Sans Papiers Ni Frontières

Icon

Contre les frontières et leurs prisons

[Vincennes] Nouvelles et Témoignage depuis la prison pour étranger 18 avril 2013

Ces dernières semaines, nous avons eu des nouvelles de l’intérieur du centre par le biais d’une personne enfermée dans le cra 2 qui a appelé sur le téléphone de l’émission de radio Sans papiers ni frontières. Il a malheureusement été expulsé aujourd’hui, sûrement vers l’Algérie (il est Tunisien…).

Malgré la difficulté de mettre en oeuvre des réponses pratiques face à ce genre d’appels, c’est important que le numéro continue de tourner et que les infos sortent de l’intérieur, en ne désespérant pas d’être capables de construire des formes de solidarité plus concrètes à l’avenir. Je rappelle le numéro, à diffuser largement : 06.50.07.52.32

En ce moment, et comme souvent, la colère ressentie par certains retenus se mélange à un fort sentiment d’impuissance. Les expulsions ont l’air de battre leur plein, et notamment grâce à la complaisance du consulat algérien qui semble délivrer des laisser-passer à tour de bras pour tous les ressortissants du nord de l’Afrique, peu importe leur nationalité. Les flics usent toujours des mêmes sales méthodes. Le 13 avril, deux retenus refusent un vol. L’un en est à 22 jours de rétention, l’autre à 44 jours. Quand ils réintègrent leur chambre, les flics viennent chercher celui qui en est à 44 jours pour lui demander de “venir signer un papier”. Quand il sort de la chambre, ils lui sautent dessus et le scotchent pour le mettre dans l’avion. De leur côté les juges font fonctionner l’abattoir judiciaire et collaborent avec la préfecture, avec l’aide des avocats commis d’office qui, comme d’habitude, n’ont “rien à dire” pour la défense des retenus.

« Y’a des gens qu’ont des maladies graves comme l’hépatite C, y’a trop de maladies. Là le médecin, j’ai parlé avec lui. Pour les gens qui sont malades vraiment, il a parlé avec la préfecture, il a dit « ce monsieur il est malade, vous n’avez pas le droit de le garder, de renvoyer une personne comme ça avec une hépatite C ». Le médecin il envoie trois certificats médicaux pour la préfecture, la préfecture n’est pas d’accord, ils ont renvoyé cette personne. On dit il y a la loi de l’homme, mais moi j’ai pas trouvé la loi de l’homme, la préfecture elle fait ce qu’elle veut. Les gens ils sont malades, ils les envoient pas à l’hôpital. Ils font là le traitement, toute la journée on est défoncé, on n’arrive pas à parler, on arrive à faire rien du tout. Vraiment y’en a marre. On est tout fatigués, on est tout faibles. On n’a pas le droit au médecin pour examen, mais pour le valium, le seresta, les médicaments qui sont trop forts tu vois, pour les gens qui consommaient de la drogue… Ils nous ont envoyé au juge, il nous laisse même pas la chance de parler, même pas un mot. Le juge il parle il dit : « tu veux être libérer, ramène ton passeport, je te libère ». On a donné le passeport pour le juge, il donne le passeport à la préfecture, ils renvoient ce monsieur direct. Ca c’est pas correct qu’un juge il dit « bon, ramenez pour moi votre passeport, je vous promets je vais vous libérer ». Tu donnes le passeport, il le donne direct à la préfecture, demain il a l’avion. Ils ont renvoyé deux mecs marocains, un du cra 1 et un avec nous du cra 2, ils les ont renvoyés en Algérie, sans passeport, sans laisser-passer, sans rien du tout. Ils ont pris trois mois de prison en Algérie. Y’a personne qu’a un passeport, y’a personne qu’a une pièce d’identité, y’a rien du tout. Moi j’ai pas parlé un mot avec le consul, ni en Français, ni en Arabe, comment il retrouve quelqu’un qui n’a même pas parlé avec lui ?! »

Liberté pour tous et toutes !

Reçu par mail

Category: Depuis l'intérieur

Tagged: , , ,

Comments are closed.