donc peu surprenant qu’au printemps 2011 et après le meurtre d’un grec, que des membres d’Aube Dorée accompagnés d’une foule de grecs aient lancé un pogrom dans le centre-ville résultant dans le tabassage et des attaques à coups de couteaux contre de nombreux immigrés, la destruction de plusieurs magasins tenus par ces derniers et le meurtre d’Alim Abdul Manan du Bangladesh. La route leur était malheureusement déjà toute tracée…
Construire une communauté de lutte…
Entre-temps, depuis 2008 et par après, le quartier autour d’ASOEE est devenu petit à petit un des endroits où la plupart des immigrés vendeurs de rue ont choisis de travailler, rassemblant jusqu’à 200 personnes et alors qu’au même moment l’université est graduellement devenue la cible d’opérations policières. On peut retracer les premiers liens qui se sont crées entre immigrés vendeurs de rue et étudiants solidaires avec ces opérations, ces derniers commençant à distribuer des flyers où il était dit qu’entrer dans l’école lors de descentes de la police était sûr, les universités étant alors légalement interdites aux flics. Ces liens se sont renforcés lorsque les étudiants aux côtés des vendeurs de rue ont aussi commencé à attaquer et, la plupart du temps, à repousser les forces de police.
En 2011, la situation autour d’ASOEE a radicalement changée dans le contexte mentionné ci-dessus de campagne anti-immigré visant le centre-ville. Les vendeurs de rue était alors moins nombreux, environ 40 à 50 personnes, tandis que les opérations des flics plus dures et plus fréquentes. La répression policière a culminé lors de la période entre novembre 2011 et mars 2012 avec la police anti-émeute participant dorénavant et quotidiennement aux attaques. Ces affrontements ont mené à une série de rencontres entre étudiants, vendeurs de rue et camarades des squats voisins Villa Amalias et Skaramaga et ont débouché sur la création de l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires d’ASOEE[1].
Depuis lors, l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires se rencontre régulièrement à ASOEE, prenant peu à peu forme. Situé dans un environnement assez hostile et devant faire avec les attaques quotidienne de la police, l’Assemblée a aussi dû faire face à une série d’obstacles dans son fonctionnement interne, découlant surtout d’un manque d’expérience factuelle dans l’engagement dans des luttes actuelles d’immigrés. Le mouvement ainsi que la gauche grecque étaient réticents à s’engager dans de telles luttes ou, lorsqu’ils y participaient, ils le faisaient d’une manière assez condescendante. Beaucoup d’efforts allèrent donc dans la construction de rapports entre les membres de l’assemblée elle-même, en prenant toujours en compte le besoin qui avait au départ réunis les immigrés et leurs alliés, à savoir leur aversion pour la présence continuelle de la police hors de l’université et en ne négligeant jamais les positions sociales diverses de ses membres et les privilèges et exclusions qui en découlent obligatoirement. Nous avons de cette manière-ci réussis à créer petit à petit une communauté de lutte qui est indépendante de tout parti politique ou ONG, qui se réunit hebdomadairement depuis trois ans dans l’université et qui, au-delà des confrontations continuelles avec les flics, organise divers événements antiracistes tels des concerts, des cuisines collectives et des projections de films dans l’école ou les quartiers immigrés voisins. L’assemblée elle-même, formée de grecs, africains (principalement sénégalais) et bengalis, est conduite dans cinq langues différentes (français, grec, bengali, anglais et wolof). Dans le même temps, étant donné la précarité des membres immigrés de l’assemblée, sachant qu’une arrestation ou un emprisonnement à long terme sont une éventualité inéluctable pour beaucoup dans l’assemblée, une part non négligeable de nos efforts va au soutien de prisonniers et aux points légaux, comme la préparation nécessaire des procès ou des rassemblements de solidarité au tribunal.
La répression des immigrés vendeurs de rue devenant une des pratiques racistes menée avec la plus grande des ferveur par l’état, les habitants xénophobes et les flics eux-mêmes, cela a inévitablement conduit à ce que tous redoutaient… Le 1 février 2013, un biffin sénégalais, Babacar Ndiaye, après avoir été pourchassé par les flics, fini mort sur les rails du métro de la station de Thisseio à Athènes. Immédiatement après le meurtre et en coordination avec la communauté sénégalaise d’Athènes, deux larges assemblées rassemblant plusieurs centaines de personnes sont tenues et aboutissent à l’organisation d’une manifestation contre un meurtre raciste impuni de plus[2].
Un danger pour l’ordre public et la sécurité…
Pour revenir à aujourd’hui, ce qui décrit le mieux la situation dans le centre-ville d’Athènes est ce qu’un représentant de police a récemment été surpris en train de dire, pas au courant qu’il était enregistré : « Ce que nous devons faire et de rendre leurs (les immigrés) vies insupportable – dès qu’ils arrivent en Grèce, ils doivent apprendre que la seule façon pour eux de rester ici est en prison ». Les contrôles de police sur les papiers des immigrés continuent quotidiennement, ainsi que les arrestations, et un nouveau panel de lois administratives racistes est mis en pratique tandis que la durée légale d’incarcération dans les centres de détention est maintenant passée à deux ans. Avec les élections municipales qui approchent à la fin avril et alors que les candidats tentent de prouver qui sera le plus efficace à restaurer l’ordre dans le centre d’Athènes, la police a intensifiée sa présence en-dehors d’ASOEE[3].
Le 08 avril donc, la police a encerclé l’université une fois de plus. Des groupes de DELTA[4] appuyés par les MAT[5] ont pourchassé et frappé de nombreuses personnes sans aucune raison. Le résultat, 12 immigrés et 1 étudiant ont été arrêtés[6]. Leur procès a été reporté au 23 avril. L’étudiant a été remis en liberté, mais les 12 immigrés sont toujours en prison sur ordre de la police. Les flics utilisent des lois administratives racistes (décret présidentiel 113/2013, loi 3386/2005) et les considèrent comme un « danger pour l’ordre public et la sécurité ». Les dispositions prévues dans la loi permettent aux flics d’arrêter tout immigré, même dans le cas où il a des papiers en règle, de l’accuser de ce qu’ils veulent (ce qu’ils savent très bien faire) et ensuite décider que cette arrestation constitue un « danger pour l’ordre public et la sécurité » et ainsi décider de sa détention et expulsion[7].
Actuellement, à cause du panel de lois racistes sus-dit qui a été utilisé contre les immigrés d’ASOEE, 10 des 12 arrêtés sont toujours en détention, 6 d’entre-eux en centre de détention. Avec un procès prévu pour le 25 juin, nous faisons les nécessaires préparations légales afin de faire appel au tribunal administratif de leur détention. Sachant que cette dernière vague d’arrestations est critique pour l’existence même de l’assemblée, il est maintenant essentiel que nous intensifions nos efforts et à cette fin nous prévoyons d’organiser une semaine de solidarité les jours précédant le procès (du 18 au 25 juin). Tout type de soutien sera plus que bienvenu.
Initiative de l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires d’ASOEE
http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/
Notes :
[1] Le premier texte publié par l’assemblée se trouve ici : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2012/10/29/text-des-immigrants/
[2] L’affiche pour la manifestation : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2013/02/10/microfoniki-mardi-12-fevrier-a-17h00-manifestation-jeudi-14-fevrier-a-17h00-pour-les-assassinats-de-babacar-ndiaye-et-shahzad-lukman/
[3] Enfer grec : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2014/04/01/enfer-grec/
[4] Unité de voltigeurs, particulièrement dangereux et affectés uniquement au maintien de l’ordre public.
[5] Équivalent des CRS.
[6] L’affiche à propos des arrêtés : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2014/04/16/danger-pour-lordre-et-la-securite-publique/
[7] Plus précisément, les accusations qui permettent l’application de cette loi débute avec l’équivalent en Grèce de l' »outrage et rébellion ».
Juin 1, 2014 Commentaires fermés sur [Calais] Face à l’expulsion des camps : occupations et résistances
[Calais] Face à l’expulsion des camps : occupations et résistances
Face à l’expulsion des camps : occupations et résistances – 28 mai 2014
Aujourd’hui plus de 300 flics sont intervenus à Calais pour expulser trois campements de tentes dans le centre, campements qui existaient depuis fin octobre : le campement syrien qui avait été monté après l’occupation du port, le campement érythréen sous le pont, établi après l’expulsion de leur squat, également en octobre, ainsi qu’un plus petit campement près du point de distribution de nourriture. Ensemble ces endroits abritaient environ 650 personnes à Calais.
L’Etat a essayé de maquiller cette opération policière en intervention humanitaire, parlant de gale et d’hygiène insuffisante pour justifier la destruction de la maison de personnes sans leur donner aucune solution alternative. Il a négligé de dire que ces problèmes n’existent que parce qu’on les a forcé à vivre les uns sur les autres sans accès facile à des toilettes, des douches ou à des endroits où laver leurs vêtements ou leur literie. L’Etat a légitimé cette intervention paternaliste en peignant l’image de migrants malades et incapables de prendre soin d’eux mêmes, plutôt que d’accepter la responsabilité d’avoir créer les circonstances qui causent ces problèmes.
Leur façon de cacher cette expulsion policière sous un douce couche d’humanitarisme n’aurait pu être plus flagrant. La nuit dernière, lors de la distribution de nourriture, des infirmières de l’hôpital sont venues distribués des traitements anti gale à celleux qui le souhaitaient. La scène ressemblait plus à des dealers essayant de convaincre des gens qui passent dans la rue d’acheter de la drogue qu’à des patients prenant un traitement médical de leur propre volonté. De manière compréhensible beaucoup de gens étaient hésitant à avaler des médocs pour une maladie qu’ils n’avaient pas forcément sous le regard inquisiteur de la police, juste un jour avant de se faire foutre dehors de leurs maisons.
La deuxième partie de cette “opération humanitaire” ne s’est pas mieux passée pour la préfecture. Aujourd’hui (mercredi 28 mai 2014), après que les campements est été vidés de leurs habitants, des bus sont arrivés, normalement pour emmener les gens prendre une douche et recevoir des vêtements propres et des couvertures. Une fois de plus, les traducteurs ont eu du boulot à tenter de convaincre tout le monde de monter dans les bus, sans pouvoir rien dire de ce qui se passerait après que les activités humanitaires auraient pris fin. Quasiment personne n’y est aller et plusieurs fois il a été dit aux traducteurs et aux autorités, “vous, allez prendre une douche”. Plus tard, deux personnes qui avaient accepté ont été emmené dans des centres de détention à 150km de la ville.
Se préparant à la destruction de leurs maisons, un nombre important de personnes sont aller occupé SALAM, le centre de distribution de nourriture, dans la nuit de lundi.
Aujourd’hui, alors que les expulsions étaient en cours, de plus en plus de gens ont ramené leurs affaires à l’intérieur, avec l’intention de rester là. Craignant que la police puisse essayer de rentrer en force pour expulser et arrêter les personnes présentes, ils ont barricadé les entrées. La police anti émeute a essayé d’entrer sur le terrain en coupant les grillages entourant SALAM à deux endroits et en passant au travers. D’un coté ils ont été repoussé par des gens venant ensemble barricader le trou fait, de l’autre coté la police est parvenue à rentrer mais a été immédiatement encerclée et repoussée. Elle a été poursuivie par des cris, “nous sommes humains, vous êtes des animaux”, “non à la police”! Après avoir vu la force de la résistance et la difficulté qu’ils avaient rencontré à passer les barricades, la police a fait retraite et n’a pas fait d’autres tentatives pour entrer.
Alors que nous apprenons à nous battre ensemble à travers les lignes que le pouvoir exploite pour diviser et régner, nous devenons plus fort et plus capable de résister à des attaques futures sur l’autonomie des communautés, ici, à Calais. La force que cela donne de résister victorieusement à une attaque policière, après tant d’expériences d’humiliation et de déshumanisation entre leurs mains, ne sera pas facilement oubliée et sera une source d’inspiration et de force pour nous dans le futur.
Peu après, des représentants de la préfecture sont venus négocier. Les occupants ont demandé à continuer l’occupation de SALAM le jour d’après et qu’on leur donne un espace où construire un campement sans avoir à craindre le harcèlement policier. De plus, ils ont demandé la construction de douches, de toilettes et autres facilités sanitaires, afin qu’ils puissent vivre en bonne santé et dans la dignité alors qu’ils sont bloqué à la frontière. A la fin, l’Etat a concédé qu’il n’enverrait pas la police expulser le lieu durant les prochains jours mais a demandé aux gens de partir par eux mêmes et de bouger vers des zones en dehors du centre ville. Il n’a pas fait fait de promesse quant aux interventions policières, seulement de vagues suggestions sur le fait que si les gens restaient en plus petits groupes en dehors de Calais ils pourraient peut être rester un moment. Il parait clair que la police veut isoler les gens dans des endroits reculés où ils seront plus vulnérables à des attaques et moins susceptibles d’attirer le regard de l’opinion public. C’est un scénario que les gens ayant vécu dans la “jungle” et les alentours de Calais connaissent maintenant depuis longtemps.
Ce qui est clair aujourd’hui c’est que l’Etat fait tout ce qu’il peut pour dissimuler ces personnes, sans que personne ne puisse voir la violence qu’il leur inflige. Derrière toute cette mascarade humanitaire
tout ce qui reste est cette tentative étatique de rendre invisible ces personnes et leur lutte pour la dignité en Europe et pour cacher au regard de l’opinion public le fait que tant de gens sont contraints de vivre contre leur volonté dans un environnement aussi hostile et inhumain. Les contradictions que traversent jour après jour les personnes fuyant le danger dans leur propre pays (souvent comme résultat ou ayant été exacerbé par des interventions humanitaires occidentales) seulement pour se retrouver en situation illégale, détestés et déshumanisés en France, un pays qui étale son attachement aux droits humains, sont trop grandes pour être décrites. La violence du régime des frontières européennes doit être invisible. Afin de cacher leur hypocrisie, ils offrent un choix simple, partir en douceur ou être viré.
Mais la lutte continue. Les trois squats ouverts en février sont expulsables ce vendredi 30 mai (date à laquelle on a suggéré aux gens d’avoir quitté SALAM) et nous craignons une autre expulsion, rapide et violente, sans aucun effort pour résoudre le problème de logement. D’ici la fin de la semaine, le gouvernement veut voir tous les migrants et réfugiés à la rue, sans toits, chassés par la police et assez terrifiés pour quitter la ville pour de bon. Mais les gens sont forts, comme ils l’ont montré ici depuis plus de dix ans. Ils ne vont pas disparaitre aussi facilement. Ils vont résister et continuer leur voyage, malgré le harcèlement et les difficultés qu’ils rencontrent.
Trouvé sur Calais Migrant Solidarity
Avr 19, 2014 Commentaires fermés sur [Tract/Paris] Comme presque tous les jours à Barbès
[Tract/Paris] Comme presque tous les jours à Barbès
Comme presque tous les jours à Barbès
Samedi 12 avril, comme tous les jours, les flics étaient présents en nombre à Barbès et faisaient leur sale boulot : plusieurs fourgons de crs garés dans le coin et des patrouilles de 3-4 qui quadrillent le quartier et contrôlent au faciès. Comme presque tous les jours depuis que le quartier est passé en ZSP (Zone de Sécurité Prioritaire). L’occupation policière est un des rouages de la restructuration du quartier, en cours depuis déjà pas mal d’années. Rafler les sans papiers, harceler les vendeurs et vendeuses à la sauvette, vider les rues des personnes qui les occupent, est nécessaire pour que les nouveaux habitants friqués installés dans les immeubles tout neufs puissent se rendre au cinéma ou dans un nouveau bar chic sans avoir à contourner des pauvres sur le trottoir.
Samedi 12 avril, comme tous les jours donc, les flics faisaient leur boulot d’intimidation et de répression de la pauvreté pour le compte de l’Etat et des investisseurs. Deux premières personnes sont contrôlées parce qu’elles semblent vendre des bricoles. Puis c’est le tour de deux jeunes du quartier. Cette fois les flics sont violents et en attrapent un à la gorge, ce qui déclenche des cris de protestation parmi les gens qui assistent à l’arrestation, attroupés autour de la voiture de police. Une réaction de peu d’ampleur, qui n’empêchera pas l’arrestation, mais une réaction tout de même, ce qui n’est pas pour plaire aux policiers qui aimeraient bien pouvoir arrêter des gens en paix – c’est eux les chefs quand même – et répondent par des menaces.
Un peu plus tard, troisième arrestation. Cette fois c’est l’une d’entre nous qui est visée. Nous on a posé notre table de presse sur la place, comme tous les samedis, justement pour parler de la pression policière, de la rénovation urbaine, des arrestations de sans papiers dans le quartier et de solidarité entre celles et ceux qui subissent tout ça. C’est déjà arrivé plusieurs fois que des patrouilles nous emmerdent, mais sans aller plus loin que quelques tracts et brochures volés, des contrôles dans la rue et des menaces de garde-à-vue. Cette fois c’est la BST (Brigade Spécialisée de Terrain), fraîchement débarquée dans le quartier, qui embarque l’une d’entre nous qui a craché par terre pour une vérification d’identité au poste qui se transforme rapidement en garde-à-vue pour outrage et rébellion. Coups, menaces, provocations, les nouveaux chiens de garde de Barbès cherchent à asseoir leur pouvoir tout récent et à lui faire payer de diffuser des tracts contre les larbins dans leur genre. Elle sortira avec un rappel à la loi après 24 heures de GAV dans le 11e arrondissement et 20 heures de dépôt au TGI (Tribunal de Grande Instance) de Cité.
Leurs tentatives d’intimidation ne nous empêcheront pas de continuer à porter nos idées dans le quartier. Que les flics, et notamment les gros bras de la BST, ne souffrent pas que leurs parades dans le quartier et leur autorité soient remises en question de quelque manière que ce soit nous conforte dans notre désir de ne pas nous laisser faire et d’apporter notre solidarité à celles et ceux qui leur opposent résistance.
Flics hors de nos vies !
bezbarricade@riseup.net
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