Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Hotspots, barbelés, opération Eunavfor med, … la guerre aux migrant-es s’intensifie. Les luttes et les solidarités doivent se propager et s’amplifier ! & Brèves des frontières #5, luttes et solidarité – mi novembre 2015

Hotspots, barbelés, opération Eunavfor med, … la guerre aux migrant-es s’intensifie.
Les luttes et les solidarités doivent se propager et s’amplifier !

Chaque jour, les États européens annoncent la mise en place de nouvelles mesures répressives contre les migrant-es. Les rencontres entre dirigeants se multiplient, des accords de coopération sont passés, des moyens financiers sont débloqués. L’armée est déployée en Méditerranée et le long des frontières, les murs s’érigent en Hongrie, en Bulgarie, des nouveaux camps d’enfermement ouvrent en Italie, en Grèce, dans les Balkans…

L’Union européenne déclare hypocritement qu’elle fait face avec humanité à la situation de milliers de personnes qui essaient et/ou réussissent à rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure. En réalité, la situation à laquelle les migrant-es sont confronté-es est celle d’une guerre menée par les États européens.

En Méditerranée, l’opération militaire conjointe Eunavfor med continue. Après une première phase de « reconnaissance » la phase 2, rebaptisée « opération Sophia », permet aux forces militaires d’arraisonner en pleine mer les navires de migrant-es ainsi que de détruire les bateaux sur les côtes libyennes qui pourraient être utilisés par des passeurs. Six bateaux de guerre européens (italiens, français, allemand, britannique et espagnol) et 1300 militaires sont mobilisés pour cette opération qui est comme toujours présentée comme une lutte contre le trafic d’êtres humains et une action humanitaire pour empêcher les naufrages. Mais cette opération s’inscrit dans la continuité de dizaines d’autres, menées depuis des années au large de l’Europe par l’agence de surveillance des frontières Frontex et a en réalité pour but d’empêcher les migrant-es d’atteindre les côtes européennes et d’arrêter et d’enfermer ceux/celles qui y parviennent.
Pendant ce temps, les naufrages continuent. Les conséquences de ces opérations, ce sont les mêmes que depuis des années : des routes de plus en plus dangereuses, donc de plus en plus de mort-es (près de 5 000 personnes ont trouvé la mort en tentant de rejoindre le territoire européen depuis janvier 2014, plus 30 000 depuis vingt ans), et des tarifs de plus en plus cher, car la loi des passeurs est celle de l’économie capitaliste : plus c’est compliqué et risqué, plus c’est cher.
À travers ses politiques répressives, l’Europe enrichie ceux qu’elle prétend combattre et assassine ceux/celle qu’elle prétend sauver.
À terme, une troisième phase de cette opération prévoit des opérations au sol, notamment en Libye.

Dans les Balkans, à l’Est de l’Europe, des murs sont construits, l’armée se déploie le long des frontières pour empêcher les migrant-es de passer et les contenir dans des camps d’enfermement où ils/elles sont trié-es, identifié-es et autorisé-es au compte-goutte à passer ici où là.
Après la Hongrie, qui a érigé deux murs de barbelés à ses frontières avec la Serbie et la Croatie, l’Autriche, la Slovénie et la Macédoine envisagent à leur tour d’en construire. Aux confins de l’Europe, les murs anti-migrant-es se font de plus en plus nombreux et de plus en plus barbares : les pieux et les lames de rasoir sont là pour mutiler quiconque aurait l’audace de tenter le franchissement.
En Slovénie ou en Hongrie, l’armée est déployée le long des frontières et a ordre de tirer. En octobre, un migrant afghan a été tué par balle par les gardes frontière bulgares alors qu’avec un groupe il tentait de passer la frontière à pied.

En se parant d’un vernis humanitaire, l’Union européenne joue la division entre bon et mauvais migrant-es et annonce qu’elle va accueillir 160 000 réfugié-es sur deux ans, dans le cadre du « Programme européen de relocalisation ». Ces « bon réfugié-es » doivent maintenant être répartis entre les 28 pays de l’UE, comme on se réparti des sacs de merde. Mais n’en doutons pas, ceux/celles qui seront choisit seront ceux/celles qui occupaient une situation sociale aisée dans le pays qu’ils ont fui, ceux/celles qui seront « intégrables » et « utiles » pour l’économie capitaliste : diplomates, journalistes, médecins, universitaires, etc.
Le versant de ce « programme de relocalisation », c’est le « plan d’action pour le retour », qui prévoit l’expulsion de 400 000 personnes. Cette politique d’expulsion massive sera confiée à l’agence européenne Frontex qui voit son budget et son champ d’action élargi, avec la création d’une unité spéciale expulsions.

Pour mener à bien cette politique de « gestion des flux migratoires », des « centres d’identification et de tri », appelés hotspots, sont ouverts, pour l’instant à titre expérimental en Italie et en Grèce. Ces prisons pour étrangers, comme il en existe déjà à travers tout le continuent européen et au-delà, sont coorganisés par les agences européennes Frontex (surveillance et blocage des frontières), Europol (coordination des polices européennes), Eurojust (coordination judiciaire européennes) et EASO (coordination de la politique d’asile) et servent de lieux de tri entre les « bon réfugié-es » qui auront le droit à l’asile et les « mauvais migrant-es » qui seront expulsé-es vers leur pays d’origine ou des pays tiers. Toutes les procédures d’identification et de gestion des migrant-es y sont menées : prises d’empreintes, fichage dans les bases de données européennes (EURODAC), enquêtes sur les réseaux de passeurs, expulsions collectives. La photographie et la prise d’empreinte digitale sont fondamentales dans ce système dont l’objectif est de ficher et de trier. Il est prévu que les migrant-es refusant de s’y soumettre fassent l’objet de mesures coercitives.
À travers la mise en place de ces camps l’UE veut contenir les migrant-es aux portes de l’Europe, les empêcher de continuer leur voyage vers d’autres pays et faciliter les expulsions. Des négociations sont en cours, notamment avec la Turquie, afin d’ouvrir des hotspots dans les pays frontaliers, dits « tampons » et externaliser la gestion et l’enfermement des migrant-es.
Depuis des années, les États d’Europe délèguent leur politique répressive aux pays frontaliers afin de bloquer les migrant-es en amont. L’Europe apporte un soutien financier et matériel à de nombreux pays en échange de leur coopération à la gestion des frontières européennes.

À l’opposé, partout en Europe, personnes migrantes et personnes solidaires s’organisent collectivement pour passer les frontières, déjouer les contrôles, trouver des logements et exiger des papiers pour tou-te-s (ou pour personne). Des solidarités concrètes et auto-organisées se mettent en place allant à l’encontre des logiques caritatives et humanitaires, qui sont une énième forme d’oppression et de contrôle. L’humanitaire n’est qu’une autre facette de la répression des migrantes, car il créé un rapport de domination entre la personne qui donne et celle qui reçoit, reléguée à une position subalterne, dépossédée de toute autonomie. Mais personne n’est dupe et ne se laisse aveugler par les discours et les promesses des businessmans de la charité.
Partager un repas, échanger des informations pratiques, écrire et diffuser un journal sur les luttes et les expériences communes, organiser des manifestations, résister aux rafles et aux expulsions, passer les frontières, occuper un bâtiment vide, etc., sont autant de pratiques qui abattent les murs qui nous séparent et tendent vers des rapports d’égalité et d’échange, à l’encontre des logiques paternalistes et racistes dans lesquelles le pouvoir veut nous enfermer.
Aujourd’hui plus que jamais, alors que cette guerre s’intensifie et que dans toute l’Europe, le pouvoir réprime et traque celles et ceux qui lui prouvent chaque jour que sa forteresse n’est pas si bien gardée, nous devons être solidaires des luttes auto-organisées des migrant-es et multiplier réflexions et initiatives contre le contrôle, les frontières et les États.

Novembre 2015

 

Brèves des frontières #5, luttes et solidarité – mi novembre 2015

Paris (France). Le 6 novembre, les juges ont rendu leur verdict et condamné 4 personnes, 3 militant-es et un réfugié traducteur, suite à l’accusation de séquestration portée par Emmaüs après le mouvement de protestation contre les conditions de vie au centre Pernety :

La solidarité avec les migrant-es condamnée !!

4 mois de prison avec sursis et 1600 euros à verser aux parties civiles ainsi que 200 euros d’amende pour refus de prélèvement ADN, voilà le verdict pour les trois personnes qui étaient venues soutenir des migrant-es en grève de la faim dans un centre d’hébergement Emmaüs et le traducteur. La justice veut faire des exemples et dissuader la solidarité avec les migrant-es.
Depuis plusieurs mois, migrant-es et personnes solidaires luttent pour des logements, des papiers et la liberté de circulation. Manifestations, rassemblements, occupation de bâtiments, de rues, de places… s’enchaînent sans faiblir. En dépit de la répression et des pressions policières, des mensonges médiatiques et des fausses promesses de la Mairie destinées à casser le mouvement, rien ne parvient à enrayer la détermination des migrant-es et des personnes solidaires.

Dans les centres d’hébergement aussi, des mouvements de protestation ont lieu. Le 1er en date, le 4 août dernier, a lieu dans le centre d’hébergement Emmaüs situé dans le centre de rétention de Vincennes. Les migrant-es occupent les locaux et obtiennent satisfaction de leurs revendications : amélioration des conditions d’hébergement et suivi des démarches administratives. Quelques jours plus tard, au centre Pernety le 12 août, les migrant-es sont en grève de la faim car aucune promesse faite par la Mairie, l’Ofpra et FTDA, n’est tenue. Pas de suivi administratif, pas droit de visite, suivi médical aléatoire, pas de cours de français, peu de tickets de métro… Ils et elles prennent contact avec trois personnes solidaires qui viennent constater la situation et tentent de rendre public leur mouvement. Un sit-in dans le hall de l’ancien hôtel a lieu ; le personnel Emmaüs appelle la direction et Bruno Morel (directeur d’Emmaüs) décide qu’il s’agit d’ « une séquestration », appelle la police pour embarquer tout le monde. Deux occupations en quelques jours… pas question de laisser passer. Forces gendarmes mobiles déboulent dans l’immeuble, « sécurisent les lieux » et puis embarquent les 4 personnes extérieures à la structure. Embarquer les migrant-es, ça fait mauvais genre. C’est parti pour 65 heures de privation de liberté et de pressions policières. Pendant ce temps-là, alors même que le personnel d’Emmaüs se refusait à écouter les revendications des migrant-es, le suivi administratif se met miraculeusement en place, la qualité de la nourriture s’améliore. La solidarité n’aura pas été vaine !

À mesure que les campements puis le Lycée Jean Quarré sont expulsés, de plus en plus de migrant-es se retrouvent en centres d’hébergement et en découvrent la réalité. Des lieux où les personnes hébergées sont infantilisées, dépossédées de leur vie où les conditions matérielles sont souvent exécrables. Des lieux de relégation pour disperser, isoler et casser toute organisation collective. Pourtant dans ces centres d’hébergement, les mouvements de protestation se multiplient comme à Place de Clichy ou à Champcueil. Et les travailleurs sociaux y jouent parfois aux flics. Ainsi, au formule 1 de Saint-Ouen géré par le groupe SOS, « entreprise sociale », alors qu’un migrant refuse de quitter le centre et menace de se suicider, un travailleur social ne trouve rien de mieux que d’appeler les flics. Le migrant reçoit deux coups de tazer à bout portant et doit être conduit à l’hôpital.

Place de la république les migrant-es luttent pied à pied contre la pression policière depuis près de 15 jours pour maintenir leur campement. La Mairie voudrait bien les voir disparaître mais ils et elles sont déterminé-es à rester visibles et à se faire entendre. Sur cette belle place toute refaite, leur campement est éminemment dérangeant. Un « désordre visuel » a dit la flicaille. Et bien amplifions donc le désordre ! Et soyons solidaires des migrant-es qui restent debout, ces survivants de la guerre que leur livrent la France et l’Europe, ici à Paris, à Calais, en Méditerranée.

Ni la répression et l’intimidation policières ni leurs supplétifs judiciaires n’entameront pas notre détermination ! Source

Le même jour, une 60aine de personnes se sont rassemblées devant la préfecture boulevard Ney, où se fait l’enregistrement des demandes d’asile, contre le système Dublin. Ce règlement prévoit qu’une personnes ne peut déposer sa demande d’asile dans le pays de son choix si elle a été identifiée avant dans un autre pays (prise d’empreinte, enregistrement dans la base de donnée Eurodac). Voici l’appel au rassemblement : Stop au règlement Dublin !

Le soir, un rassemblement était appelé par les migrant-es du campement de la place de la République : « Nous faisons appel à vous pour se rassembler avec nous vendredi soir à 20H00 pour résister avec nous pour mettre les tentes et les bâches et soutenir nos revendications ». 500 personnes ont répondu présentes et des bâches et tentes ont pu être installées sans que les flics ne puissent intervenir.

Depuis le 24 octobre, le campement a été systématiquement détruit ou empêché de s’installer par les flics, dans une opération de harcèlement quotidien. Le soir la police empêchent de tendre des bâches, arrachent les banderoles, et le matin, elle vient réveiller tout le monde à coup de lampe dans la figure et de coups de pieds dans les matelas. Ce harcèlement quotidien vise à détruire les personnes moralement et physiquement pour qu’elles renoncent à rester ensemble, à s’organiser et à revendiquer des papiers et des logements pour tou-te-s.

Déjà, le 2 novembre, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté, migrant-es et solidaires, de la place de la République à celle du Châtelet, dans une ambiance solidaire et déterminée.

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Le 13 novembre, mairie et police sont venus « évacuer » les migrant-es et expulser le campement. Des flics et des travailleurs sociaux ont emmené dans des bus une partie des migrant-es vers des centres d’hébergement dont ils/elles ne connaissaient pas la destination (comme d’habitude), tandis que ceux/celles resté-es sur la place, une cinquantaine de personnes, se sont ensuite fait chassé-es. Les camions de la propreté de la ville ont tout nettoyé, place nette, et encore une opération de dispersion réussie pour les autorités ! Voir le texte Évacuation des migrants de République : bricolage et impasse.

Une nouvelle manifestation etait appelée pour le 15 novembre, mais elle a été interdite suite aux attentats du 13 novembre.

 

Saint-Denis (France). Lundi 9 novembre, plusieurs migrants hébergés dans un foyer Adoma suite à l’expulsion du lycée Jean Quarré devaient être expulsés du centre. Un piquet de solidarité a été organisé le jour même et les 11 personnes qui devaient être expulsées ont finalement pu ré-intégrer le foyer en attendant qu’une autre solution d’hébergement soit trouvé.

Voici le communiqué rédigé par les migrant-es du centre :

« Nous sommes migrants, nous sommes plus que 35 en tout, des maghrébins, des soudanais. Demain nous allons être 11 à la rue comme beaucoup après l’expulsion du lycée Jean Quarré (la préfecture avait annoncé qu’il y a aurait au moins un mois d’hébergement pour tous, c’était le 24 octobre). Nous étions ensemble au lycée Jean Quarré; beaucoup sont demandeurs d’asile. Ce que nous voulons c’est d’être toujours là, rester au foyer et d’avoir la régularisation pour tous. »

 

Triel-sur-Seine (France). Le 7 novembre au matin, 40 fascistes ont investit le toit d’un centre d’hébergement dans la ville de Triel-sur-Seine pendant plusieurs heures. Ce centre a été ouvert après l’expulsion du lycée occupé Jean Quarré en octobre. Déjà, quelques jours auparavant un migrant s’était fait agressé en sortant de la station RER. Rapidement, plusieurs personnes de la ville et des environs se sont rassemblées devant le centre pour exprimer leur solidarité avec les migrant-es.

Mais dans le centre, géré par la Croix-rouge, les problèmes ne sont pas seulement les fascistes. Comme dans beaucoup d’autres, aucun suivit des procédures de demande d’asile n’est mis en place et les conditions de vie y sont dures : éloignement de Paris, manque de soins pour les personnes malades, gestion carcérale par les personnels de la Croix-rouge et les vigiles, avec des cartes pour entrer et sortir, un appel quotidien et des fouilles des chambres, etc. Depuis la veille, une partie des migrant-es avaient entamé une grève de la faim et fait des banderoles qui ont été déployées dans l’après midi. Une négociation s’en est suivit avec le directeur général de la Croix-rouge qui a du infléchir sur un certain nombre de revendications.

Dans les alentours, un réseau de solidarité s’est mis en place et a appelé à un rassemblement/rencontre solidaire devant l’entrée du centre le 11 novembre. Une cinquantaine de personnes étaient présentes.

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Nantes (France). Un squat de migrant-es a été attaqué à coup de cocktails molotov dans la nuit du 7 au 8 novembre. Les 10 et 14 novembre, deux manifestations ont été appelées en pour affirmer la solidarité avec les migrant-es et face aux attaques de l’extrême droite. Source

Nantes 14 novembre 2015

 

Marseille (France). Le 5 novembre, des migrant-es et solidaires ont brièvement occupé la Plateforme Asile des Bouches du Rhône avant de se faire sortir par la police, pour protester contre les conditions de traitement des demandes. Source

Marseille quartier de la plaine 8 novembre 2015

Saint-Jean-du-Gard/Cévennes (France). Appel à la création du collectif Cévennes sans frontières :

Nous sommes quelques individus à nous réunir et nous organiser en soutien avec les exilé.e.s et contre les frontières…

Nous sommes contre les frontières et leur gestion militaire. Des barbelés gardés par l’armée aux camps de tri et d’identification, des déportations aux centres de rétentions, des rafles aux tribunaux, l’Europe mène une guerre contre les exilé.e.s.

Nous sommes contre la distinction opérée entre « réfugiés » et « migrants économiques ». Les États et les associations humanitaires instaurent cette différenciation en établissant un classement arbitraire entre les “bons” migrants à accueillir et les “mauvais” à expulser, ce qui justifie la répression et les déportations. Des papiers pour les uns, les menottes pour les autres ?

Nous sommes solidaires et nous souhaitons nous organiser avec les exilé.e.s, lutter contre les frontières et affirmer ensemble la liberté de circulation et d’installation pour tous. Nous pensons que chacune des actions qui permet à des personnes de passer un contrôle, d’échapper à une rafle ou à une expulsion, de s’installer pour mener une nouvelle vie participe à élargir les brèches des murs qui séparent les peuples. Nous ne voulons pas que notre rôle se limite à des opérations de charité. Nous sommes libres d’accueillir les richesses de ce monde.

Si les Cévennes sont géographiquement éloignées des points de crispation (comme Vintimille, Calais ou Marseille), les frontières se matérialisent partout. Des exilé.e.s sont déporté.e.s et enfermé.e.s dans des centres de rétention comme à Nîmes. Aux alentours d’Alès, des familles expulsées des centres d’hébergement sont accueillies par des personnes solidaires.

Nous avons déjà organisé une manifestation à Saint Jean du Gard, des tables d’infos sur les marchés, des collectes de matériel et des trajets vers Vintimille et Marseille. Nous souhaitons continuer en menant les actions suivantes :

Diffuser les revendications et témoignages des migrants, Tables d’infos sur les marchés, Collectes de matériel, Mise en lien avec d’autres initiatives (Marseille, Vintimille, Nîmes, Alès,…), Soutien des initiatives d’accueil, Organisation de cantines et concerts de soutien, Discussions et réflexions sur l’actualité. Source

 

Toulouse (France). Le 9 novembre un rassemblement était appelé pour dénoncer la situation à Calais et la récente politique de rafle, d’envois forcés et d’enfermement dans des CRA de toute la France, devant le centre de rétention de Cornebarrieu, où de nombreux migrants Calais ont été enfermés ces dernières semaines.

Liberté de circulation et d’installation pour tou.te.s !
De l’air, de l’air, Ouvrez les frontières ! Source

 

Perpignan (France). Après une rafle à Calais le 13 octobre, quatre migrants soudanais ont été enfermés au centre de rétention de Perpignan. Convoqués devant le consul du Soudan afin qu’ils reconnaissent leur identité et signent le laissez passer pour l’expulsion, ils ont refusé à plusieurs reprises de s’y rendre. L’un d’entre eux a été déféré au tribunal le 6 novembre accusé de « soustraction à une mesure d’éloignement ». Ils ont finalement tous les 4 été libérés !

 

Calais (France).

Nouveau camp d’État et déplacement forcé :

À Calais, l’État a prévu la construction d’un camp pour 1500 migrant-es, sur une zone de l’actuelle jungle. Ce camp sera composé de conteneurs aménagés, entourés de barbelés, géré par l’association La Vie Active et on ne sait pas encore quelles seront les modalités de contrôle. C’est l’entreprise bretonne Logistic Solution qui a décroché le marché de l’aménagement des conteneurs « modules d’habitation ». Ceux-ci, au nombre de 125, sont prévus pour 12 personnes. Sachant que les conteneurs de transport on une taille « normée », et que l’entreprise aménage les plus grand formats, ça donne ça : Longueur de 12,04 m x largeur de 2,33 m = 28,0532 m² / 12 personnes = 2,33 m² par personnes. Comme le dit si bien le directeur adjoint de l’entreprise Antoine Houdebine : « On a vraiment pensé ces conteneurs spécialement pour les migrants« .

Mais tout ne roule pas si bien pour les autorités et elles doivent faire face une fois de plus à la résistance. La construction de ce camp nécessite l’expulsion de 400 personnes de la zone où elle est prévue. Mais une bonne partie d’entre-elles résiste et refuse de partir.

Voici le communiqué qu’ils/elles ont rédigé :

– La construction du nouveau camp sera en plein milieu du camp actuel, mais ce n’est pas une véritable solution pour les problèmes des personnes réfugiées.

– La capacité du nouveau camp est de 1500 places, ce qui n’est pas suffisant pour la population réfugiée de Calais.

– La zone choisie par le gouvernement pour la construction n’est pas viable pour un camp.

– Les décisions prises par le gouvernement français nous paraissent peu claires.

– Le gouvernement français force des personnes réfugiées à évacuer la zone choisie pour la construction du nouveau camp.

En conséquence nous – les personnes réfugiées présentes dans cette zone – refusons de nous soumettre à cette irrespectueuse politique d’anti-solidarité. Le jour où le gouvernement nous forcera à partir pour démarrer les travaux, nous protesterons collectivement.

calais banderole resiste expulsion nouveau camp1

Mise à jour sur le déplacement forcé d’une partie de la Jungle

Le plan de construction du nouveau camp fermé de containers dans la Jungle qui devait commencer le 2 novembre a été retardé. L’association La Vie active (qui gérera le camp) et l’État disent que c’est à cause des « problèmes de communication » avec les gens qui vivent actuellement dans la zone de construction et présentent ce retard comme un simple malentendu.

La réalité est loin de ça. Les communautés qui font face à l’expulsion due à la construction de camp ont très bien compris les plans de l’État et savent clairement que leurs maisons seront détruites et que la nature répressive de ce nouveau camp va entraîner de nouvelles difficultés pour eux s’il est construit.

Le nouveau calendrier de construction qui a été communiqué est le suivant : pendant la semaine du 2 au 8 novembre, la Sécurité Civile va construire un camp de remplacement clôturé pour 500 personnes qui va servir provisoirement pour les gens qu’ils veulent virer de la zone de construction. Les tentes du camp de remplacement sont celles utilisées lors des situations d’urgence, type tremblement de terre.

À partir du lundi 9 novembre, La Vie active va commencer à demander à nouveau aux gens de partir volontairement vers les tentes de remplacement. Si les gens ne se déplacent pas d’ici la fin de semaine, les CRS seront appelés pour virer les gens de force -une recette que nous connaissons tous fort bien à Calais. Nous ne connaissons pas la date exacte où la « demande » sera remplacée par les matraques, les gaz lacrymogènes et les bulldozers, ce qui signifie que de la vigilance et du soutien sont nécessaires tout au long de la semaine.

Il existe différentes réponses à ce plan de construction par les communautés à qui il est « demandé » de se déplacer : certains se sentent un manque de puissance pour résister activement à ces plans, d’autres espèrent atteindre l’Angleterre avant la tentative d’expulsion. Mais depuis que ces plans sont devenus explicites, une résistance se développe dans la zone de construction planifiée et il est clair que beaucoup refusent de bouger. Et, pour citer une déclaration publiée récemment par des personnes vivant dans cette zone:

« Nous refusons de nous soumettre à cette irrespectueuse politique d’anti-solidarité. Le jour où le gouvernement nous forcera à partir pour démarrer les travaux, nous protesterons collectivement ».

Calais Migrant Solidarity, 7 novembre 2015

Le 12 novembre, les travaux de construction du camp on commencé avec l’arrivée de bulldozers dans la jungle.

Une expulsion humanitaire

Le 12 novembre au matin, la construction très retardée du « Nouveau Camp » à commencé.

Les travaux devaient commencer le 2 novembre 2015. Les associations ont déclaré que la date avait été retardée en raison de « problèmes de communication » avec les personnes vivant dans la zone. En fait, les gens ont toujours refusé de partir. (voir le texte Mise à jour sur le déplacement forcé dune partie de la Jungle).

Finalement, ce matin les travaux ont commencé. Le premier bulldozer est arrivé aux environs de 8h00. Il a roulé au milieu des tentes et des maisons des gens et a enlevé les poteaux rouges qui servaient de délimitation de la zone de chantier. Il a été rapidement suivit par d’autres véhicules de travaux tout au long de la matinée. Pour le moment, ils se sont limités à l’aplatissement des zones sans maisons et inondées et à la pose de clôtures délimitant la zone du site. Toutefois, il sera impossible pour eux de commencer la construction réelle tant que des personnes vivent encore dans la zone.

Peu de temps après sont arrivés une flopée de volontaires « humanitaires » des associations. Vêtus d’unepléthore de veste fluorescentes de couleurs différentes, ils ont tourné dans la zone d’expulsion, disant aux gens qu’ils devaient quitter leurs maisons et domiciles. Ils ont tenté de convaincre les gens que le nouveau camp serait de loin mieux, et beaucoup ont déclaré que si les gens ne se déplacent pas rapidement, la police viendrait les expulser par la force. Les 50 bénévoles présents étaient des membres des associations Salam et La Vie Active, y compris le président de l’association Salam qui a été vu expliquant avec véhémence à un groupe de réfugié ne parlant pas anglais qu’ils devaient se déplacer. Ils avaient apporté des bracelets orange, qu’ils distribuaient aux gens qui voulaient avoir une place dans le nouveau camp.

Cette apparition soudaine de véhicules de chantier et de bénévoles vêtus de fluo a convaincu certaines personnes de quitter la zone, de prendre leurs tentes et d’aller s’installer ailleurs dans la jungle. Toutefois, la grande majorité des gens a choisi de rester. Ils ont cité plusieurs raisons à ça, à savoir : les difficultés de vivre dans une grande tente avec 50 autres personnes qu’ils ne connaissent pas et sans aucune intimité, leur préférence pour leurs maisons, qu’ils ont construit eux-même, plutôt que quelque chose pour lequel ils n’ont pas pris part à la construction, la préférence de vivre au sein d’une communauté d’amis, et un manque total de confiance dans l’État français. Bon nombre des personnes vivant dans la jungle ne veulent pas du nouveau camp.

Cela ne devrait pas surprendre de voir à quel point certaines associations collaborent avec l’État. Elles ont une longue histoire de collaboration à Calais. Cependant, il est toujours choquant de voir des gens donner bénévolement leur temps pour des organisations qui font le travail de la police. Beaucoup de bénévoles ont fait valoir que la construction du nouveau camp était une étape nécessaire pour améliorer les conditions de vie dans la jungle et pour «amener aux gens l’aide dont ils ont besoin», mais en même temps, beaucoup reconnaissent la nature coercitive de ce qu’ils font, qu’à chacune de leurs demandes, elle soit appuyée par la menace de la violence d’État pour déplacer les personnes. Il y avait un grand sentiment de pessimisme, que rien ne pouvait être fait pour arrêter les inévitables offensives de l’État. Si les gens de la jungle avaient montré le même sentiment de défaitisme, ils seraient parti de la zone le 2 novembre et les travaux auraient déjà commencé !

À la fin de la journée, les bénévoles des associations sont partis et une petite partie de travaux avait eu lieu dans les zones inhabitées. Nous pensons qu’il y aura probablement une expulsion de la zone dans les jours à venir.

Calais Migrant Solidarity, 12 novembre 2015

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Dispersion dans les centres de répit et dans les centres de rétention

La stratégie de dispersion des migrant-es de Calais se poursuit. Le gouvernement et la préfecture se félicite que le nombres de migrant-es présent à Calais ai diminué, à coup d’enfermement en centre de rétention et d’éparpillement dans d’autres centres de tri qui ne disent pas leurs noms. Voir ce texte.

Patrouilles et attaques de police dans la Jungle :

Les CRS tirent des gaz lacrymogènes dans la Jungle

Dans la nuit du 2 novembre, vers 21 heures, des migrant-es ont été violemment attaqué-es par les CRS. Les affrontements ont duré près de 2 heures. Durant toute l’opération, à peu près 20 grenades lacrymogènes ont été tirées. Des migrant-es ont riposté en jetant des pierres sur les flics.

Quelques tirs ont touchés les zones de vie des réfugiés.

Vers 00h45 heures, a bloqué 25 personnes à l’entrée principale de la Jungle. En plus, une dernière bombe de gaz lacrymogène a été tirée. Ensuite, l’affrontement s’est terminé.

Source et vidéo

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La nuit du 8 au 9 novembre, des centaines de migrant-es se sont retrouvé-es sur l’autoroute, à côté de la jungle, bloquant le trafic pour tenter de monter dans les camions en partance pour l’Angleterre. Depuis plusieurs semaines, avec les renforts policiers, la multiplication des contrôles et des outils de surveillance, le passage est très difficile, voir impossible.

La police est intervenue, arrêtant la circulation sur l’autoroute et attaquant en tirant des centaines de grandes lacrymogènes. Des barricades ont été dressées sur l’autoroute et des affrontements ont duré une bonne partie de la nuit, blessant plusieurs policiers. Les gaz, tirés sur l’autoroute mais aussi en direction de la jungle ont blessés un nombre très important de migrant-es.

Le lendemain, de nouveau, des barricades ont été montées sur l’autoroute, à l’aide de mobilier urbain, et des pierres lancées sur les flics qui ont riposté au gaz lacrymogène. L’accès au port a été totalement fermé et des groupes de migrant-es bloquaient encore la circulation sur les routes d’accès à l’autoroute dans la matinée.

Suite à ces deux nuits d’affrontements, la préfecture a annoncé qu’un nombre plus important de policiers seraient présents autour et dans la jungle, ce qui laisse craindre une augmentation des rafles et des violences policières. La maire de Calais à quand à elle demandé l’intervention de l’armée. Plus de 1200 flics sont actuellement présents à Calais.

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Récits des nuits du 8 au 9 et du 9 au 10 novembre, publiés sur le blog Calais Migrant Solidarity :

Une nuit de défiance collective

Dans la nuit du 8 novembre, des personnes vivant dans la jungle ont réussi à bloquer l’autoroute qui longe la jungle. On pouvait entendre plusieurs camions klaxonnant, mais vers 23 heures, la police a totalement arrêté le trafic sur l’autoroute.

Malgré cela, dans la jungle, de grands groupes de personnes ont continué à se déplacer vers l’entrée. Ce mouvement de foule a continué même quand il était manifestement évident qu’il n’y avait plus de trafic vers le Royaume-Uni sur l’autoroute.

À minuit, alors que les gens étaient toujours sur l’autoroute, des groupes s’étaient aussi rassemblés sous le pont de l’autoroute à l’entrée de la jungle, et sur les rampes d’accès et de sortie de l’autoroute. Des cris et des chants comme « No jungle ! » pouvaient être entendus. Un groupe a utilisé des pierres pour battre de rythme sur la rambarde. Plusieurs panneaux de signalisation ont été mis à terre, à commencer par celui indiquant Calais. Les gens ont commencé à allumer des feux, avec des tentes cassées, des vêtements jetés et tout ce qu’ils pouvaient se procurer. Beaucoup de buissons et végétation sur le côté de la route ont été incendiées. Certaines personnes ont démonté les glissières de sécurité de l’autoroute. Tous ces matériaux combustibles ont été rassemblés pour former des barricades. De grands groupes de personnes tentaient de rejoindre l’autoroute, mais ont été maintes fois repoussés par l’utilisation massive de gaz lacrymogènes. Les personnes qui étaient là venaient de nombreux pays et parties de la jungle différentes. Beaucoup de gens ont fait des vidéos avec leurs téléphones.

Un porte parole du syndicat de la police a déclaré que près de 300 grandes lacrymogènes avaient été tirées. Le gaz a d’abord été tiré vers l’entrée de la jungle et sur l’autoroute, mais au fil de la nuit la police a tiré des quantités croissantes de gaz au cœur même de la jungle.

[…]

Video

Calais Migrant Solidarity, 10 novembre 2015 

calais 9 novembre 2015

Une nuit de punition collective par la police !

À nouveau, dans la nuit du 9 novembre, des personnes sans papiers ont bloqué l’autoroute près de la jungle avec des barricades. Cependant, ce ne sont pas que les personnes protestant qui ont été touchées par la répression, mais la police a décidé de punir collectivement une large proportion de la jungle.

Vers minuit on pouvait entendre des cris de protestation sur l’autoroute, tandis que la police lançait des gaz lacrymogènes dans la zone de la jungle la plus proche de l’autoroute, et que l’on pouvait entendre les klaxons des camions.

Les slogans des gens étaient « plus de jungle ! ». Au début, la police a lancé des gaz lacrymogènes pour chasser les gens loin de l’autoroute et les forcer à retourner dans la jungle. Les camions et voitures ont été en mesure de passer toute la nuit, même si la route a été partiellement bloquée par une barricade de fortune.

Beaucoup de manifestants de la jungle ont essayé de sauter dans les camions, mais cela a été vain. Un chauffeur de camion a brandi une arme à feu, la pointant sur les gens qui se trouvaient à côté de sa cabine. Tout au long de la nuit, les camions ont esquivé les barricades mises en travers de la route pour arrêter la circulation. À un moment donné, un groupe de 30 à 40 personnes a été totalement entouré de gaz lacrymogène, avec aucune issue possible, obligés de se recroqueviller au sol en boule.

L’utilisation par la police de gaz CS (lacrymogène) est devenu une pratique ordinaire inquiétante. Les gens de la jungle ont été soumis à un niveau sans précédent de guerre chimique, la même force de dissuasion chimique que celle utilisée en Palestine ou à Ferguson pleut sur le camp quasi quotidiennement. La police à la gâchette facile utilise la tactique de bombarder intensivement la zone autour d’eux, visant tour à tour tous ceux qui se déplacent. Cela veut également dire qu’ils attaquent les zones où n’y a aucune échappatoire, piégeant les réfugiés dans des chemins étroits et les buissons autour du camp. Ce n’est pas fait pour disperser les personnes, mais c’est une forme de punition collective.

En même temps que cette protestation se déroulait près de l’entrée principale de la jungle, une manifestation plus petite a commencé sur une route secondaire qui donne accès à l’arrière du camp. Sur cette route, des panneaux de signalisation ont été mis en travers et incendiés pour former des barricades. En réponse à cette deuxième manifestation, la police a tiré un tas de gaz lacrymogène, auxquels ceux qui manifestaient ont répondu avec des projectiles.

Sans se préoccuper pour les 60 ou 70 familles résidant dans cette zone du camp, la police a tiré gaz et flashball à travers le camp, brûlant une tente, un tas d’ordure, des arbres et des buissons.

Des mères criaient en français qu’il y avait des enfants dans le camp tandis que la police attaquait. Des groupes de famille revenant d’une autre partie de la jungle ont été prises au piège par une colonne de lacrymogène.

Tard dans la nuit, la police a fait des patrouilles pour trouver les migrants qui s’étaient cachés dans les buissons le long de la route. À un moment, un groupe de 20 flics a tiré du gaz en continu pendant 5 minutes jusqu’à ce que la zone soit entièrement recouverte de fumée.

Comme la nuit se poursuivait, l’intensité du gaz a augmenté. Le vent a ramené les vapeurs sur toute la partie ouest du camp. Le message de la police a été clair : si vous protestez, nous vous punirons tous. Il y a également eu de nombreuses blessures causées par les grenades lacrymogènes tombant sur les gens, des brûlures et des blessures.

Les blessures de cet assaut sont difficiles à quantifier, il est facile de compter les nombreux problèmes respiratoires, les irritations des yeux et brûlures de la peau, mais le traumatisme psychologique est difficile à voir. Les personnes fuyant des conflits sont traitées par le meilleur de l’hospitalité française : une nuit de répression chimique sur l’ensemble de la population du camp.

Calais Migrant Solidarity, 10 novembre 2015

calais 9 novembre 2015 2

Entre le 10 et le 11 novembre, pour la troisième nuit consécutive, les flics ont de nouveau attaqué la jungle à la grenade lacrymogène (une centaine utilisée) et des canons à eau ont été déployés à l’entrée du camp. Des migrant-es ont riposté et plusieurs personnes ont été arrêtées puis relâchées. Encore une fois, de nombreuses blessures sont constatées. Source

Dans les médias, les autorités locales et la préfecture multiplient les déclarations et dénoncent la violence et l’implication de « militants no borders » dans les affrontements, militant-es qui organiseraient et pousseraient les migrant-es à ces affrontements. C’est l’éternel épouvantail de « la frange radicale manipulatrice » qui est agité pour justifier le déchaînement de répression des flics et la politique meurtrière mise en place à Calais. De même que pour justifier des opérations de guerres en Méditerranée, le pouvoir agite celui des « réseaux de passeurs ».

Ce discours pue le paternalisme et le racisme. Il y a bien eu, durant ces trois nuits, une défiance collective contre la police et des actions de blocage de l’autoroute pour tenter de monter dans les camions qui font route vers l’Angleterre. Ces actions/ripostes sont autonomes, auto-organisées, spontanées. Les personnes qui y ont participé n’ont pas besoin d’être « aidées » ou « dirigées » par quelconque militant-e européen-ne. Que des personnes se réclamant -ou pas- no borders y ait -ou pas- participé n’intéresse personne mis à part les chantres du pouvoir et de la répression. Depuis des mois, des groupes de migrant-es s’organisent collectivement pour tenter de passer en Angleterre, pour occuper des maisons vides, pour résister aux injonctions de la police et de l’État, pour organiser des manifestations. Toutes ces initiatives doivent être soutenues car elles mettent à mal le système des frontières.

Manifs de fascistes

Après la manifestation du 31 octobre à l’appel du groupe « Calaisiens en colère » qui a rassemblée plusieurs centaines de personnes contre les migrant-es à Calais, une autre manifestation a eu lieu la semaine suivante, le 8 novembre, à l’appel de « Sauvons Calais ». Plus « radicale », elle a rassemblée moins de monde. En face, une contre manifestation a eu lieu, réprimée par la police qui a procédé à des arrestations. Source

Après la manifestation, un groupe de 5 nazis est allé attaquer des migrant-es qui tentaient de rentrer dans le port pour passer en Angleterre.

 

Dans la nuit du 13 au 14 novembre, un incendie a détruit 2500m² de la Jungle, sans faire de mort-e.

La Jungle en feu

Un incendie a éclaté parmi les tentes entassées à environ 00h45 ce matin. La cause de cet incendie serait une bougie. Le feu s’est propagé rapidement à cause du vent et les gens couraient, essayant d’évacuer la zone et d’emmener les gens en sécurité. Il n’y a pas eu de blessures majeures, quelques petites brûlures et des problèmes dû aux inhalations de fumée, mais pas de blessures majeurs ou de décès. Beaucoup de documents, papiers, vêtements et effets personnes ont été détruits. Le feu s’est propagé pendant environ une demi-heure avant que les pompiers n’arrivent. Apparemment, la police sur place, essayait d’éteindre le feu avec un canon à eau. La zone de la jungle concernée était le camp des soudanais près du chemin des Dunes. 60 abris ont été détruits.

Dans une grande partie de la jungle, il n’y a pas de routes ou de points d’eau pour les pompiers et c’est « chanceux » que le feu ai commencé près de la seule route qui mène au centre Jules Ferry. Une partie beaucoup plus grande du camp aurait été détruite par les flammes si le feu avait commencé ailleurs, peut-être toute la jungle […] Source

calais 13 novembre 2015 2

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Le 16 novembre, une petite manifestation a eu lieu, contre les conditions de vie dans la jungle et les violences policières. Elle a été violemment réprimée par la police.

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Lille (France). Plusieurs centaines de personnes, migrant-es et solidaires, ont manifesté dans les rues de Lille le samedi 7 novembre, en solidarité avec les migrant-es, sans papiers et réfugié-es. Le cortège, parti de la Grande Place s’est rendu au square Olieux où depuis des mois des migrant-es, principalement mineurs isolés, ont installé un campement, n’ayant d’autres solutions. Au début de la manifestation, quelques fascistes sont venus provoquer le cortège, criant des slogans hostiles.

 

Saint-Brieuc (France). Le 12 novembre, un millier de lycéen-es sont descendu-es dans les rue contre la menace d’expulsion de neuf de leurs camarades.

 

Akrotiri (Chypre). Révolte dans un camp d’enfermement. Le 31 octobre, après que l’un d’entre-eux/elles ai menacé de se pendre, des migrant-es enfermé-es dans la base militaire britannique d’Akrotiri ont mis le feu à des tentes qui servent de dortoir et ont escaladé les clôtures en scandant « We are people, not animals ». Les militaires britanniques et gardes de sécurité ont réprimé la révolte à coup de matraque.

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Vintimille (Italie). Alors qu’un sommet de l’Union européenne sur l’immigration s’est tenu à Malte, réunissant des dirigeants européens et du continent africain, cet appel à actions sur tout le territoire européen a circulé en plusieurs langues : Vous faites pousser des grillages, nous cultivons des tenailles.

 

Brindisi (Italie). Depuis le rassemblement solidaire devant le CIE le 31 octobre dernier, qui a pris fin avec l’arrestation des personnes solidaires à l’extérieur et une forte protestation à l’intérieur, une grève de la faim continue ce 5 novembre au CIE. Le 4 au matin, la police est entrée dans le centre pour mener une perquisition, mais n’a rien trouvé.

Du CIE de Brindisi, à peine rouvert et dont on ne sait pas grand-chose, un retenu nous dit ça : contrôles dégradants, trou dans les portes des cellules pour passer la nourriture, protestations, et plus encore dans cette interview en italien.

 

Turin (Italie). Au CIE de Turin, plusieurs détenus se sont mis en grève de la faim début novembre. Dans une des zones du centre, les détenus sont en quarantaine car il y a une épidémie de gale. Mais ils refusent les soins pour éviter que d’autre ne soient enfermés dans cette aile du centre une fois l’infection terminée. http://www.autistici.org/macerie/?p=31678

Le 15 novembre, un rassemblement est appelé sous les murs du centre de rétention :

Rassemblement au CIE de Corso Brunelleschi

Au CIE de Corso Brunelleschi, la tension monte à nouveau : des prisonniers sur le toit, des manifestations, des battiture, des grèves de la faim et de la soif.

Il y a plusieurs façons de lutter aux côtés de ceux qui se rebellent : de la perturbation des entreprises qui coopèrent à la gestion et à la réparation des bâtiments, à la diffusion des paroles, des nouvelles et des expériences qui sortent de l’intérieur du centre.

Nous pouvons également soutenir les détenus en portant notre solidarité sous les murs du centre.

Source

Turin rassemblement au CIE 15 novembre 2015

Samedi 14 novembre, les enfermés du centre de rétention (Cie) de Turin situé Corso Brunelleschi, ont à nouveau lancé une révolte qui a détruit une grande partie du centre. L’étincelle a été le refus du parloir à un retenu avec sa femme, même si en réalité l’air était déjà tendu dans le centre depuis des semaines, où se produisaient de fréquentes expulsions violentes. Hier, les retenus se sont donc organisés pour protester contre les conditions d’enfermement et ont mis le feu à des vêtements, mettant hors d’usage la zone rouge et la seule chambre ouverte dans la zone jaune : dans la zone blanche, il ne reste que deux chambres (Source) :

Révolte, incendie et solidarité

Quand, ces dernières semaines, nous disions sentir une vive agitation dans le Centre d’Identification et d’Expulsion (CIE) de Turin, c’est parce qu’on pouvait sentir une tension croissante entre les lignes de ce que nous disaient les prisonniers.

Depuis que le CIE a recommencé à fonctionner à plein régime, environ 90 places, après les restructurations de l’hiver dernier, le train-train de la machine à expulser est devenu encore plus oppressant : la police qui vient réveiller à l’aube des détenus pour les expulser, les déportations de masse, les tabassages à ceux qui tentent de mettre en place des petites formes de protestations individuelles.

C’est la normalité des pratiques de la détention administrative de personnes qui n’ont pas de papiers et il n’y a donc rien d’étonnant, comme il feignent de faire les politiciens humanitaires quand la question des CIE est abordée dans leurs petites controverses de salon. Ce sont les moments lors desquels la figure du reclus assume une aura sacrificielle, construite sur l’image d’une victime d’un système qui ne fonctionne pas correctement, ou pour le mois, qui n’assure pas une juste dignité pendant la période d’enfermement. Un peu de dignité, celle dont parlent ces messieurs, qui pensent qu’elle doit être inscrite dans les murs de là où on ne peut pas sortir.

Mais il arrive que l’image du reclus brimé ne suivent pas le rythme de la réalité d’une rage croissance, alimentée par les petits et grands abus quotidiens, et qui parfois se manifeste par une petite lueur de rébellion, circonscrite à quelques personnes. Parfois, cependant, cette rage émerge avec plus d’enthousiasme et devient une action collective et les centres de détentions sont incendiés. Il suffit d’un prétexte, comme il y a quelques jours : un prisonnier s’est vu refuser un parloir avec son épouse, il s’est coupé les veines. Mais ce qui fait la différence, cette fois comme pendant l’été 2014, c’est que les détenus, dans un climat de solidarité générale, se sont organisés pour montrer que la dignité, il y en a très peu pour ceux qui sont à l’ombre des barreaux.

C’est comme ça que, samedi soir, d’abord dans la section rouge, puis rapidement dans les sections blanche et jaune, des colonnes de fumées sont venues se mêler aux premiers brouillards du mois de novembre. Dans le centre, les flics anti-émeute sont arrivés rapidement, ainsi que le préfet, pour constater les dommages subits et probablement pour essayer de gérer au mieux les conséquences du plus grand échec après la rénovation de l’hiver dernier du centre de rétention turinois. Les retenus ont été regroupés dans la cour et gardé-là en attendant de comprendre comment réorganiser les quelques espaces laissés indemnes. Une autre présence n’a pas manqué de venir, certainement plus proche des intentions des prisonniers, même au-delà des murs : une trentaine de solidaires ont accourus pour faire entendre leur soutien par leurs voix, des pétards et des feux d’artifices.

Dans la nuit, les retenus de la zone rouge, maintenus dans la cour, ont décidé de ne pas rester immobile à subir les décisions des forces de l’ordre et ont défoncé les grilles qui les séparent de la zone jaune pour se réfugier à l’intérieur. Quelle est l’ampleur réelle des dégâts aux installations et quelles vont être les décisions de la police et des gestionnaires de l’entreprise Gespa par rapport aux centre incendié, nous allons chercher à le savoir. Ce qui est certain, c’est que les zones touchées par l’incendie ont été déclarées inutilisables, il semble que le mobilier et le système électrique ont été détruits, et que le fonctionnement du centre est considérablement réduit. Une autre chose est sûre, c’est qu’à la suite de la révolte, un détenu manque à l’appel. La police a bien fait attention à ne pas l’ébruiter, mais les personnes à l’intérieur n’ont pas de doute, dans la confusion quelqu’un a réussi à s’évader.

Dimanche 15 novembre, le rassemblement solidaire prévu depuis quelque jours a eu lieu, renforcé par la nouvelle de l’incendie du centre quelques heures plus tôt. Une cinquantaine de personnes se sont retrouvées corso Brunelleschi et pendant quelques heures, de la musique, des slogans et des interventions ont tenu compagnie aux retenus, qui ont répondu avec autant d’énergie. Aussi, les parents de deux jeunes roumains, enfermés au CIE après l’expulsion des familles rom de l’ancienne caserne de la rue Asti, ont lancé leur salut personnel. Les deux jeunes, bien que citoyens européen, ont été arrêtés et enfermés au CIE en raison de leur prétendue « dangerosité sociale » et ont été présentés ce samedi 16 devant le juge qui a décidé de leur expulsion. Le 17 novembre au matin, un groupe de familles, amis et solidaires a attendu les nouvelles de l’avocat puis ont donné lieu à un bruyant salut avant de partir.

Ce n’est pas la première fois que des personnes avec des papiers en règle mais définies comme « socialement dangereuses » se retrouvent enfermées dans le CIE, ni la première fois que les occupants d’une maison , trouvés sans papiers sur eux le jour de l’expulsion, sont emmenés au CIE puis expulsés. Pour les deux jeunes, après l’accord du juge, le temps est court. Ils ne peuvent pas être maintenus enfermés dans le CIE très longtemps, et si rien ne change, nous nous attendons à une expulsion dans les jours à venir.

Après l’incendie de samedi soir, la nouvelle est tombé de l’arrestation de deux tunisiens qui ont participé à la protestation. Ils sont accusés de destruction, résistance, violences et menaces à fonctionnaire et ont été transférés du CIE à la prison des Vallette. Une fois terminé le rassemblement, les solidaires ont rejoint la prison des Vallette pour un autre salut à tous les détenus, mais surtout à ceux accusés d’avoir essayé de détruire une prison. […]

Pour ajouter quelque chose de plus à ce que nous avons dit, nous vous proposons d’écouter (in italien), l’interview faite hier pendant l’émission « Bello come una prigione che brucia » sur Radio Blackout.

 

Bari (Italie). Le 28 octobre, plusieurs dizaines de migrant-es ont quitté le CARA (centre pour demandeurs d’asile) de Bari pour manifester dans le centre ville pour revendiquer leur droit à l’asile, leur liberté de circulation et contre les conditions dans lesquelles ils sont retenus dans ce centre. 1000 personnes y vivent actuellement, dans des conditions très dures et violentes imposées par la coopérative Auxilium qui le gère. Sept personnes ont été arrêtées. Source

 

Rome (Italie). Un rassemblement solidaire était appelé le 7 novembre devant le centre de rétention (CIE) de Ponte Galeria à Rome. Voici un compte-rendu :

Sur le rassemblement solidaire au CIE de Ponte Galeria

Le 7 novembre, un groupe de solidaire s’est rassemblée sous les murs du CIE de Ponte Galeria aux portes de Rome pour exprimer sa solidarité avec tou-tes les détenues et ceux/celles qui luttent quotidiennement pour leur liberté.

Malgré Trenitalia qui a essayé, avec l’aide de la police, d’empêcher les camarades de prendre le train en demandant à tou-tes le paiement du billet, à l’aller et au retour, le groupe a réussi à atteindre les murs du centre et à y passer quelques heures, entres discours, musique et beaucoup de bruit.

La réponse à l’intérieur du centre a été forte et belle : face à la section homme, les cris des solidaires ont été rejoint par ceux des détenus tandis que dans la rue nous avons essayé de communiquer avec les automobilistes qui passaient, plus ou moins ignorant-es de ce qui se trouvait derrières ces murs surmontés de barbelés.

Depuis l’intérieur, ils nous disent que le centre est plein à craquer : dans la section homme il y a plus de 100 prisonniers, tandis que chez les femmes elles sont environ 90, uniquement nigérianes. Aussi les épisodes où la nourriture et les boissons sont mélangées avec des psycholeptiques et distribuées par les opérateurs du centre se répètent, pour tenter de détruire toute capacité de résistance et de révolte.

Pendant que nous étions devant le centre, des nouvelles nous sont parvenues d’un groupe de camarades de Brindisi qui avaient organisé un rassemblement semblable devant le CIE et qui ont été arrêté-es une nouvelle fois par la police pour être identifié-es.

Après avoir illuminé le ciel avec quelques feux d’artifice, nous sommes retourné-es en ville.

Quelques ennemi-es des frontières. 

Source

Plus tard dans la soirée, le siège local de la Croix-rouge a été recouvert d’inscriptions en solidarité avec les personnes qui, à l’intérieur comme à l’extérieur, luttent contre les CIE et les frontières. Le lendemain devait se tenir dans ce local un spectacle avec des réfugié-es du CARA de Casteluovo di Porto, parrainé par la coopérative Auxilium qui depuis des années spécule sur la vie des migrant-es et veut nettoyer son image publique avec ces initiatives culturelles.

« Contre Auxilium et en solidarité avec les personnes arrêtées pour avoir protesté dans le CARA de Bari et ceux/celles qui luttent dans et hors du CIE de Restinco à Brindisi. Contre toutes les cages et toutes les frontières. » Source

Le 16 novembre au matin, un groupe d’ennemi-es des frontières s’est rendu dans un bureau de poste pour distribuer des tracts et rappeler la responsabilité du groupe PosteItaliane dans la machine à expulser. Les fenêtres du bureau de poste ont ensuite été recouvertes d’affiches en solidarité avec celles/ceux qui luttent dans les CIE pour retrouver la liberté et contre le business du groupe PosteItaliane. Source et tract distribué

 

Bologne (Italie). Dans la nuit du 8 novembre, la ligne à grande vitesse Bologne-Milan a été sabotée. Plusieurs câbles électriques ont été incendiés et une inscription laissée au sol : « 8-11, saboter un monde de racistes et de frontières ». Cela a entraîné des retards de plusieurs heures. Source

Bologne 8novembre2015 1

 

Genève (Suisse). Rassemblement du mouvement « No bunkers », en lutte depuis plusieurs mois contre les conditions d’hébergement et les renvois Dublin.

Geneve 12novembre2015 1

 

Bedford (Angleterre). Samedi 7 novembre, plus d’une centaine de personnes ont manifesté sous les murs du centre de rétention de Yarl’s Wood, en solidarité avec les personnes enfermées et contre toutes les prisons pour étranger-es.

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Yarl's Wood demo 7 novembre 2015 4

 

Lesbos (Grèce). Le 31 octobre, une grosse manifestation s’est déroulée dans la ville de Mytilène, à laquelle ont participé beaucoup de migrant-es et des personnes solidaires habitant-es de l’île. Les membres du parti au pouvoir Syriza n’ont pas été accepté-es dans le cortège. Sur cette île grecque, située en mer Égée, plusieurs milliers de migrant-es, survivant-es de la traversée, vivent dans les rues en attente d’une autorisation pour se rendre sur le continent.

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La mer Égée est un cimetière. Les assassins vont payer !

Le 5 novembre, alors que les derniers jours ont été plus meurtriers que jamais dans la mer Egée, le premier ministre Tsipras a escorté Martin Schulz, le président du parlement européen, lors d’une visite sur l’île de Lesbos.

Les anarchistes locaux ont occupé la mairie de la ville et suspendu une banderole disant « The Aegean is full of migrants’ dead bodies. Europeans too are peoples’ murderers ».

Lesbos mairie 5 novembre 2015

Quand Tsipras et Schulz sont arrivés sur l’île, d’autres manifestant-es les attendaient également.

Lesvos protest 5 novembre 2015

Le 7 novembre, des migrant-es ont occupé un immeuble désaffecté sur le port de Mytilène. Le bâtiment était l’ancien « centre des travailleurs » de la ville, qui avait été fermé ces dernières années. Ces derniers jours, des milliers de personnes vivaient dans le port et dans les rues, en attente des navires pour le continent (les travailleurs des navires étaient en grève).
C’est une initiative auto-organisée par les migrants et des groupes locaux sont là pour les soutenir.

Trois jours plus tard, le 10 novembre, le bâtiment a été expulsé par des membres du parti communiste de Grèce (KKE), armés de bâtons, jouant le rôle de la police anti-émeute. L’immeuble était vide depuis plusieurs années, mais le KKE qui contrôle ce « centre des travailleurs » l’utilisait comme débarras.

Vidéo de l’expulsion et du rassemblement solidaire devant le squat.

Source

 

Thessalonique (Grèce). Le 12 novembre, jour de grève générale, une immense banderole a été déployée sur la façade de la maison des syndicats par l’assemblée « No lager » : « Les noyades aux frontières sont des meurtres commis par l’État grec et l’Europe forteresse. Stop à la guerre aux migrants ». Source

Thessalonique banderole 12 novembre 2015

 

Athènes (Grèce). Vendredi 6 novembre, un groupe de 400 personnes a annulé la manifestation appelée par un « comité de quartier » fasciste contre la présence de migrant-es dans le parc Victoria. Beaucoup de migrant-es utilisent ce parc pour faire une escale d’un jour ou deux sur leur chemin pour quitter la Grèce. Les fascistes d’Athènes ont tenté de créer une hystérie anti-migrants parmi les voisins, mais avec peu de succès : seulement 40 personnes ont répondu à l’appel fasciste, tandis que celui anti-fasciste a été rejoint par plus de 400 camarades. Source

 

Ljubljana (Slovénie). Dans la matinée du 13 novembre, une artère principale de la ville de Ljubljana a été bloquée. Des banderoles accrochées disaient : « Liberté de circulation » et « Vos fils (barbelés), nos morts ». Source

Ljubljana 13 novembre 2015

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Varsovie (Pologne). Des centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Varsovie samedi 7 novembre en solidarité avec les migrant-es, contre les frontières et le racisme, derrière la banderole « La solidarité plutôt que le nationalisme ».

 

Berlin (Allemagne). Des affrontements ont éclaté entre des militant-es antifascistes et solidaires des migrant-es, et la police en marge d’une manifestation fasciste anti-réfugié-es.

Dans la nuit du 11 novembre, des véhicules de plusieurs entreprises qui profitent de l’enfermement des migrant-es ont été incendiés : l’entreprise Gegenbauer, qui a fait les gros titres des journaux car ses salariés frappent les réfugiés dans le camp Lageso ; ISS, entreprise de sécurité présente dans les centre de rétention ; Thyssen Krupp, qui vend des armes partout dans le monde, « elle porte la responsabilité de la migration de centaines de milliers de personnes qui se trouvent justement à chaque endroit dans le monde à la recherche d’un nouvel et meilleur espace de vie ». Source

 

Leipzig (Allemagne). Dans la nuit du 10 au 11 novembre, la direction régionale de Leipzig s’est fait détruire ses fenêtres et sa porte d’entrée. « cette attaque spécialement dirigée contre la direction régionale de Leipzig signifie une attaque contre toutes les directions régionales du pays, contre tous les politiques qui veulent nous expliquer qu’il y a beaucoup trop de réfugiés en Allemagne, qu’il est nécessaire de les installer dans des gymnases et des hangars industriels, ainsi que d’avoir recours à l’armée. Cette prétendue crise des réfugiés est une mise en scène. Il est évident qu’on a besoin d’hangars ou de camps si on souhaite ficher, contrôler et trier des gens. » Source

 

Hambourg (Allemagne). Samedi 14 novembre, 9000 personnes, migrant-es et solidaires ont manifesté dans les rues de la ville.

9000 personnes sont descendues dans le rues aujourd’hui, malgré la pluie et le froid, pour se battre pour les droits des réfugié-es.

Aujourd’hui nous avons clairement dit : l’accueil des réfugié-es signifie l’égalité des droits pour tou-te-s. Nous avons montré que nous voulons vivre ensemble, que nous sommes contre l’isolement dans des tentes, des entrepôts et des camps. Nous avons affirmé que nous sommes contre les nouvelles lois sur l’asile, que nous ne croyons pas à la notion de « mauvais-e migrant-e ». Nous étions côte à côte, nous étions fort-es ensemble, avec de nombreux/euses réfugié-es des camps, avec le collectif Romano Jekipe Ano Hamburg, avec Lampedusa in Hamburg et pleins d’autres. Merci à tou-te-s celles et ceux qui ont soutenu notre lutte aujourd’hui.

Dans le contexte de la terreur à Paris, les signes de solidarité et de cohésion sont devenus encore plus importants. Nous sommes en deuil avec les familles des victimes. Nous sommes profondément préocupé-es par pediga & co qui lancent déjà de nouvelles campagnes de haine. Ne les laissons pas instrumentaliser la terreur pour leur racisme ! C’est seulement ensemble, avec les personnes qui viennent d’autres pays, que nous serons en mesure de surmonter la violence. Continuons jusqu’à ce que toutes les personnes dans cette ville soient vraiment égales. Source

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Vienne et Linz (Autriche). Appel à des manifestations internationales contre les frontières le 14 novembre.

Laissez les frontières ouvertes ! Non aux barrières, aux murs et à la forteresse Europe !

Une vague sans précédent de solidarité avec les réfugiés a déferlé sur l’Europe et proclame haut et fort « bienvenu aux réfugiés, ouvrez les frontières ».

Des milliers de réfugiés et de solidaires ont forcé les gouvernements de l’Europe a ouvrir ses frontières. Maintenant ils veulent revenir en arrière avec des clôtures, des postes frontières, et des barrières imposées par l’armée et la police – et pas seulement sur les frontières extérieurs, mais au sein de l’UE.

La Grande-Bretagne et la France harcèlent les réfugiés à Calais. La Bavière menace de fermer ses frontières avec l’Autriche. L’Autriche envisage d’ériger une clôture de barbelés à la frontière avec la Slovénie. Le premier ministre slovène a demandé une aide militaire européenne pour fermer sa frontière avec la Croatie. La Hongrie et la Macédoine utilisent la violence brutale contre les réfugiés aux frontières avec la Serbie et la Grèce. Le gouvernement grec maintient la frontière avec la Turquie fermée obligeant des milliers de réfugiés à faire la traversée meurtrière par la mer Égée.

Après avoir fui leurs pays, les demandeurs d’asile subissent à nouveau des conditions épouvantables aux frontières. Des milliers sont déjà morts en Méditerranée. Et l’hiver arrive. La situation exige une réponse immédiate et internationaliste : pas de fils barbelés et de violence contre les réfugiés. Partout, des gens viennent en aide aux réfugiés et résistent à l’ordre du jour inhumain des gouvernements.

Ouvrez les frontières immédiatement ! Non aux barrières, aux murs et à l’Europe forteresse.

Abri instantané pour tout le monde et traitement humain de réfugiés !

Arrêt de toutes les expulsions ! Personne n’est illégal !

Démission de tous les ministres responsables !

Source

À Vienne, 3500 personnes ont participé à la manifestation, migrant-es et solidaires.

 

Zagreb (Croatie). L’initiative « Welcome » et le réseau antifasciste de Zagreb ont organisé le 14 novembre une marche de solidarité avec les réfugié-es bloqué-es aux frontières du pays. Source

 

Christmas Island (Australie). Le 9 novembre une émeute a éclaté dans le centre de rétention, situé sur cette île au large de l’Australie, au lendemain de la mort d’un retenu qui avait tenté de s’évader. On ne sait pas pour le moment comment est décédée cette personne. L’émeute a commencé par une manifestation dans le centre d’un groupe de détenus, puis face à la répression de cette manifestation des barrières et des baraquements du centre ont été détruits et les gardes de sécurité du centre ont été attaqués, obligés de quitter les bâtiments. En Australie, les migrant-es arrêté-es en pleine mer sont soit refoulé-es vers le large soit enfermé-es dans des centres de rétention situés dans des îles du Pacifique, loin du continent (Chrismas Island, Nauru, Manus, etc.).

 

à suivre …

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[Italie] Durée de rétention et changements de gestionnaires

5 décembre 2012

Durée de rétention et changements de gestionnaires

Le 25 novembre la loi qui fixe à trois mois le temps maximum de rétention est entrée en application. Il n’était pas explicitement indiqué quel sort subiraient ceux qui à cette date seraient en rétention depuis plus de 90 jours. Après une semaine, voici quelques chiffres : au Cie de Bari, sur 79 retenus, 12 sont sortis ; le pourcentage est plus élevé à Rome et à Turin : à Ponte Galeria sur 59, 22 sont sortis, et 13 sur 28 à Corso Brunelleschi. Cependant les flics ne sont pas restés les mains dans les poches et la population des centres a rapidement réaugmenté, bien qu’elle reste inférieure à quand ils fonctionnaient « à plein régime ». A Turin il y a actuellement 30 retenus ; dans les jours suivants il y a eu plusieurs expulsions immédiatement compensées par de nouvelles arrivées. 
L’histoire d’un mec marocain est significative. Enfermé pendant 4 ans à la prison d’Ivrea, il est amené au Cie de Turin où il reste pendant plus de 4 mois. Libéré en même temps que plein d’autres le 25 novembre, il rentre à Milan où sa famille l’attend, libre mais avec une feuille d’expulsion (« foglio di via« ) qui lui somme de quitter l’Italie dans la semaine. Quelques jours plus tard il est contrôlé juste devant son domicile. Ne pouvant nier qu’il habite là et étant privé de papiers, il est amené au commissariat. C’est toujours la même rengaine : de gré ou de force il doit quitter l’Italie. N’ayant pas abandonné le pays, toujours avant l’échéance légale, la police vient le visiter de nouveau et le remets à Corso Brunelleschi.
A Rome, où les retenus sont environ 80, il y a du nouveau, comme on l’apprend sur certains blogs et journaux. L’appel d’offre lancé il  y a plus d’un an par la préfecture de Rome a été remporté, comme à Turin et à Milan, par le groupement temporaire d’entreprises formé par Gepsa et l’Association culturelle Acuarinto, qui succèdera à Auxilium à partir du 15 décembre et demandera 28,8 euros pour chaque retenu, contre les presque 41 euros par tête du gestionnaire précédent. Au delà de la coupe prévue dans le budget (au lieu de garantir une permanence médicale 24h sur 24 il y aura une infirmerie, l’assistance psychologique sera réduite, les retenus recevront 2,5 euros par jour au lieu de 3,5, des économies seront faites sur la restauration et le ménage) qu’ont agité les principaux syndicats, préoccupés par le sort des 67 honnêtes travailleurs de la structure, la Gepsa, grâce à ses 20 ans d’expérience dans les institutions pénitentiaires transalpines est plutôt experte pour diminuer les coûts des structures qu’elle gère.
Par exemple, comme il est ressorti d’une inspection effectuée en septembre au Cara (Centre d’accueil des demandeurs d’asile, NdT) romain de Castelnuovo di Porto géré depuis fin 2011 par Gepsa et Acuarinto, le nombre d’assiettes servies est inférieur au nombre de demandeurs d’asile, il n’y a pas de correspondance entre le nombres d’heures de nettoyage requis dans l’appel d’offre et celui qui résulte du calcul des heures effectivement travaillées du personnel, l’ambulance prévue n’a également jamais été achetée. 
Le Cie de Trapani-Milo a aussi un nouveau gestionnaire. En octobre la Badia Grande est revenue après deux ans d’absence. Cette société coopérative proche de la diocèse trapanaise avait déjà fait fonctionner le Cie de juillet 2011 à août 2012, et, à lire son CV, est mouillé à à peu près tous les niveaux du secteur de l’enfermement des migrants. En cherchant dans les archives des sites internet il est facile de retrouver les nombreuses plaintes, déposées y compris par la communauté européenne, pour sa gestion du Cara de Salinagrande qui devait fermer en septembre, de même que l’accusation infamante contre celui qui était le référent principal des structures gérées par les diocèses, Don Librizzi. Le prêtre, qui dirige la Caritas de Trapani, profitait de son rôle de membre de la commission territoriale pour la délivrance des statuts de réfugiés politiques afin d’extorquer des prestations sexuelles aux demandeurs d’asile.
Traduit de Macerie

[Italie] Contre Mos Maiorum nous portons la solidarité dans la rue.

20 octobre 2014. Hurriya reçoit et diffuse :

            
Ce matin à Rome, un petit groupe d’ennemis des frontières s’est baladé durant quelques heures, de la place Vittorio à Torpignattara sillonant les rues, les lieux de passage et les transports publics, laissant des traces sur les murs et discutant avec les gens. Il y a plus de deux semaines que, comme dans d’autres villes, des groupes ou des individus informent sur Moss Maiorum et amènent la solidarité contre les rafles et les expulsions dans la rue avec des diffusions de tracts et des rassemblements.     
            
Demain commencera la deuxième semaine annoncée de la chasse au migrant «Mos Maiorum» mais les rafles et les contrôles représentent déjà le quotidien de la métropole. Se promener dans les quartiers, discuter avec qui l’on rencontre, partager et résoudre les problèmes n’est pas une pratique improvisée, ni la découverte soudaine d’une politique rasciste.
Ces jours-ci ce n’est pas un grand effort que d’imprimer des tracts dans plusieurs langues, d’être présent.e.s dans la rue, de percevoir la militarisation et de montrer de quel côté l’on se situe… Cela permet de visualiser de quelles complicités on dispose dans cette pratique.       
En jettant un oeil aux quelques informations apparues sur les réseaux sociaux ou dans la presse, cette première semaine de l’opération Mos Maiorum nous indique des éléments que l’on peut schématiser comme suit:
– A Trieste et Vintimille le contrôle renforcé des frontières internes à l’Europe est évident. Les bus et les trains sont ratissés. Les déclarations des autorités françaises, suivies par celles de la ligue du nord, sur la nécessité de suspendre le traité de Schengen à cause de « l’incompétence italienne » pour contrôler la frontière sud semblent s’être traduites en un coup de force.             

– De nombreux contrôles dans les zones agricoles où travaillent beaucoup d’exploités ont abouti à des arrestations de travailleurs immigrés. C’est la même chose qui arrive aux travailleurs du sexe, touchés par de véritables raids nocturnes dans leurs quartiers (lieux de travail et de distribution alimentaire).             

– Il y aurait également des contrôles à domicile menés dans plusieurs villes par la police municipale. Dans l’anesthésie ambiante, ce type de contrôles peut sembler moins visible et «moins hostile» qu’un bâtiment investi militairement par les gendarmes/flics/militaires. Dans certains cas, il semblerait que les agents de la municipales demandent des informations sur les habitants de l’immeuble.             

– Dans les principales stations ferroviaires se dressent des checkpoints auxquels on ne prête peut-être même plus attention tant ils font partie de la normalité. Les contrôles sont très fréquents et il se passe la même chose dans les stations de métro.             

– Dans certaines villes les préfectures organisent des contrôles spécifiques de certaines zones à l’aide de checkpoints importants érigés à quelques rues les uns des autres.             

A Rome on signale des rafles à Stazione Ostiense, Stazione Tiburtina, Stazione Termini, zona San Paolo, Porta Maggiore, viale Marconi, Esquilino, via Prenestina et Trastevere.
Certains quartiers où la militarisation totale est favorisée par les comités de citoyens «anti-dégradation» racistes, sont devenus «no-go zones», véritables frontières dans la ville.             
            
Nous relançons l’invitation à signaler la militarisation et les contrôles par SMS à vos ami.e.s ou par #stopraids + #nomdelaville sur les réseaux sociaux.             
            
            
Amenons la solidarité dans la rue.
Empêchons les rafles.             
        

[Rome] Début septembre au CIE de Ponte Galeria

Début septembre 2014 au CIE de Ponte Galeria. Le 4 septembre, cinq grévistes de la faim du CIE de Ponte Galeria à Rome ont été expulsés. Le soir, ils ont appelé d’autres prisonniers pour leur dire qu’ils avaient été expulsés en Tunisie alors qu’ils sont algériens.

La directrice du centre a convoqué individuellement les grévistes de la faim pour leur faire cesser le mouvement en laissant miroiter des libérations d’ici quelques jours. (source)

Le lendemain matin, deux retenus ont demandé à être expulsés pour sortir au plus vite du centre. Devant le refus de la direction de la prison, qui leur a expliqué qu’aucune démarche n’avait été entamée pour leur expulsion et qu’ils ne seraient pas libérés avant un long moment, les deux retenus se sont mutilés le corps avec des lames de rasoir, provocant l’hilarité des flics. Cette situation a provoqué la colère des autres retenus : certains ont grimpé sur le toit tandis que d’autres ont allumés des incendies.

Après environ 30 minutes, des centaines de flics de l’unités anti-émeute sont entrés dans le camp et ont, malgré une forte résistance, obligé les retenus à retourner en cellule et à subir une fouille au corps.

Le 6 septembre, un jeune nigérian, en grève de la faim depuis 17 jours a été conduit à l’hôpital où il a été nourri de force.

Dans la matinée du 7 septembre, 20 retenus ont tenté l’évasion, mais ont été bloqués par les flics prévenus par le système d’alarme. (source)

Le soir, un rassemblement en solidarité a été organisé devant les murs du CIE rassemblant une quarantaine de personnes. À l’intérieur, un groupe de retenu a réussi à monter sur les toits. Pendant trois heures, ils ont résisté aux flics qui les ont attaqués à coup de canon à eau et lacrymogène. Profitant de la confusion, trois ont tenté de s’échapper mais n’y sont pas parvenu.

Au final, les flics ont chargé et ont délogés les retenus du toit non sans avoir reçu des projectiles. Au moins 5 d’entre-eux ont été arrêtés. Le lendemain, ils ont été ramenés au CIE et avaient des traces de coup sur la tête et le torse. Pendant toute la journée, personne n’a été autorisé à sortir de cellule. (source)

Le 9 septembre, pour une seconde journée, tous les retenus du CIE ont été maintenus enfermés dans les cellules. Un des cinq retenus arrêtés avant-hier a le pied cassé mais ne peut pas accéder à des soins médicaux. Plusieurs retenus ont appelé de nombreuses fois les pompiers et une ambulance a fini par arriver. Le blessé n’a as été transféré à l’hôpital, mais « soigné » sur place. Une grève de la faim pour protester contre le régime portes fermées a commencé. (source)

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[Rome] Rassemblement devant le CIE et projection dans la rue

29 juin 2014. Ce matin une quarantaine d’ennemi-e-s des frontières et des prisons se sont retrouvé-e-s devant les murs du Centre de Ponte Galeria

A peine la sono montée, dès les premières minutes les cris des détenu-e-s sont arrivés clairs aux oreilles de ceux qui étaient là dehors, symptôme que la tension racontée ces derniers jours est très forte.

La nouvelle de l‘évasion du Cie de Trapani a réchauffé les cœurs, comme celle des protestation dans le CARA de Castel Nuovo di porto, géré par la même coopérative Auxilium, qui tire profit aussi du CIE de Ponte Galeria.

Après une brève mise à jour sur la situation dans les autres centres et le récit de quelques luttes, un lancé de balle de tennis a eu lieu pour surpasser les murs et renforcer la communication entre dedans et dehors.

C’est comme ça que les solidaire ont appris que dans la journée d’hier, 8 détenus ont essayé de recouvrir la liberté en faisant un trou dans le mur d’une cellule et se sont malheureusement fait arrêtés par l’intervention des forces répressives présentes en masse à l’intérieur du Cie.

Après presque deux heures le rassemblement s’est dispersé avec un fort salut à tou-te-s celles et ceux emprisonné-e-s et avec la proposition, pour les solidaires de se retrouver dans la rue vendredi prochain. ( voir ci dessous, ndt)

Il y a environ 100 hommes et 40 femmes retenu-e-s dans le Cie.

Les uniques étrangers dans le quartier sont les flics

4 juillet 2014. Apéro et Projection dans la rue, vendredi 4 juillet à 19 heures du film « unveiled » : Fariba, une femme enfuie de son pays à la recherche de la liberté, découvre la violence des Centres de Détention  pour migrants, la menace de l’expulsion et l’exploitation. »

Nous ne voulons plus accepter d’assister aux chasses à l’homme dans les rues de ce quartier, aux rafles contre celles et ceux qui n’ont pas de papiers, contre celles et ceux qui essaient de s’enfuir d’un pays hostile. Chaque jour qu’un individu, proche de nous ou pas, est enfermé dans un camp de la ville, déporté dans un de ces mêmes pays où l’Italie pille les ressources et s’enrichit, notre rage monte et s’unit à celle de celles et ceux qui, individuellement ou collectivement, se rebellent et s’organisent pour détruire ces lieux d’enfermement.

ARRÊT DES RAFLES  ! Les CIE se ferment… AVEC LES RÉVOLTES.

traduit de hurryia

[Rome] Révolte et charges au CARA de Castelnuovo

10 juin 2014. Moins d’un mois depuis la dernière fois, les demandeurs d’asile du CARA de Castelnuovo di Porto (Rome) ont une nouvelle fois entamé une protestation. A 7 heures du matin, heure de pointe pour les travailleurs qui se rendent dans la capitale, ils ont bloqué la Via Tiberina, empêchant la circulation et ont affiché des panneaux expliquant pourquoi ils ont pris les rues.

Ce qui a déclenché la colère, c’est le non paiement de l’indemnité journalière de 2,50 euros par jour, aboli depuis le 7 avril quand la gestion du centre est passée des mains de l’entreprise GESPA à celles de la coopérative Auxilium. Cette indemnité devait être remplacée par une carte prépayée, mais elle n’a jamais été délivrée aux demandeurs d’asile. En outre, les manifestants réclamaient « à être traités comme des êtres humains. »

Après environ deux heures, la police est intervenue aidée d’un contingent de l’armée. Ils ont essayé de déplacer les manifestants, mais rapidement l’atmosphère s’est échauffée et les flics et les militaires ont chargé. Les demandeurs d’asile se sont alors enfuis, certains à l’intérieur du CARA, d’autres à travers les champs, pourchassés par la police. Certains ont réussi à empêcher les opérateurs de la coopérative d’accéder au centre.

S’en est suivit une valse de déclarations.

Le directeur du CARA, Vincent Lutrell, a tenté de minimiser l’incident, « les forces de police ont résolu la situation de via Tiberina, où il y avait un groupe de personnes, je ne sais pas s’il y a eu des affrontements. Au moment où les migrants ont été renvoyés dans la structure, ils ont bloqué l’entrée de la porte principale.  »
Le député du Parti démocratique Khalid Chaouki, dans une tentative de ménager chèvre et choux, a demandé sur sa page facebook « l’intervention du ministère de l’Intérieur pour la protection des demandeurs d’asile et des travailleurs. »
Ensuite, le parlementaire est allé avec mon collègue Ileana Piazzoni du parti Sinistra Ecologia Libertà, calmer les esprits au CARA concluant avec le baratin habituel que nous avons entendu tant de fois au cours des dernières années: « si une action rapide pour la prise en charge conditions de vie des habitants du CARA doit avoir lieu sans délai, nous restons fermement convaincus de la nécessité d’un examen approfondi du système de l’accueil des réfugiés « .
La coopérative Auxilium, qui, en plus du CARA de Castelnuovo, gère également le CARA de Bari et les centres de rétention de Rome et de Caltanissetta, a préféré ne pas faire de commentaire.

traduit de Macerie

[Rome] Révolte au CARA de Castelnuovo

15 mai 2014. Plus de deux cents immigrés retenus dans le centre se sont barricadés à l’intérieur. Ils ont fermé avec des chaînes le portail d’entrée empêchant les vigiles de sortir et les ouvriers de rentrer. Ils protestent contre la mise en place d’une carte pour les dépenses minimales dans le centre, qui avant étaient payées en liquide. Les flics arrivent pour mater la protestation en chargeant les immigrés, et les gazant à la lacrymo. En réponse, les retenus ont lancé des pierres et d’autres objets contre les forces de l’ordre. Quelques flics à l’hôpital et une voiture de carabinier endommagée.