Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

Le vent de la liberté ne connait pas les frontières !

LE VENT DE LA LIBERTÉ NE CONNAIT PAS LES FRONTIÈRES !

L’air qui fait souffler les révoltes en Tunisie, en Égypte, en Libye est arrivé jusqu’à nos côtes, mettant en crise l’une des nombreuses structures de l’oppression en Europe : les centres de rétention, les centres où sont emprisonnés les sans papiers. Depuis que ces centres sont peuplés de centaines de tunisiens débarqués à Lampedusa et qui ont vu leur voyage vers la France s’interrompre brutalement et se transformer en une cruelle détention de 6 mois, les luttes se succèdent.

Émeutes, grèves de la faim collectives, incendies, affrontements avec la police, personnes emprisonnées : les cages des centres de rétention ressemblent ces derniers mois aux routes de Thala et Kasserine ou de la Tunisie en révolte avant la chute de Ben Ali.

Grâce à la dignité et à la détermination des retenus, le centre de rétention de Gradisca devra rapidement être vidé, ceux de Turin et de Bologne ont du fermer plusieurs sections, ceux de Bari et Brindisi sont hors de contrôle.

En France, de nombreuses personnes arrêtées à la frontière italienne ou dans les gares ont également été enfermées en centre de rétention et ont participé à des révoltes comme à Vincennes en février ou au centre de rétention de Marseille qui a brûlé le 10 mars dernier. Suite à cet incendie, 6 personnes, des tunisiens et des algériens ont été emprisonnés à la prison des Baumettes.

Et comme le sait chaque personne sans papiers, moins de place dans les centres de rétention, cela signifie moins de risque d’être enfermés pour des mois à cause d’un contrôle de papier dans la rue, d’un contrôle zélé dans les transports ou d’un rafle dans un immeuble occupé par des étrangers.

NI CENTRE DE RÉTENTION NI EXPULSION,

DES PAPIERS POUR TOUS OU PLUS DE PAPIERS DU TOUT,

SOLIDARITÉ AVEC LES RÉVOLTÉS D’ICI ET D’AILLEURS !

avril 2011

Du scandale d’Arenc à la légalisation des centres de rétention

Du scandale d’Arenc à la légalisation des centres de rétention

En 1975, à Marseille, est distribué un tract qui révèle que : « Depuis 1964 existe au cœur des quartiers nord une prison clandestine, contrôlée entièrement par la police, où sont séquestrés des travailleurs immigrés ».

Cette prison clandestine se trouve sur le quai de la gare maritime d’Arenc, dans un hangar. Une manifestation est organisée le 14 juin 1975 en direction d’Arenc pour exiger la fermeture immédiate de cette prison illégale. L’illégalité vient du fait que les étrangers y sont enfermés sans qu’aucune autorité judiciaire n’ait connaissance de l’existence, de la durée, ni des causes de cette incarcération. Les étrangers y sont donc enfermés sur simple décision administrative, en l’occurrence sur décision des autorités de police. Le préfet et le ministre, qui avaient commencé par nié les faits, déclarent qu’il s’agit en fait d’un « centre d’hébergement » pour étrangers sans titre de séjour. L’habillage de ce lieu en « centre d’hébergement » étant peu convaincant, le gouvernement de droite de l’époque va alors tenter de légiférer pour régulariser cette situation. En effet dans l’ordonnance qui régit le séjour des étrangers en France depuis 1945, rien n’autorise la détention administrative d’un étranger pour défaut de papier. La dernière loi qui le permettait date de 1938, et c’est la loi qui a instauré l’enfermement des étrangers sans-papiers dans des camps d’internement, loi qui s’est ensuite étendue, pendant la guerre, à la détention administrative de tous les autres indésirables français et étrangers avec papiers, notamment en vue de leur déportation en Allemagne. Après plusieurs tentatives de légifération, la loi Peyrefite de février 1981, dite « Sécurité et Liberté », légalise la « rétention » administrative des sans-papiers, en vue de leur expulsion. Une fois arrivés au pouvoir en mai 1981, Mitterand et le parti socialiste, loin de remettre en question la loi Peyrefite, avalisent la rétention administrative et ouvrent au cours de leur gouvernance 12 nouveaux centres de rétention, et de nombreux locaux de rétention dans les commissariats, gendarmeries, hôtels de police, etc. Les socialistes, dès 1975, faisaient parti de ceux qui dénonçaient la prison d’Arenc, et demandaient sa fermeture. La trahison fut de taille pour beaucoup même si elle n’est pas surprenante… L’expérience de la lutte contre la prison d’Arenc est cependant très instructive. Elle montre notamment que la vraie question n’est pas l’aspect légal ou pas de l’enferment des sans-papiers, mais bien l’enfermement des sans-papiers en lui-même.

article du Collectif Anti-Expulsion (CAE), le 7 mai 2004

Sans Papiers Ni Frontières n°1 juillet 2010

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Affiche Rafles

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