Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Marseille : chronologie des derniers jours au centre de rétention du Canet

Marseille : chronologie des derniers jours au centre de rétention du Canet

Mardi 14
Un retenu qui était sorti après vingt-cinq jours est de retour au centre deux semaines après. À son arrivée, les flics l’amènent dans un bureau. Ils l’accusent d’être le lien vers l’extérieur. Ils lui montrent des photos du rassemblement  et lui disent qu’ils savent tout.

Deux refus d’embarquement vers l’Algérie par avion. Les retenus se sont
opposés physiquement au keufs, ils ont été ramené au centre.

Mercredi 15
Un des deux retenus qui a refusé l’embarquement le veille se plaint de maux de ventre. Il tombe dans les pommes. Il demande à voir le médecin, une infirmière lui propose des cachets pour la tête, il les refuse sachant bien qu’il s’agit de tranquillisant. Les flics le ramène dans sa cellule. Il demande à aller à l’hôpital, pour seul réponse les flics lui donnent une « patate dans la tête ».
En réaction, tous les retenus du bloc entassent leurs matelas et menacent de les faire cramer. Un autre bloc fait de même. La police n’intervient pas et attend un retour au calme.
« ils font les gentils pour qu’on se calme, pour les flics les sans-papiers c’est comme les moustiques, ils nous écrasent »

jeudi 16
Un retenu refuse l’expulsion vers l’Afghanistan, c’est son quatrième refus !

Marseille : suite des événements au centre de rétention du Canet – 7 au 13 août 2012

Marseille : suite des événements au centre de rétention du Canet

7 au 13 août 2012

Mardi 7 août
18h, rassemblement devant le centre de rétention.
Cette nuit là, fouille générale, les flics ont empêché toute la nuit  les retenus de dormir. Depuis se jour il est interdit aux visiteurs de ramener de la nourriture pour les retenus.

Mercredi 8 août
Un retenu, qui a fait 1 mois de taule  aux baumettes suite à deux refus d’embarquement,  est de retour au centre.
Le soir des personnes se rendent au centre et tirent un feu d’artifice en solidarité avec les retenus.

Vendredi 10 août
Les briquets sont interdits dans le centre. Pour allumer leurs cigarettes, les retenus doivent sonner à l’interphone afin que les flics viennent l’allumer. Les flics se rendent compte qu’un retenu cache un briquet, ils lui confisquent et le tabassent. Le retenu n’en reste pas là, il sonne à l’interphone sans discontinuer pendant une demi heure, jusqu’à se  qu’un flic vienne, le maîtrise au sol, l’écrase et lui dit qu’il ne lui donnera pas de feu.

Samedi 11 août
Un tunisien qui avait déjà refusé l’embarquement est expulsé. Pour ce faire, les flics le baillonent et l’attachent avec du scotch.
La retenue qui était entre la vie et la mort vient de recevoir une greffe du foie, elle est toujours à l’hôpital.

 Lundi 13 août
Le retenu qui a avalé une pile 10 jours auparavant n’a toujours pas reçu de soin. Il est pourtant malade et alité.
Un autre retenu est malade, il doit suivre un traitement 2 fois par jour, mais le matin comme le soir il doit batailler pour qu’on lui donne ses médicaments. Pour protester, il boit des produits ménagers (eau de javel et détergeant). Les flics le tabassent , lui donnent des vomitifs et l’enferment en cellule d’isolement pendant 8h.

 

Marseille l’été… Son soleil, ses plages… et son centre de rétention !

Marseille l’été… Son soleil, ses plages… et son centre de rétention !

RASSEMBLEMENT DEVANT LE CENTRE DE RÉTENTION DU CANET MARDI 7 AOÛT, 18 H

Boulevard des Peintures, 13014, Métro Bougainville
première rue à droite Boulevard Danièle Casanova en sortant du métro
Bougainville

Pendant que les touristes se prélassent au bord de l’eau, visitent le vieux port en chantier et sirotent leur pastis en attendant 2013, la machine à expulser poursuit son cours …

Dans le centre de rétention, la tension monte. Le centre est plein, environ 120 retenus. En sous effectifs, les keufs demandent des renforts à la préfecture. D’ailleurs, ils n’autorisent qu’un parloir à la fois. Depuis 15 jours une grande partie des retenus font le ramadan. Ce qui implique une modification des horaires (repas à 21h, fermeture des cellules de 23h à 3h), et une tension palpable à l’intérieur du centre. Les retenus sont gavés de médicaments, et si malgré tout ils se rebellent, ils ont droit à une injection. Ces derniers jours il y a eu des tabassages en règles.

Petite chronologie non exhaustive des événements des derniers jours :

Dans la semaine du 23 au 28 juillet, un retenu se taillade le bras. Il est amené menotté à l’infirmerie. Le docteur lui fait une piqûre. De retour à sa chambre, il s’endort pendant 18h.

Dimanche 29 juillet
Expulsion de 13 personnes vers la Tunisie. Départ du centre à 6 du mat. 4 retours volontaires sont embarqués sans difficulté. Parmi les 9 autres, l’un part en courant dans la cale du bateau où il y a toutes les voitures de touristes. Il casse une vitre de voiture. Les 8 autres en profitent pour s’éparpiller dans différentes directions. Les flics n’étant pas assez nombreux, ils décident de ramener les retenus au centre.

Lundi 30 juillet
Refus d’embarquement d’un marocain par avion. Un téléphone avec caméra et appareil photo intégrée est dans le centre de rétention. C’est un téléphone interdit, afin d’éviter la diffusion à l’extérieur d’images dérangeantes… Un retenu, connu dans le centre pour être une balance, protégé par les flics, leur en parle. Les flics récupèrent le téléphone, vers 3 h du mat. Les retenus ne se laissent pas faire. Dans le bordel, un retenu se casse le pied. Comme la police ne veut pas amener le blessé chez le médecin, les retenus décident d’appeler les pompiers. Une fois devant le portail, les flics ne laissent pas rentrer les pompiers. Les retenus insistent à plusieurs reprises pour que les flics acceptent d’amener le blessé à l’hôpital. Au bout d’un certain d’un temps, trois flics enfilent des gants, et amènent prétendument le retenu chez le médecin. En fait ils l’emmènent dans une salle sans caméra et le frappent.

Mardi 31 juillet
Le soir, du shit est envoyé de l’extérieur dans la cour de promenade. Un retenu le prend. Les flics l’identifient à l’aide des caméras. Ils l’emmènent dans une pièce sans caméra. Ils utilisent une matraque électrique pour le mettre ko. Une fois au sol, ils le frappent.
Ce sont toujours les 3 même flics qui agissent, pendant que 2 sont à l’intérieur et tabassent, le troisième reste devant le porte fermée pour couvrir ses collègues. Quand les fics s’en vont, le retenu est au sol inconscient. Ce sont les autres retenus qui l’évacuent et le réaniment à grande eau.

Régulièrement les flics doivent compter nominativement les retenus. Dans le centre il y a des interphones qui permettent à la police de faire l’appel sans avoir à se déplacer. Les interphones peuvent aussi servir aux retenus pour appeler les flics. Cette nuit, au moins dans un bâtiment, tous les interphones sont mis hors service par les retenus, ce qui oblige les flics à se déplacer.

Mardi également, une femme retenue depuis le 29 juin, a été conduite en urgence à l’hôpital de la Conception où elle se trouve entre la vie et à la mort, suite à l’ingestion de « substances ».  Après avoir refusé 2 expulsions par avion, elle avait été placée en cellule d’isolement en attendant une 3ème expulsion prévue pour le mardi.
Dès 19h environ, elle avait appelé sa famille pour lui dire qu’elle souffrait depuis sa mise à l’isolement de violents maux de ventre, et pour se plaindre de violences de la part des policiers intervenus pour la maîtriser. De source médicale, ses poignets  présentent des traces de menottage, ce qui indiquerait qu’elle a été attachée dans la cellule, et son visage présentait des hématomes.
Les policiers du Centre n’ont appelé les pompiers qu’à 1h du matin, soit 10 heures après sa mise à l’isolement, et 6 heures après son appel à l’aide auprès de sa famille.

Mercredi 1er août Les interphones sont réparés. Les retenus les font sonner toute la nuit pour harceler les flics. Un parloir sauvage a lieu.
A 23h les flics enferment les retenus dans les cellules. Ils enfilent leurs gants et leurs disent : « rentre dans ta cage ».

Les révoltes éclatent souvent dans les centres de rétention, en France et partout ailleurs. Depuis quelques jours, c’est à la prison pour sans-papier du Canet que les détenus manifestent collectivement leur ras-le-bol. Ce n’est pas une nouveauté, il y a un an déjà des détenus avaient tenté de mettre le feu à ce centre de rétention.

Cette fois-ci, ne laissons pas les retenus seuls face à leurs matons !
Arrêtons la passivité et le silence !
Seule notre solidarité active peut abattre les murs !

[Suisse] Manif pour la fermeture du CRA de Frambois à Genève – 2 juillet 2012

Fermer Frambois !

Dans le cadre de la marche européenne des sans-papiers et des migrant.e.s, qui tapera du pied contre toutes les formes d’injustice et de discrimination qui écrasent les couches précaires, dont notamment les sans-papiers, nous tenons vivement à agir pour dénoncer une Europe emmurée qui empeste l’état policier.

Le 2 juillet, encerclons tou.te.s le centre de rétention de Frambois,

lieu par excellence de la violence exercée envers les migrant.e.s, dont le seul « délit » aura été de chercher une vie digne, introuvable chez eux et elles tant le déséquilibre économique mondial divise et hiérarchise. La « Genève internationale » concentre d’ailleurs à elle seule bon nombre des acteurs de cette domination. La marche reliera l’aéroport de Genève à Frambois, inversant le parcours que subissent de force les migrant.e.s renvoyé.e.s par la machine à expulsion.

Nous voulons aller les soutenir là où elles et ils sont enfermé.e.s, jouer de la musique devant leurs barreaux, partager une bouffe et l’espoir que nous serons en mesure de faire tomber ces murs, prisons et frontières comprises.

Nous faisons appel à tous les mouvements sociaux, au syndicalisme de combat, aux organisations politiques non électoralistes, aux milieux de défense des migrant.e.s et des sans-papiers, et on vous invite à rejoindre notre lutte

Le lundi 2 juillet 2012 12h30 à l’aéroport de Genève

(arrêt bus 5 / sortie de la gare CFF) Pour une marche jusqu’à Frambois.
Par solidarité, venez sans vos pièces d’identité !

POUR LA LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES

POUR L’ARRÊT IMMÉDIAT DES EXPULSIONS

POUR LA FERMETURE DES CENTRES DE RÉTENTION

ET POUR UN MONDE SANS FRONTIÈRES.

DES PAPIERS POUR TOU-TE-S OU PAS DE PAPIERS DU TOUT

tract_frambois__final <— à télécharger !

source : http://actionframbois.noblogs.org/

Les manifestants anti Frambois se dispersent peu à peu dans le quartier des Grottes

A Genève, des collectifs de soutien aux sans-papier manifestent pour la fermeture des centres de rétention. La police leur a barré la route.

Des collectifs de défense des sans-papier se sont donnés rendez-vous ce lundi à l’Aéroport de Genève pour réclamer la fermeture de Frambois. Environ 200 personnes ont participé à la manifestation qui devait gagner le centre de détention administrative genevois.

Peine perdue. A hauteur du n°66, route Montfleury, la police a dressé un barrage pour empêcher les manifestants de poursuivre le défilé. Les forces de l’ordre ont alors utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser le défilé. En vain. Une manifestante a fait un malaise.

Après un long affrontement verbal, la police a encerclé les personnes présentes. Puis vers 15 heures, le groupe décidé de quitter les lieux pour se rendre dans le centre-ville.

Route de Peney, les manifestants ont dressé une barricade à l’aide de divans trouvés au pied d’un locatif. Bloqués, les policiers sont sortis du véhicule, matraque en mains.

Après avoir pris le tram à Blandonnet, les manifestants se sont rendus aux Grottes. Ils y font une halte, dans une ambiance festive, sur la place. A 16h, ils se dirigent vers le parc des Cropettes.

Vers 16h30, la manifestation se disperse peu à peu. Certains se dirigent encore vers la buvette de l’Îlôt 13

Leur presse, Tribune de geneve,

La police affronte 200 manifestants à Frambois

Une marche partie de l’aéroport devait rallier le Centre de détention administrative ce lundi après-midi. Les forces de l’ordre ont utilisé des sprays au poivre.

Les manifestants avaient prévu d’encercler le centre de détention administrative de Frambois pour en exiger la fermeture. La police leur a fait barrage quelques centaines de mètres avant qu’ils atteignent leur but. Alors que les deux groupes se toisaient, un mouvement de foule a incité les forces de l’ordre à faire usage de sprays au poivre sur les premiers rangs du cortège. Plusieurs activistes ont été incommodés. Quarante minutes après l’assaut, qui s’est produit vers 14h20, une jeune fille était toujours au sol.

Le cortège, composé d’environ 200 militants issus des milieux alternatifs, punks et altermondialistes, avait pour but de faire écho à la marche européenne des sans-papiers et des migrants, qui arrivait ce lundi à Strasbourg devant la Cour européenne des droits de l’homme. En ralliant Cointrin à Frambois, les manifestants, venus sans papiers d’identité, désiraient effectuer le chemin inverse des requérants d’asile déboutés et refoulés.Leur tract exigeait «des papiers pour tous».

La manifestation, annoncée depuis plusieurs jours, n’était pas autorisée. Les activistes se sont dispersés peu après 15 heures.

source  : leur presse, 20minutes

PRÉSENTATION DISCUSSION AUTOUR DE LA BROCHURE « SANS PAPIERS : S’ORGANISER CONTRE L’EXPULSION, QUE FAIRE EN CAS D’ARRESTATION ? » au 260

PRÉSENTATION DISCUSSION AUTOUR DE LA BROCHURE « SANS PAPIERS : S’ORGANISER CONTRE L’EXPULSION, QUE FAIRE EN CAS D’ARRESTATION ? » au 260 rue des Pyrénées – Paris 20e, mercredi 4 juillet à 20h30

Discussion et projection autour de la brochure « Sans-papiers, s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation ? » – 23 juin 2012

Discussion et projection autour de la brochure « Sans-papiers, s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation ? »

– 23 juin 2012 –

20h30 Place de la fraternité, Montreuil (métro Robespierre – ligne 9)

La brochure « Sans-papiers, s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation ? » décrit la procédure à laquelle sont confrontées les personnes sans-papiers lorsqu’elles sont arrêtées par la police et donne des conseils juridiques et pratiques pour s’en sortir au mieux. Elle s’adresse autant aux personnes sans papiers qu’à leur entourage et à toutes celles et ceux qui luttent contre la machine à expulser. Cette brochure, dont la première version date de janvier 2008, vient d’être actualisée suite à la nouvelle loi sur l’immigration de juillet 2011 qui a modifié les procédures d’expulsion.
La présentation de la brochure sera suivie de la projection du film Illégal (2010) d’Olivier Masset-Depasse.
À travers l’histoire d’une femme et de son fils, le film décrit très concrètement le fonctionnement de la machine à expulser en Belgique. De la peur de l’arrestation jusqu’à l’expulsion, en passant par le centre de rétention, les stratégies qu’il faut mettre en place pour tenter d’en sortir montrent que ce n’est pas souvent le droit qui vous « sauve »…

 

Tunisie : Deux articles sur le camp de choucha

Tunisie: les réfugiés toujours dans l’attente

Près de 3.000 personnes vivent encore au camp de Choucha, situé dans le sud de la Tunisie. Candidats à l’immigration clandestine.

Abdulrezak déjeune avec trois autres Somaliens derrière le comptoir d’une petite échoppe qui vend des shampoings, des tubes de dentifrice et autres produits. Ce jeune homme de 27 ans est le leader de sa communauté dans le camp de réfugiés de Choucha, situé dans le sud de la Tunisie, à la frontière libyenne.

«Les invisibles du camp de Choucha», un reportage du photographe Eric Bouvet, à regarder ici.

Ouvert peu après le début de la guerre en Libye (de février à octobre 2011), ce camp du Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies (UNHCR) accueille toujours près de 3.000 personnes, sur les 17.000 présentes au début. Depuis, la vie s’est organisée. Le Danish Refugee Council«apporte de la bonne humeur», note Abdulrezak arrivé à Choucha le 3 mars 2011, des petits magasins ont ouverts, «il y a même un restaurant dans le secteur soudanais».

«Ce camp est unique dans le monde. Il est comme une petite ville. Normalement, un camps de réfugiés ne comprend qu’une ethnie, qu’une nationalité, ici, il y en a 22»,

s’enthousiasme Ursula Schulze Aboubacar, la représentante de l’UNHCR à Tunis.

Le rêve américain

De larges allées de sable séparent les tentes blanche siglées UNHCR. Un écriteau vert sur lequel des listes de noms sont affichées, informe les réfugiés des dates et heures des entretiens en vue de leur réinstallation.

Le 4 mai, 2.579 réfugiés étaient en cours de procédure, selon les statistiques du HCR. «Environ 10% ont le statut de réfugié mais n’ont été acceptés dans aucun pays. On devrait les intégrer localement (en Tunisie, ndlr). Mais il y a des départs presque toutes les semaines et cela m’encourage», se réjouit Ursula Schulze Aboubacar. En mars, 99 réfugiés ont quitté le camp pour l’Australie, la Norvège ou encore les États-Unis.

De retour dans sa tente au décors très sommaire, Abdulrezak pointe du doigt le costume marron suspendu au-dessus de lui, celui qu’il a enfilé à chaque entretien pendant un an, durée de la procédure pour être accepté aux États-Unis. Il a décroché, début mai 2012, son certificat de «culture américaine». Dernière étape avant d’obtenir son billet d’avion.

«Sponsorisé» par la Croix Rouge

L’ancien chanteur de Mogadiscio ne sait pas s’il va vivre à Chicago, New York ou Miami. Il se prend à rêver de Miami, lorsqu’une femme entre dans la tente pour demander un conseil. Son téléphone sonne sans arrêt. Il n’a pas le temps de goûter son plaisir. Depuis qu’il est leader de sa communauté, il reçoit les plaintes et informe les quelque 1.000 Somaliens présents à Choucha – dont une centaine n’a pas le statut de réfugié et ne sait pas de quoi son avenir sera fait. Au total, ils sont 283 dans le camp à vivre cette situation, à l’image de Bright.

Malgré l’air lourd et moite qui emplit cette habitation de fortune, ce Nigérian fume clope sur clope. «Il n’y a que ça à faire ici», lâche-t-il, tout en gardant son large sourire. Pantalon de jogging noir, pull coloré, il est «sponsorisé» par la Croix Rouge. Dépouillé de son argent et de ses papiers par les autorités libyennes, selon ses dires, il est arrivé le 28 février 2011 et a depuis été débouté.

Le jeune de 28 ans, qui laisse pousser les ongles de sa main gauche par coquetterie, n’a pas eu plus de chance en appel. Sans statut officiel, il reste ici, ne sachant où aller.  

«Je ne peux pas rentrer au Nigeria car je risque ma vie, je ne veux pas retourner en Libye et je n’ai jamais demandé à être en Tunisie»,

lance cet ancien «activiste» de la région du Delta du Niger.

Vide juridique

«Ces personnes ne sont pas de notre ressort. Elles sont suffisamment débrouillardes pour trouver une solution. L’Organisation Internationale aux Migrations va offrir des billets à ceux qui veulent rentrer dans leur pays, se défend Ursula Schulze Aboubacar. En restant ici, elles prennent le risque d’être en situation illégale tant qu’elles ne mettent pas à jour leur titre de séjour. Seules les autorités tunisiennes peuvent faire quelque chose. Pour le moment, elles ne le font pas et je les respecte pour ça. Ces personnes sont tolérées à Choucha mais de façon in-officielles.»

En 2011, le budget alloué au camp de Choucha s’est élevé à 21 millions de dollars. Il n’est plus que de 12 millions pour l’année 2012. Avec cette somme, l’organisation des Nations Unies finance, notamment, la nourriture et les salaires des employés des Nations Unies et des travailleurs journaliers, dont le nombre a été revu à la baisse au début de l’année 2012.

Selon Ursula Schulze Aboubacar, «107 personnes ont été licenciées, il reste une centaine d’employés pour assurer les repas». Ces remerciements n’ont pas été sans conséquence. Durant plus de deux mois, les employés des différentes organisations internationales qui  officient à Choucha n’ont pu s’y rendre en raison d’un blocage organisé par d’anciens travailleurs journaliers. «Ce n’est qu’une trentaine de personnes. Les autorités tunisiennes n’ont pas voulu utiliser la force. Du coup, les négociations ont été un peu longues», explique la représentante du HCR qui avait alors décidé de réorganiser le camps et d’impliquer les réfugiés.

«Le HCR nous avait demandé de nettoyer le secteur somalien, raconte Abdulrezak. Mais un villageois a menacé de me tuer et de brûler ma tente si on continuait. Depuis, c’est sale !»,

lâche-t-il en levant les mains comme s’il était en état d’arrestation.

«Entré à Choucha en bonne santé, maintenant je suis handicapé»

Peur ? «Évidemment qu’on a peur ! Le HCR nous dit qu’on est protégés mais les habitants nous menacent tout le temps. Par exemple, des personnes ont coupé l’eau en mars. Le HCR m’a appelé pour aller la rebrancher. Haha ! Non, ils y vont eux», rigole-t-il. A ses côtés Bright surenchérit:  

«On nous dit que l’armée nous protège, mais elle nous a tiré dessus.»

Soulevant son tee-shirt, Jamel, montre les tâches brunes représentant les impacts de balles qu’il a reçues le 6 mai 2011 alors qu’il se trouvait dans le camp. Une large cicatrice parcourt son ventre de haut en bas.

Ce Nigérian entré à Choucha le 16 mars avait voulu un compatriote qui se faisait «frapper par des soldats tunisiens » après avoir «compté ses sous» en public.  

«J’étais sous la protection des Nations Unies. Je suis entré à Choucha en bonne santé et maintenant je suis handicapé, dit-il en montrant les radios de sa jambe droite disloquée. C’est au HCR de me trouver une solution».

Lui a également été débouté et assure ne pas pouvoir rentrer dans son pays. Alors que la Tunisie a signé la Convention de Genève, «il n’y a pas de législation pour les demandeurs d’asile», souligne Ursula Schulze Aboubacar. L’organisation des Nations Unies travaille en collaboration avec le ministère de la Justice afin de mettre en place une loi. «Mais il faut compter environ une année », note cette Allemande.

 

Dans sa tente lumineuse et nouvellement installée, Samia (son prénom a été changé à sa demande) ne cache pas son inquiétude. Cette Somalienne est arrivée dans le camp mi-mars avec 73 autres compatriotes. Alors qu’elle était partie de Libye en bateau, direction Lampedusa, elle a été récupérée en mer par l’armée tunisienne qui l’a rapatriée à Sfax et emmenée directement à Choucha.

Alors que le programme de réinstallation des réfugiés a été clôturé en décembre, elle vit au rythme des rumeurs du camp. «Certains disent qu’on va rester en Tunisie. D’autres racontent que des gens sont morts ici, que des tentes ont été brûlées. J’ai peur, je ne sais pas ce que je fais ici», raconte cette jeune femme de 18 ans qui a fui son pays après avoir été séquestrée par des shebabs, les islamistes radicaux en Somalie.

Le 22 mai 2011, une vingtaine de tentes sont en effet parties en fumée. Bilan: quatre Erythréens sont décédés. Même si rien ne prouve que ce feu était d’origine criminelle, un groupe de réfugiés avaient alors bloqué les routes accusant des Tunisiens de Ben Guerdane, la ville la plus proche du camps, d’être à l’origine de l’incendie, ce qui provoquent de nombreux incidents. Tentes brûlées, pillages, décès, ce mois de mai 2011 est dans toutes les têtes à Choucha.

Et la crainte que cela ne recommence est toujours prégnante.  

«Nous avons demandé à déplacer le camp et l’éloigner de la frontière et de Ben Guerdane, mais les autorités n’ont pas voulu. Elles craignaient que le camp devienne pérenne et ne soit plus un camp de transit»,

regrette Ursula Schulze Aboubacar, tout en assurant que ce n’est pas au HCR d’assurer la sécurité, mais «aux autorités locales».

Alors que le camp devrait être fermé en juin 2013, selon le HCR, l’organisation internationale est en train de réfléchir à créer une entrée principale et rehausser les dunes autour pour contrôler un peu plus l’accès.

source : http://www.slateafrique.com/87325/tunisie-refugies-camps-libye-choucha

Détresse au camp de Choucha: Les refugiés se sentent trahis
(Le Temps (Tn) 15/05/2012)

298 réfugiés dont 28 ivoiriens, se sont manifestés hier matin, au camp de Choucha pour lancer un appel à la communauté internationale et surtout au Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) afin de réexaminer leurs dossiers de demande d’asile et surtout d’avoir la protection l’ONU.

Cette action a été menée par plusieurs réfugiés de différentes nationalités à savoir : Ivoiriens, Tchadiens, Libériens, Sierra Léonais, Soudanais de Darfour, Nigériens et d’autres communautés minoritaires qui ont vu leurs demandes rejetées.

Les demandes de « la plupart des Ivoiriens et aussi des Africains de l’Ouest ont été rejetées sans qu’une étude adéquate de leur cas ait été faite », d’après Frédéric Tiade, porte-parole de la communauté ivoirienne du camp de Choucha. Mais « la plupart de ces cas rejetés concernent des personnes qui fuient des problèmes et des conflits politiques et religieux », tenait à préciser le porte-parole.
Plus d’un an s’est écoulé, alors que le camp de Choucha continue d’accueillir des réfugiés ayant fui la guerre en Libye. Ces derniers qui se comptent en centaines, attendent toujours et avec impatience de bénéficier d’un placement dans l’un des pays Européens ou en Amérique du Nord. Mais vainement. Et si quelques uns ont pu -entre temps- obtenir ce statut, d’autres à l’instar des Ivoiriens, voient leurs demandes rejetées par le HCR. Ils se sentent même, trahis. « On était en 2011 quand le bureau du HCR nous disait d’attendre dans l’intention de nous aider », signale Frédéric tout en ajoutant dans un communiqué, que « des jours et des mois passèrent quand le bureau nous affirme ceci : votre pays est tranquille, il est économiquement stable », laisse entendre le communiqué. A cet effet, le porte-parole des réfugiés considère que les conditions et les critères d’acquisition du statut de refugié que l’HCR a même communiqués ne contenaient pas le volet économique, « du coup, nous nous sommes sentis trahis », toujours d’après lui.

Harcèlement

Il précise par ailleurs, qu’ils sont « constamment harcelés par certains agents de l’UNHCR », qui nous « disent de retourner en Libye si possible ». Le porte- parole des refugiés critique les conditions de vie dans le camp.

« Les conditions de vie dans le désert de Choucha sont très pénibles pour nous… Les conditions météorologiques, climatiques y sont horribles », proteste Frédéric qui compare la vie dans le camp à « un enfer ». Le réfugié ajoute que : « la distribution des kits d’hygiène se fait encore plus rare qu’auparavant et que la dernière distribution date de quatre mois».

Toujours dans le même cadre, le réfugié n’hésite pas à critiquer les procédures adoptées par le HCR pour traiter leurs dossiers. Il considère que les interviews déterminant l’acquisition du statut de réfugié n’ont pas été du tout bien traitées.

« La plupart des demandes des Ivoiriens et aussi des Africains de l’Ouest ont été rejetées sans qu’une étude adéquate de leur cas ait été faite », réitère la même source, tout rappelant les propositions présentées par le UNHCR après avoir rejeté définitivement leurs demandes.

En fait, le Haut Commissariat des Réfugiés recommande aux demandeurs d’asile soit d’aller en Libye de leur propre gré, soit de rester en Tunisie, ou de retourner dans leur pays d’origine par un vol de l’OIM.

Face à cette situation, les réfugiés ne savent pas quoi faire, ni où aller. « Nous sommes en train de voir dans tous les sens et de solliciter les ONG pour qu’elles nous viennent en aide », signale Frédéric tout en manifestant sa crainte d’être rapatrié obligatoirement vers son pays d’origine.

source http://www.africatime.com/tunisie/nouvelle.asp?no_nouvelle=670773&no_categorie=

Lubumbashi : les 30 Congolais expulsés d’Afrique du Sud toujours détenus à la prison de Kasapa

Lubumbashi : les 30 Congolais expulsés d’Afrique du Sud toujours détenus à la prison de Kasapa

Six jours après leur arrivée à Lubumbashi, les trente Congolais expulsés d’Afrique du Sud sont encore gardés à la prison centrale de Kassapa. Les autorités judiciaires avaient pourtant signé le billet de leur libération 48 heures après leur arrivée au terme d’une identification effectuée par des agents de la Direction générale de migration et de l’Agence nationale de renseignements.

Une équipe de la Monusco qui a rendu visite à trois reprises à ces Congolais expulsés d’Afrique du sud pour séjour irrégulier a estimé que ces personnes sont privées illégalement de leur liberté.

Le directeur de la prison conditionne leur libération par la présence des membres de leurs familles.

L’équipe de la Monusco pense plutôt que cette décision vise à prolonger la détention des expulsés, soupçonnant une manœuvre pour les rançonner.

La plupart de ces expulsés qui se plaignent de leurs conditions de détention sont des ressortissants des provinces du Katanga, Sud-Kivu, Nord-Kivu et Kinshasa.

A leur arrivée, l’administration pénitentiaire avait confirmé qu’il n’y avait aucune poursuite judiciaire engagée contre eux.

Au mois de février dernier, cinquante-deux Congolais expulsés toujours de l’Afrique du Sud avaient passé plusieurs jours à la même prison, avant de regagner leurs milieux d’origine.

source : http://radiookapi.net/actualite/2012/05/12/lubumbashi-les-30-congolais-expulses-dafrique-du-sud-toujours-detenus-la-prison-de-kasapa/

Grève de la faim au CRA de Rennes

Grève de la faim au CRA de Rennes (Saint Jacques de la Lande)

Tous ont été libérés depuis.

 

Du scandale d’Arenc à la légalisation des centres de rétention

Du scandale d’Arenc à la légalisation des centres de rétention

En 1975, à Marseille, est distribué un tract qui révèle que : « Depuis 1964 existe au cœur des quartiers nord une prison clandestine, contrôlée entièrement par la police, où sont séquestrés des travailleurs immigrés ».

Cette prison clandestine se trouve sur le quai de la gare maritime d’Arenc, dans un hangar. Une manifestation est organisée le 14 juin 1975 en direction d’Arenc pour exiger la fermeture immédiate de cette prison illégale. L’illégalité vient du fait que les étrangers y sont enfermés sans qu’aucune autorité judiciaire n’ait connaissance de l’existence, de la durée, ni des causes de cette incarcération. Les étrangers y sont donc enfermés sur simple décision administrative, en l’occurrence sur décision des autorités de police. Le préfet et le ministre, qui avaient commencé par nié les faits, déclarent qu’il s’agit en fait d’un « centre d’hébergement » pour étrangers sans titre de séjour. L’habillage de ce lieu en « centre d’hébergement » étant peu convaincant, le gouvernement de droite de l’époque va alors tenter de légiférer pour régulariser cette situation. En effet dans l’ordonnance qui régit le séjour des étrangers en France depuis 1945, rien n’autorise la détention administrative d’un étranger pour défaut de papier. La dernière loi qui le permettait date de 1938, et c’est la loi qui a instauré l’enfermement des étrangers sans-papiers dans des camps d’internement, loi qui s’est ensuite étendue, pendant la guerre, à la détention administrative de tous les autres indésirables français et étrangers avec papiers, notamment en vue de leur déportation en Allemagne. Après plusieurs tentatives de légifération, la loi Peyrefite de février 1981, dite « Sécurité et Liberté », légalise la « rétention » administrative des sans-papiers, en vue de leur expulsion. Une fois arrivés au pouvoir en mai 1981, Mitterand et le parti socialiste, loin de remettre en question la loi Peyrefite, avalisent la rétention administrative et ouvrent au cours de leur gouvernance 12 nouveaux centres de rétention, et de nombreux locaux de rétention dans les commissariats, gendarmeries, hôtels de police, etc. Les socialistes, dès 1975, faisaient parti de ceux qui dénonçaient la prison d’Arenc, et demandaient sa fermeture. La trahison fut de taille pour beaucoup même si elle n’est pas surprenante… L’expérience de la lutte contre la prison d’Arenc est cependant très instructive. Elle montre notamment que la vraie question n’est pas l’aspect légal ou pas de l’enferment des sans-papiers, mais bien l’enfermement des sans-papiers en lui-même.

article du Collectif Anti-Expulsion (CAE), le 7 mai 2004