Encore une journée mouvementée au CIE de Turin. Dans l’après midi un retenu monte sur le toit de la section violette pour éviter l’expulsion, et un groupe de solidaires se retrouve devant les murs pour le saluer et le soutenir avec slogans et pétards d’un calibre certain. Non loin de là, un photo reporter trahi par le flash de son appareil se voit encerclé et maltraité : il réussit à sauver son appareil mais perd ses lunettes. Par la suite il s’avérera être un collaborateur d’un des pires journaux locaux, peut-être l’auteur de ces photos pas exactement primables au Pulitzer.
Quand arrive la confirmation que l’expulsion du retenu sur le toit est reportée, les manifestants s’éloignent mais une douzaine d’entre-eux se retrouve bloquée non loin par plusieurs voitures de flics. Les arrêtés ont été embarqués au commissariat de via Tirreno, et détenus plusieurs heures. Tous seront relâchés dans la soirée, sauf une compagnonne française : selon les menaces de la police, elle serait raccompagnée à la frontière avec un décret d’expulsion d’Italie.
source : macerie
La même nuit le local d’électricité du bureau de l’immigration de la préfecture est incendié et les journaux comme les flics accusent les anarchistes. Les dégâts se chiffreraient à 70000 euros environ, et ont nécessité l’installation d’un groupe électrogène.
Vu dans les journaux
à la Romaine,
Une petite mise à jour depuis le centre de Turin après trois jours de révolte. En tout il y a eu six arrêtés et non cinq comme on l’a cru dans un premier temps. Et tandis que dans les sections jaune, rouge et bleue, endommagées par les incendies de vendredi et celui de dimanche, les travaux de restructuration ont déjà commencé, les retenus continuent de dormir dans les réfectoires. Parmi les prisonniers la rumeur circule que la préfecture, pour alléger la pression sur la structure, est en train de préparer des expulsions imminentes, des transferts dans d’autres centres et des libérations. La même chose, en somme, que ce qui s’est passé au centre de Rome après la révolte du 18 février. Ce qui est sûr c’est qu’aujourd’hui à Turin au moins un retenu a été libéré, mais seulement parce qu’il devait pointer pour une autre procédure pénale.
source : macerie
Dimanche 24 février, en solidarité avec les retenus du Centre en révolte la croix rouge s’est retrouvée sans chauffage. Le gaz de la croix-rouge de via Bologna a été coupé et le boîtier a été scellé avec du ciment.
Liberté pour les retenus arrêtés lors des dernière révoltes
source : informa-azione
Vers 8 heures dimanche 24 février ce sont les retenus de la zone jaune qui complètent le travail commencé les jours précédents par les prisonniers du centre de Turin, en incendiant toute la section. L’intervention de la police avec les lances à eau a seulement servi à faire cesser la fumée, parce que les flammes avaient déjà brûlé tout ce qu’elles pouvaient brûler. Maintenant les 35 prisonniers de la zone jaune, certains à peine transférés des autres sections déjà brûlées se trouvent sous la pluie dans la cour de la section parce qu’il n’est pas possible de rester à l’intérieur.
Mise à jour 22h30. Il reste seulement deux « chambres » dans la section jaune, et pour « restaurer les pleines fonctions » (comme se plaît à le dire la préfecture) une vingtaine de retenus ont été parqués dans la cantine transformée en dortoir. Il paraît par ailleurs que la police ne soit pas intervenue pour malmener les prisonniers. Un rapide rassemblement de solidarité s’est formé pour saluer les retenus et la chaleur démontrée ces derniers jours, et hors les murs on entendait très fort et en chœur le cri provenant de toutes les sections : « Liberté ! Liberté! »
source : macerie
Un rassemblement a salué samedi après midi les prisonniers du centre de Turin, après une nuit de révolte. La solidarité des manifestants s’est faite entendre avec de la musique, des interventions au micro en italien et en arabe, des pierres tapées contre les lampadaires, des lancés de balles de tennis contenant des messages de solidarité et les tambours du groupe de samba. La police, malgré qu’elle soit présente en force, n’a pas réussi à empêcher au rassemblement de se transformer en manifestation autour du centre, jusque l’entrée du centre et puis de nouveau derrière en bloquant la circulation via Monginevro et via Mazzarello,
Une fois le rassemblement dispersé, arrive la nouvelle que la police a arrêté un retenu de la section violette accusé d’être monté sur le toit pour saluer les manifestants. Avec les quatre arrêtés d’hier, cela fait donc 5 retenus transférés à la prison des Vallette.
source : macerie
Grosse révolte au CIE de Corso Brunnelleschi à Turin. Tout commence vers 21 heures quand certains retenus tentent de s’évader escaladant les hautes grilles, mais sont repris par la police juste avant le dernier mur. Immédiatement la rage éclate dans tout le centre : certains retenus montent sur les toits et d’autres incendient les dortoirs de quelques sections. La réaction de la police est très violente, avec un usage massif de gaz lacrymogène qui rend l’air irrespirable jusqu’en dehors des murs. Un rassemblement de solidarité [ndt : constitué dans l’urgence à l’aide de la radio et des sms] est chargé à plusieurs reprises via Monginevro, et les CRS sont visés par quelques bouteilles et des gros pétards.
Écoute le direct sur radio Blackout 105.250 avant la première charge, télécharge le fichier mp3 (en italien)
Écoute le direct juste après la charge, télécharge le fichier mp3 (en italien)
Dedans les retenus racontent que des personnes se sont faites taper et menotter, sûrement déjà prêtes à être arrêtées et transférées à la prison de la Vallette. Alors que nous attendons des nouvelles, nous vous rappelons le rassemblement appelé samedi après-midi à 16 heures Corso Brunnelleschi.
Mise à jour du 23 février. Le quotidien La Stampa rapporte la nouvelle de la révolte parlant de dommages notables à l’intérieur de la structure.
« Corso Brunelleschi : Révolte au Cie, Tram bloqué
Tensions et désordres, hier soir, au CIE de Corso Brunelleschi : les forces de l’ordre et les pompiers sont intervenus pour réprimer l’ennième révolte dans la structure qui depuis des années anime, pas forcément dans le bon sens, la vie du quartier. Tout est né d’une révolte à l’intérieur du centre, vers 21 heures : un groupe de retenus a tenté de mettre le feu à l’un des dortoirs. Selon la version de la police, une quinzaine d’anarchistes présente à l’extérieur de la structure, a lancé des bomba carta [ndt : gros pétards] et des pétards contre le centre. Juste après une charge des forces de l’ordre, ils ont riposté en lançant sur les agents, en tenue anti-émeute, les objets les plus disparates et en renversant les poubelles. Ce fut suffisant pour réveiller brutalement le quartier : la via Monginevro à la hauteur de la via Sacra di San Michele ainsi que la ligne 15 du tram ont été bloquées. Nombreux sont les résidents qui ont assisté de leurs balcons à ces instants de grande tension : dizaines de bouteilles cassées et les poubelles restées à terre. La situation s’est normalisée vers 22 heures. De nombreux dommages ont été causés à l’intérieur de la structure. »
source : macerie
Jamal est prisonnier depuis un mois dans le CIE de Corso Brunelleschi à Turin. Il n’a pas de papiers, mais il a une femme enceinte de 8 mois à Turin, son avocat a donc immédiatement présenté un recours contre l’expulsion, et Jamal était confiant, dans l’attente d’être libéré. Mais le bureau de l’immigration de la préfecture de Turin est fourbe, et hier après midi Jamal est appelé à sortir de la section pour lui « notifier quelque chose ». Dans les bureaux du CIE, Jamal comprend que ce qu’on doit lui notifier n’est pas sa libération ni la prolongation de la détention mais un billet aller pour le Maroc. Seul contre une dizaine de flics, isolé de ses compagnons de réclusion, Jamal comprend que c’est le moment de lutter : il appelle sa femme, qui lance l’alarme à l’avocat et aux solidaires.
La nouvelle arrive sur radio Blackout, et peu de temps après un rassemblement se forme à l’entrée principale du centre via Mazzarello, avec des slogans et du bruit à l’attention des passants et des prisonniers dont certains montent sur les toits. L’avocat envoie un fax urgent à la pref’ pour éviter l’expulsion, et attend la réponse. Peu après les CRS arrivent pour défendre le centre, et la nouvelle arrive que Jamal s’est coupé sur tout le corps. Le rassemblement se met à bloquer la rue pour intensifier le trafic devant l’entrée, et les CRS chargent les manifestants. Dans le même temps, la femme de Jamal arrive au centre et réussit à entrer pour un parloir. Vers 18 heures de l’arrière du centre une camionnette sort avec à son bord deux retenus : ils devaient en expulser trois, et Jamal n’est pas parmi eux, il est encore en parloir avec sa femme.
Quand la femme sort et qu’arrive la confirmation que Jamal a été soigné et ramené à la section et pas en isolement, le rassemblement se défait, avec le goût amer en bouche de ne pas être assez pour réussir à bloquer toutes les sorties et donc les trois expulsions, mais avec la confirmation que résister aux expulsions est réellement possible, quand à la détermination de l’intérieur s’ajoute la solidarité concrète et rapide dehors. Et ceci est une chose que tous les ennemis des expulsions devront réfléchir dans les prochains jours.
source : macerie
Émission Sans papiers ni frontières du 9 janvier 2013, radio Galère 88.4 FM
à écouter ici
Dans cette émission du 9 janvier :
* actus des CRA à marseille et ailleurs * paroles de retenu-e-s * Mayotte, 30000 expulsions par an, dont 6000 mineurs, un CRA immonde. Pratiques coloniales françaises aujourd’hui. Entretien avec un militant de Mayotte. *
Émission Sans Papier Ni Frontière le 2e mercredi de chaque mois, de 16h30 à 18h. Rediffusion le même soir à minuit.
Prochaine émission, mercredi 13 février 2013
Le froid s’arrête…
Dans les nuits de dimanche 13 et de lundi 14 janvier deux grosses révoltes éclatent au centre de rétention de Turin, une prison pour sans papiers.
Des prisonniers montent sur les toits et des matelas sont incendiés pour protester contre le froid et l’extinction des chauffages.
La police use de gaz lacrymogènes et à l’aube, mardi 15 janvier, elle perquisitionne toutes les sections tabassant ceux qui étaient montés sur les toits ou qui n’arrivent pas à se lever du lit.
Jeudi 17 janvier une douzaine de prisonniers sont transférés d’urgence le plus loin possible, au centre de rétention de Trapani en Sicile.
26 janvier 2013 – 16 heures – rassemblement devant le centre de Corso Brunelleschi
…Quand le feu s’allume
source : macerie
Campus (et pas seulement) au froid
15 janvier. Dans la nuit, des inconnus ont fermé et recouvert de ciment à prise rapide la connexion de gaz qui sert au chauffage de la nouvelle université de science politique et de droit, conçue par l’architecte Norman Foster. Selon certains journaux d’autres bâtiments ont subi le même sort : deux bureaux syndicaux (la CGIL de via Pedrotti, l’UIL de via Bologna), deux banques (l’Intesa San Paolo de corso Brescia et la Société Générale de via Santa Chiara), les sièges de la police municipale et de la 7ème circonscription de la Ville (corso Vercelli), la Société métropolitaine de l’eau (corso XI Febbraio).
Selon certains journaux, les agents de la Digos ne savent pas si l’action doit être connecté avec les protestations provoquées par la coupure du gaz dans deux bâtiments occupés via Foggia ou à la dernière révolte des détenus du Cie de Turin en réponse à l’absence de chauffage.
traduit de macerie