Sans Papiers Ni Frontières

Icon

Contre les frontières et leurs prisons

[Libye] Rafles et expulsions

15 juin 2014. L’armée libyenne a mené ces derniers jours d’énormes rafles de migrants. Des milliers de personnes ont été contrôlées et arrêtées. Au total 1 180 migrant.e.s ont été expulsé.e.s, 530 samedi 14 et 650 dimanche 15 juin. Cette opération n’est pas la première, cela fait des années, sous Kadhafi puis sous le nouveau régime, que l’État libyen, aux ordres de l’Europe moyennant contre-partie, collabore de diverses manières à la lutte contre l’immigration menée par l’union européenne et les gouvernements européens.

[Méditerranée] La guerre aux migrant.e.s fait rage

Libye / Union européenne, « Liaisons dangereuses » contre « les invasions barbares » : la mission EUBAM

[Libye/Italie] Surveillance électronique des frontières

[Méditerranée] La guerre aux migrant.e.s fait rage

10 juin 2014. Alors que ces derniers jours plusieurs embarcations de migrant.e.s ont réussi à atteindre les côtes de l’Europe, une vaste intervention répressive s’est déroulée dimanche 8 juin en méditerranée contre les migrant.e.s, dans le cadre de l’opération « Mare Nostrum » mise en place par la Task Force européenne après les naufrages de l’automne dernier. « Une des plus importantes organisées ces dernières années » : navires des gardes-côtes et policiers maltais, italiens mais aussi des navires de guerre américains et des cargos se trouvant dans la zone ont barré la route aux migrant.e.s.

« Mare Nostrum », « notre mer », est une expression latine qui évoque la suprématie romaine sur la mer méditerranée, rempart contre l’invasion étrangère. Cette idée fut reprise plus tard par Mussolini.

Différents politicien.ne.s ont critiqué ces opérations comme étant des opérations de secours, dénonçant l’incapacité de l’Union Européenne à faire face à l’immigration et demandant des mesures radicales pour la stopper. Un député italien a menacé l’Europe, à la mode de Kadhafi, « d’ouvrir les vannes » si des moyens supplémentaires n’étaient pas octroyés par l’UE. En France, le maire de Menton, ville située à la frontière italienne, a proposé un rétablissement des contrôles aux frontières pour stopper les passages vers la France, plus nombreux que d’habitude. Plusieurs compagnies de CRS épaulent d’ailleurs la police aux frontières et la sûreté ferroviaire qui multiplient les contrôles dans la région, sur les routes et à bord des trains.

La « Task Force pour la Méditerranée », qui rassemble États membres de l’UE, agences européennes compétentes (European Asylum Support Office, Frontex, Europol, EU Agency for Fundamental Rights, European Maritime Safety Agency) et certains États de pays de transit, a pour mission la surveillance des frontières et la gestion des flux migratoires, sous couvert de missions de sauvetage en mer, grand argument humaniste dans le domaine.

Depuis sa mise en place, il y a 6 mois, elle a renforcé l’implication des pays du sud du bassin méditerranéen dans la guerre contre les migrant.e.s par la signature d’accords de réadmission (les migrant.e.s arrêté.e.s sont ramené.e.s par les flics dans les pays d’où sont partis les bateaux = expulsion sans s’encombrer de détails juridiques) et par la mise en place de politiques d’asile dans certains pays, comme le Maroc, la Tunisie et la Jordanie. Cela permet aux États européens d’expulser vers ces pays, qui sont des points de passage, n’importe qui qui y aurait un jour fait une demande d’asile et y aurait laissé ses empreintes. Cela permet à l’Europe d’expulser hors de son territoire des réfugiés, des personnes originaires de pays en guerre ou originaires de pays qui refusent d’accepter les expulsés. Des négociations sont en cours avec d’autres États et des fonds supplémentaires sont envoyés pour l’installation de grands camps de réfugié.e.s, notamment syrien.ne.s, où celles et ceux qui y vivent y sont isolés, dans la précarité la plus totale, sous le contrôle paternaliste des humanitaires spécialistes de la gestion de population type croix rouge et autres croisés chrétiens.

La « Task Force » a pour mission également de « renforcer la lutte contre le crime organisé et la contrebande », via une collaboration entre Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières créée en 2004 et Europol, agence européenne de police créée en 1999. Lors d’une réunion entre ministres de l’intérieur européens le 5 juin dernier concernant la lutte contre le djihadisme, Frontex a été chargée de « repérer les djihadistes présumés », relançant le triptyque « immigrés, trafiquants, terroristes » qui sous-tend toute la politique européenne dans sa lutte contre l’immigration et sert d’épouvantail à agiter pour légitimer ses actions.

Pour nous il n’y a pas de « bonne politique migratoire ». L’ouverture des frontières demandée par certain.e.s député.e.s et associations ne remettra pas en cause les logiques de contrôle et de gestion des populations, grâce auxquelles le pouvoir assoit l’exploitation économique et la domination raciste. Nous voulons être libres et nous ne l’obtiendrons que par une révolution et par nous-mêmes. Parce que le vent de la liberté ne connais pas de frontières. En attendant, la solidarité et la lutte ne sont pas des mots vains. Au printemps 2011, lorsque des centaines de migrant.e.s tunisien.ne.s se sont retrouvé.e.s à Paris ou à Marseille, l’envie de lutter contre ces frontières et la galère du quotidien a pris la forme d’occupations, de manifestations, d’oppositions aux rafles, d’action directes, etc. (Trois textes de la lutte des harragas mai juin 2011, Chronologie de la lutte des Harragas Tunisiens à Paris, Vive la lutte des Harragas !)

De Melilla à Lampedusa, brûlons les frontières !

[Italie] Vautours et poulets à Minéo – 20 décembre 2013

 Vautours et poulets à Minéo

Le centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CARA) de Minéo en Sicile est un énorme village de gestion migratoire perdu au milieu de 70000 hectares d’orangers et de citronniers, à 40 km du centre-ville de Catane. Ouvert en mars 2011 lors de l’état d’urgence déclaré par le gouvernement Berlusconi suite aux soulèvements en Afrique du Nord et à l’arrivée massive de migrant-e-s en Italie qui en a résulté, il enferme aujourd’hui 4000 demandeurs d’asile, soit le double de sa capacité, et représente ainsi l’un des plus gros centres d’Europe. Le gouvernement a réquisitionné les 403 appartements de cet ancien lotissement pour familles de militaires américains contre la modique somme de 6 millions d’euros par an versée à la famille Pizzarotti, propriétaire du lieu.

Les Pizzarotti ne sont pas les seuls à s’en mettre plein les fouilles dans l’histoire, vu que le fonctionnement du centre rapporte 50 millions d’euros par an au consortium Calatino Terre di accoglienza (Calatane terre d’asile) qui le gère. Un des membres du consortium n’est autre que l’entreprise Sisifo du groupe Legacoop, qui gérait également le centre de Lampedusa avant le scandale des douches anti-gale. Un vautour bien gras, vu qu’il a également remporté les appels d’offre des centres de Sant’Angelo di Brolo (dans la commune de Messine), d’Elmas (près de Cagliari en Sardaigne) et de Foggia (dans les Pouilles). Les autres heureux bénéficiaires de la galère des demandeurs d’asile de Minéo sont la coopérative Senis Hospes, Cascina Global Service (liée au mouvement catholique Communion et Libération) qui s’occupe de la fourniture des repas, la Croix rouge et le consortium Casa Solidale (proche de l’ancien parti de Berlusconi Peuple de la liberté).

Le 19 décembre les demandeurs d’asile de Minéo sont sortis dans la rue pour la deuxième fois en l’espace d’un mois afin de protester contre la durée des procédures de traitement des demandes d’asile. En effet, même si d’après la loi les demandeurs doivent rester maximum 35 jours dans le centre, la plupart y sont bloqués pendant un voire deux ans sans jamais passer devant la commission sensée examiner leur situation. Commission qui marche au ralenti, avec des entretiens qui durent des heures du fait des nombreuses suspensions de séance pour que monsieur l’expert aille pisser ou boire son café, et des traducteurs qui galèrent en français et en anglais, langues majoritairement parlées par les migrant-e-s. Les entretiens se soldent de plus la plupart du temps par des refus, vu que le seul point abordé est le départ du pays de naissance, alors que presque tout le monde est arrivé à Minéo après avoir dû quitter de force la Libye. Il faut dire que les rapaces de Calatino Terre di accoglienza ont intérêt à ce que les migrant-e-s restent un maximum de temps dans le centre pour maintenir la surpopulation vu qu’ils sont rémunérés au nombre de personnes enfermées. Et d’autant plus que l’ « argent de poche » reçu par les migrant-e-s de la part de l’État se présente sous la forme d’une recharge de 3€50 par jour sur leur carte d’identité interne, utilisable seulement pour acheter les marlboros et cartes téléphoniques du bazar du CARA. La carte d’identité interne est nécessaire aux personnes enfermées pour chaque déplacement, le centre fonctionnant selon un régime semi-fermé où les gens doivent être rentrés la nuit sous peine d’être exclus mais peuvent sortir le jour, si ils ont la chance de choper le seul bus de la journée pour aller à Minéo, la ville la plus proche.

Le 19 décembre ce n’est pas pour chercher un travail inexistant que 200 demandeurs d’asile sont sortis du CARA, mais pour bloquer deux gros axes routiers environnants. En plus de dénoncer leur propre situation, ils réagissaient aux nouvelles reçues du centre de Lampedusa, et à la mort de l’un d’entre eux qui s’était suicidé deux semaines plus tôt. Ils étaient accompagnés d’une centaine de migrant-e-s de Catane externes au centre. En milieu de matinée des affrontements ont éclaté et des pierres ont été lancées contre les anti-émeutes et les journalistes. Les flics ont répondu à coup de gaz lacrymogènes. Les manifestant-e-s ne sont pas rentré-e-s au CARA le soir et ont tenu les barrages routiers jusqu’au lendemain après-midi avant de retourner au centre pour le bloquer à son tour.

Les gestionnaires du CARA se sont lamentés de ces « débordements » dans un communiqué, en précisant que la manifestation était sensée être pacifique, et que pendant que les méchant-e-s caillassaient la police les autres demandeurs d’asile du centre préparaient la crèche de noël de la ville pour bien s’intégrer à la population locale. Mais ceux et celles qui sont descendu-e-s dans la rue ne se leurrent pas sur leurs perspectives d’intégration : servir de pompe à fric, pour le reste ils demeureront des indésirables aux yeux du gouvernement italien.

[Libye/UE] « Liaisons dangereuses » contre « les invasions barbares » : la mission EUBAM

Libye / Union européenne, « Liaisons dangereuses » contre « les invasions barbares » : la mission EUBAM

On pourrait croire qu’il s’agit du scénario du nouveau mauvais film en mode grosse production américaine à plusieurs milliers d’euros :

« Après la chute du dictateur, le pays est livré au chaos, des milliers de pauvres fuient vers les pays d’Europe, qui main dans la main avec le nouveau pouvoir en place érige une frontière de barbelés, d’uniformes et de technologies ».

Mais, en fait, ce document de 200 pages daté d’avril 2013, rendu public le 22 novembre par des journalistes, n’est pas un scénario de film d’anticipation : c’est un rapport confidentiel rédigé par le très institutionnel et très européen Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE) qui dresse un état des lieux de la situation en Libye en terme de lutte contre l’immigration, contre les groupes terroristes et contre les trafics (leur fameux triptyque sécuritaire), de sécurisation du territoire et détaille l’ensemble des actions engagées dans ce sens par l’Union européenne. Ce rapport est le résultat de plusieurs missions d’observation dans la suite de la guerre menée entre mars et octobre 2011 par l’Otan, l’Europe et l’Amérique du Nord.

lampedusaLe souhait des dirigeants européens c’est que, dans la continuité des accords passés avec l’ancien dictateur Kadhafi, le nouveau pouvoir en place coopère afin d’empêcher les migrants qui transitent par la Libye d’atteindre les côtes européennes. Au lendemain de la chute de Kadhafi, en août 2011, l’Italie re-signait avec le Conseil National de Transition tous les accords de coopération économique et en terme de lutte contre l’immigration passés avec l’ancien régime. Idem pour la France, qui avec l’Italie étaient les plus fervent défenseur de l’intervention militaire de 2011 (non content de n’avoir plus besoin de traiter avec Kadhafi, dur en affaires (sic)). C’est qu’il y a du fric à se faire : vente d’Airbus et autres merdes et exploitation par la multinationale italienne ENI (Enel) du pétrole libyen. En 2004, Kadhafi et Berlusconi alors président italien, avaient inauguré la mise en service de Greenstream, gazoduc alimentant l’Italie en pétrole libyen, et appartenant à Agip Gas BV, une coentreprise de l’italienne ENI et de la libyenne National Oil Corporation. L’accord diplomatique qui avait entériné cette coopération, prévoyaient également un renforcement de la lutte contre l’immigration, en Libye : surveillance accrue des frontières maritimes et terrestres, ouverture de centres de rétention financées par l’Ue ou l’Italie, etc. Kadhafi savait jouer sur la corde sensible de ses partenaires européens et menaçait régulièrement « d’ouvrir la vanne de l’immigration » afin de se faire satisfaire (en août 2010 il avait exigé 5 milliards d’euros à l’Europe faute de quoi il ne ferait plus barrage aux migrants). (écoutez sur le sujet de l’externalisation des politiques migratoire européenne l’émission Sans papiers ni frontières du 02 novembre 2012)

Jusqu’à aujourd’hui c’est le même processus qui est à l’œuvre. En septembre 2012, le gouvernement libyen a ouvert un nouveau centre de rétention à Tripoli, en lieu et place de l’ancien zoo municipal…Suite au naufrage au large de Lamedusa qui a coûté la vie à plus de 300 personnes, gouvernements italien et libyen se sont retrouvés pour lancer un programme de protection électronique des frontières libyennes et, on l’apprend dans le rapport, l’Italie a alloué au moins 280 millions d’euros à la Libye pour l’année 2012 (achat de matériel, formation à son utilisation, appuie aux gardes côtes, aide au « management » des migrants, etc.). Toujours en 2012, l’Union européenne lâche plus de 110 millions d’euros à la Libye pour sa politique migratoire. Cela s’ajoute aux 89 millions de l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex pour la même année et aux 244 millions entre 2014 et 2020 du nouveau système de surveillance électronique Eurosur.

Dans ce même document, le Service Européen pour l’Action Extérieure parle également de la mise en place une nouvelle mission, appelée EUBAM (European Union Border Assistance Mission) qui vient d’être finalisée par les dirigeants européens. Son objectif est toujours le même, renforcer les frontières libyennes. Avec ucaughtn budget de 30,3 millions d’euros annuels, cette mission « opérationnelle » comme ils disent, a pour objectif : identifier les besoins les plus pressants en matière de sécurité frontalière, conseiller aux autorités les équipements a acquérir et les former à leur utilisation et entretien, entraîner des bataillons de policiers, de militaires et de douaniers chargés de la surveillance des frontières, travailler en liaison avec les services de renseignements, améliorer le fonctionnement de la chaîne de commandement (sûrement pour éviter les bourdes qui font que personne ne va intervenir pour repêcher les survivants d’un bateau qui coule en pleine méditerranée car chacun se renvoi la balle), améliorer la coopération avec les pays voisins. Cette mission est basée à Tripoli et a commencé à fonctionner en mai 2013. Elle compte une quarantaine de membres, mais devrait bientôt en compter 111. Sur le territoire libyen elle forme des flics et des douaniers à l’aéroport de Tripoli, assiste les bureaucrates en charge des questions d’immigration, propose des séminaires sur la « gestion intégrée des frontières ». La France apporte sa contribution en formant à l’Institut français de Tripoli des agents des douanes, en formant des pilotes à l’École de l’air de Salon-en-Provence, des officier de marine à Toulon et des officiers à l’École de guerre à Paris. D’autres pays, hors Union européenne participent aussi à EUBAM, comme les États-Unis, la Turquie, la Jordanie, le Qatar et les Émirats arabes unis, en formant des flics et des militaires et en envoyant du matériel, avec en ligne de mire les possibles investissements qu’ils pourront réaliser dans la région.

Le seul hic pour l’EUBAM, c’est que ses membres ont trop peur pour se déplacer dans le pays et restent cantonnés dans la capitale à l’hôtel Corinthia, dans le quartier des affaires. Pour y remédier, la mission a lancé un appel d’offre a des entreprises privées de sécurité. Sont en lice pour l’instant : les britanniques G4S, Control Risks et Hart, les français Arcos, Geos, Amarante, le canadien Garda World ainsi que le chypriote Argus Security.

On aurait pu imaginer qu’avec le processus révolutionnaire en cour pendant l’année 2011, la Libye de l’après Kadhafi refuserait de jouer la coopération. Mais un nouveau pouvoir a été mis en place et comme tout pouvoir, il a besoin de défendre et surveiller son territoire, de développer son économie pour entrer dans le jeu du capitalisme, de gérer et contrôler sa population. La Libye reste une porte d’entrée vers l’Europe pour les migrants, qui depuis des années sont des milliers à mourir dans le cimetière méditerranéen. Heureusement quelques nouvelles parviennent jusqu’ici qui racontent des histoires de révolte et d’insoumission comme cette récente évasion massive du centre de rétention d’al-Hamra.

Les frontières ne disparaîtrons que quand nous serons enfin libre, dans un monde débarrassé de toute autorité, de tout bureaucrate, de tout flic pour nous dire où l’on peut aller et où l’on ne peut pas, qui peut circuler où il veut et qui doit crever là où il est. Ce n’est sans doute pas tout de suite que l’on détruira à coup de hache les barbelés, les caméras thermiques et les drones pour ne plus jamais les voir repousser ; mais dans nos luttes quotidiennes, s’opposer aux rafles, se solidariser avec les révoltés d’un centre de rétention, saboter la machine à expulser… c’est s’attaquer aux frontières, celles qui nous paraissent lointaines et difficiles à atteindre comme celles qui se dressent ici et entre nous, à chaque contrôle, à chaque moment de chacun pour soi.

Contre toutes les frontières, Contre tous les pouvoirs !

[UE] L’Europe nous observe, crevons-lui les yeux !

 L’Europe nous observe, crevons lui les yeux !

Depuis début octobre et les deux naufrages au large de Malte et de Lampedusa qui ont coûté la vie à plusieurs centaines de personnes, l’Union européenne met en avant la nécessité de prendre des mesures pour éviter les naufrages et les noyades de migrant-e-s en Méditerranée. Alors qu’en 2011 au moins 2352 personnes sont mortes dans le silence en tentant la traversée, l’UE instrumentalise ces deux événements pour lancer son tout nouveau programme de surveillance des frontières maritimes, Eurosur, qui sera effectif le 2 décembre 2013.

Ce projet qu’on nous brandit aujourd’hui est en réalité dans les cartons depuis 2008. Il prévoit concrètement de mutualiser les moyens de surveillance des frontières maritimes déjà existants et d’en mettre d’autres à disposition (drones, radars, satellites, …). Les infos récoltées 24 heures sur 24 seront à la fois centralisées et diffusées de manière à ce que chaque pays puisse suivre une situation en temps réel et prendre les mesures qui s’imposent, c’est-à-dire intervenir afin de « réduire le nombre d’immigrants illégaux qui rentrent dans l’Union européenne sans être découverts. »

La Libye a demandé à l’UE un accès à son système satellitaire pour lui permettre de surveiller ses frontières maritimes et terrestres afin de renforcer le travail commun en matière de lutte contre l’immigration clandestine. Même si le feu vert n’a pas encore été donné, il est clair qu’Eurosur s’inscrit dans une logique d’externalisation des frontières de l’Europe, par le biais d’accords renforcés entre les pays européens et les États dits « de départ » et « de transit ». Un processus entamé depuis longtemps, sous le régime de Kadhafi l’UE finançait déjà des centres de rétention en Libye. L’idée est de déléguer le contrôle migratoire à la source.

La militarisation des frontières européennes et la guerre aux migrant-e-s sont déjà en cours depuis les années 90 et se sont accélérées ces dix dernières années.

Ainsi depuis 2004 l’agence européenne Frontex (dirigée par un finlandais ancien garde-côte qui se vante de consacrer sa vie depuis plus de trente ans à la lutte contre l’immigration clandestine, et par un ex-flic espagnol) coordonne la sécurisation des frontières externes de l’espace schengen.

Pour citer un projet récent et complémentaire avec Eurosur, le 1er avril 2013 les eurocrates lançaient Closeye – Collaborative evaLuation Of border Surveillance Technologies in maritime Environment bY pre-operational validation of innovativE solutions -, des essais de surveillance aérienne de la Méditerranée et en particulier du détroit de Gibraltar. Il prévoit l’utilisation de technologies telles que des drones et des satellites dirigeables qui permettront à l’Italie, à l’Espagne et au Portugal d’observer les mouvements en mer 24 heures sur 24, et de réagir au plus vite pour intercepter celles et ceux qui tentent la traversée illégalement, avec la bénédiction du gouvernement marocain. Les essais vont durer plusieurs années, l’objectif : « augmenter la collaboration entre les entreprises privées et les États clients », « adapter l’offre à la demande. » On voit bien que la lutte contre l’immigration est un business florissant pour les sociétés d’armement et de technologies de surveillance qui ont toujours besoin d’une prétendue situation d’urgence avec un ennemi désigné pour pouvoir continuer à prospérer.

Finalement ces naufrages représentent une aubaine pour l’Europe car en plus d’envoyer un message effrayant à d’éventuels candidats de l’autre côté de la Méditerranée, ils permettent de faire passer comme une lettre à la poste des dispositifs ultra-sécuritaires et de propager le mythe de l’ « invasion » : des hordes de migrant-e-s qui envahiraient le territoire, s’insinuant par tous les pores de la frontière qu’il faudrait d’urgence combler. Une représentation propagée complaisamment par les médias de masse, qui nous donnent à voir régulièrement les radeaux pleins à craquer et prêts à couler. En revanche, ce qu’ils oublient volontiers de nous montrer, ce sont les gardes-côtes qui tirent dans les pneumatiques des embarcations de migrant-e-s, les bâtiments de l’otan qui passent à côté de barques en détresse sans leur porter secours, les gens obligés de prendre des chemins plus détournés et donc plus dangereux…. Lors d’un des naufrages médiatisés début octobre, les personnes présentes sur le bateau ont alerté les secours 4h avant de couler mais l’État italien et l’État maltais se sont renvoyés la balle, avec pour conséquence des dizaines de mort-e-s. Le 1er ministre italien a quant à lui proposé de donner la nationalité italienne… aux morte-s au large de Lampedusa. Leur hypocrisie ne suffit pas à masquer les critères requis pour être un « bon » immigré.

Ce qui reste aussi systématiquement dans l’ombre ce sont les files d’attente interminables d’étranger-e-s devant les consulats et les préfectures des États européens. C’est pourtant là que se construit le statut du « clandestin ». Par les listes de documents à présenter, jamais exhaustives. Par les heures passées à poireauter pour se faire recaler à l’accueil. Par les visas non accordés. Par les titres de séjour pas renouvelés. Par l’enfermement en centre de rétention et l’expulsion de celles et ceux qui n’ont pas passé l’épreuve avec succès. Car les « clandestins » ne sont pas une « menace » venue de l’extérieur, mais le résultat d’une volonté politique des États européens, qu’on appelle « politique migratoire », la conséquence d’un contrôle strict des États sur qui a le droit ou non à des papiers.

Parce que, les sans papiers, les États européens en ont bien besoin. Parce que, que ce soit en utilisant les sans papiers comme main d’œuvre corvéable ou en délocalisant les entreprises à l’étranger, la logique est toujours la même : exploiter plus pour gagner plus. Parce qu’avoir un bouc émissaire sur lequel rejeter toutes les merdes intrinsèques au fonctionnement d’un État capitaliste, ça permet aux puissants de se légitimer pendant que les galériens s’entretuent. Parce qu’en agitant les « clandestins » comme un épouvantail, l’Europe justifie des projets flippant de militarisation de ses frontières et de contrôle des personnes à l’intérieur de son territoire.

Plus insidieusement, ces dispositifs de surveillance entraînent concrètement l’augmentation du contrôle sur toutes et tous. Ils sont expérimentés ici en Méditerranée, mais il y a fort à parier qu’ils finiront par envahir non seulement les mers mais aussi les rues et nos vies dans la droite lignée des caméras de vidéo-surveillance ou du fichage adn.

Ni frontières, ni papiers, soyons incontrôlables !

 

Organismes participants à Eurosur

ITALIA CONSORZIO NAZIONALE INTERUNIVERSITARIO PER LE TELECOMUNICAZIONI
FRANCE SAGEM DEFENSE SECURITE
NEDERLAND NEDERLANDSE ORGANISATIE VOOR TOEGEPAST NATUURWETENSCHAPPELIJK ONDERZOEK - TNO
ESPAÑA INDRA ESPACIO SA
UNITED KINGDOM UNIVERSITY OF PORTSMOUTH HIGHER EDUCATION CORPORATION
ITALIA ALENIA AERONAUTICA SPA
ITALIA THALES ALENIA SPACE ITALIA SPA
PORTUGAL EDISOFT-EMPRESA DE SERVICOS E DESENVOLVIMENTO DE SOFTWARE SA
FRANCE MONDECA SA
ITALIA TELESPAZIO SPA
FRANCE THALES COMMUNICATIONS & SECURITY SA
ESPAÑA TTI NORTE, S.L.
BELGIQUE-BELGIË SPACE APPLICATIONS SERVICES NV
FRANCE THALES ALENIA SPACE FRANCE
UNITED KINGDOM UNIVERSITY COLLEGE LONDON
SVERIGE TOTALFORSVARETS FORSKNINGSINSTITUT
DEUTSCHLAND THALES DEFENCE DEUTSCHLAND GMBH
ESPAÑA EUROCOPTER ESPANA SA
ESPAÑA INDRA SISTEMAS S.A.
ISRAEL CORRELATION SYSTEMS LTD
FRANCE CASSIDIAN SAS
FRANCE THALES SYSTEMES AEROPORTES S.A.
BELGIQUE-BELGIË JRC -JOINT RESEARCH CENTRE- EUROPEAN COMMISSION
ESPAÑA UNIVERSIDAD DE MURCIA
UNITED KINGDOM BAE SYSTEMS (OPERATIONS) LTD
NEDERLAND HITT HOLLAND INSTITUTE OF TRAFFIC TECHNOLOGY BV

Organismes participants à Closeye

ESPAGNE Guardia civil
PORTUGAL Guardia Nacional Republicana
ESPAGNE Ingenieria de Sistemas para la Defensa de España
ITALIE Agencia Spaziale Italiana
UE European Union Satellite Centre
ITALIE Marina Militare Italiana
ITALIE Centro Italiano Ricerche Aerospaziali
UE Frontex (rôle consultatif)
AUTRICHE Schiebel
ETATS-UNIS General Atomics AeronauticalSystems

Reçu par mail

 

[Libye/Italie] Surveillance électronique des frontières – 1er novembre 2013

Les premiers ministres italien et libyen se sont mis d’accord mercredi dernier (30 octobre) pour lancer un programme de protection électronique des frontières libyenne, du sud de la Libye jusqu’aux frontières avec l’Algérie et la Tunisie, pour empêcher l’arrivée de migrants.
C’est l’Italie qui, dans un premier temps, se chargera de surveiller les frontières avec l’aide d’avions militaires, tout en formant 3000 soldats libyens qui prendront le relai…

[Libye] Évasion massive du centre de rétention d’al-Hamra – 29 octobre 2013

Près de cent migrants enfermés au centre de rétention d’al-Hamra (région de Gharyan), situé dans la prison, se sont évadés mardi 29 octobre 2013. Les fugitifs ont profité du bordel engendré par une opération d’expulsion vers le Mali, organisée par l’Organisation internationale des migrations (OIM) et en présence du Comité international de la Croix rouge et du Croissant rouge libyen. Malheureusement 75 d’entre-eux ont ensuite été rattrapés.
Espérons que les autres courent toujours !

[Lampedusa] Les frontières assassines de l’Europe (fr) (cz) (ar)

 الحدُود القَاتلة

يوم 3 أكتوبر بالقرب من شاطئ جزيرة لمْبادوزة الإيطاليّة، إنقلاب زورق كان يحمل حوالي 500 مهاجر غير شرعيِّين. وقع العثور على أكثر من 350 جثّة مقابل 150 شخصا نجوْا من الغرق.

عبَّر الحكَّام الإيطاليُّون و الأوروبيُّون و حَتَّى البَابا عن سخطهم من هذه الفاجعة الإنْسَانيّة وَ تواردت صفحات الجرائد تعْرض صور الجثث تتكدّس على أرصفة ميناء لمبادوزة.

منْذُ سنَة 1998 حَوالي 20000 مُهاجِرٍ لَقُوا حذْفَهُمْ في البَحْر المُتوسِّط بسَبب انقلاب مراكِبهم أوْ تَغْريقِهَا من طرف حرَّاس السَّواحلِ بطلقات ناريّة على الزَّوارق المطّاطيّة أو بسبب تصادم المراكب. كلّ الوسائل مُباحَة أمام السُّلط لِمنْعِ المُهاجِرين من اجتياز الحدود. حَاَكَم القضَاء الإيطالي عَدِيد البَحّارة لِنَجدَتِهِمْ بعض المُهَاجرين.

في حين تتعدَّد بيانَات التّعاطُفِ و التَّنْديد بهذه « المَأساة الإنْسَانيَّة » تتوالى الإعلانات عن تدابير جديدة لتعْزيز آليّاَت حراسة الحدُود الأوروبيّة. تَتَعدَّدُ منذُ سنوات دوْريَّات الشُّرطة و الجَيْش بيْنَ البُلدَان الأُوروبيَّة و الإفْرِيقيَّة و تتَزايد تكنولوجِيَّات الحراسة من رادَارات و آلات تصوير حراريّة إلى مروحيّات المراقبة. كلّ هذه الآليّات ليست إلّا تُعَسِّر أكثر فأكثَر محَاولات العبور.

إنعقَد يوم 7 أكتوبر في لوكسمبورغ إجتماع بين الدُّول الأعضاء في الإتِّحاد الأوروبي و وكالة مُراقبة الحُدود « فْرُونْتَاكسْ » لتدارُس إمكانيَّات تعزيز جهاز المُراقبة « أوروسير » لمكافَحة الهِجْرَة الغير شَرْعِيَّة و ذلِك بتبادُل البيَانات (البصمات مثَلًا) و المَعْلومَات بشَكلٍ حينِي بين مُخْتلَف السُّلُطات و وسائل الحِراسة على غِرار الأقْمار الصنَاعيَّة أو أجهِزَة الإبلاغ في السُّفُن و ذلك عبر شبكة إتِّصالات محْمِيَّة.

في أوائل أكتوبر في مدينة طرابلس بِليبيا (مكان خروج المركب) إجتمَعَ رُؤساء أركان الجيش اللِّيبي من جهة و الجيش الإيطالِي من جهة أخْرَى في إطَار إتّفاقيَّات التَّنْسِيق بين الدَّوْلَتَيْن للنَّظَرِ في وَسائل تعْزيز علاقاتهم العسكريَّة خاصّة فيما يتعلَّق بمُكَافَحة الهِجرة الغَير قانُونيَّة و حِماية الحُدود.

بَلَغنا أنَّه تَمَّ تَوْقيف أحد النَّاجين من المَوت لأنَّه مسؤول العَبَّارَة و لِتبرير خطابهم يتَركَّز الحُكّام بتَعْزيزٍ من رفاقهم الصحافيِّين على « عصَابات العَبَّارة » و « الشَّبكات الإرْْهابِيَّة » الّتي تُعزِّز الهجْرة السريّة و تهريب المُخدّرات.

يَبْدُو أنَّ المَوقوف تونسي الجنسيّة تَمَّ تسجيله فو لمبادوزة و طردُه منْها منذُ بِضعة أشْهُرٍ.

هؤلاء اللّذين يتحدَّثُون عن « مأساة بشريّة » و يدَّعون الحراك هم نفسهم المَسؤولون عن مقتل المهاجرين، هم نفسهم الّذين يعزِّزون كلّ يوم أجهزة مراقبة الحدود و القمعَ على الحدود الأوروبيّة.

من أجل حُريَّتنا لا بُدَّ لنَا أن نتخَلَّص من الحدود و من حُكْم الدُّول

 

 

Jeudi 3 octobre une fois de plus une embarcation de migrant-e-s a chaviré : il y avait 450 à 500 personnes à bord, 130 corps ont été retrouvés, 150 survivant-e-s et plus de 200 disparu-e-s. Les dirigeants italiens et de toute l’Europe s’indignent, même le pape s’y met, et les journaux font leur Une morbide exhibant les photos des cadavres repêchés qui s’entassent sur le port de Lampedusa. Une journée de deuil national est prévue pour aujourd’hui en Italie.

Mais depuis 1998, ce sont près de 20 000 migrant-e-s qui sont mort-e-s en mer méditerranée, leurs embarcations ayant chaviré ou ayant été coulées par des gardes côtes à coups de balles dans les pneumatiques ou de collisions. Tous les moyens sont bons pour le pouvoir afin d’empêcher des migrant-e-s de franchir les frontières. Récemment plusieurs pêcheurs ont été condamnés par des tribunaux italiens pour avoir porté secours à des migrant-e-s.

Aux déclarations de compassion « face à ce drame humain » s’ensuivent les annonces de nouvelles mesures pour renforcer encore plus la surveillance des frontières méditerranéennes de l’Europe. Depuis des années se multiplient patrouilles de flics et de militaires conjointes entre les pays européens et africains, et outils de surveillance technologique ultra-sophistiqués : radars, caméras thermiques, et plus récemment des drones. Le tout rendant toujours plus difficile et dangereux le passage. Le 7 octobre prochain, une réunion européenne est prévue au Luxembourg afin de renforcer le système eurosur destiné à la collaboration en matière de lutte contre l’immigration clandestine entre les États membres de l’UE et avec l’agence de surveillance des frontières Frontex : partage de données (par exemple les empreintes) et d’informations en temps réel entre diverses autorités et outils de surveillance, tels que les satellites ou les systèmes de comptes rendus des navires, par le biais d’un réseau de communication protégé. Mardi dernier à Tripoli en Libye (là d’où est parti le bateau) les chefs d’état-major des armées libyenne et italienne se sont entretenus dans le cadre des accords de coopération entre les deux pays, sur les moyens de renforcer leurs relations militaires, notamment en matière de lutte contre l’immigration et de protection des frontières.

On a appris il y a quelques heures qu’un supposé passeur aurait été arrêté parmi les survivants. Pour légitimer un peu plus leur discours les dirigeants aidés de leurs amis journalistes, mettent l’accent sur « les mafias de passeurs » et « les réseaux terroristes » qui favorisent l’immigration clandestine et les trafics de drogue. Le mec arrêté serait un tunisien, enregistré à Lampedusa il y a quelques mois et qui venait de se faire expulser.

Ceux qui parlent à l’heure actuelle d’un drame humain et prétendent agir sont les mêmes qui tuent en renforçant toujours plus le contrôle et la répression aux frontières de l’Europe.

Il faut en finir avec les frontières et les États, pour la liberté !

 

(Traduction tchèque par la csaf)

Lampedusa – vražedné hranice Evropy

Ve čtvrtek 3. října ztroskotala jedna z mnoha malých lodí s migranty: na palubě bylo více než 500 osob, bylo nalezeno přes 200 těl, 155 lidí přežilo a více než 150 je jich nezvěstných. Vládní představitelé v Itálii a v celé Evropě se rozhořčují, do věci se vložil dokonce i papež a média z ní udělala svůj morbidní trhák, když zveřejňovala fotografie z vody vylovených mrtvol, jež se vrší v přístavu v Lampeduse. Na pátek byl v Itálii vyhlášen den národního smutku.Ale od roku 1998 zahynulo ve Středozemním moři téměř 20 000 migrantů, jejichž lodě ztroskotaly nebo byly potopeny pobřežními hlídkami buď prostřelením v případě nafukovacích člunů, nebo najížděním na menší plavidla. Pro moc jsou dobré všechny prostředky, jimiž lze migrantům zabránit v překročení hranic. Nedávno bylo například odsouzeno několik rybářů italskými soudy za to, že poskytli migrantům pomoc.Vyhlášení soustrasti „tváří v tvář tomuto lidskému dramatu“ bylo doprovázeno oznámováním nových opatření pro ještě důkladnější posílení ostrahy středozemních hranic Evropy. Již po léta se zvětšuje počet společných hlídek policajtů a vojáků, kontrolujících hranice mezi evropskými a africkými zeměmi a také vysoce sofistikovaných prostředků technologického dohledu – radary, termokamery a nejnověji i drony (bezpilotní letadla). To vše činí přechod hranice stále obtížnější a nebezpečnější. Na 8. října bylo naplánováno jednání evropských ministrů vnitra v Lucemburku, aby mohl být posílen systém Eurosur, zaměřený na spolupráci v boji proti nelegální imigraci mezi členskými státy Evropské unie navzájem a společně s agenturou na ostrahu hranic Frontex: půjde o sdílení dat (například otisků prstů) a informací v reálném čase mezi různými úřady a o sdílení dohlížecích prostředků, jako jsou satelitní zařízení či systémy na zaznamenávání počtu plavidel, a to zvláštní cestou, prostřednictvím chráněné komunikační sítě. Předminulé úterý se v Tripolisu v Libyi (odkud vyplula ona loď) sešli vrchní velitelé libyjské a italské armády, aby dosáhli dohody o spolupráci mezi oběma zeměmi a o prostředcích k posílení jejich vzájemných vojenských vztahů, zejména v oblasti boje proti imigraci a ochraně hranic.Dozvěděli jsme se, před údajný převozník byl zadržen spolu s přeživšími. Aby vládní představitelé trochu více legitimizovali propagandu, vyráběnou s pomocí spřízněných žurnalistů, kladou důraz na výrazy jako „mafie převozníků“ a „teroristické sítě“, které se přednostně věnují organizaci ilegální imigrace a obchodování s drogami. Zadržený je patrně Tunisan, o němž byl již před několika měsíci učiněn záznam v Lampeduse a který bude nakonec vyhoštěn.Mocenský cynismus vyvrcholil prohlášením italského premiéra, že pouze utonulí imigranti získávají s okamžitou platností italské občanství. Těm, kteří přežili, hrozí za překročení zákona pokuta až 5000 eur.Ti, kteří nyní hovoří o lidské tragédii a dávají najevo úmysl jednat, jsou přesně ti, kteří zabíjejí prostřednictvím neustálého posilování kontroly a represe na hranicích Evropy.

Musíme skoncovat se státy a s hranicemi, za svobodu!

[Libye] Le zoo de Tripoli transformé en centre de rétention et d’identification

Le pouvoir libyen ne manque pas d’inspiration en ce qui concerne la guerre aux migrants qu’il mène sur son territoire, en partenariat avec des États européens, notamment l’Italie. Pour enfermer toujours plus, il vient de recycler un zoo abandonné de Tripoli en centre d’identification pour les étrangers et étrangères en situation dite irrégulière. Les personnes arrêtées sans document prouvant leur entrée légale sur le territoire libyen sont en effet incarcérées là pendant 72h, le temps de les identifier et de voir si leurs papiers sont en règle. Chaque prisonnier et prisonnière est  soumis à un prélèvement sanguin pour rechercher d’éventuelles maladies telles le VIH ou l’hépatite. Si une personne est porteuse d’un tel virus, elle est immédiatement transférée dans un centre de rétention pour être expulsée rapidement. Al Gerjame, chef de l’unité de lutte contre l’immigration clandestine en Libye déclare que si les gens ne sont pas malades et ont un visa régulier, alors ils peuvent rester en Libye pour travailler. Dans le cas contraire, ils sont transférées dans un des nombreux centres de rétention qui sévissent dans le pays et dans lequel les étrangers et étrangères déclarés en situation irrégulière peuvent rester enfermés pour un temps indéterminé.
Celles et ceux qui ont la « malchance » de passer par ce zoo ont avant été controlés par une milice spéciale chargée de controler les documents des immigrés. Ces 4 derniers mois cette milice aurait arrêté plus de 5 000 personnes, provenant pour la plupart d’Afrique sub-saharienne, de Tunisie ou du Maroc.
En échange de ses bons et loyaux services pour lutter contre l’immigration clandestine, c’est à dire pour empêcher les pauvres d’aller en Europe, la Libye a toujours obtenu des aides de l’union européenne, que ce soit sous le joug de kadhafi ou sous celle des actuels gouvernants. Bref, encore un truc qui n’a pas changé malgré la soi-disant révolution.

Émission Sans Papiers Ni Frontières du 02 novembre 2012

Émission diffusée le 02 novembre 2012 sur radio Fréquence Paris Plurielle (106.3)

Pour télécharger l’émission, il suffit de cliquer sur l’image ci-dessous (ou clique droit «enregistrer la cible du lien sous»)

Au sommaire :

– Brèves : France, Maroc, Pologne, Bulgarie, Belgique, Grèce…

– L’externalisation des frontières : Libye, Mauritanie, Sénégal…

– Appel à une manifestation vers le centre de rétention de Vincennes

Merci à l’émission Au fond près du radiateur d’héberger les émissions sur son blog.

Sans Papiers Ni Frontières est une émission contre les frontières et leurs prisons, enregistrée et diffusée le premier vendredi de chaque mois sur la radio Fréquence Paris Plurielle (106.3) de 19h à 20h (rediffusée le mardi suivant de 8h à 9h30)

Télécharger l’affiche de présentation de l’émission ici.

Prochaine émission le 07 décembre 2012