Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Paris] Solidarité incendiaire – 9 décembre 2013

Feu à toutes les prisons !

Dans la nuit du lundi 9 décembre, une camionnette de Vinci (constructeur de taules et de centres de rétention) part en fumée, rue Haxo dans le XXe. Comme un dialogue avec l’incendie du centre de rétention du Canet, pour lequel des retenus passaient en procès le 26 novembre dernier. Feu à toutes les prisons !

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[Radio] Émission Sans Papiers Ni Frontières du 6 décembre 2013 en ligne

Émission Sans Papiers Ni Frontières du 6 décembre 2013

Au sommaire : *retour sur le procès les inculpés du Canet à Marseille*guide à l’usage des proches de détenus*point sur la situation d’Ibrahim El Louar*Italie*brèves

Téléchargez/écoutez l’émission ici

Émission tous les premiers vendredi du mois de 19h à 20h30 (rediffusion le mardi suivant à 8h)

sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM en région parisienne et sur internet partout ailleurs

Prochaine émission le 4 janvier 2014

[Marseille] Un rapide compte rendu du procès des inculpés de l’incendie du centre de rétention du Canet

Un rapide compte rendu du procès des inculpés de l’incendie du centre de rétention du Canet

Ce Mardi 26/11/2013 les inculpés de l’incendie du centre de rétention du Canet étaient convoqués à 14H au Tribunal de Grande Instance de Marseille afin d’être jugés pour des faits de « destruction de biens d’autrui par des moyens pouvant entraîner la mise en danger des personnes », en l’espèce de plusieurs départs de feu survenus à l’intérieur du centre de rétention administrative du Canet (Marseille) en mars 2011. Après avoir effectué quelques mois de prison préventive en 2011 juste après les faits (3 mois pour l’un et 4 mois et demi pour l’autre), les deux inculpés étaient sorti sous contrôle judiciaire. Hier, ils comparaissaient donc « libres ». Enfin, « libres » autant que peuvent l’être des sans-papiers qui passent au tribunal, entourés de dizaines de flics de tous bords, présents devant le tribunal, dans les couloirs et dans la salle !

Les collectifs de soutien aux inculpés avaient appelé à un rassemblement devant le tribunal. Nous étions une centaine de personnes venues en soutien. La (petite) salle était remplie et il y avait aussi du monde dans la rue. Mais les plus nombreux à s’être mobilisés étaient en fait les flics. Devant le parvis du tribunal on ne comptait pas moins d’une dizaine de car de CRS. Devant l’entrée et au portique, les bleus étaient aussi nombreux que leurs barrières. Dans les couloirs et dans la salle, leur présence était tout aussi remarquable. Un dispositif disproportionné qui n’a presque pas manqué d’atteindre son but : mettre la pression !

Au début de l’audience, la cour a vite fait renvoyé toutes les affaires qui devaient être jugées ce jour là. Le procès des inculpés a donc débuté assez tôt. Lors du procès, les « coups de théâtre » se sont enchaînés. En premier lieu la directrice du centre de rétention du Canet, originellement appelée comme témoin à la barre, demande à se constituer partie civile pour un euro symbolique. L’avocat et le juge lui font remarquer que c’est pas très réglo, étant donné que le fait de faire cette demande lui permet d’assister à toute l’audience, tandis que le témoin à la barre lui, ne rentre dans la salle que lorsqu’il est interrogé. N’ayant néanmoins pas les moyens légaux de l’en empêcher, la cour lui permet d’assister à l’audience. Le juge commence alors un rappel des faits, dans lequel il insiste sur le nombre des victimes de l’intoxication provoquées par l’incendie et sur les lésions subies. Puis il énonce les éléments à charge contre les retenus, et fait la lecture de tous les témoignages qui interviennent dans la procédure, pour incriminer les deux inculpés. Ça paraît pas gagné d’avance… Le juge appelle les témoins à la barre. En premier lieu la directrice du centre. Celle ci n’était pas présente ce jour là. Cependant, elle renseigne la cour sur le fonctionnement du centre, le système de vidéo surveillance et évidemment sur le profil des inculpés, dont l’un est décrit comme un sujet « à problème », violent et anxieux, qui avait d’ailleurs menacé de mettre le feu au centre quelques temps plus tôt, devant un officier de police qui semblait le provoquer. L’avocat interroge à son tour la directrice du centre. Il lui fait le rappel de plusieurs rapports défavorables antérieurs à l’incendie, émanant de différentes autorités publiques, concernant les conditions de rétention au Canet, notamment le manque de personnel ou l’absence d’exercice incendie réguliers. Il lui demande si depuis l’incendie, des exercices d’évacuation ont été mis en place, avec les retenus et les associations travaillant sur place. Elle répond oui. Au passage, le juge ne manque pas de lui faire remarquer qu’il la trouve un peu trop sur la défensive et qu’elle devrait être plutôt confiante qu’anxieuse de donner son concourt à l’établissement de la vérité. Elle se rassoit, mouchée. Le second témoin entre. Il s’agit d’une chargée d’opération de l’association Forum Réfugiés, présente dans le centre de rétention du Canet. Quand l’avocat l’interroge sur la visite de l’un des inculpé dans son bureau, le jour de l’incendie, elle le décrit comme un individu calme. Ce qui dénote avec le portrait que les multiples témoignages et la directrice du centre, ont dressé de lui jusqu’à présent. Elle insiste même sur le fait que souvent, les retenus sont anxieux quand ils passent par leurs bureaux. Qu’il n’est pas rare que certains retenus menacent de s’auto-mutiler, de se suicider ou de détruire le centre. Que ce jour là, l’inculpé qui est venu la voir était calme et pas menaçant. Lorsque l’avocat lui demande s’ils participent à des exercice d’évacuation depuis l’incendie, celle-ci répond que non. A ce moment là, toute la cour lève les yeux au ciel en regardant la directrice du centre.

Après ce coup de théâtre, c’est au tour du proc’ de faire son réquisitoire. Et là, nouveau rebondissement: ce réquisitoire sonne à certains moments comme un plaidoyer contre les conditions dans les centres de rétention. La proc’ commence son réquisitoire par un rappel sur la gravité des faits et la mise en danger d’autrui que de tels faits pouvaient entraîner. Puis elle se lance dans une contextualisation de ces faits. Elle explique « le contexte de politique migratoire répressive en Europe, l’Europe forteresse, la libre circulation des marchandises mais pas des personnes, la répression des migrations qui n’empêchera jamais hommes, femmes et enfants de fuir la guerre, la misère économique ou une absence de perspective, la criminalisation de l’irrégularité administrative, l’injustice de la répression que subissent des gens qui se sont intégrés ici, ont fondé une famille, travaillent… » Elle salue « le travail des associations qui veillent à ce que les droits soient respecté, et leur vigilance qui permet de ne pas basculer vers une situation trop répressive. Ces associations qui n’ont pas manqué de soutenir les inculpés et qui sont aujourd’hui présents dans la salle ». On sait pas trop si c’est de nous qu’elle parle, mais on hallucine complet !!!!

Elle cite ensuite un rapport du Sénat, datant de 2006, qui critique les conditions de rétention administrative en France et épingle notamment Marseille. Puis un rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté, datant de 2010, qui épinglait le centre de rétention du Canet, sur l’encadrement des retenus, l’hygiène, le soutien psychologique, la distribution de vêtements et le système de mise au norme anti-incendie. Elle rappelle tout de même que « rien ne justifie de tels modes de protestation, d’autant plus lorsqu’ils sont le fait d’individus et qu’ils ne s’inscrivent pas dans un contexte d’émeute collective, au contraire de l’incendie de Vincennes, qui s’était déclaré lors d’une révolte collective répondant à la mort suspecte d’un retenu ». On a beau ne pas être d’accord avec son analyse des faits, c’est tout de même l’hallu de l’entendre quasi légitimer l’incendie du CRA de Vincennes ! Elle finit son réquisitoire par une enquête de personnalité au cours de laquelle elle insiste sur la manifeste volonté d’intégration des deux inculpés. Elle les déclare coupables des faits qui leurs sont reprochés et requiert à leur encontre 1 an de prison ferme assorti d’un sursis simple de 4 mois. On nage toujours en plein délire car on s’y attendait pas du tout.

L’avocat commence son plaidoyer. Il évoque le contexte politique du printemps arabe en mars 2011, les vagues d’immigrations Tunisiennes qui s’en sont suivi et la gestion expéditive de ces vagues de migrations par l’état français. Il évoque l’infamie des conditions de rétention en général, à Marseille, en particulier (lui aussi cite ces fameux rapports du Sénat et du contrôleur des lieux de privation de liberté), à ce moment là précisément. Puis il rentre dans le vif de son sujet, qui semble être de prouver à la cour, que l’État français a voulu traiter cette affaire dans la plus grande urgence, désignant arbitrairement deux coupables, et constituant, en l’absence de preuve tangibles, un dossier à charge. Il commence par rappeler que les inculpés ont faillis être jugés en comparution immédiate, alors qu’il paraissait évident que les présumés coupables avaient été désignés à la va vite et qu’il fallait une enquête plus poussée. Il insiste sur le manque d’expertise technique dans le dossier (absence d’analyse de la résistance au feu des matériaux présumés avoir été utilisé pour allumer le feu, absence d’analyse sur la propagation de l’incendie). Il relève les irrégularités ou incohérence de la plupart des PV du début de l’enquête (absence d’avocat lors des auditions, absence des questions des flics dans certains PV, dénonciations qui se font lors d’auditions irrégulières). Il évoque encore une fois une période de printemps arabe où les tensions entre nationalité s’exacerbent (on sait pas trop d’où il sort ça mais bon…). Il relève le fait que les deux inculpés soient les seuls Tunisiens présents dans cette affaire (les dénonciations venant principalement des autres personnes arrêtées après l’incendie, et mises hors de cause après ces dénonciations). Il finit en disant que la justice n’a aucun élément de preuve tangible pour déclarer coupables les deux inculpés, que ces présumés coupables ont peut-être été désignés pour expédier au plus vite une affaire qui emmerdait l’État. « Car si des coupables n’étaient pas désignés au plus vite, c’était peut-être l’État qui serait responsable ». La cour suspend l’audience avant le délibéré. Pendant ce laps de temps, la salle et le palais de justice se remplissent de CRS en tenue. Ils envahissent les couloirs et encerclent la salle. L’audience reprend. L’un des inculpé manque à l’appel. Tu m’étonne, vu le nombre de flics, comment ne pas prendre peur ? Le verdict tombe : 12 mois fermes pour les deux, un aménagement de peine sous forme de bracelet électronique pour l’un, une convocation pour un RDV avec le Juge d’Application des Peines pour l’autre. L’autre n’étant pas là, le juge a dit qu’il lui ferait parvenir cette convocation par courrier. Chacun a donc pris un an ferme. Il se pourrait qu’il y ait des aménagements de peine ou des remises de peine si ils travaillent. Le collectif de soutien fait donc appel à tous ceux qui pourraient soutenir en offrant un contrat de travail aux ex-inculpés. Pour toute proposition : soutien6cra@riseup.net

Trouvé sur Marseille Infos Autonomes

[Marseille] Concert de soutien aux inculpés de l’incendie du centre de rétention du Canet – 22 novembre 2013

Vendredi 22 novembre à la Marmite 38 cours Gouffé (M° Castellane) à partir de 20 heure

Au programme:

-introduction de la soirée en marionette

-les Kids steez (Hip-Hop from Ganges)

-Anosmymes (Hip-Hop from Millau)

-la Fibre (antiRAPitaliste)

-Longchamps 4 ou 5 têtes (Jazz Manouche from Mars)

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telecharger le pdf

[Musik] compilation de soutien aux inculpés de l’incendie du CRA du Canet

Compilation hip-hop de soutien aux inculpés de l’incendie du centre de rétention du Canet dont le procès aura lieu le 26 novembre 2013 à Marseille.

À télécharger sur Basse intensité ou sur Marseille Infos Autonomes

poch ext nb et rouge copie

[Marseille] Solidarité avec les inculpés de l’incendie du centre de rétention !

Solidarité avec les inculpés de l’incendie du centre de rétention !

Le 26 novembre 2013, aura lieu à Marseille le procès des inculpés de l’incendie de la prison pour sans-papiers du Canet.

Chaque année en France, 40 000 étrangers sans-papiers – désignés comme indésirables sur des critères racistes et arbitraires – sont enfermés dans des centres de rétention en attendant que l’État décide de leur sort : expulsion et bannissement ou libération avec OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Francais). Les retenus des Centres de Rétention Administrative (CRA) ne sont pas si « étrangers » que cela, ce sont celles et ceux qui, parmi nous, bossent à 3 euros de l’heure dans le bâtiment, la manutention, les gardes d’enfants, le maraîchage, la restauration, le nettoyage…
Concrètement, être mis dans un CRA veut dire : un enfermement qui peut aller jusqu’à 45 jours, avoir peu de chance de faire valoir ses « droits » (48h pour établir un recours non-suspensif), la surveillance constante des caméras, les fouilles corporelles, le fichage ADN, le refus de soin, la mise sous calmants, l’angoisse de voir tout ce qu’on a construit soudainement anéanti. Et si l’on remue trop, des tabassages et cellules d’isolement. Souvent, comme il n’y a aucun moyen de se faire entendre, les retenus retournent cette violence contre eux, en s’auto-mutilant de diverses manières. En 2006, Kazim Kustul a trouvé la mort au CRA du Canet.

Le 9 mars 2011, cette fois, la colère s’est dirigée contre les murs de la prison. Suite à un mouvement de révolte, un incendie s’est déclaré simultanément dans plusieurs zones du centre, rendant le bâtiment inutilisable pendant plusieurs mois. L’organisation des expulsions a été perturbée pour quelques temps autour de Marseille, les rafles ont diminué, des libérations pour vices de procédures ou manque de place ont eu lieu. Cet acte est à restituer dans la longue série des résistances et des révoltes plus ou moins médiatisées qui ont eu lieu en France (à Vincennes, à Lyon, à Bordeaux…), en Europe et dans tous les pays ayant recours à l’enfermement et l’expulsion des étrangers pour entretenir une position de domination économique.

Que sont devenus les retenus ? Quelles formes de solidarités ?

Après l’incendie du C.R.A. du Canet, les retenus ont été transférés vers le centre de rétention de Nîmes. Certains, intoxiqués par des fumées, ont été dirigés vers l’hôpital, quatre en ont profité pour se faire la belle. Une quinzaine de personnes soupçonnées d’être à l’origine de l’incendie sont mises garde-à-vue, puis six personnes sont placées en détention provisoire aux Baumettes. Les flics exercent des pressions face à des personnes éloignées géographiquement de leurs proches, isolées linguistiquement, méconnaissant le droit francais, épaulées par des avocats incompétents. Quatre détenus provisoires sont relâchés, tandis qu’un dossier à charge est monté contre les deux inculpés restants qui sont détenus pour 3 à 5 mois de détention préventive.
S’ensuit un long et pesant contrôle judiciaire de deux ans et demi (2 à 4 fois par mois),  en attente du procès.

Quelles formes de solidarité ?

Rapidement, un groupe de personnes organise un rassemblement devant le commissariat de l’Evêché. Un collectif se forme pour mettre en place une solidarité directe avec les inculpés, populariser cette révolte collective et lutter pour la suppression des C.R.A. S’en suivent visites aux parloirs, collages d’affiches, organisation de concerts de soutien, envois de mandats, suivi juridique avec des avocats, interventions à la radio et manifestations.

Par ce procès l’État compte faire payer à des boucs-émissaires un acte de révolte collectif. Il a construit un dossier à charge contre deux individus qu’il tentera de présenter comme des délinquants à sanctionner. À nous de dénoncer le rôle des centres de rétentions : l’outil de répression (qui enferme et expulse sur la base de discriminations racistes) et l’outil de pression sur l’ensemble des sans-papiers (contraints à se cacher, à vivre dans la peur, l’isolement et l’exploitation).
Face aux frontières qui prétendent nous diviser, nous ne serons jamais résignés, des révoltes collectives continueront d’éclater tout comme le besoin de se solidariser avec celles et ceux qui subissent la répression.

Le mardi 26 novembre, soyons nombreuses et nombreux à l’intérieur comme à l’extérieur du tribunal pour montrer que les inculpés ne sont pas isolés !

RASSEMBLEMENT le 26/11 à 14h devant le TGI, 6 rue Émile POLLAK

Collectif de soutien aux inculpés de l’incendie du CRA du Canet

contact : soutien6cra@riseup.net

Tract Procès mis en page (.pdf)

Il y a deux ans le centre de rétention du Canet à Marseille était mis hors-service – 9 mars 2013

9 mars 2011 – 9 mars 2013 : il y a deux ans le centre de rétention du Canet à Marseille était mis hors-service

9 mars 2011 : le centre de rétention du Canet à Marseille était mis hors-service

Il y a deux ans, un incendie a conduit à la fermeture de cette prison pour sans-papiers pendant plusieurs mois, et a permis quelques évasions. Déclenché de l’intérieur du centre, dans deux blocs distincts, il ne s’agit ni d’un acte désespéré ni d’un acte isolé.

En réponse, l’État a mis quinze personnes en garde à vue, six en préventive. À ce jour, après trois et cinq mois passés en prison, deux personnes sont inculpées, elles doivent se soumettre à un contrôle judiciaire et sont toujours dans l’attente d’un procès. Sans-papiers, ils sont dans l’interdiction de quitter le territoire français !

Cet incendie s’inscrit dans une longue série de résistances menées à l’intérieur et à l’extérieur des centres de rétention :

22/06/2008 – incendie du centre de Vincennes

19/01/2009 – incendie du centre de Bordeaux

09/03/2011 – incendie au centre de Marseille

29/07/2011 – incendie du centre de Lyon

01/09/2012 – incendie au centre de Marseille

En Italie, les révoltes et évasions sont fréquentes. En février, à Turin, des prisonniers ont tenté de s’évader. Durant plusieurs jours, ils sont montés sur les toits, ont détruit et incendié plusieurs bâtiments, se sont affrontés aux flics. À l’extérieur, plusieurs rassemblements et actions de solidarité ont eu lieu.

La liste est longue et non exhaustive. Des actes de résistances individuels et collectifs, de l’évasion à la destruction des centres, se produisent dans toute l’Europe, à ses frontières, dans le monde entier (Mexique, Australie, Mayotte…).

Le pouvoir et les médias ont tout intérêt à invisibiliser et isoler ces luttes. Chaque « incident » est traité sous l’aspect du « fait divers » sur le moment, et ensuite on oublie ! Décrire les résistances individuelles et collectives comme autant d’« actes isolés » a pour objectif de nous maintenir résignés face aux frontières et à l’arsenal policier et militaire nécessaire à les faire exister. Mais nous savons que partout des gens luttent contre les frontières. Nous sommes solidaires de ces luttes et nous luttons aussi, parce que les frontières nous divisent et nous mettent en compétition les uns contre les autres. Elles permettent de tirer les conditions de travail vers le bas, de désigner des boucs-émissaires, d’étendre les dispositifs de contrôle social et policier, toujours au profit des classes dominantes.

Solidarité avec les inculpés
de l’incendie du centre de rétention du Canet !

Liberté de circulation et d’installation
À bas toutes les frontières !

D’une prison à l’autre…

compte rendu de l’audience d’appel

rendu du 2 avril : un an de prison pour t’enlever le goût de la liberté.

D’une prison à l’autre…

Le 16 décembre 2012, cinq personnes tentent de s’évader du centre de rétention de Palaiseau. Quatre vont y parvenir mais la cinquième personne, Ibrahim, va rester dans les mains de la police qui le passera à tabac. Il est placé en garde-à-vue puis déféré devant un juge deux jours plus tard accusé d’avoir ceinturé un flic pour lui voler un badge magnétique qui a permis aux autres de se faire la belle. Il est ensuite incarcéré en préventive à Fleury-Mérogis jusqu’au 18 janvier 2013, jour du jugement où il est condamné à deux ans de prison ferme et à verser 1200 euros à deux flics qui se plaignent de violence. En centre de rétention, l’évasion n’étant pas un délit, les flics et les juges cherchent donc à charger sur d’autres chefs d’inculpation.

Ibrahim se trouve maintenant incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis. Il n’a pas fait appel de la condamnation. Quand on est isolé, étranger et qu’on ne parle pas français, sans avocat, il est quasiment impossible de comprendre qu’on a dix jours pour faire appel. La justice écrase d’autant plus que l’on est pauvre et sans papiers.

D’une taule à une autre, de la prison pour étrangers à la maison d’arrêt, le chemin est tout tracé, et dans les deux sens. Le pouvoir profitera toujours des révoltes, des tentatives d’évasions, des refus d’embarquement, pour enfermer toujours plus les récalcitrants. Et inversement, quand on sort de prison et qu’on est sans papiers, ce qui nous attend c’est dans la plupart des cas, le centre de rétention et l’expulsion.

Quand on est enfermé dans un centre de rétention, quand tous les recours juridiques sont épuisés et quand s’annonce l’expulsion, la seule alternative c’est l’évasion et la révolte. C’est pourquoi ces histoires se répètent : quelques jours avant l’évasion de Palaiseau, sept personnes se sont échappées du centre de rétention de Vincennes, on espère qu’ils courent toujours. A Marseille, en mars 2011, des retenus ont mis le feu à la prison pour étranger du Canet. Depuis, deux personnes sont sous contrôle judiciaire après être passées par la case prison, dans l’attente d’un procès.

Pour Ibrahim comme pour ceux de Marseille, il est important d’être solidaire avec celles et ceux qui se révoltent pour leur liberté, qu’ils soient innocents ou coupables. Car tant qu’il restera des prisons, des papiers et des frontières, la liberté ne restera qu’un rêve.

Feu à toutes les prisons !
Liberté pour toutes et tous !

Pour ne pas laisser Ibrahim isolé face à la prison et à la justice, il est possible de lui écrire :
Ibrahim El Louar
écrou n°399815
Bâtiment D4 – MAH de Fleury-Mérogis
7 avenue des Peupliers
91705 Sainte-Geneviève-des-Bois

Des mandats lui sont envoyés. Si vous voulez y contribuer vous pouvez envoyer de l’argent à Kaliméro, caisse de solidarité avec les inculpés de la guerre sociale en cours. Le n° de compte pour faire un virement : 102780613700020471901 Clé 07.

Si vous voulez envoyer des vêtements ou des colis, ou pour tout contact, il est possible d’envoyer un mail à : evasionpalaiseau@riseup.net

tract-duneprisonalautre-A4-pdf

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evasion

Traduction en italien

Traduction en anglais

Traduction en grecque

Traduction en allemand

Mix-Tape de soutien aux inculpés de l’incendie du cra du Canet

Sortie d’une Mix-Tape de soutien aux inculpés de l’incendie du cra du Canet

Elle est téléchargeable ici sur le site Basse Intensité.

Pour rappel sur l’incendie du cra du Canet : ici et .

Témoignages du Canet – 7 septembre 2012

La vie dans le centre

« Ils nous frappent beaucoup, et ils nous menacent Ils nous traitent comme de la merde, en ce moment, tous les jours ils fouillent nos cellules, ils nous frappent et foutent tout en l’air, ils ouvrent les cellules à 6h du matin et les ferment à 23h, c’est une cage à poules. Pendant le ramadan, ils ne voulaient pas donner aux gens leurs médicaments, ils donnent peu de bouffe et même pas hallal, le médecin vient seulement une heure par semaine. Si quelqu’un proteste, ils lui donnent des cachets et l’isolent dans une pièce. »

les expulsions

« Ils ont expulsé François et un autre mec en même temps. Ils les ont entourés de scotch, et ils les ont expulsés un matin. »

les coups de pression

« Les gens voudraient s’évader, mais là c’est difficile. Ils ont ajouté des flics en renfort, il y a beaucoup de surveillance en ce moment, si tu voyais à quel point c’est surveillé, t’aurais le vertige, y a plein de flics. »

« Le matin ils m’ont emmené au tribunal, à 8h30, on était trois, ils nous ont menottés les uns aux autres, j’ai protesté, ils m’ont dit « toi tu parles beaucoup alors que les autres se taisent » et ils m’ont fait entrer seul dans un bureau, ils m’ont dit « écoute, attention on connaît tout sur toi et on connaît tes amis qui sont dehors, on sait tout sur eux, et bientôt on pourra t’envoyer au Baumettes. »

l’incendie et ses suites

« Samedi, à 21h, après le dîner, un feu a été allumé au deuxième étage, et le bloc du deuxième étage a brûlé en entier, ils ont mis tous les retenus de ce bloc dans les deux blocs du bas. Du coup, ils ont mis 3, 4, 5 retenus dans chaque cellule et on dort tous par terre. Ils ont arrêté un algérien, ils l’ont envoyé aux Baumettes, et il y a des gens qui ont été mis à l’isolement. Ils sont en train de faire une enquête, à chaque fois ils mettent quelqu’un à l’isolement et l’interrogent en lui parlant des images des caméras. Ils les menacent de les envoyer aux Baumettes à cause de l’incendie. On ne sait pas ce qu’il veulent en faire de ces gens qu’ils ont mis à l’isolement. Hier, ils sont venus chercher quelqu’un dans notre bloc en l’accusant d’avoir fait passer un briquet avec une ficelle du deuxième étage. On a dit qu’on avait vu aucun briquet passer dans notre bloc. (…) Ils nous menacent à longueur de temps, nous fouillent et fouillent nos cellules. Ils cherchent des briquets. Ils nous disent que si on fait entrer un briquet, on sera expulsés à coup sûr. Jusque-là on attend, on ne comprend rien à ce qui se passe. (…) Ils ont mis en renfort un nombre hallucinant de flics. C’est une nouvelle équipe, ils ne se comportent pas bien. Toutes les deux secondes ils interrogent quelqu’un et lui demandent s’il a briquet ou s’il sait qui a un briquet, et jusque-là on ne comprend rien. »

reçu de luttedecras@riseup.net, le 7/09/2012