Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Marseille : rassemblement au tribunal vendredi 7 septembre 2012, 8h30

Dans la soirée du mercredi 8 août,  des pétards sont lancés  devant le Centre de Rétention (prison pour sans-papiers) du Canet à Marseille. Deux personnes sont arrêtées. Après 40h de garde à vue, ils ont été déféré devant le procureur et le juge des libertés et de la détention. Ils en sortent avec un contrôle judiciaire hebdomadaire et une interdiction de s’approcher des centres de rétention. Ils sont accusés de «mise en danger d’autrui (risque immédiat de mort ou d’infirmité) par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence», alors que les sans-papiers sont quotidiennement mis en danger par les politiques migratoires: des milliers de morts lors de franchissement de frontières, harcèlement policier, rafles, ratonnades, exploitation, enfermement, etc.
Ce procès a lieu dans un contexte d’extrême tension au centre de rétention: tabassages réguliers, camisoles chimiques, refus d’embarquements, actes de résistance individuels et collectifs, rassemblements, etc. Une retenue a frôlé la mort, laissée à l’isolement, elle a du subir une greffe du foie suite à une intoxication. Elle avait déjà refusé deux embarquements. A son arrivée à l’hôpital, son corps était couvert d’hématomes et ses poignets portaient des marques de menotte. Les parloirs sauvages (parler, crier, faire du bruit, pétards, feux d’artifices,…) sont une pratique courante de solidarité avec les enfermés. Si aujourd’hui le chef d’inculpation est aussi lourd, c’est par volonté de stopper la mobilisation et de mettre la pression sur tous ceux qui agissent contre ce centre.
soutenons les deux inculpés
poursuivons cette lutte
RASSEMBLEMENT AU TRIBUNAL LE VENDREDI 7 SEPTEMBRE 2012, 8H30

Marseille : suite des événements au centre de rétention du Canet – 7 au 13 août 2012

Marseille : suite des événements au centre de rétention du Canet

7 au 13 août 2012

Mardi 7 août
18h, rassemblement devant le centre de rétention.
Cette nuit là, fouille générale, les flics ont empêché toute la nuit  les retenus de dormir. Depuis se jour il est interdit aux visiteurs de ramener de la nourriture pour les retenus.

Mercredi 8 août
Un retenu, qui a fait 1 mois de taule  aux baumettes suite à deux refus d’embarquement,  est de retour au centre.
Le soir des personnes se rendent au centre et tirent un feu d’artifice en solidarité avec les retenus.

Vendredi 10 août
Les briquets sont interdits dans le centre. Pour allumer leurs cigarettes, les retenus doivent sonner à l’interphone afin que les flics viennent l’allumer. Les flics se rendent compte qu’un retenu cache un briquet, ils lui confisquent et le tabassent. Le retenu n’en reste pas là, il sonne à l’interphone sans discontinuer pendant une demi heure, jusqu’à se  qu’un flic vienne, le maîtrise au sol, l’écrase et lui dit qu’il ne lui donnera pas de feu.

Samedi 11 août
Un tunisien qui avait déjà refusé l’embarquement est expulsé. Pour ce faire, les flics le baillonent et l’attachent avec du scotch.
La retenue qui était entre la vie et la mort vient de recevoir une greffe du foie, elle est toujours à l’hôpital.

 Lundi 13 août
Le retenu qui a avalé une pile 10 jours auparavant n’a toujours pas reçu de soin. Il est pourtant malade et alité.
Un autre retenu est malade, il doit suivre un traitement 2 fois par jour, mais le matin comme le soir il doit batailler pour qu’on lui donne ses médicaments. Pour protester, il boit des produits ménagers (eau de javel et détergeant). Les flics le tabassent , lui donnent des vomitifs et l’enferment en cellule d’isolement pendant 8h.

 

Marseille : Récit de l’occupation du radar du Cartage – 4 août 2012

Marseille : Récit de l’occupation du radar du Cartage – 4 août 2012

Le samedi 4 août, les flics avaient prévenus les retenus d’une expulsion collective vers la Tunisie, par bateau. Des personnes extérieures au centre décident de s’opposer à cette expulsion.
Jusqu’au dernier moment, les infos provenant du centre n’indiquent aucun départ. Puis, rapidement, un retenu est emmené. Deux autres, en provenance de Nîmes, sont déjà à bord.

Une banderole « NON AUX EXPULSIONS » est déployée, visible par les passagers du bateau.
Une dizaine de personnes pénètrent dans le port en grimpant un grillage et montent à bord du Carthage, un bateau appartenant à la compagnie Tunisienne CTN. Ils se trouvent donc en territoire tunisien , ce qui implique la présence de flics tunisiens et des difficultés pour l’intervention des flics français. Dès qu’ils arrivent à l’entrée du bateau, ils se précipitent en courant à l’avant de la cale, empruntent un escalier et arrivent sur le pont le plus haut du bateau. Là, ils occupent la tourelle où se trouvent les radars, les empêchant ainsi de tourner : le bateau est immobilisé.

Ils refusent de descendre de la tourelle tant que les sans-papiers ne seront pas débarqués du bateau. Le capitaine peut prendre cette décision. S’ensuit un dialogue de sourds avec une partie de l’équipage. Le capitaine ne vient pas, plusieurs membres de l’équipage disent être le capitaine. Des
flics tunisiens en civil sont présents. Quatre keufs Français montent à bord, ils viennent au pied du radar, ils ne peuvent rien faire et prennent note des revendications des occupants.

Le temps passe, les passagers sont hostiles aux occupants, les insultes fusent.

Il y a bien quelques personnes qui font des signes de solidarité, de plus en plus discrètement, mais ils ne sont pas nombreux. Alors que le représentant de la compagnie CTN s’engage à faire redescendre un sans-papier. Des passagers complètement hystériques montent jusqu’au radar. Un premier occupant est saisi par les pieds, il est roué de coups jusqu’à la cabine de pilotage. Sept autres descendent sous les coups, les filles subissent des attouchements. Deux personnes grimpent sur une échelle et se trouvent sur le point culminant du bateau, elles descendent quelques instants plus tard.

Tous les occupants se retrouvent dans le poste de pilotage, le capitaine est présent, il refuse de débarquer les sans-papiers prisonniers dans les cellules de la cale. Il menace de partir, les amarres sont détachées. Les occupants n’ont plus le choix que de descendre escortés par l’équipage. Tout le long de la sortie, les coups, morsures, attouchements, pleuvent.

Les keufs français s’emparent des occupants à la sortie du bateau. Un flic tunisien particulièrement violent et vicieux se prend un bon coup de pied dans les couilles, c’est la moindre des choses. Un des occupants esquive les keufs et saute à l’eau, ce qui retarde le bateau une demie-heure de plus. Les pompiers, arrivés en zodiac, le sortiront de l’eau en état d’hypothermie et le conduiront à l’hôpital d’où il sortira tout de suite. Un simple contrôle d’identité orale pour les neufs autres et ils seront reconduits par la Police Aux Frontières à la sortie du port. Les autorités ont préféré ne pas engager de poursuites, certainement afin de ne pas ébruiter la situation dans le centre de rétention du Canet. L’expulsion n’a pas pu être évitée cette fois-ci.

Le déchaînement de haine de certains passagers est à l’image de la guerre de tous contre tous que nous subissons au quotidien. En ces temps de crise, les pauvres s’entre-tuent au bénéfice de l’État et des patrons, les identitarismes pullulent, alors qu’il est plus que temps de se montrer solidaire !

Même si nous savons que ce n’est pas en évitant une expulsion qu’on abattra les murs et les frontières, cette action a permis de sortir de la résignation et des beaux discours, et de tisser des liens de solidarité active avec les retenus. Elle a reçu un bon accueil à l’intérieur du centre.

La solidarité peut s’exprimer aussi au-delà des mots. Il est possible de soutenir de manière offensive.

Avec ou sans papiers, nous vivons tous dans le même monde.

Nous ne nous battons pas seulement pour la fermeture des centre de rétention et la régularisation de tous les sans-papiers mais surtout contre le monde qui les produit.

Marseille l’été… Son soleil, ses plages… et son centre de rétention !

Marseille l’été… Son soleil, ses plages… et son centre de rétention !

RASSEMBLEMENT DEVANT LE CENTRE DE RÉTENTION DU CANET MARDI 7 AOÛT, 18 H

Boulevard des Peintures, 13014, Métro Bougainville
première rue à droite Boulevard Danièle Casanova en sortant du métro
Bougainville

Pendant que les touristes se prélassent au bord de l’eau, visitent le vieux port en chantier et sirotent leur pastis en attendant 2013, la machine à expulser poursuit son cours …

Dans le centre de rétention, la tension monte. Le centre est plein, environ 120 retenus. En sous effectifs, les keufs demandent des renforts à la préfecture. D’ailleurs, ils n’autorisent qu’un parloir à la fois. Depuis 15 jours une grande partie des retenus font le ramadan. Ce qui implique une modification des horaires (repas à 21h, fermeture des cellules de 23h à 3h), et une tension palpable à l’intérieur du centre. Les retenus sont gavés de médicaments, et si malgré tout ils se rebellent, ils ont droit à une injection. Ces derniers jours il y a eu des tabassages en règles.

Petite chronologie non exhaustive des événements des derniers jours :

Dans la semaine du 23 au 28 juillet, un retenu se taillade le bras. Il est amené menotté à l’infirmerie. Le docteur lui fait une piqûre. De retour à sa chambre, il s’endort pendant 18h.

Dimanche 29 juillet
Expulsion de 13 personnes vers la Tunisie. Départ du centre à 6 du mat. 4 retours volontaires sont embarqués sans difficulté. Parmi les 9 autres, l’un part en courant dans la cale du bateau où il y a toutes les voitures de touristes. Il casse une vitre de voiture. Les 8 autres en profitent pour s’éparpiller dans différentes directions. Les flics n’étant pas assez nombreux, ils décident de ramener les retenus au centre.

Lundi 30 juillet
Refus d’embarquement d’un marocain par avion. Un téléphone avec caméra et appareil photo intégrée est dans le centre de rétention. C’est un téléphone interdit, afin d’éviter la diffusion à l’extérieur d’images dérangeantes… Un retenu, connu dans le centre pour être une balance, protégé par les flics, leur en parle. Les flics récupèrent le téléphone, vers 3 h du mat. Les retenus ne se laissent pas faire. Dans le bordel, un retenu se casse le pied. Comme la police ne veut pas amener le blessé chez le médecin, les retenus décident d’appeler les pompiers. Une fois devant le portail, les flics ne laissent pas rentrer les pompiers. Les retenus insistent à plusieurs reprises pour que les flics acceptent d’amener le blessé à l’hôpital. Au bout d’un certain d’un temps, trois flics enfilent des gants, et amènent prétendument le retenu chez le médecin. En fait ils l’emmènent dans une salle sans caméra et le frappent.

Mardi 31 juillet
Le soir, du shit est envoyé de l’extérieur dans la cour de promenade. Un retenu le prend. Les flics l’identifient à l’aide des caméras. Ils l’emmènent dans une pièce sans caméra. Ils utilisent une matraque électrique pour le mettre ko. Une fois au sol, ils le frappent.
Ce sont toujours les 3 même flics qui agissent, pendant que 2 sont à l’intérieur et tabassent, le troisième reste devant le porte fermée pour couvrir ses collègues. Quand les fics s’en vont, le retenu est au sol inconscient. Ce sont les autres retenus qui l’évacuent et le réaniment à grande eau.

Régulièrement les flics doivent compter nominativement les retenus. Dans le centre il y a des interphones qui permettent à la police de faire l’appel sans avoir à se déplacer. Les interphones peuvent aussi servir aux retenus pour appeler les flics. Cette nuit, au moins dans un bâtiment, tous les interphones sont mis hors service par les retenus, ce qui oblige les flics à se déplacer.

Mardi également, une femme retenue depuis le 29 juin, a été conduite en urgence à l’hôpital de la Conception où elle se trouve entre la vie et à la mort, suite à l’ingestion de « substances ».  Après avoir refusé 2 expulsions par avion, elle avait été placée en cellule d’isolement en attendant une 3ème expulsion prévue pour le mardi.
Dès 19h environ, elle avait appelé sa famille pour lui dire qu’elle souffrait depuis sa mise à l’isolement de violents maux de ventre, et pour se plaindre de violences de la part des policiers intervenus pour la maîtriser. De source médicale, ses poignets  présentent des traces de menottage, ce qui indiquerait qu’elle a été attachée dans la cellule, et son visage présentait des hématomes.
Les policiers du Centre n’ont appelé les pompiers qu’à 1h du matin, soit 10 heures après sa mise à l’isolement, et 6 heures après son appel à l’aide auprès de sa famille.

Mercredi 1er août Les interphones sont réparés. Les retenus les font sonner toute la nuit pour harceler les flics. Un parloir sauvage a lieu.
A 23h les flics enferment les retenus dans les cellules. Ils enfilent leurs gants et leurs disent : « rentre dans ta cage ».

Les révoltes éclatent souvent dans les centres de rétention, en France et partout ailleurs. Depuis quelques jours, c’est à la prison pour sans-papier du Canet que les détenus manifestent collectivement leur ras-le-bol. Ce n’est pas une nouveauté, il y a un an déjà des détenus avaient tenté de mettre le feu à ce centre de rétention.

Cette fois-ci, ne laissons pas les retenus seuls face à leurs matons !
Arrêtons la passivité et le silence !
Seule notre solidarité active peut abattre les murs !

Discussion et projection autour de la brochure « Sans-papiers, s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation ? » – 23 juin 2012

Discussion et projection autour de la brochure « Sans-papiers, s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation ? »

– 23 juin 2012 –

20h30 Place de la fraternité, Montreuil (métro Robespierre – ligne 9)

La brochure « Sans-papiers, s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation ? » décrit la procédure à laquelle sont confrontées les personnes sans-papiers lorsqu’elles sont arrêtées par la police et donne des conseils juridiques et pratiques pour s’en sortir au mieux. Elle s’adresse autant aux personnes sans papiers qu’à leur entourage et à toutes celles et ceux qui luttent contre la machine à expulser. Cette brochure, dont la première version date de janvier 2008, vient d’être actualisée suite à la nouvelle loi sur l’immigration de juillet 2011 qui a modifié les procédures d’expulsion.
La présentation de la brochure sera suivie de la projection du film Illégal (2010) d’Olivier Masset-Depasse.
À travers l’histoire d’une femme et de son fils, le film décrit très concrètement le fonctionnement de la machine à expulser en Belgique. De la peur de l’arrestation jusqu’à l’expulsion, en passant par le centre de rétention, les stratégies qu’il faut mettre en place pour tenter d’en sortir montrent que ce n’est pas souvent le droit qui vous « sauve »…

 

Repas de soutien pour la brochure « sans papier : s’organiser contre l’expulsion »

Mardi 29 mai, à partir de 19h, une rôtisserie pour la sortie de la brochure « sans-papiers : s’organiser contre l’expulsion ; que faire en cas d’arrestation ? ». Un repas de soutien pour sa diffusion et pour celle de nombreux autres tracts et affiches pour la liberté de circulation et d’installation.

La nouvelle version de cette brochure vient de sortir. Elle est consultable sur http://sanspapiers.internetdown.org/ ou ici-même

Elle décrit la procédure à laquelle sont confrontées les personnes sans-papiers lorsqu’elles sont arrêtées par la police et donne des conseils juridiques et pratiques pour s’en sortir au mieux. Elle s’adresse autant aux personnes sans-papiers qu’à leur entourage et à toutes celles et ceux qui luttent contre la machine à expulser.

Rendez vous mardi 29 mai à partir de 19h, pour un repas de solidarité à la rôtisserie :
> afin d’aider à payer l’impression de cette brochure et les traductions en anglais, arabe, et chinois ;
> à financer les affiches, tracts, brochures, journaux muraux qui permettent de diffuser les différentes luttes et initiatives contre la machine à expulser.

La rôtisserie, 4 rue Sainte Marthe Métros Belleville, Colonel Fabien, Goncourt

Corelli brûle encore (un rendez-vous à Milan)

Corelli brûle encore (un rendez-vous à Milan)

Le 24 mai, au tribunal de Milan, se déroulera la première audience d’un procès contre neuf hommes accusés à divers titre d’avoir participé le 15 janvier dernier à une émeute qui a éclaté dans le centre de rétention (CIE) situé via Corelli.

Jusque là, on pourrait penser à un procès comme on en a déjà vu ces dernières années contre ceux qui luttent dans les centres pour recouvrer leur liberté. Mais cette fois, il vaut la peine de s’attarder un peu plus, et d’observer ce qui est en train de se passer, et les problèmes que cela pose.

Tout d’abord, il est utile de rappeler les faits.

Le 15 janvier 2012, suite au tabassage d’un jeune et suite à l’énième perquisition des chambres à la recherche des téléphones portables (qui sont interdits à Corelli depuis octobre 2010, mais qui sont vendus en cachette par des membres de la Croix Rouge pour la modique somme de 200 euros, avec l’accord tacite de la police), la tension éclate.

Une révolte explose, la section E est entièrement détruite (et reste hors service jusqu’à aujourd’hui), et les 26 retenus de cette section sont tous incarcérés.

Pendant que les autres enfermés du centre lancent une grève de la faim les deux jours suivants en solidarité avec leurs camarades arrêtés, ces derniers sont emmenés au commissariat. Interrogés deux par deux, ils sont soumis à de fortes pressions psychologiques et poussés à s’accuser les uns les autres afin de susciter rancoeur et méfiance.

Et voilà le noeud d’un des premiers problèmes que cette histoire a posé et pose jusqu’à aujourd’hui. Certains d’entre eux n’ont pas cédé aux intimidations policières, d’autres en partie si. Ainsi, sur les 26 arrêtés, l’incarcération préventive a été confirmée pour neuf d’entre eux, deux ont réussi à s’évader du comico, cinq ont été déportés, et les autres transférés dans différents centres de rétention.

Cette situation nous a donné du fil à retordre depuis le début, en particulier sur le fait de donner ou pas de la solidarité. Vu les circonstances dans lesquelles le terrorisme psychologique, sciemment orchestré par les bourreaux en uniforme, a enrayé la solidarité entre prisonniers, il n’est pas facile d’avoir une approche politique qui ne tienne pas compte de cet aspect déplaisant. Mais il ne faut pas non plus oublier le fait qu’ils se sont rebellés en détruisant toute une section du centre.

Il s’agit d’un procès où il y a dans les PV des déclarations explicites qui mettent certains des accusés en position difficile, mais cela ne signifie pas que ce procès ne puisse pas être une occasion de continuer la lutte contre les centres, pour faire sortir du silence les conditions de vie à l’intérieur et les explosions de rage que ces structures génèrent, tout en conservant la perspective de les abattre entièrement.

De plus, les inculpés qui passeront en procès seront accusés de rien moins que de « dévastation et pillage ». Un chef d’inculpation qui est revenu ces derniers temps sur les bancs des tribunaux lors de différents épisodes d’affrontements de rue et qui, avec des peines qui vont de huit à quinze ans de prison, vise à intimider ceux qui luttent pour leur intimer de ne pas trop relever la tête.

Maintenant, on voit ce chef d’inculpation être aussi utilisé par rapport aux révoltes dans les centres.

La tension à Corelli et dans les centres de rétention de toute l’Italie reste très élevée, et oscille entre des gestes d’automutilation, des tentatives d’évasion, des actes de révolte individuelle et des émeutes collectives. Depuis l’augmentation de la durée de rétention (d’abord jusqu’à 6 mois, puis jusqu’à 18 mois), il y a eu une augmentation exponentielle de révoltes et d’évasions, aussi bien en termes quantitatifs que d’intensité. Celle-ci est accompagnée par une administration massive d’anti-dépresseurs pour affaiblir les individus enfermés, mais même cette tactique n’est pas couronnée de succès. A présent se déroule dans les salles d’audience une nouvelle étape de la stratégie répressive : l’utilisation de chefs d’accusation qui prévoient de longues peines de prison. Si ceux qui étaient jugés pour des faits de révolte étaient habituellement inculpés pour dégradation, rébellion, violence, etc. et condamnés à quelques mois de prison, les 9 incarcérés en préventive risquent désormais une peine très élevée. Il s’agit d’une claire tentative de répression afin que quiconque qui a l’intention d’accomplir de tels actes d’insubordination y renonce de soi-même.

Nous pensons qu’il est important de prendre acte des nouvelles stratégies répressives qu’ils utilisent pour frapper ceux qui se rebellent dans les centres de rétention, afin de développer une réflexion sur les luttes qui se déroulent aussi dehors, et de donner plus d’acuité à nos actions.

Jeudi 24 mai, nous serons présents au tribunal pour donner notre soutien à ceux qui se sont révoltés dans le centre de rétention. Le procès débutera à 9h30, salle 1bis, troisième étage.

Assemblée « entre vent et tempête »

Publié le 19 mai 2012 sur macerie, et traduit de l’italien pour « Sans papiers ni Frontières »  .

Solidarité avec les révoltés de l’incendie de la prison pour sans-papiers du Canet

Solidarité avec les révoltés de l’incendie de la prison pour sans-papiers du Canet

Le 9 mars, la prison pour sans-papiers du Canet à Marseille est hors service suite à un incendie. C’est le lieu, appelé Centre de Rétention Administrative, où l’Etat enferme des gens (uniquement parce qu’ils n’ont pas de papiers) raflés lors de contrôle d’identité en attendant de s’organiser pour les expulser sous trente jours. Des retenus ont mis le feu à des matelas dans deux bâtiments différents. Les retenus, intoxiqués par les fumées, ont été emmenés à l’hôpital. L’un d’entre eux en a profité pour se faire la belle.

« On a été soignés, rapidement, légèrement, ce qui est normal aux yeux de l’état français parce qu’on est sans papiers. Aucun droit. On a passé toute une soirée dans une cour, à l’air, jusqu’à 23h, et puis on a été conduits dans une petite salle de 12m2. On était 36 personnes. Entre 23h30 et minuit, ils nous ont conduits au centre de rétention de Nîmes. Pire que des animaux, on est restés dans une salle jusqu’au petit matin. »

Très peu ont été libérés contrairement à ce qui se passe d’habitude lors de transferts collectifs suite à des incidents. Le message est clair : la volonté du pouvoir d’étouffer tout espoir de libération par des actes de révoltes qui sont quotidiens. De l’Australie à l’Italie, de la Lybie à la Belgique : évasions collectives, départs de feu, grèves de la faim, mutineries… Alors, la vengeance de l’État ne se fait pas attendre : on pense à ceux de Vincennes (jusqu’à 3 ans ferme), ou de Bordeaux (jusqu’à 5 ans).

Six des retenus du Canet ont été placés détention provisoire à la prison des Baumettes, puis libérés sous contrôle judiciaire, soupçonnés d’avoir mis le feu. Une instruction est en cours. D’une prison à une autre, de la « rétention » à la « détention  », il n’y a qu’un pas, souvent franchi lorsque l’on s’oppose à son expulsion, que l’on donne une fausse identité, qu’on ne se laisse pas faire.

Dès le lendemain de l’incendie, un rassemblement spontané devant le commissariat est venu manifester son soutien avec les sans papiers placés en garde à vue avant leur inculpation. Un collectif décide alors de s’organiser pour exprimer sa solidarité avec ce geste de révolte qui n’est pas un acte de désespoir mais bien au contraire un acte de résistance contre l’enfermement. Qu’ils soient coupables ou innocents, peu importe, il s’agit de soutenir ceux que l’État a choisi pour se venger de ce coup porté à la machine à expulser : le centre de rétention du Canet est fermé jusqu’à nouvel ordre.

Un centre de rétention en moins, c’est concrètement une diminution des rafles et des expulsions. Les centres de rétention sont un rouage de la machine à expulser, outil des politiques migratoires. Par ce dispositif de gestion des populations, l’État cherche à fragiliser une main-d’œuvre immigrée forcée de se cacher dans la peur quotidienne du contrôle et de l’expulsion, et surtout d’accepter n’importe quel boulot payé des miettes et n’importe quel logement pourri hors de prix. L’Etat crée ainsi une catégorie de travailleurs avec droits au rabais ou sans droit pour le plus grand profit des patrons et ainsi fout la pression sur les autres travailleurs. Par la mise en concurrence des travailleurs légaux et illégaux, c’est l’ensemble des salaires et des conditions de travail qui sont précarisés. Cette stratégie économique est légitimée par une idéologie raciste et post-coloniale qui construit l’image de l’immigré comme ennemi intérieur responsable du chômage et de l’insécurité, créant ainsi un climat de haine, la guerre de tous contre tous : diviser pour mieux régner.

Dans ce monde de soumission et de résignation, où l’État impose sa terreur à coups de contrôles, de flics, de juges, de prisons, lorsque des individus, du fond de leur trou, passent à l’offensive en détruisant une prison, ça nous touche parce que nous aussi nous sommes enfermés, contrôlés, jugés pour mieux être exploités. La destruction d’une prison, c’est un peu d’air et d’espoir, comme un écho aux révoltes dans les pays du maghreb et du moyen-orient. Lorsque le pouvoir approuve du bout des lèvres ces révoltes, c’est pour ériger nos démocraties comme unique modèle, en oubliant qu’ici aussi, on exploite, on enferme, on tue, au nom de la liberté, celle des puissants, qui vivent sur notre dos, qui nous volent jusque nos vies pour s’enrichir.

Voilà pourquoi nous nous réjouissons quand une prison brûle. Voilà pourquoi nous nous réjouissons que partout dans les centres de rétention éclatent des révoltes. Les révoltés de Marseille ont brûlé leur prison de l’intérieur, poursuivons la lutte à l’extérieur. Organisons nous pour soutenir les 6 inculpés.

contact : soutien6cra[arobase]riseup.net

45 jours pour te punir de ne pas avoir les bons papiers

45 jours pour te punir de ne pas avoir les bons papiers

Le lundi 18 juillet 2011 de nouvelles dispositions de la loi sur l’immigration dite loi Besson entreront en vigueur. Les personnes sans-papiers resteront désormais 45 jours en rétention au lieu de 32 auparavant.

45 jours enfermés, mis à disposition de l’administration pour qu’elle organise l’expulsion. Cela veut dire 45 jours dans l’angoisse de voir son nom affiché sur la liste des vols, dans l’angoisse d’entendre son nom résonner dans les hauts-parleurs, dans l’angoisse de voir les flics débarquer dans sa chambre.

45 jours où lorsque toutes les portes de sortie du labyrinthe juridique se sont refermées les unes après les autres, trop de gens n’entrevoient plus que l’auto-mutilation et la tentative de suicide pour échapper à l’expulsion.

Et si on a « la chance » de ne pas être expulsé, ce sont quand même 45 jours pendant lesquels on ne peut plus voir sa famille et ses amis comme on veut. 45 jours a ne plus pouvoir aller dans les endroits qu’on aime. 45 jours pendant lesquels on perdra peut-être son travail, son logement, ses affaires. 45 jours de volés par des fonctionnaires en uniforme ou en civil.

Dans le quotidien de ces prisons ce sont 45 jours où il faut mendier pour tout : avoir un stylo, avoir un médicament autre qu’un tranquillisant, avoir du feu pour allumer une clope, manger autre chose que la nourriture dégueulasse et parfois périmée du centre.

Mais peut-être aussi 45 jours où la solidarité et les révoltes collectives enrayeront la machine à expulser.

45 jours pour foutre le feu…

De toutes façons un jour de liberté volée, ce sera toujours un jour de trop, c’est ce que nous sommes allés rappeler le jeudi 14 juillet 2011 sous les murs du centre de rétention de Vincennes en criant liberté en écho avec les retenus.

Ni rétention ni expulsion, liberté de circulation et d’installation !

Des papiers pour toutes et tous ou plus de papiers du tout !

fermeturetention@yahoo.fr

Trois textes de la lutte des harragas mai juin 2011

À télécharger brochure 6 pages (.pdf)

APPEL DU COLLECTIF DES TUNISIENS DE LAMPEDUSA À PARIS À MANIFESTER

SAMEDI 21 MAI 2011

Nous, collectif des tunisiens de Lampedusa, fils de la Révolution, nous avons pris la tête de la manifestation du 1er mai.

Nous avons pris l’immeuble vide avenue Simon Bolivar dont nous avons été expulsés violemment par la police sous l’ordre de la mairie. Plusieurs ont été expulsés en Italie, certains sont encore enfermés au centre de rétention.

Puis, nous avons pris le gymnase de la Fontaine au Roi, nous y sommes depuis le 7 mai. La mairie s’était engagée à reloger tous les occupants du gymnase, mais depuis elle a abandonné les négociations. Dans le foyer qu’elle propose à Saint Honoré nous n’avons aucune liberté : contrairement à ce qui nous a été dit, nous sommes obligés de quitter le foyer le jour. Nous devons rentrer avant 23h. Nous ne pouvons recevoir des visites. Nous dormons jusqu’à sept par chambre. Nous sommes filmés. La mairie débloque de l’argent pour les associations humanitaires, mais rien pour vivre ensemble.

Nous exigeons un lieu pour vivre et nous organiser !

Depuis que nous sommes arrivés, la police nous chasse partout où nous sommes (Quatre Chemins, Porte de la Villette, Belleville, occupation de Bolivar, etc.). Mais nous allons continuer à nous battre. En 2008, la France et la Tunisie ont signé un accord qui prévoit la délivrance de 9000 permis de séjour par an pour les tunisiens. Le gouvernement a lui-même dit n’avoir accordé qu’une petite partie de ces titres de séjour et pourtant ils nous expulsent.

Nous voulons des papiers pour tous, pour travailler, pour poursuivre nos études, pour avoir accès aux soins médicaux, pour circuler et vivre librement.

NI POLICE NI CHARITÉ ! UN LIEU POUR S’ORGANISER ! PAPIERS ET LIBERTÉ POUR TOUS !

***

COUPS DE SOLEIL POUR LES TOURISTES, COUPS DE MATRAQUE POUR LES RÉVOLTÉS

Perturbation du « village du Jasmin » de la mairie de Paris

Dimanche 22 mai (et la veille) se tenait sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris le « village du Jasmin ». En fait une opération publicitaire organisée par la mairie et l’office du tourisme tunisien pour vendre la Tunisie aux promoteurs et aux touristes. Peu avant 16h, une cinquantaine de harragas et de personnes solidaires se sont invités dans cette opération de com’ pour la perturber. « Papiers, Liberté », « solidarité avec les sans-papiers », « Delanoë, premier des Benalistes » et autres slogans ont parcouru les stands, tandis que le tract ci-dessous était distribué. Enfin, malgré le harcèlement et la pression physique des vigiles, nous avons réussi à faire notre petit tour avant de nous aller, comme nous étions venus, tous ensemble.

L’État français a soutenu le gouvernement de Ben Ali jusqu’à la dernière seconde, et continue aujourd’hui d’apporter son soutien au nouveau gouvernement, pour défendre les mêmes intérêts économiques. A l’heure où la révolte continue en Tunisie et où la répression ne cesse de s’abattre, les métros parisiens et les journaux nous inondent de publicités vantant le retour au calme en Tunisie, et, comble du cynisme, ces publicitaires trouvent leur inspiration dans la répression sanglante de la révolte tunisienne : « Il paraît qu’en Tunisie les balles fusent », illustré par un terrain de golf, une autre affiche nous propose d’aller se détendre face à une mer d’huile, tandis que des centaines de bateaux quittent ces mêmes côtes pour l’Europe. S’ils ont la chance d’éviter le harcèlement des gardes-côtes ou de ne pas couler en mer, les seuls hôtels auxquels ces milliers de migrants peuvent prétendre sont des centres de rétention, des camps gérés militairement ouverts pour l’occasion ou des foyers gérés par des associations humanitaires grassement rémunérées décrits par leurs occupants comme des prisons. Ils sont de plus chassés quotidiennement par la police dans la rue. Et si les touristes décident eux-mêmes quand partir et combien de temps jouir de leurs vacances, les États européens se réservent le choix du peu de migrants qu’ils gardent et du reste qu’ils jettent, au travers d’expulsions quotidiennes.

Ce week-end, place de l’Hôtel de Ville, on admire la vitrine de la complicité à la guerre et à l’exploitation, sous couvert de solidarité économique.

Aux côtés des harragas en lutte,

Ni tourisme, ni frontières,

Des papiers pour tous ou plus de papiers du tout !

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TOUJOURS PLUS DE FLOUZE POUR LES FRIQUÉS ET DE RÉPRESSION POUR LES RÉVOLTÉS !

Perturbation au salon de l’immobilier tunisien

Aujourd’hui samedi 11 juin, une trentaine de harragas et de solidaires sont allés perturber le salon de l’immobilier tunisien, porte de Champerret (17e). Derrière une banderole « Ni business ni frontières », nous avons effectué un petit tour du hall en distribuant le tract ci-dessous, et en gueulant « Des papiers pour tous », « ni frontières, ni business »,… Malgré la lourde présence des gros bras au service des riches, cela ne nous a pas empêché de venir perturber ce salon, ni de sentir l’odeur de nombreuses boules puantes qui ont éclaté sous nos pas juste avant de sortir.

Depuis la veille, on pouvait aussi voir de grands tags dans le quartier : « Détruisons la propriété », « Brûlons les frontières », « Vive la révolution », « A bas le commerce », « Liberté pour tous avec ou sans papiers », tandis qu’une énorme banderole en français et en arabe était suspendue non loin, au-dessus du périphérique : « Ni business ni frontières ».

Bienvenue au salon de l’immobilier tunisien. Là-bas, il y a toujours des affaires à faire. Cette foire commerciale ne s’adresse pas seulement aux entrepreneurs français qui voudraient faire des investissements locatifs en profitant de leurs liquidités pour se faire de la thune sur le dos des pauvres de là-bas, ou aux riches Français qui voudraient acheter une belle demeure. Il concerne aussi les riches ressortissants Tunisiens qui voudraient investir dans une résidence secondaire ou dans un bien immobilier.

À ces derniers, l’État français dit bienvenue. Il encourage même ce salon depuis 4 ans. Avec ou sans Ben Ali, business is business. Avec ce changement de façade ou sans lui, les puissants arrivent très bien à s’entendre pour faire fructifier leurs privilèges économiques. Dictature ou démocratie n’altère que très marginalement ces rapports-là : au final, c’est bien l’argent qui gouverne.

Quant aux milliers de Harragas qui ont réussi tant bien que mal à quitter la Tunisie, les Etats européens ont investi pour eux depuis plus de 20 ans dans d’autres types de biens immobiliers : des centres de rétention et pour l’occasion, des camps gérés militairement. Ayant lutté, les plus « chanceux » pourront obtenir un « bon » pour dormir dans un gymnase sous le contrôle des flics de la Mairie de Paris ou très provisoirement être parqués dans des foyers humanitaires décrits par leurs occupants comme des prisons. Et encore, il faut qu’ils parviennent à échapper à la chasse quotidienne que leur mène la police dans la rue et les transports. Pour ceux qui essayent d’occuper des immeubles vides pour habiter et s’auto-organiser, leurs propriétaires, qu’il s’agisse de la Mairie de Paris ou de l’Aftam qui est un des plus gros gestionnaires de foyers, ne leur réservent pas un meilleur sort : de toute façon expulsion à coups de matraques, et au choix arrestation, garde-à-vue, arrêté de reconduite à la frontière, enfermement en centre de rétention voire départ forcé… Au final, c’est l’État qui fait le tri entre le peu de migrants autorisés à rester et les très nombreux autres, condamnés à trimer dans des boulots de merde faute de carte de séjour et à faire sans cesse attention au risque de se voir expulser hors du territoire.

Organisé par l’entreprise Orsaf tenue par la famille Landoulsi qui a bâti sa fortune sur le marché de l’immobilier tunisien, ce salon se contrefout du sort réservé aux Harragas. Comme il voudrait bien enterrer une révolte qui continue de gronder en Tunisie malgré une répression toujours plus acharnée, puisqu’il faut bien que l’économie continue de tourner.

NI BUSINESS ! NI FRONTIÈRES !

Aux côtés des Tunisiens en lutte, des papiers pour tous ou plus de papiers du tout !
Tant qu’il y aura des papiers et de l’argent, il n’y en aura jamais assez pour tous !