Sans Papiers Ni Frontières

Icon

Contre les frontières et leurs prisons

Émission Sans Papiers Ni Frontières janvier 2012

SOMMAIRE 

 Rendu du jugement, procès en appel de l’incendie de CRA de Vincennes.

 Retour sur les résistances du début du mois de décembre au CRA de Vincennes, avec la présence de deux ex-retenus.

 Nouvelles d’ici et d’ailleurs
(Italie, Espagne, Belgique, Bastia…)

Flyer radio

Télécharger le pdf

Sans Papiers Ni Frontières n°4

 

Télécharger le PDF

Centre de rétention de Vincennes, 9 décembre 2011

Centre de rétention de Vincennes 9 décembre 2011

Dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 décembre 2012, une vingtaine de retenus du centre de rétention ont empêché l’expulsion de deux de leurs camarades. Suite à cela, ils ont été mis en garde à vue dans deux commissariats, puis remis en rétention après avoir subi une grosse pression des policiers, les menaçant de les envoyer en prison. Les deux Algériens qui devaient être expulsés sont passés en comparution immédiate. Ils ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis et 3 ans d’interdiction du territoire français avec « exécution provisoire »… autrement dit : retour en rétention pour 45 jours. L’un des deux a déjà été expulsé depuis. Pour l’autre, qui témoigne ici, il est passé devant le juge des libertés et de la détention mardi 12 décembre et a été libéré.

Vendredi 9 décembre 2011, centre de rétention de Vincennes

Centre de rétention 2

« Je suis déjà allé au centre de rétention, je suis sorti le 5 août, j’ai passé 32 jours, je suis sorti même pas un mois. Dehors ils m’ont encore attrapé pour un contrôle de papier, ils m’ont ramené au centre pour 45 jours. Au bout de 45 jours t’es libéré. Moi j’ai fait 44 jours. Le dernier jour, ils m’ont mis un vol pour m’expulser en Algérie. Moi je voulais pas rentrer. Les policiers, chaque soir vers 22 heures, mettent une liste pour dire pour le lendemain les gens qui vont partir au juge et les gens qui ont un vol. Quand ils ont mis la liste, j’ai vu mon nom et celui d’un pote à moi, un Algérien aussi. On avait un vol pour Alger.

On a décidé. On était 23 personnes. Il y avait des Pakistanais, des renois, des Roumains. On est rentré dans une chambre. Le vol était à 8 heures. Normalement les policiers viennent te prendre vers 4 heures et demi. Nous, on était dans une petite chambre, les 23 personnes. Chaque personne avait ramené sa chaise, on a bloqué la porte avec les matelas et les chaises. On est resté presque 5 heures dans la chambre, on a appelé des avocats, des associations, personne n’a répondu, ni n’est venu. Les flics avaient des gazeuses et des lacrymogènes. Il y a quand même un avocat qui est venu devant le centre, il nous a appelés avec un portable quand il était devant mais ils ont pas voulu le laisser rentrer.

Vers 4 heures et demi les policiers sont venus, on voulait pas sortir. Alors ils ont appelé les casques bleus, les crs de l’extérieur. Ils ont cassé la porte et sont rentrés. Moi j’ai coupé tout mon ventre avec une lame, et j’ai mangé 3 lames. Je peux même pas bouger .

On est parti à l’hopital. On est resté même pas une heure et de l’hopital on est parti direct en garde à vue. On y est resté presque 4 heures et après, mon pote et moi, on est allé au palais de justice de Cité. Le juge a dit « 45 jours » pour moi et mon pote. C’était pas le JLD. C’était le juge pour la porte cassée. Quand on est parti en garde à vue on est parti tous, les 23 personnes. Les policiers ont dit : « c’est toi et ton pote qui avez décidé de rentrer dans la chambre ». On aurait dit aux gens « viens on va faire une soirée », soi-disant, les gens seraient rentrés dans la chambre et on aurait bloqué les portes pour que personne ne sorte. Mais ils sont tous plus grands que moi, moi je suis petit. En plus quand les policiers ont voulu ouvrir la porte, c’est tout le monde qui tenait la porte pour que les policiers ne rentrent pas. Le juge a dit « c’est toi qui a bloqué la porte et t’as dit aux gens de pas sortir ». Comme si je les avais pris en otage, comme si moi tout seul je pouvais bloquer 23 personnes alors que les policiers n’arivaient même pas à ouvrir la porte.

Quand je suis rentré au centre, j’ai fait une corde avec le drap pour me suicider. Ma gorge est toute rouge, ils m’ont emmené à l’hopital, puis ils m’ont ramené ici. Après j’ai mangé deux lames, maintenant dans mon ventre il y a quatre lames, et je suis toujours là. Hier soir vers 23h, ils ont appelé mon pote pour lui dire qu’il fallait qu’il signe des papiers. Ils l’ont pris, ils l’ont emmené et là il est en Algérie. Il a trois lames dans son ventre, et il a aussi déchiré son ventre avec une lame. Moi je sais pas quoi faire. Sur les 23 personnes, ils en ont libéré deux et les autres ils sont là. Ils sont dans le même centre que moi, mais il y a 3 CRA. Moi j’étais dans le 3, là ils m’ont mis dans le 2. Mais je suis juste à côté, je parle avec eux tout le temps parce qu’il y a juste un grillage. Les flics leur ont demandé de témoigner contre moi. Les flics m’ont dit qu’ils avaient témoigné contre moi mais les autres m’ont juré que c’était pas vrai, qu’en garde à vue ils ont dit qu’ils voulaient pas que leurs potes partent et que c’est pour ça qu’ils ont bloqué la porte. Tout le monde a dit ça. Normalement dans 5 jours je passe chez le juge. Le mardi à 16h je devais être libéré, et en fait le mardi j’ai recommencé la rétention. Le 12 je devrais passer en jugement.

Moi je veux juste sortir, je veux quitter la France, je veux pas aller en Algérie mais je veux sortir de là. L’Espagne, la Belgique mais pas l’Algérie. Toute ma famille est ici. Je vis chez ma tante, j’ai tout, je déclare les impôts, j’ai ma carte bleue… Je veux pas aller là-bas, c’est trop difficile pour revenir ici. J’ai personne là-bas, je veux pas être SDF là-bas. Là ,je fais une grêve de la faim. Depuis le jour du vol, j’ai rien mangé, juste de l’eau et du sucre. Il en ont rien à foutre. Ici je sors pas de ma chambre, je ne parle avec personne. »

Centre de rétention 3

« La moitié des gens sont foncedés avec du Valium et du Rivotril. Mal à la tête : valium. Mal à l’estomac : Rivotril. Que des médicaments de ouf. Je dors 15 heures, j’me lève j’suis fatigué, j’suis mort. Ça me fait tourner la tête. T. (l’un des 2 algériens qui devaient être expulsés), ils l’ont sorti du CRA N°1 , ils l’ont emmené direct. Les policiers l’ont appelé à la gestion, ils lui ont dit : « viens on s’est trompé dans le coffre ». Au moment où il est sorti, ils l’ont scotché. Ils l’ont laissé à l’aéroport avec son short et une seule claquette. Et le pied gauche nu. Ils l’ont expulsé ce matin. Là tout le centre est en trac. L’autre algérien, M., il a des points de suture, c’est pour ça qu’il a manqué son vol. Y en a d’autres qui avaient des vols. Tout le monde est en trac, personne ne trouve la réponse. Tout le monde est en état de choc. Mohamed, il a perdu toutes ses affaires, je lui ai prêté des vêtements. Ils lui ont rajouté 45 jours. À chaque fois le médecin l’appellent pour lui donner des médicaments. Chaque fois que je l’appelle il dort. L’Assfam, elle, est vraiment débordée, toujours avec des nouveaux, elle a pas trop le temps. Dans le centre on est tous calmes, on est en surdose. On nous donne des médicaments. Après la garde à vue de mardi, ils ont calmé tout le monde. Pour les médicaments, c’est le médecin ou l’infirmière qui nous appellent un par un, comme pour une visite. La plupart d’entre nous parle pas français. Ils demandent ce que tu as, comment tu te sens et après ils donnent à tout le monde des médicaments. Ils nous donnent pas les médicaments dans les emballages. J’ai demandé « C’est quoi c’est du valium ? » et elle m’a dit « Non c’est juste pour te détendre ça va t’aider à dormir ». Elle m’a donné du Lexomil. Y en a à qui ils donnent du Subutex.

Ici tout le monde attend la liste des vols et personne réclame parce qu’à chaque fois ils menacent. Les policiers sont pas cools avec nous en ce moment. On sort avec la fouille, on rentre avec la fouille. Personne nous respecte, moi je m’embrouille 15 000 fois avec eux par rapport au manque de respect. Depuis lundi c’est comme ça parce qu’il y a le directeur. Le directeur avant on le voyait pas, on le voyait jamais, et depuis lundi il commence à monter dans les CRA, à regarder. Eux, quand ils voient leur chef, ils commencent à nous mettre la pression. Lui il met la pression aux policiers et les policiers nous mettent la pression à nous. »

fermeturetention(at)yahoo.fr

Numéros des cabines centre de rétention de Vincennes :

centre de rétention 2 : 01 48 93 69 47 – 01 48 93 69 62 – O1 48 93 90 42

centre de rétention 3 : 01 48 93 99 80 – 01 43 76 50 87 – 01 48 93 91 12

45 jours pour te punir de ne pas avoir les bons papiers

45 jours pour te punir de ne pas avoir les bons papiers

Le lundi 18 juillet 2011 de nouvelles dispositions de la loi sur l’immigration dite loi Besson entreront en vigueur. Les personnes sans-papiers resteront désormais 45 jours en rétention au lieu de 32 auparavant.

45 jours enfermés, mis à disposition de l’administration pour qu’elle organise l’expulsion. Cela veut dire 45 jours dans l’angoisse de voir son nom affiché sur la liste des vols, dans l’angoisse d’entendre son nom résonner dans les hauts-parleurs, dans l’angoisse de voir les flics débarquer dans sa chambre.

45 jours où lorsque toutes les portes de sortie du labyrinthe juridique se sont refermées les unes après les autres, trop de gens n’entrevoient plus que l’auto-mutilation et la tentative de suicide pour échapper à l’expulsion.

Et si on a « la chance » de ne pas être expulsé, ce sont quand même 45 jours pendant lesquels on ne peut plus voir sa famille et ses amis comme on veut. 45 jours a ne plus pouvoir aller dans les endroits qu’on aime. 45 jours pendant lesquels on perdra peut-être son travail, son logement, ses affaires. 45 jours de volés par des fonctionnaires en uniforme ou en civil.

Dans le quotidien de ces prisons ce sont 45 jours où il faut mendier pour tout : avoir un stylo, avoir un médicament autre qu’un tranquillisant, avoir du feu pour allumer une clope, manger autre chose que la nourriture dégueulasse et parfois périmée du centre.

Mais peut-être aussi 45 jours où la solidarité et les révoltes collectives enrayeront la machine à expulser.

45 jours pour foutre le feu…

De toutes façons un jour de liberté volée, ce sera toujours un jour de trop, c’est ce que nous sommes allés rappeler le jeudi 14 juillet 2011 sous les murs du centre de rétention de Vincennes en criant liberté en écho avec les retenus.

Ni rétention ni expulsion, liberté de circulation et d’installation !

Des papiers pour toutes et tous ou plus de papiers du tout !

fermeturetention@yahoo.fr

Trois textes de la lutte des harragas mai juin 2011

À télécharger brochure 6 pages (.pdf)

APPEL DU COLLECTIF DES TUNISIENS DE LAMPEDUSA À PARIS À MANIFESTER

SAMEDI 21 MAI 2011

Nous, collectif des tunisiens de Lampedusa, fils de la Révolution, nous avons pris la tête de la manifestation du 1er mai.

Nous avons pris l’immeuble vide avenue Simon Bolivar dont nous avons été expulsés violemment par la police sous l’ordre de la mairie. Plusieurs ont été expulsés en Italie, certains sont encore enfermés au centre de rétention.

Puis, nous avons pris le gymnase de la Fontaine au Roi, nous y sommes depuis le 7 mai. La mairie s’était engagée à reloger tous les occupants du gymnase, mais depuis elle a abandonné les négociations. Dans le foyer qu’elle propose à Saint Honoré nous n’avons aucune liberté : contrairement à ce qui nous a été dit, nous sommes obligés de quitter le foyer le jour. Nous devons rentrer avant 23h. Nous ne pouvons recevoir des visites. Nous dormons jusqu’à sept par chambre. Nous sommes filmés. La mairie débloque de l’argent pour les associations humanitaires, mais rien pour vivre ensemble.

Nous exigeons un lieu pour vivre et nous organiser !

Depuis que nous sommes arrivés, la police nous chasse partout où nous sommes (Quatre Chemins, Porte de la Villette, Belleville, occupation de Bolivar, etc.). Mais nous allons continuer à nous battre. En 2008, la France et la Tunisie ont signé un accord qui prévoit la délivrance de 9000 permis de séjour par an pour les tunisiens. Le gouvernement a lui-même dit n’avoir accordé qu’une petite partie de ces titres de séjour et pourtant ils nous expulsent.

Nous voulons des papiers pour tous, pour travailler, pour poursuivre nos études, pour avoir accès aux soins médicaux, pour circuler et vivre librement.

NI POLICE NI CHARITÉ ! UN LIEU POUR S’ORGANISER ! PAPIERS ET LIBERTÉ POUR TOUS !

***

COUPS DE SOLEIL POUR LES TOURISTES, COUPS DE MATRAQUE POUR LES RÉVOLTÉS

Perturbation du « village du Jasmin » de la mairie de Paris

Dimanche 22 mai (et la veille) se tenait sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris le « village du Jasmin ». En fait une opération publicitaire organisée par la mairie et l’office du tourisme tunisien pour vendre la Tunisie aux promoteurs et aux touristes. Peu avant 16h, une cinquantaine de harragas et de personnes solidaires se sont invités dans cette opération de com’ pour la perturber. « Papiers, Liberté », « solidarité avec les sans-papiers », « Delanoë, premier des Benalistes » et autres slogans ont parcouru les stands, tandis que le tract ci-dessous était distribué. Enfin, malgré le harcèlement et la pression physique des vigiles, nous avons réussi à faire notre petit tour avant de nous aller, comme nous étions venus, tous ensemble.

L’État français a soutenu le gouvernement de Ben Ali jusqu’à la dernière seconde, et continue aujourd’hui d’apporter son soutien au nouveau gouvernement, pour défendre les mêmes intérêts économiques. A l’heure où la révolte continue en Tunisie et où la répression ne cesse de s’abattre, les métros parisiens et les journaux nous inondent de publicités vantant le retour au calme en Tunisie, et, comble du cynisme, ces publicitaires trouvent leur inspiration dans la répression sanglante de la révolte tunisienne : « Il paraît qu’en Tunisie les balles fusent », illustré par un terrain de golf, une autre affiche nous propose d’aller se détendre face à une mer d’huile, tandis que des centaines de bateaux quittent ces mêmes côtes pour l’Europe. S’ils ont la chance d’éviter le harcèlement des gardes-côtes ou de ne pas couler en mer, les seuls hôtels auxquels ces milliers de migrants peuvent prétendre sont des centres de rétention, des camps gérés militairement ouverts pour l’occasion ou des foyers gérés par des associations humanitaires grassement rémunérées décrits par leurs occupants comme des prisons. Ils sont de plus chassés quotidiennement par la police dans la rue. Et si les touristes décident eux-mêmes quand partir et combien de temps jouir de leurs vacances, les États européens se réservent le choix du peu de migrants qu’ils gardent et du reste qu’ils jettent, au travers d’expulsions quotidiennes.

Ce week-end, place de l’Hôtel de Ville, on admire la vitrine de la complicité à la guerre et à l’exploitation, sous couvert de solidarité économique.

Aux côtés des harragas en lutte,

Ni tourisme, ni frontières,

Des papiers pour tous ou plus de papiers du tout !

***

TOUJOURS PLUS DE FLOUZE POUR LES FRIQUÉS ET DE RÉPRESSION POUR LES RÉVOLTÉS !

Perturbation au salon de l’immobilier tunisien

Aujourd’hui samedi 11 juin, une trentaine de harragas et de solidaires sont allés perturber le salon de l’immobilier tunisien, porte de Champerret (17e). Derrière une banderole « Ni business ni frontières », nous avons effectué un petit tour du hall en distribuant le tract ci-dessous, et en gueulant « Des papiers pour tous », « ni frontières, ni business »,… Malgré la lourde présence des gros bras au service des riches, cela ne nous a pas empêché de venir perturber ce salon, ni de sentir l’odeur de nombreuses boules puantes qui ont éclaté sous nos pas juste avant de sortir.

Depuis la veille, on pouvait aussi voir de grands tags dans le quartier : « Détruisons la propriété », « Brûlons les frontières », « Vive la révolution », « A bas le commerce », « Liberté pour tous avec ou sans papiers », tandis qu’une énorme banderole en français et en arabe était suspendue non loin, au-dessus du périphérique : « Ni business ni frontières ».

Bienvenue au salon de l’immobilier tunisien. Là-bas, il y a toujours des affaires à faire. Cette foire commerciale ne s’adresse pas seulement aux entrepreneurs français qui voudraient faire des investissements locatifs en profitant de leurs liquidités pour se faire de la thune sur le dos des pauvres de là-bas, ou aux riches Français qui voudraient acheter une belle demeure. Il concerne aussi les riches ressortissants Tunisiens qui voudraient investir dans une résidence secondaire ou dans un bien immobilier.

À ces derniers, l’État français dit bienvenue. Il encourage même ce salon depuis 4 ans. Avec ou sans Ben Ali, business is business. Avec ce changement de façade ou sans lui, les puissants arrivent très bien à s’entendre pour faire fructifier leurs privilèges économiques. Dictature ou démocratie n’altère que très marginalement ces rapports-là : au final, c’est bien l’argent qui gouverne.

Quant aux milliers de Harragas qui ont réussi tant bien que mal à quitter la Tunisie, les Etats européens ont investi pour eux depuis plus de 20 ans dans d’autres types de biens immobiliers : des centres de rétention et pour l’occasion, des camps gérés militairement. Ayant lutté, les plus « chanceux » pourront obtenir un « bon » pour dormir dans un gymnase sous le contrôle des flics de la Mairie de Paris ou très provisoirement être parqués dans des foyers humanitaires décrits par leurs occupants comme des prisons. Et encore, il faut qu’ils parviennent à échapper à la chasse quotidienne que leur mène la police dans la rue et les transports. Pour ceux qui essayent d’occuper des immeubles vides pour habiter et s’auto-organiser, leurs propriétaires, qu’il s’agisse de la Mairie de Paris ou de l’Aftam qui est un des plus gros gestionnaires de foyers, ne leur réservent pas un meilleur sort : de toute façon expulsion à coups de matraques, et au choix arrestation, garde-à-vue, arrêté de reconduite à la frontière, enfermement en centre de rétention voire départ forcé… Au final, c’est l’État qui fait le tri entre le peu de migrants autorisés à rester et les très nombreux autres, condamnés à trimer dans des boulots de merde faute de carte de séjour et à faire sans cesse attention au risque de se voir expulser hors du territoire.

Organisé par l’entreprise Orsaf tenue par la famille Landoulsi qui a bâti sa fortune sur le marché de l’immobilier tunisien, ce salon se contrefout du sort réservé aux Harragas. Comme il voudrait bien enterrer une révolte qui continue de gronder en Tunisie malgré une répression toujours plus acharnée, puisqu’il faut bien que l’économie continue de tourner.

NI BUSINESS ! NI FRONTIÈRES !

Aux côtés des Tunisiens en lutte, des papiers pour tous ou plus de papiers du tout !
Tant qu’il y aura des papiers et de l’argent, il n’y en aura jamais assez pour tous !

Chronologie de la lutte des Harragas Tunisiens à Paris

Télécharger le PDF

Tract contre l’inauguration de la place Bouazizi à Paris

*

Télécharger le PDF

Marseille : 100 % liberté !

Marseille : 100 % liberté !

Comme ailleurs en France, depuis quelques semaines, des dizaines de migrants, pour la plupart Tunisiens, débarquent à la Porte d’Aix.

Les révoltes en Tunisie de l’hiver dernier ont entraîné la déstabilisation du régime et ainsi ouvert une brèche dans les frontières vers l’Europe et notamment vers l’Italie. Des dizaines de milliers de personnes, issues de différents pays (Tunisie, Lybie, certains pays d’Afrique Subsaharienne…) tentent de rejoindre l’île italienne de Lampedusa. Le trajet de 167 km qui sépare l’île des côtes tunisiennes n’est pas sans danger. Pour les uns, c’est la noyade, les autres sont accueillis par la police (parfois par des coups de feu). Lampedusa est une véritable prison à ciel ouvert. De là, ils sont transférés vers d’autres centres fermés où des révoltes éclatent. Le vent de la révolte tunisienne traverse la méditerranée. La moitié des centres sont détruits, l’État italien se retrouve contraint à délivrer 22 000 visas Schengen pour raison humanitaire, un bon moyen de se débarrasser du « problème ».

Munis de ce vrai-faux papier, beaucoup de migrants cherchent à rejoindre la France. Les autorités ne reconnaissant pas la validité de ces documents, certains migrants voient leurs papiers déchirés par la police française. Des centaines d’entre eux déjouent les contrôles et réussissent à entrer en France.

La dernière semaine d’Avril, des rafles massives ont lieu dans plusieurs grandes villes (Paris, Marseille…). Porte d’Aix, le 27 avril dernier, une cinquantaine de Tunisiens se font contrôler : Certains sont incarcérés, d’autres sont directement expulsés vers l’Italie, et quelques uns arrivent à y échapper. La chasse est ouverte.

La gare St-Charles, comme tous les axes utilisés par les migrants, est quadrillée par l’armée et la police. Les frontières deviennent de véritables murs et barrières à l’intérieur des villes. Cette situation dépasse les cadres habituels de gestion des populations, les structures d’enfermement et de contrôle sont débordées ; ce qui se dessine, c’est le renforcement des frontières à l’intérieur même du territoire. Les mesures d’exception deviennent la norme.

Tandis que les autorités essayent à tout prix de disperser les migrants pour les rendre vulnérables et invisibles, certaines associations, se faisant le relais de l’État, tentent de les convaincre de partir « volontairement », en leur « offrant » 300 euros. Ils ne peuvent donc compter que sur leur détermination et la solidarité des populations locales. Certains habitants du quartier les hébergent spontanément, des commerçants leur apportent de la nourriture, des squats leur ouvrent leur porte…

La « révolution » en Tunisie, initiée par des soulèvements populaires, a fait dégager Ben Ali. Mais hormis quelques figures emblématiques, le clan au pouvoir est resté en place. Cependant, les révoltés ne se contentent pas de cette révolution de palais, les grèves, les luttes et les évasions massives de prison continuent. La répression perdure elle aussi, sous le masque de la démocratie appuyée par l’Europe (le patronat français est déjà en négociation avec le nouveau gouvernement tunisien). Depuis les débuts de la colonisation et malgré « l’indépendance » des pays du Maghreb, les pouvoirs tunisiens et français agissent, main dans la main, pour asservir les populations locales.

Les politiques migratoires en Europe cherchent à fournir le marché du travail de main d’œuvre sous-payée et sur-exploitée, afin d’assurer un profit conséquent pour les entrepreneurs. L’objectif est de mettre en concurrence et de diviser les pauvres selon de multiples statuts (français-immigrés, avec ou sans papiers, avec ou sans travail). Solidarisons nous contre les politiques répressives que l’on subit tous à différents niveaux.

Suite à la rafle de la porte d’Aix, un collectif s’est mis en place. Il regroupe des sans-papiers et des personnes « avec » autour des mots d’ordre : Pour une régularisation globale de tous les migrants Pour la liberté de circulation

Vive la lutte des Harragas !

Télécharger le fichier