Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[MàJ][Grèce] Grève de la faim suite à la mort d’un retenu au centre d’Amygdaleza

18 novembre 2014

Des centaines de personnes enfermées au centre de rétention d’Amygdaleza en Grèce ont commencé une grève de la faim suite à la mort de Mohamed Asfak le 6 novembre. Passé à tabac par les flics en juin dernier dans le centre de Corinthe, il n’avait reçu aucun soin malgré ses problèmes respiratoires.

Depuis le début de la grève de la faim,  les flics semblent empêcher les contacts entre les retenus et l’extérieur.

Le 3 novembre commençait le procès des personnes accusées suite à la révolte qui a eu lieu dans le centre en août 2013.

 

En aout dernier, les flics français ont tué Abdelhak Goradia dans le fourgon qui l’emmenait du centre de rétention de Vincennes à l’aéroport où il devait être expulsé.
Ici et ailleurs la taule et les frontières tuent, mort à l’Etat !

d’après hurriya

 Mise à jour 20 novembre 2014

La grève de la faim a commencé le 17 novembre. Les retenus protestent contre la durée de rétention (qui peut aller au delà des 18 mois maximum préconisés par l’UE), l’enfermement des mineurs, et les conditions dans le centre qui ont provoqué récemment la mort de Mohamed Asfak et d’une autre personne. Mohamed a supplié les flics de l’emmener à l’hôpital pendant quinze jours avant de tomber dans le coma. Les flics répondaient « crève, on s’en fout ». Quelques jours plus tard ils laissent mourir un autre retenu par manque de soins médicaux.

« Ils nous cloîtrent comme des moutons et ne s’intéressent plus à nous (…) »

« Certaines personnes sont détenues pendant 26 mois »

« Quand on dit « j’ai mal à l’estomac » ils répondent « j’ai mal aux couilles »  »

« On se battra jusqu’à la liberté »

Hier, troisième jour de grève de la faim, quinze retenus ont été transférés à l’hôpital après avoir perdu connaissance.

 

Déclaration d’un retenu d’Amygdaleza :
« Représentant les réfugiés détenus en Grèce et spécialement à  Athènes (Amygdaleza), je prends l’initiative de vous écrire à propos du comportement des policiers envers nous les migrants. Il y a plein de réfugiés qui sont déjà détenus depuis plus de deux ans et qui ne sont toujours pas libérés. Ils sont traités d’une manière inhumaine. Il y a beaucoup de personnes malades parmi nous qui ne reçoivent aucun soin médical, qui ne sont pas emmenées à l’hôpital, pas même les personnes âgées qui ont entre 50 et 70 ans.

Muhammad Asfaq, Pakistanais, est mort jeudi 11 novembre à Menidi (nom donné au centre d’Amygdaleza par les retenus). Il avait 25 ans et était détenu depuis 2 ans. La cause de sa mort était une maladie dont il n’a pas été soigné. Il n’a pas été emmené à l’hôpital. Il n’a pas reçu de premiers secours au moment où il en avait besoin, au contraire il  a été laissé pendant deux heures étendu sur le sol jusqu’à ce que l’ambulance arrive. Il est mort dans l’ambulance.

Il y a à peu près 1500 réfugiés et migrants à Menidi . Parmi eux il y a beaucoup de personnes malades qui ne reçoivent aucun traitement. Les malades mentaux ne reçoivent aucun soin non plus. C’est même illégal de les enfermer. Il y a aussi beaucoup de racisme de la part de la police, qui conduit même à des mauvais traitements comme des tabassages.

Le médecin dans le centre de rétention ne peut souvent pas s’occuper des cas sévères, il demande donc à la police que les personnes malades soient transférées à l’hôpital. Même si la police ne nous transfère jamais à l’hôpital. Nous n’avons pas assez de médicaments ici et nous manquons de beaucoup de choses nécessaires quotidiennement dans un centre de rétention de masse, telles que des produits ménagers et d’hygiène.

Même si nous voulons retourner dans notre pays d’origine, il faut plus de six mois pour obtenir les documents requis.

Nous menons souvent des grèves de la faim pendant trois jours, mais sans résultat. Désormais nous sommes en grève de la faim jusqu’à ce que quelque chose change.

Nous vous demandons de nous aider, vous qui êtes dehors. Aidez-nous à nous battre pour notre liberté.

Merci

S.K. – détenu à Amygdaleza
17/11/2014

traduit librement de infomobile

 

[Paris] Un autre texte concernant la mort d’Abdelhak Goradia

Le jeudi 21 août Mr Abdelhak Goradia est mort dans le fourgon de police qui le conduisait de la prison pour étrangers de Vincennes vers le vol Air France KLM de 21 h 15 qui devait l’expulser vers l’Algérie. Mr Goradia est mort alors qu’il était entre les mains des policiers de la COTEP (Compagnie transfert escorte et protection) une unité spéciale de la police chargée entre autres d’escorter les personnes expulsées entre le centre de rétention de Vincennes et les aéroports parisiens. Le rapport d’autopsie dit qu’il est mort asphyxié par régurgitation. La famille qui, à la morgue, n’a pu voir le corps d’Abdelhak mais seulement son visage, a remarqué qu’il y avait des traces de coups.

En 2003, deux sans-papiers ont été tués à Roissy par les agents de la Police aux frontières pendant leur expulsion. Ricardo Barrientos, un Argentin de 52 ans et Mariam Getu Hagos un Ethiopien de 24 ans sont morts  tous les deux dans l’avion après que les policiers les ont maintenus pliés en deux en appuyant sur les omoplates pour les empêcher de crier et d’alerter les passagers. En 1991, Arunam Fiva, un demandeur d’asile sri-lankais était mort étouffé après une tentative de reconduite à bord d’un avion à destination de Colombo. Là encore, comme pour Mr Goradia, la police avait parlé d’un malaise cardiaque.

Pour atteindre les 27 000 expulsions annuelles brandies par les divers gouvernements comme des trophées, des dizaines de personnes dites sans papiers sont expulsées chaque jour de France. C’est à dire arrachées de force à la vie qu’elles menaient en France, aux gens qu’elles aiment et connaissent, à leurs habitudes, à tout ce qui fait le quotidien d’un être humain. Nous n’en entendons parler que lorsque quelqu’un meurt ou est gravement blessé mais parmi ces personnes expulsées, nombreuses sont celles qui en plus subissent des violences, notamment lors de ce que l’administration française appelle « l ‘éloignement » ou la « reconduite à la frontière ». De nombreux témoignages trop peu diffusés font d’ailleurs état de ces violences qui de toute façon font partie des méthodes de travail officielles de la police de l’air et des frontières.

Dans un document de 62 pages du ministère de l’intérieur intitulé « Instruction relative à l’éloignement par voie aérienne des étrangers en situation irrégulière »  et destiné aux flics escorteurs de la police de l’air et des frontières il est indiqué que pour exécuter ces mesures, qui résultent de décisions administratives ou judiciaires, conformément à la loi, l’emploi de la force strictement nécessaire sans faire usage de violences inutiles ou de brutalité illégitime ». Les violences et brutalités que l’État estime légitimes y sont abondamment détaillées et illustrées à l’aide de schémas et de photographies «en situation», Parmi les gestes qu’un policier peut faire pour immobiliser une personne expulsée il y a par exemple la «régulation phonique» qui consiste en un étranglement pour «déstabiliser physiquement» la personne, «diminuer sa résistance» et «diminuer ses capacités à crier». Les risques liés à ce geste ne sont pas ignorés et ils sont même listés : «détresse ventilatoire et/ou circulatoire», «défaillance de l’organisme» et «risque vital»…

Concernant Mr Abdelhak Goradia, l ‘État français, par la voix de son ministre de l’intérieur, souhaite « que l’enquête judiciaire permette de faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès dramatique ». Nous voulons bien croire que les policiers de service ce jour là passeront en procès pour « homicide involontaire ». Peut-être ne seront ils pas relaxés comme ceux qui étaient chargés de l’expulsion d’Arunam Fiva. Peut être seront-ils condamnés à de la prison avec sursis comme l’un des trois policiers (les deux autres ont été relaxés) qui escortaient Getu Hagos Mariame. Sans doute leur hiérarchie et l’État français s’en serviront ils comme bouclier pour parler d’éléments qui ont failli, pour mettre en avant un dérapage….ou pas

Mais les responsables de la mort de Mr Goradia ne sont pas uniquement les cinq policiers qui ont monté Abdelhak de force dans un véhicule pour l’emmener à l’aéroport. Les responsables sont aussi tous ceux qui depuis plus de 30 ans, qu’ils se proclament de gauche ou de droite, élaborent et, à l’Assemblée nationale et au sénat, votent des lois qui criminalisent toujours plus les pauvres et les étrangers. Les responsables sont aussi les juges qui dans les tribunaux prononcent des peines spéciales pour les personnes dites étrangères, telles des interdictions du territoire français, confirment des obligations de quitter le territoire français ou des maintiens en rétention. Les responsables se trouvent également aux guichets des préfectures et vérifient pointilleusement si aucun papier si minime soit il ne manque ou si on connaît les paroles de la Marseillaise avant de délivrer un titre de séjour. On pourrait également citer la responsabilité des compagnies aériennes qui acceptent les personnes expulsées et leurs escortes…..

Plus largement, la mort d’Abdelak Goradia est à rapprocher de celles des milliers de personnes qui depuis 20 ans périssent noyées en Méditerranée ou meurt de froid ou d’asphyxie dans des camions ou des trains d’atterrissage pour franchir des frontières que les politiques d’immigration des différents pays de l’union européenne rendent de plus en plus infranchissables.

Pourtant, les « immigrés clandestins » comme les nomment souvent les médias, ne sont pas une « menace » mais le résultat d’une volonté politique des États européens, qu’on appelle « politique migratoire ». La conséquence d’un processus qui commence souvent dans les files d’attente interminables devant les consulats des États européens pour un visa que l’on obtiendra de toute façon pas si on est pauvre. Tout en constituant une réserve de main d’œuvre exploitable au plus haut point, les pays d’Europe et les pays dits riches en général font des étrangers et étrangères les boucs-émissaires de la crise économique et sociale.

A travers les médias, l’État a voulu faire de Mr Goradia, une de ces figures du mal : le sans papier clandestin délinquant. Ne nous y trompons pas, nos ennemis ce ne sont pas celles et ceux qui, par choix ou par force, décident un jour de partir tenter une vie meilleure ailleurs et qui, parfois, sont obligés de se débrouiller pour survivre. Les désigner comme coupables des misères autochtones est une rengaine dont le capitalisme s’est déjà allégrement servie dans les années 30 pour s’assurer que les pauvres se battraient entre eux plutôt que contre leurs vrais ennemis : les riches et les exploiteurs au service desquels œuvrent tous les politiques qui prétendent vouloir nous gouverner.

Face à cette montée du racisme et du fascisme, partout en Europe, des personnes, immigrées ou non, s’organisent pour être solidaires de celles et ceux que l’on désigne comme étant « indésirables ». La chasse aux sans-papiers est présente dans notre vie de tous les jours et que ce soit dans la rue, dans les écoles ou sur leurs lieux de travail, des gens s’y opposent quotidiennement.

Ainsi, le 12 août, Mr Goradia avait fait l’objet d’une première tentative d’expulsion. Le commandant de bord, comme c’est son droit, avait refusé de l’embarquer et avait exigé des policiers de la PAF qu’ils le redescendent. Peut être ce commandant de bord avait il agi de lui-même, peut-être avait-il été alerté par des passagers ou passagères protestant contre la présence contrainte et forcée d’Abdelhak. En tout cas, parfois, des gens, qui sont à la fin des 45 jours de rétention, échappent ainsi à l’expulsion. Cela n’a malheureusement pas été le cas d’Abdelhak Goradia qui a lui subi un véritable acharnement puisqu’en une semaine il a subi 2 tentatives d’expulsion. La 2e lui a été fatale avant même qu’il ne soit monté dans l’avion et puisse bénéficier d’un minimum de solidarité de la part des personnes à bord à l’appareil… Cette solidarité que les expulseurs comme les exploiteurs craignent tant et qui fait si chaud au cœur de nombre d’entre nous, qu’ils ou elles aient ou non des papiers.

Arrêt des expulsions, fermeture des centres de rétention, liberté de circulation et d »installation pour toutes et tous

[Paris] Feu aux prisons

Paris, rue Haxo (19e). Tôt ce jeudi 11 septembre, une camionnette de Vinci s’est embrasée, parce que Vinci construit et gère des prisons et des Centres de rétention.

L’enfermement et les frontieres tuent, comme ça a été recemment le cas avec  Abdelhak Goradia.

Parce qu’il ne suffit pas de dénoncer, passons à l’attaque!

trouvé sur indy nantes

[Radio] Émission Sans Papiers Ni Frontières du 5 septembre 2014 en ligne

Émission Sans Papiers Ni Frontières du 5 septembre 2014

Au sommaire :

Lettres de prisonnières et nouvelles de Christine : Lettre de S. // Tranfert de Christine à Fleury

Concert contre l’enfermement à Bézier

Vincennes : mouvement suite à la mort de Abdelhak

La COTEP, Compagnie transfert escorte et protection // Colmar : Hocine mort pendant un transfert

Mobilisation victorieuse pour la libération de Ahmed et contre une expulsion collective

Chronique sur Calais

Agenda : Soirée de soutien au groupe femmes de la Coordination des sans-papiers du 93 // Soirée de soutien au collectif des Baras et contre les expulsions // Expulsion d’un bidonville à Nanterre

Téléchargez/écoutez l’émission ici

Émission tous les premiers vendredi du mois de 19h à 20h30 (rediffusion le mardi suivant à 8h)
sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM en région parisienne et sur internet partout ailleurs

Prochaine émission le 3 octobre 2014

[Royaume-Uni] Emeute au centre de rétention de Morton Hall suite à la mort d’un retenu

Samedi 6 septembre

Une trentaine de personnes se sont révoltées au centre de rétention de Morton Hall dans le Lincolnshire (Angleterre), obligeant les employés à se réfugier et endommageant une des six unités. Comme les co-retenus d’Abdelhak Goradia, ils avaient décidé de ne pas rester sans réaction suite à la mort de l’un d’entre eux, décédé dans le centre vendredi 5 septembre. L’émeute a pris fin le lendemain vers 8h30 suite à l’intervention d’une brigade spécialisée.

Traduit librement de la presse

 

 

[Vincennes] Petits tours au CRA

Mercredi 27 août 2014. Un poignée de personnes solidaires se sont rendues sous les murs du centre de rétention pour un parloir sauvage. Des cris ont été échangés pendant quelques minutes avec les retenus.

Vendredi 29 août 2014. À l’appel de la CSP75, ce sont cette fois-ci 150 personnes, sans papiers et quelques solidaires, qui sont allées en manifestation de la station de RER Joinville-le-pont au centre de rétention de Vincennes. Sur place un important dispositif policier était présent (la manifestation était annoncée et déposée) et a maintenue tout le monde dans l’allée, route du fort de gravelle, loin des bâtiments où sont enfermés les gens.

Un appel a été passé à l’intérieur du centre un peu avant l’arrivée de la manifestation.

Centre de rétention de Vincennes, bâtiment 3

« C’est dur vous savez ici car on est privé de liberté. C’est un délit d’être étranger et pas régulier mais beaucoup d’entre nous font des démarches pour régulariser leur situation, les gens qui sont là depuis longtemps et ceux viennent d’arriver. Ici on est des cas tous différents mais on cohabite bien ensemble, il n’y a pas de problème, pas de violences entre nous. C’est mieux quand c’est comme ça. On subit de la barbarie alors qu’on essaie que de vivre ou même survivre. Ici on subit des humiliations mais on n’a pas le choix c’est comme un éléphant contre une fourmi, les policiers nous le font bien comprendre. Donc on est obligé de faire ce qu’on nous demande. »

Je lui explique qu’il va y avoir une manifestation cet après-midi pour protester contre la mort d’Abdelak et pour la fermeture de centres de rétention et que toutes les personnes qui y sont enfermées soient libérées. Je lui dis que peut être nous n’arriverons pas à nous approcher du centre car la police nous en empêchera mais que j’espère qu’ils arriveront à nous entendre.

« Ah oui la police on peut leur faire confiance pour ça. C’est bien qu’il y ait une manifestation. Déjà avant-hier (mercredi) j’étais en train de dormir l’après-midi et je me suis réveillé on entendait « Liberté ! Liberté ! ». J’ai essayé de voir qui il y avait dehors mais on ne voyait rien car il y a une forêt qui cache. En tout cas merci et bonne chance. »

 

[Tract] Du centre de rétention de Vincennes à Ferguson, Pouvoir assassin !

Du centre de rétention de Vincennes à Ferguson, Pouvoir assassin !

Toujours la même histoire. L’État ne dira sans doute jamais ce qui c’est exactement passé ce 21 août 2014 dans la voiture de flics de l’unité d’escorte qui emmenait Abdelhak Goradia du centre de rétention de Vincennes à l’aéroport de Roissy d’où il devait être expulsé. Abdelahak est mort. Les flics lui ont fait croire qu’il allait voir l’infirmière, ils lui ont mis des menottes, un casque sur la tête et l’on saucissonné pour être sûr qu’il ne résiste pas. Il est mort asphyxié, étouffé. La police a déclaré qu’il était mort naturellement, d’une crise cardiaque, puis ils ont dit qu’il s’était fait volontairement vomir. C’était la deuxième tentative d’expulsion ; lors de la première les flics s’étaient déjà montrés violents et acharnés et c’est le commandant de bord qui avait refusé de le prendre à bord de l’avion.

Au centre de rétention, en apprenant la mort d’Abdelhak des retenus ont cassé du mobilier et une grève de la faim a commencé.

Il y a 6 ans et deux mois, le 21 juin 2008, Salem Souli est mort au centre de rétention de Vincennes. Malade il avait demandé à voir un médecin ce qui lui avait été refusé. Il s’est allongé et ses compagnons l’ont retrouvé mort quelques heures plus tard. Le lendemain une révolte collective a éclatée et le centre totalement incendié.

Les techniques d’expulsion dans les prisons pour étrangers sont toujours les mêmes. Les retenus qui ont déjà résisté à une expulsion où qui ne se laissent pas faire sont appelés dans le micro pour un faux prétexte, une visite, aller chez le juge ou à l’infirmerie, ou embarqués au milieu de la nuit. Ils sont menottés dans le dos, jambes entravées, cagoule et casque sur la tête, étranglé pour empêcher de crier, ligotés avec du scotch… Plusieurs sans papiers sont déjà morts assassinés par la PAF (police de l’air et des frontières) : Ricardo Barrientos en décembre 2002 ou Mariame Getu Hagos en janvier 2003.

Entre 2000 et 2014, plus de 130 personnes ont été tuées par la police.

Mort en prison comme Gordana Jovanovic à la maison d’arrêt des femmes de Fleury le 2 novembre 2012 ; mort au mitard comme Éric Blaise le 13 novembre 2005 à la prison de Fleury-Merogis ; mort dans un fourgon comme Lamine Dieng le 17 juin 2007 ; mort du TASER comme Loïc Louise le 3 novembre 2013 ; mort du Flashball comme Mostefa Ziani le 13 décembre 2010 ; mort au commissariat, mort lors d’une course poursuite comme Baba Traoré le 4 avril 2008 qui tentait d’échapper à un contrôle de police et qui s’est noyé dans la marne ; mort d’une balle dans le dos comme Amine Bentounsi le 21 avril 2012.

Mort aux frontières de l’Europe comme 14 000 migrant-e-s depuis 1988.

Partout c’est la même. Qui n’a pas entendu parler de cette histoire à Ferguson, dans le Missouri aux États-Unis, où Mike Brown a été tué de plusieurs balles dans le dos et à la tête par les flics le 9 août dernier. Il est mort parce qu’il était noir, parce qu’il était pauvre. En réaction, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour manifester et s’affronter avec la police. Pendant plusieurs nuits des émeutes ont éclaté malgré le couvre-feu instauré par l’État.

La violence des flics est toujours la même. C’est celle de l’État, de la société. La police, comme la justice et la prison, est là pour garantir son bon fonctionnement basé sur l’exploitation économique, la domination sociale, l’oppression raciste. Il s’agit de tous nous soumettre et de protéger les riches, et pour cela la police réprime, tue et mutile, la justice condamne et enferme. Face à cette violence, la solidarité est nécessaire et doit s’exprimer partout.

Du centre de rétention de Vincennes à Ferguson, Solidarité face à la police et à l’État !

Tract mis en page (.pdf)    mutineriemodif

[Paris/Toulouse] L’État assassine, les frontières tuent

26 août 2014. Au centre de rétention de Vincennes la grève de la faim a pris fin ce matin. On a appris un peu tard que dans un des trois bâtiments plusieurs retenus ont cassé du mobilier après avoir appris la mort de Abdelhak.

Collage à Paris :

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Fresque à Toulouse :

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[Centre de rétention de Vincennes] La grève de la faim continue après la mort de Abdelhak Goradia

Dimanche 24 août 2014, centre de rétention de Vincennes

Les retenus du bâtiment 1 du centre de rétention de Vincennes sont en grève de la faim depuis vendredi suite au décès de l’un des leurs, mort asphyxié dans un fourgon de la PAF alors qu’il était conduit à l’aéroport pour être expulsé.

« On est toujours en grève de la faim. Le commandant n’est pas revenu nous voir depuis vendredi. La nuit a été calme. Mais les policiers continuent de nous provoquer. Ils veulent qu’on mange et ils nous cherchent, ils veulent qu’on craque. D’habitude il y a 2 policiers dans les parties communes, là ils sont 5 ou 6... » « On continue la grève de la faim. Il n’y a pas de changements. Les policiers essaient de nous convaincre de manger. Dès la première tentative d’expulsion, les policiers avaient scotché Abdelhak. Ils lui avaient scotché les jambes et menotté les mains dans le dos. C’est pas normal! Ils l’ont amené comme ça dans l’avion et c’est le commandant de bord qui a refusé de le prendre, parce qu’il était complètement ligoté. On ne demande rien pour nous. On ne veut pas que ça se reproduise. C’est pas normal. On est des êtres humains. Il y a des policiers qui nous traitent comme des chiens.  »

Samedi 23 août 2014. COMMUNIQUÉ DES GRÉVISTES DE LA FAIM DU CENTRE DE RÉTENTION DE VINCENNES

Jeudi 21 août 2014, Abdelhak Goradia est décédé alors qu’il était conduit par les flics à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle pour être expulsé vers l’Algérie. Il avait réussi à refuser une première fois son expulsion le 16 août dernier. Selon la version policière, c’est dans le fourgon en arrivant à l’aéroport qu’il aurait eu « une crise cardiaque ». Les flics ont même parlé d’une mort naturelle. Or, l’autopsie a révélé qu’il était décédé par asphyxie. Ce n’est pas la première fois qu’une personne décède lors de son expulsion. Plusieurs sans papiers sont en effet morts assassinés par la PAF comme Ricardo Barrientos en décembre 2002 ou Mariame Getu Hagos en janvier 2003.

Les retenus du bâtiment 1 de Vincennes se sont mis en grève de la faim dès qu’ils ont appris la mort de leur camarade. Ils ont rédigé un communiqué que nous reproduisons ci dessous même si nous ne partageons pas tout son contenu. Nous voulons apporter notre solidarité, aussi minime soit-elle, en relayant la paroles et les initiatives de ceux qui ont choisi de ne pas laisser sans réaction et colère la mort de leur compagnon d’infortune et sont entrés en lutte. La grève de la faim est un moyen souvent utilisé par les retenus mais elle affaiblie le corps dans un moment où la force est nécessaire pour résister, résister à la police, résister à l’expulsion, résister à la violence. C’est un moyen qui peut, souhaitons le et encourageons le, mener à d’autres, comme en 2008. Les formes d’action sont multiples et il faut remettre ça dans son contexte : un lieu d’enfermement, ou personne ne se connaît et ne partage autre chose que la situation d’être enfermé par l’État. Pour l’instant… Ce moment mènera sûrement à des discussions et à d’autres initiatives. Cela dépend aussi du relai et du soutien que l’on y apporte.

Sur les points du communiqué, nous rappelons seulement que pour nous rien n’est aménageable, qu’un jour passé en prison est un jour de trop et que nous pensons que la justice sera toujours là pour enfermer et opprimer les pauvres et celles/ceux qui refusent de se taire. Liberté pour toutes et tous. Solidarité avec la lutte des retenus.

« Nous, retenus du bâtiment 1 du CRA de Vincennes, demandons: – que des journalistes puissent venir voir les conditions de vie dans le centre – que les acteurs des violences envers M. Goradia soient punis, car ils l’ont tabassé à mort. – que la durée de rétention soit réduite à 20 jours car il y a trop de violences. Ce n’est pas la peine, 45 jours, ça ne sert à rien – que la nourriture soit améliorée. On mange très mal alors qu’on n’a pas demandé à être ici. – Une partie de la police est très agressive verbalement et fait des provocations. Ils vont jusqu’à dire des insultes dans le micro. Ils hurlent et font des gestes obscènes. On ne négociera pas. On continuera la grève de la faim tant que nos
revendications ne seront pas satisfaites »

[Paris/Banlieue] Suite à la mort de Abdelhak Goradia lors d’une expulsion et grève de la faim au CRA de Vincennes

Jeudi 21 août 2014 à 21h, Abdelhak Goradia est décédé alors qu’il était conduit par les flics à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle pour être expulsé vers l’Algérie. Il avait réussi à refuser une première fois son expulsion le 16 août dernier. Selon la version policière, c’est dans le fourgon en arrivant à l’aéroport qu’il serait décédé d’« une crise cardiaque ». Comme toutes les personnes mortes entre les mains des flics ! [edit : finalement, il serait mort par asphyxie et régurgitation]

A 19h, Abdelhak Goradia se portait parfaitement bien et 2 heures plus tard, il était mort… Circonstances plus que troubles.  Il y a 6 ans, le 21 juin 2008, au CRA de Vincennes, Salem Souli décédait lui aussi d’ « une crise cardiaque » selon la police. En réalité, M. Souli, qui était asthmatique, n’avait pas reçu les soins dont il avait besoin. Le lendemain, les retenus s’étaient révoltés et le CRA de Vincennes était parti en fumée.

Les frontières tuent : des milliers de personnes sont mortes en traversant la méditerranée, d’autres décèdent lors de leur expulsion : on se souvient de Semira Adamu étouffée avec un coussin par les flics en Belgique en 1998 ou encore en 2010 de Jimmy Mubenga tué par des agents de sécurité dans l’avion qui devait l’expulser de Londres à Luanda. En France, plusieurs sans papiers sont morts assassinés par la PAF comme Ricardo Barrientos en décembre 2002 ou Mariame Getu Hagos en janvier 2003.

Arrêt des expulsions !
Régularisation de tous les sans-papiers !
Liberté de circulation et d’installation !

Rappel : Manifestation samedi 23 août à 13h – 18e anniversaire de l’évacuation de l’église de Saint-Bernard.

 

DEPUIS LE CENTRE DE RÉTENTION DE VINCENNES Vendredi 22 août 2014

« Vers 18h, les flics ont dit à Abdelhak qu’il devait aller voir l’infirmière. En fait, c’étaifaux. Il est sorti de sa chambre, ils l’ont emmené à l’accueil et lui ont mis les menottes. A l’accueil, on entendait des bruits étranges, des bruits bizarres. Les gens qui étaient aux visites [au-dessus de l’accueil] ont tout entendu. Les flics lui ont mis une cagoule, un masque sur la tête. Les flics savaient qu’il allait refuser. Lors de la première expulsion ils lui avaient dit « Vous
allez devant le juge ». En fait, ils l’ont emmené à l’aéroport.‌ Il n’était pas d’accord, il a protesté et ils l’ont ramené au centre.
Hier, toute la nuit, on l’a attendu parce qu’on savait qu’il allait refuser. Son cousin a téléphoné, il était inquiet. Et puis ce matin, il nous a rappellés et il nous a dit qu’il était mort. Du coup, on fait la grève de la faim. »

« On est stressé parce qu’Abdelhak est mort. Son nom n’était pas affiché sur le tableau des expulsions. Il l’on appelé quand on était en train de faire la prière vers 18h. Dès qu’on a fini, il est descendu soi-disant parce qu’il avait une visite. Dans un local de l’accueil, les flics l’ont frappé.‌ Ils lui ont mis un casque, des menottes aux poignets et lui ont entravé les jambes. Les flics savaient qu’il allait refuser, alors ils ont fait la force avec lui. Ils avaient tenter de l’expulser une première fois le quatrième jour après son arrivée.
Il ne savait pas comment ça se passait. Il est parti tout seul, dans une petite voitrure voir le juge et pas dans une camionnette comme habituellement. Déjà les flics l’avaient menotté aux jambes et aux poignets, il a refusé l’expulsion. Dès la première fois, ils ont fait la force, ils avaient la rage contre lui. Ils font n’importe quoi avec nous ! Même ses affaires sont encore ici, son portefeuille, sa veste…
J’arrive pas à dormir, je stresse. Il dormait sur un matelas par terre, à coté de moi, je voyais sa tête. Et maintenant son matelas est vide, ça me stresse. On était décidé à tout brûler. J’ai vu la dame de l’ASSFAM et j’ai pleuré. On a décidé de faire la grève de la faim. »

 

FLICS PORCS ASSASSINS