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Contre les frontières et leurs prisons

[Italie] Rénovations dans les CIE

4 juillet 2014. 2013 a été une année caractérisée par de nombreuses révoltes et protestations à l’intérieur des CIE de toute l’Italie qui ont menacé et impacté la machine à expulser. Faisons une brève chronologie : en mars et novembre ont été fermés, formellement par le ministère de l’intérieur, les centres de Bologne et de Modène, et en août c’est au tour de celui de Crotone ; tandis qu’à la fin de l’année le feu mis par les retenus a fait fermer les portes des CIE de Milan et de Gradisca di Isonzo. Sans compter les nombreuses chambres et bâtiments détruits, totalement ou en partie, dans les quelques centres, cinq, qui fonctionnent toujours.

Les politiciens de tout bord, pour satisfaire l’opinion publique, ont fait de nombreuses déclarations lors desquelles ils soutenaient l’illégitimité des CIE et dénonçaient les abus qui se perpétuent en leur sein. C’était tous en cœur qu’ils appelaient à la fermeture définitive des centres.

Comme nous avions déjà eu l’occasion de l’analyser, une crise du dispositif répressif est suivit d’une restructuration, il en est donc ainsi.

Les centres ne vont pas fermer, ils vont rouvrir et ce sera pire qu’avant selon toute vraisemblance. D’une part, nous avons les nouvelles qui nous arrivent de ceux encore ouvert, où, après une période où il semblait qu’il n’y avait pas de sous ou de volonté de restructurer les parties détruites par les incendies, maintenant les travaux ont commencé. À Turin par exemple, après des mois passés avec seulement deux ou trois parties encore ouvertes sur les six, des travaux de rénovation ont commencé pour restaurer entièrement le centre. D’autre part, les CIE qui ont été fermés ont déjà presque tous été reconstruits. Bologne il y a déjà quelques mois, Milan et Gradisca plus récemment. Avec des nouveautés inquiétantes.

À Milan, le centre sera géré par une société française, Gespa, assistée de la coopérative sicilienne Acuarinto. Bien que la coopérative s’occupera de la gestion des retenus, la Gespa, forte de son expérience en France (la société gère certaines sections des prisons françaises), aura la tâche d’assurer la sécurité à l’intérieur du centre. Cela signifie en termes pratiques que se formera une escouade de para-geôliers, comme nous le verrons dans les prochains mois et comme le verrons surtout les « hôtes » de cette structure, pour le moment fermée et vide, mais, avec l’achèvement des travaux, sans doute en phase de réouverture.

Il y a quelques jours un quotidien local a donné la nouvelle que des travaux de rénovation ont également commencé au CIE de Gradisca di Isonzo. Malgré les paroles prononcées il y a quelques mois par Alfano (ministre de l’intérieur), le centre pourrait rouvrir ses portes d’ici l’année prochaine. Connecting People, qui gérait le centre avant sa fermeture et qui gère toujours celui de Bari, pourrait bien reprendre le contrôle de la structure et le revenu qui en découle. Même si quelques voix donnent comme probables aussi l’arrivée de Gepsa.

Maintenant que le ministre de l’intérieur a déclaré que la fermeture des centres était impensable, il pense à la façon dont il pourrait en changer la gestion pour éviter les révoltes et les évasions, suivant les indications données dans un rapport fait il y a quelques temps qui préconise un entrepreneur unique pour gérer les centres de tout le pays. On se demande qui, de la Croix-rouge qui gère les centres de Turin et Trapani et gérait celui de Milan, de la coopérative Auxilium qui gère ceux de Rome et de Caltanissetta et du consortium Connecting People aura l’occasion de remporter cette offre millionnaire.

Traduit approximativement de Macerie

[Gradisca] « Nous avons rompu l’acier pour voir le ciel »

12 mai 2014. Après 9 mois de coma artificiel, un des deux retenu qui était tombé du toit du CIE de Gradisca le 28 août dernier est mort ce 30 avril. Il s’appelait Mejid, il avait 35 ans et arrivait du Maroc. Entre-temps, le CIE de Gradisca a fermé ses portes depuis novembre, après l’énième vague de révolte et d’incendie. Macerie a interviewé au téléphone un compagnon de rétention et de lutte de Mejid, pour se souvenir de lui et de tous les autres, de leurs révoltes contre les brimades et les coups de la police, pour la liberté. Et pour se rappeler que les responsables du consortium  Connfuocoaicieecting People (qui gérait le CIE de Gradisca, ndlt) sont toujours là, un peu fatigués, mais toujours sur la bonne voie dans la gestion des affaires de l’emprisonnement et des expulsions.

Pour écouter l’interview (en italien) : ici.

Des CIE et des prisons, qu’il n’en reste que des ruines !

Traduit depuis Macerie

 

[Bari – Trapani] Protestations

20 mars 2014. Le CIE de Bari Palese revient sur le devant de la scène. Malgré les annonces de décembre dernier, le CIE continue à fonctionner. Aujourd’hui les retenu ont finalement compris pourquoi la bouffe est à ce point dégueulasse : les ouvriers de Connecting People ( coopérative gérant le CIE, ndt) ne regardent pas les dates de péremption si bien qu’au déjeuné de la ricotta périmée depuis quatre jours à été servie. La nourriture a été jetée et ça a donné lieu à une protestation vivace, avec les portes de sécurité claquées bruyamment, des dégradations et l’intervention de la police et de la brigade marine San Marco. La nourriture qui a été apporté dans la soirée, ensuite, a été simplement retiré de l’emballage avant d’arriver dans les sections, ce qui rend impossible aux détenus d’en contrôler la fraîcheur : évidemment les détenus n’ont plus confiance, ils ont donc refusé de nouveau de manger en masse. Les autres plaintes sont les habituelles qui arrivent de Bari et de tous les centres italiens en général : peu de douche en fonction (une pour vingt-huit prisonniers, dans la section que nous avons contacté), pas de possibilité de faire le ménage, les soins de santé pire que précaire.

De leur côté les retenus de Trapani Milo ont de nouveau escaladé les clôtures. Alors qu’ils étaient rentrés après que certains fonctionnaires leur avaient promis qu’aujourd’hui arriverait un « camion » plein de produits de premières nécessité ( papier toilette, sacs poubelles, produits ménagers) qui manquent dans le centre depuis plus d’une semaine : ils sont resortis aujourd’hui, lançant les poubelles qui se sont accumulés ces derniers jours, parce que le « camion  » est arrivé et les retenus ont découvert que c’était un gros foutage de gueule : 10 rouleaux de papier toilette pour quarante personnes, quelques bouteille de shampoing. Après avoir reçu encore quelque promesses, les retenus sont re-rentrés, mais ils sont prêts à reprendre la protestation dès demain

traduit de macerie