Juin 21, 2011
Marseille : 100 % liberté !
Marseille : 100 % liberté !
Comme ailleurs en France, depuis quelques semaines, des dizaines de migrants, pour la plupart Tunisiens, débarquent à la Porte d’Aix.
Les révoltes en Tunisie de l’hiver dernier ont entraîné la déstabilisation du régime et ainsi ouvert une brèche dans les frontières vers l’Europe et notamment vers l’Italie. Des dizaines de milliers de personnes, issues de différents pays (Tunisie, Lybie, certains pays d’Afrique Subsaharienne…) tentent de rejoindre l’île italienne de Lampedusa. Le trajet de 167 km qui sépare l’île des côtes tunisiennes n’est pas sans danger. Pour les uns, c’est la noyade, les autres sont accueillis par la police (parfois par des coups de feu). Lampedusa est une véritable prison à ciel ouvert. De là, ils sont transférés vers d’autres centres fermés où des révoltes éclatent. Le vent de la révolte tunisienne traverse la méditerranée. La moitié des centres sont détruits, l’État italien se retrouve contraint à délivrer 22 000 visas Schengen pour raison humanitaire, un bon moyen de se débarrasser du « problème ».
Munis de ce vrai-faux papier, beaucoup de migrants cherchent à rejoindre la France. Les autorités ne reconnaissant pas la validité de ces documents, certains migrants voient leurs papiers déchirés par la police française. Des centaines d’entre eux déjouent les contrôles et réussissent à entrer en France.
La dernière semaine d’Avril, des rafles massives ont lieu dans plusieurs grandes villes (Paris, Marseille…). Porte d’Aix, le 27 avril dernier, une cinquantaine de Tunisiens se font contrôler : Certains sont incarcérés, d’autres sont directement expulsés vers l’Italie, et quelques uns arrivent à y échapper. La chasse est ouverte.
La gare St-Charles, comme tous les axes utilisés par les migrants, est quadrillée par l’armée et la police. Les frontières deviennent de véritables murs et barrières à l’intérieur des villes. Cette situation dépasse les cadres habituels de gestion des populations, les structures d’enfermement et de contrôle sont débordées ; ce qui se dessine, c’est le renforcement des frontières à l’intérieur même du territoire. Les mesures d’exception deviennent la norme.
Tandis que les autorités essayent à tout prix de disperser les migrants pour les rendre vulnérables et invisibles, certaines associations, se faisant le relais de l’État, tentent de les convaincre de partir « volontairement », en leur « offrant » 300 euros. Ils ne peuvent donc compter que sur leur détermination et la solidarité des populations locales. Certains habitants du quartier les hébergent spontanément, des commerçants leur apportent de la nourriture, des squats leur ouvrent leur porte…
La « révolution » en Tunisie, initiée par des soulèvements populaires, a fait dégager Ben Ali. Mais hormis quelques figures emblématiques, le clan au pouvoir est resté en place. Cependant, les révoltés ne se contentent pas de cette révolution de palais, les grèves, les luttes et les évasions massives de prison continuent. La répression perdure elle aussi, sous le masque de la démocratie appuyée par l’Europe (le patronat français est déjà en négociation avec le nouveau gouvernement tunisien). Depuis les débuts de la colonisation et malgré « l’indépendance » des pays du Maghreb, les pouvoirs tunisiens et français agissent, main dans la main, pour asservir les populations locales.
Les politiques migratoires en Europe cherchent à fournir le marché du travail de main d’œuvre sous-payée et sur-exploitée, afin d’assurer un profit conséquent pour les entrepreneurs. L’objectif est de mettre en concurrence et de diviser les pauvres selon de multiples statuts (français-immigrés, avec ou sans papiers, avec ou sans travail). Solidarisons nous contre les politiques répressives que l’on subit tous à différents niveaux.
Suite à la rafle de la porte d’Aix, un collectif s’est mis en place. Il regroupe des sans-papiers et des personnes « avec » autour des mots d’ordre : Pour une régularisation globale de tous les migrants Pour la liberté de circulation