Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Athènes] Relaxe pour les 65 migrants accusés de la révolte d’Amygdaleza

Le 22 décembre 2014, le tribunal d’Athènes de la rue Degleri a unanimement acquitté de toutes les charges les 65 migrants accusés de la révolte du centre de rétention d’Amygdaleza en août 2013. Cependant, la cour a rejeté une motion des avocats de la défense qui demandait des compensations pour plusieurs migrants ayant été placés en détention provisoire sur des accusations non retenues.

source: no lager assembly

[MàJ][Grèce] Grève de la faim suite à la mort d’un retenu au centre d’Amygdaleza

18 novembre 2014

Des centaines de personnes enfermées au centre de rétention d’Amygdaleza en Grèce ont commencé une grève de la faim suite à la mort de Mohamed Asfak le 6 novembre. Passé à tabac par les flics en juin dernier dans le centre de Corinthe, il n’avait reçu aucun soin malgré ses problèmes respiratoires.

Depuis le début de la grève de la faim,  les flics semblent empêcher les contacts entre les retenus et l’extérieur.

Le 3 novembre commençait le procès des personnes accusées suite à la révolte qui a eu lieu dans le centre en août 2013.

 

En aout dernier, les flics français ont tué Abdelhak Goradia dans le fourgon qui l’emmenait du centre de rétention de Vincennes à l’aéroport où il devait être expulsé.
Ici et ailleurs la taule et les frontières tuent, mort à l’Etat !

d’après hurriya

 Mise à jour 20 novembre 2014

La grève de la faim a commencé le 17 novembre. Les retenus protestent contre la durée de rétention (qui peut aller au delà des 18 mois maximum préconisés par l’UE), l’enfermement des mineurs, et les conditions dans le centre qui ont provoqué récemment la mort de Mohamed Asfak et d’une autre personne. Mohamed a supplié les flics de l’emmener à l’hôpital pendant quinze jours avant de tomber dans le coma. Les flics répondaient « crève, on s’en fout ». Quelques jours plus tard ils laissent mourir un autre retenu par manque de soins médicaux.

« Ils nous cloîtrent comme des moutons et ne s’intéressent plus à nous (…) »

« Certaines personnes sont détenues pendant 26 mois »

« Quand on dit « j’ai mal à l’estomac » ils répondent « j’ai mal aux couilles »  »

« On se battra jusqu’à la liberté »

Hier, troisième jour de grève de la faim, quinze retenus ont été transférés à l’hôpital après avoir perdu connaissance.

 

Déclaration d’un retenu d’Amygdaleza :
« Représentant les réfugiés détenus en Grèce et spécialement à  Athènes (Amygdaleza), je prends l’initiative de vous écrire à propos du comportement des policiers envers nous les migrants. Il y a plein de réfugiés qui sont déjà détenus depuis plus de deux ans et qui ne sont toujours pas libérés. Ils sont traités d’une manière inhumaine. Il y a beaucoup de personnes malades parmi nous qui ne reçoivent aucun soin médical, qui ne sont pas emmenées à l’hôpital, pas même les personnes âgées qui ont entre 50 et 70 ans.

Muhammad Asfaq, Pakistanais, est mort jeudi 11 novembre à Menidi (nom donné au centre d’Amygdaleza par les retenus). Il avait 25 ans et était détenu depuis 2 ans. La cause de sa mort était une maladie dont il n’a pas été soigné. Il n’a pas été emmené à l’hôpital. Il n’a pas reçu de premiers secours au moment où il en avait besoin, au contraire il  a été laissé pendant deux heures étendu sur le sol jusqu’à ce que l’ambulance arrive. Il est mort dans l’ambulance.

Il y a à peu près 1500 réfugiés et migrants à Menidi . Parmi eux il y a beaucoup de personnes malades qui ne reçoivent aucun traitement. Les malades mentaux ne reçoivent aucun soin non plus. C’est même illégal de les enfermer. Il y a aussi beaucoup de racisme de la part de la police, qui conduit même à des mauvais traitements comme des tabassages.

Le médecin dans le centre de rétention ne peut souvent pas s’occuper des cas sévères, il demande donc à la police que les personnes malades soient transférées à l’hôpital. Même si la police ne nous transfère jamais à l’hôpital. Nous n’avons pas assez de médicaments ici et nous manquons de beaucoup de choses nécessaires quotidiennement dans un centre de rétention de masse, telles que des produits ménagers et d’hygiène.

Même si nous voulons retourner dans notre pays d’origine, il faut plus de six mois pour obtenir les documents requis.

Nous menons souvent des grèves de la faim pendant trois jours, mais sans résultat. Désormais nous sommes en grève de la faim jusqu’à ce que quelque chose change.

Nous vous demandons de nous aider, vous qui êtes dehors. Aidez-nous à nous battre pour notre liberté.

Merci

S.K. – détenu à Amygdaleza
17/11/2014

traduit librement de infomobile

 

[Athènes] Attaque solidaire avec les inculpés de la révolte d’Amygdaleza

Athènes : Attaque d’un fournisseur des centres de rétention

athenes oct14

Les camps de concentration pour migrant-e-s sont peut-être l’exemple le plus évident du totalitarisme étatique et de la fascisation de la société que nous vivons ces temps-ci. C’est l’imposition de l’État d’urgence contre les strates sociales les plus vulnérables, sur les migrant-e-s économiques appauvri-e-s, les réfugié-e-s, nos frères et sœurs de classe. Certains voient dans cette situation une opportunité de s’enrichir, comme c’est le cas de Kostas Tzironis, propriétaire d’une entreprise pourvoyeuse de produits de nettoyage dans les camps de concentration de migrant-e-s. Hier soir, le 31 octobre, nous avons rendu visite au magasin de cette canaille dans la rue Ious, à Petralona, pour une rapide redécoration.

Toutes les ordures de ce genre auront affaire à nous

Solidarité avec les migrant-e-s qui se sont rebellé-e-s l’an dernier dans le centre de rétention d’Amygdaleza et qui passent en procès ce lundi 3 novembre pour cette raison.

Des anarchistes

Repris de Contrainfo

[Grèce] Solidarité avec les inculpés de la révolte d’Amygdaleza

amygdaleza aout2013

Solidarité avec les immigrés accusés pour la révolte d’Amygdaleza

| Rassemblement Lundi 3 Novembre tribunal Degleri (blv.Alexandras)

Le lundi 3 Novembre commence le procès des immigrés qui sont accusés pour la révolte dans le camp de détention d’Amygdaleza qui a eu lieu en août 2013. Les insurgés se soulevèrent contre la prolongation de la période de détention amenée à une durée indéfinie. Pendant les événements et aussi peu après, 65 immigrés sont d’abord arrêtés et puis chargés avec des accusations très lourdes. Un an après, certains des arrêtés sont incarcérés dans des prisons diverses, d’autres dans des camps de détention, quelques-uns sont libres ou expulsés et 5 se sont évadés et jamais arrêtés par les flics…

Plus précisément, la situation dans les camps par un immigré qui l’a vécue :

« Les centres consistent en la manière dont l’état grec et la police se servent pour torturer les immigrés. Il y en a plusieurs immigrés dedans qui, n’ayant la moindre idée sur la date de leur libération, arrivent à la déraison. Là-bas ils ne nous offrent rien du tout. Seul chose qu’on peut faire dedans c’est dormir tout le temps. L’été, la chaleur est insupportable. La nourriture est de mauvaise qualité et en même temps insuffisante. Pas de vêtements, de médica

ments non plus et si quelqu’un de nous tombe malade, les flics eux-mêmes sont les seuls responsables pour appeler le médecin et qu’est-ce qu’ils font? Le plus souvent, soit les flics appellent le médecin avec un retard considérable soit ils restent complètement indifférents. Nous ne pouvons pas contacter nos familles car l’usage de téléphones est interdit, les heures de visite sont très courtes et leur durée limitée change à la guise de flics. Les transferts des détenus dans d’autres camps sont une forme de punition habituelle faisant la communication avec nos aimés plus difficile encore. Les flics, eux, ils entrent dans les cellules quand ils le veulent et frappent les gens. Ils nous traitent comme des objets et pas en tant qu’êtres humains. Nous demandons le changement immédiat de cette situation. »

Et en dehors, la situation à laquelle doit faire face un immigré ne diffère guère et a la forme d’une prison infinie :

« Laissant nos pays derrière nous, on pensait qu’on allait continuer à vivre au moins libre. Cette liberté nous a été confisquée dès le moment où on est entré en Grèce, même si entrer en Grèce veut dire risquer de mourir dans la mer comme dans le cas des noyés de Farmakonisi et de Mytilini. Une fois en Grèce, on se retrouve dans une prison à ciel ouvert. On nous empêche de travailler par le biais de lois aussi racistes qu’obsolètes. Les flics, les fascistes, les racistes nous persécutent dans les rues.  C’est pas seulement Asoee, c’est aussi Monastiraki, Thissio, Omonoia, ça se passe dans tous nos quartiers. Chaque jour nous vivons sous la menace d’être emprisonner dans un commissariat ou dans les camps de détention. On nous stigmatise par le biais de campagnes racistes de désinformation. Selon les medias, nous sommes des voleurs, des tueurs, des porteurs des maladies. »

La révolte d’Amygdaleza est un acte de résistance exceptionnel contre la guerre menée par l’état grec et la partie raciste de la société grecque contre les immigré-e-s. Une guerre avec des assassinats aux frontières, des déportations, des emprisonnement dans les camps de détention ou les commissariats, avec des refus de demandes d’asile, avec une exploitation au travail, des lois racistes, des contrôles de papiers incessants, un voyage aux limites de la détresse et du désespoir.

Pour nous, la seule solution est de trouver des manières de coexister et d’agir collectivement. Locaux et immigrés, sans hiérarchies, sans discriminations de race, sexe ou couleur de peau, unis contre toute forme de barbarie fasciste et policière nous luttons pour créer le monde que nous souhaitons. Nos armes dans cette lutte seront l’égalité et la solidarité.

Solidarité avec tous les immigrés incarcérés

Des centres de détention ? Jamais & nulle part !

Rassemblement Lundi 3 Novembre tribunal Degleri (blv.Alexandras)

poliglwssiafisa

Assemblée d’immigrés et solidaires d’ASOEE – Athènes

[Athènes] Bienvenue en Grèce

Bienvenue en Grèce

La mort non-accidentelle d’un immigré

Mardi 22 juillet, Ahmad Mohamed Farogh, d’origine pakistanaise, détenu dans le camp de rétention d’Amygdaleza, souffrant d’une maladie cardiaque, a demandé à plusieurs reprises aux gardiens une attention médicale. Il lui a été donné des cachets non adaptés, et une ambulance a été appelée; l’ambulance n’est jamais venue et au lieu de cela, un véhicule de police a été utilisé pour amener l’homme à l’hôpital. Il est mort en chemin.

E.H d’Afghanistan, a tenté de s’évader du camp de rétention d’Amygdaleza; il a réussi, les gardiens ont remarqué ça, l’ont localisé et l’ont attrapé. Ils l’ont frappé brutalement durant l’arrestation, et de nouveau dans le camp devant les autres retenus. Il est resté ensanglanté pendant des heures à Amygdaleza; Il a alors été transféré à l’hôpital et finalement dans un autre camp de rétention, avec bras et jambes cassés. La même soirée un autre migrant a essayé de s’échapper, a échoué et depuis son sort est inconnu.

Dans les camps de concentrations contemporains les migrants sont prisonniers d’une guerre qui a lieu au quotidien, et le flic décide de leurs vies et morts; des morts qui sont pour la plupart du temps jamais divulguées ou elles sont présentées d’une telle façon qu’elles semblent naturelles et évidentes. Aussi évidente doit être la punition de ceux qui tentent de s’échapper, ceux qui défient la violence quotidienne qu’ils vivent, ceux qui remettent en question leur enfermement. Hormis le fait d’être évidente, ça doit être exemplaire et rude.

Toutes ces choses ne se déroulent pas seulement dans l’obscurité du camp de rétention. Elles se passent au grand jour dans les rues de la métropole. Ici, où les pogroms racistes se passent quotidiennement, menant des dizaines de migrants vers les “paradis de l’hospitalité grecque” – à savoir, le camp de rétention d’Amygdaleza ou les directions d’Aliens d’Attique (P.Ralli)-  pour une détention sans condition et indéfini.

“La Grèce est vraiment un pays très hospitalier”
-Vas.Kikilias, au nouveau centre de rétention à Moria, sur l’île de Lesbos.

Au milieu d’une saison touristique fructueuse, le ministère de l’ordre public, Vassilis Kikilias, a dit que le gouvernement grec mène “un travail humanitaire, soutenu par les scientifiques, docteurs et psychologues” à Moria. On se demande si Ahmad Farogh – comme n’importe quel autre migrant retenu – aurait du être transféré à Moria, expérimenter là-bas, d’une manière scientifique, les politiques mortelles du lager moderne.

Assemblée No Lager, Athènes, 29 juillet 2014

http://nolager.espiv.net/

Traduit par Contrainfo

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Contre les centres de rétention pour migrants 

Force et solidarité avec les luttes quotidiennes des migrants retenus !

[Radio] Émission Sans Papiers Ni Frontières du 6 juin 2014 en ligne

Émission Sans Papiers Ni Frontières du 6 juin 2014

Au sommaire :

brèves d’ici et d’ailleurs*Situation à Calais*rencontre avec le Mouvement InterLycée Indépendant*Mouvement de prisonniers en Grèce*Agenda

Sur les mouvements de prisonniers en Grèce voir aussi : ici, et ici

Téléchargez/écoutez l’émission ici

Émission tous les premiers vendredi du mois de 19h à 20h30 (rediffusion le mardi suivant à 8h)

sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM en région parisienne et sur internet partout ailleurs

Prochaine émission le 4 juillet 2014

[Athènes] Panique dans les rues

Le 08 avril 2014, une opération policière de plus devant l’Université d’Économie (ASOEE) a aboutie à l’arrestation de 12 immigrés et d’un étudiant grec. L’Université d’ASOEE, où l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires se tient depuis 2011, se situe dans le centre-ville d’Athènes, une zone qui a été la cible de discours et pratiques racistes les dernières années. Un regard sur le passé récent est néanmoins nécessaire afin d’être en mesure de saisir l’impact de la violence raciste contre les communautés immigrées du centre-ville ainsi que la dynamique des luttes contre celle-ci.

Panique dans les rues d’Athènes

Dès le début 2008, plusieurs quartiers du centre-ville ont été les témoins de l’émergence et de la création des aujourd’hui tristement célèbres « comités d’habitants ». Constitués par des membres du parti néo-nazi Aube Dorée ainsi que d’autres grecs racistes, ces comités ont commencé à mettre en pratique leur agenda raciste dont le but principal était de créer des quartiers grecs « purs », un but accompli à travers les coups de couteau, les tabassages et une prolifération continue de discours haineux – à savoir que les immigrés sont sales, qu’ils sont des criminels, des sauvages et les responsables de la faillite du petit commerce grec (en particulier les immigrés vendeurs de rue) ou du taux de chômage en augmentation. Mais ils n’étaient pas seuls dans leur campagne anti-immigrés. Des organisations de petits commerçants n’ont jamais raté une occasion d’exprimer leur haine raciste contre les immigrés vendeurs de rue tandis que les officiels élus de l’état grec participaient à la compétition de celui qui fera la déclaration anti-immigrés la plus dure. Par exemple, le premier ministre actuel, Antonis Samaras, a lancé durant les dernières élections le slogan « Reprenons en main nos villes ». Les flics ne sont pas restés non plus inactifs. Les vérifications des papiers des immigrés ont plus qu’augmentés avec des contrôles d’identité et un harcèlement quasiment constants et des milliers d’arrestations. Au même moment, la législation relative à l’incarcération des immigrés est devenue plus dure et les premiers centres de détention ont été construits. Les médias et une large partie de la population grecque ont suivis et repris le discours haineux sur le « problème du centre-ville », suggérant eux aussi que le problème n’était rien d’autre que l’existence même d’immigrés dans les rues d’Athènes. Ce fut donc peu surprenant qu’au printemps 2011 et après le meurtre d’un grec, que des membres d’Aube Dorée accompagnés d’une foule de grecs aient lancé un pogrom dans le centre-ville résultant dans le tabassage et des attaques à coups de couteaux contre de nombreux immigrés, la destruction de plusieurs magasins tenus par ces derniers et le meurtre d’Alim Abdul Manan du Bangladesh. La route leur était malheureusement déjà toute tracée…

Construire une communauté de lutte…

Entre-temps, depuis 2008 et par après, le quartier autour d’ASOEE est devenu petit à petit un des endroits où la plupart des immigrés vendeurs de rue ont choisis de travailler, rassemblant jusqu’à 200 personnes et alors qu’au même moment l’université est graduellement devenue la cible d’opérations policières. On peut retracer les premiers liens qui se sont crées entre immigrés vendeurs de rue et étudiants solidaires avec ces opérations, ces derniers commençant à distribuer des flyers où il était dit qu’entrer dans l’école lors de descentes de la police était sûr, les universités étant alors légalement interdites aux flics. Ces liens se sont renforcés lorsque les étudiants aux côtés des vendeurs de rue ont aussi commencé à attaquer et, la plupart du temps, à repousser les forces de police.

En 2011, la situation autour d’ASOEE a radicalement changée dans le contexte mentionné ci-dessus de campagne anti-immigré visant le centre-ville. Les vendeurs de rue était alors moins nombreux, environ 40 à 50 personnes, tandis que les opérations des flics plus dures et plus fréquentes. La répression policière a culminé lors de la période entre novembre 2011 et mars 2012 avec la police anti-émeute participant dorénavant et quotidiennement aux attaques. Ces affrontements ont mené à une série de rencontres entre étudiants, vendeurs de rue et camarades des squats voisins Villa Amalias et Skaramaga et ont débouché sur la création de l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires d’ASOEE[1].

Depuis lors, l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires se rencontre régulièrement à ASOEE, prenant peu à peu forme. Situé dans un environnement assez hostile et devant faire avec les attaques quotidienne de la police, l’Assemblée a aussi dû faire face à une série d’obstacles dans son fonctionnement interne, découlant surtout d’un manque d’expérience factuelle dans l’engagement dans des luttes actuelles d’immigrés. Le mouvement ainsi que la gauche grecque étaient réticents à s’engager dans de telles luttes ou, lorsqu’ils y participaient, ils le faisaient d’une manière assez condescendante. Beaucoup d’efforts allèrent donc dans la construction de rapports entre les membres de l’assemblée elle-même, en prenant toujours en compte le besoin qui avait au départ réunis les immigrés et leurs alliés, à savoir leur aversion pour la présence continuelle de la police hors de l’université et en ne négligeant jamais les positions sociales diverses de ses membres et les privilèges et exclusions qui en découlent obligatoirement. Nous avons de cette manière-ci réussis à créer petit à petit une communauté de lutte qui est indépendante de tout parti politique ou ONG, qui se réunit hebdomadairement depuis trois ans dans l’université et qui, au-delà des confrontations continuelles avec les flics, organise divers événements antiracistes tels des concerts, des cuisines collectives et des projections de films dans l’école ou les quartiers immigrés voisins. L’assemblée elle-même, formée de grecs, africains (principalement sénégalais) et bengalis, est conduite dans cinq langues différentes (français, grec, bengali, anglais et wolof). Dans le même temps, étant donné la précarité des membres immigrés de l’assemblée, sachant qu’une arrestation ou un emprisonnement à long terme sont une éventualité inéluctable pour beaucoup dans l’assemblée, une part non négligeable de nos efforts va au soutien de prisonniers et aux points légaux, comme la préparation nécessaire des procès ou des rassemblements de solidarité au tribunal.

La répression des immigrés vendeurs de rue devenant une des pratiques racistes menée avec la plus grande des ferveur par l’état, les habitants xénophobes et les flics eux-mêmes, cela a inévitablement conduit à ce que tous redoutaient… Le 1 février 2013, un biffin sénégalais, Babacar Ndiaye, après avoir été pourchassé par les flics, fini mort sur les rails du métro de la station de Thisseio à Athènes. Immédiatement après le meurtre et en coordination avec la communauté sénégalaise d’Athènes, deux larges assemblées rassemblant plusieurs centaines de personnes sont tenues et aboutissent à l’organisation d’une manifestation contre un meurtre raciste impuni de plus[2].

Un danger pour l’ordre public et la sécurité…

Pour revenir à aujourd’hui, ce qui décrit le mieux la situation dans le centre-ville d’Athènes est ce qu’un représentant de police a récemment été surpris en train de dire, pas au courant qu’il était enregistré : « Ce que nous devons faire et de rendre leurs (les immigrés) vies insupportable – dès qu’ils arrivent en Grèce, ils doivent apprendre que la seule façon pour eux de rester ici est en prison ». Les contrôles de police sur les papiers des immigrés continuent quotidiennement, ainsi que les arrestations, et un nouveau panel de lois administratives racistes est mis en pratique tandis que la durée légale d’incarcération dans les centres de détention est maintenant passée à deux ans. Avec les élections municipales qui approchent à la fin avril et alors que les candidats tentent de prouver qui sera le plus efficace à restaurer l’ordre dans le centre d’Athènes, la police a intensifiée sa présence en-dehors d’ASOEE[3].

Le 08 avril donc, la police a encerclé l’université une fois de plus. Des groupes de DELTA[4] appuyés par les MAT[5] ont pourchassé et frappé de nombreuses personnes sans aucune raison. Le résultat, 12 immigrés et 1 étudiant ont été arrêtés[6]. Leur procès a été reporté au 23 avril. L’étudiant a été remis en liberté, mais les 12 immigrés sont toujours en prison sur ordre de la police. Les flics utilisent des lois administratives racistes (décret présidentiel 113/2013, loi 3386/2005) et les considèrent comme un « danger pour l’ordre public et la sécurité ». Les dispositions prévues dans la loi permettent aux flics d’arrêter tout immigré, même dans le cas où il a des papiers en règle, de l’accuser de ce qu’ils veulent (ce qu’ils savent très bien faire) et ensuite décider que cette arrestation constitue un « danger pour l’ordre public et la sécurité » et ainsi décider de sa détention et expulsion[7].

Actuellement, à cause du panel de lois racistes sus-dit qui a été utilisé contre les immigrés d’ASOEE, 10 des 12 arrêtés sont toujours en détention, 6 d’entre-eux en centre de détention. Avec un procès prévu pour le 25 juin, nous faisons les nécessaires préparations légales afin de faire appel au tribunal administratif de leur détention. Sachant que cette dernière vague d’arrestations est critique pour l’existence même de l’assemblée, il est maintenant essentiel que nous intensifions nos efforts et à cette fin nous prévoyons d’organiser une semaine de solidarité les jours précédant le procès (du 18 au 25 juin). Tout type de soutien sera plus que bienvenu.

Initiative de l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires d’ASOEE
http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/

Notes :

[1] Le premier texte publié par l’assemblée se trouve ici : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2012/10/29/text-des-immigrants/
[2] L’affiche pour la manifestation : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2013/02/10/microfoniki-mardi-12-fevrier-a-17h00-manifestation-jeudi-14-fevrier-a-17h00-pour-les-assassinats-de-babacar-ndiaye-et-shahzad-lukman/
[3] Enfer grec : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2014/04/01/enfer-grec/
[4] Unité de voltigeurs, particulièrement dangereux et affectés uniquement au maintien de l’ordre public.
[5] Équivalent des CRS.
[6] L’affiche à propos des arrêtés : http://immigrants-asoee-fr.espivblogs.net/2014/04/16/danger-pour-lordre-et-la-securite-publique/
[7] Plus précisément, les accusations qui permettent l’application de cette loi débute avec l’équivalent en Grèce de l' »outrage et rébellion ».

[Grèce] Appel d’offre

2 avril 2014

Un appel d’offre pour la surveillance de trois centres de rétention (dont celui de Fylakio à la frontière Turque) a été lancé en grèce, rendu possible par une réforme législative de 2012 qui permet à l’Etat grec de sous-traiter la sécurité des centres à des entreprises privées.

Plus d’une demi douzaine de sociétés sont déjà en lice dont G4S, Mega Sprint Guard, JCB Security and Facility, Swedish Systems Security, avec 14 millions de dollars à la clé en partie financés par l’union européenne.

 

D’après la presse

[Grenoble] Action contre le consulat Grec

6 février 2014

Meurtre de migrants aux frontières : action contre le Consulat grec

Dans la nuit du 5 au 6 février, à Grenoble, des affiches ont été collées à et des slogans ont été tagués sur la façade du consulat grec. On pouvait lire : « Farmakonisi, 12 morts », « Stop à la chasse aux migrants », « L’Etat grec et l’Europe assassinent ».

Cette action visait à dénoncer la guerre sans relâche que les polices de l’Europe-forteresse mènent contre les migrant.e.s. Cette guerre détruit des vies. Pas une semaine sans son lot de victimes. Hier, au moins 7 personnes sont mortes au large de Ceuta, l’enclave espagnole au Maroc. Quand ce n’est pas en mer Egée, c’est à Calais, à Lampedusa (366 morts en octobre dernier), ou à Melillia (5 morts la semaine dernière). En 20 ans, entre 18 000 et 72 000 personnes sont mortes aux frontières de l’Europe en voulant échapper à la misère et à la guerre (source : l’ONG United Against Racism qui documente les morts aux frontières).

Meurtre de migrants aux frontières de l’Europe

Le 20 janvier dernier, des gardes côtes grecs ont intercepté un bateau de réfugiés afghans et syriens qui tentait d’accoster sur l’île grecque de Farmakonisi. Plutôt que de venir en aide à ses passagers, les gardes côtes ont essayé de remorquer l’embarcation vers la Turquie. Mais le bateau a pris l’eau et les garde-cotes ont frappé ses occupants et laissé se noyer une partie d’entre eux.

12 personnes sont mortes, dont 8 enfants.

Ceci n’est pas un accident. C’est un crime d’Etat : des consignes claires sont données aux policiers de repousser par tous les moyens les migrant.e.s. Les morts aux frontières sont la conséquence directe des politiques migratoires européennes et de la militarisation des frontières.

Justice pour les réfugiés assassinés en tentant de sauver leur vie

Sabotons la machine à expulser

Liberté de circulation et d’installation

 

source : indy grenoble

[Radio] Émission Sans Papiers Ni Frontières du 7 février 2014 en ligne

Émission Sans Papiers Ni Frontières du 7 février 2014

Au sommaire :

*brèves d’ici et d’ailleurs*Italie*Murs : Israël, Ceuta & Melilla, Grèce, Bulgarie, Turquie*Agenda

Téléchargez/écoutez l’émission ici

Émission tous les premiers vendredi du mois de 19h à 20h30 (rediffusion le mardi suivant à 8h)

sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM en région parisienne et sur internet partout ailleurs

Prochaine émission le 7 mars 2014