Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Paris] 7 évasions au centre de rétention de Vincennes dans la nuit du 20 au 21 novembre 2012

Sept personnes se sont évadées du centre de rétention de Vincennes dans la nuit de mardi à mercredi en forçant une porte arrière du bâtiment vers 23 heures au moment de la relève. Ils sont ensuite partis en direction de l’autoroute A4.

Sur l’année 2011, 14 retenus on réussi à s’évader du centre de Vincennes sur 3 214 qui y ont été enfermés (51 385 sur toute la france et outre-mer en 2011) (source : rapport annuel des associations présentes dans les centres qui vient de sortir pour l’année 2011).

[Nauru] Procès des 15 inculpés suite à la révolte du 30 septembre 2012 – 20 novembre 2012

Les 15 demandeurs d’asile inculpés suite à la révolte du 30 septembre sont passés devant le tribunal le 19 novembre 2012. Personne n’a l’air de savoir qui du gouvernement australien ou nauruan les as mis en examen.

À leur arrivée, ils ont découvert qu’ils n’avaient pas d’avocat et ont protesté. Finalement, une association de défense des droits de l’homme leur en as trouvé un.

Ils ont été laissés en liberté provisoire jusqu’à leur prochain passage devant le tribunal en décembre.

[Espagne] Évasions en série du CIE de La Piñera à Algeciras – 20 novembre 2012

Évasions en série du Centro de Internamiento de Extranjeros de La Piñera à Algeciras – 20 novembre 2012

Depuis le début du mois de novembre, au moins 10 à 15 personnes ont réussi à s’enfuir du CIE de Algeciras, situé dans l’ancienne prison de la ville et co-géré par la Croix-rouge espagnole.

Lors de la dernière évasion en date, les évadés sont montés sur le toit de la partie la plus haute de la prison et se sont jetés dans le vide, en s’accrochant pour certains aux arbres. Certains ont été interceptés, mais d’autres ont réussi à fuir.

Depuis un certain temps, les évasions sont constantes dans ce CIE.

source : presse

Autour de la manif du 16 novembre 2012 au CRA de Vincennes

Vendredi soir nous étions une petite centaine à nous retrouver dans la gare de Joinville-le-Pont, en réponse à l’appel à la manifestation qui a (largement) circulé dans les rues, sur le net et sur les ondes ces dernières semaines. Les chiens de garde de la RATP attendaient dans la gare, menaçants, et espéraient nous intimider. Nous sommes sortis sans encombre, par un accès non surveillé. Derniers préparatifs, noms d’avocats, distribution de matos pour faire du bruit ainsi que de gilets réfléchissants empêchant (on l’espère) l’éventuelle identification photographique a posteriori. Des nouvelles du centres nous sont parvenues juste avant la manif’, une rébellion a eu lieu la veille, et les retenus nous ont encouragés à venir manifester. L’objectif est posé : tenter d’arriver au plus près du centre et nous faire entendre des retenus. Il est également entendu qu’en cas de charge nous serons disposés à y répondre (une banderole renforcée en tête “Contre les frontières et les centre de rétention”). Nous tentons de prendre la route qui mène à l’arrière du centre, fumigènes, slogans, la détermination est palpable. Deux lignes de CRS se mettent en place, une hésitation nous fait rater l’opportunité de passer, le rapport de force semble défavorable, Nous tentons autre chose.
Demi-tour, toujours aussi motivé-e-s, nous allons devant le centre, où nous nous retrouvons devant un dispositif conséquent bloquant à la fois l’accès au bois et à l’école de police. Nous sommes loin du centre. Les feux d’artifices et les pétards sont perçants, comme nos cris, mais tout aussi moches.
Après s’être égosillés et explosés les tympans, plus de carburant. Nous avons appelé les retenus. La plupart ne nous entendaient pas mais quelques-uns ce sont mis, eux aussi à se rassembler à l’intérieur du centre, tentant de s’évader en grimpant aux grilles, brûlant des poubelles. Des renforts de police sont arrivés, ils ont été pris en étau comme nous dehors. Nous avons décidé de repartir. Les flics ont décidé de nous escorter jusqu’au RER.
“On est trente, en manif ; et on ballade la police ! “

Niveau répression, Il ne s’est rien passé à Vincennes ce soir-là. Les flics nous ont juste laissé manifester, dans le cadre qui leur convenait sans qu’ils n’aient été à aucun moment inquiétés. Point de joie, donc. Cependant, au vu de la faiblesse des initiatives autonomes, – qui n’est pas celle de la répression-, oser une action publique, sans se cacher ni travestir son discours pour utiliser des individus comme masse, ou des orgas comme légitimité, n’est pas chose aisée*.

Manifester devant le centre, ne saurait être, pour nous**, une finalité en soi, ni un moment purement symbolique. Il s’agit plutôt d’un pari, d’une proposition, d’une expérimentation pour tenter d’initier une nouvelle dynamique de lutte contre les centres de rétentions et les frontières. C’est un moyen parmi d’autres qui ne veut pas cristalliser ni réduire le champ d’action envisagé.
Des initiatives moins visibles mais complémentaires ont accompagné la manif. Tables d’information, développement des contacts avec l’intérieur, collecte de témoignages, émissions de radio, collages d’affiches, discussions, confection d’outils de diffusion (tracts, tags, journal mural également mis en ligne, etc.), “travaux pratiques” (repérages, banderoles, etc.) Ces initiatives participent à inscrire cette lutte dans une continuité, et à se détacher ainsi d’une simple démarche réactionnaire ou évènementielle. Les nombreuses formes de résistance et de révolte qui fleurissent dans les CRA ne sauraient être les seuls moments consacrés qui aiguisent notre solidarité.

Des individus échangent, se confrontent, s’organisent et désirent continuer à le faire.
Sont donc formulées des bases claires : le désir de continuer à lutter contre les centres de rétention et la machine à expulser en construisant des initiatives autonomes, l’exigence de s’organiser horizontalement de manière informelle ainsi que la volonté de s’ouvrir à un dialogue réciproque entre le dedans et le dehors.
Ses bases pourraient conduire à provoquer une rencontre, et trouver des complicités pour s’attaquer aussi à ce qui est moins visible, pour affiner notre solidarité, la rendre active, lutter avec et non pas pour d’autres.

*Et ceci sans compter les distances, menaces, désolidarisations et dissociations, en d’autres termes, la répression préventive des commentateur-ice-s attardé-e-s. Celleux-la mêmes qui commencent toujours par poser des questions de flics avant de se poster en juges et censeurs, bel effort d’autoritarisme. Celleux-là mêmes qui isolent des idées et des pratiques pour sauver leur cul confortablement installé derrière un clavier. Celleux-là mêmes qui placent la stratégie avant l’éthique, qui, empli-e-s de compromis et de tolérance, en arrivent à jouer le jeu de l’État. On n’oublie pas non plus les politicien-ne-s qui se constituent en institution morale et souhaitent nous voir enfermé-e-s, pour se prouver qu’illes avaient raison.
Sérieux, il faudrait songer à vous auto-dissoudre…

**Joker & Pingouin, deux anarcho-individualo-nihilo-insurrectio-toto-sous-prolétaires-radicaux-chics qui croient que le monde est fragile comme une vitrine.

[texte reçu par mail]

Paroles de retenus depuis le cra de Vincennes, avant et après la manifestation du 16-11-12

Le vendredi 16 novembre, une manifestation était appelée à 18 heures pour s’approcher au plus près du centre de rétention de Vincennes. (Un récit de la manifestation est consultable ici)
Nous avions déjà appelé durant le mois précédent pour prévenir les retenus, et nous avons passé des coups de fil le jour même, avant et après la manifestation. Ces appels nous ont permis d’apprendre que les retenus nous avaient entendus dans les centres 1 et 2. On a surtout pu être au courant de révoltes à l’intérieur, faire circuler les informations entre les centres, et raconter la manifestation aux retenus. Ces contacts nous motivent d’autant plus à venir crier notre rage et notre solidarité devant le centre de Vincennes, et devant tous les autres lieux d’enfermement.

16-11-12 MIDI

Vincennes centre 2

« Ca se passe très mal, y’a une personne qui a fait une tentative de suicide hier, il est passé à l’hôpital après. Et après y’a des cars de crs qui sont arrivés, en force, avec les boucliers vous voyez. On est traité comme des chiens, voilà. Y’a un Egyptien qui est parti à l’hôpital parce qu’il a tenté de se suicider, il a été maltraité en fait, il est à l’hôpital encore. Y’a un groupe de gens ils ont commencé à mettre le feu ici, à casser à peu près partout. »

Vincennes centre 1

« Ils ont ramené le ministre ici la dernière fois, le ministre de l’intérieur. Il a rien fait, il est juste passé. Y’a pas de ballon ici, y’a pas de plays, ils ont enlevé tous les jeux ici.
Les gars, ils m’ont dit comme quoi après si il y a une manifestation ils vont mettre le feu ici, à l’intérieur. »

16-11-12 SOIR

Vincennes centre 2

«Aujourd’hui vous avez fait une manifestation ? Oui, on a entendu un peu et l’assfam avait parlé de ça aussi, l’association qui s’occupe de nous. Voilà, on vous a entendu un peu. Mais vous avez pas pu rentrer quand même, c’est dommage. Nous on est sortis dehors, on est sortis dans la cour, on a crié mais vous deviez pas nous entendre.
Y’a des gens qui partent demain mais tant pis, on va croiser les doigts tout va se passer bien.

Hier, y’a eu des maltraitances d’un type égyptien qui est parti à l’hôpital. Voilà la police est venue en force, en groupe de 100 policiers parce qu’il y avait des manifestations des retenus et tout, vous voyez ? Ca se passe pas comme on veut, comme vous le savez. Ils ont ramené notre collègue à l’hôpital les pompiers. Y’a eu des casses de néons, caméras, portes, tout ça, après ils sont rentrés en force, voilà. »

Vincennes centre 1

1re personne
« Franchement c’est dur à l’intérieur, c’est chaud. Ca va partir en couille ici, y’a eu une dinguerie ici à l’intérieur, ils ont ramené les crs et tout ça. Y’a eu une dinguerie, des poubelles ont cramé et tout ça, et après ils ont ramené les crs avec les matraques et tout ça. Maintenant c’est calme, il y a trop de policiers. Ils sont encore là, ils étaient 60 ou 70 personnes quand même, tu peux rien faire. On voulait sauter les grillages et tout ça, ça sonne…

C’est pas un centre ici, c’est un hôpital. Les gens ici ils prennent des médicaments c’est un truc de ouf. Tu vois des gens ici ils pètent les plombs, et en plus les infirmières elles donnent du Subutex et tout, les gens ils pètent les plombs ici.

Ca va rien changer de faire une dinguerie dehors, même si vous cramez les camions des policiers, ça va rien changer. Parce qu’ici… comment expliquer… c’est dur ici, c’est dur. Tu peux pas sortir, dès que tu touches les grillage ça va sonner direct. »

2e personne
« Tout le monde s’est rassemblé ici, y’avait des poulets ils ont ramené des renforts, ils ont commencé à pousser. En plus ils ont repris les playstations, y’avait 3 playstations, ils voulaient pas nous donner les ballons pour jouer au foot, y’a pas d’activités, y’a rien tu vois c’est galère ici. C’est vraiment pourri.

On entendait la manif’ mais vite fait, on est loin, on est loin t’as vu, mais on l’entend quand même. Ils ont pété les plombs ici, ils voulaient brûler le centre, ils voulaient s’échapper mais y’avait des flics partout. Ils sont toujours là, ils sont six je crois, à part dans l’accueil, ils sont six qui se baladent dans le centre, aller-retours tu vois. Ils ont seulement poussé.

On m’a dit que y’avait plus que 150 policiers dehors, plus que les gens de la manifestation. Ici y’a pas moyen de s’échapper, y’a des barbelés, tu sais quoi, ils sont branchés avec l’électricité, dès que tu les touches t’es cramé mec. Moi je pense que c’est interdit tout ça, en plus y’a des détecteurs de mouvements, des caméras…

J’ai vu les feux d’artifices, c’était le hagla dehors, j’aurais bien aimé être avec vous. Dès que je sors d’ici je vais quitter la france, y’a rien à faire, dès qu’ils vont me contrôler ils vont me mettre dans un centre, et tu sais quoi, on va passer 45 jours là. Si chaque fois qu’ils te prennent tu restes 45 jours ça sert à rien de rester ici. »

Vincennes centre 3

« On n’a pas tout entendu, y’a la police qui nous a dit qu’il y avait une manifestation devant le centre. On a crié un peu, mais comme on entendait pas de cris ou de choses comme ça… A 19h, comme on était à l’intérieur, on attendait les cris, mais bon comme personne a entendu les cris ça fait que, bon, on peut pas trop manifester comme ça, comme c’est la police qui a dit qu’il y avait la manifestation… C’est un plaisir pour nous qu’il y ait des gens au dehors qui pensent à nous, ça fait du bien quoi. »

Ni matons ni prisons n’arrêterons nos rébellions !
Liberté pour toutes et tous avec ou sans papiers !

Trouvé sur indynantes

[Nauru] 15 demandeurs s’asile inculpés suite à la révolte du 30 septembre – 18 novembre 2012

Suite à la révolte du 30 septembre 2012 dans le camp d’enfermement de Nauru (Australie), lors de laquelle du matériel électrique, des tentes et une partie de la cuisine avait été détruit, la justice vient d’inculper 15 demandeurs d’asile iraniens. Selon la police qui a mené l’enquête, il y aurait eu 24 000 $ de dégâts ! Les 15 devraient passer devant le tribunal ce lundi.

Solidarité !

[Marseille] Verdict du procès du 16 novembre après la manifestation du 8 août devant le CRA du Canet

Dans la soirée du mercredi 8 août 2012, des pétards sont lancés devant le CRA du Canet à Marseille. Deux personnes sont arrêtées. Après 40h de garde à vue, elles ont été déférées devant le procureur et le juge des libertés et de la détention. Elles en sortent avec un contrôle judiciaire hebdomadaire et une interdiction de s’approcher des centres de rétention.
Ces deux personnes passaient devant le Tribunal d’Instance de Marseille ce vendredi 16 novembre 2012. Elles étaient accusés de « mise en danger d’autrui ».
Le procureur a demandé 800 euros pour l’une, 1 500 euros pour l’autre.
Après la plaidoirie de l’avocat qui a argumenté contre l’accusation de « mise en danger d’autrui », les deux personnes accusées ont été condamnées à 400 euros chacune.

[De nombreuses personnes sont venues soutenir les deux inculpés – une bonne cinquantaine à l’intérieur et tout autant qui n’ont pas pu entrer.]

Récit de la manifestation du 16 Nov 2012 pas-trop-trop loin du cra de Vincennes

Récit de la manifestation du 16 Nov 2012 pas-trop-trop loin du cra de Vincennes

Rendez-vous était donné à 18 heures au RER de Joinville-Le-Pont pour une manifestation “nocturne et sonore” visant à s’approcher au plus près du centre de rétention de Vincennes. Une petite centaine de personnes avait répondu à l’appel non déposé en préfecture..

Le cortège démarre une demie-heure plus tard, encadré par deux banderoles. Sur celle de tête, renforcée, est écrit “Contre les frontières et les centres de rétention”. Sur celle de derrière, “Liberté pour tou-te-s avec ou sans papiers”. On se met à crier et on se dirige vers l’arrière du centre, côté autoroute. Sur le chemin on se retrouve vite bloqués par des cordons de gendarmes mobiles. Deux fumis sont craqués et ont fait demi-tour suivis par les flics, pour passer d’un autre côté, par l’entrée du centre. On arrive au niveau du parking de l’hippodrome, bloqué par des barrières, des camions et des gendarmes. Un gros spot lumineux est braqué sur le cortège.

On reste là en continuant à crier des slogans, de plus en plus fort pour essayer de se faire entendre des retenus. “Pierre par pierre et mur par mur nous détruirons toutes les prisons”, “liberté pour tous, avec ou sans papiers”, “non non non aux expulsions, libération de tous les prisonniers”, ”feu feu feu aux centres de rétention”, “ni matons ni prisons n’arrêteront nos rebellions”. Des pétards, des fusées et quelques feux d’artifices sont lancés, les sifflets et les casseroles se mêlent aux cris de “liberté !”.

A l’intérieur, des retenus crient et manifestent aussi. Dans le centre 1, le feu est mis à des poubelles, des retenus tentent d’escalader les grillages, déclenchant les alarmes. Une soixantaine de CRS entrent à l’intérieur du centre pour mater la rébellion. Hier déjà, dans le centre 2, suite à une énième tentative de suicide, des retenus ont cassé du mobilier, des caméras, des néons et ont tenté d’allumer des feux, les CRS étaient alors également intervenus.

Dehors, au bout d’une bonne demie-heure, on décide de repartir vers le RER, encadrés par les flics, au chant de “on est trente en manif et on promène la police !” Arrivés sur le quai, toujours encadrés des CRS, on prend le train. Il n’y aura aucune arrestation. Des civils nous suivent, ils seront virés quelques stations plus loin à coup de slogans outrageants.

Continuons la lutte contre les centres de rétention et les frontières !

Solidarité avec les enfermé-e-s !

Quelques participant-e-s

Trouvé sur indymedia nantes

[Australie] Affiche en solidarité avec les prisonniers de Nauru

Affiche en solidarité avec les prisonniers du camp de rétention de Nauru.

« Solidarité avec les gens enfermés à Nauru et ailleurs.
Le franchissement des frontières est une résistance à tous les contrôles qu’on nous impose.
Nous avons plus en commun avec les personnes enfermées pour avoir franchi les frontières qu’avec les patrons et les politiciens qui renforcent les frontières.

Nous avons plus en commun avec les personnes qui se battent pour leur liberté qu’avec celles qui alimentent la haine raciste pour nous maintenir dans le système.

La mort et la souffrance causées par les frontières ne nous apporteront pas plus de liberté.

Les gens qui  veulent circuler ne devraient jamais être enfermés.

Le silence est complicité. La solidarité est notre arme ».

(Traduction imparfaite par nos soins)

Affiche trouvée sur : dissacords

Paroles de retenus – 7 au 14 novembre 2012

Pour exprimer notre solidarité envers les retenus de Vincennes et d’ailleurs, manifestation devant le CRA de Vincennes le vendredi 16 novembre, RDV à 18h dans la gare RER A de Joinville-Le-Pont. Amenez votre gilet fluo pour être visibles !

Paroles de retenus récoltées du 7 au 14 novembre

07-11-12 -Vincennes 1

1re personne

« Avec la police c’est toujours le bordel ici, tout le monde est stressé, y’a des provocations, c’est ça hein. Mais quand même ça se passe. C’est comme dans une prison, c’est pareil. Tu peux pas manger, tu peux pas dormir bien. Le matin ils vont chercher une personne, ils vont réveiller tout le monde avec le micro, en tapant sur la porte. Y’a pas de play pour jouer là, y’a pas de ballons, y’a rien. Tu peux pas manger, même la nourriture tu peux pas manger. C’est la merde, tu peux pas manger. Le médecin il va donner à tout le monde des médicaments pour éviter les bagarres. Mais quand vous êtes malades… on va mourir ici ! »

2e personne

« Franchement ici c’est pas un centre, c’est un hôpital psychiatrique presque. Ca je te le garantis. Parce que l’infirmière elle donne des médicaments à tout le monde, elle donne des cachets chelous à tout le monde wallah. Quand les gens rentrent ils sont normaux, et quand ils sortent ils sont fous. C’est pas qu’elle les oblige, mais y’a des gens ils ont jamais pris de cachets déjà, tu vois ce que je veux dire. Ca veut dire ils viennent de temps en temps, elle leur donne des cachets. Les cachets tu les prends un premier jour, un deuxième jour, après c’est bon ça devient un manque, tu vois. Si tu les prends pas… Elle les oblige pas, mais c’est pas bien, ça veut dire elle joue sur le moral. Elle sait que les gens ici ils sont pas bien. Elle demande « ouais, t’arrives pas à dormir ? Viens je te donne des cachets… », je sais pas quoi… Laisse tomber. Moi j’en prends pas, heureusement je résiste un peu moi. Mais presque tout le monde en prend, c’est pour ça que je dis qu’on dirait un hôpital psychiatrique. C’est bizarre, normalement les trucs ça se donne pas comme ça, normalement il faut bien regarder si… C’est pas lui il dit « moi je veux » et tu donnes. Parce qu’ici y’a des gens qui sont pas biens, ils arrivent pas à dormir, c’est normal qu’ils soient pas à l’aise. Ca veut dire, elle elle va proposer ça, il va le prendre direct. Elle va dire « vas-y, ça va te mettre très bien, tu vas être tranquille, tu vas dormir ». Il le prend. Et après avec le temps il va plus arriver à arrêter, même il va sortir d’ici il va le prendre après, ailleurs.

On te calme, mais à part ça le reste c’est tranquille. Ca fait pas longtemps que je suis ici, ça fait cinq jours là. La police c’est tranquille. Y’a des provocations mais c’est pas qu’ici, c’est tout le temps, c’est partout. J’ai trop l’habitude pour ça. Tout le temps ils vont te chercher, comme ça. C’est normal de partir en garde-à-vue. Eux ils vont te chercher, ils te parlent mal, ils font des trucs chelous comme ça, c’est pour te chercher. Et après toi tu vas être con, tu vas faire un truc chelou, tu vas les pousser, tu vas les taper, ils vont te sauter.

Mon jugement ça c’est passé comme d’hab, 20 jours. L’avocat il m’a dit « si tu me vois dehors, moi j’ai rien fait, c’est mon travail ». C’est un commis d’office, il sert à rien. Même lui il m’a dit « je peux rien faire pour toi », parce que mon arrestation elle était bien faite, tu vois. Si tu payes pas, il va pas casser sa tête.

Franchement le seul truc abusé c’est les médicaments. C’est le truc pas sain, ça fait mal quand tu vois des gens qui rentrent normaux… Y’a des petits aussi tu vois, de 18 ans, 19 ans, 20 ans. Tu vois le mec il rentre normal après il sort comme un fou. En plus chaque fois que tu la vois [l’infirmière], elle te propose tout le temps ça, on dirait que c’est exprès. Même moi je suis passé la voir la dernière fois, parce que les produits pour le rasage ici c’est pas bien. Je me suis rasé après ça me gratte un truc de ouf. Je suis parti la voir, moi je parle avec elle, je lui dis « ça me gratte donne-moi un truc », elle elle me sort des médicaments. Je lui ai dit « arrête c’est pas la fête, tu m’as proposé 5000 fois le même truc ». Ca c’est le seul truc abusé, tout le reste ça passe, c’est bon. Mais juste les médicaments c’est pas bon. »

12-11-12 Vincennes 3

« Il y a beaucoup d’arrivants, vraiment beaucoup, on est deux par chambre et il y a des sortants aussi. On nous confisque nos portables qui ont des caméras et appareils photos. Y’a l’ASSFAM qui aide les gens qui viennent d’arriver pour les aider dans leurs droits, le problème c’est qu’au tribunal on est tous rejeté.

Moi ça fait 22 ans que j’suis en France, ils m’ont rejeté, on m’avait arrêté le vendredi, ils m’ont amené ici un samedi et le mardi je suis passé au tribunal, donc j’avais pas les preuves qui montraient que j’étais depuis 22 ans en France… J’ai donc téléphoné à l’association Charonne dans le 15e arrondissement, qui s’occupe de mon dossier et ils m’ont faxé tous les papiers dont j’avais besoin. J’ai un suivi médical aussi à l’hôpital, eux aussi m’ont faxé un papier comme quoi je suis suivi là-bas depuis 7 ans, j’ai des problèmes de tension artérielle, même le médecin ici l’a remarqué. Maintenant j’ai presque tous les papiers qui peuvent me représenter et je dois retourner au tribunal dans 20 jours.

J’avais un avocat commis d’office, tout le monde s’en plaint de ces avocats parce qu’ils nous défendent pas vraiment bien, ils survolent nos dossiers comme ça, comme disait l’autre « c’est un abattoir ». J’étais au tribunal administratif j’ai pas eu le droit de parler, j’ai pas pu dire même un mot, c’est juste mon avocat qui a parlé et l’autre avocat qui représentait le ministère de l’intérieur. Après je suis allé chez le Juge des Libertés et de la Détention et c’est là-bas que j’ai pu parler un tout petit peu mais ils m’ont demandé des preuves. Je les ai rassemblées et je compte les amener là-bas dans 20 jours… »

Vincennes 1

1e personne « Quand je viens et que je dors ici vingt jours, après ça me gratte partout, pareil mon pote il se gratte partout. On a vu les infirmières elles nous ont donné un produit j’sais pas quoi mais c’est rien en fait, ça marche pas. Il y a beaucoup de gens qui ont le même problème parce qu’ici c’est pas propre. Même ici ce qu’on mange c’est…Ou si tu demandes le ballon pour faire une partie de foot ils disent « vas-y il y a pas » ou j’sais pas quoi, les briquets c’est interdit ici quand je demande un briquet on me dit « vas-y il y a pas de briquet… ». Les flics y’en a qui sont gentils, y’en a c’est des chiens wallah. Des bagarres y’en a toujours. Tous les jours deux trois bagarres, minimum. On est en stress. Il y deux semaines y’a une une bagarre avec les flics, c’est le hagra c’est le bordel tu vois… »

2e personne « Ici y’a des choses qui passent et y’a des choses qui passent pas, tu vois ? Y’a des flics qui sont gentils, y’a des flics qui sont pas gentils, ils sont…laisse tomber ! La vérité quand je viens ici, je dors 5 jours après je me gratte partout. J’ai vu le médecin il m’a donné un produit : « tiens, prends une douche », j’ai fais le produit, ça marche pas. En fait ici y’a pas de médecin, y’a pas un vrai médecin, il a rien fait le médecin, c’est pas un médecin ça, alors que y’a peut-être six ou sept gens qui se grattent de ouf, laisse tomber.

La première fois que j’ai vu le juge, il m’a dit « bonjour, vingt jours ! », donc après la deuxième fois je suis pas retourné chez le juge. Je savais la première fois il m’a donné vingt jours, donc après je le revois c’est quarante-cinq jours, donc j’y suis pas allé. Y’a des policiers ils sont agressifs, y’en a ils s’en foutent quand je demande du feu. Regarde, quand j’suis parti au parloir il a trouvé un briquet sur moi, il m’a dit « le briquet c’est interdit », après quand je demande un briquet pour allumer une clope il me dit « vas-y attends », j’attends cinq minutes, dix minutes, c’est fait exprès, ils jouent avec le moral tu vois. Quand tu demandes du feu et que t’attends cinq, dix minutes, c’est obligé tu dis « vas-y nique ta mère » j’sais pas quoi tu vois, après c’est moi qui suis dans la merde tu vois, les flics ils jouent avec le moral ici, de ouf. Moi je suis toujours froid, froid de ouf tu vois, genre « merci… » parce que je sais très bien…

Avant y’avait la playstation, tout le monde était calme. J’sais pas l’ASSFAM ou je sais pas qui ils ont enlevé toutes les play, y’a rien à faire maintenant, obligé de se bagarrer tu vois… »

13-11-12 Vincennes 2

« On a eu la visite de monsieur le ministre de l’intérieur [Manuel Valls] dernièrement. Il était là avec le préfet de police, avec beaucoup de monde. Il est pas resté longtemps on a même pas eu l’occasion de parler avec lui. Il a vérifié comment ça se passe ici, dix minutes et après il est reparti.

Ca se passe mal, c’est le stress. Moi ça fait 22 ans que j’suis là, j’aime trop ici. Y’a beaucoup de cas ici, dernièrement un monsieur qui est français il avait oublié sa carte, ils l’ont ramené ici, y’a l’ASSFAM ils ont contacté sa famille pour ramener sa carte après il a été libéré.

J’sais pas comment ça se passe, s’ils ramènent beaucoup de monde. Y’a des gens qui sont sympas, y’a des gens qui sont pas biens, y’a des gens qui provoquent, c’est comme dehors, donc on fait avec quoi. Le médecin c’est vite fait, les infirmiers ils s’entendent pas parce qu’apparemment c’est lui qui a le traitement et qui décide mais apparemment y’a beaucoup de gens qui sont en manque. Ils donnent des médicaments pour les calmer un peu. Pour résister la première fois ça va, la deuxième ou troisième c’est un peu plus musclé quoi, avec force, ils utilisent la force. »

14-11-12 Vincennes 2

« Franchement ici entre guillemets y’a un peu de racisme. On est comme des détenus. Par exemple comme aujourd’hui y’a trois vols, et dans les chambre y’a la fouille, c’est comme dans 90 minutes enquête, c’est comme ça que ça se passe « vas-y bouges toi… », « vas-y… ». Tu vois t’es avec une cigarette on te dit « vas-y éteins ta cigarette », on dirait t’as pas le droit de fumer carrément.

J’suis passé devant le juge, le problème avec l’avocat là-bas directement il m’a dit, dès que j’suis arrivé il m’a dit « le 28/11 tu vas partir, on va te donner un vol » moi j’ai dit « tu vas me donner un vol alors que j’ai même pas vu mon consulat ? ». J’ai même pas vu un consul il m’a dit « ok, ok, on va vous donner vingt jours après on va voir. » Ils jouent sur le moral hein, c’est comme ça. Normalement la date limite c’est quarante-cinq jours, dès que t’es à 44 jours ils disent « peut-être qu’on va te faire un vol, il faut pas être heureux hein, peut-être que demain tu rentres chez toi ! ».

On dirait on a fait un crime. Si on a débarqué ici, c’est qu’on n’est pas là par hasard. Jusqu’au bout, même quand t’as pu que trois heures avant de sortir ils jouent sur le moral. Ils m’ont demandé « tu veux un avocat ? » j’ai dit « oui, c’est bon ». Il m’a même pas défendu, il est avec eux en fait, il travaille avec eux. Effectivement c’est l’avocat qui m’a dit « on va te faire un vol », avant d’entrer devant le juge. Le juge il était gentil avec moi. Mais l’avocat il voulait, s’il avait les moyens il me donnait un vol directement. Dès que j’suis arrivé au palais de justice s’il avait les moyens il me donnait un vol.

Franchement c’est abusé, ils jouent sur le moral, ils font des trucs c’est pas bien comme ça, on est sous pression. Jusqu’à maintenant j’ai pas vu le consul moi. Y’a pas que moi y’en a plein qui ont pas vu le consul. J’espère qu’on va sortir et qu’on va pas rester ici quand même. Tout le monde travaille. S’ils vont chercher les sans-papiers tout Barbès ils vont rentrer chez eux hein, tout le monde est sans papiers ici. Si on gagne de l’argent on va dépenser de l’argent aussi, on est comme ceux qui ont des papiers sauf qu’on peut pas rentrer chez nous, t’façon on va dépenser de l’argent ici, on va acheter des trucs, sans papiers c’est pas un handicap quand même. »

Pour exprimer notre solidarité envers les retenus de Vincennes et d’ailleurs, manifestation devant le CRA de Vincennes le vendredi 16 novembre, RDV à 18h dans la gare RER A de Joinville-Le-Pont. Amenez votre gilet fluo pour être visibles !