Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Calais] Expulsions attendues prochainement

En avril 2015 la municipalité de Calais en collaboration avec le gouvernement socialiste vont ouvrir le centre de jour Jules Ferry pour toutes et tous les migrants-es vivants-es dans et à l’extérieur de la ville. Ce centre est vendu par le gouvernement et ses médias comme une manœuvre humanitaire. C’est des conneries! Ceci est une piètre tentative pour apaiser la situation catastrophique des migrants-es ici. Une situation créée par les politiques elles-mêmes que le gouvernement a mis en place. L’ouverture du centre de jour ira de pair avec une expulsion massive de près de 2000 personnes ainsi que la destruction de leurs habitats: les squats et camps de Calais.

Il a été clairement annoncé que l’ouverture du centre de jour se fera en même temps qu’un nettoyage des espaces de vie existants dans le centre de Calais, et des camps ne seront “tolérés” qu’aux abords du centre de jour. L’intention est claire : vouloir vider les rues de Calais créant ainsi un ghetto de migrants-es en dehors de la ville. Ainsi toutes réalités de vie dans lesquelles vivent les communautés peuvent facilement être ignorées par la population locale et permettre au gouvernement de nier leurs existences. Il n’y a pas de dates confirmées pour le moment mais il semble probable que cela se passera à la fin du mois de mars en même temps que l’ouverture complète du centre en avril (plutôt début avril). Bien sûr des dates seront communiquées dès qu’on entend quoi que ce soit à ce sujet.

La dernière vague d’expulsions du 2 juillet 2014 fut une démonstration d’ampleur de la force d’état. Avec l’expulsion simultanée de Salam (ancien lieu de distribution de nourriture squatté par des centaines de personnes après la destruction de leurs camps à la fin du mois de mai 2014) et de quatre squats, quiconque perçue comme un-e migrant-e dans ces lieux fut arrêté et déporté dans différents centres de rétention en France après avoir été frappé-es et gazé-es par la police. Et le gouvernement français de faire preuve d’une volonté grandissante de déporter des personnes vers le Soudan, les conséquences d’une telle expulsion pourrait être catastrophique pour certains-es.

Pendant ce temps-là certaines personnes réfléchissent à un déménagement volontaire mais jusqu’à présent la majorité des gens-gentes refusent de déménager. Malgré la répression policière systématique et les conditions climatiques très difficiles les communautés de migrants-es ont été capables de créer et défendre des espaces autonomes et de construire des habitats temporaires auto-construits. Dans ces espaces (camps et squats) un minimum de liberté est maintenu, par exemple, la possibilité d’aller et venir comme bon leur semble, de permettre ou refuser l’accès à certains-es, de partager, faire la fête, prier, d’avoir son petit commerce…

Nous faisons un appel à venir à Calais en mars pour aider à préparer ce moment et d’être de celles et ceux qui n’acceptent pas de se faire expulser et repousser à l’extérieur de la ville. Venez et aidez à résister à cette tentative d’affirmer la réalité d’un apartheid et d’une ségrégation dans les rues de Calais. Battons-nous contre les violences policières, contre celles et ceux qui les créent, contre ceux et celles qui ferment leurs yeux. Nous appelons à lutter contre les frontières qui sont un outil de pouvoir et de contrôle.

Liberté de mouvement pour toutes et tous. Le régime des frontières doit tomber.

S’il vous plait, venez préparer! Amenez vos tentes, camions ou arrangez-vous votre propre espace pour dormir dans Calais. Cela s’annonce comme une période turbulente ici et nous ne pouvons pas vraiment garantir grand chose en termes d’infrastructure pour vous accueillir.

English version :

In April 2015 the municipality of Calais in collaboration with the socialist state government intends to open the Day Centre Jules Ferry for all migrants living in and around the city. This centre is sold by the government and its media as a humanitarian gesture. This is bullshit! This is a poor attempt to alleviate the catastrophic situation of the migrants here. A situation that is created by the very policies the government have put in place. The opening of the day centre will go along with the mass eviction of 2000 people and the destruction of their homes: the squats and jungles of Calais.

It has been made clear that the opening of the day centre is going come with a large clearing of existing spaces in the centre of Calais, as camps will only be ‘tolerated’ in the area surrounding the day centre. The clear intention to be clearing the streets of Calais, creating a migrant ghetto outside of the city. So the reality of life for those communities can be happily ignored by locals and the government can easily deny its existence. There is no confirmed date at the moment, but it seems likely that this will be happening at the end of March, in time with the complete opening of the centre in April. Obviously more concrete dates will be announced if we hear anything.

The last round of big evictions on the 2nd July 2014 were a intense display of state force. With a simultaneous eviction of the Salam ( old food distrubution place squatted by hundreds people after been evicted of camps at the end of may 2014) and four squats, everyone perceived to be a migrant in those spaces were arrested and taken to detention centres across France. After having been beaten and gassed by the police. With the French government showing an increasing will to deport people to Sudan, the consequence of an eviction like this again could be catastrophic for some.

Whilst some people are considering relocating “voluntarily”, until now the majority of people are refusing to move. Despite the systematic police repression and harsh weather conditions the migrant communities have been able to create and defend autonomous spaces and to build temporary, self-designed homes. In these spaces (the camps and the squats) a minimum of freedom is maintained, for example the possibility to come and go when you want to, to permit or refuse entry to others, to share, to party, to pray, to run little businesses…

We are making a callout for people to come to Calais in March to help us prepare for this time and to stand with those who do not accept being evicted and pushed out of town. Come and help resist this attempt to firm up the reality of apartheid and segregation on the streets of Calais. Fight against police violence, against the ones who create it, against the ones who support and protect it, and against the ones who close their eyes. We call you to struggle against the borders who are a tool for power and control. Not just in Calais, but wherever you are.

Freedom of movement for all- the border regimes must fall.

Please come prepared ! Bring a tent, or a van or arrange your own sleeping space in Calais. It is going to be a turbulent time on the ground and we cannot really grantee much in terms of infrastructure.

 

Calais Migrant Solidarity

Émission Sans Papiers Ni Frontières du 6 février 2015

Au sommaire :

Taule et centres de rétention : Mutineries à Lavaur et Bourg-en-Bresse, tentative d’évasion à Saint-martin-de-Ré, Palaiseau, manif devant le centre de rétention de Toulouse

Enquête judiciaire sur les mobilisations survenues en 2012 au centre de détention de Roanne

Notes rapides sur l’Enquête Sociale Rapide

Frontières : Chronique de Calais, bilan de l’opération Mos Maiorum

Discussion sur les mesures antiterroristes dans le contexte actuel avec Claude Guillon

Et aussi : Agenda

Émission tous les premiers vendredi du mois de 19h à 20h30 (rediffusion le mardi suivant à 8h) sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM en région parisienne et sur internet partout ailleurs

Prochaine émission le 6 mars

[Calais] le centre Jules Ferry : un autre pas vers la ségrégation

Texte publié sur le blog Calais Migrant Solidarity qui livre une longue et très intéressante analyse sur l’ouverture du centre d’accueil de jour pour les migrant-e-s à Calais et des conséquences que cela va impliquer sur la vie des migrant-e-s à Calais, sur les solidarité existantes et sur les luttes.

Le 15 Janvier, le Centre Jules Ferry, un nouveau centre de jour pour Calais a été partiellement ouvert pour la première fois. Quand il sera fini, vers le début d’Avril, le centre de jour fournira prétendument des douches, un repas par jour, des lieux pour recharger les téléphones et un lieu de couchage pour les femmes et les enfants pour une capacité de 100 personnes.

Pour certaines personnes, cela est considéré comme une étape positive pour la situation à Calais. Après tout, l’État à finalement fournit quelque chose pour la population migrante de Calais et montre ainsi une certaine forme de responsabilité humanitaire. Mais nous devons être prudents-es et bien contextualiser l’arrivée de ce nouveau centre. Car il n ‘arrive pas grâce à un élan compassionnel de la part du gouvernement. Il est livré dans le cadre d’un nouveau programme de sécurité convenu avec le Royaume-Uni pour renforcer la frontière et ainsi rendre le passage vers le Royaume-Uni plus difficile. Le centre de jour fait partie de la même stratégie qui a vu le Royaume-Uni et la France mettre 15 millions € en financement supplémentaire pour la police, augmentant ainsi le niveau de violence et d’intimidation (venant de la police) contre les migrants-es, et la nouvelle barrière de sécurité. L’intention est de rendre la traversée de la frontière presque impossible, et en même temps de rendre la vie des migrants-es à Calais minutieusement gérée et contrôlée, ou bien insupportable. Le nouveau centre de jour est là pour faire face à l’échec cauchemardesque de cette politique et fournir un baume humanitaire pour les blessures racistes infligées par la frontière. Mais il est important de ne pas oublier que ce centre est d’abord et avant tout partie prenante d’un ensemble répressif conçu pour surveiller, contrôler et expulser la population migrante.

Le nouveau centre n’est pas axé sur la protection mais le maintien de l’ordre, non sur l’aide aux réfugiés-es, mais la ségrégation raciale. Situé à 6 km du centre de Calais, tous les services fournis par des associations dans ou à proximité de la ville devront maintenant se limiter à cet endroit reculé. Pour celles et ceux qui vivent de l’autre côté de Calais, au camp de « leader price »  ou au squat Galloo, le centre est pratiquement hors de portée. Alors que la mairesse, a indiqué que les camps seront tolérés dans l’étendue désertique entourant le centre (parsemée de bunkers de la seconde guerre mondiale, de chasseurs occasionnels et autres marécages), ils seront démolis de force ailleurs dans Calais, et tous les squats seront expulsés. Bouchart (la mairesse) a également déclaré que la fourniture de nourriture aux migrants-es n’importe où en dehors de ce centre sera désormais illégale. Les gens disent que les autorités commenceront avec une approche «d’expulsion en douceur», encourageant les gens à déménager avec la promesse de services et de sécurité contre le harcèlement de la police. Mais forcer les gens à déménager par l’utilisation de la famine et de menaces de violence policières semble tout sauf «doux».

Ce que nous voyons ici est la création d’un ghetto racial sous couvert d’un souci humanitario- libérale. Mais la logique de ségrégation en jeu est clair: vous serez libre et à l’abri de la persécution, muni d’équipements de base et des conseils juridiques, tant que vous restez dans le ghetto. Si vous vous écartez de cette prison à ciel ouvert, si vous suivez vos propres objectifs, vous serez traqués par la police et persécutés par les autorités. Même si nous acceptons que fournir une aide offerte par le centre soit une bonne chose, cela renforce encore l’idée que les migrants ne peuvent pas être aidés ici, ils et elles n’appartiennent pas a ici, qu’ils et elles doivent être maintenues à distance et «faire avec». Loin des yeux, loin du cœur. Tout le monde dans «sa propre » case. La puanteur du racisme est nauséabonde.

Pour nous cette stratégie n’est pas seulement une réponse cynique aux pleurs des racistes locaux mais aussi une tentative évidente de couper les liens et les rapports avec les gens de Calais qui se sont développés au fil des ans et d’isoler d´avantage les communautés de migrants-es. Depuis la fermeture de Sangatte en 2001, la vie à Calais pour les sans-papiers a été une lutte constante pour se faire une place, trouver des endroits chauds, secs et sûrs pour dormir, être capable de rester en public sans crainte de harcèlement de la police. Cela tout en renforçant de plus en plus les relations avec la communauté et les habitants de Calais. Nous avons vu quelques progrès ces dernières années, notamment en termes de participation publique avec le squat pour les familles a Victor Hugo et l’ouverture de Galloo, et les liens qui ont été crées continuent de grandir et se renforcer, en contact constant avec les camps plus fort que jamais. Grâce aux efforts soutenus au fil des ans afin d’informer et de sensibiliser la population sur les violence policières, ces connexions entre les communautés ont frustré l’État et ont nui à leur capacité de fliquer en toute impunité, et elles représentent un défi pour les autorités et politiques répressives. Le nouveau centre de jour va perturber ces connexions et liens intimes, cela en limitant (ou peut-être interdisant complètement) l’accès au site aux non-migrant-es. En brisant les liens que nous avons développés au fil des années, les autorités espèrent ainsi pourrir les graines de solidarité et de lutte qui prennent racines, poussent et ne cessent de croître et devenir plus en plus fort.

La mise en place du lieu Jules Ferry est arrivée sans aucune consultation avec les populations migrantes, sans leur demander quels soutiens ils ont besoin et comment ils aimeraient les voir se concrétiser. La participation des associations locales a été minime par rapport aux plans du début, idem pour d’autres œuvres de coopération, par exemple le projet de  « maisons des migrants-es», qui ont été oubliés. Au lieu de cela l’État apporte à une association externe, La Vie active, n’ayant aucune expérience des pratiques ou politiques de Calais ou connaissance des différentes communautés et tous les problèmes ou questions que cela pose pour gérer un tel centre. L’intention est claire: une nouvelle association peut plus facilement être la marionnette de l’État et de ses intérêts car il n’ aura pas l’expertise ou les connexions locales pour être en mesure d’en faire un défi efficace.

Briser la coopération inter-communautaire, mettant un terme au travail existant et projets en cours, et en détruisant toutes les jungles et squats, ce nouveau centre de jour est une tentative de modifier complètement les règles du jeu, de changer la situation concrète de manière qui neutralise tous les défis effectifs entre migrants-es et communautés locales permettant ainsi à l’État d’asseoir son contrôle. Ayant redessiné les cartes, l’État pourra ainsi se positionner comme le principal moteur des développements futurs à Calais.

Alors que certaines personnes envisagent de déménager volontairement au camp près du centre, la majorité des migrants-es refusent de bouger. Beaucoup des jungles ont été largement développées au cours de la dernière moitié de l’année 2014, et tandis que les conditions sont encore difficiles des gens ont pu se tailler un espace autonome et construire quelque chose s’approchant d’une maison pour eux-elles mêmes. Au moins ici, il y a une certaine quantité de liberté, par exemple, d’aller et venir comme et quand les personnes le souhaitent, pour autoriser ou refuser l’entrée à d’autres, marcher en ville, etc. Au centre de jour, la police peut facilement contrôler l’accès au long et étroit chemin d’accès. Et là-bas, loin des regards indiscrets du public, la police sera libre de mener leurs attaques avec encore plus d’enthousiasme. A des kilomètres de la boutique la plus proche, tout le monde sera forcé à une plus grande dépendance à la charité et au centre de jour lui-même pour leur propre survie.

Le centre de jour est une tentative d’isoler les gens dans un désert isolé en dehors de Calais et ainsi entraver leurs efforts pour traverser au Royaume-Uni, et de les garder groupés en un seul endroit, prêtes ainsi à toutes opérations de masse et possibles déportations au grès des changements d’agendas politiques. Jules Ferry sera une prison à ciel ouvert et l’aide fournie sera un maillon des chaînes qui lient les gens à lui.

Au lieu de cela:

Ce qui est nécessaire n’est pas la charité, mais la solidarité. Les communautés de migrants-es sont plus que capables de s’organiser et de s’occuper d’eux et d’elles-mêmes, ils-elles sont juste empêchés d’accéder à la plupart des choses de base de la vie par le racisme de la citoyenneté européenne et la violence de la frontière avec le Royaume-Uni. Ce dont nous avons besoin c´est de se tenir à côté des gens et de les soutenir autant ou aussi peu que dont ils ont besoin dans leurs efforts pour franchir la frontière ou pour réaliser leurs projets quels qu´ils soient ; pas d´un centre de jour destiné à contrôler. Nous devons soutenir ceux qui veulent résister à des expulsions et déplacements forcés et continuent à lutter pour la vie autonome au-delà du contrôle de l’État.

En fin de compte ce qui est nécessaire est un changement politique. Calais est juste un des lieux du projet européen raciste et son contrôle de la migration, tandis que les gens du monde entier continueront à se déplacer. Peu importe comment les conditions hostiles à Calais, peu importe à quelle hauteur ils construisent cette clôture, peu importe dans quels emplacement éloignées et désolés les gens sont forcés de vivre, les raisons qui poussent des personnes à se déplacer à travers le monde sont plus puissantes. Tôt ou tard, quelque chose doit donner. Les gens ne devraient pas être considérés comme un problème. Le problème est de savoir comment les autres réagissent à leur présence. La montée des idéologies racistes et nationalistes dans toute l’Europe n´est pas une question distincte de ce que nous rencontrons à Calais, et notre solidarité doit également impliquer une lutte contre le fascisme. L’État est en mesure de s´en tirer avec sa répression systématique des migrants à Calais et ailleurs grâce à l’appui implicite qu’ils reçoivent de l’électorat haineux et frustré qui de plus en plus se penche vers le fascisme.

Beaucoup de gens ont dit qu’ils n´iront pas au centre, et de nombreux autres qui arriveront à l’avenir ne vont certainement pas de se laisser tout simplement être parqués si loin. La répression policière va sans aucun doute augmenter autour de la ville ainsi que dans les parkings et les embouteillages, et toute tentative de créer un espace autonome de vie est susceptible de rencontrer abus et intimidation de la part des autorités. Nous continuerons à être solidaires avec les migrants à Calais et à résister à la violence de l’État, la police, et le régime de la frontière raciste. Mais nous devons faire plus que de réagir. Avec le nouveau centre de jour, les autorités ont pris l’initiative et vont essayer de prendre l’avantage. Maintenant, il faut de la créativité et de nouvelles idées dans la lutte contre la frontière.

Calais – Douvre, mobilisation antifasciste en solidarité avec les migrant-e-s

Dimanche 25 janvier 2015, une centaine d’antifascistes ont manifesté leur solidarité avec les migrants sur la Place d’Arme et dans les rues de Calais. Le groupuscule néo-nazi « Sauvons Calais » appelait à manifester contre l’ouverture d’un centre d’accueil pour les migrants. La préfecture avait interdit à la fois le rassemblement de Sauvons Calais et le contre-rassemblement organisé par l’Action Antifasciste NP2C. Sauvons Calais avait indiqué qu’il braverait l’interdiction. Ils sont finalement restés cachés bien au chaud.

(source : Lutte en Nord)

De l’autre côté de la Manche, à Douvres, le groupe fasciste Support the Calais Truckers (SCT) était bel et bien présent et a tenté pour la seconde fois de bloquer le port. Ils pensaient rassembler du monde pour soutenir les routiers risquant des amendes en transportant des migrant-e-s à leur insu et surtout contre les « envahisseurs ». En réalité ils ont rassemblé les antifas venus à plus nombreux pour en découdre, et une horde de flics pour protéger la manifestation. Certains des néo-nazis ont dû se réfugier sur le toit du bar qui faisait office de point de rendez-vous, avant de redescendre pour tenter de prendre la rue. Les antifas ont bloqué une première fois la manif, puis une deuxième fois lors de laquelle des pierres ont été jetées, puis la protection des flics n’a plus était suffisante pour empêcher qu’un nazillon soit physiquement malmené. Les fascistes ont essayé de s’enfuir, poursuivis par les antifas, eux-même poursuivis par les flics qui ont fini par les rattraper pour les contenir le temps que SCT fasse sa manif.

Traduction libre de la presse

 

[Calais] Entre coups de matraque et coups de feu

Samedi 17 janvier 2015 au soir, un campement de réfugiés syriens à été attaqué à coup de pistolet à bille. Une camionnette s’est arrêtée au niveau de l’installation et plusieurs coups de feu ont été tirés. La veille déjà, le même véhicule était passé et les passagers avaient insulté et menacé les personnes présentes.

Ce n’est pas la première fois que des fascistes s’attaquent directement aux migrant-e-s à Calais. Cette nouvelle attaque intervient dans un contexte de montée d’agressions racistes un peu partout en France.

Dimanche, le groupe d’extrême droite « Sauvons Calais » appelle à une nouvelle manifestation « contre l’immigration« . Cette manifestation a été interdite par la préfecture et le groupe affiche la couleur sur sa page facebook : « tout le monde est libre de ses mouvements et peut faire ce qu’il veut. Nous n’avons pas le pouvoir de retenir des foules…« .

Plusieurs appels à se rendre à Calais circulent (voir ici et ) pour les empêcher de se réunir, riposter à d’éventuelles attaques et se solidariser avec les migrant-e-s.

On en profite pour rappeler que le samedi 7 février est organisée à Saint Denis une journée de solidarité avec les migrant-e-s de Calais.

[Calais] Accueil ?

18 janvier 2015. Caution pseudo-humanitariste à la logique répressive, le centre d’accueil de jour, tant vanté par les politiciens locaux et nationaux, vient d’ouvrir ses portes. Situé à l’extérieur de la ville, derrière la rocade, il est à la fois la caution humanitariste des politiques contre les migrant-e-s et une manière d’éloigner les exilé-e-s du centre ville, du port, des commerces, des habitant-e-s de la ville.

Celles et ceux qui veulent s’y rendre et retourner au centre ville ensuite doivent alors traverser la rocade de contournement de la ville, déjà réputée meurtrière pour les migrant-e-s.

C’est désormais le seul lieu de distribution de repas puisque son ouverture s’accompagne d’un arrêté municipal interdisant les distributions sur le reste de la commune. La maire de Calais voulait se débarrasser des migrant-e-s, elle a trouvé la solution.

Les migrant-e-s de Calais deviennent de plus en plus persona non grata dans le centre ville et autour du port : présence massive des flics, attaques des fachos, magasin leader price et cafés qui leur interdisent l’accès, pression municipale autour du stade de foot, etc. Contraints de vivre dans les jungles, isolés et à la merci des rafles, l’auto-organisation pour la lutte et la solidarité des migrant-e-s devient de plus en plus compliquée. Avec l’ouverture du centre d’accueil, la municipalité prend en gestion, dans un lieu contrôlé par les associations qu’elle y a placé, les besoins élémentaires, se nourrir, se laver, charger son portable, et réduit encore un peu toute possibilité de rencontre et d’échange, d’organisation et de résistance.

Récemment l’accès de la médiathèque municipale a également été « interdit » aux migrant-e-s qui venaient y consulter internet, lire la presse anglaise, se reposer, etc. Ne pouvant pas l’afficher aussi frontalement, la mairie a trouvé la parade : désormais son accès est réservé à celles/ceux qui ont une carte d’accès, délivrée gratuitement à qui peut présenter un papier d’identité et un justificatif de domicile.

Le 25 janvier prochain, les fachos du groupe « Sauvons calais » appellent à une nouvelle manifestation contre l’immigration. Une contre-manifestation va être organisée le jour même et un appel à venir à Calais autour du 25 circule.

Une bonne nouvelle quand même, il semblerait qu’un vent de liberté continue de souffler sur la ville. Outre les solidarités qui se construisent chaque jour sur place, dans les squats et autour des campements, la barrière anti-migrants construite autour du port est de nouveau tombée ce 15 janvier. 300 mètres de barrière couchée au sol, à un autre endroit que la fois précédente. Cette fois elle ne sera pas relevée.

« Tout peut être brisé. Nous rêvons d’un temps ou non seulement les soi disant fascistes organisés ne se montreront plus en rue, mais aussi les flics et politiciens responsables du régime frontalier n’auront plus l’opportunité de décider de nos vies et mouvements.

Pas de nation, pas d’état, pas de flics, pas de frontières. Pas de système d’asile qui peut interdire d’un endroit ou vivre. Pas d’Eurodac »

Un mois de décembre à Calais

Repris de Calais Migrant SolidarityL’hiver est arrivé avec ses tempêtes et ses averses. Les grandes jungles et le squat de Galloo sont toujours là ; la jungle de Tioxide a vu le jour de deux restaurants, d’une école,d’ une église, dune mosquée et d’un magasin ! (voir plus bas les infos sur les expulsions à venir). Environ 2000 personnes vivent dans ces différents endroits. Un hangar a été ouvert certaines fois pendant les nuits de grand froid avec 350 lits. Il est situé loin du centre-ville et même lorsqu’il est ouvert, ses horaires d’ouverture réduits ne le rendent pas accessible facilement.

Le mois de décembre a vu un grand nombre de violence policière, concentrée sur les parkings pour camions et les embouteillages en direction de l’euro tunnel et du port. Les attaques ont été sporadiques et les tabassages apparement aléatoires. Leur but étant de décourager les migrants d’essayer de traverser pour l’angleterre et d’exprimer le racisme policier. La police a repoussé des réfugiés dans la circulation venant en sens inverse, a cassé beaucoup de membres et a fait l’utilisation régulière de gazs lacrymogènes à bout portant. Elle a détruit systématiquement les caméras et appareils photos lorsque des gens ont essayé de filmer ces actes de violence illégale.

Les personnes arrêtés dans les rues voisines des jungles ont souvent été emmenées dans des centres de détention très loin de Calais, comme à Rennes, Metz, Nîmes, Strasbourg ou Paris. Certaines personnes ont même été transportée vers ces centres en avion, en passant par l’aérodrôme de Marck (à côté de Calais).

La frontière implique de nombreuses formes de violence. Les contrôles des mouvements migratoires trangressent les droits des femmes, au travers du racisme et du sexisme, ce qui fait que ces deux systèmes d’oppressions s’entrecroisent étroitement.

L’hôpital de Calais refuse de pratiquer des avortements sur les migrantes, et s’explique sur cette décision de manière plus que lâche. La direction du service base en effet sa décision sur une loi qui dit que l’on a pas le droit de venir séjourner en France dans le but d’avorter. Manifestement ce n’est pas du tout le cas des femmes dormant dans les jungles de Calais ! Les femmes qui ne peuvent pas prouver avoir un lieu de résidence officiel en France sont systématiquement renvoyé vers l’hôpital de Grande Synthe, qui se trouve à 50km. Ils prétendent agir de cette manière pour la sécurité des femmes concernées, puisque l’avortement est censé être un « acte médical spécifique » (bien qu’il s’agisse d’un acte médical comme n’importe quel autre, avec très peu de risques). Ils affirment que c’est trop dangereux pour les femmes de retourner dans la jungle après l’intervention. Oui, bien sûr, rester enceinte contre leur propre volonté est plus sain et plus sûr pour ces femmes…

Après la création d’un dossier à ce sujet relayé par plusieurs associations, l’hôpital devrait être rappelé à l’ordre par le ministère de la santé, la pratique sélective de soins médicaux étant complétement illégale !

Quoi qu’il en soit tout ne fut pas sombre durant ce dernier mois. Il y a eu plusieurs moments festifs, une manif pour la journée internationale des migrants le 18, deux petites soirées de Noël dans les jungles et une grosse fête pour le Nouvel An au squat de Galloo. La manif a été organisée par plusieurs associations en réponse au « mur de la honte » : une grande barrière de sécurité installée par le gouvernement anglais pour rendre plus efficace la surveillance du port des ferrys. Cette barrière avait déjà utilisée pour le sommet de l’OTAN à Cardiff. La manifestation a été une réussite avec plus de 1000 participants. Toutes les soirées se sont déroulées dans la bonne humeur, avec aucun acte de violence de la police ni d’autres incidents – seulement des danses endiablées sur une play-list très variée et super ambiance générale !

A quoi doit-on s’attendre en janvier ?

[ A partir de la semaine prochaine, le cours d’auto-défense pour les femmes, trans* et queers va commencer ! Chaque mercredi à 14h au Centre Social Espace Fort Yves (2B rue d’Ajaccio). On espère ici que cours va prendre place de manière régulière – on est toujours a la recherche de profs qui ont envie de se joindre au projet et d’intervenir lors d’un ou de plusieurs cours ! ]

Un avis d’expulsion, sans dante spécifique, a été affiché par les CRS en face de la jungle soudanaise et du bois Dubrulle (la forêt en face de Tioxide, habitée principalement par les communautés afghanes et éthiopiennes). Plusieurs demandeurs d’asile vivant dans les endroits concernés sont prêts à s’opposer à cette décision d’expulsion devant la Justice.

Les dernières annonces faites par la préfecture prétendaient qu’il n’y aurait pas d’expulsions de lieu de vie jusqu’à l’ouverture du nouveau centre de jour. Quand ces expulsions vont-elels se produire ? La distribution de nourriture est censée commencer là-bas à partir de la mi-janvier et la date originale de l’ouverture du centre est à la fin du mois. Mais il semblerait qu’à cause des travaux à l’intérieur du centre, la date soit repoussée, donc on ne sait pas encore vraiment quand le centre va ouvrir ses portes pour de bon. De toute façon on n’attend pas ce jour avec une grande impatience, le centre faisant partie d’une stratégie anti-migration à plus grande échelle, et s’intégrant dans d’autres accords entre Natacha Bouchart (maire de Calais), Bernard Cazeneuve et le Royaume-Uni (plus de présence policière à Calais, création d’une enceinte de sécurité autour du port…). A partir du moment où le centre de jour va ouvrir, tous les jungles et les squats sont censés disparaître, une « politique de tolérance zéro » à leur encontre a déjà été annoncée. Tous les services pour les migrants sont censés être centralisés dans cet endroit, loin du centre-ville, dans le but de concentrer tous les migrants loin de Calais. Il n’y aura aucun lit pour les hommes, et un campement sera toléré dans les champs avoisinants. Le résultat de tout cela sera encore plus de ségrégation officielle entre les habitants de la ville et les migrants, parqués au beau milieu de nulle part.

Émission Sans Papiers Ni Frontières du 2 janvier 2015

Au sommaire :

Taule : Résistance à la taule de Saint-Mihiel et suicide d’un maton à Meaux – Appel à soutien à DjamelFeux d’artifice du nouvel an

Frontières : Chronique du calaisis – Mur entre l’Inde et le Bangladesh

De Ferguson à Paris la police tue, riposte dans les rues

Et aussi : Situation du prisonnier Georges Abdallah – Agenda

Émission tous les premiers vendredi du mois de 19h à 20h30 (rediffusion le mardi suivant à 8h) sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM en région parisienne et sur internet partout ailleurs

Prochaine émission le 6 février 2015, d’ici là c’est L’envolée et on en profite pour passer le salut à d’autres émissions anticarcérales en france : Papillon à Saint-Étienne et Lyon, Les murs ont des oreilles à Grenoble, Parloir libre et Haine des chaînes à Marseille, La petite cuillère à Lyon, L’envolée et Bruits de tôle à Toulouse

[Calais] Au vent qui sème la tempête…

27 décembre 2014

La toute nouvelle barrière anti-migrants installée autour du terminal d’embarquement dans le port de Calais a été sauvagement attaquée ce matin par des rafales de vent mal intentionnées qui ont mis à bas une partie de la clôture. Le groupuscule cataclysmique ne s’est pas contenté de ce sabotage et a également bloqué le port pendant deux heures (en solidarité avec les migrant-e-s paraît-il).

Vive le vent d’hiver !

D’après la presse

 

 

[Calais] 16 décembre, rafle et manifestation contre le mur de la honte

Le 16 décembre 2014 une manifestation contre « le mur de la honte », mur de grillages et de barbelés autour du terminal d’embarquement du port de Calais, financé en grande partie par la Grande-Bretagne, a réunie 2000 personnes dans les rues de la ville. De Melilla a Calais, des barrières s’érigent pour empêcher les personnes de circuler. À Calais la construction de cette barrière est le résultat d’un long processus de négociation entre la maire de la ville, Natacha Bouchart, le gouvernement français et le Royaume-Uni qui a débloqué 15 millions d’euros sur trois ans pour renforcer le contrôle du port de Calais et prendre ainsi sa part à la guerre menée aux migrant-e-s dans la région du calaisis. Flics, fachos, routiers, patrons de bars et de leader price, chasseurs, etc. le front anti-migrant s’organise et est de plus en plus visible à Calais.

Pour les migrant-e-s et les personnes solidaires la situation se complexifie et la répression bat son plein. Après les arrestations autour des campements et des squats de la semaine dernière, nouvelle rafle a eu lieu ce 16 décembre et plusieurs dizaines de migrant-e-s ont été arrêté-e-s. Plusieurs personnes se sont retrouvées enfermées dans différents centres de rétention, la préfecture ayant choisi d’envoyer, parfois en avion, les migrant-e-s arrêté-e-s dans différents centres (Rennes, Vincennes, Nîmes) sans doute pour éviter qu’une solidarité ne se mette en place. Qu’à cela ne tienne, hier un parloir sauvage s’est tenu devant le centre de rétention de Rennes :

Nous étions une vingtaine des personnes et quelques escabeaux, ce matin pour le parloir sauvage au centre de rétention. Nous avons pu discuter, à travers les grilles et par-dessus les bâches, avec les prisonniers du CRA. Nous n’avons vu que des hommes, plutôt jeunes.

Voici quelques souvenirs dans la discussion, à compléter par qui voudra…

*Ils nous ont dit qu’ils étaient isolés et coupés de l’extérieur, et plusieurs ont demandé à recevoir des visites individuelles. Des gens parmi nous ont pris leurs noms, donc faites signe si vous voulez aller les voir !

*Certains nous ont dit que la situation des étrangers était encore pire depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir. On leur a dit qu’on avait manifesté contre Valls lors de sa venue à Rennes, et ils s’en sont réjoui.

*Ils nous ont demandé de revenir plus nombreux-es, de mobiliser toute la population de Rennes pour les faire sortir de là. On leur a dit qu’on essayait, mais que les temps politiques étaient durs…

*Nous avons chanté des slogans, qu’ils ont parfois repris avec nous. Ils ont en ont aussi lancé quelques-uns, et l’un d’eux nous a fait écouter le refrain d’une chanson qui disait quelque chose comme « ça me dégoûte ».

*Ils nous ont raconté comment se déroulait les expulsions, notamment la façon dont la police venait chercher les personnes la nuit, entre 4h et 6h
du matin, pour les emmener à Roissy ou Nantes. Ils ont aussi expliqué comment, après un refus d’embarquer, la deuxième tentative d’expulsions
était plus violente. Ils nous ont dit que l’un d’entre eux avait refusé d’embarquer dans l’avion qui devait l’expulser depuis Nantes, et a été ramené au CRA. Il me semble qu’une autre personne a refusé son expulsion à Roissy.

*Certains nous ont dit qu’ils espéraient rentrer un jour dans leur pays (notamment pour revoir leur famille), mais pas menottés et escortés, embarqués et débarqués de force « comme des chiens ».

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MISE À JOUR : Toutes les personnes qui avaient été emmenées au CRA de Rennes ont été libérées. Un co-voiturage s’est mis en place pour retourner à Calais.