Août 25, 2014
[Centre de rétention de Vincennes] La grève de la faim continue après la mort de Abdelhak Goradia
Dimanche 24 août 2014, centre de rétention de Vincennes
Les retenus du bâtiment 1 du centre de rétention de Vincennes sont en grève de la faim depuis vendredi suite au décès de l’un des leurs, mort asphyxié dans un fourgon de la PAF alors qu’il était conduit à l’aéroport pour être expulsé.
« On est toujours en grève de la faim. Le commandant n’est pas revenu nous voir depuis vendredi. La nuit a été calme. Mais les policiers continuent de nous provoquer. Ils veulent qu’on mange et ils nous cherchent, ils veulent qu’on craque. D’habitude il y a 2 policiers dans les parties communes, là ils sont 5 ou 6... » « On continue la grève de la faim. Il n’y a pas de changements. Les policiers essaient de nous convaincre de manger. Dès la première tentative d’expulsion, les policiers avaient scotché Abdelhak. Ils lui avaient scotché les jambes et menotté les mains dans le dos. C’est pas normal! Ils l’ont amené comme ça dans l’avion et c’est le commandant de bord qui a refusé de le prendre, parce qu’il était complètement ligoté. On ne demande rien pour nous. On ne veut pas que ça se reproduise. C’est pas normal. On est des êtres humains. Il y a des policiers qui nous traitent comme des chiens. »
Samedi 23 août 2014. COMMUNIQUÉ DES GRÉVISTES DE LA FAIM DU CENTRE DE RÉTENTION DE VINCENNES
Jeudi 21 août 2014, Abdelhak Goradia est décédé alors qu’il était conduit par les flics à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle pour être expulsé vers l’Algérie. Il avait réussi à refuser une première fois son expulsion le 16 août dernier. Selon la version policière, c’est dans le fourgon en arrivant à l’aéroport qu’il aurait eu « une crise cardiaque ». Les flics ont même parlé d’une mort naturelle. Or, l’autopsie a révélé qu’il était décédé par asphyxie. Ce n’est pas la première fois qu’une personne décède lors de son expulsion. Plusieurs sans papiers sont en effet morts assassinés par la PAF comme Ricardo Barrientos en décembre 2002 ou Mariame Getu Hagos en janvier 2003.
Les retenus du bâtiment 1 de Vincennes se sont mis en grève de la faim dès qu’ils ont appris la mort de leur camarade. Ils ont rédigé un communiqué que nous reproduisons ci dessous même si nous ne partageons pas tout son contenu. Nous voulons apporter notre solidarité, aussi minime soit-elle, en relayant la paroles et les initiatives de ceux qui ont choisi de ne pas laisser sans réaction et colère la mort de leur compagnon d’infortune et sont entrés en lutte. La grève de la faim est un moyen souvent utilisé par les retenus mais elle affaiblie le corps dans un moment où la force est nécessaire pour résister, résister à la police, résister à l’expulsion, résister à la violence. C’est un moyen qui peut, souhaitons le et encourageons le, mener à d’autres, comme en 2008. Les formes d’action sont multiples et il faut remettre ça dans son contexte : un lieu d’enfermement, ou personne ne se connaît et ne partage autre chose que la situation d’être enfermé par l’État. Pour l’instant… Ce moment mènera sûrement à des discussions et à d’autres initiatives. Cela dépend aussi du relai et du soutien que l’on y apporte.
Sur les points du communiqué, nous rappelons seulement que pour nous rien n’est aménageable, qu’un jour passé en prison est un jour de trop et que nous pensons que la justice sera toujours là pour enfermer et opprimer les pauvres et celles/ceux qui refusent de se taire. Liberté pour toutes et tous. Solidarité avec la lutte des retenus.
« Nous, retenus du bâtiment 1 du CRA de Vincennes, demandons: – que des journalistes puissent venir voir les conditions de vie dans le centre – que les acteurs des violences envers M. Goradia soient punis, car ils l’ont tabassé à mort. – que la durée de rétention soit réduite à 20 jours car il y a trop de violences. Ce n’est pas la peine, 45 jours, ça ne sert à rien – que la nourriture soit améliorée. On mange très mal alors qu’on n’a pas demandé à être ici. – Une partie de la police est très agressive verbalement et fait des provocations. Ils vont jusqu’à dire des insultes dans le micro. Ils hurlent et font des gestes obscènes. On ne négociera pas. On continuera la grève de la faim tant que nos
revendications ne seront pas satisfaites »