Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Bagnolet] Rencontres sans frontières le 4 mai 2013 au Transfo’

Rencontres sans frontières

tract mis en page à diffuser

Samedi 4 mai 2013 à partir de 13 heures
Au transfo, 57 avenue de la république, Bagnolet 93 !
M.9 robespierre ou M.3 gallieni
https://transfo.squat.net

        Les frontières sont omniprésentes sur chaque portion de territoire. Fichiers internationaux, rafles, vidéo surveillance… chaque contrôle peut aboutir à l’enfermement et à l’expulsion. Parallèlement, aux quatre coins du monde, les frontières qui séparent les pays se technologisent et se militarisent. Face à cela des individus, avec ou sans papiers, résistent et se révoltent.

La question des luttes contre les frontières se pose partout : de la Grèce, où des personnes s’organisent avec des migrant-e-s contre les fascistes et les flics, à l’Italie où les prisons pour étranger-e-s sont fréquemment détruites de l’intérieur, en passant par le nord de l’Afrique où les révolutions ont facilité le départ de nombreux harragas vers les métropoles européennes.

De plus, des sabotages petits ou grands viennent enrayer la machine à expulser : de la destruction des centres de rétention aux révoltes individuelles ou collectives ; de l’attaque des charognards humanitaires, capitalistes et politiciens qui se renforcent grâce aux frontières jusqu’aux divers actes quotidiens de résistance au contrôle et à l’enfermement…

        En région parisienne, le 16 novembre 2012, une manifestation a eu lieu devant le centre de Vincennes, suite à laquelle une assemblée de coordination contre les centres de  rétention et la machine à expulser s’est créée et s’est tenue pendant quelques mois. Dans le même temps, départs de feu, mobilier cassé, évasions se sont succédés à Vincennes et à Palaiseau. Si cette assemblée n’existe plus aujourd’hui, plusieurs de ces participant-e-s continuent à lutter contre la machine à expulser et ont voulu proposer ces rencontres sans frontières.

 Des compagnon-ne-s de Turin, Marseille et Bruxelles seront présent-e-s pour partager leurs parcours de lutte, passés ou présents, à partir desquels pourront notamment s’approfondir les points suivants :

  • Comment tenter de construire un parcours autonome. Un parcours qui ne laisse pas de place aux partis et aux syndicats, qui tente de s’attaquer sans médiation à la machine à expulser. Un parcours avec sa propre temporalité et ses propres perspectives, qui suive une continuité. Un parcours qui permette d’avoir les outils pour faire face aux moments d’intensification des luttes tels une révolte dans un centre ou l’arrivée en nombre de migrant-e-s.
  • L’importance de construire un rapport de solidarité avec les luttes à l’intérieur des prisons pour étranger-e-s, d’être attentifs/ives à ce qu’il s’y passe. Comment créer des liens de confiance entre l’intérieur et l’extérieur ne servant pas seulement à la contre-information mais permettant d’apporter une solidarité concrète aux révoltes et de fournir des bases solides pour nos luttes.

 Ce sera l’occasion de confronter nos approches des luttes, prendre le recul nécessaire, ainsi que de nous nourrir d’expériences pour en élaborer de nouvelles. L’occasion de rencontrer des complices et de créer des liens sur des bases anti-autoritaires.

Parce que s’affronter aux frontières permet de construire des luttes dépassant la question spécifique des migrant-e-s et des centres de rétention, en articulant cette question avec celles des prisons, du travail, de la ville. Pour s’en prendre à quelques-unes des racines de ce monde basé sur le pouvoir et la marchandise et en finir avec.

Parce que tant qu’il y aura des frontières, des centres de rétention, des prisons, perdureront les Etats, le pouvoir et l’argent.

Nous invitons à ces rencontres tou-te-s celles et ceux qui désirent lutter contre les frontières et la machine à expulser.

Les discussions pourront se poursuivre le dimanche.
Pour plus d’infos, nous contacter :
rencontrescramai [/arobase/] riseup [/point/]net

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Trois textes de la lutte des harragas mai juin 2011

À télécharger brochure 6 pages (.pdf)

APPEL DU COLLECTIF DES TUNISIENS DE LAMPEDUSA À PARIS À MANIFESTER

SAMEDI 21 MAI 2011

Nous, collectif des tunisiens de Lampedusa, fils de la Révolution, nous avons pris la tête de la manifestation du 1er mai.

Nous avons pris l’immeuble vide avenue Simon Bolivar dont nous avons été expulsés violemment par la police sous l’ordre de la mairie. Plusieurs ont été expulsés en Italie, certains sont encore enfermés au centre de rétention.

Puis, nous avons pris le gymnase de la Fontaine au Roi, nous y sommes depuis le 7 mai. La mairie s’était engagée à reloger tous les occupants du gymnase, mais depuis elle a abandonné les négociations. Dans le foyer qu’elle propose à Saint Honoré nous n’avons aucune liberté : contrairement à ce qui nous a été dit, nous sommes obligés de quitter le foyer le jour. Nous devons rentrer avant 23h. Nous ne pouvons recevoir des visites. Nous dormons jusqu’à sept par chambre. Nous sommes filmés. La mairie débloque de l’argent pour les associations humanitaires, mais rien pour vivre ensemble.

Nous exigeons un lieu pour vivre et nous organiser !

Depuis que nous sommes arrivés, la police nous chasse partout où nous sommes (Quatre Chemins, Porte de la Villette, Belleville, occupation de Bolivar, etc.). Mais nous allons continuer à nous battre. En 2008, la France et la Tunisie ont signé un accord qui prévoit la délivrance de 9000 permis de séjour par an pour les tunisiens. Le gouvernement a lui-même dit n’avoir accordé qu’une petite partie de ces titres de séjour et pourtant ils nous expulsent.

Nous voulons des papiers pour tous, pour travailler, pour poursuivre nos études, pour avoir accès aux soins médicaux, pour circuler et vivre librement.

NI POLICE NI CHARITÉ ! UN LIEU POUR S’ORGANISER ! PAPIERS ET LIBERTÉ POUR TOUS !

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COUPS DE SOLEIL POUR LES TOURISTES, COUPS DE MATRAQUE POUR LES RÉVOLTÉS

Perturbation du « village du Jasmin » de la mairie de Paris

Dimanche 22 mai (et la veille) se tenait sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris le « village du Jasmin ». En fait une opération publicitaire organisée par la mairie et l’office du tourisme tunisien pour vendre la Tunisie aux promoteurs et aux touristes. Peu avant 16h, une cinquantaine de harragas et de personnes solidaires se sont invités dans cette opération de com’ pour la perturber. « Papiers, Liberté », « solidarité avec les sans-papiers », « Delanoë, premier des Benalistes » et autres slogans ont parcouru les stands, tandis que le tract ci-dessous était distribué. Enfin, malgré le harcèlement et la pression physique des vigiles, nous avons réussi à faire notre petit tour avant de nous aller, comme nous étions venus, tous ensemble.

L’État français a soutenu le gouvernement de Ben Ali jusqu’à la dernière seconde, et continue aujourd’hui d’apporter son soutien au nouveau gouvernement, pour défendre les mêmes intérêts économiques. A l’heure où la révolte continue en Tunisie et où la répression ne cesse de s’abattre, les métros parisiens et les journaux nous inondent de publicités vantant le retour au calme en Tunisie, et, comble du cynisme, ces publicitaires trouvent leur inspiration dans la répression sanglante de la révolte tunisienne : « Il paraît qu’en Tunisie les balles fusent », illustré par un terrain de golf, une autre affiche nous propose d’aller se détendre face à une mer d’huile, tandis que des centaines de bateaux quittent ces mêmes côtes pour l’Europe. S’ils ont la chance d’éviter le harcèlement des gardes-côtes ou de ne pas couler en mer, les seuls hôtels auxquels ces milliers de migrants peuvent prétendre sont des centres de rétention, des camps gérés militairement ouverts pour l’occasion ou des foyers gérés par des associations humanitaires grassement rémunérées décrits par leurs occupants comme des prisons. Ils sont de plus chassés quotidiennement par la police dans la rue. Et si les touristes décident eux-mêmes quand partir et combien de temps jouir de leurs vacances, les États européens se réservent le choix du peu de migrants qu’ils gardent et du reste qu’ils jettent, au travers d’expulsions quotidiennes.

Ce week-end, place de l’Hôtel de Ville, on admire la vitrine de la complicité à la guerre et à l’exploitation, sous couvert de solidarité économique.

Aux côtés des harragas en lutte,

Ni tourisme, ni frontières,

Des papiers pour tous ou plus de papiers du tout !

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TOUJOURS PLUS DE FLOUZE POUR LES FRIQUÉS ET DE RÉPRESSION POUR LES RÉVOLTÉS !

Perturbation au salon de l’immobilier tunisien

Aujourd’hui samedi 11 juin, une trentaine de harragas et de solidaires sont allés perturber le salon de l’immobilier tunisien, porte de Champerret (17e). Derrière une banderole « Ni business ni frontières », nous avons effectué un petit tour du hall en distribuant le tract ci-dessous, et en gueulant « Des papiers pour tous », « ni frontières, ni business »,… Malgré la lourde présence des gros bras au service des riches, cela ne nous a pas empêché de venir perturber ce salon, ni de sentir l’odeur de nombreuses boules puantes qui ont éclaté sous nos pas juste avant de sortir.

Depuis la veille, on pouvait aussi voir de grands tags dans le quartier : « Détruisons la propriété », « Brûlons les frontières », « Vive la révolution », « A bas le commerce », « Liberté pour tous avec ou sans papiers », tandis qu’une énorme banderole en français et en arabe était suspendue non loin, au-dessus du périphérique : « Ni business ni frontières ».

Bienvenue au salon de l’immobilier tunisien. Là-bas, il y a toujours des affaires à faire. Cette foire commerciale ne s’adresse pas seulement aux entrepreneurs français qui voudraient faire des investissements locatifs en profitant de leurs liquidités pour se faire de la thune sur le dos des pauvres de là-bas, ou aux riches Français qui voudraient acheter une belle demeure. Il concerne aussi les riches ressortissants Tunisiens qui voudraient investir dans une résidence secondaire ou dans un bien immobilier.

À ces derniers, l’État français dit bienvenue. Il encourage même ce salon depuis 4 ans. Avec ou sans Ben Ali, business is business. Avec ce changement de façade ou sans lui, les puissants arrivent très bien à s’entendre pour faire fructifier leurs privilèges économiques. Dictature ou démocratie n’altère que très marginalement ces rapports-là : au final, c’est bien l’argent qui gouverne.

Quant aux milliers de Harragas qui ont réussi tant bien que mal à quitter la Tunisie, les Etats européens ont investi pour eux depuis plus de 20 ans dans d’autres types de biens immobiliers : des centres de rétention et pour l’occasion, des camps gérés militairement. Ayant lutté, les plus « chanceux » pourront obtenir un « bon » pour dormir dans un gymnase sous le contrôle des flics de la Mairie de Paris ou très provisoirement être parqués dans des foyers humanitaires décrits par leurs occupants comme des prisons. Et encore, il faut qu’ils parviennent à échapper à la chasse quotidienne que leur mène la police dans la rue et les transports. Pour ceux qui essayent d’occuper des immeubles vides pour habiter et s’auto-organiser, leurs propriétaires, qu’il s’agisse de la Mairie de Paris ou de l’Aftam qui est un des plus gros gestionnaires de foyers, ne leur réservent pas un meilleur sort : de toute façon expulsion à coups de matraques, et au choix arrestation, garde-à-vue, arrêté de reconduite à la frontière, enfermement en centre de rétention voire départ forcé… Au final, c’est l’État qui fait le tri entre le peu de migrants autorisés à rester et les très nombreux autres, condamnés à trimer dans des boulots de merde faute de carte de séjour et à faire sans cesse attention au risque de se voir expulser hors du territoire.

Organisé par l’entreprise Orsaf tenue par la famille Landoulsi qui a bâti sa fortune sur le marché de l’immobilier tunisien, ce salon se contrefout du sort réservé aux Harragas. Comme il voudrait bien enterrer une révolte qui continue de gronder en Tunisie malgré une répression toujours plus acharnée, puisqu’il faut bien que l’économie continue de tourner.

NI BUSINESS ! NI FRONTIÈRES !

Aux côtés des Tunisiens en lutte, des papiers pour tous ou plus de papiers du tout !
Tant qu’il y aura des papiers et de l’argent, il n’y en aura jamais assez pour tous !

Chronologie de la lutte des Harragas Tunisiens à Paris

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Tract contre l’inauguration de la place Bouazizi à Paris

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Marseille : 100 % liberté !

Marseille : 100 % liberté !

Comme ailleurs en France, depuis quelques semaines, des dizaines de migrants, pour la plupart Tunisiens, débarquent à la Porte d’Aix.

Les révoltes en Tunisie de l’hiver dernier ont entraîné la déstabilisation du régime et ainsi ouvert une brèche dans les frontières vers l’Europe et notamment vers l’Italie. Des dizaines de milliers de personnes, issues de différents pays (Tunisie, Lybie, certains pays d’Afrique Subsaharienne…) tentent de rejoindre l’île italienne de Lampedusa. Le trajet de 167 km qui sépare l’île des côtes tunisiennes n’est pas sans danger. Pour les uns, c’est la noyade, les autres sont accueillis par la police (parfois par des coups de feu). Lampedusa est une véritable prison à ciel ouvert. De là, ils sont transférés vers d’autres centres fermés où des révoltes éclatent. Le vent de la révolte tunisienne traverse la méditerranée. La moitié des centres sont détruits, l’État italien se retrouve contraint à délivrer 22 000 visas Schengen pour raison humanitaire, un bon moyen de se débarrasser du « problème ».

Munis de ce vrai-faux papier, beaucoup de migrants cherchent à rejoindre la France. Les autorités ne reconnaissant pas la validité de ces documents, certains migrants voient leurs papiers déchirés par la police française. Des centaines d’entre eux déjouent les contrôles et réussissent à entrer en France.

La dernière semaine d’Avril, des rafles massives ont lieu dans plusieurs grandes villes (Paris, Marseille…). Porte d’Aix, le 27 avril dernier, une cinquantaine de Tunisiens se font contrôler : Certains sont incarcérés, d’autres sont directement expulsés vers l’Italie, et quelques uns arrivent à y échapper. La chasse est ouverte.

La gare St-Charles, comme tous les axes utilisés par les migrants, est quadrillée par l’armée et la police. Les frontières deviennent de véritables murs et barrières à l’intérieur des villes. Cette situation dépasse les cadres habituels de gestion des populations, les structures d’enfermement et de contrôle sont débordées ; ce qui se dessine, c’est le renforcement des frontières à l’intérieur même du territoire. Les mesures d’exception deviennent la norme.

Tandis que les autorités essayent à tout prix de disperser les migrants pour les rendre vulnérables et invisibles, certaines associations, se faisant le relais de l’État, tentent de les convaincre de partir « volontairement », en leur « offrant » 300 euros. Ils ne peuvent donc compter que sur leur détermination et la solidarité des populations locales. Certains habitants du quartier les hébergent spontanément, des commerçants leur apportent de la nourriture, des squats leur ouvrent leur porte…

La « révolution » en Tunisie, initiée par des soulèvements populaires, a fait dégager Ben Ali. Mais hormis quelques figures emblématiques, le clan au pouvoir est resté en place. Cependant, les révoltés ne se contentent pas de cette révolution de palais, les grèves, les luttes et les évasions massives de prison continuent. La répression perdure elle aussi, sous le masque de la démocratie appuyée par l’Europe (le patronat français est déjà en négociation avec le nouveau gouvernement tunisien). Depuis les débuts de la colonisation et malgré « l’indépendance » des pays du Maghreb, les pouvoirs tunisiens et français agissent, main dans la main, pour asservir les populations locales.

Les politiques migratoires en Europe cherchent à fournir le marché du travail de main d’œuvre sous-payée et sur-exploitée, afin d’assurer un profit conséquent pour les entrepreneurs. L’objectif est de mettre en concurrence et de diviser les pauvres selon de multiples statuts (français-immigrés, avec ou sans papiers, avec ou sans travail). Solidarisons nous contre les politiques répressives que l’on subit tous à différents niveaux.

Suite à la rafle de la porte d’Aix, un collectif s’est mis en place. Il regroupe des sans-papiers et des personnes « avec » autour des mots d’ordre : Pour une régularisation globale de tous les migrants Pour la liberté de circulation

Vive la lutte des Harragas !

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Le vent de la liberté ne connait pas les frontières !

LE VENT DE LA LIBERTÉ NE CONNAIT PAS LES FRONTIÈRES !

L’air qui fait souffler les révoltes en Tunisie, en Égypte, en Libye est arrivé jusqu’à nos côtes, mettant en crise l’une des nombreuses structures de l’oppression en Europe : les centres de rétention, les centres où sont emprisonnés les sans papiers. Depuis que ces centres sont peuplés de centaines de tunisiens débarqués à Lampedusa et qui ont vu leur voyage vers la France s’interrompre brutalement et se transformer en une cruelle détention de 6 mois, les luttes se succèdent.

Émeutes, grèves de la faim collectives, incendies, affrontements avec la police, personnes emprisonnées : les cages des centres de rétention ressemblent ces derniers mois aux routes de Thala et Kasserine ou de la Tunisie en révolte avant la chute de Ben Ali.

Grâce à la dignité et à la détermination des retenus, le centre de rétention de Gradisca devra rapidement être vidé, ceux de Turin et de Bologne ont du fermer plusieurs sections, ceux de Bari et Brindisi sont hors de contrôle.

En France, de nombreuses personnes arrêtées à la frontière italienne ou dans les gares ont également été enfermées en centre de rétention et ont participé à des révoltes comme à Vincennes en février ou au centre de rétention de Marseille qui a brûlé le 10 mars dernier. Suite à cet incendie, 6 personnes, des tunisiens et des algériens ont été emprisonnés à la prison des Baumettes.

Et comme le sait chaque personne sans papiers, moins de place dans les centres de rétention, cela signifie moins de risque d’être enfermés pour des mois à cause d’un contrôle de papier dans la rue, d’un contrôle zélé dans les transports ou d’un rafle dans un immeuble occupé par des étrangers.

NI CENTRE DE RÉTENTION NI EXPULSION,

DES PAPIERS POUR TOUS OU PLUS DE PAPIERS DU TOUT,

SOLIDARITÉ AVEC LES RÉVOLTÉS D’ICI ET D’AILLEURS !

avril 2011