Sans Papiers Ni Frontières

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Contre les frontières et leurs prisons

[Melilla] Assaut collectif de la frontière – 26 juin 2013

Environ 300 migrant-e-s subsaharien-ne-s ont assailli le grillage séparant l’enclave espagnole du Maroc vers 4 heures du matin. A force de jets de pierres sur les flics marocains une centaine d’entre elleux ont réussi à passer la frontière. Pour une fois il n’y aurait pas eu de blessé-e-s.

Le dernier assaut, lors duquel 70 personnes avaient réussi à entrer sur le territoire espagnol, remontait au 13 mai.

 

Repris librement de la presse

[Perpignan] Deux mois fermes suite à un départ d’incendie dans le centre – 19 juin 2013

Un Tunisien retenu au centre de rétention de Perpignan a été condamné à deux mois de prison ferme, à 1 000 euros d’amende et à 900 euros de dommages et intérêts pour « outrage et menaces » à l’encontre de trois flics du centre qui se sont portés parties civiles. Il était en grève de la faim depuis 5 jours avec d’autres retenus pour protester contre les violences subies et les conditions d’enfermement et les flics l’ont désigné comme responsable d’un départ d’incendie sur le terrain de sport. Solidarité avec la révolte, feu aux centres de rétention !

Repris librement de la presse

 

[Crotone] Emeute au CIE S. Ana – 18 juin 2013

Dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 juin, une émeute a eu lieu dans le CIE S. Anna de Crotone, qui se trouve à l’intérieur du centre pour migrants le plus grand d’Europe. Le CARA ( centre d’accueil pour les demandeurs d’asile ) fournit 875 places auxquelles s’ajoutent les 124 places du CIE.

Les flics ont été tapés à coup de barres et de pierres, cinq de la financière et quatre militaires ont du être transportés à l’hôpital  tandis que d’autres ont été soignés dans l’infirmerie du centre. Le blessé le plus grave, un militaire, s’est pris un coup de barre à la tête pour lequel il s’est vu offrir 20 jours d’ITT.
Il a fallu l’intervention massive des forces de l’ordre pour mater la révolte, tandis que les matons tentent d’identifier les meneurs en regardant les vidéos des caméras de vidéosurveillance.

 

[Modena] Arrestations suite au rassemblement devant le CIE – 16 juin 2013

 

Nous apprenons, dans l’attente de plus d’informations et détails, que trois compagnons ont été arrêtés et détenus suite à un rassemblement qui se tenait dimanche 16 juin devant le CIE de Modena.

Les accusations qui leur sont faites sont d’avoir dégradé par incendie, détention et utilisation de matériel explosif.
Ils sont encore détenus en préfecture et demain se tiendra  l’audience de validation (equivalent au premier passage devant un juge, ndt)

Des ajournements suivront.

source : informa-azione

Mis à jour : le Procès se tiendra le 23 juillet, d’ici là les compagnons sont tous trois  obligés de rester sur la commune et ont l’interdiction de sortir de 8 heures du soir à 7 heures du matin

[Sicile] Évasion et révolte au CIE de Caltanissetta – 13 juin 2013

Pendant que certains retenus ont escaladé le grillage d’enceinte de près de dix mètres de haut, d’autres ont jeté des pierres et un mélange d’eau et de cire contre les matons.

Cinq retenus ont réussi à passer de l’autre côté, mais quatre ont été rattrapés. Deux d’entre eux, Algériens de 22 et 30 ans, sont désormais incarcérés pour « rébellion avec violence », après s’être défendus à coups de pieds et de poings quand ils ont été bloqués dans leur évasion. Les deux autres retenus ont « seulement » été inculpés.

Quatre matons ont aussi été blessés, dont un atteint aux yeux par le mélange de bougie durcie : deux du Reparto mobile[CRS] de Catania, un carabinier du Bataillon de Palerme, et un flic-adjoint.

Traduit de l’italien de la presse locale reproduite sur macerie par cettesemaine

Paris, le 6 juin 2013 dans l’après-midi

Paris, le 6 juin 2013 dans l’après-midi

14h : Plusieurs dizaines de cars de flics en tout genre prennent position tout autour de Barbès et de sa fameuse
ZSP (zone de sécurité prioritaire). Ils ferment les rues avec les camions et raflent au faciès des vendeurs à la sauvette,
sans papiers et pauvres en tout genre.

16h25 : Certaines rues sont débloquées pour laisser l’accès aux sorties d’école ce qui laisse croire que l’opé-
ration est terminée. Mais plusieurs personnes sont prises au piège par des groupes de flics en civils réussissant à se
fondre dans la population et à continuer les interpellations. Les personnes arrêtées sont ramenées menottées dans
les bus d’embarquement stationnés sous le métro.

17h : Passage du Havre un rassemblement appelé par des proches et des camarades de Clément Méric est or-
ganisé. Il regroupe plusieurs milliers de personnes venues se recueillir à l’endroit de son assassinat par des fascistes
la veille au soir.

18h : Toute la journée les politiciens de tout bord se sont succédés dans les médias. Certains se retrouvent
au micro place Saint Michel, pour le rassemblement appelé par le parti de gauche rejoint par toute une clique
politicienne allant des centristes à l’extrême gauche. Heureusement certains ne parviendront pas à intervenir, hués
par une foule pas dupe. En effet, ceux là même qui planifient et organisent la chasse aux sans papiers veulent aussi
récupérer la mort d’une personne qui de part ses engagements luttait contre le racisme. C’est le grand jeu de la ré-
cupération politicienne où l’on nous explique que pour lutter contre le fascisme il faut constituer un front commun
et défendre la démocratie. Fascisme et démocratie sont les deux faces d’une même pièce, deux modes de gestion de
l’État qui font prospérer le capitalisme.

20h : Plusieurs centaines de personnes partent en manif sauvage et traversent la capitale criant « d’Istanbul à
Paris, à bas l’État, les flics et les fachos » en direction du local de l’œuvre française, groupuscule fasciste. Le cortège
laisse des traces de son passage : poubelles renversées, tags, autocollants, vitrines de banque martelées…
20h30 : Des personnes se retrouvent devant le commissariat de Clignancourt pour visibiliser le départ des
personnes raflés vers le centre de rétention. Les coups de matraques et leur petit nombre ne les empêcheront pas
d’exprimer leur solidarité.

Face aux rafles, aux violences d’État, aux violences fascistes, aux charognards et à la résignation exprimons notre
colère dans la rue ! Faisons en sorte d’entraver concrètement le travail des flics, opposons-nous aux expulsions
et ne laissons pas les fascistes et leurs idées envahir l’espace et pourrir nos vies. Organisons-nous pour s’attaquer à
toutes les formes de dominations et tendre vers la liberté.

Contre les flics et les fascistes, mort à l’état et au capitalisme.

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reçu par mail

[Paris] affiche à propos de la rafle à Barbès – 10 juin 2013

barbès

[Paris] Récit à propos de la rafle policière à Barbès – 6 juin 2013

Jeudi 6 juin dans l’après-midi, une rafle comme on n’en voyait plus depuis la guerre d’Algérie ou depuis les grandes vagues d’expulsions de squatts au début des années 80, a eu lieu à Barbès. Pendant presque 2 heures tout un quartier a été bouclé, les gens ne pouvant plus ni entrer ni sortir bloqués par des centaines de flics de toute sorte arrivés à bord de dizaines de véhicules quadrillant la zone jusqu’à gare du nord, la chapelle, château rouge et Anvers.
A l’intérieur du périmètre qui comprenait la rue de la goutte d’or, la rue des islettes et une autre rue parallèle à la rue des islettes, les flics se déploient. À l’extérieur du périmètre ils sont apparemment aussi extrêmement nombreux. Divers contrôles sont effectués : papiers et ventes à la sauvette, hygiène dans les établissements (d’après ce que disent certains commerçants mais ça je n’ai pas vu).

Des gens commencent à s’entasser aux différents check points. Protestations molles entre résignation et agacement. Très vite, à l’intérieur du quartier bouclé, beaucoup moins de « vrais gens » que d’habitude et une multitude patrouilles de robocop qui interpellent au faciès. Comme souvent, délit d’extranéité et de classe sociale sont de mise, à savoir que les cibles principales du contrôle sont les Africains qui ressemblent à des mecs qui viennent d’arriver du bled.

À chaque fois qu’ils en capturent les bleus appellent victorieusement leur central avec leur talkie pour annoncer combien ils en ont attrapé. Puis ils les ramènent vers des bus d’embarquements sur le boulevard barbès. Apparemment tout un staff tecnique et bureaucratique était installé dans les bus.

 Après, quelqu’un m’a raconté qu’à un moment, une vieille dame juive a attrapé un jeune sans papier qui était capturé et elle a dit que c’était son fils. Les flics voulaient quand même l’emmener car évidemment ils ne la croyaient pas mais elle criait et s’accrochait au jeune homme et ils ont finalement du le lâcher.

Quand les flics bouclent un quartier ils sont plus ou moins de relâcher les barrages qui empêchent de sortir et entrer dans le quartier pour la sortie de l’école. Du coup ils ont ouvert les barrages à 16h25.
Mais attention, info à faire circuler autour de vous, ouvrir les barrages et laisser les gens circuler dans le quartier ne signifie pas que les contrôles vont s’arrêter… Au contraire, et de fait plein de gens se sont fait attraper comme ça. Voyant que certains flics en uniforme partaient et que les camionettes de crs qui barraient les rues se poussaient, pas mal de personnes sans doute réfugiées dans des halls sont sorties de leurs cachettes… Mais c’était sans compter sur des groupes de civils qui par 4 ou 5 ou 6 sillonnaient le quartier, pour certains avec des camouflages assez réussis (le rasta, le gars qui ressemble à un sans pap, la fille déguisée en jeune de quartier), et contrôlaient et arrêtaient les gens. Les personnes arrêtées étaient alors conduites menottées dans des bus stationnés à ce moment là sous le métro au carrefour barbès. Le dernier bus rempli est parti vers 16h30 je pense.

En tout cas, même à 4 ou 5 ça vaut le coup de commencer à gueuler. Dans cette apathie déprimante où on a l’impression que les gens sont menés à l’abattoir dans la passivité la plus totale si ce n’est quelques ronchonnements individuels (mais on est prisonniers dans notre quartier) ou désabusés (Ah ici c’est comme ça ils cherchent les cigarettes, les sans papiers, pff) ça finit toujours par entrainer des personnes qui n’osaient pas se lancer pour protester et se transformer en petit rassemblement, ça permet de discuter de ce qu’il se passe. Ca met un rapport de solidarité minimal mais essentiel avec les gens arrêtés et les autres qui y ont échappé. À une époque où, de plus en plus, chacun/e pointe mutuellement l’ « Autre » comme responsable de ses petits tracas et des malheurs du monde (les Rroms, les vendeurs à l sauvette, les sans papiers, les jeunes…) ça permet de rappeler que la cible de l’Etat qu’il soit estampillé de droite ou socialiste c’est toujours les pauvres.
Même seul/e, et bien pareil on peut toujours discuter (et donc de ne pas rester seul/e) et même parfois donner des petits coups de main à des gens pour essayer de leur éviter d’être controlés. Et puis ça permet toujours d’essayer d’analyser comment cela se passe et raconter.

Plus tard, au rassemblement pour l’assassinat de Clément Méric nous avons appris qu’une partie des gens emmenés dans les bus avaient été conduits au commissariat de la rue de Clignancourt. Cela avait un vrai sens par rapport à  l’assassinat de Clément Méric et à ses engagements de lier les 2 événements. C’est en tout cas ainsi que plusieurs d’entre nous l’ont ressenti. On ne peut pas laisser des Manuel Valls affirmer vouloir « éradiquer la violence d’extrême droite » le matin et faire rafler 150 sans-papiers à Barbès l’après-midi. On ne peut pas ignorer que les politiques de tous bords depuis des années instrumentalisent la montée de l’extrême droite pour leurs objectifs électoraux tout en faisant son terreau en favorisant le nationalisme et en désignant des bouc-émissaires (les « clandestins », les Rroms, les vendeurs à la sauvette…) à la misère sociale dont ils sont les gestionnaires. Cela a d’ailleurs été rappelé aux socialistes tels Anne Hidalgo qui sont venus au rassemblement mais qui ont du très vite le quitter sous les cris de « les fascistes assassinent à saint lazare ; le PS rafle à barbès »

Un appel à se rendre au commissariat de la rue de Clignancourt pour 20h30 a donc circulé. La rue était bloquée à la circulation par plusieurs camionettes et un bus de la police qui sert à transporter les gens arrêtés dans les manifs. Les premières personnes arrivées ont constaté que dans ce bus posté juste devant le commissariat étaient parqués plusieurs sans-papiers. Quelques autres sortaient libres. Ils nous ont dit que dans le commissariat ils avaient été triés : certains comme eux pouvaient sortir et d’autres qui allaient être conduits au centre de rétention de Vincennes étaient montés dans le bus. Ils pensaient que les gens emmenés à Vincennes étaient ceux qui avaient déjà un « quitte » (oqtf).

Cela faisait plusieurs heures que ces derniers étaient enfermés là sous une chaleur écrasante, sans pouvoir boire ; manger, aller aux toilettes. Sans attendre l’heure du rassemblement, des slogans ont commencé à fuser « Liberté », « solidarité avec les sans-papiers » auxquels les dizaines de personnes emprisonnées dans le bus ont répondu chaleureusement en criant eux aussi et en tapant sur les vitres.

Très vite les flics ont violemment repoussé les quelques personnes présentes en bas de la rue à grand renfort de coups de tonfas, coups de pieds, insultes, … Très vite, alors qu’en bas de la rue quelques autres personnes commençaient à arriver, le bus a commencé à partir, protégé par un grand renfort de flics dont certains étaient flashball à la main. Nous n’avons pu qu’unir nos slogans à ceux de ceux qui étaient enfermés à l’intérieur.

Le lendemain nous avons su qu’une quarantaine de personnes étaient enfermés au centre de rétention de Vincennes. D’autres sont peut être dans d’autres centres de rétention. Les gens arrêtés devraient passer devant un JLD mardi ou mercredi si ils ne sont pas expulsés d’ici là.

[Vincennes] témoignage du centre de rétention de vincennes – 7 juin 2013

Témoignage d’un sans-papiers arrêté lors de la rafle d’hier (6 juin) à Barbès.

«  Les flics nous ont traités comme des terroristes. Ils nous ont mis des menottes en plastique. Elles étaient très serrées, on a encore les marques. On va aller voir le médecin pour faire un certificat. Ils ont encerclé Barbès et ils contrôlaient « au visage », tous les Arabes, les noirs… Ils étaient très méchants et ne respectaient personne. Il sont arrivés vers 14 heures et gueulaient après tout le monde dans la rue. Il y a des gens ça fait 10 ans qu’ils sont ici et ils n’avaient jamais vu ça. 

Moi je sortais de chez le coiffeur et c’est un policier en civil qui m’a arrêté. C’était comme Guatanamo. Ça veut dire quoi ? Parce que on est arabe, on est des terroristes, ou quoi ? On a risqué notre vie sur un bateau, on est passé par Lampedusa et ici il n’y a pas de liberté.

On a cru qu’on était en Tunisie. On n’ a pas de problème avec les gens ici, on a un problème avec les flics.

Ensuite ils nous ont amenés au commissariat de Clignancourt, on était 40 dans une cellule et on ne pouvait pas respirer. Et si on protestait, les flics disaient : «Ferme ta gueule. Pourquoi vous êtes venu ici, Restez chez vous!». Il y avait aussi un vieux touriste marocain au commissariat, sa famille a apporté ses papiers et il a été libéré. Quel accueil touristique !

Devant le commissariat il y avait des dames qui n’étaient pas d’accord et qui criaient « Liberté ! » Et les flics les ont frappées. On a doit être 40-50 de Barbès au CRA‌. Même en Tunisie la prison c’est pas comme ça. Personne ne mange. On a décidé de faire la grève de la faim la semaine prochaine. La prison c’est mieux parce que là je ne sais ce qui va se passer demain. Il n’y a pas de solution. (…)

Centre de rétention de Vincennes, vendredi 7 juin 2013

Les sans papiers arrêtés hier devraient passer mercredi prochain (12 juin 2013) au JLD de Paris.

Soyons nombreux pour les soutenir !

[Bruxelles] “Opération Cendres” – perquisitions chez des compagnons

Bruxelles – Le 22 mai 2013 vers 6h du matin, des dizaines de policiers de la section anti-terroriste de la police fédérale judiciaire investissent et perquisitionnent 3 domiciles où habitent notamment des compagnons anarchistes et anti-autoritaires ainsi que la bibliothèque anarchiste Acrata. Toutes les personnes présentes (11) sont arrêtées et emmenées aux bureaux de la police fédérale.

Les accusations sont : appartenance à une organisation terroriste, association de malfaiteurs et incendie(s) volontaire(s). L’opération est baptisée « cendres » et est dirigée par la juge d’instruction Isabelle PANOU, tristement célèbre pour sa longue carrière au service de l’Etat.

Les policiers emportent de nombreux documents, des effets personnels, les ordinateurs et tout ce qui a trait à l’informatique, les GSM’s (téléphones portables), du matériel d’agitation, etc. Pendant les auditions, auxquelles tout le monde refuse de collaborer, il apparaît que l’enquête porte sur des luttes, révoltes et activités allant de 2008 jusqu’à aujourd’hui notamment contre les prisons, la construction du nouveau centre fermé de Steenokkerzeel, les transports en commun (STIB), les institutions européennes et les eurocrates, la construction d’un RER à Bruxelles, l’OTAN, la machine à expulser, les huissiers et la construction d’une maxi-prison à Bruxelles. Sont aussi épinglées des publications telles que Hors-service ou encore plus généralement des écrits, affiches, etc. diffusés par des anarchistes et anti-autoritaires.
Vers 13h, tout le monde est relâché sans avoir eu à comparaître devant la juge d’instruction.

Face à ces accusations de terrorisme et à leur lot d’intimidations et de harcèlements, il n’y a pas à abandonner les idées et les actes visant la destruction de toute autorité et la joie que procure cette bataille.

Continuons à lutter pour la liberté, à abattre ce monde mortifère qui opprime et exploite.

Rien n’est fini, tout continue
Attaquons ce qui nous opprime

Bruxelles, 23 mai 2013

Quelques bribes de réflexion

Quelques bribes de réflexion, concernant les perquisitions qui ont eu lieu mercredi 22 mai à Bruxelles dans le cadre des accusations “d’associations de malfaiteurs à visée terroriste”.

Pourquoi maintenant, pourquoi ces adresses-là, pourquoi ces personnes-là précisément, peu importe. Inutile de se mettre dans leur sale tête de cochons et de spéculer à l’infini sur leurs raisons. Ils font leur sale boulot de fouineurs, ils veulent peut-être foutre la pression, mettre un coup de pied dans la fourmilière, ou pouvoir observer à loisir les mouvements des uns et des autres, noter, enregistrer, bref. Ces perquis’ n’ont peut-être pas comme seul but de tenter de rassembler des éléments pour faire avancer une quelconque enquête. Voulu ou pas par leurs commanditaires, cela entraîne un déplacement direct de nos attentions sur ce sujet-là. Si nous n’avons aucune prise sur leurs décisions et la temporalité dans laquelle ils inscrivent leurs coups de pression, nous en avons par contre sur l’impact que cela peut avoir sur nos vies.

Sûr, ça vient remettre les pendules à l’heure. Une grande claque, au cas où on aurait pu se leurrer sur le fait que l’État veut être partout et n’oublie jamais rien. Il est nécessaire d’ouvrir, et de maintenir ouvert, un espace de discussion, collectif autant qu’en plus petits groupes affinitaires, afin de ne pas donner à leurs saloperies plus d’importance qu’elles ne devraient en avoir en réalité. Certes, il s’agit d’entourer les compagnons directement concernés par ces perquisitions, de s’assurer de leur santé, mentale et physique. Mais ce serait une erreur de considérer que cela ne concerne qu’eux.

Avec leur nouveau package “association de malfaiteurs”, quiconque fréquente, les mêmes lieux, les mêmes réseaux de personnes, est un potentiel suspect aux yeux de l’État. Ça peut faire froid dans le dos, et le premier réflexe peut être un réflexe de survie conduisant à moins fréquenter ces lieux et ces personnes. Pour se mettre à distance, pour se laver aux yeux d’une potentielle surveillance. Sauf que ces choix-là amènent à l’isolement, non seulement des personnes, mais aussi des luttes qu’elles portent. Au-delà du fait que cela leur facilite le boulot, l’État a tout intérêt à nous focaliser sur la répression : pendant ce temps, nous voilà occupés à autre chose qu’à lui nuire et à comploter. La peur peut vite s’installer, autour de ces lieux mais surtout dans nos têtes et dans nos cœurs. La parano se distille dans nos veines et dans le moindre de nos mouvements, et voilà qu’il n’y a même plus besoin d’un vrai flic pour nous empêcher d’agir : nous nous sommes menottés nous-mêmes.

Sans vouloir minimiser les faits, le meilleur pied de nez que l’on peut faire à la répression, c’est de garder notre sang-froid, les idées claires, de rester solidaires les uns des autres, et de poursuivre avec prudence mais passion les combats que nous menons.

“Une société qui anéantit toute aventure fait de l’anéantissement de cette société la seule aventure possible…”

Avec une solidarité indéfectible