Sans Papiers Ni Frontières

Icon

Contre les frontières et leurs prisons

[Pologne] Grève de la faim dans plusieurs centres de rétention – 16 octobre 2012

Depuis mardi 16 octobre 2012, 73 sans papiers enfermés dans les centres de rétention de Bialystok, Przemysl, Lesznowola et Biala Podlaska ont entamé une grève de la faim contre les motifs et les conditions de leur enfermement.

Dans un de ces centres, il y a une semaine une personne qui s’était mise en grève de la faim a été placée à l’isolement « jusqu’à ce qu’il se remette à manger » lui ont dit les chefs du centre. Il s’y trouve encore actuellement.

À Bialystok, suite à la déclaration de grève de la faim une autre personne a été placée à l’isolement et l’ensemble des téléphones portables ont été saisi pour empêcher la communication avec l’extérieur et entre les grévistes de la faim dans les différents centres.

En Pologne, la durée d’enfermement est de 18 mois.

Les grévistes de la faim ont écrit et transmit leurs revendications :

« Nous exigeons :

Le droit à l’information, transmise dans une langue que nous comprenons et avec clarté ; l’information sur les activités et les ordonnances prises, pendant le séjour en détention, y compris les informations relatives aux possibilités de recours contre les délais de placement en détention. Il est de notre droit en vertu des articles 89b et 89c de la Loi sur l’octroi de la protection aux étrangers. Dans les faits, les instructions et les jugements sont traduits, mais pas les justifications (motivations du jugement), ce qui, dans la pratique rend très difficile la formulation des recours et entrave l’utilisation des moyens légaux à notre disposition. Parfois, il n’est même pas laissé suffisamment de temps pour prendre connaissance des règles en vigueur dans les centres. En outre, il est rarement donné la possibilité de bénéficier d’un interprète professionnel en centre d’admission, de consulter un médecin spécialiste ou un psychologue.

Le droit de communiquer avec le monde extérieur, à savoir avec des personnes et des organisations officielles et non-gouvernementales ou internationales engagées dans l’assistance aux étrangers (conformément à l’article 89a de la loi sur l’octroi de la protection aux étrangers). En outre, les centres ne disposent pas de téléphone ou d’Internet, ce qui constitue une autre entrave à la constitution des recours dans le cadre de nos démarches.

Le droit à des soins médicaux adéquats, à l’assistance de psychologues spécialisés et à la présence d’un interprète lors des consultations et de l’accomplissement des formalités relatives aux soins de santé.

Le droit à l’éducation, qui, au nom de l’article 70 de la Constitution et de l’article 15. 1 de la Loi sur le système éducatif, s’appliquant à toutes les personnes de moins de 18 ans, établit que tous les enfants présents sur le territoire de la République de Pologne, quel que soit leur statut juridique, y compris les étrangers séjournant en Pologne illégalement, sont tenus d’apprendre et que l’éducation est obligatoire jusqu’à l’obtention du diplôme d’études secondaires. Dans les faits, le droit à l’éducation dans les centres surveillés est illusoire. Les centres de détention n’assurent pas aux enfants et aux jeunes le droit à l’éducation conformément aux exigences de la Loi sur le système éducatif.

Le respect des droits de l’enfant Les enfants sont particulièrement vulnérables au placement dans un espace confiné en centres de détention pour étrangers où s’applique une discipline pénitentiaire, adultes et enfants étant traités comme des personnes reconnues coupable d’un crime. La seule alternative à la liberté se limite à des temps de sortie dans une cour murée. Les conditions dans lesquelles ils résident dans les centres de rétention pour étrangers violent l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme relative aux enfants et la Convention des droits de l’enfant sur le droit au développement, le droit à la liberté, à la santé, au repos et aux loisirs. Nous exigeons la fin de la pratique consistant à placer des enfants en centres de détention.

L’amélioration des conditions sociales des centres. Nous demandons le respect des spécificités de notre identité morale, religieuse et culturelle et la mise en place de conditions nous évitant les sentiments d’humiliation et les discriminations et garantissant le respect de la diversité de nos communautés d’origine.

La lutte contre les abus. Quotidiennement, des abus sont commis dans la plupart des centres. L’utilisation de la violence psychologique et du chantage est une pratique courante et il existe des cas de violence physique et de harcèlement sexuel sur les femmes. Des sanctions disproportionnées sont appliquées pour des infractions au règlement et des entorses mineures peuvent amener assez facilement à l’isolement. Sans compter le retrait des matelas de la chambre durant la journée, les confiscations de téléphones, l’interruption de l’achat de nourriture, l’interdiction de fumer, etc. Les sanctions ne manquent pas de concerner également les enfants : dans un centre il leur a été refusé l’accès aux jeux et à l’utilisation de la salle de jeux, qui est pourtant le seul lieu convivial pour eux. Les autorités des centres exploitent le fait que l’information sur tous les événements se déroulant à l’intérieur ne sortent pas des murs du centre. Les victimes, dans la crainte d’un examen négatif de leur dossier et de la répression ont peur de parler des abus.

L’arrêt de la criminalisation. Conformément à la loi, nous ne sommes pas placés dans des centres fermées pour être sanctionnés mais pour que le le lieu de notre séjour soit contrôlé. Nous n’avons pas commis de crime et ne mettons pas en danger la sécurité de l’État ou de ses citoyens. Les centres fermés ne diffèrent pas de prisons, avec des barreaux aux fenêtres, des barbelés, des murs élevés et appliquant un régime pénitentiaire, avec un accès limité aux soins et à l’éducation, ce qui constitue clairement une violation de nos droits fondamentaux et aggrave le traumatisme qu’ont subi la plupart d’entre nous dans leur pays d’origine. Conformément à l’article 88 de la Loi sur la protection des étrangers, l’étranger dont l’état psychophysique crée une présomption selon laquelle il a été soumis à des violences ne doit absolument pas être placés en détention. En fait, l’état de notre santé mentale n’est pas vérifiée de manière sûre et il y a dans chacun des centres des personnes (enfants compris) souffrant de syndromes de stress post-traumatiques. »

Category: Brèves des frontières

Tagged: , ,

Comments are closed.