Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Afghanistan : 200 manifestants prennent d’assaut le consulat d’Iran à Herat – 09 décembre 2012

Afghanistan : 200 manifestants prennent d’assaut le consulat d’Iran à Herat – 09 décembre 2012

200 personnes ont attaqué le consulat d’Iran aujourd’hui à Herat, dans l’ouest de l’Afghanistan, pour protester contre le meurtre de 13 migrants afghans abattus par les forces de sécurité iraniennes alors qu’ils avaient franchi illégalement la frontière entre les deux pays. La foule a jeté des pierres et brisé les vitres du bâtiment diplomatique, avant d’être repoussée par plusieurs dizaines de policiers afghans qui ont tiré en l’air.

 

Un texte à (re)lire : L’incendie

En ce moment où la flamme de la révolte se ravive en Tunisie comme en Égypte, un texte à (re)lire publié dans la revue anarchiste Subversions. 

L’incendie

ça commence par une énième étincelle et soudain elle met le feu aux poudres. ça s’enflamme en Tunisie puis en Egypte, puis au Maroc, en Algérie, en Libye et en Syrie… et l’immense feu de joie qui embrase toute la région imprime dans les cœurs des révoltés, partout dans le monde, cette affirmation : rien n’est impossible.

Les dirigeants des démocraties occidentales, eux, auraient bien aimé que rien ne soit possible. Ou, en tout cas, limiter le champ des possibles. Après avoir hésité, attendant les mots d’ordres de leurs maîtres, les médias ont tous adopté la même ligne. Face à l’élan insurrectionnel qui leur font craindre un vent révolutionnaire risquant de passer la Méditerranée, ils tentent de récupérer les événements en leur faveur, imposant leur grille de lecture : ce qui se jouerait au Maghreb et au Moyen Orient serait une révolution pour la transition démocratique (bourgeoise libérale).

Il est vrai que les dirigeants européens ne sont pas très rassurés. Jusqu’ici ils s’accommodaient bien de cet arc de pays autoritaires qui formait la frontière sud de l’Union. Ils avaient noué des accords stratégiques comprenant des dimensions économiques, politiques et militaires avec la plupart d’entre eux. Accords où la question de la démocratie à la sauce droit-de-l’hommiste n’était que pure rhétorique. C’est pourtant cette bannière que dirigeants européens et nord-américains agitent en toute occasion pour justifier leur entrée en guerre ou leurs interventions militaires et civiles dans des situations de «crise».

Quand l’Europe parle d’humains, ce sont par exemple cinq milliards d’euros versés chaque année à la Libye en contrepartie desquels Kadhafi s’engageait à arrêter le flux de migrants venu d’Afrique. Concrètement, cela donnait des réfugiés arrêtés en pleine mer par les patrouilles italiennes qui, quand celles-ci ne les coulaient pas, les redirigaient vers la Libye où ils étaient enfermés dans trois camps de mille places en plein désert. Concrètement, c’est aussi actuellement ne pas bombarder la marine militaire de Kadhafi parce que celle-ci servira au futur pouvoir pour continuer la même sale besogne. Le CNT, Conseil national de transition, a d’ailleurs signé le 17 juin à Naples la poursuite de cet accord avec l’Italie s’il parvenait à s’emparer du pouvoir. La construction d’un nouveau camp est d’ores et déjà prévue à Benghazi.

Quand l’Europe parle de démocratie, cela consiste aussi à injecter de l’argent au Maroc pour qu’il fortifie les colonies espagnoles de Ceuta et Melilla sur le continent africain, à coup de barbelés, de miradors et de balles. La démocratie, ce sont des drones survolants les frontières européennes pour faire la chasse aux «clandestins» ; ce sont des appareils qui détectent les battements de cœur pour repérer les migrants qui se cachent dans des camions ou des trains pour pénétrer dans ce modèle de moralité et de civilisation que prétend être l’Europe.

La moralité en Europe, c’est d’appliquer dans la démocratie italienne un permis de séjour à points pour les individus en attente de papiers (selon leur degré de soumission), avec lequel elles intègrent le pays en tant qu’esclaves salariés qui risquent de perdre à tout moment la possibilité d’y rester. La moralité d’une démocratie à la française, c’est de proposer le retrait de la nationalité d’une personne d’origine étrangère quand elle est vaguement reconnue coupable d’avoir attentée à un dépositaire de l’ordre public. La justice à la belge, c’est de couvrir les gendarmes qui ont assassiné Semira Adamu, une femme courageuse et combattante, lors de sa sixième tentative d’expulsion.

La démocratie en Europe, ce sont des dizaines de camps d’enfermement (jusqu’à 18 mois) pour les sans-papiers répartis dans tous les pays. Des camps avec des matons qui frappent et des médecins qui endorment les ardeurs à coups de calmants. La démocratie c’est, selon les préfets, la liberté de manifester devant un centre de rétention, mais toujours à bonne distance des grilles. C’est prétendre que quand les retenus se révoltent, ce n’est pas à cause de leur enfermement, mais parce que des personnes solidaires, de l’autre côté des murs, crient Liberté !

La démocratie en Europe c’est, du jour au lendemain, renvoyer des réfugiés dans un pays considéré la veille comme la pire des dictatures, mais devenu depuis un allié, bien que les conditions réelles n’aient en rien changé pour les pauvres. C’est considérer les immigrés sous l’angle de la rentabilité, et renvoyer ceux qui ne peuvent pas faire valoir une compétence que le capitalisme d’ici juge pressurable à merci.

Il paraîtrait même que la barbarie serait la spécificité des régimes dictatoriaux, quand, ici comme partout, les États enferment les révoltés par dizaines de milliers, mutilent et tuent au besoin ceux qui sont trop récalcitrants ou inutiles (par le suicide en prison, l’esclavage salarié et ses «accidents», ou encore la gestion de la pacification sociale à travers les stupéfiants dans les quartiers pauvres).

Alors, c’est donc ça le modèle démocratique dont les dirigeants se vantent, celui qu’ils voudraient exporter ailleurs pour préserver leur pouvoir ? Eh oui ! Et puisque c’est bien ça, alors débarrassons-nous en au plus vite.

Au début, les révoltes qui grondent de l’autre côté de la Méditerranée étaient présentées comme l’œuvre de casseurs, de désœuvrés ou de terroristes, avant de devenir en quelques jours de louables aspirations à une transition démocratique. Cela permettait, dans le même temps qu’une reprise de contrôle de la situation, de se présenter une fois de plus comme le modèle à atteindre. Et au passage, cela voudrait balayer la perspective d’une contamination des révoltes vers le continent européen. Comment en effet imaginer se révolter ici, quand on nous serine partout que des gens sont prêts à se faire tuer là-bas pour avoir notre chance ?

Là où la dictature ne laisse aucune place à sa remise en cause, la démocratie non plus, mais de manière plus fine. Toute sa force réside dans la place qu’elle laisse à l’expression du mécontentement, de la marge, à partir du moment que c’est elle qui définit les limites et les formes acceptables. En effet, tant que les contestations n’en viennent pas à le cibler en tant que tel, tant qu’elles acceptent les règles du jeu qu’il leur fixe, l’autorité et le pouvoir de l’État ne s’en voient que renforcés et légitimés. L’art de tout pouvoir démocrate réside dans sa capacité à s’assurer de l’inoffensivité des contestations en les intégrant avec l’aide de ses médiations (syndicats, religieux, élus, associations, grands frères).

C’est quand la mascarade ne prend définitivement pas, quand la protestation se mue en une révolte qui pousse le bouchon un peu plus loin (la grève devient sauvage, une loi n’est plus à modifier mais à retirer, une nuisance n’est pas à expertiser mais doit disparaître d’un territoire donné), que les États démocratiques usent de l’art subtil de la récompense comme de la coercition, de la carotte comme du bâton. Et tout revient alors souvent dans l’ordre, au prix de quelques sacrifices d’un côté, d’os brisés et d’années de prison de l’autre.

Restent alors ceux qui dépassent les bornes (en posant un pourquoi subversif et plus seulement un comment), ceux qui refusent le dialogue, ou encore tous ces indésirables qu’il n’est pas souhaitable de faire participer au paradis marchand et progressiste de la démocratie. Ceux-là sont regroupés dans des figures isolées socialement (le délinquant forcément violent, le terroriste forcément sanguinaire, le parasite forcément chômeur…), présentées comme responsables des imperfections du fonctionnement de la société. Le terrain étant prêt, une répression ciblée peut ensuite s’abattre sur ces catégories de la population créées puis alimentées par le pouvoir. Cela permet de justifier le développement d’outils de contrôle d’abord contre ces figures-là, avant de les généraliser à l’ensemble de la population (papiers d’identité, empreintes digitales et génétiques, biométrie,…).

Plus généralement à tous les niveaux, lorsque l’individu refuse de se plier, de se résigner à accepter les lois étatiques et autres morales sociales qui ne lui conviennent pas et ne reprend pas le droit chemin démocrate, la menace de l’enfermement reste une arme de choix. Les hôpitaux psychiatriques pour ceux qui ne rentrent pas dans les normes. Les prisons pour mineurs et les taules pour ceux qui remettent en question le règne de la propriété privée, pour ceux qui sont trop rétifs à l’autorité.

Mais qu’est-ce que ce monde qui parle de liberté sous la menace de l’enfermement ?

Aucun parti politique ne mettra jamais fin aux camps pour migrants tant qu’il existera un intérêt économique et social à les maintenir en place (l’abaissement général du coût du travail par le chantage à l’expulsion de la main d’œuvre étrangère d’un côté, l’existence des frontières de l’autre). Parce qu’au-delà de la forme plus ou moins autoritaire de la domination (dictature d’un seul, d’un petit nombre ou d’une majorité), le capitalisme n’a pas de visage humain.Tant que nous croirons à la fable de la démocratie et des droits de l’homme, tant que nous déléguerons notre capacité de décision et d’action aux politiciens (élus ou récupérateurs issus des luttes), nous nous réduirons nous-mêmes à une vie de soumis, vide et absurde.

Ces derniers mois pourtant de l’autre côté de la Méditerranée, l’exemple nous a été donné que rien n’est impossible. Dans des zones où la répression policière du pouvoir guettait à chaque coin de rue et parfois jusqu’au sein de chaque famille (sur le modèle du capitalisme d’Etat de l’Est), une partie de la population a repris la rue, les effigies des dirigeants ont jonché le sol, des commissariats ont brûlé, des prisons et des villas de riches ont été attaquées, des entrepôts ont été pillés…

Sur le sol même du continent européen, en un mois, ce sont également trois camps pour migrants qui ont presqu’entièrement brûlé. À Gradisca, en Italie, depuis des semaines les sans-papiers sabotaient, incendiaient et détruisaient leur cage. C’est alors que sont arrivés une cinquantaine de Tunisiens que l’Italie s’est empressée d’enfermer. Il s’en est suivi une escalade d’incendies, au point qu’il ne reste plus qu’une cellule valide dans le camp. En Belgique, ceux du centre 127bis ont brûlé les cellules, alors que de l’autre côté des grillages des manifestants criaient «Liberté !». Et tandis qu’ils étaient repoussés dans la cour, l’un d’entre eux a réussi à s’évader. Si les manifestants de l’autre côté des grilles avaient suivi les valeurs de la démocratie, ils auraient sinon repoussé l’évadé dans l’antre de la prison, au moins attendu passivement l’intervention de la police. Mais ils ont fait ce que commande l’élan du cœur, et pas celui du réalisme politique  : ils ont aidé l’évadé à disparaître dans la nature. Dans la nuit, une autre aile du camp a brûlé, ce qui fait deux ailes rendues inopérantes pour des mois. Début mars, c’est aussi le centre de rétention de Marseille que des retenus ont cramé.

Ces gestes de révolte et de solidarité -des deux côtés de la Méditerranée- nous donnent la force de continuer à lutter contre les bavardages et les chausse-trappe de tous ceux qui tirent profit de l’ordre des choses. De la Tunisie à ici, personne ne pourra prétendre enfermer nos rêves d’une liberté démesurée, pour toutes et tous.

Quelques étincelles, 20 avril 2011

[Publié dans SubversionS n°1, septembre 2012, Paris, pp. 30-31]

Rassemblement puis révolte au CIE de Turin – 30 novembre 2012

Depuis quelques temps, on n’entendait plus parler du CIE de corso Brunelleschi a Turin : à part quelque histoires « ordinaires » de violences et abus commis par la police, aucune protestation à l’intérieur, aucune initiative au dehors des murs, rien de rien. Pourtant il n’a suffi que d’une petite initiative à l’extérieur des murs du centre, une quarantaine de personnes réunies pour fêter les 10 ans de la « Samba Band », pour ré-atiser cette faim de liberté que, évidemment, les somnifères de la Croix-Rouge ne peuvent éteindre, et qui n’attendait que l’occasion pour se déchaîner.

Au son des tambours, les détenus ont réagi immédiatement en essayant de briser les portes des cages, d’abord une section, puis un autre, et finalement tout le centre – y compris la section femmes – était dans la tourmente. La police intervient d’abord avec les canons à eau, puis entre dans les sections les plus chaudes pour apaiser les esprits au son des coups de matraques. Quant le rassemblement se poste devant l’entrée du centre, vient la nouvelle de 5 blessés dans la section violette. Et quand le rassemblement retourne sur le corso Brunelleschi, bloquant la circulation sur la via Mazzarello et sur la via Monginevro l’air est rempli de l’odeur des lacrymogènes lancées contre les révoltés. Certains parviennent à grimper sur les toits de la section bleue, et de là saluent les manifestants

source macerie

Deux textes à (re)lire publiés dans Brique par brique, Se battre contre la prison et son monde

Deux textes à (re)lire publiés dans Brique par brique, Se battre contre la prison et son monde [Belgique 2006-2011], Tumult éditions 2012 (tumult.uitgaves@gmail.com)

Une lumière dans les ténèbres… Deux tiers du 127bis incendiés

24 août 2008, un peu après minuit. À huit différents endroits dans le centres fermé 127bis de Steenokkerzeel, des matelas, des poubelles, des draps et des papiers sont incendiés. Le feu se propage très rapidement, les prisonniers reçoivent la permission de sortir des bâtiments, « évacués » comme cela se dit dans le langage des chefs de camp humanitaires. Deux des trois ailes sont consumées par les flammes, la troisième aile subit des dégâts limités. La police érige des barrages et organise des patrouilles mobiles sur un rayon de plusieurs kilomètres autour du centre pour reprendre les éventuels évadés. Effectivement, plusieurs prisonniers essayent de se faire la belle, profitant de la situation confuse, mais l’intervention rapide de plusieurs unités de police anti-émeute serre les possibilités. Au cours de la nuit, quand le feu crépite encore, la police commence les interrogatoires. Des convois sont organisés pour transférer les prisonniers vers d’autres centres fermés. Il est reconnu à contrecœur qu’un nombre inconnu de gens a dû être libéré à cause du fait que les centres étaient déjà pleins à craquer. Jusqu’à aujourd’hui, la Justice n’a pas réussi à accuser quelqu’un de l’incendie.

Ils ont tout fait pour présenter cette destruction quasi complète du centre fermé comme un éclair en pleine journée. Quelque chose qui tombait vraiment du ciel. Ainsi ils ont voulu éviter qu’il devienne clair pour tout le monde que ces incendies coordonnés ne sont que le comble de tout un parcours de révolte et de rébellion. Pas seulement la révolte collective du début de juillet 2008 quand la police anti-émeute a envahi le centre pour prendre et isoler huit rebelles, mais aussi des révoltes individuelles circonscrites et moins circonscrites. Il est important se souligner ceci , car cela montre ce qui pourrait être un possible parcours pour réussir à donner des coups durs à certaines institutions.

Ce n’est que dans la mesure où la révolte individuelle se développe et, à travers ses gestes, remet profondément en question la résignation des autres (la majorité, soyons honnêtes) , que des complicités peuvent se tisser et devenir le fondement de la révolte collective. Et encore, car apparemment quelques individus avec une vision claire de ce qu’ils veulent et qui agissent en conséquence, suffisent pour faire partir en flamme deux ailes d’un centre fermé. Et oui, peut-être cela réjouit beaucoup de prisonniers, mais ça ne signifie nullement qu’ils seraient prêts à le faire eux-mêmes. La résignation se cache parfois aussi derrière les mais qui applaudissent.

C’est un pur moment de joie quand ce que tu désires se réalise. Fatigués d’une « lutte » qui se limite (en grande partie consciemment) à des plateformes de revendications, des manifestations, des négociations avec les prêtres, les autorité universitaires, les politiciens et les fonctionnaires, des grèves de la faim et des actions symboliques, les torches de la détermination et la fermeté de l’action directe éclairent un parcours subversif vivant. Que ceux qui ne veulent plus se résigner à leur condition de prisonniers de ce système, se reconnaissent et s’inspirent en pensée et en acte.

Comme nous l’avons dit maintes fois, l’étouffement d’une révolte réside dans son isolement. Dans son isolement à l’intérieur des murs d’une usine ou d’une prison, à l’intérieur des frontières d’un quartier ou d’une « communauté ». Briser cet isolement n’est possible qu’à travers la diffusion de la révolte qui implique que les matons de ta propre situation ne se sentent plus à la fête, que les barreaux de ta propre cellule souffrent de la fine scie à métaux, que les directeurs qui exploitent et dominent tes faits et tes gestes reçoivent des coups dans leurs gueules.

Texte initialement publié dans La Cavale, correspondance de la lutte contre la prison, n°14, novembre 2008 et repris dans Brique par brique, se battre contre la prison et son monde [Belgique 2006-2011], Tumult éditions, 2012, pp.149-150.

Voyage d’un indésirable à travers les rues et les centres

Une des nombreuses ASBL d’Anvers. Un lieu où beaucoup d’immigrés se rencontrent, où tu peux rencontrer beaucoup d’immigrés [1]. Cependant, tu n’y trouveras pas beaucoup de femmes et tu ne pourras pas aller voir derrière la porte fermée du bar. Des sans-papiers qui y travaillent pour du pain et un toit. Ça s’appelle une faveur de la communauté. Et il ne s’agit pas seulement de cuisiner, de nettoyer, de servir… Non, le deal c’est que tu abrites les petits trafics, et ceux plus grands déjà. Les petits commerces de personnes qui essaient de négocier quelques affaires d’origine obscure, les grands commerces de drogues en tous genres. C’est là que j’ai rencontré Abdel. Il y travaillait la journée et dormait la nuit sur un matelas dans la cave. Le patron lui avait offert cette chance parce que « des gens originaires de la même région doivent s’entraider ». Que toute cette aide enrichisse certains et maintienne les autres dans la misère, on l’accepte silencieusement.

Un jour, c’en fut trop. Abdel ne pouvait plus accepter qu’on deale de la cocaïne lorsqu’il était derrière le bar. Après une dispute avec le patron, il s’est cassé. Le patron a toutefois gardé ses papiers. La main invisible des privilégiés des communautés d’immigrés garde beaucoup de prolétaires sous son emprise.

Refuser une main tendue n’est guère apprécié. Dans beaucoup de lieux, Abdel n’était plus le bienvenu mais, heureusement, il y a pas mal d’exclus de la communauté qui se retrouvent et essaient de survivre ensemble dans la jungle de la domination. Parce que louer était financièrement impensable, Abdel s’est mis à squatter avec quelques autres.

Pour survivre, il fallait voler. J’ai toujours trouvé très inspirant que des personnes à qui il reste si peu de perspectives gardent encore une certaine éthique. Pas de drogue et ne pas voler d’autres pauvres. Peut-être suis-je naïf, et que ça a plus à voir avec le fait que voler les pauvres ne rapporte pas grand-chose… Quelques mois plus tard, l’inévitable est arrivé. On en avait souvent discuté. Il nous semblait inévitable que le long bras de la loi intervienne à un moment donné. Curieusement, cette conscience dissipe une partie de la peur de prendre des risques.

Abdel a pris 18 mois pour vol dans des voitures et deux cambriolages dans des villas. Les portes de la prison se sont à nouveau ouvertes pour lui. Il a retrouvé quelques amis, mais la prison lui pesait tout de même. La pression des clans est grande et te met le dos au mur. Soit tu baisses la tête et tu te caches, soit tu continues ton chemin la tête haute et tu risques un couteau dans le ventre. Abdel a essayé autant que possible d’éviter la confrontation. Il a rencontré quelques personnes qui ne venaient pas de sa communauté et il a essayé, comme il l’avait fait au dehors, de survivre avec eux l’enfer de la prison.

Parce qu’il parlait à peine la langue exigée, il ne savait guère pourquoi il avait été condamné. Il ne savait que le nombre de mois qu’il avait à purger. La routine de la prison n’a pas besoin des mots, elle s’explique par elle-même. Quelques mois plus tard, il était transféré vers une prison lointaine pour purger ses derniers mois.

Il aspirait tellement à être de nouveau dehors. Pas seulement pour pouvoir bouger de nouveau, mais aussi pour entamer une nouvelle étape de sa vie. La prison est une école pour beaucoup de choses. En dépit de la mentalité de clan qui va en grandissant et de la décadence de l’ancienne éthique des délinquants, beaucoup de connaissances et expériences y sont encore partagées… et puis, l’inévitable venait de tomber du ciel : condamné à 18 mois, mais pas en possession de papiers valables. Le résultat de cette addition signifiait des mois supplémentaires dans un centre fermé [centre de rétention]. Administrativement.

Abdel m’a raconté qu’en prison, au moins c’était clair. Autant de mois à purger et après t’es dehors. Un centre fermé, par contre, repose sur l’incertitude permanente quant au temps qu’ils vont te garder. Personne ne peut te dire si tu ressortiras de nouveau dans la rue ou si tu seras déporté. Cette terreur permanente est l’arme la plus puissante entre les mains de la direction. Ils propagent l’illusion que celui qui se comporte bien a plus de chance d’être libéré.

La rage est grande dans les centres fermés. Presque tout le monde veut s’échapper. Avec sa connaissance en matière de « Sésame ouvre-toi », il a proposé un plan d’évasion à quelques autres de son bloc. Depuis la salle de récréation, ils devaient forcer une porte qui donnait sur les prairies autour des murs. La dernière chose à surmonter était la clôture, mais ce n’était pas un si grand problème. Dans le centre, tout le monde sait parfaitement comment couper le grillage. Une ligne horizontale et une verticale avec une pince sont suffisantes pour le plier et s’y glisser. Ça ne prend même pas trois minutes. De plus, les gardiens ne sont pas censés te poursuivre une fois que t’as passé la clôture ; pour cela, ils appellent la police.

Pour camoufler le bruit qu’ils faisaient en défonçant la porte, quelqu’un devait jouer de la guitare. C’est drôle que le centre pense que quelque chose comme une guitare puisse calmer les gens – leurs esprits autoritaires ne pourront jamais comprendre que le désir de liberté peut transformer n’importe quel objet en arme. À un moment donné, un gardien se dirige vers la porte. Abdel lui demande du feu. Dans le centre fermé, les briquets sont interdits (un briquet permet de mettre le feu aux cellules…). Entre-temps, les autres travaillent sur la porte. Tout commence à grincer. Il faut se grouiller maintenant. Les nerfs en boule, quelqu’un ne tient plus et donne un coup d’épaule contre la porte. La porte s’ouvre à grand bruit et une dizaine de prisonniers se précipite dehors. Abdel voit son plan lui filer sous le nez. Pendant que les autres font leur chemin vers la liberté, Abdel essaie encore autre chose. Il arrive jusqu’au toit et veut s’y cacher quelques heures avant de descendre dans la nuit et de s’évader. Une heure plus tard, il est découvert par les gardiens. Une dizaine d’autres ont par contre réussi de s’échapper.

À partir de ce moment, Abdel saisit chaque occasion de se battre contre le centre fermé. Après une confrontation avec un gardien, il gagne la confiance de quelques autres prisonniers. Quelques jours plus tard, ils assouvissent leur colère et détruisent tout un bloc. Quelques cellules partent en flammes. Après deux semaines de cachot [mitard], les insurgés sont de nouveau remis dans les sections normales.

Quelques scies à métaux ont suffit à rendre possible un nouveau plan d’évasion. Cette fois-ci, il ne fallait pas laisser tant de choses au hasard. Abdel ne met que quelques personnes au courant. Jour après jour, ils scient quelques millimètres de barreaux. Jusqu’au jour où un autre prisonnier a eut vent du plan. Pour se mettre dans les bonnes grâces de la direction, il dénonce les barreaux sciés. Quelques heures plus tard, tous les barreaux du centre sont examinés et ressoudés…

Le temps commence à presser. Un ambassadeur a délivré un laissez-passer pour Abdel. Une première tentative de déportation échoue…

Après une énième mort dans une cellule d’isolement du centre fermé, une émeute éclate. De par son expérience, Abdel connaît les points faibles du système. Toute une salle part en flammes. Différentes cellules sont détruites. Les exhortations d’Abdel ne passent pas inaperçues et il est remis en isolement. Aucun contact avec les autres. La seule communication encore possible, c’était la révolte. Abdel a détruit la cellule d’isolement dans l’espoir que ce signe de résistance pourrait en inciter d’autres. Mais c’est le silence qui a suivit…

À ce moment là, tout s’est accéléré. La machine à déporter n’est pas aussi arbitraire que certains de ses « critiques  » le prétendent. Pour les révoltés, il y a toujours une place dans l’avion. Une semaine plus tard, Abdel a été déporté sous escorte policière.

Pour que ce parcours de rébellion puisse inspirer et inciter des complices anonymes. Comme Abdel le disait déjà, le vrai problème c’est l’isolement de la rébellion entre quatre murs. Si la révolte s’étendait vers l’extérieur, d’après lui tout serait possible. Ses derniers mots en Belgique ont été : « S’ils pensent qu’ils ont des problèmes avec moi ici dedans, ils verront bien quand je sortirai ».

Un ami d’Abdel,
Juin 2008.

[1] Les « asbl » sont des structures associatives sans but lucratif. Presque tous les cafés « d’immigrés » à Anvers et ailleurs en Flandre adoptent ce statut juridique.

Texte initialement publié dans La Cavale, correspondance de la lutte contre la prison, n°13, juillet 2008 et repris dans Brique par brique, se battre contre la prison et son monde [Belgique 2006-2011], Tumult éditions, 2012, pp.143-145.

[Grèce] Affrontements au centre de Komotini – 23 novembre 2012

Révolte des retenus ce vendredi 23 novembre dans le centre de rétention de Komotini près de la frontière avec la Turquie, dans le nord de la Grèce, un des grands centres ouvert ces derniers mois.

Les prisonniers ont protesté aux cris de « Liberté » et « Ramenez nous chez nous », ont commencé à mettre le feu et à casser le centre. 12 prisonniers ont été blessés et 4 flics.

Une manifestation de solidarité  a également eu lieu à l’extérieur.

40 prisonniers auraient été par la suite arrêtés.

Dimanche 18 novembre, c’est dans le centre de Corinth qu’il y avait eu des affrontements.

[Nauru] Procès des 15 inculpés suite à la révolte du 30 septembre 2012 – 20 novembre 2012

Les 15 demandeurs d’asile inculpés suite à la révolte du 30 septembre sont passés devant le tribunal le 19 novembre 2012. Personne n’a l’air de savoir qui du gouvernement australien ou nauruan les as mis en examen.

À leur arrivée, ils ont découvert qu’ils n’avaient pas d’avocat et ont protesté. Finalement, une association de défense des droits de l’homme leur en as trouvé un.

Ils ont été laissés en liberté provisoire jusqu’à leur prochain passage devant le tribunal en décembre.

Autour de la manif du 16 novembre 2012 au CRA de Vincennes

Vendredi soir nous étions une petite centaine à nous retrouver dans la gare de Joinville-le-Pont, en réponse à l’appel à la manifestation qui a (largement) circulé dans les rues, sur le net et sur les ondes ces dernières semaines. Les chiens de garde de la RATP attendaient dans la gare, menaçants, et espéraient nous intimider. Nous sommes sortis sans encombre, par un accès non surveillé. Derniers préparatifs, noms d’avocats, distribution de matos pour faire du bruit ainsi que de gilets réfléchissants empêchant (on l’espère) l’éventuelle identification photographique a posteriori. Des nouvelles du centres nous sont parvenues juste avant la manif’, une rébellion a eu lieu la veille, et les retenus nous ont encouragés à venir manifester. L’objectif est posé : tenter d’arriver au plus près du centre et nous faire entendre des retenus. Il est également entendu qu’en cas de charge nous serons disposés à y répondre (une banderole renforcée en tête “Contre les frontières et les centre de rétention”). Nous tentons de prendre la route qui mène à l’arrière du centre, fumigènes, slogans, la détermination est palpable. Deux lignes de CRS se mettent en place, une hésitation nous fait rater l’opportunité de passer, le rapport de force semble défavorable, Nous tentons autre chose.
Demi-tour, toujours aussi motivé-e-s, nous allons devant le centre, où nous nous retrouvons devant un dispositif conséquent bloquant à la fois l’accès au bois et à l’école de police. Nous sommes loin du centre. Les feux d’artifices et les pétards sont perçants, comme nos cris, mais tout aussi moches.
Après s’être égosillés et explosés les tympans, plus de carburant. Nous avons appelé les retenus. La plupart ne nous entendaient pas mais quelques-uns ce sont mis, eux aussi à se rassembler à l’intérieur du centre, tentant de s’évader en grimpant aux grilles, brûlant des poubelles. Des renforts de police sont arrivés, ils ont été pris en étau comme nous dehors. Nous avons décidé de repartir. Les flics ont décidé de nous escorter jusqu’au RER.
“On est trente, en manif ; et on ballade la police ! “

Niveau répression, Il ne s’est rien passé à Vincennes ce soir-là. Les flics nous ont juste laissé manifester, dans le cadre qui leur convenait sans qu’ils n’aient été à aucun moment inquiétés. Point de joie, donc. Cependant, au vu de la faiblesse des initiatives autonomes, – qui n’est pas celle de la répression-, oser une action publique, sans se cacher ni travestir son discours pour utiliser des individus comme masse, ou des orgas comme légitimité, n’est pas chose aisée*.

Manifester devant le centre, ne saurait être, pour nous**, une finalité en soi, ni un moment purement symbolique. Il s’agit plutôt d’un pari, d’une proposition, d’une expérimentation pour tenter d’initier une nouvelle dynamique de lutte contre les centres de rétentions et les frontières. C’est un moyen parmi d’autres qui ne veut pas cristalliser ni réduire le champ d’action envisagé.
Des initiatives moins visibles mais complémentaires ont accompagné la manif. Tables d’information, développement des contacts avec l’intérieur, collecte de témoignages, émissions de radio, collages d’affiches, discussions, confection d’outils de diffusion (tracts, tags, journal mural également mis en ligne, etc.), “travaux pratiques” (repérages, banderoles, etc.) Ces initiatives participent à inscrire cette lutte dans une continuité, et à se détacher ainsi d’une simple démarche réactionnaire ou évènementielle. Les nombreuses formes de résistance et de révolte qui fleurissent dans les CRA ne sauraient être les seuls moments consacrés qui aiguisent notre solidarité.

Des individus échangent, se confrontent, s’organisent et désirent continuer à le faire.
Sont donc formulées des bases claires : le désir de continuer à lutter contre les centres de rétention et la machine à expulser en construisant des initiatives autonomes, l’exigence de s’organiser horizontalement de manière informelle ainsi que la volonté de s’ouvrir à un dialogue réciproque entre le dedans et le dehors.
Ses bases pourraient conduire à provoquer une rencontre, et trouver des complicités pour s’attaquer aussi à ce qui est moins visible, pour affiner notre solidarité, la rendre active, lutter avec et non pas pour d’autres.

*Et ceci sans compter les distances, menaces, désolidarisations et dissociations, en d’autres termes, la répression préventive des commentateur-ice-s attardé-e-s. Celleux-la mêmes qui commencent toujours par poser des questions de flics avant de se poster en juges et censeurs, bel effort d’autoritarisme. Celleux-là mêmes qui isolent des idées et des pratiques pour sauver leur cul confortablement installé derrière un clavier. Celleux-là mêmes qui placent la stratégie avant l’éthique, qui, empli-e-s de compromis et de tolérance, en arrivent à jouer le jeu de l’État. On n’oublie pas non plus les politicien-ne-s qui se constituent en institution morale et souhaitent nous voir enfermé-e-s, pour se prouver qu’illes avaient raison.
Sérieux, il faudrait songer à vous auto-dissoudre…

**Joker & Pingouin, deux anarcho-individualo-nihilo-insurrectio-toto-sous-prolétaires-radicaux-chics qui croient que le monde est fragile comme une vitrine.

[texte reçu par mail]

Paroles de retenus depuis le cra de Vincennes, avant et après la manifestation du 16-11-12

Le vendredi 16 novembre, une manifestation était appelée à 18 heures pour s’approcher au plus près du centre de rétention de Vincennes. (Un récit de la manifestation est consultable ici)
Nous avions déjà appelé durant le mois précédent pour prévenir les retenus, et nous avons passé des coups de fil le jour même, avant et après la manifestation. Ces appels nous ont permis d’apprendre que les retenus nous avaient entendus dans les centres 1 et 2. On a surtout pu être au courant de révoltes à l’intérieur, faire circuler les informations entre les centres, et raconter la manifestation aux retenus. Ces contacts nous motivent d’autant plus à venir crier notre rage et notre solidarité devant le centre de Vincennes, et devant tous les autres lieux d’enfermement.

16-11-12 MIDI

Vincennes centre 2

« Ca se passe très mal, y’a une personne qui a fait une tentative de suicide hier, il est passé à l’hôpital après. Et après y’a des cars de crs qui sont arrivés, en force, avec les boucliers vous voyez. On est traité comme des chiens, voilà. Y’a un Egyptien qui est parti à l’hôpital parce qu’il a tenté de se suicider, il a été maltraité en fait, il est à l’hôpital encore. Y’a un groupe de gens ils ont commencé à mettre le feu ici, à casser à peu près partout. »

Vincennes centre 1

« Ils ont ramené le ministre ici la dernière fois, le ministre de l’intérieur. Il a rien fait, il est juste passé. Y’a pas de ballon ici, y’a pas de plays, ils ont enlevé tous les jeux ici.
Les gars, ils m’ont dit comme quoi après si il y a une manifestation ils vont mettre le feu ici, à l’intérieur. »

16-11-12 SOIR

Vincennes centre 2

«Aujourd’hui vous avez fait une manifestation ? Oui, on a entendu un peu et l’assfam avait parlé de ça aussi, l’association qui s’occupe de nous. Voilà, on vous a entendu un peu. Mais vous avez pas pu rentrer quand même, c’est dommage. Nous on est sortis dehors, on est sortis dans la cour, on a crié mais vous deviez pas nous entendre.
Y’a des gens qui partent demain mais tant pis, on va croiser les doigts tout va se passer bien.

Hier, y’a eu des maltraitances d’un type égyptien qui est parti à l’hôpital. Voilà la police est venue en force, en groupe de 100 policiers parce qu’il y avait des manifestations des retenus et tout, vous voyez ? Ca se passe pas comme on veut, comme vous le savez. Ils ont ramené notre collègue à l’hôpital les pompiers. Y’a eu des casses de néons, caméras, portes, tout ça, après ils sont rentrés en force, voilà. »

Vincennes centre 1

1re personne
« Franchement c’est dur à l’intérieur, c’est chaud. Ca va partir en couille ici, y’a eu une dinguerie ici à l’intérieur, ils ont ramené les crs et tout ça. Y’a eu une dinguerie, des poubelles ont cramé et tout ça, et après ils ont ramené les crs avec les matraques et tout ça. Maintenant c’est calme, il y a trop de policiers. Ils sont encore là, ils étaient 60 ou 70 personnes quand même, tu peux rien faire. On voulait sauter les grillages et tout ça, ça sonne…

C’est pas un centre ici, c’est un hôpital. Les gens ici ils prennent des médicaments c’est un truc de ouf. Tu vois des gens ici ils pètent les plombs, et en plus les infirmières elles donnent du Subutex et tout, les gens ils pètent les plombs ici.

Ca va rien changer de faire une dinguerie dehors, même si vous cramez les camions des policiers, ça va rien changer. Parce qu’ici… comment expliquer… c’est dur ici, c’est dur. Tu peux pas sortir, dès que tu touches les grillage ça va sonner direct. »

2e personne
« Tout le monde s’est rassemblé ici, y’avait des poulets ils ont ramené des renforts, ils ont commencé à pousser. En plus ils ont repris les playstations, y’avait 3 playstations, ils voulaient pas nous donner les ballons pour jouer au foot, y’a pas d’activités, y’a rien tu vois c’est galère ici. C’est vraiment pourri.

On entendait la manif’ mais vite fait, on est loin, on est loin t’as vu, mais on l’entend quand même. Ils ont pété les plombs ici, ils voulaient brûler le centre, ils voulaient s’échapper mais y’avait des flics partout. Ils sont toujours là, ils sont six je crois, à part dans l’accueil, ils sont six qui se baladent dans le centre, aller-retours tu vois. Ils ont seulement poussé.

On m’a dit que y’avait plus que 150 policiers dehors, plus que les gens de la manifestation. Ici y’a pas moyen de s’échapper, y’a des barbelés, tu sais quoi, ils sont branchés avec l’électricité, dès que tu les touches t’es cramé mec. Moi je pense que c’est interdit tout ça, en plus y’a des détecteurs de mouvements, des caméras…

J’ai vu les feux d’artifices, c’était le hagla dehors, j’aurais bien aimé être avec vous. Dès que je sors d’ici je vais quitter la france, y’a rien à faire, dès qu’ils vont me contrôler ils vont me mettre dans un centre, et tu sais quoi, on va passer 45 jours là. Si chaque fois qu’ils te prennent tu restes 45 jours ça sert à rien de rester ici. »

Vincennes centre 3

« On n’a pas tout entendu, y’a la police qui nous a dit qu’il y avait une manifestation devant le centre. On a crié un peu, mais comme on entendait pas de cris ou de choses comme ça… A 19h, comme on était à l’intérieur, on attendait les cris, mais bon comme personne a entendu les cris ça fait que, bon, on peut pas trop manifester comme ça, comme c’est la police qui a dit qu’il y avait la manifestation… C’est un plaisir pour nous qu’il y ait des gens au dehors qui pensent à nous, ça fait du bien quoi. »

Ni matons ni prisons n’arrêterons nos rébellions !
Liberté pour toutes et tous avec ou sans papiers !

Trouvé sur indynantes

[Nauru] 15 demandeurs s’asile inculpés suite à la révolte du 30 septembre – 18 novembre 2012

Suite à la révolte du 30 septembre 2012 dans le camp d’enfermement de Nauru (Australie), lors de laquelle du matériel électrique, des tentes et une partie de la cuisine avait été détruit, la justice vient d’inculper 15 demandeurs d’asile iraniens. Selon la police qui a mené l’enquête, il y aurait eu 24 000 $ de dégâts ! Les 15 devraient passer devant le tribunal ce lundi.

Solidarité !

Récit de la manifestation du 16 Nov 2012 pas-trop-trop loin du cra de Vincennes

Récit de la manifestation du 16 Nov 2012 pas-trop-trop loin du cra de Vincennes

Rendez-vous était donné à 18 heures au RER de Joinville-Le-Pont pour une manifestation “nocturne et sonore” visant à s’approcher au plus près du centre de rétention de Vincennes. Une petite centaine de personnes avait répondu à l’appel non déposé en préfecture..

Le cortège démarre une demie-heure plus tard, encadré par deux banderoles. Sur celle de tête, renforcée, est écrit “Contre les frontières et les centres de rétention”. Sur celle de derrière, “Liberté pour tou-te-s avec ou sans papiers”. On se met à crier et on se dirige vers l’arrière du centre, côté autoroute. Sur le chemin on se retrouve vite bloqués par des cordons de gendarmes mobiles. Deux fumis sont craqués et ont fait demi-tour suivis par les flics, pour passer d’un autre côté, par l’entrée du centre. On arrive au niveau du parking de l’hippodrome, bloqué par des barrières, des camions et des gendarmes. Un gros spot lumineux est braqué sur le cortège.

On reste là en continuant à crier des slogans, de plus en plus fort pour essayer de se faire entendre des retenus. “Pierre par pierre et mur par mur nous détruirons toutes les prisons”, “liberté pour tous, avec ou sans papiers”, “non non non aux expulsions, libération de tous les prisonniers”, ”feu feu feu aux centres de rétention”, “ni matons ni prisons n’arrêteront nos rebellions”. Des pétards, des fusées et quelques feux d’artifices sont lancés, les sifflets et les casseroles se mêlent aux cris de “liberté !”.

A l’intérieur, des retenus crient et manifestent aussi. Dans le centre 1, le feu est mis à des poubelles, des retenus tentent d’escalader les grillages, déclenchant les alarmes. Une soixantaine de CRS entrent à l’intérieur du centre pour mater la rébellion. Hier déjà, dans le centre 2, suite à une énième tentative de suicide, des retenus ont cassé du mobilier, des caméras, des néons et ont tenté d’allumer des feux, les CRS étaient alors également intervenus.

Dehors, au bout d’une bonne demie-heure, on décide de repartir vers le RER, encadrés par les flics, au chant de “on est trente en manif et on promène la police !” Arrivés sur le quai, toujours encadrés des CRS, on prend le train. Il n’y aura aucune arrestation. Des civils nous suivent, ils seront virés quelques stations plus loin à coup de slogans outrageants.

Continuons la lutte contre les centres de rétention et les frontières !

Solidarité avec les enfermé-e-s !

Quelques participant-e-s

Trouvé sur indymedia nantes