Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Vincennes] témoignage du centre de rétention de vincennes – 7 juin 2013

Témoignage d’un sans-papiers arrêté lors de la rafle d’hier (6 juin) à Barbès.

«  Les flics nous ont traités comme des terroristes. Ils nous ont mis des menottes en plastique. Elles étaient très serrées, on a encore les marques. On va aller voir le médecin pour faire un certificat. Ils ont encerclé Barbès et ils contrôlaient « au visage », tous les Arabes, les noirs… Ils étaient très méchants et ne respectaient personne. Il sont arrivés vers 14 heures et gueulaient après tout le monde dans la rue. Il y a des gens ça fait 10 ans qu’ils sont ici et ils n’avaient jamais vu ça. 

Moi je sortais de chez le coiffeur et c’est un policier en civil qui m’a arrêté. C’était comme Guatanamo. Ça veut dire quoi ? Parce que on est arabe, on est des terroristes, ou quoi ? On a risqué notre vie sur un bateau, on est passé par Lampedusa et ici il n’y a pas de liberté.

On a cru qu’on était en Tunisie. On n’ a pas de problème avec les gens ici, on a un problème avec les flics.

Ensuite ils nous ont amenés au commissariat de Clignancourt, on était 40 dans une cellule et on ne pouvait pas respirer. Et si on protestait, les flics disaient : «Ferme ta gueule. Pourquoi vous êtes venu ici, Restez chez vous!». Il y avait aussi un vieux touriste marocain au commissariat, sa famille a apporté ses papiers et il a été libéré. Quel accueil touristique !

Devant le commissariat il y avait des dames qui n’étaient pas d’accord et qui criaient « Liberté ! » Et les flics les ont frappées. On a doit être 40-50 de Barbès au CRA‌. Même en Tunisie la prison c’est pas comme ça. Personne ne mange. On a décidé de faire la grève de la faim la semaine prochaine. La prison c’est mieux parce que là je ne sais ce qui va se passer demain. Il n’y a pas de solution. (…)

Centre de rétention de Vincennes, vendredi 7 juin 2013

Les sans papiers arrêtés hier devraient passer mercredi prochain (12 juin 2013) au JLD de Paris.

Soyons nombreux pour les soutenir !

[Bruxelles] “Opération Cendres” – perquisitions chez des compagnons

Bruxelles – Le 22 mai 2013 vers 6h du matin, des dizaines de policiers de la section anti-terroriste de la police fédérale judiciaire investissent et perquisitionnent 3 domiciles où habitent notamment des compagnons anarchistes et anti-autoritaires ainsi que la bibliothèque anarchiste Acrata. Toutes les personnes présentes (11) sont arrêtées et emmenées aux bureaux de la police fédérale.

Les accusations sont : appartenance à une organisation terroriste, association de malfaiteurs et incendie(s) volontaire(s). L’opération est baptisée « cendres » et est dirigée par la juge d’instruction Isabelle PANOU, tristement célèbre pour sa longue carrière au service de l’Etat.

Les policiers emportent de nombreux documents, des effets personnels, les ordinateurs et tout ce qui a trait à l’informatique, les GSM’s (téléphones portables), du matériel d’agitation, etc. Pendant les auditions, auxquelles tout le monde refuse de collaborer, il apparaît que l’enquête porte sur des luttes, révoltes et activités allant de 2008 jusqu’à aujourd’hui notamment contre les prisons, la construction du nouveau centre fermé de Steenokkerzeel, les transports en commun (STIB), les institutions européennes et les eurocrates, la construction d’un RER à Bruxelles, l’OTAN, la machine à expulser, les huissiers et la construction d’une maxi-prison à Bruxelles. Sont aussi épinglées des publications telles que Hors-service ou encore plus généralement des écrits, affiches, etc. diffusés par des anarchistes et anti-autoritaires.
Vers 13h, tout le monde est relâché sans avoir eu à comparaître devant la juge d’instruction.

Face à ces accusations de terrorisme et à leur lot d’intimidations et de harcèlements, il n’y a pas à abandonner les idées et les actes visant la destruction de toute autorité et la joie que procure cette bataille.

Continuons à lutter pour la liberté, à abattre ce monde mortifère qui opprime et exploite.

Rien n’est fini, tout continue
Attaquons ce qui nous opprime

Bruxelles, 23 mai 2013

Quelques bribes de réflexion

Quelques bribes de réflexion, concernant les perquisitions qui ont eu lieu mercredi 22 mai à Bruxelles dans le cadre des accusations “d’associations de malfaiteurs à visée terroriste”.

Pourquoi maintenant, pourquoi ces adresses-là, pourquoi ces personnes-là précisément, peu importe. Inutile de se mettre dans leur sale tête de cochons et de spéculer à l’infini sur leurs raisons. Ils font leur sale boulot de fouineurs, ils veulent peut-être foutre la pression, mettre un coup de pied dans la fourmilière, ou pouvoir observer à loisir les mouvements des uns et des autres, noter, enregistrer, bref. Ces perquis’ n’ont peut-être pas comme seul but de tenter de rassembler des éléments pour faire avancer une quelconque enquête. Voulu ou pas par leurs commanditaires, cela entraîne un déplacement direct de nos attentions sur ce sujet-là. Si nous n’avons aucune prise sur leurs décisions et la temporalité dans laquelle ils inscrivent leurs coups de pression, nous en avons par contre sur l’impact que cela peut avoir sur nos vies.

Sûr, ça vient remettre les pendules à l’heure. Une grande claque, au cas où on aurait pu se leurrer sur le fait que l’État veut être partout et n’oublie jamais rien. Il est nécessaire d’ouvrir, et de maintenir ouvert, un espace de discussion, collectif autant qu’en plus petits groupes affinitaires, afin de ne pas donner à leurs saloperies plus d’importance qu’elles ne devraient en avoir en réalité. Certes, il s’agit d’entourer les compagnons directement concernés par ces perquisitions, de s’assurer de leur santé, mentale et physique. Mais ce serait une erreur de considérer que cela ne concerne qu’eux.

Avec leur nouveau package “association de malfaiteurs”, quiconque fréquente, les mêmes lieux, les mêmes réseaux de personnes, est un potentiel suspect aux yeux de l’État. Ça peut faire froid dans le dos, et le premier réflexe peut être un réflexe de survie conduisant à moins fréquenter ces lieux et ces personnes. Pour se mettre à distance, pour se laver aux yeux d’une potentielle surveillance. Sauf que ces choix-là amènent à l’isolement, non seulement des personnes, mais aussi des luttes qu’elles portent. Au-delà du fait que cela leur facilite le boulot, l’État a tout intérêt à nous focaliser sur la répression : pendant ce temps, nous voilà occupés à autre chose qu’à lui nuire et à comploter. La peur peut vite s’installer, autour de ces lieux mais surtout dans nos têtes et dans nos cœurs. La parano se distille dans nos veines et dans le moindre de nos mouvements, et voilà qu’il n’y a même plus besoin d’un vrai flic pour nous empêcher d’agir : nous nous sommes menottés nous-mêmes.

Sans vouloir minimiser les faits, le meilleur pied de nez que l’on peut faire à la répression, c’est de garder notre sang-froid, les idées claires, de rester solidaires les uns des autres, et de poursuivre avec prudence mais passion les combats que nous menons.

“Une société qui anéantit toute aventure fait de l’anéantissement de cette société la seule aventure possible…”

Avec une solidarité indéfectible

[Turin] Révolte au centre de rétention – 30 mai 2013

Soirée mouvementée au CIE de corso Brunelleschi : tout part dans la section bleue, quand un flic apostrophe l’air goguenard un mec qui prie¹. Le geste cause à l’improviste un mouvement de colère dans toute la section : les retenus crient, flics militaires et gens de la croix rouge sont insultés, et certains commencent à mettre feu aux matelas et aux draps. En un instant la révolte s’étend aussi à la section jaune et à la section blanche, où les prisonniers commencent à hurler et à brûler ce qui leur passe sous la main. Le directeur du centre arrive même à demander pardon aux retenus pour le manque de respect qu’ont démontré les policiers, mais cela ne suffit pas à calmer les esprits.

C’est vrai que dans la matinée la police avait effectué de lourdes perquisitions dans toutes les sections, se présentant avec casques et matraques à la recherche d’on ne sait quoi, c’est vrai que les deux retenus sur le toit de la section rouge continuent leur protestation et leur grève de la faim, et qu’il ne suffit sûrement pas de deux mots pour faire oublier les humiliations quotidiennes ou calmer la rage. Durant une bonne demi-heure les draps et les matelas continuent à cramer dedans, tandis que dehors une trentaine de solidaires s’ajoutent au bordel avec des pétards  des slogans et du boucan.

Après presque une heure la situation semble revenue à la normale, quand certains flics font irruption menaçants dans la section jaune et se mettent à malmener certains coupables d’avoir trop mis le bordel. Mais la réponse des retenus ne se fait pas attendre et les mecs de la section blanche commencent à lancer pierres et bouteilles d’eau contre les CRS de la section adjacente, les faisant battre en retraite.

En effet, beaucoup à l’intérieur disent que les mecs de la section blanche sont les plus vivaces et énervés. Peut-être parce qu’ils sont nombreux, peut-être parce que la section dans laquelle ils sont est neuve et avec tout le mobilier encore intact, peut-être parce qu’ils parlent peu italien et sont les cibles privilégiés du harcèlement policier, mais ils ont démontré un courage et une ténacité que les policiers feraient bien de ne pas sous évaluer².

source : macerie

Notes du traducteur :

1 Bien que ne partageant pas entièrement le prétexte de la révolte, il est nécessaire à la compréhension des faits.

2 On donne des conseils aux flics maintenant 🙂 ?

[MàJ][Turin] Deux retenus sur le toit – 25 mai 2013

Depuis samedi 25 mai, deux retenus du CIE de corso Brunelleschi à Turin sont sur le toit pour résister à leur déportation en Tunisie ( qui aurait du advenir par la mer, sur un bateau en partance du port de Gènes). Dans l’optique de rester là haut, pour passer la nuit et se prémunir du froid, ils se sont construit une espèce de tente. Dans la soirée, un groupe de solidaire a salué leur résistance avec des slogans et des feux d’artifices, disparaissant avant que la police puisse les identifier.

Des nouvelles bientôt

vidéo ici : http://www.youtube.com/embed/NsOpwTlGsd8

Mise à jour 27 mai

12 heures  – les deux mecs de la section rouge sont encore sur le toit. Depuis ce matin ils ont commencé une grève de la faim, et certains d’autres sections ont rejoint la grève. Il disent qu’ils ne descendront pas jusqu’a ce qu’ils parlent avec le consul et l’Ambassadeur  Régulièrement , le directeur du centre avec divers policiers, gens de la croix-rouge et militaires passent sous le toit cherchant à les convaincre de descendre. Mais pour faire plus simple les deux ont décidé qu’ils ne parleront plus l’italien et que si quelqu’un voulait communiquer avec eux ils devront au moins apprendre l’arabe. Pour chaque chose les deux se font aider par les autres de la section. La rouge est une section quasiment entièrement vidée, après les révoltes des derniers mois. Il en reste en tout 7, tous solidaires des mecs sur le toit. Ce sont eux qui leur ont passé la bâche et les cordes pour construire la tente qui fait jolie sous le soleil de ces derniers jours, et ce sont toujours  leur compagnos qui leur fournissent l’eau pour boire et pour se laver.

21 heures – Un groupe de vingt solidaires ont salué avec beaucoup de bruit les retenus du CIE, en particulier les deux mecs qui depuis samedi resistent sur le toit de la section rouge. Un quart d’heure de boucan autour de 19heures 30, avec slogans, petards et tapage. Pour réprimer dès la naissance chaque tentative de riposte des retenus, la police s’est préparé avec casques et matraques, et est entrée menaceante dans la section blanche, où les retenus criaient. Ecoute un coup de téléphone avec un retenu, ou télécharge le fichier mp3.

source : macerie

[Modène] Communiqué après le rendu du procès suite au rassemblement d’avril 2011 – 15 mai 2013

La sentence du procès de ceux qui se sont vu accusés de la violation des prescriptions émises par le préfet durant un rassemblement devant le CIE de modena le 3 avril 2011 est tombée le 8 avril 2013.

Nous rappelons qu’à la fin de ce rassemblement, la sono utilisée pour rompre l’isolement du lager et communiquer avec ceux internés a été saisie, et rendue près d’un an plus tard…

Le juge avec ce verdict,  qui ne prend pas en compte, même minimalement  les faits et les témoignages en notre faveur, nous a condamnés à une amende et au paiement des frais de justice.

Dans ce jugement par les magistrats nous ne pouvons que percevoir cette mise en garde : les luttes seront condamnées de toute façon.

Ce n’est pas une amende qui nous fera arrêter de lutter aux côtés des gens qui, avec toujours plus d’énergie, se rebellent dans ces camps de concentration nommés CIE, comme il est toujours plus clair que face au Pouvoir il n’y aura pas et ne devra pas y avoir de médiation lorsque l’on combat pour la liberté.

POUR LA LIBERTÉ DE TOUS ET TOUTES, POUR LA DESTRUCTION DE TOUTES LES CAGES JUSQU’À LA DERNIÈRE PIERRE !

 

source : nociemodena

[Modène] Rassemblement contre le CIE en solidarité avec les retenus en lutte – 11 mai 2013


Rassemblement contre le CIE en solidarité avec les retenus en lutte

Contre les lagers de la démocratie, où depuis 1999 sont enfermés les immigrés sans papier et en attente d’expulsion jusqu’à 18 mois au maximum. Les détenus sont contraints à subir à l’intérieur de ces structures des coups continus, des mauvais traitements, de la bouffe avariée souvent farcie de psychotropes.

Contre la police et l’armée qui en protègent les murs.
Contre les associations (Croix Rouge, L’Oasi, Connecting People, LegaCoop) qui se font du fric sur la détention des immigrés, contribuant à la machine à expulser.
En solidarité aux révolte qui depuis toujours enflamment ces centres, ici à Modène, comme dans toute l’Italie. La rage et la détermination des retenus ont mené à la fermeture de beaucoup de ces lagers, parmi lesquels ceux de Lampedusa, de Gradisca, de Bologne et aux dommages causés à beaucoup d’autres, aujourd’hui quasi inutilisables.

FERMER LES LAGERS DE LA DÉMOCRATIE
LIBERTÉ POUR TOUTES ET TOUS MAINTENANT
SAMEDI 11 MAI A 15 HEURES DEVANT LE CIE DE MODENA

VIALE DELLA MARMORA – uscita 10bis della tangenziale

source : no cie modena

PRESIDIO-AL-CIE-DI-MODENA-2

Deux articles en solidarité avec Ibrahim

D’une prison à l’autre, journal Barouf n°1, avril 2013

Solidarité avec Ibrahim, Lucioles bulletin anarchiste du nord-est de Paris n°8, avril 2013

[Turin] Révocation des arrestations domiciliaire pour Greg, Marta et Fabrizio – 3 mai 2013

Quelques mises à jour sur les compagnon-ne-s arrété-e-s le 11 avril 2013.

Les arrestation domiciliaires ont été révoqués pour tous, Greg et Marta sont interdits de Turin et sa région ; dans les dernières semaines la police a trouvé un autre compagnon, Fabrizio, qui lui aussi a eu une interdiction de Turin

traduit de informa-azione

[Turin] Paolo « libre », Greg et Marta aux arrestations domiciliaires – 25 avril 2013

Paolo est sorti de la prison de la Vallette  le 17 avril et a été « libéré » le 24 , Greg et Marta sont hors les murs depuis le 22. Ces deux derniers sont aux arrestations domiciliaires, avec toutes les restrictions (ce qui signifie interdiction de sortir, de visite, de tout contact avec l’extérieur par téléphone ou internet, possibilité d’une visite des flics à tout moment du jour et de la nuit). Une prochaine audience aura lieu lundi 29.

–> pour rappel : arrestation de compagnon-e-s à Turin et Lettre de Greg

[Modène] Rassemblement solidaire devant le CIE – 20 avril 2013

Samedi, à partir de 15 heures, s’est tenu un rassemblement devant les murs du centre de Modène. Une soixantaine d’anti-racistes ont crié des slogans et salué au mégaphone les internés, qui ont répondu avec du bruit et des cris. Le rassemblement a duré une heure et demi, puis un petit cortège a traversé le centre de la ville, une banderole en tête : Solidarité avec celles et ceux qui se rebellent dans les CIE, Fin des lagers d’État. Des interventions et des slogans ont suivit toute la via Emilia, interrompant le placide après-midi de shopping

La lutte contre ces lagers ne s’arrête pas là, un appel pour une autre journée de lutte et de solidarité devant les murs du CIE de via la Marmora a Modene suivra prochainement.

Des CIE et des prisons, on ne veut en voir que des ruines. Liberté pour tous et toutes !

traduit de nociemodena