Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Vincennes] témoignage du centre de rétention de vincennes – 7 juin 2013

Témoignage d’un sans-papiers arrêté lors de la rafle d’hier (6 juin) à Barbès.

«  Les flics nous ont traités comme des terroristes. Ils nous ont mis des menottes en plastique. Elles étaient très serrées, on a encore les marques. On va aller voir le médecin pour faire un certificat. Ils ont encerclé Barbès et ils contrôlaient « au visage », tous les Arabes, les noirs… Ils étaient très méchants et ne respectaient personne. Il sont arrivés vers 14 heures et gueulaient après tout le monde dans la rue. Il y a des gens ça fait 10 ans qu’ils sont ici et ils n’avaient jamais vu ça. 

Moi je sortais de chez le coiffeur et c’est un policier en civil qui m’a arrêté. C’était comme Guatanamo. Ça veut dire quoi ? Parce que on est arabe, on est des terroristes, ou quoi ? On a risqué notre vie sur un bateau, on est passé par Lampedusa et ici il n’y a pas de liberté.

On a cru qu’on était en Tunisie. On n’ a pas de problème avec les gens ici, on a un problème avec les flics.

Ensuite ils nous ont amenés au commissariat de Clignancourt, on était 40 dans une cellule et on ne pouvait pas respirer. Et si on protestait, les flics disaient : «Ferme ta gueule. Pourquoi vous êtes venu ici, Restez chez vous!». Il y avait aussi un vieux touriste marocain au commissariat, sa famille a apporté ses papiers et il a été libéré. Quel accueil touristique !

Devant le commissariat il y avait des dames qui n’étaient pas d’accord et qui criaient « Liberté ! » Et les flics les ont frappées. On a doit être 40-50 de Barbès au CRA‌. Même en Tunisie la prison c’est pas comme ça. Personne ne mange. On a décidé de faire la grève de la faim la semaine prochaine. La prison c’est mieux parce que là je ne sais ce qui va se passer demain. Il n’y a pas de solution. (…)

Centre de rétention de Vincennes, vendredi 7 juin 2013

Les sans papiers arrêtés hier devraient passer mercredi prochain (12 juin 2013) au JLD de Paris.

Soyons nombreux pour les soutenir !

[Vincennes] Nouvelles et Témoignage depuis la prison pour étranger 18 avril 2013

Ces dernières semaines, nous avons eu des nouvelles de l’intérieur du centre par le biais d’une personne enfermée dans le cra 2 qui a appelé sur le téléphone de l’émission de radio Sans papiers ni frontières. Il a malheureusement été expulsé aujourd’hui, sûrement vers l’Algérie (il est Tunisien…).

Malgré la difficulté de mettre en oeuvre des réponses pratiques face à ce genre d’appels, c’est important que le numéro continue de tourner et que les infos sortent de l’intérieur, en ne désespérant pas d’être capables de construire des formes de solidarité plus concrètes à l’avenir. Je rappelle le numéro, à diffuser largement : 06.50.07.52.32

En ce moment, et comme souvent, la colère ressentie par certains retenus se mélange à un fort sentiment d’impuissance. Les expulsions ont l’air de battre leur plein, et notamment grâce à la complaisance du consulat algérien qui semble délivrer des laisser-passer à tour de bras pour tous les ressortissants du nord de l’Afrique, peu importe leur nationalité. Les flics usent toujours des mêmes sales méthodes. Le 13 avril, deux retenus refusent un vol. L’un en est à 22 jours de rétention, l’autre à 44 jours. Quand ils réintègrent leur chambre, les flics viennent chercher celui qui en est à 44 jours pour lui demander de “venir signer un papier”. Quand il sort de la chambre, ils lui sautent dessus et le scotchent pour le mettre dans l’avion. De leur côté les juges font fonctionner l’abattoir judiciaire et collaborent avec la préfecture, avec l’aide des avocats commis d’office qui, comme d’habitude, n’ont “rien à dire” pour la défense des retenus.

« Y’a des gens qu’ont des maladies graves comme l’hépatite C, y’a trop de maladies. Là le médecin, j’ai parlé avec lui. Pour les gens qui sont malades vraiment, il a parlé avec la préfecture, il a dit « ce monsieur il est malade, vous n’avez pas le droit de le garder, de renvoyer une personne comme ça avec une hépatite C ». Le médecin il envoie trois certificats médicaux pour la préfecture, la préfecture n’est pas d’accord, ils ont renvoyé cette personne. On dit il y a la loi de l’homme, mais moi j’ai pas trouvé la loi de l’homme, la préfecture elle fait ce qu’elle veut. Les gens ils sont malades, ils les envoient pas à l’hôpital. Ils font là le traitement, toute la journée on est défoncé, on n’arrive pas à parler, on arrive à faire rien du tout. Vraiment y’en a marre. On est tout fatigués, on est tout faibles. On n’a pas le droit au médecin pour examen, mais pour le valium, le seresta, les médicaments qui sont trop forts tu vois, pour les gens qui consommaient de la drogue… Ils nous ont envoyé au juge, il nous laisse même pas la chance de parler, même pas un mot. Le juge il parle il dit : « tu veux être libérer, ramène ton passeport, je te libère ». On a donné le passeport pour le juge, il donne le passeport à la préfecture, ils renvoient ce monsieur direct. Ca c’est pas correct qu’un juge il dit « bon, ramenez pour moi votre passeport, je vous promets je vais vous libérer ». Tu donnes le passeport, il le donne direct à la préfecture, demain il a l’avion. Ils ont renvoyé deux mecs marocains, un du cra 1 et un avec nous du cra 2, ils les ont renvoyés en Algérie, sans passeport, sans laisser-passer, sans rien du tout. Ils ont pris trois mois de prison en Algérie. Y’a personne qu’a un passeport, y’a personne qu’a une pièce d’identité, y’a rien du tout. Moi j’ai pas parlé un mot avec le consul, ni en Français, ni en Arabe, comment il retrouve quelqu’un qui n’a même pas parlé avec lui ?! »

Liberté pour tous et toutes !

Reçu par mail

[Partout] Feux du nouvel an 2013

**Paris – Récit de ballades nocturne contre les prisons**

Ce texte n’est qu’un récit qui en appelle d’autres. Il reflète un point de vue et ne prétend pas parler au nom des autres individuEs présentEs ce soir-là.

Dans la nuit du 31 décembre 2012 au 01 Janvier 2013, nous sommes allés rendre visite aux prisonniers à proximité de plusieurs lieux d’enfermement en Ile-de-France.

Vers 23H30 (peut être plus), nous sommes alléEs à plusieurs dizaines au centre de rétention de Vincennes. Alors que nous traversions le bois en direction du C.R.A, nous croisons un flic seul, avec son chien, qui après nous avoir demandé ce que nous faisions (et devant l’absence de réponse ou de quelques répliques ironiques) nous a alors gratifié d’un « bonne année » étrange et plein d’angoisse (Keufs ou matons : l’année sera plus belle sans vous). Après avoir traversé le bois derrière le centre, nous avons commencé à lancé des pétards, des feux d’artifices et des fusées en criant plusieurs slogans. Dont «  Liberté pour tous, avec ou sans papier », « Liberté ! Liberté ! » ou encore « pierre par pierre, et mur par mur, nous détruirons toutes les prison ».

En quelques minutes, sans doute alertés à l’avance par leur pote maitre-chien (le troll de la forêt), deux voitures pleines de flics débarquent. Nous nous esquivons alors tranquillement en repartant dans la forêt en hurlant sur les flics.

On recroise alors le troll de la forêt (le flic à chien de l’allée) qui est cette fois nettement plus remonté. Il nous dit de nous arrêter (il est seul, nous sommes à plusieurs dizaines) et commence à péter les plombs en menaçant de lâcher son chien et en essayant d’agripper des camarades. Le troll en uniforme finit par se ramasser le cul dans la boue et se faire copieusement insulter (notamment un retentissant « ferme ta gueule ! ferme ta gueule ! ferme ta gueule ! » sur un air chanté). Visiblement contenté de son premier échec de l’année, le troll de la brigade canine abandonne donc en continuant néanmoins à nous suivre de loin.

ArrivéEs sur un parking derrière le bois, les flics nous attendent avec 2 ou 3 bagnoles et commencent à descendre avec l’intention manifeste de nous attraper. Plusieurs personnes se séparent en groupes petits et grands et disparaissent dans la forêt ou aux alentours. S’en suis une petite cavalcade avec les flics qui rôdent un peu partout. Mais finalement, personne n’est arrêté.

Quelques temps plus tard…

Vers 1h30 du matin (peut être plus encore une fois) on est plusieurs à arriver vers la prison de Frêne. Il pleut et il fait froid, mais on se promène et on crie notre solidarité aux prisonniers qui commencent à répondre un peu et à gueuler. Puis le spectacle son et lumière commence.

Plusieurs groupes lancent des feux d’artifices (type mortier), pétards et fusées tout autour de la prison. A l’intérieur ça gueule, on lance des « liberté ! » qui reviennent comme un écho. Plusieurs slogans criés. On entend des gens gueuler à l’intérieur (la plupart contents, certains autres non : on les a peut-être réveillés…). Quelques pétards et fusées continuent de claquer pendant quelques minutes, puis on s’esquive tranquillement en continuant à crier.

Une société qui a besoin d’enfermer est elle-même une prison. Et la société dans laquelle nous vivons n’en a que trop besoin.

La prison est la soupape de sécurité d’une société autoritaire, divisée en classes, qui domine et opprime.

A défaut de pouvoir abattre ces murs dans l’immédiat, nous voulions réduire la distance entre ceux et celles qui sont dedans quelle que soit la raison et nous qui sommes dehors, au moins pour quelques minutes.

Parce que la liberté n’existera pas pleinement « hors les murs » tant qu’il y aura des murs de prison.

Parce que nous ne nous laisserons pas enfermer sans broncher.

Aussi, rappelons qu’avec un peu de malice et de bonne volonté, à 30 ou à 3000, il est toujours possible d’agir.

Tous les ans, partout dans le monde le jour du 1er de l’an, des rassemblements et des manifestations contre la prison et les lieux d’enfermement se déroulent aux abords des taules de toutes sortes à l’aide de feux d’artifices, de slogans, et d’autres trucs qui font du bruit ou laissent des traces.

Cette année encore, un appel international à des actions contre la prison avait été lancé pour la nuit du réveillon.

Enfin, le reste de l’année est là pour continuer à s’en prendre à la taule (dedans ou dehors) !

Feu à toutes les prisons ! Vive la belle ! Vive les mutinEs ! Vive la liberté !

Quelques anarchistes.

source

**Devant le centre de rétention de Schiphol (Amsterdam) :**

La nuit dernière, un groupe de personnes est allé faire du bruit devant le camp de déportation de Schiphol (Amsterdam). Il s’agit d’une tradition internationale de la Saint-Sylvestre de se rendre devant les prisons afin de briser le silence et l’isolement.

Dans la nouvelle prison de Schiphol « De Poort », plus de 1.000 personnes seront enfermées. Encore plus de cellules pour un système meurtrier. La nuit dernière, des messages enregistrés depuis le RefugeeChurch – une église squattée habitée par des sans-papiers à Amsterdam – ont été diffusés pour les personnes enfermées (à l’intérieur).

[…] Le système carcéral est entièrement basé sur leur besoin de réglementer et de contrôler la «société». Les gens sont enfermés simplement parce qu’ils ne rentrent pas dans cette société, ne contribuent pas suffisamment en termes économiques, ou tout simplement dans le but d’effrayer les gens. Pour l’Etat il s’agit de protéger les riches et l’ordre, afin de maintenir l’exploitation et la répression.

C’est pourquoi nous continuerons à venir pour faire entendre notre solidarité avec les prisonniers.

Jusqu’à ce que tout le monde soit libre, jusqu’à ce que les frontières et les murs de prison n’existent plus.

Pour un Nouvel An rebelle !

Traduit de l’anglais de Contra-info via le chat noir émeutier

**À Helsinki, un groupe de 20 personnes a manifesté autour du centre de rétention pour sans-papiers de Metsala.**

Quelques échanges ont eu lieu avec un détenu, la solidarité s’est exprimé par du vacarme nocturne avec tambours, slogans contre les CRA et les frontières, feux d’artifices et banderole. Un camarade a été arrêté par les flics mais relâché quelques heures plus tard.

**Voir aussi ici** **et là**

[Tract] Manif’, révoltes et évasions au centre de rétention de Vincennes

 Manif’, révoltes et évasions au centre de rétention de Vincennes

Télécharger le tract mis en page (.pdf)

Depuis plusieurs semaines, les actes de résistance individuels et collectifs dans le centre de rétention de Vincennes, comme à l’extérieur, se sont multipliés. Petite chronologie non-exhaustive de ce qui s’est passé ces dernières semaines.

Le 15 novembre, à la veille d’une manifestation organisée vers le centre de rétention de Vincennes, une révolte éclate dans le bâtiment 2. Un retenu a tenté de se suicider suite à des maltraitances policières, ce qui anime la colère des autres. Ils cassent alors des néons, des caméras, des portes, et des feux sont allumés.

Le 16 novembre, une manifestation nocturne a lieu aux alentours du centre de rétention de Vincennes. Le cortège, d’environ 80 personnes, ne peut pas s’approcher aussi près du centre qu’il le souhaite, car les keufs sont deux fois plus nombreux et bien équipés. Bloqués devant l’hippodrome, les manifestants ont quand même pu être entendus des retenus du centre 1 à force de pétards, feux d’artifices et cris de liberté. « On entendait la manif’ mais vite fait, on est loin, on est loin t’as vu, mais on l’entend quand même. »
À l’intérieur les retenus réagissent. Ils mettent le feu à des poubelles, et tentent de sauter les grilles. Sans succès. Les crs débarquent alors en force dans le centre : « […] ils étaient 60 ou 70 personnes quand même, tu peux rien faire. » Heureusement, il n’y a eu aucune interpellation à l’intérieur comme à l’extérieur.

Le 21 novembre, on découvre que les grilles du centre ne sont pas si épaisses que ça.
La nuit précédente, sept retenus du bâtiment 3 se sont en effet échappés en passant par une porte à l’arrière du centre. Ils ont traversé l’autoroute pour ensuite prendre le RER.
Un retenu revient sur les évasions :
« C’était trop facile de s’évader ! Ils ont ouvert une porte, ils ont couru, moi j’ai vu la porte ouverte mais j’ai pas voulu courir parce que moi ils connaissent toute ma vie […]En fait l’alarme elle fait semblant, ici ils sont en mort d’effectifs en fait, le soir ils sont même pas dix, ils sont même pas dix dans tout le centre !
Ça veut dire là quand y’a eu l’alarme, les mecs ils mettent au moins 3-4 minutes pour réagir, même plus ! Ça veut dire 3-4 minutes t’es déjà dans le RER, tu cours vite là et t’es dans le RER. »
À ce jour, aucun n’a été rattrapé, on leur souhaite bonne chance pour la suite !

La semaine du 10 décembre, plusieurs retenus tentent de se suicider. L’un d’entre eux avale des lames de rasoir, les flics mettent du temps à réagir. « Ils l’ont laissé en chien pendant une heure, ils attendaient. Ils ont appelé le samu, après une heure y’a qui qui vient ? L’infirmière, elle sait à peine faire des piqûres, elle va pas soigner quelqu’un qui a des lames dans son estomac ! »
Suite à cela, les retenus commencent à se plaindre, à boucher toute les caméras, à mettre le feu à du mobilier. « [les flics] ils sont montés, ils ont calmé le jeu. Et le lendemain vers 4h du matin ils ont mis l’alarme, comme quoi y’avait des gens qui fumaient dans les chambre mais c’était comme ça, pour nous faire chier ! »

Dimanche 16 décembre au soir, au centre de rétention de Palaiseau (91), 4 sans-papiers se sont évadés. Après avoir pris son badge magnétique a un flic pour ouvrir les portes, ils ont escaladé les grillages et disparu. Malheureusement un autre retenu accusé d’avoir aidé à l’évasion a été incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis. Une instruction est en cours dans l’attente d’un procès.

Paroles de retenus du 22-11-12 et 27-11-12 depuis le cra de Vincennes

Paroles de retenus du 22-11-12 et 27-11-12 depuis le cra de Vincennes

22/11/12 Vincennes 1

1e personne « Dans le centre de Vincennes y’a eu des évasions, mais dans un autre bloc, dans le CRA 3. C’est tendu parce que y’a des gens qui se découpent le corps et tout, y’a une personne qui s’est découpé tout le corps au CRA 3, même au CRA 1, et un autre au CRA 2 hier, il est actuellement hospitalisé. Il s’est découpé aussi parce qu’il voulait pas de son vol hier, donc tous les jours ça ne va pas. La police ils sont chauds, quand y’a le moindre mouvement ils viennent, ils sont chauds, ils grondent, ça crie, franchement c’est la galère. Chaque jour il y a des gens qui entrent, chaque jour.

Y’a eu des tentatives d’évasion, ils ont tapé et cassé tout ici, les portes et tout, bloqué et masqué toutes les caméras, donc les CRS sont venus en force pour bousculer les gens qui sont sur le toit, donc c’est la misère là. La police ils sont plus discrets, mais ils sont…Franchement, j’sais pas… Depuis l’évasion d’avant-hier là, les 7 personnes, y’a maintenant des policiers qui dorment dans les cages, alors qu’avant ils ne dormaient pas dans les cages [guérites dans la cour qui leur permettent de surveiller les mouvements]. Ils patrouillent et tout, ils sont là pour contrôler, tout ça… »

2e personne « Ça se passe vite fait, y’a des bagarres…Avant-hier y’a des Algériens qui se sont fait arrêter jusqu’à 7h du matin. Dans le bloc 3 y’en a sept qui ont pris la fuite. Ils sont recherchés non ? Ça veut dire que ça sert à rien de s’échapper d’ici ? Tu seras recherché partout et quand on te trouvera tu seras encore au centre non ? [on lui explique que s’échapper du centre n’est pas un délit, c’est considéré comme une « fugue »]

Depuis qu’il y a eu les évasions les flics ils sont plus sévères quoi. Hier y’avait des bagarres, ah les oufs, ils sont même pas intervenus : Ils ont laissé les gens se battre, après zarma ils ont pris les plaintes. « Allez battez vous et après celui qui a le plus mal il va porter plainte ». Ici ils patrouillent tout le temps depuis les évasions, ils montent la garde. D’habitude je sors le soir pour marcher un peu, y’avait pas de policiers qui restaient, maintenant y’en a trois ou quatre même, ça change tout le temps, c’est bien surveillé. Ils ont des problèmes dès que quelqu’un s’évade. On a entendu qu’il y a une enquête de la police des polices. Comment on fait pour porter plainte contre les flics ? Parce que comment ils se débrouillent avec nous, comment ils nous parlent, j’sais pas on dirait des animaux ici. »

3e personne « Vous avez su pour l’évasion y’a quelques jours ? Y’en a sept qui se sont barrés, ils ont ouvert la porte, ils ont couru et en même pas deux minutes ils étaient dehors. Ils ont rattrapé personne, parce que les sept ils nous ont appelés de l’extérieur, et les sept ils sont dehors, ils ont pas d’adresse de toutes façons !

Moi je pète un câble parce que c’est un peu compliqué. J’ai grandis en France tout ça, j’ai mes certificats de scolarité, j’ai mes parents ils sont français, tout le monde est français chez moi, Y’a que moi j’ai pas demandé la nationalité, alors que normalement je dois l’avoir. Mon père il est français depuis 1992, et la loi dit que normalement je suis français parce que j’étais mineur. J’avais mon titre de séjour mais en fait il s’est périmé parce que voilà j’ai fais des conneries, j’étais en prison. Il s’est périmé pendant que j’étais en prison, et pourtant j’suis sorti en semi-liberté sans papiers sans rien, j’étais en conditionnelle aussi, et là j’sais pas j’ai été demander le renouvellement de mon titre de séjour, et le préfet il a commencé à me compliquer la situation, tout ça… En fait il a fait la demande d’arrêté d’expulsion, et voilà j’suis là, et là on essaye de voir mais ils veulent pas en fait.

Normalement je passe dans deux jours devant le JLD et je vais voir ce qu’il va me dire. En fait j’ai une double peine, c’est ce que je leur ai dis, j’ai fais des conneries, voilà j’ai payé, j’ai assumé, j’ai payé ce que je devais, j’sais pas pourquoi je suis là. Et même la loi dit que je suis inexpulsable, mais pourtant j’suis dans un centre de rétention et j’sais pas, en fait je pète un câble, parce que quand il a fait la demande d’arrêté d’expulsion, ils donnent toujours une date de vol avec et moi c’est le 24 et là je sais pas, je panique, j’attends demain voir si ils mettent un vol ou pas… Voilà ça dépend les cas, moi je sais qu’ils ont toute ma vie, ils peuvent m’expulser à tout moment mais je sais pas, voilà…

Depuis l’évasion, ils nous cassent les couilles un peu, ils éteignent la play très tôt, et la télé très tôt aussi, et maintenant ils nous font passer obligatoirement sous les portiques là, même quand on revient pas de visite en fait. Tout à l’heure moi j’ai été pour signer le rejeté de requête, et ils m’ont fait passer sous les portiques, j’ai dis « Pourquoi ? Je reviens pas de visite là, j’étais avec vous tout à l’heure, c’est vous qui êtes venus me chercher et c’est vous qui me ramenez pourquoi je passe ? » Et après il commence à me raconter sa vie tout ça…

Maintenant krarie ils appliquent le règlement à la lettre. La police des polices ils sont arrivés, en fait, quand y’a eu l’évasion, y’a le mec qui bosse ici qui répare les trucs tout ça, il est tout le temps accompagné de trois flics, il vient avec sa trousse là avec des tournevis, tout ça, il est venu, il a installé un truc, en fait il a fermé toute la serrure. Il a bien caché en fait, il a soudé, tout ça nananah et c’est tout à l’heure qu’ils sont passés les enquêteurs, donc ils vont voir que eux ils ont fait leur boulot, en fait ils ont fait ça à l’avance. C’est hier soir qu’ils ont réparé ça ils est venu le soir tac tac tac il a réparé ça, toutes les erreurs nananah, et ce matin ils sont venus, je les ai vus la police des police ils étaient tous en civils, ils ont pris des notes, ils ont pris des photos, mais je pense que c’est trop tard hein !

C’était trop facile de s’évader ! Ils ont ouvert une porte, ils ont couru, moi j’ai vu la porte ouverte mais j’ai pas voulu courir parce que moi ils connaissent toute ma vie… J’ai pas envie qu’ils viennent me chercher, et de toutes façon je vais sortir demain, j’vais demander mes papiers hein ! J’vais aller demander mes papiers et ils vont me ramener en prison ! C’est pour ça que je voulais pas m’évader…

En fait l’alarme elle fait semblant, ici ils sont en mort d’effectifs en fait, le soir ils sont même pas dix, ils sont même pas dix dans tout le centre ! Ca veut dire là quand y’a eu l’alarme, les mecs ils mettent au moins 3-4 minutes pour réagir, même plus ! Ca veut dire 3-4 minutes t’es déjà dans le RER, tu cours vite là et t’es dans le RER. Y’a un mec là ils nous a appelé 5 minutes après, il a dit « j’ai pris le rer et là j’suis dans le métro ! » Non mais c’est vrai ils sont lents ici ! T’façon avec les caméras ils peuvent savoir la police des polices, hein, s’ils veulent vraiment…

Y’a pas trop de tensions parce que ça va on s’entend bien ici franchement, ça va on s’entend bien ici, on traîne tous ensemble, les arabes, les noirs, on est tous ensemble en fait. Ca va, personne s’embrouille, si y’a une embrouille on sépare tout de suite, y’a rien franchement, entre nous y’a rien. On est déjà dans la merde on va pas s’embrouiller entre nous encore !

Y’a Manuel Valls qui est passé y’a pas longtemps, y’a même pas deux semaines de ça. Il est passé là y’a pas longtemps, avec des journalistes tout ça nananah, et nous on a crié de loin pour l’interpeller, on voulait lui parler mais il a pas voulu en fait, ils nous a même pas calculé, il est parti de l’autre côté…

Moi ça fait 22 jours que j’suis là, normalement j’passe le 25 pour le deuxième jugement, mais en fait chaque fois qu’il y a un arrêté d’expulsion, y’a automatiquement une date de vol avec, et la date de vol en fait c’est la veille avant que tu passes devant le juge pour les 20 jours là, la deuxième fois, deuxième jugement en fait devant le JLD. C’est toujours la veille en fait.

Moi normalement je passe devant le juge le 25, parce que j’ai fait 20 jours ici, mais en fait comme ils m’ont mis un vol le 24, automatiquement ils attendent si y’a le consul algérien, l’ambassade algérienne, donne un laisser passer, parce qu’ils ont pas mon passeport. Mais si l’ambassade ne donne pas de laisser passer, bah le lendemain j’passe devant le juge en fait, mais je prends pas l’avion, j’attends juste le laisser passer.

Pour l’instant je sais pas parce que je sais pas ce qui est mentionné sur le dossier du consul, le consul j’ai parlé avec lui, tout ça, j’ai expliqué ma situation, il a noté ce qu’il avait à noter mais je sais pas ce qu’il a noté en fait, personne peut savoir. Et c’est la merde ça veut dire, moi là je panique, c’est vrai que c’est le 24 normalement. Là ça veut dire là c’est demain qu’ils affichent la liste des vols, et franchement là c’est la merde. Je vais refuser mais c’est juste le fait qu’ils m’accrochent un vol, c’est… Voilà, c’est un truc de ouf. Toute ma vie je l’ai passée…En plus j’ai même pas de famille en Algérie, rien, j’ai grandis en france, ma grand mère elle était en algérie, elle est décédé, j’ai le certificat de décès, tout, mais ils veulent rien savoir… »

27-11-12 Vincennes 1 « Aujourd’hui j’ai reçu un coup de fil d’un vieux pote qui vient d’arriver en Europe, il va me visiter là, ça va me changer…Sinon y’a rien de nouveau, comme d’hab : y’a trop d’arrivants et les anciens ils en peuvent plus là tu vois. Y’a eu vite fait des expulsions là depuis vingt jours, un direction la Tunisie et un direction Égypte. Les gens juste ils attendent tout le temps, mais c’est long 45 jours ! Pas longtemps après que je sois arrivé, y’a le ministre de l’intérieur qui est venu visiter le centre, mais y’avait personne qui était au courant tu vois. Y’avait des gens ils voulaient lui parler directement de comment ça se passait ici, mais personne était au courant. Zarma tout était calme, tout le monde était dans sa chambre tu vois. Il a pris des photos, il a parlé vite fait avec des officiers qui travaillent ici, mais pas avec les détenus quoi. Quand je serai libre, on se voit tous dehors hein ?! »

Trouvé ici

[Paris] 7 évasions au centre de rétention de Vincennes dans la nuit du 20 au 21 novembre 2012

Sept personnes se sont évadées du centre de rétention de Vincennes dans la nuit de mardi à mercredi en forçant une porte arrière du bâtiment vers 23 heures au moment de la relève. Ils sont ensuite partis en direction de l’autoroute A4.

Sur l’année 2011, 14 retenus on réussi à s’évader du centre de Vincennes sur 3 214 qui y ont été enfermés (51 385 sur toute la france et outre-mer en 2011) (source : rapport annuel des associations présentes dans les centres qui vient de sortir pour l’année 2011).

Autour de la manif du 16 novembre 2012 au CRA de Vincennes

Vendredi soir nous étions une petite centaine à nous retrouver dans la gare de Joinville-le-Pont, en réponse à l’appel à la manifestation qui a (largement) circulé dans les rues, sur le net et sur les ondes ces dernières semaines. Les chiens de garde de la RATP attendaient dans la gare, menaçants, et espéraient nous intimider. Nous sommes sortis sans encombre, par un accès non surveillé. Derniers préparatifs, noms d’avocats, distribution de matos pour faire du bruit ainsi que de gilets réfléchissants empêchant (on l’espère) l’éventuelle identification photographique a posteriori. Des nouvelles du centres nous sont parvenues juste avant la manif’, une rébellion a eu lieu la veille, et les retenus nous ont encouragés à venir manifester. L’objectif est posé : tenter d’arriver au plus près du centre et nous faire entendre des retenus. Il est également entendu qu’en cas de charge nous serons disposés à y répondre (une banderole renforcée en tête “Contre les frontières et les centre de rétention”). Nous tentons de prendre la route qui mène à l’arrière du centre, fumigènes, slogans, la détermination est palpable. Deux lignes de CRS se mettent en place, une hésitation nous fait rater l’opportunité de passer, le rapport de force semble défavorable, Nous tentons autre chose.
Demi-tour, toujours aussi motivé-e-s, nous allons devant le centre, où nous nous retrouvons devant un dispositif conséquent bloquant à la fois l’accès au bois et à l’école de police. Nous sommes loin du centre. Les feux d’artifices et les pétards sont perçants, comme nos cris, mais tout aussi moches.
Après s’être égosillés et explosés les tympans, plus de carburant. Nous avons appelé les retenus. La plupart ne nous entendaient pas mais quelques-uns ce sont mis, eux aussi à se rassembler à l’intérieur du centre, tentant de s’évader en grimpant aux grilles, brûlant des poubelles. Des renforts de police sont arrivés, ils ont été pris en étau comme nous dehors. Nous avons décidé de repartir. Les flics ont décidé de nous escorter jusqu’au RER.
“On est trente, en manif ; et on ballade la police ! “

Niveau répression, Il ne s’est rien passé à Vincennes ce soir-là. Les flics nous ont juste laissé manifester, dans le cadre qui leur convenait sans qu’ils n’aient été à aucun moment inquiétés. Point de joie, donc. Cependant, au vu de la faiblesse des initiatives autonomes, – qui n’est pas celle de la répression-, oser une action publique, sans se cacher ni travestir son discours pour utiliser des individus comme masse, ou des orgas comme légitimité, n’est pas chose aisée*.

Manifester devant le centre, ne saurait être, pour nous**, une finalité en soi, ni un moment purement symbolique. Il s’agit plutôt d’un pari, d’une proposition, d’une expérimentation pour tenter d’initier une nouvelle dynamique de lutte contre les centres de rétentions et les frontières. C’est un moyen parmi d’autres qui ne veut pas cristalliser ni réduire le champ d’action envisagé.
Des initiatives moins visibles mais complémentaires ont accompagné la manif. Tables d’information, développement des contacts avec l’intérieur, collecte de témoignages, émissions de radio, collages d’affiches, discussions, confection d’outils de diffusion (tracts, tags, journal mural également mis en ligne, etc.), “travaux pratiques” (repérages, banderoles, etc.) Ces initiatives participent à inscrire cette lutte dans une continuité, et à se détacher ainsi d’une simple démarche réactionnaire ou évènementielle. Les nombreuses formes de résistance et de révolte qui fleurissent dans les CRA ne sauraient être les seuls moments consacrés qui aiguisent notre solidarité.

Des individus échangent, se confrontent, s’organisent et désirent continuer à le faire.
Sont donc formulées des bases claires : le désir de continuer à lutter contre les centres de rétention et la machine à expulser en construisant des initiatives autonomes, l’exigence de s’organiser horizontalement de manière informelle ainsi que la volonté de s’ouvrir à un dialogue réciproque entre le dedans et le dehors.
Ses bases pourraient conduire à provoquer une rencontre, et trouver des complicités pour s’attaquer aussi à ce qui est moins visible, pour affiner notre solidarité, la rendre active, lutter avec et non pas pour d’autres.

*Et ceci sans compter les distances, menaces, désolidarisations et dissociations, en d’autres termes, la répression préventive des commentateur-ice-s attardé-e-s. Celleux-la mêmes qui commencent toujours par poser des questions de flics avant de se poster en juges et censeurs, bel effort d’autoritarisme. Celleux-là mêmes qui isolent des idées et des pratiques pour sauver leur cul confortablement installé derrière un clavier. Celleux-là mêmes qui placent la stratégie avant l’éthique, qui, empli-e-s de compromis et de tolérance, en arrivent à jouer le jeu de l’État. On n’oublie pas non plus les politicien-ne-s qui se constituent en institution morale et souhaitent nous voir enfermé-e-s, pour se prouver qu’illes avaient raison.
Sérieux, il faudrait songer à vous auto-dissoudre…

**Joker & Pingouin, deux anarcho-individualo-nihilo-insurrectio-toto-sous-prolétaires-radicaux-chics qui croient que le monde est fragile comme une vitrine.

[texte reçu par mail]

Paroles de retenus depuis le cra de Vincennes, avant et après la manifestation du 16-11-12

Le vendredi 16 novembre, une manifestation était appelée à 18 heures pour s’approcher au plus près du centre de rétention de Vincennes. (Un récit de la manifestation est consultable ici)
Nous avions déjà appelé durant le mois précédent pour prévenir les retenus, et nous avons passé des coups de fil le jour même, avant et après la manifestation. Ces appels nous ont permis d’apprendre que les retenus nous avaient entendus dans les centres 1 et 2. On a surtout pu être au courant de révoltes à l’intérieur, faire circuler les informations entre les centres, et raconter la manifestation aux retenus. Ces contacts nous motivent d’autant plus à venir crier notre rage et notre solidarité devant le centre de Vincennes, et devant tous les autres lieux d’enfermement.

16-11-12 MIDI

Vincennes centre 2

« Ca se passe très mal, y’a une personne qui a fait une tentative de suicide hier, il est passé à l’hôpital après. Et après y’a des cars de crs qui sont arrivés, en force, avec les boucliers vous voyez. On est traité comme des chiens, voilà. Y’a un Egyptien qui est parti à l’hôpital parce qu’il a tenté de se suicider, il a été maltraité en fait, il est à l’hôpital encore. Y’a un groupe de gens ils ont commencé à mettre le feu ici, à casser à peu près partout. »

Vincennes centre 1

« Ils ont ramené le ministre ici la dernière fois, le ministre de l’intérieur. Il a rien fait, il est juste passé. Y’a pas de ballon ici, y’a pas de plays, ils ont enlevé tous les jeux ici.
Les gars, ils m’ont dit comme quoi après si il y a une manifestation ils vont mettre le feu ici, à l’intérieur. »

16-11-12 SOIR

Vincennes centre 2

«Aujourd’hui vous avez fait une manifestation ? Oui, on a entendu un peu et l’assfam avait parlé de ça aussi, l’association qui s’occupe de nous. Voilà, on vous a entendu un peu. Mais vous avez pas pu rentrer quand même, c’est dommage. Nous on est sortis dehors, on est sortis dans la cour, on a crié mais vous deviez pas nous entendre.
Y’a des gens qui partent demain mais tant pis, on va croiser les doigts tout va se passer bien.

Hier, y’a eu des maltraitances d’un type égyptien qui est parti à l’hôpital. Voilà la police est venue en force, en groupe de 100 policiers parce qu’il y avait des manifestations des retenus et tout, vous voyez ? Ca se passe pas comme on veut, comme vous le savez. Ils ont ramené notre collègue à l’hôpital les pompiers. Y’a eu des casses de néons, caméras, portes, tout ça, après ils sont rentrés en force, voilà. »

Vincennes centre 1

1re personne
« Franchement c’est dur à l’intérieur, c’est chaud. Ca va partir en couille ici, y’a eu une dinguerie ici à l’intérieur, ils ont ramené les crs et tout ça. Y’a eu une dinguerie, des poubelles ont cramé et tout ça, et après ils ont ramené les crs avec les matraques et tout ça. Maintenant c’est calme, il y a trop de policiers. Ils sont encore là, ils étaient 60 ou 70 personnes quand même, tu peux rien faire. On voulait sauter les grillages et tout ça, ça sonne…

C’est pas un centre ici, c’est un hôpital. Les gens ici ils prennent des médicaments c’est un truc de ouf. Tu vois des gens ici ils pètent les plombs, et en plus les infirmières elles donnent du Subutex et tout, les gens ils pètent les plombs ici.

Ca va rien changer de faire une dinguerie dehors, même si vous cramez les camions des policiers, ça va rien changer. Parce qu’ici… comment expliquer… c’est dur ici, c’est dur. Tu peux pas sortir, dès que tu touches les grillage ça va sonner direct. »

2e personne
« Tout le monde s’est rassemblé ici, y’avait des poulets ils ont ramené des renforts, ils ont commencé à pousser. En plus ils ont repris les playstations, y’avait 3 playstations, ils voulaient pas nous donner les ballons pour jouer au foot, y’a pas d’activités, y’a rien tu vois c’est galère ici. C’est vraiment pourri.

On entendait la manif’ mais vite fait, on est loin, on est loin t’as vu, mais on l’entend quand même. Ils ont pété les plombs ici, ils voulaient brûler le centre, ils voulaient s’échapper mais y’avait des flics partout. Ils sont toujours là, ils sont six je crois, à part dans l’accueil, ils sont six qui se baladent dans le centre, aller-retours tu vois. Ils ont seulement poussé.

On m’a dit que y’avait plus que 150 policiers dehors, plus que les gens de la manifestation. Ici y’a pas moyen de s’échapper, y’a des barbelés, tu sais quoi, ils sont branchés avec l’électricité, dès que tu les touches t’es cramé mec. Moi je pense que c’est interdit tout ça, en plus y’a des détecteurs de mouvements, des caméras…

J’ai vu les feux d’artifices, c’était le hagla dehors, j’aurais bien aimé être avec vous. Dès que je sors d’ici je vais quitter la france, y’a rien à faire, dès qu’ils vont me contrôler ils vont me mettre dans un centre, et tu sais quoi, on va passer 45 jours là. Si chaque fois qu’ils te prennent tu restes 45 jours ça sert à rien de rester ici. »

Vincennes centre 3

« On n’a pas tout entendu, y’a la police qui nous a dit qu’il y avait une manifestation devant le centre. On a crié un peu, mais comme on entendait pas de cris ou de choses comme ça… A 19h, comme on était à l’intérieur, on attendait les cris, mais bon comme personne a entendu les cris ça fait que, bon, on peut pas trop manifester comme ça, comme c’est la police qui a dit qu’il y avait la manifestation… C’est un plaisir pour nous qu’il y ait des gens au dehors qui pensent à nous, ça fait du bien quoi. »

Ni matons ni prisons n’arrêterons nos rébellions !
Liberté pour toutes et tous avec ou sans papiers !

Trouvé sur indynantes

Récit de la manifestation du 16 Nov 2012 pas-trop-trop loin du cra de Vincennes

Récit de la manifestation du 16 Nov 2012 pas-trop-trop loin du cra de Vincennes

Rendez-vous était donné à 18 heures au RER de Joinville-Le-Pont pour une manifestation “nocturne et sonore” visant à s’approcher au plus près du centre de rétention de Vincennes. Une petite centaine de personnes avait répondu à l’appel non déposé en préfecture..

Le cortège démarre une demie-heure plus tard, encadré par deux banderoles. Sur celle de tête, renforcée, est écrit “Contre les frontières et les centres de rétention”. Sur celle de derrière, “Liberté pour tou-te-s avec ou sans papiers”. On se met à crier et on se dirige vers l’arrière du centre, côté autoroute. Sur le chemin on se retrouve vite bloqués par des cordons de gendarmes mobiles. Deux fumis sont craqués et ont fait demi-tour suivis par les flics, pour passer d’un autre côté, par l’entrée du centre. On arrive au niveau du parking de l’hippodrome, bloqué par des barrières, des camions et des gendarmes. Un gros spot lumineux est braqué sur le cortège.

On reste là en continuant à crier des slogans, de plus en plus fort pour essayer de se faire entendre des retenus. “Pierre par pierre et mur par mur nous détruirons toutes les prisons”, “liberté pour tous, avec ou sans papiers”, “non non non aux expulsions, libération de tous les prisonniers”, ”feu feu feu aux centres de rétention”, “ni matons ni prisons n’arrêteront nos rebellions”. Des pétards, des fusées et quelques feux d’artifices sont lancés, les sifflets et les casseroles se mêlent aux cris de “liberté !”.

A l’intérieur, des retenus crient et manifestent aussi. Dans le centre 1, le feu est mis à des poubelles, des retenus tentent d’escalader les grillages, déclenchant les alarmes. Une soixantaine de CRS entrent à l’intérieur du centre pour mater la rébellion. Hier déjà, dans le centre 2, suite à une énième tentative de suicide, des retenus ont cassé du mobilier, des caméras, des néons et ont tenté d’allumer des feux, les CRS étaient alors également intervenus.

Dehors, au bout d’une bonne demie-heure, on décide de repartir vers le RER, encadrés par les flics, au chant de “on est trente en manif et on promène la police !” Arrivés sur le quai, toujours encadrés des CRS, on prend le train. Il n’y aura aucune arrestation. Des civils nous suivent, ils seront virés quelques stations plus loin à coup de slogans outrageants.

Continuons la lutte contre les centres de rétention et les frontières !

Solidarité avec les enfermé-e-s !

Quelques participant-e-s

Trouvé sur indymedia nantes

Paroles de retenus – 7 au 14 novembre 2012

Pour exprimer notre solidarité envers les retenus de Vincennes et d’ailleurs, manifestation devant le CRA de Vincennes le vendredi 16 novembre, RDV à 18h dans la gare RER A de Joinville-Le-Pont. Amenez votre gilet fluo pour être visibles !

Paroles de retenus récoltées du 7 au 14 novembre

07-11-12 -Vincennes 1

1re personne

« Avec la police c’est toujours le bordel ici, tout le monde est stressé, y’a des provocations, c’est ça hein. Mais quand même ça se passe. C’est comme dans une prison, c’est pareil. Tu peux pas manger, tu peux pas dormir bien. Le matin ils vont chercher une personne, ils vont réveiller tout le monde avec le micro, en tapant sur la porte. Y’a pas de play pour jouer là, y’a pas de ballons, y’a rien. Tu peux pas manger, même la nourriture tu peux pas manger. C’est la merde, tu peux pas manger. Le médecin il va donner à tout le monde des médicaments pour éviter les bagarres. Mais quand vous êtes malades… on va mourir ici ! »

2e personne

« Franchement ici c’est pas un centre, c’est un hôpital psychiatrique presque. Ca je te le garantis. Parce que l’infirmière elle donne des médicaments à tout le monde, elle donne des cachets chelous à tout le monde wallah. Quand les gens rentrent ils sont normaux, et quand ils sortent ils sont fous. C’est pas qu’elle les oblige, mais y’a des gens ils ont jamais pris de cachets déjà, tu vois ce que je veux dire. Ca veut dire ils viennent de temps en temps, elle leur donne des cachets. Les cachets tu les prends un premier jour, un deuxième jour, après c’est bon ça devient un manque, tu vois. Si tu les prends pas… Elle les oblige pas, mais c’est pas bien, ça veut dire elle joue sur le moral. Elle sait que les gens ici ils sont pas bien. Elle demande « ouais, t’arrives pas à dormir ? Viens je te donne des cachets… », je sais pas quoi… Laisse tomber. Moi j’en prends pas, heureusement je résiste un peu moi. Mais presque tout le monde en prend, c’est pour ça que je dis qu’on dirait un hôpital psychiatrique. C’est bizarre, normalement les trucs ça se donne pas comme ça, normalement il faut bien regarder si… C’est pas lui il dit « moi je veux » et tu donnes. Parce qu’ici y’a des gens qui sont pas biens, ils arrivent pas à dormir, c’est normal qu’ils soient pas à l’aise. Ca veut dire, elle elle va proposer ça, il va le prendre direct. Elle va dire « vas-y, ça va te mettre très bien, tu vas être tranquille, tu vas dormir ». Il le prend. Et après avec le temps il va plus arriver à arrêter, même il va sortir d’ici il va le prendre après, ailleurs.

On te calme, mais à part ça le reste c’est tranquille. Ca fait pas longtemps que je suis ici, ça fait cinq jours là. La police c’est tranquille. Y’a des provocations mais c’est pas qu’ici, c’est tout le temps, c’est partout. J’ai trop l’habitude pour ça. Tout le temps ils vont te chercher, comme ça. C’est normal de partir en garde-à-vue. Eux ils vont te chercher, ils te parlent mal, ils font des trucs chelous comme ça, c’est pour te chercher. Et après toi tu vas être con, tu vas faire un truc chelou, tu vas les pousser, tu vas les taper, ils vont te sauter.

Mon jugement ça c’est passé comme d’hab, 20 jours. L’avocat il m’a dit « si tu me vois dehors, moi j’ai rien fait, c’est mon travail ». C’est un commis d’office, il sert à rien. Même lui il m’a dit « je peux rien faire pour toi », parce que mon arrestation elle était bien faite, tu vois. Si tu payes pas, il va pas casser sa tête.

Franchement le seul truc abusé c’est les médicaments. C’est le truc pas sain, ça fait mal quand tu vois des gens qui rentrent normaux… Y’a des petits aussi tu vois, de 18 ans, 19 ans, 20 ans. Tu vois le mec il rentre normal après il sort comme un fou. En plus chaque fois que tu la vois [l’infirmière], elle te propose tout le temps ça, on dirait que c’est exprès. Même moi je suis passé la voir la dernière fois, parce que les produits pour le rasage ici c’est pas bien. Je me suis rasé après ça me gratte un truc de ouf. Je suis parti la voir, moi je parle avec elle, je lui dis « ça me gratte donne-moi un truc », elle elle me sort des médicaments. Je lui ai dit « arrête c’est pas la fête, tu m’as proposé 5000 fois le même truc ». Ca c’est le seul truc abusé, tout le reste ça passe, c’est bon. Mais juste les médicaments c’est pas bon. »

12-11-12 Vincennes 3

« Il y a beaucoup d’arrivants, vraiment beaucoup, on est deux par chambre et il y a des sortants aussi. On nous confisque nos portables qui ont des caméras et appareils photos. Y’a l’ASSFAM qui aide les gens qui viennent d’arriver pour les aider dans leurs droits, le problème c’est qu’au tribunal on est tous rejeté.

Moi ça fait 22 ans que j’suis en France, ils m’ont rejeté, on m’avait arrêté le vendredi, ils m’ont amené ici un samedi et le mardi je suis passé au tribunal, donc j’avais pas les preuves qui montraient que j’étais depuis 22 ans en France… J’ai donc téléphoné à l’association Charonne dans le 15e arrondissement, qui s’occupe de mon dossier et ils m’ont faxé tous les papiers dont j’avais besoin. J’ai un suivi médical aussi à l’hôpital, eux aussi m’ont faxé un papier comme quoi je suis suivi là-bas depuis 7 ans, j’ai des problèmes de tension artérielle, même le médecin ici l’a remarqué. Maintenant j’ai presque tous les papiers qui peuvent me représenter et je dois retourner au tribunal dans 20 jours.

J’avais un avocat commis d’office, tout le monde s’en plaint de ces avocats parce qu’ils nous défendent pas vraiment bien, ils survolent nos dossiers comme ça, comme disait l’autre « c’est un abattoir ». J’étais au tribunal administratif j’ai pas eu le droit de parler, j’ai pas pu dire même un mot, c’est juste mon avocat qui a parlé et l’autre avocat qui représentait le ministère de l’intérieur. Après je suis allé chez le Juge des Libertés et de la Détention et c’est là-bas que j’ai pu parler un tout petit peu mais ils m’ont demandé des preuves. Je les ai rassemblées et je compte les amener là-bas dans 20 jours… »

Vincennes 1

1e personne « Quand je viens et que je dors ici vingt jours, après ça me gratte partout, pareil mon pote il se gratte partout. On a vu les infirmières elles nous ont donné un produit j’sais pas quoi mais c’est rien en fait, ça marche pas. Il y a beaucoup de gens qui ont le même problème parce qu’ici c’est pas propre. Même ici ce qu’on mange c’est…Ou si tu demandes le ballon pour faire une partie de foot ils disent « vas-y il y a pas » ou j’sais pas quoi, les briquets c’est interdit ici quand je demande un briquet on me dit « vas-y il y a pas de briquet… ». Les flics y’en a qui sont gentils, y’en a c’est des chiens wallah. Des bagarres y’en a toujours. Tous les jours deux trois bagarres, minimum. On est en stress. Il y deux semaines y’a une une bagarre avec les flics, c’est le hagra c’est le bordel tu vois… »

2e personne « Ici y’a des choses qui passent et y’a des choses qui passent pas, tu vois ? Y’a des flics qui sont gentils, y’a des flics qui sont pas gentils, ils sont…laisse tomber ! La vérité quand je viens ici, je dors 5 jours après je me gratte partout. J’ai vu le médecin il m’a donné un produit : « tiens, prends une douche », j’ai fais le produit, ça marche pas. En fait ici y’a pas de médecin, y’a pas un vrai médecin, il a rien fait le médecin, c’est pas un médecin ça, alors que y’a peut-être six ou sept gens qui se grattent de ouf, laisse tomber.

La première fois que j’ai vu le juge, il m’a dit « bonjour, vingt jours ! », donc après la deuxième fois je suis pas retourné chez le juge. Je savais la première fois il m’a donné vingt jours, donc après je le revois c’est quarante-cinq jours, donc j’y suis pas allé. Y’a des policiers ils sont agressifs, y’en a ils s’en foutent quand je demande du feu. Regarde, quand j’suis parti au parloir il a trouvé un briquet sur moi, il m’a dit « le briquet c’est interdit », après quand je demande un briquet pour allumer une clope il me dit « vas-y attends », j’attends cinq minutes, dix minutes, c’est fait exprès, ils jouent avec le moral tu vois. Quand tu demandes du feu et que t’attends cinq, dix minutes, c’est obligé tu dis « vas-y nique ta mère » j’sais pas quoi tu vois, après c’est moi qui suis dans la merde tu vois, les flics ils jouent avec le moral ici, de ouf. Moi je suis toujours froid, froid de ouf tu vois, genre « merci… » parce que je sais très bien…

Avant y’avait la playstation, tout le monde était calme. J’sais pas l’ASSFAM ou je sais pas qui ils ont enlevé toutes les play, y’a rien à faire maintenant, obligé de se bagarrer tu vois… »

13-11-12 Vincennes 2

« On a eu la visite de monsieur le ministre de l’intérieur [Manuel Valls] dernièrement. Il était là avec le préfet de police, avec beaucoup de monde. Il est pas resté longtemps on a même pas eu l’occasion de parler avec lui. Il a vérifié comment ça se passe ici, dix minutes et après il est reparti.

Ca se passe mal, c’est le stress. Moi ça fait 22 ans que j’suis là, j’aime trop ici. Y’a beaucoup de cas ici, dernièrement un monsieur qui est français il avait oublié sa carte, ils l’ont ramené ici, y’a l’ASSFAM ils ont contacté sa famille pour ramener sa carte après il a été libéré.

J’sais pas comment ça se passe, s’ils ramènent beaucoup de monde. Y’a des gens qui sont sympas, y’a des gens qui sont pas biens, y’a des gens qui provoquent, c’est comme dehors, donc on fait avec quoi. Le médecin c’est vite fait, les infirmiers ils s’entendent pas parce qu’apparemment c’est lui qui a le traitement et qui décide mais apparemment y’a beaucoup de gens qui sont en manque. Ils donnent des médicaments pour les calmer un peu. Pour résister la première fois ça va, la deuxième ou troisième c’est un peu plus musclé quoi, avec force, ils utilisent la force. »

14-11-12 Vincennes 2

« Franchement ici entre guillemets y’a un peu de racisme. On est comme des détenus. Par exemple comme aujourd’hui y’a trois vols, et dans les chambre y’a la fouille, c’est comme dans 90 minutes enquête, c’est comme ça que ça se passe « vas-y bouges toi… », « vas-y… ». Tu vois t’es avec une cigarette on te dit « vas-y éteins ta cigarette », on dirait t’as pas le droit de fumer carrément.

J’suis passé devant le juge, le problème avec l’avocat là-bas directement il m’a dit, dès que j’suis arrivé il m’a dit « le 28/11 tu vas partir, on va te donner un vol » moi j’ai dit « tu vas me donner un vol alors que j’ai même pas vu mon consulat ? ». J’ai même pas vu un consul il m’a dit « ok, ok, on va vous donner vingt jours après on va voir. » Ils jouent sur le moral hein, c’est comme ça. Normalement la date limite c’est quarante-cinq jours, dès que t’es à 44 jours ils disent « peut-être qu’on va te faire un vol, il faut pas être heureux hein, peut-être que demain tu rentres chez toi ! ».

On dirait on a fait un crime. Si on a débarqué ici, c’est qu’on n’est pas là par hasard. Jusqu’au bout, même quand t’as pu que trois heures avant de sortir ils jouent sur le moral. Ils m’ont demandé « tu veux un avocat ? » j’ai dit « oui, c’est bon ». Il m’a même pas défendu, il est avec eux en fait, il travaille avec eux. Effectivement c’est l’avocat qui m’a dit « on va te faire un vol », avant d’entrer devant le juge. Le juge il était gentil avec moi. Mais l’avocat il voulait, s’il avait les moyens il me donnait un vol directement. Dès que j’suis arrivé au palais de justice s’il avait les moyens il me donnait un vol.

Franchement c’est abusé, ils jouent sur le moral, ils font des trucs c’est pas bien comme ça, on est sous pression. Jusqu’à maintenant j’ai pas vu le consul moi. Y’a pas que moi y’en a plein qui ont pas vu le consul. J’espère qu’on va sortir et qu’on va pas rester ici quand même. Tout le monde travaille. S’ils vont chercher les sans-papiers tout Barbès ils vont rentrer chez eux hein, tout le monde est sans papiers ici. Si on gagne de l’argent on va dépenser de l’argent aussi, on est comme ceux qui ont des papiers sauf qu’on peut pas rentrer chez nous, t’façon on va dépenser de l’argent ici, on va acheter des trucs, sans papiers c’est pas un handicap quand même. »

Pour exprimer notre solidarité envers les retenus de Vincennes et d’ailleurs, manifestation devant le CRA de Vincennes le vendredi 16 novembre, RDV à 18h dans la gare RER A de Joinville-Le-Pont. Amenez votre gilet fluo pour être visibles !