Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Brochure] Les murs basculent…

La tête contre les murs, les murs basculent…

révoltes dans les taules

Révoltes, mutineries, évasions, grèves de la faim, campagnes de mobilisation et appels à soutien se succèdent dans les prisons et les centres de rétention en Europe et ailleurs.

À la lecture de certains communiqués et lettres de prisonniers publiés durant l’été, on comprend que les événements successifs se sont parfois répandus. des blocages et autres actes de résistances dans des taules ont parfois eu lieu pour soutenir des mouvements dans d’autres taules. Un même discours contre les conditions carcérales et l’enfermement s’est fait entendre de communiqués en revendications, et la presse s’est bien gardée de faire le lien entre ces différents événements. En bref, il y a eu des tentatives de la part des prisonniers et prisonnières pour s’organiser de l’intérieur et résister de multiples façons.

Dans le contexte économique actuel, où nos conditions de survie se dégradent de plus en plus, les prisons et les centres de rétention sont un rouage de la machine à exploiter et à contrôler par lesquels l’État renforce sa domination. Pour maintenir une pression permanente, les salles des tribunaux tournent à plein régime et les prisons de toutes sortes se remplissent.

Cette brochure est une compilation de lettres et communiqués de prisonniers et prisonnières et d’articles de la presse qui témoignent des mouvements qui ont eu lieu cet été dans les prisons et les centres de rétention en France, en Italie, et ailleurs. La liste des événements est loin d’être exhaustive, mais elle permet de cerner un peu mieux l’ampleur de la contestation, de contribuer de l’extérieur à diffuser l’information et relayer des pratiques de résistance, avec la volonté de briser l’isolement “pour qu’enfin on danse sur les ruines de cette porcherie ».

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Trouvé sur Marseille Infos Autonomes

[Lampedusa] Les frontières assassines de l’Europe (fr) (cz) (ar)

 الحدُود القَاتلة

يوم 3 أكتوبر بالقرب من شاطئ جزيرة لمْبادوزة الإيطاليّة، إنقلاب زورق كان يحمل حوالي 500 مهاجر غير شرعيِّين. وقع العثور على أكثر من 350 جثّة مقابل 150 شخصا نجوْا من الغرق.

عبَّر الحكَّام الإيطاليُّون و الأوروبيُّون و حَتَّى البَابا عن سخطهم من هذه الفاجعة الإنْسَانيّة وَ تواردت صفحات الجرائد تعْرض صور الجثث تتكدّس على أرصفة ميناء لمبادوزة.

منْذُ سنَة 1998 حَوالي 20000 مُهاجِرٍ لَقُوا حذْفَهُمْ في البَحْر المُتوسِّط بسَبب انقلاب مراكِبهم أوْ تَغْريقِهَا من طرف حرَّاس السَّواحلِ بطلقات ناريّة على الزَّوارق المطّاطيّة أو بسبب تصادم المراكب. كلّ الوسائل مُباحَة أمام السُّلط لِمنْعِ المُهاجِرين من اجتياز الحدود. حَاَكَم القضَاء الإيطالي عَدِيد البَحّارة لِنَجدَتِهِمْ بعض المُهَاجرين.

في حين تتعدَّد بيانَات التّعاطُفِ و التَّنْديد بهذه « المَأساة الإنْسَانيَّة » تتوالى الإعلانات عن تدابير جديدة لتعْزيز آليّاَت حراسة الحدُود الأوروبيّة. تَتَعدَّدُ منذُ سنوات دوْريَّات الشُّرطة و الجَيْش بيْنَ البُلدَان الأُوروبيَّة و الإفْرِيقيَّة و تتَزايد تكنولوجِيَّات الحراسة من رادَارات و آلات تصوير حراريّة إلى مروحيّات المراقبة. كلّ هذه الآليّات ليست إلّا تُعَسِّر أكثر فأكثَر محَاولات العبور.

إنعقَد يوم 7 أكتوبر في لوكسمبورغ إجتماع بين الدُّول الأعضاء في الإتِّحاد الأوروبي و وكالة مُراقبة الحُدود « فْرُونْتَاكسْ » لتدارُس إمكانيَّات تعزيز جهاز المُراقبة « أوروسير » لمكافَحة الهِجْرَة الغير شَرْعِيَّة و ذلِك بتبادُل البيَانات (البصمات مثَلًا) و المَعْلومَات بشَكلٍ حينِي بين مُخْتلَف السُّلُطات و وسائل الحِراسة على غِرار الأقْمار الصنَاعيَّة أو أجهِزَة الإبلاغ في السُّفُن و ذلك عبر شبكة إتِّصالات محْمِيَّة.

في أوائل أكتوبر في مدينة طرابلس بِليبيا (مكان خروج المركب) إجتمَعَ رُؤساء أركان الجيش اللِّيبي من جهة و الجيش الإيطالِي من جهة أخْرَى في إطَار إتّفاقيَّات التَّنْسِيق بين الدَّوْلَتَيْن للنَّظَرِ في وَسائل تعْزيز علاقاتهم العسكريَّة خاصّة فيما يتعلَّق بمُكَافَحة الهِجرة الغَير قانُونيَّة و حِماية الحُدود.

بَلَغنا أنَّه تَمَّ تَوْقيف أحد النَّاجين من المَوت لأنَّه مسؤول العَبَّارَة و لِتبرير خطابهم يتَركَّز الحُكّام بتَعْزيزٍ من رفاقهم الصحافيِّين على « عصَابات العَبَّارة » و « الشَّبكات الإرْْهابِيَّة » الّتي تُعزِّز الهجْرة السريّة و تهريب المُخدّرات.

يَبْدُو أنَّ المَوقوف تونسي الجنسيّة تَمَّ تسجيله فو لمبادوزة و طردُه منْها منذُ بِضعة أشْهُرٍ.

هؤلاء اللّذين يتحدَّثُون عن « مأساة بشريّة » و يدَّعون الحراك هم نفسهم المَسؤولون عن مقتل المهاجرين، هم نفسهم الّذين يعزِّزون كلّ يوم أجهزة مراقبة الحدود و القمعَ على الحدود الأوروبيّة.

من أجل حُريَّتنا لا بُدَّ لنَا أن نتخَلَّص من الحدود و من حُكْم الدُّول

 

 

Jeudi 3 octobre une fois de plus une embarcation de migrant-e-s a chaviré : il y avait 450 à 500 personnes à bord, 130 corps ont été retrouvés, 150 survivant-e-s et plus de 200 disparu-e-s. Les dirigeants italiens et de toute l’Europe s’indignent, même le pape s’y met, et les journaux font leur Une morbide exhibant les photos des cadavres repêchés qui s’entassent sur le port de Lampedusa. Une journée de deuil national est prévue pour aujourd’hui en Italie.

Mais depuis 1998, ce sont près de 20 000 migrant-e-s qui sont mort-e-s en mer méditerranée, leurs embarcations ayant chaviré ou ayant été coulées par des gardes côtes à coups de balles dans les pneumatiques ou de collisions. Tous les moyens sont bons pour le pouvoir afin d’empêcher des migrant-e-s de franchir les frontières. Récemment plusieurs pêcheurs ont été condamnés par des tribunaux italiens pour avoir porté secours à des migrant-e-s.

Aux déclarations de compassion « face à ce drame humain » s’ensuivent les annonces de nouvelles mesures pour renforcer encore plus la surveillance des frontières méditerranéennes de l’Europe. Depuis des années se multiplient patrouilles de flics et de militaires conjointes entre les pays européens et africains, et outils de surveillance technologique ultra-sophistiqués : radars, caméras thermiques, et plus récemment des drones. Le tout rendant toujours plus difficile et dangereux le passage. Le 7 octobre prochain, une réunion européenne est prévue au Luxembourg afin de renforcer le système eurosur destiné à la collaboration en matière de lutte contre l’immigration clandestine entre les États membres de l’UE et avec l’agence de surveillance des frontières Frontex : partage de données (par exemple les empreintes) et d’informations en temps réel entre diverses autorités et outils de surveillance, tels que les satellites ou les systèmes de comptes rendus des navires, par le biais d’un réseau de communication protégé. Mardi dernier à Tripoli en Libye (là d’où est parti le bateau) les chefs d’état-major des armées libyenne et italienne se sont entretenus dans le cadre des accords de coopération entre les deux pays, sur les moyens de renforcer leurs relations militaires, notamment en matière de lutte contre l’immigration et de protection des frontières.

On a appris il y a quelques heures qu’un supposé passeur aurait été arrêté parmi les survivants. Pour légitimer un peu plus leur discours les dirigeants aidés de leurs amis journalistes, mettent l’accent sur « les mafias de passeurs » et « les réseaux terroristes » qui favorisent l’immigration clandestine et les trafics de drogue. Le mec arrêté serait un tunisien, enregistré à Lampedusa il y a quelques mois et qui venait de se faire expulser.

Ceux qui parlent à l’heure actuelle d’un drame humain et prétendent agir sont les mêmes qui tuent en renforçant toujours plus le contrôle et la répression aux frontières de l’Europe.

Il faut en finir avec les frontières et les États, pour la liberté !

 

(Traduction tchèque par la csaf)

Lampedusa – vražedné hranice Evropy

Ve čtvrtek 3. října ztroskotala jedna z mnoha malých lodí s migranty: na palubě bylo více než 500 osob, bylo nalezeno přes 200 těl, 155 lidí přežilo a více než 150 je jich nezvěstných. Vládní představitelé v Itálii a v celé Evropě se rozhořčují, do věci se vložil dokonce i papež a média z ní udělala svůj morbidní trhák, když zveřejňovala fotografie z vody vylovených mrtvol, jež se vrší v přístavu v Lampeduse. Na pátek byl v Itálii vyhlášen den národního smutku.Ale od roku 1998 zahynulo ve Středozemním moři téměř 20 000 migrantů, jejichž lodě ztroskotaly nebo byly potopeny pobřežními hlídkami buď prostřelením v případě nafukovacích člunů, nebo najížděním na menší plavidla. Pro moc jsou dobré všechny prostředky, jimiž lze migrantům zabránit v překročení hranic. Nedávno bylo například odsouzeno několik rybářů italskými soudy za to, že poskytli migrantům pomoc.Vyhlášení soustrasti „tváří v tvář tomuto lidskému dramatu“ bylo doprovázeno oznámováním nových opatření pro ještě důkladnější posílení ostrahy středozemních hranic Evropy. Již po léta se zvětšuje počet společných hlídek policajtů a vojáků, kontrolujících hranice mezi evropskými a africkými zeměmi a také vysoce sofistikovaných prostředků technologického dohledu – radary, termokamery a nejnověji i drony (bezpilotní letadla). To vše činí přechod hranice stále obtížnější a nebezpečnější. Na 8. října bylo naplánováno jednání evropských ministrů vnitra v Lucemburku, aby mohl být posílen systém Eurosur, zaměřený na spolupráci v boji proti nelegální imigraci mezi členskými státy Evropské unie navzájem a společně s agenturou na ostrahu hranic Frontex: půjde o sdílení dat (například otisků prstů) a informací v reálném čase mezi různými úřady a o sdílení dohlížecích prostředků, jako jsou satelitní zařízení či systémy na zaznamenávání počtu plavidel, a to zvláštní cestou, prostřednictvím chráněné komunikační sítě. Předminulé úterý se v Tripolisu v Libyi (odkud vyplula ona loď) sešli vrchní velitelé libyjské a italské armády, aby dosáhli dohody o spolupráci mezi oběma zeměmi a o prostředcích k posílení jejich vzájemných vojenských vztahů, zejména v oblasti boje proti imigraci a ochraně hranic.Dozvěděli jsme se, před údajný převozník byl zadržen spolu s přeživšími. Aby vládní představitelé trochu více legitimizovali propagandu, vyráběnou s pomocí spřízněných žurnalistů, kladou důraz na výrazy jako „mafie převozníků“ a „teroristické sítě“, které se přednostně věnují organizaci ilegální imigrace a obchodování s drogami. Zadržený je patrně Tunisan, o němž byl již před několika měsíci učiněn záznam v Lampeduse a který bude nakonec vyhoštěn.Mocenský cynismus vyvrcholil prohlášením italského premiéra, že pouze utonulí imigranti získávají s okamžitou platností italské občanství. Těm, kteří přežili, hrozí za překročení zákona pokuta až 5000 eur.Ti, kteří nyní hovoří o lidské tragédii a dávají najevo úmysl jednat, jsou přesně ti, kteří zabíjejí prostřednictvím neustálého posilování kontroly a represe na hranicích Evropy.

Musíme skoncovat se státy a s hranicemi, za svobodu!

[Turin] Rendez-vous au CIE – 5 octobre 2013

Une à une, morceau après morceau, les prisons Italiennes pour étrangers sans papiers ferment. Sur treize centres, six sont fermés. Et quasiment tout ceux restés ouverts sont plus ou moins sérieusement endommagés par les révoltes des retenus, et fonctionnent à capacité réduite. La machine à expulser s’effondre : aucun projet étatique n’a rencontré, dans l’histoire récente, une résistance aussi dure et efficace. Une résistance payée au prix fort par les révoltés, avec arrestations et tabassages. Le gouvernement et les patrons voudraient des esclaves dociles-utilisables-jetables, mais tant qu’il y aura des frontières et des prisons, il y aura des hommes et des femmes prêt-e-s à les brûler.

Samedi 5 octobre à 17 heures

Rassemblement au CIE de Corso Brunelleschi

Source : macerie

[Milan] Révolte au CIE – 26 septembre 2013

Jeudi 26 septembre vers 13 heures une révolte a éclaté au CIE de via corelli à Milan. Des matelas et des meubles ont été incendiés. Deux retenus ont été arrêtés accusés d’avoir fomenté l’émeute. La presse émet des hypothèses : « On suspecte que la stratégie d’incendie soit une stratégie qu’utilisent les étrangers pour réussir à se faire transférer dans d’autres centres d’Italie moins surveillés dont il est possible de s’échapper.  » Quelle clairvoyance !
Bouter le feu à un centre c’est reprendre un peu de sa vie en main et enrayer un des rouages de cette machine, c’est une critique en acte de ce monde et ses prisons ! Il y a toujours des raisons de se révolter !

depuis la presse via macerie

[Italie] Encore un effort, l’été au CIE – 22 septembre 2013

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Nous publions ici un article tiré du numéro de septembre du mensuel anarchiste italien Invece, accompagné d’un schéma qui représente la situation des CIE en Italie. Le nombre de places effectivement disponibles dans les centres endommagés par les révoltes -mais encore en fonctionnement- change de jour en jour, et pourrait donc être d’une précision relative. Dans tous les cas sur treize centres, six sont fermés et quasiment tous ceux qui sont restés ouverts sont plus ou moins sévèrement endommagés. Si vous voulez le comparer au schéma original, qui date d’il y a deux ans, vous pouvez le trouver sur le site du Ministère de l’intérieur

Encore un effort, l’été au CIE 

Après les révoltes survenues l’hiver et le printemps derniers – ayant réduit la capacité ou provoqué directement la fermeture de plusieurs Centre d’Identification et d’Expulsion -, la rage des retenus contre ces camps a continué à se propager cet été.

Le 18 juin à Crotone quelques retenus s’affrontent avec les forces de l’ordre avec des barres de fer et des pierres trouvées sur place pour protester contre les conditions de détention. Cinq flics et quatre militaires sont blessés. Dans l’après-midi du 19 juin dans deux blocs du CIE de Modena le mobilier est défoncé et les panneaux de plexiglas cassés, dans la cour intérieure plusieurs matelas sont brûlés. A minuit, lorsque les retenus apprennent qu’il n’y aura pas assez de matelas pour tous, la révolte explose à nouveau : 13 retenus montent sur le toit utilisant comme échelle les trous faits dans les panneaux de plexiglas et commencent à lancer des tuiles, tenant en respect jusqu’à quatre heures du matin les policiers, les gendarmes, les militaires et les agents municipaux accourus à toute hâte. 70000 euros de dommages ont été infligés à la structure, et alors que la révolte était en cours, des inconnus ont profité des rues relativement vides pour dévaliser un magasin à quelques centaines de mètres de là: 40 000 euros de facture. Le syndicat de police Siulp, le préfet et le commissaire se lamentent et demandent bruyamment la fermeture du centre, ils obtiendront satisfaction à la mi-août, quand le CIE se verra vidé et fermé pour restructuration. Quelques jours plus tard, la nuit du dimanche 21 au lundi 22 juillet, dans le CIE de Corso Brunelleschi à Turin, les retenus de la section blanche, la plus neuve, celle justement pensée pour résister aux désordres, donnent vie à une énième révolte. Les mesures anti-révolte (lits vissés au sol et tables en ciment) n’empêchent pas les retenus d’endommager sérieusement le bâtiment. Peu de temps après des feux sont allumés dans les sections jaune, rouge et bleue. Durant l’émeute certains retenus tentent de s’évader: certains seront repris immédiatement dont un blessé, emmené à l’hôpital après une chute, un autre semble, en revanche, avoir réussi à se faire la belle. Il n’y a pas eu d’arrestations. Et jusqu’au mardi matin suivant les retenus des diverses sections ont dormi dans les cours à cause des dommages infligés à la structure.

Dans le centre de Gradisca, le 8 août au soir, les retenus refusent de rentrer dans les chambres et la police décide de les convaincre avec matraques et lacrymogènes : pour ne pas étouffer ils cassent plusieurs panneaux de plexiglas qui entourent la cour de la section. Trois jours plus tard nouvelles révoltes et nouveaux lancers de lacrymogènes : plusieurs retenus montent sur les toits, tentant peut-être de s’échapper mais deux personnes tombent. L’une d’elles se blesse gravement. Cherchant à ramener le calme, le préfet est contraint de céder à certaines demandes : les téléphones qui étaient interdits depuis des mois dans le centre de Gradisca sont restitués et la salle à manger commune, fermée voilà longtemps pour éviter de dangereux rassemblements, est réouverte. Samedi 17, tandis que 200 personnes se rassemblent dehors en solidarité avec les retenus en lutte, ces derniers détruisent de nouveau des panneaux de plexiglas et montent sur les toits y restant jusque tard dans la nuit. La nuit du lundi au mardi 20, pour finir, profitant du mauvais temps et de l’absence de réparation des panneaux de plexiglas, plusieurs retenus profitent de la relève pour escalader le mur d’enceinte. Les militaires de garde, malgré une intervention tardive, ont réussi à arrêter plusieurs fugitifs. Il semble, cependant, que six, au moins, ont réussi à s’évader. Dans la nuit du 10 août , à Crotone, un retenu de 31 ans meurt – de maladie d’après les communiqués successifs de la police et de la Misericordia  (gestionnaire du centre). Une étincelle qui allume l’incendie : les retenus du centre, une cinquantaine en tout, donnent vie à une révolte et  détruisent en quelques heures les murs et la vidéosurveillance puis incendient les chambres et le mobilier. Ainsi, la prison étant ingérable et inutilisable, la préfecture décide de fermer les portes et de transférer les retenus dans d’autres centres.

Comme on le disait plus haut, les retenus des CIE continuent donc, coup sur coup, morceau après morceau, à démanteler la machine à expulser. Des quelques deux milles places d’internement prévues pour les sans-papiers, il en reste aujourd’hui moins de la moitié de disponible. A Rome, les responsables des CIE de tout le pays continuent à tenir des réunions d’urgence pour faire le point sur la situation. Avec leur rage, leur obstination et leur aspiration à la liberté les retenus montrent comment « feux aux prisons » ne saurait être qu’un slogan ou un tag sur les murs. Alors que les CIE connaissent l’un des plus forts moments de conflictualité, l’initiative des ennemis des expulsions n’est pas à la hauteur de ce que la situation demanderait. Tout en renvoyant à d’autres moment une discussion sur le pourquoi de ces dificultés, il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de souligner à quel point il est urgent de reprendre les hostilités « dehors » aussi. Saisir l’occasion. Parce que ces parenthèses favorables dans lesquelles l’ennemi est en grande difficulté ne durent généralement pas longtemps. Et aujourd’hui nous, « dehors », nous pouvons et nous devons renvoyer la balle pour faire en sorte que ces camps pour sans papiers n’existent plus.

Traduit de macerie

[Gradisca-Turin-Trapani] Petites étincelles – 22 septembre 2013

Encore une tentative d’évasion du centre de Corso Brunelleschi. Hier soir un prisonnier a préparé une corde et a essayé d’escalader les grillages, mais il a été capturé immédiatement et ramené dans les cellules. Peu après un de ses compagnons de section a, quant à lui, essayé de se blesser  et les militaires ont dû le conduire à l’hôpital; où il se trouve toujours: ne voyant pas revenir son ami, l’aspirant-évadé d’hier soir a ingéré un flacon de détergeant. A Gradisca, en revanche, la protestation est de nouveau collective. Hier soir les retenus ont cassé une bonne partie du grillage du toit des sections. Maintenant la situation est de nouveau tranquille, et nous donnerons des mises à jour dès que nous en auront. Pour finir, hier après-midi, les retenus de Trapani Milo ont initié une protestation rapidement maîtrisée par l’intervention de forces de l’ordre.
Mise à jour : 22 septembre. Quatre évasions dans les dernières heures du centre de Gradisca où la révolte continue sans faiblir. Hier, en début d’après-midi, un retenu a réussi à s’évader. Dans la nuit les retenus sont remontés sur le toit et ont tenté de s’évader à deux reprises. La première tentative a partiellement réussi, au moins trois personnes se sont évadées. La seconde tentative s’est soldée par un affrontement avec la police et les retenus racontent qu’au moins deux de leurs compagnons ont été blessés. Quelques heures plus tard la nouvelle de l’évasion de cette nuit est confirmée par certains quotidiens locaux qui parlent aussi d’affrontements entre retenus et policiers contraints à parer des lancers de chaises et de bouteilles remplies de cailloux.

Traduit de macerie

[Turin] Expulsions et protestation au CIE – 18 Septembre 2013

Les tensions recommencent à faire des étincelles dans le CIE de Turin, après celles survenues il y a trois semaines. A la fin de la matinée aujourd’hui les flics en faction au centre avaient pour mission de prélever dans les sections certains retenus d’origine nigériane, avec pour motif de les emmener « au consulat ». Mais ils n’ont pas réussi : à l’intérieur, les retenus savent que le consulat est à Rome et que le transfert pour Rome veut toujours dire une brève escale au CIE de Ponte galeria dans l’attente d’un vol frontex pour Lagos. Du coup les nigérians de la section bleue, soutenus par les autres prisonniers, ont essayé de résister avec vigueur jusqu’à ce que la police arrive en force – une trentaine d’agents, selon le récit des retenus – avec casques et matraques pour les réduire à l’obéissance. Lorsque le travail est fini dans la section bleue, la police a encerclé les autres sections et, à l’heure où nous écrivons, ils se préparent à faire irruption dans les cellules où continuent la protestation.

Mise à jour 17 heures. La police a renoncé à entrer dans les autres sections, tandis que les 6 nigérians sortis de la section bleue semblent encore être dans les locaux de la police dans le centre. Les cris et les protestations continuent et, aux alentours de 16 heures un petit groupe de solidaires a fait un bref salut devant le centre et a lancé aux retenus des doses de Maalox pour les aider à résister aux éventuels tirs de gaz lacrymogènes.

traduit de macerie

[Milan] Inauguration avec le feu – 8 septembre 2013

Les travaux de rénovation du CIE de Via Corelli à Milan ont terminé il y a deux semaines. Capacité réduite de 182 à 132 places, nouvelles sections conçues spécialement pour prévenir les révoltes, avec le mobilier cimenté pour éviter toute dégradation, tout est prêt pour y enfermer les retenus protagonistes des révoltes de ces derniers mois dans les différents CIE italiens. Les fonctionnaires du ministère ont probablement pensé qu’ils avaient tout prévu et espèrent pouvoir compter sur le centre de Milan pour résoudre leurs problèmes de bureaucrates gestionnaires de la machine à expulser. Mais ils n’avaient pas pris en compte les retenus, qui ont décidé d’inaugurer la nouvelles structure à leur manière. Samedi après-midi (7 septembre) et dimanche matin (8 septembre), des retenus ont commencé à brûler des matelas et du mobilier. Pour le moment, les nouvelles sont rares parce que le règlement du CIE de Milan interdit l’utilisation des téléphones portables. Les agences de presse ne parlent pas d’arrêtés ou de blessés mais il semble que les incendies étaient importants, suffisamment destructeurs pour que les pompiers déclarent qu’une section entière est inutilisable. Deux incendies et trente places en moins, pas mal comme inauguration.

Depuis Macerie

[Gradisca] Cordes et barres – 30 et 31 août 2013

Gradisca : cordes et barres

Le turbulent mois d’août continue dans le centre d’identification et d’expulsion de Gradisca d’Isonzo, un des CIE les plus détruits du pays dans lequels reste moins d’un quart des 250 places prévues, c’est-à-dire une soixantaine. Après les révoltes de début août, qui avaient contraint le préfet à accéder aux requêtes des retenus en leur concédant l’usage des téléphones portables et réouvrant la cantine, les protestations n’ont jamais cessé. Six retenus s’évadent le 19 août et dans les jours suivants deux autres sont incarcérés : l’un pour avoir agressé des matons, l’autre pour avoir détruit un téléviseur et agressé un opérateur de Connecting People (coopérative en charge de la gestion du centre). Dans la soirée de mercredi (28), un groupe de retenus décide à son tour de tenter l’évasion et une vingtaine de personnes montent sur les toits. D’après les reconstitutions des agences de presse ils sont « armés de barres. Des barres qui attachées à des cordes sont lancées contre les grilles d’enceinte et sont alors utilisées comme des grappins qui s’accrochent aux grillages ». La tentative d’évasion échoue, deux d’entre eux tombent et sont emmenés à l’hôpital, mais la protestation ne s’arrête pas et les retenus continuent, à tour de rôle, de monter sur le toit.

Pendant ce temps il semble que les fonctionnaires du ministère de l’intérieur soient assez inquiets. Sur les treize CIE construits, six sont fermés pour restructuration, détruits par les révoltes des retenus. Et ceux qui sont encore en fonction ne le sont pas dans les meilleurs conditions, presque tous sont plus ou moins sérieusement endommagés. Les responsables du ministère auront certainement des données plus à jour que les nôtres, mais que l’on sache sur les presque 2000 places prévues pour enfermer les sans papiers, il en reste moins de la moitié. Pour parer à l’urgence, les responsables des divers centres ont été convoqués à Rome à une réunion au sommet. Évidement nous ne savons pas ce qu’ils se sont dit, ni les décisions qu’ils ont prises : les agences de presse parlent d’une réunion qui aurait servi à « se confronter sur les principales problématiques des structures afin de trouver une meilleure stratégie de gestion et les modalités opératoires dans l’activité de vigilance et de sécurité interne et externe ».

30 août 2013

Mise à jour 31 août. Nouvelle évasion du CIE de Gradisca dans la journée d’hier. Cette fois il semblerait que quelqu’un y soit parvenu même si le nombre des fugitifs n’est pas encore clair. En attente de nouvelles de première main, l’évasion n’est racontée qu’au travers des peu de nouvelles publiées sur le web. Dans un premier temps il a semblé que quatre d’entres eux y étaient parvenus sans rencontrer la moindre difficulté dans leur fuite. En l’espace de quelques heures, tous les quotidiens en ligne se sont alignés sur la reconstitution fournie par la préfecture, copiant servilement un papier qui parle de deux évasions et deux incarcérations. Il semble en fait que dans la tentative d’évasion d’une douzaine de retenus il y a eu un peu de grabuge entre les fugitifs et les opérateurs de Connecting People, d’où les incarcérations avec l’accusation d’agression. La version fournie par TG3 régional de Friuli Venezia Giulia (journal télévisé régional) est encore différente, et reste à vérifier, qui suit depuis plusieurs jours les événements dans le centre notamment au travers de directs téléphoniques avec les retenus : dans l’édition de 14 heures, on parle de six évadés en deux épisodes distincts, un l’après midi, un autre le soir.

Traduit depuis macerie (voir les liens vers les articles de journaux locaux sur le site)

[Crotone] Le CIE fermé suite à une révolte – 12 août 2013

Encore un centre d’identification et d’expulsion qui ferme. Le centre de Bologne avait été le premier en mars, fermé et vidé pour cause de rénovations qui devaient initialement durer un mois mais qui sont toujours en cours. Quelques mois plus tard, le même sort s’est abattu sur le centre de Modène, évacué avant la mi-août et actuellement en rénovation. C’est maintenant au tour de celui de Crotone, fermé « temporairement mais pour une durée indéterminée » pour reprendre le vocabulaire bureaucratique dont seuls les meilleurs préfets sont capables.

En attendant d’avoir des informations directes, nous rapportons ce que racontent certains journaux en ligne et agences de presse. Dans la nuit du 10 août, un retenu de 31 ans meurt, d’une malaise diront quelques jours plus tard la police et la Misericordia qui dirigent le centre. Une étincelle qui déclenche l’incendie : les retenus du centre, au nombre de 50, donnent vie à une grosse révolte et en quelques heures détruisent murs et système de vidéo-surveillance, brûlent chambres et mobilier. Et ainsi, se retrouvant avec un système inutilisable et ingérable, la préfecture décide de fermer les portes du centre et de transférer les retenus vers d’autres CIE.

Dans les prisons pour étrangers qui fonctionnent encore, le mois d’août est loin d’avoir commencé dans la tranquillité. A Turin, les retenus résistent comme ils peuvent à la violence et aux abus des matons, en particulier ceux des finanzieri, qui maintiennent l’ordre à renfort de baffes et de coups. A Gradisca, dans la soirée du 8 août, les retenus ont refusé de rentrer dans les dortoirs et la police a décidé de les convaincre à coups de matraque et de gaz lacrymos : pour ne pas mourir étouffés les retenus ont brisé une barrière de plexiglas qui entoure la cour. Trois jours après, de nouveaux soulèvements et de nouveaux lancers de lacrymos : certains prisonniers grimpent sur le toit, peut-être pour tenter de s’évader, mais deux en tombent haut. L’un est gravement blessé et les médecins n’ont toujours pas fourni de diagnostic clair. Pour tenter de rétablir le calme, le préfet est contraint d’accéder à certaines demandes des retenus : les téléphones interdits depuis un mois dans le centre ont été restitués, et le réfectoire fermé un temps afin d’éviter les rassemblements dangereux va rouvrir ses portes. Le samedi 17 août près de 200 personnes se rassemblent à l’extérieur des murs  pour exprimer leur solidarité avec les prisonniers en lutte, qui détruisent à nouveau des barrières de plexi et montent sur le toit, où ils resteront jusque tard dans la nuit.

 

Traduit de macerie